GRANDEUR ET DÉCADENCE
Il en est des iris comme des parfums : ils se démodent. On dit que 80% des parfums mis sur le marché une année donnée ont disparu dans les cinq ans. On n’en est pas là pour les iris, car il faut du temps pour les multiplier et les proposer à la vente, mais le phénomène se remarque malgré tout. A titre d’exemple j’ai choisi un catalogue qui n’a rien de révolutionnaire, Cooley 96.
Pour l’année 96 elle-même, il propose 16 variétés, dont six offertes en bonus pour l’achat de variétés coûteuses. Pour les années précédentes on trouve :
95 = 13
94 = 14
93 = 14
92 = 15
Un nombre stable donc et relativement peu élevé, qui s’explique par ce que j’ai dit à propos des temps de culture et de multiplication. Mais à partir de 91 les chiffres explosent :
91 = 24
90 = 19
89 = 18
88 = 26
87 = 27
86 = 26
85 = 22
84 = 22
83 = 23
C’est la période de pleine exploitation, qui se situe donc entre 5 et 12 ans après l’introduction. Aussitôt après les chiffres décroissent très vite :
82 = 15
81 = 17
80 = 17
79 = 15
Puis c’est la chute :
78 = 8
77 = 11
76 = 6
75 = 7
74 = 5
73 = 6
Les variétés plus anciennes se comptent sans peine : 17 au total, dont 1 de 59, l’inusable blanc HENRY SHAW (Benson 59), qui n’est cependant offert que parmi les « bonnes affaires ». D’ailleurs seul un autre inusable, BEAUX ARTS (Plough 69), figure dans le catalogue général. Tous les autres cultivars antérieurs à 73 ne se trouvent que dans les « bonnes affaires ».
Au plan du prix, les paliers sont à peu près les suivants :
Première année = 40 dollars
Deuxième année = 30 dollars
De 3 à 5 ans = 10 dollars
De 5 à 10 ans = 5 ou 6 dollars
Au-delà = 3 dollars. Et même les « bonnes affaires » se soldent à 29 dollars les 10, 53 dollars les 20 et 125 dollars les 50, soit 2.5 dollars pièce !
On peut déduire de cette statistique que la vie d’un iris ordinaire, c’est à dire d’une variété qui ne se distingue ni par son originalité ni par ses succès dans les compétitions (1) est au mieux d’une vingtaine d’année. La plupart disparaissent même avant dix ans…
Chez nous, il faut ajouter cinq ans en moyenne pour chacune de ces étapes, surtout lorsqu’il s’agit de variétés américaines ou australiennes. Cependant je crois constater que la durée de commercialisation est un peu plus longue dans les catalogues classiques (Cayeux, Bourdillon) que dans ceux qui se donnent une allure plus « in » (Anfosso, Ransom). Le catalogue d’Iris de Thau, quant à lui, se distingue par la longueur de sa palette, qui va de variétés largement historiques, à des iris tout récents, ce qui en fait tout l’intérêt pour les amateurs.
(1) L’obtention d’une Médaille de Dykes est la garantie d’une survie prolongée. Toutes les variétés primées entre 82 et 97 sont répertoriées à l’exception de RUFFLED BALLET (DM 83) et BEFORE THE STORM (DM 96).
1 commentaire:
Bonjour .
Je suis désolé de ne m'être pas présenté lors de mes premiers commentaires .Je suis un amateur de beaux jardins et ancien professionnel dans ce domaine .Je suis aussi un amoureux de la botanique ,et en particulier je m'intéresse beaucoup aux roses et aux iris .Voila pour les présentations .
Trés sincérement ,concernant votre analyse sur la pérennité " étoile filante " de certaines variétés d'iris ,je trouve ça inévitable et nécessaire .Je m'explique ;je pense qu'à l'instar des rosiéristes , les obtenteurs d'Iris ont une facheuse tendance à la réédition ; se contentant d'une légére différence dans le coloris ou dans la forme de la fleur et ( trop rarement ) sur l'amélioration des qualités de la plante .C'est peut-être bien vu sur le plan commercial ou pour les amateurs éclairés qui y voient un nouveau chemin , mais pour le simple lambda , il n'y voit qu'une confusion surtout que bien souvent seule la photo faisant foi . Ceci l'oblige parfois à préférer des variétés plus originales au niveau du coloris , au risque (assez souvent) d'être déçu du point de vue de la qualité de la plante ou de sa santé .Il en va ainsi des(trop)nombreux rosiers qui inondent le marché chaque année . Combien d'entre eux apportent une réelle amélioration par rapport à leur aînés et figureront encore dans les catalogues dans 20 ou 30 ans ? ex le merveilleux progrés qu'a apporté " Pierre de Ronsard " élu rose favorite du monde entier .Alors même que ce dernier pourraît encore être amélioré : plus de parfum par ex ou bien une floraison encore plus ininterrompue chaque année les catalogues regorgent de nouveautés bien inférieur ? Comment voulez vous que les clients s'y retrouvent et ne soient pas déçus.
Regardez l'offre en Iris , c'est incroyable !. Combien se ressemblent comme fréres jumeaux ?
Si aucun texte objectif ne vient apporter un soutient à la Photo , il y à fort à parier que le client passera à coté d'une plante digne d'intéret fut-elle ancienne .
Comme je le dis souvent , nos jardins ne sont pas extensibles et bien de vieux iris les ornes et les orneront encore .
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