11.12.20

UNE HISTOIRE, BELLE ET FRAGILE

 

Champigny sur Veude est un charmant village, traversé par au moins quatre ruisseaux, doté d'un château, d'une sainte chapelle à l'image de celle de Paris, avec des vitraux admirables et classés et où l'on trouve de fort belles demeures dont certaines datent du XVIe siècle. Plusieurs villages de Touraine se trouvent dans une situation analogue et, comme lui, semblent endormis dans une plaisante quiétude mais qui n'attire guère les visiteurs. La population, vieillissante, y mène une existence paisible mais il y manque une animation qui pourrait lui conférer une certaine renommée. C'est du moins le constat qu'a fait le maire de la précédente mandature. Pour tenter de réveiller sa commune il a pris exemple sur un autre village, Chédigny, dans la vallée de l'Indre. Chédigny s'est créé une belle carte de visite en plantant devant chaque maison toutes sortes de rosiers, grimpants ou buissonnants, accompagnés, sur les trottoirs, de différentes fleurs vivaces. Cette végétalisation en fait un bijou fleuri qui, en mai lors de la fête annuelle, attire une foule de visiteurs. C'est à partir de ce constat que le Maire de Champigny a pensé implanter dans son village quelque chose d'approchant. Les armoiries de Champigny, celles de la famille de la Grande Mademoiselle, cousine de Louis XIV et châtelaine du lieu, comportent trois fleurs de lys. C'est ce qui a fait penser à choisir pour la décoration locale le grand iris des jardins, si majestueux et décoratif. 

 Un petit groupe de villageois s'est approprié cette idée et le projet s'est mis en route. Il s'est trouvé qu'à ce moment je cherchais une personne et un emplacement à qui donner ma propre collection d'iris dont, l'âge venant, je n'étais plus en mesure de m'occuper correctement. Ayant appris l'existence du projet de Champigny, j'ai pris langue avec ses protagonistes et l'accord s'est fait pour que ma collection constitue la base de celle de l'association créée pour l'occasion et qui avait l'ambition de la rendre beaucoup plus importante. Un emplacement idéal a été trouvé, dans le jardin de l'ancien presbytère, propriété communale, au sol riche et parfaitement ensoleillé. 

 Pour attirer l'attention des visiteurs dès leur arrivée dans le village, d'importants massifs d'iris de couleur jaune et bleue – couleurs du blason communal – ont été dressés aux différentes entrées routières. L'impulsion était donnée, Champigny était en voie de devenir la Cité de l'Iris. 


Après trois années de culture, les iris mis en place au presbytère comme le long des routes étaient superbes lors de la première fête « Iris et Patrimoine » en mai 2018. La collection, enrichie par quelques acquisitions et par de nombreux dons des hybrideurs français, avait belle allure. Ce fut encore plus réussi l'année suivante où plus de 3000 visiteurs ont profité des iris en pleine fleur. Mais sous cette réjouissante apparence des difficultés se faisaient jour. 

 

 Une partie de la population n'a pas apprécié l'animation du cœur du village : trop de bruit, de circulation, d'obstacles à la vie de tous les jours pendant cette fête et ses préparatifs... Et puis le fleurissement de la ville elle-même suscitait des controverses. Les iris plantés le long des rues s'attiraient des reproches à propos de leur entretien et de l'obligation, pour les riverains, de l'assurer par eux-mêmes car la petite commune n'avait pas les moyens financiers et humains de s'en charger. Même si les iris ne sont pas bien exigeants, il faut néanmoins leur assurer un minimum de soins, et pour certains habitants du village, cela posait problème... D'autre part la proximité des élections municipales attisait la controverse. Le Maire à l'origine du projet ne s'est pas représenté et la question des iris a été l'une de celles qui ont animé la campagne. La personne qui a été élue se devait de tenir compte de l'opinion des habitants. Aussi le problème du fleurissement s'est-il posé dès son arrivée. L'équipe qui s'est démenée pour que la Cité des Iris prenne vie est aujourd'hui dans l'expectative car aucune décision quant à la pérennisation du projet n'a encore été prise. Or une collection d'iris demande une vision à long terme, ou du moins à deux ans, car s'il faut l'évacuer vers un autre lieu cela doit être décidé assez à l'avance pour que ce déménagement soit organisé, les différentes variétés étiquetées et mises en pot, le terrain d'accueil trouvé et préparé. Cela ne s'improvise pas et la collection se trouve donc en danger. 

L'existence de la Cité des Iris va-t-elle se prolonger ? Le nouveau Conseil Municipal va-t-il s'y rallier ? Ce sont des questions qui ne sont pas tranchées pour l'instant...

 

1 commentaire:

Lisa a dit…

Il y a toujours des gens pas contents !!!! Ils ont la chance d'avoir une belle collection de fleurs et ne s'en rendent même pas compte ! Quel malheur .... J'espère que ça va s'arranger ....