L'ère Dodsworth
Les derniers feux de l'âge d'or se sont éteints avec le déclenchement de la seconde guerre mondiale. Pendant la décade antérieure, quelques obtenteurs avaient poursuivi le travail de leurs glorieux prédécesseurs. On peut citer parmi eux Haworthe Chadburn qui n'a enregistré qu'une petite poignée de variétés mais a réussi a décrocher l'une des premières Dykes Medal anglaises avec son jaune 'Golden Hind' (1934), Geoffrey Pilkington, lui aussi jardinier amateur mais actif animateur de la BIS qu'il a longtemps présidée, et Olive Murrell, dont le métier de pépiniériste se doublait de celle d'hybrideuse dans son jardin d'Orpington Nurseries. L'activité de cette dame s'est prolongée de 1920 à sa disparition en 1957, mais a connu son meilleur dans les années 1930, avec des variétés comme 'Talisman' (1930) ou 'White City' (1939).
La guerre a tout fait cesser. 'Mabel Chadburn' (1939) a permis à son petit obtenteur de recevoir une seconde DM en 1941, mais la BIS a suspendu son activité, laquelle n'a repris qu'après 1945.
Pendant les décades 1950/1960, une certaine activité a repris et des personnalités comme Leonard et Marjorie Brummitt, Harry Randall, Herbert Fothergill ou Cedric Morris ont acquis une célébrité qui a débordé les limites insulaires. Randall a récolté quatre DM anglaises entre 1952 et 1965, Fothergill est arrivé au même nombre entre 1962 et1973 et les Brummitt cinq jusqu'en 1979. Mais ces accumulations cachent forcément le petit nombre d'obtenteurs de valeur. Cedric Morris est le plus remarquable de ces britanniques. En tant qu'artiste peintre il a acquis une célébrité considérable dans le monde de l’art, mais en même temps il s’est fait un nom dans la botanique et l’horticulture, en particulier dans celle des iris. En tant qu'obtenteur il a eu l’exceptionnel mérite d’hybrider et de sélectionner un des tout premiers iris roses, sans doute même le premier iris rose d’Europe. Dans « The World of Irises » on peut lire : « En Angleterre, Sir Cedric Morris a utilisé ‘Sacramento’ (1) ‘Golden Hind’ et ‘Mary Geddes’ dans son programme de recherche sur les iris roses. Il en a résulté une série de plicatas jaunes. En croisant et recroisant ses semis, il obtint ‘Edward of Windsor’ (1945). …avec de grandes fleurs, une couleur vive, et des veines de texture violettes sur les sépales. » Dans les mêmes moments et jusqu’à la fin des années 50 , Cedric Morris enregistra toute une série de nouvelles variétés, dans un grand nombre de coloris, auxquelles il donna un nom commençant toujours par ‘Benton’ pour rappeler la propriété où ils avaient été obtenus.Cependant c'est à son ‘Benton Cordelia’ (1953) que la BIS attribua la Médaille de Dykes britannique.
Quelques amateurs se sont joints à ce panel. C'est le cas de H. R. F. Miller, avec 'Kanchenjunga' (1955 – BDM 1960) ou P. Hutchison avec 'Dancer's Veil' (1959 – BDM 1963), une variété qui a réussi à se faire connaître un peu partout.
Jusqu'aux années 1970, l'iridophilie anglaise a connu un grand creux que la personne de Alec C. Howe n'a guère comblé. Son seul iris qui ait eu un certain retentissement est 'Constance West' (1967). L'apparition de Bryan Dodsworth a été plus importante. Pendant les trente ans suivants il a outrageusement dominé son univers, et été honoré douze fois d'une Dykes Medal ! On aurait pu craindre que cette avalanche de médailles ne résulte que d'une absence de concurrents, mais il se trouve que les variétés signées Dodsworth sont effectivement d'excellents iris. Grâce à Lawrence Ransom qui en possédait la plupart, j'ai pu cultiver, avec des fortunes diverses, 'Annabel Jane' (1973 – BDM 1977), 'Dovedale' (1981 – BDM 1983), 'Buckden Pike' (1985-BDM 1987), 'Wensleydale' (1985 -BDM 1988), 'Wharfedale' (1989 – BDM 1991)', 'Whooper Swan' (1995 – BDM 1997)' et Cowrie Shell' (1997) ; quant à'Sullom Voe' (1992), c'est Michelle Bersillon qui me l'a fourni.
Les autres hybrideurs de cette époque ont eu du mal à rivaliser ! Evoquons Maureen Foster, connue aussi sous son autre nom de Probert, qui a enregistré une poignée de jolies fleurs, comme 'Cregrina' (1990) ou 'Festival Crown' (1992) et surtout Nora Scopes, valeureuse obtentrice dont la carrière a duré une trentaine d'années et qui s'est distinguée dans toutes les catégories avec de vrais réussites comme le BB 'Sparkling Lemonade' (1977), ou les grands TB 'Dark Rosaleen' (1976), 'Early Light' (1989), 'Quiet Thought' (1989) et 'Lamorna' (1990).
Cependant un autre concurrent de Bryan Dodsworth, R. E. Nichol, de Birmingham, a réussi à tirer son épingle du jeu. Son catalogue n'est pas très abondant, mais presque toutes ses variétés ont connu un franc succès et souvent une diffusion internationale. C'est le cas, en priorité, de 'Elizabeth Poldark' (1987) que l'on a trouvé un peu partout. C'est aussi celui de 'Amadora' (1991), 'Caroline Penvenon' (1989), 'Demelza' (1984), 'Dwight Enys' (1995), 'Jud Paynter' (1991), 'Loveday' (1992), 'Morwenna' (1984), 'Trevaunance Cove' (1992), 'Verity Blamey' (1998) ou 'Warleggan' (1990).
Madame Foster/Probert fait encore partie de ces véritables amateurs qui s'amusent à enregistrer quelques iris, mais Bryan Dodsworth, Nora Scopes ou R. E. Nichol sont de véritables spécialistes dans la lignée de ce qui se pratique partout dans le monde.
(à suivre...)
Iconographie :
'Benton Cordelia'
'Wharfedale'
'Early Light'
'Morwenna'
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