Keith Keppel sait expliquer avec science et simplicité cette spécialité qui lui vaut le surnom de M. Plicata. Il l'a fait de nouveau sur Facebook, au début du dernier mois de novembre. La chronique d'aujourd'hui fait appel à ses commentaires pour raconter la saga de ce modèle inépuisable. Pour commencer voici la description qu'il donne du modèle plicata : « C'est un modèle avec un fond blanc ou coloré par des pigments caroténoïdes (jaune, rose, orange), des bords piquetés ou pointillés, voire entièrement teintés d'une couleur sombre et contrastée. » Au commencement (n'oublions pas que les premiers iris hybrides sélectionnés par Guillaume-Marie de Bure étaient des plicatas) les plicatas avaient toujours un fond blanc et des marques bleues ou violettes. C'est dans l'application de ces couleurs qu'il y avait de la diversité. (voir 09-93C)
« Les pétales pouvaient aussi bien être abondamment colorés qu'entièrement dépourvus de marquages ; les sépales pouvaient être si largement bordés que seulement une petite surface en leur centre était sans dessins, ou bien ceux-ci pouvaient être concentrés sur la partie supérieure (au niveau de la barbe) avec aucun marquage ou presque sur le reste du sépale. » Toutes sortes de combinaisons entre le fond et les marques étaient imaginables.
A partir des années 1950 on a trouvé des fleurs dont le fond s'est peu à peu coloré dans les tons de rose ou d'orangé. Désormais ces fonds colorés se font en toutes les teintes autour du jaune ou du rose. Mais d'autres combinaisons sont aussi apparues.
Les plicatas primitifs, ceux avec le fond blanc, ont été croisés avec des iris variegatas, ce qui a apporté la coloration jaune, de sorte que dès les années 1930 on a commencé à rencontrer des fleurs avec un fond crème, puis peu à peu la couleur s'est approfondie, ce qui a donné des fonds franchement jaunes ou plus nettement oranges. (voir 11-64C)
A ce niveau surgissent deux phénomènes qui ont une influence sur la coloration générale de la fleur :
- les pigments, quels qu'ils soient, sont sensibles aux conditions climatiques et à la nature des sols, de sorte que les couleurs peuvent varier en intensité en fonction du lieu où les plantes sont cultivées, aussi bien pour ce qui est de la couleur du fond que pour celle de la « peinture » violacée ;
- la superposition des pigments anthocyaniques (bleu, violet) et caroténoïdes (jaune, rose) donne naissance, visuellement, à une infinité de teintes qui vont du brun presque rouge au pourpre plus ou moins saturé. (voir 11-97A)
« Quand on pense que les marquages plicatas bleu/violet vont apparaître différemment sur des fonds jaune, rose ou orange qu'ils ne le font sur un fond blanc, on peut comprendre pourquoi il y a maintenant tellement de combinaisons de couleurs chez les plicatas ! »
Il faut ajouter à tout cela les conséquences de l'effet du « facteur amoena », celui mis en œuvre dans les variétés créées par Paul Cook dans les années 1950, à partir de 'Whole Cloth' et ses frères de semis. C'est ainsi que «(...) dans les années 1970 on a obtenu des plicatas qui comportaient ce facteur, donc avec une disparition des marques sur les pétales, mais pas sur les sépales. On a vu soudain des « neglecta-plicatas » avec une coloration très faible des pétales, et des « amoena-plicatas » aux pétales sans trace – ou presque – sur les pétales. » Une foule de nouvelles combinaisons était apparue. (voir 12-103J)
Sans compter que le facteur mandarine, celui qui apporte la coloration rose ou jaune des pigments caroténoïdes, peut entrer en action et teinter de rosâtre les poils des barbes ou mettre une touche de rose sur le blanc qui apparaît au centre de la fleur.
Bien d'autres éléments peuvent intervenir, comme l'éclaircissement des bords des sépales ou un filet doré autour des pétales, dus à l'action d'autres facteurs récoltés sur d'autres modèles au gré des croisements hétéroclites imaginés par des hybrideurs inventifs et inspirés. Keppel dit lui-même que le potentiel des plicatas est infini et qu'il n'aura pas assez de tout le temps qu'il lui reste à vivre pour en explorer toutes les richesses. On n'est pas près de piétiner, avec les plicatas !
Iconographie :
semis Keppel 09-93C
semis Keppel 11-64C
semis Keppel 11-97A
semis Keppel 12-103J
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