9.4.21

CELLE QU'ON CROYAIT ETERNELLE (II)

Fondu enchaîné 

 Le blanc s'accomode de toutes les autres couleurs, d'ailleurs il n'est pas autre chose qu'une absence de couleur du fait de l'inhibition des pigments). C'est pourquoi on peut le rencontrer accompagné des pigmentations les plus diverses. En particulier lorsque le cœur des fleurs d'iris blancs récupère plus ou moins les couleurs qui ont été effacées sur le reste de la fleur. Comme dans le cas des barbes abordé ci-dessus on trouve presque toutes les couleurs s'élevant du cœur de la fleur et s'estompant progressivement au fur et à mesure que l'on s'éloigne de cette zone. Le jaune, comme dans 'Domaine de Courson' (R. Cayeux, 2013) ; le rose, comme chez le tout nouveau 'My Pretty' (T. Johnson, 2021) ; le bleu sur de nombreuses fleurs parmi lesquelles je choisis, arbitrairement j'en conviens, 'Good Morning America' (N. Sexton, 1979), déjà ancien mais en tous points remarquable. 

Traces et griffures 

Pendant très longtemps les veinules blanches ou brunes apparaissant naturellement sous les barbes et sur les épaules des iris unicolores ont été considérées comme des défauts qu'il fallait s'efforcer de faire disparaître. Les hybrideurs ont donc travaillé à ne sélectionner que des fleurs au maximum exemptées de ces traces jugées disgracieuses. Cela a abouti à des fleurs absolument unicolores, très belles et, il faut bien le dire, très élégantes. Mais comme c'est le cas en bien des domaines, quelqu'un a trouvé que les rayures blanches pouvaient avoir leur charme et apportaient un certain renouvellement à des fleurs qu'en fait on ne faisait que reproduire quasi à l'identique. Retour donc des épaules marquées de blanc ! Dans la riche collection des iris de la Maison Cayeux, on trouve les deux situations : 'Ouragan' (1995) est un bleu moyen, uniformément bleu, y compris la barbe et quatre ans plus tard, 'Grand Amiral' (1999) s'orne d'un ligne blanche sous les barbes. Mais il y a plus ! Le tout nouveau 'Jawbone Flats' (T. Johnson, 2021) laisse les filaments blanc envahir une grande partie des sépales 

 Chez les plicatas 

Avec les traces blanches de 'Jawbone Flats' on s'approche du modèle plicata qui, à l'origine consistait en une fleur violacée aux pétales marqués de blanc sur les côtes et aux sépales centrés de blanc mais où la violet ou bleu va croissant en s'approchant du bord. Ce modèle standard a été reproduit des quantités de fois, avec une présence plus ou moins marquée de la pigmentation anthocyanique. Il était triomphant chez 'Going my Way' (Gibson, 1971), il est toujours présent dans 'Me and my Shadow' (P. Black, 2021). Mais il a subi bien des transformations depuis ses origines. Dans un sens comme dans un autre. Cela veut dire que la couleur peut y être presque exclusivement présente, comme chez 'Chief Hematite' (J. Gibson, 1983), ou en être presque complètement exclue, c'est selon l'efficacité du gène inhibiteur des pigments. C'est le cas chez le « vieux » 'Gigi' (Schreiner, 1971) comme chez le « jeune » 'Hey Soul Sister' (T. Johnson, 2021). Et une infinité de nuances se rencontre parmi les milliers de plicatas qui existent aujourd'hui. Sans compter les associations modernes de couleurs comme chez le célèbre 'Flamenco' (K.Keppel, 1975) ou les combinaisons de modèles comme les amoena-plicata à la façon de 'Spinning Wheel' (Nearpass, 1974). 

 (à suivre)...

 Illustrations :

- 'Good Morning America'


- 'My Pretty'


- 'Jawbone Flats'


- 'Me and my Shadow'


-' Hey Soul Sister'


 


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