29.7.11

LA FLEUR DU MOIS







‘CLARENCE’
(Zurbrigg, 1991)


Quand on veut parler d’un iris, il est préférable de choisir une variété dont on connaît au moins le pedigree. Avec ‘Clarence’ (Zurbrigg, 1991) on n’est pas gâté ! En effet ce splendide iris, qui a séduit dès son apparition sur le marché à la fois les amateurs et les juges puisqu’il a raté de peu la DM en 2003, a été enregistré comme étant de parents inconnus. Un iris trouvé, en quelque sorte. Oui, ce n’est pas la première fois qu’un hybrideur scrupuleux préfère mettre sur sa fiche d’enregistrement « parents inconnus » plutôt que de marquer un arbre généalogique bidon, voire seulement « à peu près » ; par exemple les Schreiner ont agi de la sorte avec leur fameux ‘Stepping Out’ dont on suppose les origines mais dont on n’est pas sûr. ‘Clarence’ est donc sans origine avérée.

A cause de ça, plusieurs exégètes ont émis des suppositions plus ou moins satisfaisantes à ce sujet. Dans le dernier bulletin de l’AIS, Michael Lockatell, un iridophile du Michigan, s’est livré à une longue analyse suffisamment séduisante pour que j’en reproduise ici les conclusions. Il fait appel, pour corroborer ses prédictions, à un autre texte, publié en 1998 par Donald Spoon, hybrideur de qualité, scientifique reconnu et ami de Lloyd Zurbrigg, repris au printemps 99 dans le Bulletin de l’AIS.

Les deux auteurs partent de la description de ‘Clarence’ pour augurer de ses origines. Pour faire court, disons que ‘Clarence’ est un luminata polyremontant. Le mot « luminata », inventé par Keith Keppel, désigne une fleur dont le cœur, absolument blanc, illumine l’ensemble comme si une lumière, disposée derrière les barbes, y était cachée. L’effet luminata est produit par un gène inhibiteur de l’anthocyanine qui agit exclusivement à la base des pétales et des sépales, sous les barbes et dans les veines des sépales en partant des épaules. On considère que le type de référence de ce modèle est ‘Mind Reader’ (Keppel, 1994), mais à l’évidence ‘Clarence’ présente les mêmes caractéristiques. En plus de ce problème d’aspect, ‘Clarence’ se révèle être un remontant fidèle et récidiviste.

Sans entrer dans les très savantes explications fournies par Don Spoon, Mike Lockatell va à l’essentiel et propose comme parents possibles de ‘Clarence’, pour le côté remontance, l’une des variétés suivantes : ‘Immortality’ (Zurbrigg, 1982) (I Do X English Cottage) ou ‘Brother Carl’ (Zurbrigg, 1983) (Sister Helen X I Do) ; pour le reste, il voit l’émergence des qualités et des couleurs de ‘Victoria Falls’ (Schreiner, 1977) par l’intermédiaire de l’un ou l’autre de ses descendants obtenus par Zurbrigg dans les années 80, et en particulier de ‘Sugar Blues’ (Zurbrigg, 1984) qui est (Victoria Fall X Summer Holidays), ou de ‘Bethany Claire’ (Zurbrigg, 1984) qui est de (Victoria Falls x (Sister Helen x Rime Frost)).

Acceptons cette origine, qui est très vraisemblable et que justifient les traits et caractères des descendants de ‘Clarence’.

La beauté de ‘Clarence’ n’a d’égale que la difficulté à en faire une photographie fidèle. J’ai vu des dizaines de photos, toutes plus ou moins inexactes et, curieusement, toutes plus ou moins floues au niveau du cœur de la fleur. C’est comme si la clarté qui émane de ce cœur tout blanc éblouissait l’appareil et l’empêchait de capter l’éclat de cette fleur. Quant à la restitution de la couleur, elle est assujettie aux capacités des appareils numériques à saisir ce bleu indigo indéfinissable, tendre et vif à la fois, assez semblable en fait au bleu « ageratum » qui a toujours été un casse-tête pour les photographes.

Pour avoir une idée de ce coloris et apprécier au mieux ‘Clarence’, rien ne vaut le fait de le cultiver dans son jardin et de passer devant lui, de délicieux moments au cours d’une radieuse matinée de mai. Sachant qu’il n’hésitera pas à refleurir au cours de l’été pour qu’on n’oublie pas ses indéniables qualités.

1 commentaire:

gerard a dit…

Photographier le bleu est (avec le "noir") un des pires casse-tête pour le photographe. La seule solution que j'ai trouvée, possible grâce au numérique, c'est la retouche colorimétrique, de manière à faire que l'image qui sort corresponde le plus précisément possible à la fleur que l'on voit. Un logiciel comme Photoshop rend cette opération possible et même facile. Reste ensuite le problème de la reproduction sur papier qui suppose une "calibration" pointue du matériel…