deuxième partie
C'est au cours de la période de transition racontée précédemment que sont venus au premier plan deux hybrideurs français exceptionnels : Philippe de Vilmorin et Ferdinand Cayeux. Ils ont eu des carrières très différentes. Philippe de Vilmorin fut un personnage flamboyant, inspiré par les iris, mais n'agissant qu'avec l'intervention zélée et fidèle de Séraphin Mottet, son chef-jardinier. Mottet réalisait les croisements, Vilmorin prenait les décisions. A eux deux ils ont créé des fleurs splendides qui ont marqué leur époque, comme 'Oriflamme' (1904) ou 'Ambassadeur' (1920). Mais leur règne fut de courte durée, Philippe de Vilmorin étant décédé prématurément. Ferdinand Cayeux, homme d'affaire tout autant qu'horticulteur de génie, domina largement son époque. Il fut admiré par le monde des iris qui avait reconnu en lui un personnage exceptionnel. Ses iris ont été cultivés dans le monde entier et des variétés comme 'Jean Cayeux' (1931) ou 'Madame Louis Aureau' (1934)sont toujours présentes dans de nombreuses collections. Il a fait effectuer à l'iridosphère un immense saut en avant. Son influence a duré jusqu'à ce que la Deuxième Guerre Mondiale ne vienne stopper son activité. Lorsque la paix fut de retour les hybrideurs américains avaient récupéré la première place mondiale et fait faire aux iris d'autres progrès considérables. La famille Cayeux avait transmis le flambeau au petit-fils de Ferdinand, Jean, excellent hybrideur lui-aussi, qui allait faire parler de lui pendant une cinquantaine d'années en produisant de véritables monuments comme 'Condottiere' (1978) ou la longue série des variétés « tricolores » commencée par 'Bal Masqué' (1993).
Au sortir de la guerre, les hybrideurs français avaient pratiquement disparus. En dehors de Jean Cayeux il n'y avait plus rien. Ce fut une traversée du désert qui dura une trentaine d'années. Il fallut attendre la toute fin des années 1970 pour que des amateurs éclairés et audacieux ne vienne apporter leur contribution à la création de nouvelles variétés. D'abord Jean Ségui, à qui l'on doit une vingtaine de variétés enregistrées, puis Pierre Anfosso, qui a ajouté à sa vocation d'artiste peintre sa passion pour les iris. C'est en 1979 qu'il a fait son apparition dans l'iridosphère, avec des variétés qui ont été reconnues par tous comme 'Echo de France, son hommage au travail de Barry Blyth. Il avait communiqué le virus des iris à toute sa famille, et des variétés marquantes sont signées par son fils Pierre-Christian, sa fille Laure, sa femme Monique et sa bru Vivette. Les amateurs d'iris du monde entier on regretté que cette famille ait interrompu sa création d'iris à la fin des années 1990, et réjouis de constater sa renaissance à partir de 2015.
Les années 1990 ont vu l'émergence d'un nouvel hybrideur plein de talent et très éclectique dans ses domaines d'activité : Lawrence Ransom. Cet obtenteur au goût très sûr a produit des fleurs charmantes et de grande qualité mais qui sont restées confidentielles dans leur diffusion. Deux ou trois autres personnes se sont fait connaître dans la même période, mais de façon plus artisanale que professionnelle. En ce temps-là c'est Richard Cayeux, héritier de la célèbre famille, qui dominait largement le marché français montrant un talent de tout premier plan et obtenant des variétés nombreuses et superbes. C'est aujourd'hui un hybrideur mondialement connu et reconnu. Son exemple a décidé plusieurs fanas d'iris à se lancer dans l'hybridation. Leur particularité est qu'ils ont du commercialiser eux-mêmes leur production, mais en ce domaine aussi on peut dire qu'ils ont bien réussi, créant un réseau soudé d'entreprises artisanales réactives et dynamiques. C'est ainsi que le nombre de nouvelles variétés françaises s'est vite accru et que de véritables talents se sont révélés qu'il faudrait tous nommer. Cela concerne toutes les catégories d'iris , avec une grosse majorité de grands iris des jardins (TB). Chaque année désormais, de nouveaux hybrideurs se déclarent, mais ce qui limite leur reconnaissance au niveau mondial c'est le côté artisanal de leur diffusion essentiellement hexagonale.
De nos jours si la suprématie dans le monde des iris revient toujours aux hybrideurs américains, ils ont maintenant fort à faire avec une foule d'obtenteurs de tous les pays du monde. Parmi ceux-ci les obtenteurs français ont retrouvé une place honorable qui s'agrandit d'années en années.
Illustrations :
'Ambassadeur'
'Madame Louis Aureau'
'Bal Masqué'
' Ruée vers l'Or' (Ségui, 1998)
'Lorenzaccio de Médicis' (Anfosso)
'Marie Kalfayan' (Ransom, 1994)
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