OÙ SONT LES FRANÇAIS ?
Depuis plusieurs années les variétés françaises enregistrées se multiplient gentiment. Est-ce le résultat des efforts de la SFIB pour inciter les obtenteurs amateurs à donner une existence officielle à leurs produits ? Est-ce une prise de conscience de ces mêmes obtenteurs, de ce que leur travail ne doit pas éternellement rester dans l’ombre ? Est-ce qu’il y a de plus en plus d’amateurs qui pratiquent l’hybridation ? Sans doute un peu de tout cela, en tout cas le résultat est là, et c’est ce qui compte.
De 1995 à 2001 il y a eu 140 enregistrements de variétés françaises tous types confondus. Mais le vrai début des enregistrements d’amateurs se situe en 2000, avec quatre nouveaux noms. L’année 2001 a été florissante avec 6 amateurs qui ont proposé des enregistrements. Jusqu’ à la fin du XXème siècle les amateurs n’apparaissaient guère (1 en 95, 0 en 96, 3 en 97, 3 en 98, 1 en 99).
Si l’on ne peut que se réjouir de ce soudain engouement, cela n’est pas suffisant pour faire connaître l’hybridation française à travers le monde. En effet, quand on consulte les catalogues des producteurs étrangers il n’y a que deux noms d’obtenteurs français qui apparaissent : Cayeux et Anfosso. Le premier est sans aucun doute le plus connu et le plus répandu. Il jouit d’une réputation qui remonte aux années 20 et ne s’est jamais démentie. Le second, en quelques années, a su se creuser une place enviable : des variétés comme RÉVOLUTION, ECHO DE FRANCE, FONDATION VAN GOGH se rencontrent dans plusieurs catalogues d’outre atlantique. Mais les Américains sont friands de nouveautés et le désintérêt marqué de la famille Anfosso pour les iris aboutira dans peu de temps à la disparition de leur nom. Il n’y aura plus que Cayeux pour représenter notre pays ; c’est bien, mais c’est bien peu…
La France n’est pas seule dans ce cas. Les obtenteurs européens en général sont inconnus ailleurs que dans leur pays d’origine. Prenez les obtenteurs allemands. Ils sont sérieux, habiles et respectueux des règles. Ils enregistrent scrupuleusement le produit de leur travail. Mais leurs iris ne sont pas commercialisés. Les catalogues allemands eux-mêmes ne proposent que très peu d’iris allemands ! Le problème est aussi grave Grande-Bretagne. Les hybrideurs anglais enregistrent aussi leurs iris. Ils s’offrent même une Médaille de Dykes pour récompenser chaque année leurs plus beaux spécimens, mais les catalogues anglais ne parle guère des produits nationaux… Dans l’ex-Europe de l’Est, on se remue nettement plus. Le marché national est assez restreint, mais la solidarité entre obtenteurs joue bien et ils arrivent à se faire connaître en dehors de leurs frontières, sans pour autant atteindre encore à la véritable célébrité.
Le plus prolifique de nos obtenteurs, Lawrence Ransom, n’est pas intéressé par la commercialisation de ses obtentions. Il se contente d’une solide réputation franco-française et ne se passionne que pour l’hybridation. Mais cette attitude est bien dommage car ses iris ont leur place à travers le monde. Ceux de Jean Ségui pourraient aussi trouver une réputation mondiale. Mais il y a une difficulté : pour s’ouvrir une porte aux USA, à défaut d’y avoir acquis depuis longtemps sa renommée, il faut y avoir un actif correspondant. Si les iris de l’Australien Barry Blyth ont pu faire le tour du monde, c’est parce qu’il travaille avec Keith Keppel, qui commercialise ses variétés en Amérique. Quelques hybrideurs européens ont compris qu’il leur fallait faire de même. C’est le cas de l’Anglais Cy Bartlett, du tchèque Zdenek Seidl et de l’italien Augusto Bianco qui, maintenant, sont distribués là-bas. Tant que nos compatriotes n’auront pas cherché, ou trouvé, un correspondant, la place de nos iris dans le monde restera confidentielle. Personnellement je le regrette car je considère que les obtentions françaises de ces dernières années, et tout particulièrement celles de L. Ransom, sont dignes de représenter notre pays dans les jardins du monde entier.
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