'Immortality' ( Lloyd Zurbrigg, 1982)
(I Do X English Cottage)
Dans le jardin du presbytère de Champigny, en cette belle matinée de fin septembre, 'Immortality' est en fleur. Déjà, lorsqu'il se trouvait dans mon jardin, il faisait partie des variétés régulièrement remontantes, avec 'Lichen', notamment, lequel est également en fleur à Champigny cette année. Voilà des remontants qui ne rechignent pas à l'ouvrage ! Ce n'est pas que j'aie une affection particulière pour les remontants que j'accuse de nombreux défauts : manque de régularité des remontes ; faiblesse des tiges ; consistance insuffisante de la matière ; et manque d'intérêt d'une floraison clairsemée dans le jardin... 'Immortality' échappe-t-il à ces reproches ? Pas complétement ! Pour ce qui est de la régularité des remontes, rien à dire : pour peu qu'on lui donne un peu d'eau quand l'été est trop sec, il va refleurir au moins une fois en fin de saison ; faiblesse des tiges ? Oui, les tiges printanières ne sont pas très élevées (environ 75cm), celles d'automne sont encore plus basses ; matière des pétales insuffisante ? Oui. Les fleurs sont gracieuses mais fragiles et durent peu parce qu'il n'y a pas cette chair épaisse et cireuse que l'on trouve maintenant sur la plupart des variétés. Quant au fait que les remontants soient dispersés dans les bordures, 'Immortality' n'y est pour rien.
Lloyd Zurbrigg, ce canadien réfugié aux USA, s'est fait une spécialité des variétés remontantes. Il y a consacré toute la durée de son travail d'hybrideur. Dans les premiers temps, ces efforts n'ont guère été couronnés de succès. Tous les défauts cités plus haut apparaissaient sur ses fleurs. Mais au fil du temps et des croisements, les résultats se sont améliorés et les fleurs ont acquis une consistance et une régularité plus conséquentes. Et 'Immortality' fait partie de ses meilleurs iris. La plante est robuste et elle pousse vigoureusement. On remarque tout de suite ses feuilles étroites et denses d'où s'élèvent des hampes un peu courtes mais dotées de nombreuses fleurs d'un blanc immaculé. Il faut dire qu'il rassemble les qualités de ses deux parents. Son côté maternel, 'I Do' (1973) était déjà un bon iris blanc remontant. Avec un teint un peu verdâtre, il n'était pas franchement blanc, mais il avait beaucoup de fraîcheur. Son teint jaune, il le tenait de 'Grand Baroque' (Zurbrigg, 1968), une des premières réussites de Zurbrigg dans les remontants. 'Immortality' avait acquis la pureté de son coloris par l'action de son « pollen parent » comme on dit en américain : une variété formidable, 'English Cottage' (Zurbrigg, 1976), d'un blanc légèrement bleuté, avec une pointe de plicata, et surtout un parfum inoubliable.
Pour 'Immortality', Zurbrigg a appliqué la règle de l'in-breeding et il a obtenu ce qu'il recherchait. Mais on pouvait certainement encore améliorer le résultat et c'est ce qu'on fait plusieurs hybrideurs et en particulier les autres fanatiques de la remontance comme, d'abord, Monty Byers, puis Betty Wilkerson et, plus récemment, Linda Mann.
Chez Byers, on trouve les très célèbres 'Zurich' (1989), 'Sunny Disposition' (1989), 'Winterland' (1989) et 'Second Wind' (1988). Betty Wilkerson a enregistré 'Bridge in Time' (1995), 'Returning Chameleon' (1995) et 'Dreams in Flight' (2008), l'une de ses dernières réalisations. 'Lemon Ripple' (2012), Blue Mountain Cloud' (2015), 'Coconut Ruffles Returns' (2016), 'Sunlit Haze' (2016) sont les œuvres de Linda Mann. Quant à Augusto Bianco', avec 'Rigattiere' (1999), il s'est essayé à la remontance. Toutes ces variétés, comme d'ailleurs celles qui ne sont pas citées ici, sont des « polyanthésiques » de première qualité. Cela démontre bien les exceptionnelles aptitudes de 'Immortality' dans son domaine que l'on peut qualifier de plutôt ingrat.
Iconographie :
'Immortality'
'I Do'
'English Cottage'
'Zurich'
'Returning Chameleon'
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire