Le système en place aux Etats-Unis pour l'évaluation des iris et l'attribution des récompenses s'appuie sur une kyrielle de juges expérimentés et accrédités, répartis partout le pays, qui visitent les jardins d'iris et donnent une note aux plantes qui sont en compétition pour chaque niveau dont on leur a fourni la liste, et qu'ils voient au cours de leurs visites. Ils ne se rendent pas dans tous les jardins mais ils inspectent ceux qui se trouvent à proximité de chez eux. En fin de compte, du fait de la répartition générale des juges, les notes sont recueillies dans tous les Etats et donnent une vision globale satisfaisante des plantes à apprécier.
Ailleurs dans le monde n'existe rien de semblable. Le système le plus proche est celui qu'on trouve au Royaume Uni (et qui d'ailleurs a servi de modèle à ce que l'on trouve en Amérique) et en Nouvelle-Zélande, peut-être en Australie. Dans la deuxième zone irisarienne du monde, l'Europe y compris la Fédération de Russie, il n'y a pas de compétition organisée façon course aux honneurs. Et par conséquent pas de juges puisqu'il n'y en a pas besoin, même si, en Italie notamment, on prévoit une formation à la fonction.
L'idée d'un système mondial d'appréciation a été avancée il y a longtemps par Sergeï Loktev, le fantasque et utopiste hybrideur russe. Mais le projet n'a pas dépassé le stade de l'imaginaire, et il y a des tas de bonnes raisons pour cela.
Premier obstacle, mais pas insurmontable : la saisonnalité. Dans l'hémisphère sud les iris ont 6 mois d'avance (ou de retard) par rapport à leurs concurrents de l'hémisphère nord. A quelle saison les rattacher ? Une décision arbitraire peut décréter à quelle année seraient attribués les iris « down under ».
Deuxième obstacle : la dispersion. En Europe on trouve des iris dans de nombreux pays, une quinzaine, dont certains représentés par un ou deux obtenteurs qui n'enregistrent pas forcément tous les ans. Par qui et comment seraient effectuées les notations ? Et avec quelle sérieux ? Et c'est sans aborder le cas de la Russie où des hybrideurs travaillent dans la région de Moscou, mais aussi et même plus tout au sud, dans la région de Krasnodar, au pieds du Caucase, avec quelques hybrideurs dispersés dans le centre du pays. Visiter des jardins éparpillés dans un pays immense serait une véritable gageure.
Troisième obstacle : la désignation des juges. Peut-on laisser à chaque administration le soin de former et de nommer ses juges nationaux ? Sans parler de chauvinisme, on peut se demander quelle uniformité on peut attendre d'évaluations établies par de personnes formées selon des règles propres à chaque pays ? L'Italie, en avance dans ce domaine, utilise la documentation américaine, mais mes contacts avec certains hybrideurs d'Europe de l'Est me laissent à penser que les qualités recherchées ne sont pas tout à fait les mêmes qu'en Europe de l'Ouest. L'uniformisation ne serait pas inaccessible, mais elle serait néanmoins longue et difficile à atteindre.
Quatrième obstacle : les réticences américaines. Actuellement le monde des iris est outrageusement dominé par les Etats-Unis. De plus la Médaille de Dykes attribuée dans ce pays fait figure de championnat du monde et désigne, de l'avis général, des varitétés impeccables. L'organisation américaine n'est certainement pas dans l'état d'esprit de cèder ce privilège strictement réglementé à une autre organisation, forcément très complexe et mettant en jeu des susceptibilités nationales fortes.
Cinquième obstacle : la récapitulation des évaluations. Par qui et où serait-elle faite, et quelle impartialité pourrait-on attendre de l'organisme récapitulateur ?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire