Pourquoi utiliser des films de paillage ?
La culture des iris en plein champ est soumise à une problématique ardue : la gestion des mauvaises herbes. Cette problématique est bien plus complexe en plein champ que dans les jardins de ville. En effet, les prés environnants complexifient cette problématique en amenant des graines supplémentaires. (aigrettes de pissenlit par exemple). D’autre part, la mise en culture de ce qui fut un pré n’est pas un avantage car cette terre contient des milliards de graines, notamment de graminées. Comment faire quand on ne veut pas utiliser de désherbant ?
A partir d’avril, s’il pleut régulièrement, il faut désherber toutes les 3 semaines. Ainsi, avec une bordure de 25 mètres de long sur un mètre de large, il faut pour une personne seule environ 2 heures et demi pour un désherbage ! A ce rythme il faut recommencer quand on a fini 10 bordures. Bref, la majorité du temps est consacrée entre avril et octobre à cette tâche monotone et inintéressante.
Au mois de mars 2017, j’ai décidé d’essayer une nouvelle technique de production. Je propose de vous en donner un premier retour.
Nous avons tendu une toile noire d’épaisseur 17 et 25 microns, non biodégradable, perforée, qui permet à l’eau de ne pas stagner sur une partie du film. La durée de vie de cette toile, est d’une année environ mais son coût est bien moindre que celui d'une toile biodégradable. La mise en place de cette toile nécessite une certaine technique. La toile tendue a une largeur de 140 centimètres. Elle est plaquée au sol grâce à de la terre qui la recouvre sur chaque côté, puis 2 toiles vertes de paillage sont tendues de part et d’autre du film noir. La largeur disponible de la bordure est donc de un mètre. Si l’opération est bien faite, la couverture est constituée de 3 toiles : un film noir entouré de 2 toiles de paillage, sans quasiment aucune trace de terre. Les toiles de paillage sont tenues au sol par des sardines, plantées tous les 2 mètres environ. Cela veut dire que le film noir est tenu à la fois par le poids de la terre mais aussi par les sardines qui transpercent les 2 toiles.
Il ne reste plus qu’à planter les iris. Pour cela, aux ciseaux, un morceau de bâche, sous forme de rond, est découpé. La grosseur du trou est fonction de la taille du rhizome à implanter. Il est plus petit s’il s’agit d’un semis à repiquer. Pour les semis, j’effectue 4 trous par ligne dans la largeur. Pour les rhizomes adultes, il n’y a que 3 trous par ligne. Il faut profiter que la terre est légère pour implanter facilement les iris.
Avantages et inconvénients
Cette technique présente les avantages suivants :
- Elle empêche la croissance des mauvaises herbes ;
Elle améliore la productivité ;
Le maintien de la structure du sol dans la zone couverte assure un développement supérieur des racines et une prospection plus importante de celles-ci ;
- Elle garantit une meilleure régulation du taux d’humidité au niveau des racines en limitant l’évaporation assurant ainsi une alimentation continue à la plante ;
- Elle limite l’amplitude thermique entre le jour et la nuit ;
- Elle augmente la fertilité du sol car on observe une nitrification favorisée par l’absence de lessivage et une élévation de la température.
Après 3 mois de recul, j’ai observé :
- Des feuilles plus vertes ;
- Un recul significatif de l’hétérosporiose ;
- Un dédoublement plus rapide ;
- Un meilleur état sanitaire que celui des rhizomes non bâchés.
Je vois également d’autres avantages :
- L’arrosage. Il est ciblé : il suffit de verser l’eau dans le trou, évitant ainsi une déperdition de la majorité de l’arrosage comme c’est le cas dans la culture sans bâches ;
- L’engrais est jeté dans chaque trou, ce qui assure que la quasi-totalité de l’apport bénéficie à l’iris. Il est possible de diminuer l’apport, de l’optimiser dans le temps, et donc de faire des économies ;
- Le désherbage est limité, rapide et sa fréquence est moindre.
Mais je vois aussi les limites de cette technique :
- Pour le jardin d'un simple collectionneur, elle peut être délicate à mettre en œuvre ; notamment pour ce qui est du renouvellement annuel des bâches ;
- Dans les sols trop argileux, les bâches vont-elles accroître les risques de pourriture en augmentant le taux d’humidité autour du rhizome ?
- L’obligation de réimplanter tous les ans est plus contraignante dans les sols caillouteux ou en pente ;
- Dans des zones septentrionales, les bâches peuvent constituer un habitat protecteur pour les gastéropodes.
L’entretien après la réimplantation
Lorsque le rhizome grossit, le trou peut devenir trop petit et confiner l’iris. Il faut, alors à la main, ou avec de petits ciseaux augmenter la taille du trou, afin de permettre aux pousses latérales et à l 'avant du rhizome de bien s’épanouir. Pour le reste, pas grand-chose à faire. On peut arroser si le temps est sec. On peut enfin, avant l’hiver, couper et ôter les feuilles mortes ou tachées. C’est du bichonnage.
1 commentaire:
J'ai hâte d'aller voir le résultat en mai prochain! En tout cas, les iris ont l'air d'avoir bien poussé depuis le printemps.
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