10.11.18

L'ECHELLE DES IRIS (II)

IB

 Avec les iris intermédiaires (IB), on aborde ce que l'on appelle les iris médians. Ces derniers se subdivisent en deux groupes : les IB et les BB ou iris de bordure.

 Longtemps les iris intermédiaires ont été mal définis. On mettait dans ce groupe toutes les variétés qui n'atteignaient pas la taille minimale pour être considérées comme grand iris de jardin. C'est ainsi que de nombreux iris anciens, antérieurs au passage à la tétraploïdie, ont été qualifiés de IB, sans véritable justification génétique.

On a vu au chapitre précédent que le groupe des SDB était le fruit d'un croisement entre des espèces naines et des grands iris barbus. Mais qu'arrive-t-il quand on croise un de ces SDB avec un grand iris ? On obtient des plantes d'une hauteur qui se situe un peu au-dessus de 40cm, avec des hampes branchues, des fleurs dont le diamètre est d'environ 12cm et qui fleurissent un peu après les SDB mais avant les grands TB. Bref, des iris intermédiaires. Ces iris réunissent les quelités des deux catégories dont ils sont issus et fournissent donc aux jardiniers des plantes particulièrement intéressantes, mais qui ont eu cependant du mal à s'imposer. La raison principale de cette situation est que les parents ne fleurissant pas au même moment, il est difficile de réaliser des croisements, notamment dans le sens TB X SDB. Il faut ruser et, pratiquement, mettre en réserve du pollen de SDB de l'année A en vue de le déposer sur des TB de l'année B. Dans l'autre sens, ce n'est guère plus pratique puisque bien souvent les fleurs de SDB sont fanées quand le pollen de TB est enfin disponible ; d'où, bien souvent, onze mois de frigo ! A noter cependant que ce handicap, qui concerne aussi les SDB, n'a apparemment pas dérangé les hybrideurs !... Une autre raison est (ou plutôt était) la stérilité des cultivars obtenus par croisement entre variétés diploïdes et variétés tétraploïdes, ce qui donne en principe des iris triploïdes donc stériles. Cet obstacle n'a été contourné que par l'obtentrice Marky Smith dans les années 1990. Désormais les IB ont acquis tous les traits des grands iris, comme les éperons - voir ‘Devilish Nature’ (Boswell 98) - ou les couleurs brisées, et ils peuvent posséder ceux des iris nains, notamment le typique signal sombre sous les barbes. Devant cet état de fait, l’amateur, qui n’est pas nécessairement un adepte de la génétique, se contentera de se réjouir de ce qu’il peut désormais trouver des iris remarquables qui font que la saison se poursuit sans interruption depuis la floraison des tout petits MDB jusqu’à celle de grands TB. Les iris intermédiaires, désormais fertiles, ont comblé le vide qui apparaissait après la floraison des SDB. Ils offrent en plus la possibilité de croisements surprenants et tous plus intéressants les uns que les autres.

Comme pour tous les autres groupes, un médaille a été créée pour les IB. C'est la Hans and Jacob Sass Medal qui existe depuis 1960 mais qui n'a pris de l'importance que depuis quelques années, à partir du moment où la culture des IB s'est réellement imposée. La plupart des hybrideurs américains s'est trouvé embarquée dans cette compétition et les plus grands noms(1) s'en disputent l'attribution. Il existe cependant des spécialistes de cette catégorie qui se nomment Carol Lankow ou Marky Smith qui s'y sont particulièrement distinguées. Cette dernière a été notamment récompensée pour 'Starwoman' qui, trois ans plus tard a remporté la Dykes Medal. Cependant à l'heure actuelle, c'est Paul Black qui tient le haut du pavé.

BB 

 Le deuxième groupe des iris médians est celui de iris de bordure ou BB. (Border Bearded). La bible de l'iridophile, « The World of Irises », décrit les BB comme « (…) tiges de 41 à 70cm, avec des fleurs pour la plupart d'un diamètre de 10 à 13cm, sur des tiges rigides et érigées, le feuillage plus court que la hampe florale, fleurissent en même temps que les TB dont ils sont une version plus petite avec une taille de fleur réduite en proportion de leur hauteur. » Soit ! Si l'on comprend bien, ces iris ont tout des grands, sauf la taille. De fait le groupe a été constitué pour permettre la commercialisation de variétés aux caractéristiques intéressantes mais qui étaient vouées au compost, faute d'atteindre la hauteur de hampe fatidique de 70cm. Mais peu à peu les hybrideurs se sont rendu compte de ce qu'on pouvait obtenir autre chose que des grands iris un peu prostrés et ont sélectionné des variétés bien proportionnées utiles, par exemple, dans les jardins ventés ou sur la face externe des platebandes. Richard Cayeux, dans « L'Iris, une Fleur Royale » écrit avec juste raison : « L'avenir de ces iris passe par une sélection très rigoureuse, des croisements entre BB existants semble plus souhaitable que des croisements entre BB et petits grands barbus car, dans le second cas, il est certain qu'on obtient de nombreux sujets de grande taille. Il faudrait aussi recourir à des hybridations entre intermédiaires et BB qui donneraient des plantes plus fines, aux proportions plus esthétiques. » Cela ouvre la porte à bien des développement de cette catégorie qui reste entachée par son passé mercantile. Il reste que de nombreuses variétés récentes sont de très agréables plantes de jardin.

La médaille spécifiquement attribuée aux BB est la Knowlton Medal, qui existe depuis 1960 et qui a récompensé des variétés superbes malgré leur taille un peu réduite. 'Brown Lasso' (Buckles, 1972) a même réussi l'exploit d'enlever la Dykes Medal en 1981. Pour parcourir toute l'échelle des iris, il faudrait maintenant parler des TB, les grands iris barbus de nos jardins. Mais est-ce bien utile ? Presque chaque semaine ils reçoivent ici une apologie qui rend bien superflue une aussi brève analyse.

 1 – Ben Hager, Dave Niswonger, Terry Aitken, Keith Keppel, Paul Black...

 Iconographie : 


'Starwoman' (Smith, 1997) 


'Ask Alma' (Lankow, 1987) 


'Devilish Nature' (Boswell, 1998) 


'Brown Lasso' (Buckles, 1972) 


'Pink Bubbles' (Hager, 1980) 


'Lady of the Night' (Black, 2008)

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