L'AUTRE
Quand on parle des iris d'Australie, on pense d'abord à Barry Blyth qui a longuement dominé l'iridophilie dans son pays et s'est même forgé une réputation d'excellence partout dans le monde. Mais il ne faut pas oublier que d'autres hybrideurs existent et que certains peuvent être qualifiés de grands maîtres. C'est le cas de Graeme Grosvenor. Cet Australien bon teint, qui est né et a toujours vécu à Sydney, a d'abord exercé la carrière de professeur de mathématiques, avant qu’il ne se consacre entièrement à son violon d’Ingres, les iris. En 1970 il a ouvert une pépinière, en compagnie de son beau-frère John Taylor, maître incontesté des iris de Louisiane. Depuis 2002 il a pris une seconde retraite, laissant à sa fille et son gendre la Maison Rainbow Ridge Nursery qu'il avait créée pour commercialiser ses obtentions. Son premier iris enregistré a été ‘Rellie’, un iris blanc à barbes rouges, qui a tout de suite attiré l’attention des amateurs dans un pays où l’on sait ce que bel iris veut dire. Pour ce premier croisement il s'est contenté d'utiliser des variétés australiennes , de Barry Blyth évidemment : ( 'Lilac Champagne' x 'Bon Vivant' ) X 'Outer Limits'. C’était en 1978. Ce premier succès a encouragé notre prof de math à continuer, et il est allé de réussite en réussite.
C'est ainsi qu'il a reçu 22 fois l'Australian Dykes Medal , récompense assez particulière, à laquelle ne prennent pas part tous les obtenteurs du pays, mais qui ne couronne que des fleurs de qualité. Dans l'ordre chronologique on trouve 'First Movement' (1992), 'Temptone'(1995), 'Hills District' (1997), 'Ribands' (1998), 'Move On' (1999), 'Lavender Park' (2000), 'Helen Dawn' (2002),'Pay the Price' (2003), 'Jayceetee' (2004), 'Second Option' (2006), 'June Brazier' (2007), ''Dancing in Pink' (2008), 'Pot Black' (2009), 'Amenort' (2011), 'Tay Daum' (2013), 'Scared Stiff' (2014), 'Coal Face' (2015), 'Rusty Taylor' (2016), 'Our Man Buck' (2017), 'Marie's Love' (2018), 'Boyd' (2019). C'est, en plus grand, la même suprématie que celle qui a permis à Ferdinand Cayeux d'enlever toutes les Dykes Medal Françaises pendant tout le temps qu'à duré cette récompense ! Mais ce n'est pas tout, il faut ajouter les ISA Medals (celles qui récompensent un grand iris quand c’est un iris différent qui remporte la DM australienne) comme ‘Azure Angel’ (1994) en 1996, ou ‘Second Option’ (1999) en 2006. Et puis il y a aussi Florence, ce championnat du monde des iris, où Grosvenor a été couronné deux fois : ‘Helen Dawn’ (1998) en 98, et ‘Pay the Price’ (2004) en 2003. Bref notre homme est l'un des plus titrés du monde des iris. S'il n'a pas rencontré au plan mondial la même renommée que son confrère Barry Blyth, il faut sans doute mettre en cause d'une part sa discrétion, d'autre part les relations particulières entretenues par Blyth avec les ténors de l'AIS comme Keith Keppel qui, en hébergeant les plantes obtenues par son ami australien, a permis à celles-ci d'entrer de plain pied sur le marché américain et, de là, essaimer partout dans le monde. Un coup de pouce comme ça est un avantage non négligeable.
Quoi qu'il en soit, même s'ils sont moins connus et moins diffusés que les iris de Barry Blyth, on peut considérer que ceux de Graeme Grosvenor sont de valeur équivalente. Et ils sont d'autant plus précieux qu'ils sont plus rares.
Graeme Grosvenor n’est pas seulement mathématicien et hybrideur d’iris ; c’est aussi un passionné de musique et de littérature, et un photographe averti. Et n’oublions pas les quatre livres sur les iris qu’il a écrits et dont le dernier, « Iris, Flower of the Rainbow », figure dans la bibliothèque de tous les fans d’iris.
Illustrations :
'First Movement'
'Pay the Price'
'Amenort'
'Coal Face'
'Rusty Taylor'
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