LA GRANDE PASSION DE Mr DYKES
Au tournant du vingtième siècle, dans la petite ville de Godalming, dans le Surrey, au sud-ouest de Londres, vivait un professeur du nom de William Rickatson Dykes. Les Britanniques ont toujours été intéressés par la botanique et le jardinage. William R. Dykes n’échappait pas à cette règle. Lui, sa passion, c’était les iris. Les bons auteurs parlent de lui comme d’un collectionneur passionné et d’un jardinier habile. Pour assouvir sa passion il correspondait avec un grand nombre de ses compatriotes dispersés un peu partout dans l’immense empire colonial géré par son pays. Lui-même parcourait chaque année les montagnes sauvages de l’Est de l’Adriatique où il découvrit un grand nombre d’espèces nouvelles et d’hybrides interspécifiques spontanés. Il rapporta entre autres des plants des véritables Iris pallida et Iris variegata. Ses correspondants lui envoyaient toutes sortes d’iris auxquels il donna le nom de la région d’où ils provenaient. C’est ainsi qu’il dénomma Iris cypriana et Iris trojana, de même que Iris mesopotamica.
Il était en relation avec un autre passionné, Sir Michael Foster, professeur de médecine à l’Université de Cambridge, qui cultivait et hybridait toutes les espèces qu’on lui fournissait, souvent avec une certaine désinvolture scientifique. William R. Dykes, lui, se montrait plus rigoureux et redressait les erreurs de son ami. Mais il ne résistait pas au désir d’accomplir lui-même des croisements, comme, d’ailleurs, quelques autres Anglais, comme Robert Wallace, George Yeld, Arthur Hoyt, Amos Perry ou Arthur Bliss.
A la mort de Foster, en 1907, il hérita de la collection de ce dernier et se lança dans un énorme travail scientifique : la classification du genre Iris. En 1913 il publia ce qui est toujours le texte de référence sur le sujet, « The Genus Iris ». Sa réputation devint universelle. Il fut le Secrétaire de la Royal Horticultural Society, et participa à la fondation de la British Iris Society.
Il ne lui manquait plus que d’être immortalisé. Ce fut fait après sa mort, en 1925, quand sa famille lui dédia un nouvel hybride, qui porte le nom de W. R. DYKES, et quand la B.I.S. décida de décerner chaque année trois médailles portant son nom : une pour la Grande-Bretagne, une pour la France et une pour les Etats-Unis. De nos jours, le médaille française n’est plus attribuée depuis 1938 ; sa courte existence n’a jamais eu une véritable justification car il n’y a jamais eu de réelle compétition : toutes les médailles attribuées l’ont été à des variétés de la famille Cayeux ! Mais il existe toujours trois médailles de Dykes ; la française a été remplacée par une médaille pour l’Australasie. La médaille américaine est rapidement devenue le sommet de ce qui se fait dans le monde. Les variétés qui l’obtiennent sont sûrement les meilleures du moment et sont assurées d’une longue vie commerciale. C’est encore un domaine où se manifeste l’hégémonie américaine. Nul ne sait si William Rickatson Dykes, anglais bon teint, aurait apprécié cette suprématie.
Quoi qu’il en soit, sa renommée à lui est bien établie. On ne peut pas parler d’iris sans parler de Dykes, et ce n’est que justice rendue à celui qui a accompli un travail immense en faveur de cette fleur.
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