L'histoire récente du petit monde des iris a été marquée par une crise qui a empoisonné l'American Iris Society pendant près de quinze ans. Elle a concerné la place des grands iris au sein de l'association et l'existence, ou non, d'une société dédiée exclusivement à cette catégorie.
Il faut reprendre l'historique de l'AIS et le développement de chacune des catégories d'iris.
En 1920, quand l'AIS a été fondée, on ne parlait que des grands iris, les autres catégories étaient balbutiantes, voire même inexistantes. Qui disait donc iris disait grands iris barbus. Peu à peu les autres catégories se sont à leur tour développées, mais un peu comme des catégories annexes, existant à côté de la catégorie-reine des grands barbus, sans y être cependant tout à fait intégrées. Les tenants de ces iris un peu différents ont donc tout naturellement ressenti le besoin de se rapprocher et d'échanger à propos de leur pôle d'intérêt spécifique. C'est ainsi que sont apparues des associations distinctes de l'AIS proprement dite, et plus ou moins proches d'elle. C'est alors posée la question de fédérer ou non ces différentes associations, et avec quels types de liens. Aujourd'hui il existe treize de ces associations spécialisées :
Median Iris Society, qui concerne les BB, IB, et MTB ;
Society for Siberian Irises pour les iris de Sibérie (SIB) ;
Spuria Iris Society pour les spurias (SPU), comme son nom l'indique ;
Society for Japanese Irises pour les iris du Japon (JA) ;
Reblooming Iris Society pour les iris remontants ;
Dwarf Iris Society qui concerne les iris nains (SDB, MDB) ;
Society for Pacific Coast Native Irises, en charge des iris de Californie (PCN) ;
Species Iris Group of North America vouée aux différentes espèces d'iris botaniques ;
Historic Iris Preservation Society qui s'occupe des variétés anciennes ;
Society for Louisiana Irises pour les iris de Louisiane (LA) ;
Novelty Iris Society, la plus récente, pour les iris « space age » et autres nouveautés ;
Aril Society International, qui s'intéresse aux iris arils ;
Tall Bearded Iris Society, spécialement pour les grands iris barbus (TB).
C'est cette dernière association qui est la cause de la crise dont il est question ici. Elle est née en 1997 du désir d'un certain nombre de grands amateurs de TB de disposer d'une tribune où l'on ne discuterait que de grands iris. Au départ ces fanatiques n'étaient pas en opposition avec le staff de l'AIS, mais ils souhaitaient, à l'instar de ce qui existait pour les autres catégories d'iris, avoir un groupe de parole particulier. Pourquoi en effet existerait-il des associations où l'on parle des IB, des SDB, des remontants, des variétés anciennes etc. et n'en existerait-il pas à propos des TB ? L'idée a trouvé rapidement son public et moins d'un an plus tard paraissait le premier bulletin du nouveau groupe, baptisé « Tall Talk ». Ce premier bulletin expliquait simplement que la nouvelle association était créée pour promouvoir tout ce qui concernait les grands iris. L'équipe initiale réunissait des gens bien connus du monde des iris, tous fortement, voire exclusivement, tournés vers les TB. Les membres de ce groupe ne se situaient cependant pas en tant que dissidents de l'AIS et d'ailleurs ils ont aussitôt demandé à ce que leur association soit intégrée à l'AIS au titre de société associée. Mais le staff de l'AIS ne l'a pas entendu comme cela. Il a considéré que le sujet de prédilection de la majorité des membres de l'AIS étant les grands iris il n'y avait pas lieu de créer une association discussion était que, si la nouvelle société tenait sa convention au printemps de chaque année , ce qui correspondait évidemment à la période de floraison des TB, cela ferait du tort à la convention de l'AIS qui, traditionnellement, se tient à la même période. S'en est suivi une vive controverse qui a abouti à la proposition que la TBIS devienne une « section » de l'AIS, comme les toutes premières de la liste ci-dessus, c'est à dire un satellite n'empiétant pas sur les prérogatives de la maison mère. Mais les animateurs de la TBIS ont rejeté cette proposition qui limitait leur autonomie et n'ont pas souhaité d'autre statut que celui de société coopérante (ce qui est déjà le statut de l'Arils Society International). Point final de la discussion. Pour une quinzaine d'années. Peu à peu cependant la situation s'est détendue. La plupart des animateurs de la TBIS étant restés membres (et même membres dirigeants) de l'AIS, il eut été bien improbable que les choses ne finissent pas par s'arranger. Ce fut chose faite en 2011. Maintenant la TBIS a obtenu le statut de société coopérante qu'elle souhaitait. Elle maintient son organisation particulière et ses organes de communication, et la liste de son « Hall of Fame », qui est une forme de concours de popularité, continue d'être dressée annuellement. C'est un apaisement heureux qui fait honneur aux dirigeants de l'une et l'autre société. Et le fait que l'actuelle présidente de l'AIS ait été précédemment présidente de la TBIS et la preuve que tout est rentré dans l'ordre.
NB : l'essentiel des informations utilisées pour la rédaction de cet article provient d'un texte de l'ex- présidente Judy Keisling pour le supplément « 100 Years Bold ! » de la revue « Irises » de l'AIS.
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