16.11.19

IRIS DE BORDURE OU IRIS MARGINAUX ?

La semaine dernière on s'intéressait ici au sort des iris intermédiaires et l'on constatait que malgré qu'ils soient devenus fertiles comme les autres iris à barbes, leur appréciation de la part des acheteurs d'iris n'avait pas augmenté et que leurs ventes restaient faibles. Cette fois on va tâcher de savoir si les iris de bordures, qui en sont voisins, connaissent un sort différent.

Commençons par faire un peu mieux connaissance avec cette catégorie de plantes. La bible de l'iridophile, « The World of Irises », décrit les BB comme « (…) tiges de 41 à 70cm, avec des fleurs pour la plupart d'un diamètre de 10 à 13cm, sur des tiges rigides et érigées, le feuillage plus court que la hampe florale, fleurissent en même temps que les TB dont ils sont une version plus petite avec une taille de fleur réduite en proportion de leur hauteur. » Ce sont donc des TB qui n'atteignent pas la taille réglementaire de cette catégorie. L'AIS a tout fait pour les rendre intéressants, avec très certainement une arrière-pensée commerciale : cela valorise des plantes qui ont toutes les qualités pour être des TB mais qui sont trop basses pour obtenir cette qualification. Sans cette catégorie sur mesure, ce serait des iris à envoyer au compost. Mais la difficulté réside justement dans l'appréciation de cette hauteur fatidique. Bien sûr lorsqu'on se trouve au bas de l'échelle il n'y a pas de problème, mais quand on se rapproche de la hauteur maximale, la classification va être fonction de la hauteur atteinte chez l'obtenteur, qui peut être inférieure à ce qu'elle peut être ailleurs en fonction des conditions de culture ou de climat. On connaît plein d'exemples d'iris dits de bordure qui atteignent ou dépassent les 70cm. C'est le cas de 'Lemon Up' ou de 'Orange Pop' que j'ai évoqué ici en 2004 ; c'est aussi celui de 'Batik', le célêbre « broken color », généralement plus élevé que bien des variétés qualifiées de TB. On voit donc le côté artificiel de la distinction.

Si l'on s'en tient à cette notion de hauteur des tiges, le distinguo entre iris de bordure et iris intermédiaires n'est pas facile à faire et beaucoup de confusions sont apparues , surtout depuis que la période de floraison des uns et des autres s'est rapprochée en raison des apports génétiques tendant à prolonger la période de floraison des IB et à hâter le début de celle des BB et TB. L'AIS a donc modifié la définition de la catégorie des IB en faisant allusion aux espèces originelles entrant dans leur composition. En conséquence, les deux catégories ne sont plus assimilables.

Cela veut-il dire que les BB se sont véritablement singularisés ? Il me semble au contraire que ce soit les IB qui, identifiés non seulement par leur taille et leur époque majoritaire de floraison, ont été nettement distingués en leur ajoutant la notion d'origines génétiques. Nos iris de bordure restent donc des avortons de TB. D'où la difficulté pour les pépiniéristes de leur trouver une place dans leurs catalogues.

Pour se simplifier la chose, il semble bien qu'ils aient (du moins en France) choisi de n'en pas proposer ou, du moins, d'en proposer le moins possible. C'est le cas chez Cayeux où je n'ai trouvé dans le catalogue 2019 que deux BB répertoriés : l'un, 'Cartouche' parmi les grands iris, l'autre, 'Lady of the Night' parmi les Intermédiaires !

La situation est à peu près la même chez tous les pépiniéristes français. Les iris de bordures figurent généralement en mélange avec les intermédiaires. C'est comme si il n'y avait aucune différence entre les deux catégories, ou que leur existence était simplement anecdotique. De toute façon ils sont extrêmement peu nombreux, sauf aux Iris de la baie où on en compte une vingtaine !

On peut dire, au vu de ces décomptes, que les BB sont peu ou mal connus dans notre pays. C'est, à mon avis, la conséquence de ce que la catégorie est mal identifiée et qu'elle n'a d'intérêt ni pour les clients, ni pour les producteurs ! Je ne sais pas si elle a du succès ailleurs, mais j'en doute car les même causes produisent les mêmes effets. On peut donc affirmer que les iris de bordure sont aussi des iris marginaux et qu'il n'ont pas de véritable avenir. Dans une prochaine chronique nous irons voir si les MTB, l'autre catégorie d'iris médians, se trouve mieux lotie.

Illustrations : 


'Cartouche' (R. Cayeux, 2009) 


'Baboon Bottom' (B. Kasperek, 1993) 


'Fruit Stripe' (M. Sutton, 2008) 


'Acidulé' (L. Tasquier, 2017)

1 commentaire:

Loïc a dit…

Merci encore Sylvain pour ton travail d'éclaicissement pour les intermédiaires. J'attendais les nouvelles directives de l'AIS; tu sembles plus au fait de leurs décisions. Peux-tu me dire (par Email) ce qu'ils ont rajouté au sujet des origines génétiques pour les IB?

Merci d'avance