24.5.03

WABASH

Au Panthéon des iris, il y a forcément une place pour WABASH (Williamson 36) car cette variété, aux pétales blancs et aux sépales bleu pourpré liserés de blanc, a marqué le véritable point de départ des iris amoenas. WABASH est le résultat du croisement de deux autres produits de E. B. Williamson, DOROTHY DIETZ (Williamson 30) et CANTABILE (Williamson 31) Tous deux ont pour parent LENT A. WILLIAMSON (Schull 2 ?), l’un comme « mère » , l’autre comme « père ». Dès qu’il fut mis sur le marché il obtint un large succès et la Médaille de Dykes lui a été attribuée en 1940.

A l’époque, obtenir un amoena était un événement. En effet, pour des raisons que l’on ne s’expliquait pas, alors que de très nombreux bicolors voyaient le jour, les iris blanc sur bleu restaient exceptionnels. On attribuait ce peu de résultats à une relative rareté des parents potentiels et au faible pouvoir germinatif des graines. Le défi d’obtenir des amoenas a provoqué une certaine émulation chez les obtenteurs de l’époque. De grands noms comme Geddes Douglas, Paul Cook ou Robert Schreiner l’ont relevé. C’est cependant Jesse Wills qui, le premier, a fourni une explication basée sur sa propre expérience et sur les travaux de ses confrères. Il a fait le point dans un article publié en 1946 dont Richard Cayeux a donné une excellente traduction dans son livre « L’iris, une fleur royale » (Mauryflor 1996) : « Les croisements entre amoenas, et même entre amoenas et les autres bicolores sont difficiles à réussir ; de plus le taux de germination des graines ainsi obtenues est inférieur à la moyenne. Quant au développement des plantules, il est lent, surtout la première année, ce qui retarde encore la floraison, de sorte que l’on doit souvent attendre la seconde, voire la troisième année, pour porter un jugement sur les iris provenant de ces hybridations. » Il ajoute, d’après ces constatations, que le blanc des pétales est un caractère récessif, et que « si les chances d’obtenir un amoena sont d’une sur trente-cinq, combien petite sont-elles quand seulement cinq ou six semis provenant d’un croisement peuvent pousser et fleurir ». Ces conclusions peu encourageantes ont incité l’AIS, sous la houlette de L.F. Randolph, d’inclure les amoenas dans une étude génétique sur la couleur des fleurs. De nombreux hybrideurs ont profité des études ainsi menées, notamment Geddes Douglas qui a obtenu en 1948 un « petit-fils » de WABASH, le fameux BRIGHT HOUR, dont il a été question dans une précédente chronique.

En dehors de BRIGHT HOUR, les descendants de WABASH n’ont pas été nombreux. En effet une autre voie vers les amoenas a été ouverte par les travaux de Paul Cook et la grande famille issue de PROGENITOR, avec, pour porte-drapeau, WHOLE CLOTH (1958). Il n’empêche que WABASH a été un jalon important dans l’hybridation des amoenas et qu’il a reçu un accueil commercial hors du commun. A tel point qu’aujourd’hui encore, on le trouve un peu partout, dans le jardin de monsieur tout le monde. Grâce à ses couleurs bien nettes et vives, il est toujours présent. Il fait partie de ces variétés qui ont perdu leur identification, mais que l’amateur sait reconnaître du premier coup d’œil, comme certaines autres, indéboulonnables, comme ACCENT (Buss 52) ou ZANTHA (Fay 47).

Aucun commentaire: