La Walther Cup (en version longue : Fred and Barbara Walther Cup) est attribuée chaque année à l'obtenteur de la variété qui cette année-là a obtenu le plus grand nombre de votes pour la « Honorable Mention », premier degré de la course américaine aux honneursquelle que soit sa catégorie. Autrement dit la variété récente qui a été particulièrement remarquée par les juges. La variété ainsi distinguée a le pied à l'étrier pour faire une jolie carrière. Ce qui est souvent le cas. Cette récompense est d'autant plus intéressante qu'au moment où elle est attribuée, les juges ne peuvent pas encore être influencés par une distribution importante ou un lobbying bien orchestré : ils désignent une variété récente, qui commence seulement à se répandre. On va voir au cours des prochaines semaines que si les juges désignent en général une variété particulièrement réussie, faire un parcours sans faute n'est cependant pas acquis d'avance. Comme dans le cursus scolaire il y en a qui brillent dans les petites classes mais qui ont néanmoins du mal à obtenir le baccalauréat !
1973/1976
Les renseignements en ma possession ne remontent pas plus haut dans le temps que 1973.
Voici les lauréats :
1973/1976
= 'Flamingo Fling' (M. Hamblen, 1971) - AM, 1975
1974
= 'Bride's Halo' (H. Mohr, 1971) – AM, 1976 ; Dykes Medal, 1978
1975
= 'Queen of Hearts' (O. Brown, 1973) – AM, 1977
1976
= 'Caramba' (K.Keppel, 1972) – AM, 1978
Seul 'Bride's Halo' a fait un parcours sans faute, mais 'Queen of Hearts' a échoué au pied du podium de la Médaille de Dykes par deux fois, en 1980 et 1981.
28.10.18
DANS L'ORDRE DES CHOSES
Jacques Brosse qui fut à la fois naturaliste spécialiste de l'arbre, historien des religions, philosophe puis moine boudhiste, a d'abord été l'auteur d'un essai publié en 1958, intitulé "L'Ordre des Choses" (qui fut, je crois, son premier ouvrage) où l'on la surprise de trouver une apologie de l'iris. On y trouve par exemple cette description qui ne peut qu'enthousiasmer les amateurs : « peu de fleurs ont un aspect plus charnel : on y distingue des langues suaves, des lêvres finement ourlées, des courbes lascives ; on discerne sous cette peau diaphane la très fine résille des veinules et des artérioles où la vie circule, mais cette chair est protégée par une telle subtilité, une telle susceptibilité que le seul regard la pourrait bien irriter et corrompre ; elle semble réservée à ces plaisirs de pure contemplation qu'on ne savoure pas facilement par soi-même. » Avec ce texte Jacques Brosse découvre tout ce qui fait que tant de gens sont tombés sous le charme des iris et n'ont jamais pu s'en défaire. Combien de fois ai-je lu, dans l'autobiographie de passionnés d'iris la phrase « J'ai été harponné » (en anglais « I was hooked ») ? Et combien a-t-il fallu d'attention pour remarquer les veines qui parcourent les pétales et sépales, comme on en distingue à travers la peau d'un être humain ? En grand rêveur qu'il est, Jacques Brosse voit dans la fleur d'iris les caractères féminins. Mais il aurait pu y distinguer tout aussi bien les traits masculins, parce que les uns et les autres y sont réunis. Une fleur d'iris est en effet une formidable machine destinée à la reproduction. Tout y est incroyablement et astucieusement manigancé pour que se réalise l'acte sexuel et que s’accomplisse le renouvellement de la plante.
Toutes les plantes ne déploient pas autant d'artifices pour en arriver là. Sous ma fenêtre l’ampélopsis qui revêt entièrement la maison n'a pas besoin de se montrer aussi ostentatoire. Dans la chaleur des après-midis de juillet les bractées qui protègent les minuscules fleurs sans pétales ni sépales s'ouvrent brusquement et se déversent jusqu'au sol avec un léger bruit de chute d'eau. Aussitôt des armées d'abeilles se précipitent vers le nectar que recèlent les délicates fleurs presque invisibles. La fécondation va avoir lieu, dans la discrétion la plus complète. Ce n'est pas du tout le scénario inventé par les iris ! Au contraire, avec une impudeur totale, les attraits féminins y sont mis en évidence et les insectes vont s'y laisser prendre. C'est justement ce côté sexy auquel Jacques Brosse, tel le bourdon, a été sensible. Et il a spécialement remarqué l'un des artifices préparés par la fleur : « la forme de la fleur est le prototype du brûle-parfums, elle n'a de senteurs qu'un vague reflet sucré qui n'est que l'ombre d'une odeur », même si apparemment, le côté olfactif des iris n'est pas celui qui lui paraît le plus séduisant. C'est d'ailleurs assez surprenant car le parfum des iris est une des caractéristiques de cette fleur à laquelle on est le plus sensible. Justement parce que le parfum fait partie de l'arsenal de séduction dont usent les femmes. D'ailleurs Gaston Bachelard, dans la préface à « L'Ordre des Choses » qu'il a écrite, s'en étonne : « (...) le regard pénétrant qui était la gloire de l'observateur va revêtir une certaine timidité ».
Dans la façon dont Jacques Brosse parle de la fleur d'iris on perçoit qu'il est un naturaliste érudit. Il n'en parle pas, évidemment, comme le ferait un simple observateur ; il n'en parle pas comme le ferait un poète ; il s'exprime avec une précision scientifique – le « regard pénétrant » distingué par Bachelard - , même si son langage est agréablement lyrique, même si l'on sent que pointe déjà l'orientation spirituelle qu'il donnera plus tard à sa vie. Comme quoi la rigueur scientifique n'interdit pas d'exprimer un ressenti très personnel. Cela aussi fait partie de l'ordre des choses !
Toutes les plantes ne déploient pas autant d'artifices pour en arriver là. Sous ma fenêtre l’ampélopsis qui revêt entièrement la maison n'a pas besoin de se montrer aussi ostentatoire. Dans la chaleur des après-midis de juillet les bractées qui protègent les minuscules fleurs sans pétales ni sépales s'ouvrent brusquement et se déversent jusqu'au sol avec un léger bruit de chute d'eau. Aussitôt des armées d'abeilles se précipitent vers le nectar que recèlent les délicates fleurs presque invisibles. La fécondation va avoir lieu, dans la discrétion la plus complète. Ce n'est pas du tout le scénario inventé par les iris ! Au contraire, avec une impudeur totale, les attraits féminins y sont mis en évidence et les insectes vont s'y laisser prendre. C'est justement ce côté sexy auquel Jacques Brosse, tel le bourdon, a été sensible. Et il a spécialement remarqué l'un des artifices préparés par la fleur : « la forme de la fleur est le prototype du brûle-parfums, elle n'a de senteurs qu'un vague reflet sucré qui n'est que l'ombre d'une odeur », même si apparemment, le côté olfactif des iris n'est pas celui qui lui paraît le plus séduisant. C'est d'ailleurs assez surprenant car le parfum des iris est une des caractéristiques de cette fleur à laquelle on est le plus sensible. Justement parce que le parfum fait partie de l'arsenal de séduction dont usent les femmes. D'ailleurs Gaston Bachelard, dans la préface à « L'Ordre des Choses » qu'il a écrite, s'en étonne : « (...) le regard pénétrant qui était la gloire de l'observateur va revêtir une certaine timidité ».
Dans la façon dont Jacques Brosse parle de la fleur d'iris on perçoit qu'il est un naturaliste érudit. Il n'en parle pas, évidemment, comme le ferait un simple observateur ; il n'en parle pas comme le ferait un poète ; il s'exprime avec une précision scientifique – le « regard pénétrant » distingué par Bachelard - , même si son langage est agréablement lyrique, même si l'on sent que pointe déjà l'orientation spirituelle qu'il donnera plus tard à sa vie. Comme quoi la rigueur scientifique n'interdit pas d'exprimer un ressenti très personnel. Cela aussi fait partie de l'ordre des choses !
LA VÉRITÉ SUR L'AFFAIRE 'MARIE-JOSÉ NAT'
'Marie-José Nat' (Richard Cayeux, R. 2000). Semis 9598A. TB, 35" (90 cm), Pétales rose doré ; sépales veloutés grenat pourpré, étroite bordure plus claire ; barbes mandarine.
'Colette Thurillet' X 'Fiesta Time'
Chaque obtenteur a sa façon de décrire les iris qu'il enregistre. Néanmoins, en examinant une photo tout en lisant la description qui est donnée, on se fait une idée assez précise de l'affaire. C'est le cas avec 'Marie-José Nat'. Richard Cayeux a écrit que les pétales étaient rose doré. On peut en effet accepter ces termes. Personnellement j'aurais plutôt dit jaune rosé, notamment à cause des côtes où les pigments anthocyaniques se concentrent, mais l'inverse convient tout aussi bien. Qu'en est-il de 'Rustic Royalty' ? La Maison Schreiner a dit « chamois bronzé ». Cela me paraît tout à fait bien noté. 'Rustic Royalty' est effectivement moins teinté de jaune et, de plus, les côtes sont nettement plus riches en colorant violet. Pour ce qui est de la couleur des sépales, chez Cayeux on la voit « grenat pourpré » quand les Schreiner, pour leur variété, parlent d'acajou foncé. Les deux photos sont fidèles à ces descriptions, celle de 'Rustic Royalty' met bien en évidence la teinte acajou quand le grenat de 'Marie-josé Nat' est plus riche en reflets dorés. Chez Cayeux on n'oublie pas de signaler les marges éclaircies des sépales tandis que chez Schreiner on a négligé la flamme bleutée qui descend de la barbe vers la pointe des sépales, que l'on voit sur la photo de même que sur toutes les autres que j'ai examinées. Restent les barbes. Celles de 'Marie-José Nat' apparaissent franchement de teinte mandrine assez vive, alors que celles de 'Rustic Royalty', conformément à la description, sont assez nettement jaunes. Compte tenu de ces analyses, je crois que la vérité, celle que demande la personne quiest intervenue dans le blog de la SFIB, désignent le modèle de ses photos comme étant à peu près sans risque d'erreur 'Rustic Royalty'.
Dans les années 1920/1930 sont apparues de très nombreuses variétés d'une couleur difficile à décrire : un violet améthyste souvent teinté de beige, agréable et délicat, qui rendait l'identification fort aventureuse lorsque d'autres signes distinctifs n'apparaissaient pas. De même, en règle générale, il est tout à fait hasardeux de donner un nom a une variété bleu clair tant celles-ci sont nombreuses et proches les unes des autres. On peut assez facilement dater (dans une fourchette d'une dizaine d'années) une variété bleue, mais c'est très risqué d'avancer un nom. Un nombre infini de variegatas jaune/brun pose les mêmes problèmes, et je ne parle pas des plicatas bleu-violet ! Pour le cas d'aujourd'hui, malgré de réelles similitudes, le distingo a été plus facile.
Dans l'affaire « 'Marie-José Nat' » la vérité est faite.
Iconographie :
Photo à identifier ;
'Marie-Jodé Nat'
'Rustic Royalty'
'Fiesta Tme'
'Vigilante'
'Gypsy Caravan'
*
* *
'Rustic Royalty' (Schreiners, R. 2000). Seedling# DD 599-A. TB, height 36" (91 cm), Pétales chamois bronzé, côtes lavande violacé ; bras des styles chamois bronzé ; sépales acajou foncé ; barbes jaune doré. Semis Y 682-2: (semis T 453-B, 'Thriller' sibling, x semis T 449-A: (semis R 183-A: ('Master Touch' x (((('Alpenrose' x 'Anthem') x ('Amethyst Flame' x 'Melodrama'))) x 'Rondo')) x semis R 208-A: ('Sailor's Dance' semis x ((semis G1517-B x 'Neptune's Pool') x 'Royal Regency' sibling)))) X 'Vigilante'.
*
* *
Il y a quelques semaines la question a été posée sur le blog de la SFIB de savoir qui était qui de 'Marie-José Nat' et de 'Rustic Royalty', en comparant les photos de l'un et de l'autre. Il faut dire qu'il y a matière à s'interroger. On est en face de deux variétés très proches l'une de l'autre. Et il y a de bonnes raisons qu'il en soit ainsi. En effet dans le pedigree de l'une et de l'autre on découvre un proche ancêtre commun. Pour 'Marie-José Nat', que ce soit du côté de 'Colette Thurillet' ou de celui de 'Fiesta Time' on trouve tout de suite 'Gypsy Caravan'. Pour 'Rustic Royalty', au pedigree plus compliqué, le même 'Gypsy Caravan' est immédiatement derrière 'Vigilante'. Nous sommes donc en présence de deux variétés du type « variegata », issue d'un ancêtre variegata commun, enregistrées la même année, donc forcément représentatives d'une même époque dans le style de fleur. Pour faire la différence il va falloir analyser les deux descriptions et comparer attentivement des photos prises sous le même angle et avec un éclairage similaire.Chaque obtenteur a sa façon de décrire les iris qu'il enregistre. Néanmoins, en examinant une photo tout en lisant la description qui est donnée, on se fait une idée assez précise de l'affaire. C'est le cas avec 'Marie-José Nat'. Richard Cayeux a écrit que les pétales étaient rose doré. On peut en effet accepter ces termes. Personnellement j'aurais plutôt dit jaune rosé, notamment à cause des côtes où les pigments anthocyaniques se concentrent, mais l'inverse convient tout aussi bien. Qu'en est-il de 'Rustic Royalty' ? La Maison Schreiner a dit « chamois bronzé ». Cela me paraît tout à fait bien noté. 'Rustic Royalty' est effectivement moins teinté de jaune et, de plus, les côtes sont nettement plus riches en colorant violet. Pour ce qui est de la couleur des sépales, chez Cayeux on la voit « grenat pourpré » quand les Schreiner, pour leur variété, parlent d'acajou foncé. Les deux photos sont fidèles à ces descriptions, celle de 'Rustic Royalty' met bien en évidence la teinte acajou quand le grenat de 'Marie-josé Nat' est plus riche en reflets dorés. Chez Cayeux on n'oublie pas de signaler les marges éclaircies des sépales tandis que chez Schreiner on a négligé la flamme bleutée qui descend de la barbe vers la pointe des sépales, que l'on voit sur la photo de même que sur toutes les autres que j'ai examinées. Restent les barbes. Celles de 'Marie-José Nat' apparaissent franchement de teinte mandrine assez vive, alors que celles de 'Rustic Royalty', conformément à la description, sont assez nettement jaunes. Compte tenu de ces analyses, je crois que la vérité, celle que demande la personne quiest intervenue dans le blog de la SFIB, désignent le modèle de ses photos comme étant à peu près sans risque d'erreur 'Rustic Royalty'.
Dans les années 1920/1930 sont apparues de très nombreuses variétés d'une couleur difficile à décrire : un violet améthyste souvent teinté de beige, agréable et délicat, qui rendait l'identification fort aventureuse lorsque d'autres signes distinctifs n'apparaissaient pas. De même, en règle générale, il est tout à fait hasardeux de donner un nom a une variété bleu clair tant celles-ci sont nombreuses et proches les unes des autres. On peut assez facilement dater (dans une fourchette d'une dizaine d'années) une variété bleue, mais c'est très risqué d'avancer un nom. Un nombre infini de variegatas jaune/brun pose les mêmes problèmes, et je ne parle pas des plicatas bleu-violet ! Pour le cas d'aujourd'hui, malgré de réelles similitudes, le distingo a été plus facile.
Dans l'affaire « 'Marie-José Nat' » la vérité est faite.
Iconographie :
Photo à identifier ;
'Marie-Jodé Nat'
'Rustic Royalty'
'Fiesta Tme'
'Vigilante'
'Gypsy Caravan'
19.10.18
LE CONGRÈS DE 1978
En 1978 la SFIB a organisé la plus grande manifestation de son histoire. Ce fut le Congrès de 1978 qui se tint à Orléans et qui attira en France les plus grands hybrideurs américains. Un vaste concours d'iris s'est déroulé parallèlement. Dans ses divers sections concernant les grands iris, 24 variétés ont été primées. Pendant cinq semaines nous venons d'en voir les photos ! Pour marquer en couleur ce quarantième anniversaire.
5 – Classement Général
'Pleasure Cruise' (Plough, 1975)
'Lord Baltimore' (Nearpass, 1969)
'Mary Frances' (Gaulter, 1972)
'Lorenzaccio de Medicis' (Anfosso, 1978)
'Wedding Wow' (Ghio, 1972)
5 – Classement Général
'Pleasure Cruise' (Plough, 1975)
'Lord Baltimore' (Nearpass, 1969)
'Mary Frances' (Gaulter, 1972)
'Lorenzaccio de Medicis' (Anfosso, 1978)
'Wedding Wow' (Ghio, 1972)
LES MOTS MAGIQUES
Des mots, toujours des mots... Les mots jouent un rôle important dans l'univers des iris. Ce sont ceux que l'on choisit pour créer un nom de variété, et au train où vont les choses, avec une production annuelle de par le monde de plus de 1000 nouveaux iris, trouver un nom va devenir de plus en plus difficile, même si, dans toutes les langues du monde, il reste des mots disponibles et plein de noms à inventer.
Chaque situation, chaque fleur doit avoir un nom, et les mots pour exprimer ce nom ont une importance considérable. Une même idée sera ressentie différemment selon les mots choisis pour la conceptualiser. Les mots utilisés pour constituer le nom d'un iris (comme d'ailleurs des autres plantes) sont donc des mots magiques et leur agencement pour créer un nom a quelque chose de merveilleux. Il est intéressant d'analyser les mots qui sont retenus pour composer un nom en fonction de l'idée que l'on se fait de ce que ce nom va apporter à la plante et de l'adéquation qu'il doit y avoir entre le nom et ce que véhicule l'iris qui va le porter.
A ce moment, il faut bien dire que la magie des mots n'apparaît pas toujours ! Peut-on parler de magie lorsque le mot « bleu » (dans quelque langue que ce soit) est utilisé pour baptiser un iris bleu ? Les fort nombreuses variétés qui portent un nom où l'on trouve le mot « bleu » sont la plupart du temps des fleurs à base de bleu ! Témoin 'Blue Crusader' (Schreiner, 1998) ou 'Blue Rapture' (Kerr, 2013). De même les fleurs dont le nom contient le mot « rose » ou « pink » ont toutes les chances d'être des iris roses ('Pink Belle' – Wood, 1983) ; ('Pink Taffeta' Rudolph – 1965) et celles qui s'appellent « black » quelque chose sont à coup sûr des fleurs noires ('Black Flag' – Stahly, 1985) ; ('Black Phantom' – Marryott, 2001). Dans cette approche il y a quelque chose qui, à nos yeux d'Européens ne s'explique pas. C'est le cas des noms le plus souvent très terre-à-terre qui sont donnés aux iris plicatas ! Les exemples sont innombrables, en particulier dans les catalogues de la célèbre maison Schreiner. 'American Classic' (1996), 'Closed Circuit' (1981), 'Take Five' (2005) en sont des illustration. En quoi des mots ordinaires conviennent-ils aux plicatas ? Mystère !
On reste là dans le banal ou le prosaïque, mais ce n'est pas toujours le cas. On retrouve la magie des mots lorsqu'il y a une association d'idée entre la couleur d'un iris et certains mots en quelque sorte prédestinés. Ainsi le mot « ange » ou « angel » est intimement lié à la couleur blanche, de même, le mot « nuit » ou « night » l'est avec la couleur noire, le mot « ciel » ou « sky » l'est avec le bleu clair, le mot « feu » ou « fire » l'est avec l'orange. L'association peut être plus subtile, comme celle entre « irish » et vert, ou celle entre « moon – lune » et jaune (du moins dans la vision américaine de la lune). Les iris dont le nom contient le mot « arctic » sont des iris blancs, de même pour ce qui est de « ice - glace » ou « snow - neige » et son corrélat « Christmas - Noël », ou pour les mots évoquant la pureté, comme « bride ou bridal, celeste ou celestial » ou « crystal - cristal ». Et tout ce qui évoque l'Espagne ou l'Amérique Latine comportera des couleurs vives à base de jaune ou de grenat le plus souvent.
La magie des mots opère dans toutes les langues. 'Babbling Brook' (Keppel, 1965) ou ''Brook Flower' (Schreiner, 1972) évoquent inmanquablement la fraîcheur des ruisseaux, tandis que 'Aube du Désert' (Chappelle, 2016) fait immédiatement penser au sable blond sous le soleil levant, et que 'Flight of Angels' (Terrell, 1967) guide vers quelque chose de clair et de léger. Bien sûr on est moins sensible lorsqu'on ne parle pas la langue, mais cela ne change rien et si les mots nous semblent moins évocateurs, le charme apparaît dès que l'on a la traduction : comme la « veuve noire » de Sergeï Loktev ('Chornaya Vdova' – 2006).
Ce n'est pas étonnant que de nombreux hybrideurs disent qu’ils ont bien des difficultés quand il s’agit de trouver un nom pour une nouvelle variété. Thomas Johnson, à Salem dans l’Oregon dit à ce sujet : « Je me sens très stressé. Je n’aime pas choisir les noms d’iris. » et Lawrence Ransom, en France, m’a tenu un jour à peu près le même langage. En fin de compte, la magie des mots peut être à la fois éprouvante et exaltante. Et le domaine des iris, à ce sujet, ne se distingue nullement des autres.
Iconographie :
'Blue Rapture'
'Black Phantom'
'Take Five'
'Aube du Désert '
'Chornaya Vdova'
Chaque situation, chaque fleur doit avoir un nom, et les mots pour exprimer ce nom ont une importance considérable. Une même idée sera ressentie différemment selon les mots choisis pour la conceptualiser. Les mots utilisés pour constituer le nom d'un iris (comme d'ailleurs des autres plantes) sont donc des mots magiques et leur agencement pour créer un nom a quelque chose de merveilleux. Il est intéressant d'analyser les mots qui sont retenus pour composer un nom en fonction de l'idée que l'on se fait de ce que ce nom va apporter à la plante et de l'adéquation qu'il doit y avoir entre le nom et ce que véhicule l'iris qui va le porter.
A ce moment, il faut bien dire que la magie des mots n'apparaît pas toujours ! Peut-on parler de magie lorsque le mot « bleu » (dans quelque langue que ce soit) est utilisé pour baptiser un iris bleu ? Les fort nombreuses variétés qui portent un nom où l'on trouve le mot « bleu » sont la plupart du temps des fleurs à base de bleu ! Témoin 'Blue Crusader' (Schreiner, 1998) ou 'Blue Rapture' (Kerr, 2013). De même les fleurs dont le nom contient le mot « rose » ou « pink » ont toutes les chances d'être des iris roses ('Pink Belle' – Wood, 1983) ; ('Pink Taffeta' Rudolph – 1965) et celles qui s'appellent « black » quelque chose sont à coup sûr des fleurs noires ('Black Flag' – Stahly, 1985) ; ('Black Phantom' – Marryott, 2001). Dans cette approche il y a quelque chose qui, à nos yeux d'Européens ne s'explique pas. C'est le cas des noms le plus souvent très terre-à-terre qui sont donnés aux iris plicatas ! Les exemples sont innombrables, en particulier dans les catalogues de la célèbre maison Schreiner. 'American Classic' (1996), 'Closed Circuit' (1981), 'Take Five' (2005) en sont des illustration. En quoi des mots ordinaires conviennent-ils aux plicatas ? Mystère !
On reste là dans le banal ou le prosaïque, mais ce n'est pas toujours le cas. On retrouve la magie des mots lorsqu'il y a une association d'idée entre la couleur d'un iris et certains mots en quelque sorte prédestinés. Ainsi le mot « ange » ou « angel » est intimement lié à la couleur blanche, de même, le mot « nuit » ou « night » l'est avec la couleur noire, le mot « ciel » ou « sky » l'est avec le bleu clair, le mot « feu » ou « fire » l'est avec l'orange. L'association peut être plus subtile, comme celle entre « irish » et vert, ou celle entre « moon – lune » et jaune (du moins dans la vision américaine de la lune). Les iris dont le nom contient le mot « arctic » sont des iris blancs, de même pour ce qui est de « ice - glace » ou « snow - neige » et son corrélat « Christmas - Noël », ou pour les mots évoquant la pureté, comme « bride ou bridal, celeste ou celestial » ou « crystal - cristal ». Et tout ce qui évoque l'Espagne ou l'Amérique Latine comportera des couleurs vives à base de jaune ou de grenat le plus souvent.
La magie des mots opère dans toutes les langues. 'Babbling Brook' (Keppel, 1965) ou ''Brook Flower' (Schreiner, 1972) évoquent inmanquablement la fraîcheur des ruisseaux, tandis que 'Aube du Désert' (Chappelle, 2016) fait immédiatement penser au sable blond sous le soleil levant, et que 'Flight of Angels' (Terrell, 1967) guide vers quelque chose de clair et de léger. Bien sûr on est moins sensible lorsqu'on ne parle pas la langue, mais cela ne change rien et si les mots nous semblent moins évocateurs, le charme apparaît dès que l'on a la traduction : comme la « veuve noire » de Sergeï Loktev ('Chornaya Vdova' – 2006).
Ce n'est pas étonnant que de nombreux hybrideurs disent qu’ils ont bien des difficultés quand il s’agit de trouver un nom pour une nouvelle variété. Thomas Johnson, à Salem dans l’Oregon dit à ce sujet : « Je me sens très stressé. Je n’aime pas choisir les noms d’iris. » et Lawrence Ransom, en France, m’a tenu un jour à peu près le même langage. En fin de compte, la magie des mots peut être à la fois éprouvante et exaltante. Et le domaine des iris, à ce sujet, ne se distingue nullement des autres.
Iconographie :
'Blue Rapture'
'Black Phantom'
'Take Five'
'Aube du Désert '
'Chornaya Vdova'
12.10.18
LE CONGRÈS DE 1978
En 1978 la SFIB a organisé la plus grande manifestation de son histoire. Ce fut le Congrès de 1978 qui se tint à Orléans et qui attira en France les plus grands hybrideurs américains. Un vaste concours d'iris s'est déroulé parallèlement. Dans ses divers sections concernant les grands iris, 24 variétés ont été primées. Pendant cinq semaines nous allons en voir les photos ! Pour marquer en couleur ce quarantième anniversaire.
4 – Meilleurs iris jaunes (et orange)
'Outreach' (Nelson, 1971)
'Sunfire' (Hamblen, 1977)
'Good Hope' (Moldovan, 1969)
'Apricot Blaze' (Gibson, 1971)
4 – Meilleurs iris jaunes (et orange)
'Outreach' (Nelson, 1971)
'Sunfire' (Hamblen, 1977)
'Good Hope' (Moldovan, 1969)
'Apricot Blaze' (Gibson, 1971)
CHANTER LA MESSE À SES GENOUX
CARMEN
Carmen est maigre - un trait de
bistre
Cerne son oeil de gitana ;
Ses cheveux sont d'un noir sinistre ;
Sa peau, le diable la tanna.
Les femmes disent qu'elle est laide,
Mais tous les hommes en sont fous ;
Et l'archevêque de Tolède
Chante la messe à ses genoux ;
Cerne son oeil de gitana ;
Ses cheveux sont d'un noir sinistre ;
Sa peau, le diable la tanna.
Les femmes disent qu'elle est laide,
Mais tous les hommes en sont fous ;
Et l'archevêque de Tolède
Chante la messe à ses genoux ;
(...)
(Extrait du recueil "Emaux
et Camées")
La recherche du noir chez les iris n'est pas apparue dès le début de l'hybridation. L'intérêt pour cette couleur ne s'est manifesté que progressivement et seulement à partir des années 1930. Le premier à s'y être frotté, et le moins connu, est le colonel Jesse Nicholls. Cet officier supérieur était aussi savant en art militaire qu'en horticulture et en particulier en celle des iris. Son aventure commence avec 'Valor' (1932), un bitone aux sépales tirant sur le bleu noir. Nicholls, en bon horticulteur, a aussitôt tenté d'approfondir le côté sombre de son iris en le croisant avec un autre bleu-noir, 'The Black Douglas' (Jacob Sass, 1934) dont on parlera un peu plus loin. 'Black Valor' (1938) est le résultat de ce croisement. Comme il se doit c'est un bleu-noir profond. Fort de ce résultat, Jesse Nicholls a poursuivi en croisant de nouveau 'Valor' avec un descendant de 'Alcazar' et de 'Souvenir de Mme Gaudichau'. Résultat : 'Mata Hari' (1936) et 'Smolder' (1937). Unis, ces deux iris ont donné 'Storm King' (1939) qui fut très admiré, à juste raison.
D'autres hardis hybrideurs, à peu près au même moment, s'étaient lancés dans l'aventure. Les frères Sass, dans le Nebraska, tout d'abord. Ils ont sélectionné les plus sombres de leurs semis issus de leur ligne de bleu et de violet et les ont croisés entre eux. Le résultat a été l’introduction de ‘The Black Douglas’ en 1934. Paul Cook dans l’Indiana et les Schreiner dans l’Oregon ensuite, chacun selon son propre chemin. Pour Paul Cook, la voie a été celle de Iris aphylla (petit iris bleu très foncé), qu’il utilisait aussi à d’autres fins dans ses programmes, et il a introduit en 1938 le fameux ‘Sable’, qui fut considéré comme le meilleur noir de son époque, et dont le descendant ‘Sable Night’ (50), encore plus sombre, a obtenu la Médaille de Dykes en 1955. Au moment où ‘Sable’ était mis sur le marché, la famille Schreiner obtenait ‘Ethiop Queen’ (1938), descendant de ‘The Black Douglas’ et d’un semis brun-rouge sombre. Elle a continué sur sa lancée. Puis en profitant elle aussi des aptitudes de I. aphylla, par l'intermédiaire de 'Dymia' (Schuber, 1936), qui est considéré comme provenant de cette espèce, et de 'Black Forest' (1944) qui est un descendant à la ois de 'Dymia' et d'Ethiop Queen'. « Ce 'Black Forest', en association avec 'Storm King' et 'Sable' forme le triumvirat qui est à la base de toute la recherche moderne sur les iris noirs » (The World of Irises). On se rend compte à quel point 'Black Forest' a été important pour le prolongement de la quête de l'iris noir en regardant l'arbre généalogique de sa descendance tel qu'on le trouve dans « The World of Irises ». On y trouve tous les classiques qui ont figuré dans nos collections au cours des cinquante dernières années et, par conséquent, les ancêtres des noirs d'aujourd'hui.
Le noir est donc une couleur dont la recherche s'est passée comme pour les autres et si on dit que tous les hommes en sont fous, on parle surtout des hybrideurs américains. la progression vers le noir vraiment noir s'est poursuivie chez Orville Fay à qui l'on doit 'Gulf Stream' (1945), puis, surtout, 'Black Hills' (1950), 'Total Eclipse' (1952) et 'Black Swan' (1960). Les Schreiner ensuite : 'Tuxedo' (1964), ‘By Night’ (76), ‘Superstition’ (77), ‘Swazi Princess’ (78), mais aussi Gordon Plough : ‘Swahili’ (65), ‘Study in Black’ (68), puis ‘Black Market’ (73) et ‘Interpol’ (73), de même que Luihn : ‘Dusky Dancer’ (67), Hager : ‘Basic Black’ (71) ou Gibson : ‘Opening Night’ (70)...
L'histoire serait sans doute plus passionnante si on y trouvait un souffle épique, voire même une touche de polar, mais elle ne contient rien de cela : Pas de quoi affoler un archevêque ! Les choses ont suivi leur cours avec un important progrès au cours des années 1980. La profondeur du noir s’est accrue, accompagnée d’un aspect velouté des tépales qui ajoute à la perfection. Témoins, chez Schreiner, ‘Black Dragon’ (82), ‘Back in Black’ (86), ‘Midnight Express’ (88), chez Maryott ‘Witches’ Sabbath’ (86), chez Stahly ‘Black Flag’ (88), chez Luihn ‘ Blackout’ (88), chez Innerst ‘Before the Storm’ (89)… Et les Schreiner, ont maintenu le cap : chaque catalogue a présenté quelque nouveauté noire : ‘Night Ruler’ (90), ‘Midnight Dancer’ (91), ‘Hello Darkness’ (92), ‘Black Tie Affair’ (93), ‘Paint it Black’ (94), ‘Old Black Magic’ (96)… Les variétés noires d'aujourd'hui ne sont pas loin d'avoir atteint une saturation du noir parfaite comme c'est le cas de 'Here Comes the Night' (Schreiner, 2009). Elles jouent plutôt sur des améliorations formelles comme les ondulations des pétales ou le nombre de boutons floraux. Tout cela à partir des variétés noires antérieures. Tous les iris noirs actuels ont au moins pour parent l’une des variétés citées ci-dessus. ‘Night Ruler’ apparaît derrière ‘Midnight Vigil’ (Stahly 2005) ; ‘Hello Darkness’ est la base la plus utilisée, comme pour ‘Black Phantom’ (Maryott 2001), ‘Dangerous Mood’ (Schreiner 2004), ‘Fade to Black’ (Schreiner 2002), ‘Lord of the Night’ (Sutton G. 2005), ou ‘Warranty’ (Johnson T. 2003) ; ‘Black Tie Affair’ est un des parents de ‘Tahitian Pearl’ (Johnson L. 2003) ; ‘Paint it Black’ figure dans le pedigree de ‘Twilight Tear’ (Filardi 2006) ; quant à ‘Old Black Magic’, c’est la « mère » de ‘O’ So Very’ (Brown D. 2005). Et il ne faut pas oublier ceux qui ont utilisé les noirs de la génération précédente, comme Sterling Innerst pour ‘Anvil of Darkness’ (98) ou 'Black Suited' (1999), qui a fait appel à ‘Before the Storm’ ; de même Hedgecock s’est servi de ‘Swazi Princess’ pour ‘Cowboy in Black’ (2004) et ‘Dark Past’ (98).
En dehors des USA le noir n'a pas provoqué le même frisson. Du temps de son apogée, la famille Anfosso nous a donné ‘Calamité’ (1982), ‘Bar de Nuit’ (1987), ‘Draco’ (1988), puis encore ‘Nuit de Chine’ (1993) et ‘Nuit Fauve’ (1994), mais cette série s'est arrêtée, comme le reste... Gérard Madoré a obtenu ‘Pen Hir’ (2001) et ‘Armorique’ (2005) mais il à remisé ses brucelles... Quand à Sergeï Loktev, auteur de ‘Chiornaya Vdova', « la veuve noire » (2006), il n'a pas eu la chance d'aller plus loin... Le noir, qui profite aux Américains, serait-il fatal aux Européens ? C'est la petite touche dramatique de l'histoire des iris noirs. Mais il ne faut pas s'arrêter là. L'ont bien compris B. Laporte avec son 'Dakar' (2009) ou J. C. Jacob, pour son 'Macassar' (2016). Si la Carmen de Théophile Gautier, qui n'est pas laide du tout, ne fait plus perdre la tête à ses admirateurs, il ne faudrait pas qu'elle freine les ardeurs de certains parmi les plus superstitieux !
Iconographie :
'Black Valor'
'Ethiop Queen'
'Midnight Dancer'
'Night Ruler'
5.10.18
LE CONGRÈS DE 1978
En 1978 la SFIB a organisé la plus grande manifestation de son histoire. Ce fut le Congrès de 1978 qui se tint à Orléans et qui attira en France les plus grands hybrideurs américains. Un vaste concours d'iris s'est déroulé parallèlement. Dans ses divers sections concernant les grands iris, 24 variétés ont été primées. Pendant cinq semaines nous allons en voir les photos ! Pour marquer en couleur ce quarantième anniversaire.
3 – Meilleurs iris roses
'Schiaparelli' (Moldovan, 1971)
'Pink Pussycat' (Tompkins, 1969)
'Mod Mode' (Gibson, 1970)
'Paris Light' (Schreiner, 1972)
3 – Meilleurs iris roses
'Schiaparelli' (Moldovan, 1971)
'Pink Pussycat' (Tompkins, 1969)
'Mod Mode' (Gibson, 1970)
'Paris Light' (Schreiner, 1972)
ECHOS DU MONDE DES IRIS
70 !
C'est le nombre de variétés récentes voire nouvelles offertes cette année par sept hybrideurs et pépiniéristes à l'association qui gère la collection d'iris de la commune de Champigny sur Veude. Avec plus de 400 variétés, méticuleusement soignées, la collection de celle qui veut devenir la Cité des Iris est véritablement bien partie. Merci aux généreux donateurs.
C'est le nombre de variétés récentes voire nouvelles offertes cette année par sept hybrideurs et pépiniéristes à l'association qui gère la collection d'iris de la commune de Champigny sur Veude. Avec plus de 400 variétés, méticuleusement soignées, la collection de celle qui veut devenir la Cité des Iris est véritablement bien partie. Merci aux généreux donateurs.
LA FLEUR DU MOIS
'Helen Collingwood' ( Kenneth D. Smith, 1949)
(Extravaganza X Louise Blake)
Est-ce bien raisonnable de considérer comme « Fleur du Mois » une variété âgée maintenant de bientôt soixante-dix ans ? Pourquoi pas ? Vous savez, les iris vieillissent bien moins vite que les gens!Et celui-ci fait partie des grands classiques. Parce qu'il dispose de bien des qualités. C'est ce que fait remarquer Mike Unser, grand spécialiste des iris anciens : « 'Helen Collingwood' est une variété très robuste, bien connue pour survivre à une certaine négligence et donc susceptible de se perpétuer au cours des décennies. C'est intéressant qu’elle soit plutôt belle et toujours bien décidée à fleurir, ce qui lui donne beaucoup de valeur dans le jardin. Bien entendu, elle fait souvent partie des variétés dont on se demande quel est leur nom. » J'ajouterais que c'est une variété facilement identifiable et que l'on ne peut guère la prendre pour une autre. Son obtenteur en donne la description suivante : « Une création vraiment brillante dans la classe des néglectas ; des tiges bien branchées d'environ 1m. Avec des pétales bleu lavande clair et des sépales d'un brillant violet pourpré. » A vrai dire on hésite un peu à la qualifier de néglecta et l'on serait tenté de la classer parmi les amoenas tant ses pétales sont proches du blanc pur. Bien sûr on chercherait en vain ondulations et frisettes, mais cela n'enlève rien à son charme, cela sert plutôt à nous fixer sur son âge, et au moment où abondent les fleurs fortement bouillonnées, un peu de simplicité ne fait pas de mal ! Son pedigree bien simple fait appel à deux variétés sympathiques : le bien connu 'Extravaganza' (G. Douglas, 1943) et le plus rare 'Louise Blake' (K. Smith, 1942). Le premier est un bel exemple d'amoena bien contrasté, avec des pétales à peine teintés de crème à la base et des sépales d'un violet pourpré profond ; le second étant un néglecta violet auquel 'Helen Collingwood' ressemble bigrement et qui descend de 'Mme Maurice Lassailly' (F. Cayeux, 1931) et du fameux 'Wabash' (Williamson, 1936). La descendance de 'Helen Collingwood' n'est pas mirobolante : tout juste 18 variétés enregistrées, dont une seule est bien connue. Il s'agit de 'Braithwaite' (Randall, 1952), un néglecta britannique encore fréquent dans nos jardins, et toujours très apprécié en Angleterre où les iris « historiques » ont beaucoup de succès. Si l'on devait établir la liste des variétés incontournables, une sorte de « Top 100 » des iris de base, 'Helen Collingwood' y aurait nécessairement sa place. C'est pour cela qu'elle mérite bien d'être qualifiée ici de « Fleur du Mois ».
Iconographie :
'Helen Collingwood'
'Extravaganza'
'Mme Maurice Lassailly'
'Braithwaite'
QU'EST-CE QU'UN COLLECTIONNEUR ?
L’essayiste Cécile Guilbert écrit dans une chronique du journal La Croix : «Si je vous raconte cette histoire, ce n'est pas pour vous parler de labeur mais de passion : la passion innocente, maniaque, obstinée et jamais découragée qui appartient au monde d'affects si singuliers de ce qu'on nomme un collectionneur. » Elle parle précisément des collectionneurs d'art, de ceux qui amassent des tableaux de valeur inestimable dans des sortes de bunkers où ils sont les seuls à pénétrer. Mais son portrait s'adresse également à cet autre type de collectionneur « grave comme un enfant qui joue, entièrement requis par sa marotte, sa toquade – qu'on la nomme lubie rampante ou ver-coquin, manie butinante ou frivole, califourchon ou turlutaine - » dont elle trouve qu'il « réjouit par sa folie douce, son dada badin » et vers lequel évidemment se tourne sa sympathie.
Ce collectionneur, cela peut être celui qui accumule dans son jardin des centaines voire des milliers de variétés d'iris de tous âges et de toutes provenances, comme j'en connais quelques uns et dont je fais sans doute partie.
A la différence de celui qui collectionne les œuvres d'art hors de prix, l'amateur d'iris ne met pas des sommes considérables dans sa passion. Des gens aux revenus modestes peuvent donc devenir collectionneurs d'iris. Évacuer la question d'argent supprime du coup la peur du voleur et la nécessité d'une protection lourde de la collection. Elle élimine au passage le comportement jaloux et secret qui caractérise le collectionneur d'objets de grande valeur pour qui ces objets constituent un domaine réservé à une contemplation solitaire, voire même à l'absence de contemplation, l'intérêt de l'affaire étant de savoir qu'on dispose d'une fortune pour soi tout seul. Au contraire, l'amateur d'iris prend autant de plaisir à admirer sa collection qu'à en faire profiter les autres : son jardin, à la saison, est généralement ouvert et les visites sont autant d'occasions de jouir des superbes variétés fleuries.
Parodiant La Bruyère et ses fameux « Caractères », on peut décrire ainsi l'amateur-collectionneur d'iris : Il a un jardin souvent autour de sa demeure, mais il est parfois tenu de parcourir maintes lieues pour s'y rendre. Il s'y précipite dès le lever du soleil, et il n'est de retour qu'à son coucher. Vous le voyez immobile au milieu de ses iris, penché devant 'Cielo Alto', ce bleu si doux qui le fascine : il effleure un sépale, le caresse délicatement, il en aspire le parfum doux et sucré, les yeux fermés pour n'en perdre aucun effluve. Il sort de sa poche un petit carnet où il note quelque détail. Il s'approche de 'Black is Black', puis il passe à 'Rusty Taylor', cette éclatante rareté qu'il a achetée aux antipodes, et n'a qu'un pas à faire pour atteindre 'Zone d'Ombre' devant lequel il s'accroupit pour en examiner les barbes dorées. 'Magical Encounter' est à côté, tendrement rose, poudré comme une vieille marquise ; il en compte les boutons, note cette information sur son petit carnet, et s'agenouille devant la tige pour en mesurer commodément la hauteur. Il revient devant 'Zone d'Ombre', s'arrête longuement, apprécie le velouté des pétales, leurs vaporeuses ondulations, leur tendre teinte mauve. Il lui arrive alors de laisser passer l'heure de retrouver l'en-cas qui l'attend dans un cabas. La pluie, le soleil n'interrompent pas sa contemplation. Mais il sait déjà quelles plantes il va acquérir cet année pour accroître sa collection. Il attend les rhizomes qui viennent de Russie, de Pologne, d'Italie, d'Australie...Il a dépensé pour eux plus qu'il serait raisonnable, mais il ne regrette rien si ce n'est de n'avoir point passé commande en Ukraine et en Slovaquie où il s'est entiché de variétés nouvelles qu'il ne pourra admirer que dans une année, voire plus car ces rares merveilles peuvent se montrer capricieuses et prendre leur temps pour s'installer et se décider à fleurir. Dans ce genre de personnage j'ai connu un ancien coiffeur, demeurant dans une petite ville d'Occitanie, qui prenait chaque matin sa voiture pour parcourir la vingtaine de kilomètres qui le séparaient de son iriseraie où il passait effectivement sa journée, dans un cadre charmant.
Un autre trait de caractère du collectionneur d'iris, c'est sa générosité. Rien ne lui fait plus plaisir que de donner à ses amis et connaissances une quantité de rhizomes, dès que la croissance des touffes lui en permet la division. Le même collectionneur tarn-et garonnais auquel je faisais allusion tout à l'heure m'a ainsi donné un grand nombres de variétés rarissimes, qui ont fait longtemps mon bonheur ! Cette générosité est favorisée par deux choses :
- les iris poussent et se multiplient à foison ; il faut de toute manière retirer le croît quand celui-ci risque d'entraver la floraison ;
- la générosité n'est pas à sens unique et le collectionneur à qui l'on fait un don ne manque pas de renvoyer l'ascenseur avec l'envoi d'un colis au moins aussi volumineux.
Collectionner les iris, c'est donc quelque chose de bon. Bon pour la santé de celui qui collectionne et qui passe de longues heures au grand air, bon pour l'amitié et les relations sociales ; bon pour l'horticulture et la diffusion des plantes. Et tout ceci ne s'applique pas seulement aux iris. Les collectionneurs de roses, d'hémérocalles, de narcisses et de plein d'autres plantes ont les mêmes comportements.
Alors, amis collectionneurs, ne vous offensez pas si votre entourage vous prend parfois pour de doux dingues. Cette dinguerie vous est salutaire et, à sa petite échelle, elle est utile pour toute l'humanité. Cécile Guilbert a tout à fait raison de regarder les vrais collectionneurs avec tendresse et admiration.
Iconographie :
'Cielo Alto'
'Black is Black'
'Rusty Taylor'
'Magical Encounter'
Ce collectionneur, cela peut être celui qui accumule dans son jardin des centaines voire des milliers de variétés d'iris de tous âges et de toutes provenances, comme j'en connais quelques uns et dont je fais sans doute partie.
A la différence de celui qui collectionne les œuvres d'art hors de prix, l'amateur d'iris ne met pas des sommes considérables dans sa passion. Des gens aux revenus modestes peuvent donc devenir collectionneurs d'iris. Évacuer la question d'argent supprime du coup la peur du voleur et la nécessité d'une protection lourde de la collection. Elle élimine au passage le comportement jaloux et secret qui caractérise le collectionneur d'objets de grande valeur pour qui ces objets constituent un domaine réservé à une contemplation solitaire, voire même à l'absence de contemplation, l'intérêt de l'affaire étant de savoir qu'on dispose d'une fortune pour soi tout seul. Au contraire, l'amateur d'iris prend autant de plaisir à admirer sa collection qu'à en faire profiter les autres : son jardin, à la saison, est généralement ouvert et les visites sont autant d'occasions de jouir des superbes variétés fleuries.
Parodiant La Bruyère et ses fameux « Caractères », on peut décrire ainsi l'amateur-collectionneur d'iris : Il a un jardin souvent autour de sa demeure, mais il est parfois tenu de parcourir maintes lieues pour s'y rendre. Il s'y précipite dès le lever du soleil, et il n'est de retour qu'à son coucher. Vous le voyez immobile au milieu de ses iris, penché devant 'Cielo Alto', ce bleu si doux qui le fascine : il effleure un sépale, le caresse délicatement, il en aspire le parfum doux et sucré, les yeux fermés pour n'en perdre aucun effluve. Il sort de sa poche un petit carnet où il note quelque détail. Il s'approche de 'Black is Black', puis il passe à 'Rusty Taylor', cette éclatante rareté qu'il a achetée aux antipodes, et n'a qu'un pas à faire pour atteindre 'Zone d'Ombre' devant lequel il s'accroupit pour en examiner les barbes dorées. 'Magical Encounter' est à côté, tendrement rose, poudré comme une vieille marquise ; il en compte les boutons, note cette information sur son petit carnet, et s'agenouille devant la tige pour en mesurer commodément la hauteur. Il revient devant 'Zone d'Ombre', s'arrête longuement, apprécie le velouté des pétales, leurs vaporeuses ondulations, leur tendre teinte mauve. Il lui arrive alors de laisser passer l'heure de retrouver l'en-cas qui l'attend dans un cabas. La pluie, le soleil n'interrompent pas sa contemplation. Mais il sait déjà quelles plantes il va acquérir cet année pour accroître sa collection. Il attend les rhizomes qui viennent de Russie, de Pologne, d'Italie, d'Australie...Il a dépensé pour eux plus qu'il serait raisonnable, mais il ne regrette rien si ce n'est de n'avoir point passé commande en Ukraine et en Slovaquie où il s'est entiché de variétés nouvelles qu'il ne pourra admirer que dans une année, voire plus car ces rares merveilles peuvent se montrer capricieuses et prendre leur temps pour s'installer et se décider à fleurir. Dans ce genre de personnage j'ai connu un ancien coiffeur, demeurant dans une petite ville d'Occitanie, qui prenait chaque matin sa voiture pour parcourir la vingtaine de kilomètres qui le séparaient de son iriseraie où il passait effectivement sa journée, dans un cadre charmant.
Un autre trait de caractère du collectionneur d'iris, c'est sa générosité. Rien ne lui fait plus plaisir que de donner à ses amis et connaissances une quantité de rhizomes, dès que la croissance des touffes lui en permet la division. Le même collectionneur tarn-et garonnais auquel je faisais allusion tout à l'heure m'a ainsi donné un grand nombres de variétés rarissimes, qui ont fait longtemps mon bonheur ! Cette générosité est favorisée par deux choses :
- les iris poussent et se multiplient à foison ; il faut de toute manière retirer le croît quand celui-ci risque d'entraver la floraison ;
- la générosité n'est pas à sens unique et le collectionneur à qui l'on fait un don ne manque pas de renvoyer l'ascenseur avec l'envoi d'un colis au moins aussi volumineux.
Collectionner les iris, c'est donc quelque chose de bon. Bon pour la santé de celui qui collectionne et qui passe de longues heures au grand air, bon pour l'amitié et les relations sociales ; bon pour l'horticulture et la diffusion des plantes. Et tout ceci ne s'applique pas seulement aux iris. Les collectionneurs de roses, d'hémérocalles, de narcisses et de plein d'autres plantes ont les mêmes comportements.
Alors, amis collectionneurs, ne vous offensez pas si votre entourage vous prend parfois pour de doux dingues. Cette dinguerie vous est salutaire et, à sa petite échelle, elle est utile pour toute l'humanité. Cécile Guilbert a tout à fait raison de regarder les vrais collectionneurs avec tendresse et admiration.
Iconographie :
'Cielo Alto'
'Black is Black'
'Rusty Taylor'
'Magical Encounter'
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