3.12.09







LES IRRADIÉS

C’est Jean Peyrard qui m’a écrit, à propos de la recherche de l’iris rouge : « P.Anfosso avait essayé il y a une vingtaine d'année de faire irradier des graines, je pense que ce serait les fleurs avant la fécondation qu'il faudrait irradier. » On peut imaginer en effet qu’une irradiation pourrait provoquer cette mutation génétique dont un autre lecteur de Irisenligne, Jean Luc Rémy, prévoit qu’elle se produira un jour.

Mais qui sont ces iris issus de graines irradiées, d’où viennent-ils et qu’ont-ils engendré comme descendance ?


Le premier s’appelle ‘Matamore’ (P. Anfosso 90) ; c’est un rouge acajou tout à fait classique issu du croisement (Spartan X Post Time). ‘Spartan’ (Schreiner 73) se présente comme un bel iris bourgogne, y compris les barbes, avec tous les traits des fleurs de son époque. Son aîné, ‘Post Time’ (Schreiner 71) est plus bronze que grenat. L’un et l’autre sont des variétés qui ont été très appréciées, aussi bien au plan commercial que génétique et qui font partie des grands succès de chez Schreiner. Ce sont des variétés comme cela qui ont apporté aux Schreiner la fortune et la renommée. Avec des parents comme ces deux-là, ‘Matamore’ avait bien des chances d’être une belle fleur. Le résultat a été à la hauteur des espérances, du moins dans le domaine de la génétique, car pour ce qui des effets de l’irradiation, il faut bien dire qu’ils n’ont pas été évidents. ‘Matamore’ n’est pas un ris rouge.

Le second se nomme ‘Laser’ (P. Anfosso 90) ; Il est dans les tons de rouge ocré. Son pedigree est un peu plus compliqué que le précédent mais fait appel à des fleurs aux qualités éprouvées : ((Carmen X x Marmalade) X Mulled Wine). Ses deux grands parents femelles font partie de la grande famille des iris orange. ‘Carmen X’ (P. Anfosso 85) est un des plus jolis cultivars produit par son obtenteur. La couleur orange se trouve, sur les sépales, moirée d’ocre, avec un liseré plus clair, le tout bien mis en valeur par la barbe minium. Au plan de ses origines, c’est un enrichissement de l’orange par endogamie : (Flaming Light X Hayride). L’un et l’autre sont déjà des iris orange, le premier ‘Flaming Light’ (Opal Brown 73) est franchement orange, l’autre, ‘Hayride (Bennett Jones 70) peut être qualifié de bitone ou de bicolore, orange / jaune. L’astuce, pour ‘Carmen X’ a été d’apporter un approfondissement de la couleur par l’apport du rouge de ‘Mulled Wine’ (Keppel 82), qui reste encore aujourd’hui l’un des iris les plus proches du rouge tant recherché. Quand on regarde ‘Carmen X’ on se demande quel a été l’effet de l’irradiation. Car il semble bien que sans ce traitement le résultat aurait été identique.

Les rayonnements auxquels les graines de ‘Laser’ et de ‘Matamore’ ont été exposées ont-ils eu des répercussions sur les descendants de ces deux variétés ?

Pour ce qui est de ‘Laser’, je ne lui connaît qu’un descendant direct – mais il y en a peut-être d’autres que je n’ai pas répertoriés – ‘Messire Stanislas’ (Peyrard 2000), dont les couleurs rappellent plus sont autre parent, ‘Cabaret Royale’, que sa « mère » ‘Laser’. Quant à ‘Matamore’ sa descendance semble inexistante. Il est vrai qu’en dehors du traitement dont il a été l’objet « ante natum » il ne présente pas d’intérêt particulier.

L’expérience tentée par Pierre Anfosso a donc échoué. Sans doute a-t-elle été tentée sur ces deux croisements parce que leurs origines laissaient à penser qu’ils contenaient les prémices d’une couleur rouge, mais le pigment qui manque aux iris pour qu’ils se montrent en vrai rouge, la pélargonidine, aurait pu, ce me semble, être recherché à partir de fleurs de n’importe quelle couleur. L’idée, d’irradier les fleurs avant fécondation, suggérée par Jean Peyrard aurait-elle eu plus de chance d’aboutir au résultat tant espéré ? Peut-être qu’un physicien pourrait le dire… Pour ma part je redoute terriblement ces manipulations. Je n’ai pas envie de voir nos chers iris pollués, voire mutés par ces jeux d’apprentis sorciers. Laissons faire la nature. Cherchons à perfectionner ce que l’on a, travaillons astucieusement à s’approcher du rouge par les voies naturelles, et admettons que l’iris de jardin ne soit pas génétiquement prévu pour être rouge. N’est-ce pas une de ses originalités ?

2 commentaires:

Anonyme a dit…

L'obtention de la pelargonidine ne peut s'obtenir que par des mutations des enzymes intervenant dans la chaine des reactions qui aboutissent au pigment, il n'y a je ne pense pas de risque génétique. Le rouge viendra peut-être du dosage des différents pigments actuels ! Le travail des japonais pour obtenir des roses ou des oeuillets bleus n'est pas concluant !
Jean Peyrard

Anonyme a dit…

D'après les archives d'Iris en Provence, seules les graines de 'Matamore' on été irradiées ; pour 'Laser' la recherche du rouge s'inspirait de l'imprimerie, comme indiqué p.6 du n° 96 (1990) d'IRIS et BULBEUSES. (Alain Franco)