9.12.22

AUS DEUTSCHLAND

1972/2022 cinquante ans d'iris en Allemagne 

 Sur le site de la GDS (section Iris) on peut lire ce qui suit :  « Après la Seconde Guerre mondiale, ce sont les succès d'hybridation de Steffen, Werckmeister, Hanselmayer, Dorn, Steiger et von Martin, qui ont assuré une présence constante des obtenteurs d'Europe centrale dans le développement de l'iris. (…) l'intérêt du lecteur doit être attiré vers les obtenteurs d'iris encore vivants et actifs de la zone de chalandise de la GDS, dont les travaux contribuent au développement mondial des nouvelles variétés d'iris. Tous ont commencé comme jardiniers amateurs puis, poussés par une passion pour la création végétale, sont devenus des spécialistes dans leurs domaines de création. Ils vendent souvent les iris qu'ils ont eux-mêmes cultivés, mais généralement uniquement pour couvrir le coût de leur passe-temps et jamais pour en vivre pleinement. Pour leur public, ils sont en concurrence avec la prédominance presque écrasante des variétés d'iris élevées par les grandes pépinières des États-Unis. Dans tous les cas, les variétés élevées chez nous ont l'avantage de mieux s'adapter à nos conditions climatiques. » 

 En France on connaît peu la production d'iris allemande. En particulier en raison de cette absence presque complète de commercialisation expliquée ci-dessus. Pourtant elle est importante, plus importante même que la production française dans les années 1980/1990. Surtout, les obtenteurs allemands, sérieux et disciplinés, ont toujours fait enregistrer leurs nouvelles variétés, à une époque où les obtenteurs français, convaincus que leur travail n'avait guère de valeur, ne le proposait pas à l'enregistrement. Il est temps de faire connaissance avec ces hybrideurs germaniques, longtemps isolés de l'autre côté du Rhin. On ne dira qu'un mot de la période de l'immédiat après-guerre, celle où l'activité des obtenteurs s'est peu à peu réveillée, avec pour matériel d'hybridation des variétés américaines anciennes retrouvées au fond des jardins. L'activité est devenue plus intéressante à partir des années 1970. Elle a accompagné la nouvelle prospérité de l'économie allemande, essentiellement à l'Ouest, évidemment. 

La berlinoise Eva Heimann se situe parmi les précurseurs du mouvement. Sa courte production s'est déroulée à la fin des années 1970 et au début des années 1980. A peu près dans les mêmes moments Erhard Wörfel, qui fut le président de la GDS, l'association des amateurs de plantes d'Allemagne, a hybridé pour son plaisir et obtenu quelques jolis iris, comme le blanc 'Berthalda' (1984). 


Lothar Denkewitz a été actif un peu plus tard. Ce citoyen de Hamburg s'est surtout intéressé aux iris nains standard (SDB) comme en témoigne son amoena jaune 'Sonnentrude' de 1985, de même que le TB 'Alstersegel' (1980) très classique amoena bleu lavande. 


La période d'activité de Eberhard Fischer est encore un peu plus tardive puisqu'elle s'étend jusqu'à la fin du 20e siècle. Ce savant a hybridé des iris avec le même sérieux que celui qu'il mettait dans ces travaux scientifiques. Cela se remarque chez 'Krystallpalast' (1993) – rose orangé - ou 'Shneewittchen' (1999) – blanc pur. 


Plus considérable a été le travail de Harald Moos, qui porte essentiellement sur les grands iris (TB). Il dure depuis près de quarante ans avec une tranquille régularité. Il a été remarqué à Florence, principalement avec 'Leibniz' (1989) dont on apprécie la forme parfaite et le coloris orangé clair. Le blanc 'Weisse Duene' (2009) a été présenté à Franciris où plusieurs collectionneurs s'en sont fait envie. 


Ensuite il faut évoquer Manfred Beer. Lui aussi est un spécialiste des grands iris, lui aussi travaille depuis plus de trente ans et expose régulièrement dans tous les concours d'Europe. Il n'y a pas de domaine où il excelle plus que dans un autre et son catalogue fait preuve d'un bel éclectisme mais reste dans un pur classicisme. Ce que l'on remarque c'est que la plupart de ses variétés portent des noms féminins. Parmi ces dames se distinguent 'Melanie Steuernagel' (1999), 'Renate Leitmeyer' (2001) et la sombre 'Lydia Schimpf' (2006). 


Siegmar Görbitz fait partie de ces infatigables amateurs qui hybrident essentiellement pour leur plaisir. Ses premiers enregistrements datent des années 1980. Il s'est fait une spécialité des iris bleus ou mauves et ceux qui se sont aventurés hors de leur jardin natal démontrent un réel talent. C'est le cas par exemple de 'Fürstin Pauline' (1997) ou de 'Detmolder Schlossgarten' (2009). 


Dès la réunification de l'Allemagne il y a eu dans l'ex-Allemagne de l'Est un véritable engouement pour la culture des iris. Parmi tous ces nouveaux venus Günter Diederich, Wolgang Landgraf, Bernhard Lesche, Margitta Herm, Klaus Burkhardt, font preuve d'une grande inventivité et obtiennent des variétés très modernes qui peuvent rivaliser avec ce qui se fait ailleurs en Europe. En porte témoignage le variegata 'Mondsheinserenade' (Diederich, 2003), 'Plauen' (Landgraf, 2007) descendant de 'Edith Wolford' (Hager, 1984) ou 'Broken Cleopatra' (Burkhardt, 2021) sombre petit fils de 'Tiger Honey' ((Kasperek, 1993). 


Pia Altenhofer est une autre des jeunes pousses de l'iridophilie allemande. On a déjà parlé ici des ses créations, souvent originales, qui se singularisent par leur nom constitué d'un assemblage de lettres, sans aucune signification. Cette jeune femme n'hésite pas à hybrider toutes sortes de catégories d'iris barbus. Son TB 'Jachitropan' (2021) a été remarqué à Florence. Son petit MTB jaune moutarde 'Imprikasa' (2020) répond tout à fait à la mode d'aujourd'hui. On devrait entendre parler d'elle au plus haut niveau dans les années à venir. 


Les obtenteurs qui précèdent ont surtout travaillé avec les grands iris de jardin (TB), mais d'autres se sont intéressé à d'autres catégories, les SDB essentiellement, mais aussi les arilbreds, comme c'est le cas pour Harald Mathes et son superbe 'Anacrusis' (1992), grenat sombre, qui a connu un succès mondial. Eckhard Berlin, lui, s'est montré beaucoup plus éclectique. Son petit nombre d'enregistrements concerne MDB, SDB, SIB et, originalité supplémentaire, une série d'I. pseudacorus dont fait partie 'Beuron' (1979) cultivé en France par Jean Claude Jacob. Frank et Christine Kathe, à Dresde, se sont spécialisés dans les iris nains standard (SDB) comme 'Pastell Ballet' (2006), crème et ciel, frais et gracieux. Quant à Tomas Tamberg, de Berlin, c'est le plus célèbre des irisariens allemands. Cet ingénieur chimiste est aussi un hybrideur curieux et inventif. Dans son catalogue, à côté d'un grand nombre d'iris de Sibérie, on trouve une quantité de croisements interspécifiques de premier ordre. Le bleu vif 'Versilaev Princess' (2001) est une de ces remarquables créations. Son activité exceptionnelle lui a valu l'attribution par l'AIS d'un Hybridizer's Award en 1999. 



Ainsi se termine ce tour d'horizon de ce qui se passe en Allemagne depuis cinquante ans. Cela confirme qu'il existe outre-Rhin une vive activité dans le domaine des iris, avec beaucoup d'originalité et beaucoup de talent.

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