29.1.02


BERTHALDA

« The World of Irises » est une bible à laquelle je me réfère chaque fois que j’essaie de reconstituer la biographie d’une variété. Cette semaine j’ai choisi de parler de BERTHALDA. Ce nom ne dira peut-être pas grand chose à ceux qui vont lire cette chronique, tant il est vrai que ce n’est pas une variété incontournable. Mais elle a l’avantage de permettre d’aborder l’hybridation des grands iris en Allemagne, de nos jours.

BERTHALDA a été introduit en 1984 par Erhardt WÖRFEL, un amateur d’iris, fervent jardinier, qui a été pendant de nombreuses années le président de la GDS (Gesellschaft der Staudenfreunde), l’équivalent de notre SNHF, laquelle publie chaque trimestre l’excellente revue « Der Staudengarten ». BERTHALDA est un iris blanc glacier à barbes jaunes. Il n’a rien d’exceptionnel, mais, à étudier sa généalogie, on se rend compte qu’il est d’une excellente lignée, ce qui explique que nous sommes devant une plante grande et solide, avec des fleurs bien formées et doucement ondulées, tout à fait dans le genre de ce que l’on enregistrait dans les années 80. Ses parents sont CUP RACE (Buttrick 63) et ERMINE ROBE (Schreiner 65), qui sont l’un et l’autre des blancs très réussis et appréciés à leur époque. CUP RACE descend d’une lignée de bleus et de blancs dont l’ancêtre est le fameux PURISSIMA, un iris qui doit se trouver dans les gènes de la plupart des iris d’aujourd’hui. ERMINE ROBE est un autre blanc descendant d’un croisement de bleus et de blancs. Sa « mère » est HARBOR BLUE (Schreiner 54), un iris bleu très coté et encore présent dans quelques catalogues, qui a pour parent JANE PHILIPS (Graves 50), lui-même fils de HELEN McGREGOR (Graves 43 – DM 49)… qui vient de PURISSIMA ! L’autre grand parent de JANE PHILIPS est un autre pilier de l’iridologie moderne, GREAT LAKES (Cousins 38 – DM 43). Pour compléter le pedigree de ERMINE ROBE, disons que son « père » est CELESTIAL SNOW, un grand blanc, fils lui-même de l’incomparable SNOW FLURRY. BERTHALDA n’est donc pas n’importe qui. Dans le Bottin Mondain des iris, ses ancêtres lui assurent une place honorable.

WÖRFEL n’a pas enregistré un grand nombre de variétés, mais il faut néanmoins citer ses introductions des années 82/84 :
MASSIANELLO (84) un pourpre à reflets noirs issu de NIGHT OWL et DUSKY DANCER ;
MENGONE (84) un rose, plus clair au cœur, à barbes mandarine ;
PEDRILLO (83) un jaune hâtif, fils de NEW MOON ;
DESPINA (82) un autre blanc, descendant de OUTREACH, NEW MOON et ERMINE ROBE.

Les obtenteurs allemands, jusqu’à ces dernières années, étaient peu nombreux, mais ils n’ont jamais hésité à faire enregistrer leurs variétés. Ils sont, de ce fait, mieux connus que d’autres qui travaillent peut-être tout autant mais ne font pas connaître leurs résultats.

Manfred BEER, un jardinier de Leipzig, a hybridé dans l’ombre, du temps de l’ancienne RDA, et réussi de nombreux croisements qui font de lui, aujourd’hui, le plus important hybrideur allemand. Il est apparu dans le monde occidental en faisant enregistré en 91 un grand nombre de variétés obtenues antérieurement. Citons parmi celles-ci :
ANETT, magenta à barbes mandarine (Fond Wish x Falbala)
JENNY E, amoena bleu à barbes jaunes (Lemon Brocade x Beauty Crown)
CARMEN KNEPPER, rose dragée à barbes rouges (Fond Wish x Pink Taffeta).
Parmi ses variétés plus moderne on trouve :
GITTA –92- , très joli iris champagne (Lemon Brocade x Beauty Crown)
MANDY G –92- aubergine presque noir, issu de (Swazi Princess x Superstition)
SANDRA BERNSCHEIN –95- un beau jaune (Tut’s Gold x Gold Trimmings)
TRINY –98- et JUTTA –99-, variegatas à reflets fumés (Edith Wolford x Sweet Musette)
MELANIE STEUERNAGEL –99- ivoire / bordeaux liseré brun (Edith Wolford x Condottiere), distingué (Zeppelin Pokale) au concours de Frankfurt en 99 ;
LALLENDORFER CARNEVAL –2000-, autre semis de Edith Wolford.

Un autre obtenteur talentueux s’appelle Harald MOOS. C’est un habitué des compétitions internationales ou nationales, qui accumule les récompenses :
LEINEUFER –86- bleu outremer à barbes grises, enfant de Shipshape, a obtenu la Karl Fischer Medaille à Frankfurt en 87 ;
La même distinction a été attribuée en 89 à SOMMERNACHTSTRAUM –87-, or à barbes vieil or (Wild West x Paradise), et en 96 à KRÄHENWINKEL SHOW –97-, cuivre rosé à barbes oranges, descendant de Lady Friend et de Post Time ;
A Florence, LEIBNIZ –87- a obtenu le florin d’argent en 91 ; c’est un orange issu de Fresno Calypso et de Flaming Light. GROSSER GARTEN –93- a quant à lui obtenu le florin de bronze en 94 ; c’est un violet à barbes crème (Jean Hoffmeister x God Bless).

Dietmar GÖRBITZ, lui, s’est un peu spécialisé dans les iris bleus. Le concours de Frankfurt lui a été souvent favorable :
DETMOLDER SOMMER –86- indigo barbes or, a reçu la ZP en 88 (Color Splash x Stepping Out) ;
SONNENGOLD –91-, jaune or à barbes oranges, descendant de Outreach et Gold Trimmings, a reçu la KFM en 93 ;
En 96 LIPPISCHER SCHÜTZE –97-, indigo, (fils de Five Star Admiral) et FÜRSTIN PAULINE –97-, bleu drapeau, (fils de Dusky Challenger) ont été KFM et ZP ; et LIPPISCHER SOMMER –2000-, noir presque parfait, ( autre fils de Dusky Challenger) a été apprécié l’été dernier.

Il ne faut pas oublier Eberhardt FISCHER, dont la plus belle réussite est peut-être BÖRDESSCHNEE –99- un iris blanc très pur (Azucena x Leda’s Lover).

Enfin, parmi les hybrideurs plus anciens, Lothar DENKEWITZ, récemment disparu, a obtenu ALSTERSEGEL –70- un amoena clair (Pierre Menard x Whole Cloth), et Tomas TAMBERG est l’auteur de URSULA VAHL –78- rose dragée à barbes roses. Depuis, il s’est spécialisé dans les croisements interspécifiques, Californie / Sibérie en particulier, et il brille en ce domaine.

Ainsi l’Allemagne, que l’on peut croire peu propice, par son climat, à la culture des iris, se distingue et est devenue une vrai nation iridophile.

19.1.02

BROWN LASSO

Le petit iris BROWN LASSO sera notre plante de la semaine. Il présente avant tout l’originalité d’être le seul iris de petite taille à avoir remporté la médaille de Dykes. C’était en 1981. La prédominance des grands iris est telle que BROWN LASSO devait avoir bien des qualités pour être le vainqueur, cette année là, devant VANITY, qui triomphera l’année suivante, et QUEEN OF HEARTS, un pêche sur blanc particulièrement réussi.

Ce fut la consécration pour les iris de bordure (border bearded en anglais), une catégorie qui n’est apparue qu’en 1950, pour des raisons que nous analyserons plus loin.

BROWN LASSO se présente comme un variegata/plicata, c’est à dire avec des pétales d’un brun caramel profond, au dessus de sépales mauve pâle, presque blancs, entourés d’un liseré – un lasso- brun ; les barbes sont jaunes. Il est le résultat d’une hybridation réalisée par Eugene Buckles peu avant sa mort et sélectionnée par Dave Niswonger qui l’a introduit sur le marché en 1975. Ces parents sont des variétés que rien ne destinait a priori à engendrer un « prize winner » : Punchline x (Wild Mustang x Milestone). Punchline est un iris brun violacé, très joli, obtenu en 1968 par Gordon Plough, qui est également l’obtenteur de Milestone (1965). C’est ce Milestone, variegata beurre/pourpre à reflets fumés, qui a apporté à Brown Lasso son côté variegata, le côté brun étant un mélange de Punchline et de Wild Mustang (Benson 66). L’intérêt de Brown Lasso est aussi dans la forme très harmonieuse de sa fleur à laquelle de vives ondulations confèrent une souplesse et une légèreté qui ont séduit les juges américains.

Cette variété chanceuse me donne l’occasion de parler un peu des iris de bordure. Les amateurs d’iris à barbes savent que ceux-ci sont rangés en différentes catégories en fonction de leur taille, depuis le MDB (Miniature Dwarf Bearded) qui ne doivent pas mesurer plus de 25cm de haut et dont les fleurs ne doivent avoir plus de 7.5cm de large, jusqu’aux fameux TB (Tall Bearded), ceux qui dépassent la hauteur de 71cm. Entre les deux on trouve les SDB (Standard Dwarf Bearded), de 25cm à 40cm , les MTB (Miniature Tall Bearded) de 40cm à 70cm, mais avec des fleurs très petites (pas plus de 7.5cm), les IB (Intermediate Bearded) mesurant eux aussi entre 40 et 71cm, mais qui fleurissent –d’où leur nom – entre les petits, toujours hâtifs, et le grands, et le BB (Border Bearded), petits mais costauds (fleurs pouvant atteindre 15cm de large).

A l’origine, ces iris de bordure résultaient d’une opération commerciale, vendre des plantes issues de parents de grande taille mais qui n’avaient pas un développement suffisant. Les premiers à les commercialiser avaient considéré qu’il était dommage d’écarter des plantes jolies, mais un peu trop râblées. Ils leur ont trouvé d’autres qualités : une bonne résistance au vent du fait de leur hampe trop courte, un intérêt pour les petits jardins de ville où les grands iris sont un peu écrasants. Les premières variétés proposées sous le vocable BB étaient donc des grands iris ratés ! Les grosses fleurs au bout de hampes courtes donnaient une allure assez disproportionnée. C’est un défaut que l’on constate encore aujourd’hui chez beaucoup de plantes nanifiées pour la culture en balconnières, comme les roses d’inde ou les reines marguerite.

Au fil du temps les obtenteurs ont affiné leur travail. Ils ne se sont plus contentés de proposer au public des plantes de second ordre, mais ils ont cherché à obtenir des cultivars de taille moyenne, fleurissant en même temps que les grands, mais bien proportionnés : avec des fleurs plus petites, un peu moins tassées sur la tige, donc dignes de figurer dans un concours. Si problème il y a, ce n’est pas avec les variétés du bas de l’échelle des hauteurs, comme BROWN LASSO, qui ne mesure que 55cm, mais avec celles qui avoisine la limite de 71cm. Là, on est dans l’incertitude. Faut-il considérer que BATIK, le fameux « broken colors » d’Allan Ensminger, est réellement un BB, alors que dans bien des jardins il atteint allègrement les 80cm ? Il en est de même par exemple pour des variétés comme CERDAGNE (Ségui 89) ou CHICKASAW SUE (Gibson 83). Cette dernière a été enregistrée comme BB 65cm, mais dans la plupart des catalogues elle figure parmi les TB. CERDAGNE a été enregistrée comme TB 75cm, de même que CORBIERES (Ségui 82) mais dans le catalogue Iris de Thau, cette dernière est longtemps restée parmi les BB ! Presque chaque année, dans le R and I (Registrations and Introductions) de l’AIS des corrections de ce genre sont apportées dans le pedigree de variétés qui se situent à la limite. On peut donc se demander si cette catégorie est vraiment nécessaire ou si elle est correctement définie. A mon avis, plus que la hauteur de la plante, la classification devrait résulter dans un rapport hauteur/largeur de la fleur.

Quoiqu’il en soit, on dispose aujourd’hui d’iris de bordure intéressants, comme notre BROWN LASSO. C’est le cas de INNER CIRCLE (Ghio 76), PINK BUBBLES (Hager 80), SHENANIGAN (Keppel 85). Parmi les variétés plus récentes on trouve SONJA’S SELLAH (Ensminger 89) qui a obtenu la médaille spécifique de BB – la Knowlton Medal – en 92, PETITE BALLET (Keppel 92) – KM 99, STANZA (Byers 90), RED ROOSTER (Durrance 90) – KM 98, BABY BENGAL (Sutton 90) ou le plicata britannique ORINOCCO FLOW (Bartlett 93) qui a été honoré de la médaille anglaise de Dykes en 94.

Depuis BROWN LASSO aucun autre BB n’a obtenu la récompense suprême, même si BATIK (Ensminger 86) a été deux fois à deux doigts de l’emporter, en 94 et 95. Il est vraisemblable que le succès viendra de nouveau car ces petits iris ont cessé d’être des produits de second choix.

14.1.02

IKAR

La variété de la semaine sera l’iris ouzbek IKAR, obtenu par Adolf Volfovitch-Moler. Introduit en 92, il a obtenu en 1995 le Florin d’Or au Concours de Florence. Cette chronique arrive maintenant, en hommage à Adolf Volfovitch-Moler, dont je viens d’apprendre la disparition.

Tout le monde a été surpris quand le jury de Florence a désigné IKAR comme meilleure variété de 95. Non pas parce que l’iris n’en valait pas la peine, mais pour deux autres raisons : d’une part ce prix couronnait une variété issue d’un pays dont on ignorait même qu’il abritait un amateur d’iris, et dont certains cherchaient fébrilement l’emplacement dans leur atlas, d’autre part parce que les origines de cet iris laissaient à penser qu’il pouvait s’agir d’une plante désuète, disons plutôt passée de mode. Son pedigree ? Rippling Waters x Pipes of Pan, deux variétés des années 60, dont on n’imaginait pas qu’elles puissent donner naissance à une variété moderne, trente ans plus tard. Et pourtant, IKAR est un iris très joli, grand et bien proportionné, dans un coloris pastel agréable à l’œil : les pétales sont blancs un peu violacé, on peut dire blanc huître, et les sépales d’un mauve améthyste léger, éclairci sous les barbes qui sont mandarine. L’ensemble est légèrement ondulé, gracieux. A y regarder de près, on constate tout de même que cette fleur avoue son âge : les sépales sont un peu pincés, donc ayant tendance à retomber, et l’allure générale n’a pas l’ampleur des variétés d’aujourd’hui. Quoi qu’il en soit, IKAR n’a pas volé sa distinction, et les juges ont fait preuve d’une belle impartialité en tenant compte davantage des qualités de la plante que de sa modernité.

Adolf Volfovitch-Moler, avec qui j’ai eu des relations épistolaires suivies, était un scientifique retraité, bourru et entêté, mais passionné par ce qu’il faisait, les iris, bien sûr, mais aussi les glaïeuls, aux hybrides desquels il a fait faire un véritable bond en avant, avec des coloris franchement nouveaux obtenus par l’utilisation chimique du manganèse, et des fleurs denses, robustes et résistant bien aux intempéries. Dans le numéro 122 d’Iris et Bulbeuses, j’ai publié des photos de quelques uns de ces cultivars originaux, que l’on ne trouvera, malheureusement, jamais dans le commerce car leur obtenteur n’a jamais réussi à les faire produire en Europe.

Dans ce même numéro, j’ai cité Adolf Volfovitch-Moler qui reconnaissait la modestie de ses moyens et se plaignait de son isolement et des difficultés qu’il rencontrait à l’époque pour se procurer des variétés modernes pour enrichir ses hybridations. Je lui ai envoyé ou fait envoyer des obtentions françaises récentes dont il était très heureux et qui sans doute auraient donné naissance à de nouvelles variétés exotiques si la mort n’était pas venu interrompre la travail de cet obtenteur du bout du monde.

Adolf Volfovitch-Moler n’était pas spécialement fier d’IKAR, il lui préférait d’autres variétés de son cru, aux coloris plus originaux, comme TASHKENT (92), un variégata chaleureux, aux pétales dorés et aux sépales roux, liserés d’or et veinés de blanc, avec une nette flamme blanche sous les barbes oranges. Il avait aussi un faible pour un coloris mauve éteint, qui, à mon sens, manque d’éclat, mais qui ne se rencontre dans aucune autre fleur que dans CHIMGAN (92) ou VDOKNOVENYIE (92) et beaucoup de leurs descendants.

Je possède dans ma collection vingt variétés obtenues par Adolf Volfovitch-Moler, et mes préférences vont, en dehors de celles qui viennent d’être citées, à CARNIVAL NIGHT (97), un iris sombre, aux pétales et sépales pourpre mêlé de violet, barbes indigo, ainsi qu’à RAH RAH BOYS (97) un bicolor plicata très original et sans doute unique dans la répartition des couleurs, SYMFONYIA, le meilleur tardif de Florence en 95, un rose pourpré, ou rose neyron, avec une barbe minium qui relève l’ensemble ; la fleur est très peu ondulée, mais grande et belle : une touche de couleur vive en fin de saison. Et surtout ZOLOTAYA KORONA (98), un self vieil or très soutenu, presque bronze, éclairé de barbes mandarine, issu de Deep Fire x Christmas Time.

Comme il le regrettait lui-même, l’absence de variétés modernes dans le panel d’iris à la disposition des obtenteurs de l’ancien bloc soviétique, n’a certainement pas permis à A. Volfovitch-Moler d’exprimer tout son talent d’hybrideur. Il est arrivé un peu trop tard, victime de l’isolement où son pays a été longtemps confiné.

10.1.02

L’AVOIR OU PAS

Je veux parler de la fameuse Médaille de Dykes, si convoitée par tous les obtenteurs américains. Depuis sa création en 1920, peu nombreux sont ceux qui ont eu l’immense honneur de l’obtenir plus d’une fois.

Parmi ces champions, l’entreprise Schreiner se place délibérément hors concours avec 10 victoires en 43 ans :
- 1958 BLUE SAPPHIRE
- 1963 AMETHYST FLAME
- 1968 STEPPING OUT
- 1984 VICTORIA FALLS
- 1988 TITAN’S GLORY
- 1992 DUSKY CHALLENGER
- 1994 SILVERADO
- 1995 HONKY TONK BLUES
- 1999 HELLO DARKNESS
- 2001 YAQUINA BLUES.

Loin derrière on trouve ceux qui l’ont eue trois fois :
Orville Fay, avec
- TRULY YOURS 52
- MARY RANDALL 53
- RIPPLING WATERS 66
Paul Cook, avec
- SABLE NIGHT 54
- WHOLE CLOTH 62
- ALLEGIANCE 64
Ben Hager, avec
- VANITY 82
- BEVERLY SILLS 85
- EDITH WOLFORD 93.
Admirons la performance de ce dernier, dans une compétition de plus en plus acharnée.
Avec deux récompenses, il y a :
Hans Sass, avec
- RAMESES 32
- PRAIRIE SUNSET 43
Jacob Sass, avec
- THE RED DOUGLAS 41
- OLA KALA 48
Fred DeForest, avec
- ARGUS PHEASANT 51
- FIRST VIOLET 55
Neva Sexton, avec
- PACIFIC PANORAMA 65
- NEW MOON 73
Monty Byers, avec
- THORNBIRD 97
- CONJURATION 98
Un point, c’est tout.

On peut s’étonner de ce que des obtenteurs aussi brillants que Joë Ghio (pour MYSTIQUE en 80), Keith Keppel (pour BABBLING BROOK, en 62, au tout début de sa carrière) ou Jim Gibson (pour KILT LILT en 76) n’aient été couronnés qu’une seule fois, de même qu’on peut trouver miraculeux que Madame Kuntz, qui n’a enregistré qu’une seule variété, DEBBY RAIRDON, ait été récompensée pour cette unique prestation !

Par ailleurs, bien des hybrideurs considérés comme particulièrement doués n’ont jamais eu la chance d’être distingués comme ils l’auraient mérité. Je pense à Melba Hamblen, Joë Gatty, Gordon Plough, George Shoop ou Chet Tompkins, pour ceux qui sont récemment disparus. Quelques autres peuvent encore espérer : Lloyd Zurbrigg, ou Rick Ernst, par exemple.

LES CHOIX DE RAINER

De puis vingt ans Rainer Zeh, un amateur d’iris allemand, propose dans « Der Staudengarten », le bulletin trimestriel de la GDS (Gesellschaft der Staudenfreunde –l’équivalent de notre SNHF) une revue annuelle des iris qui l’ont le plus impressionné. Et l’on peut dire qu’il a ce que l’on appelle chez nous le « coup d’œil » ! Toutes les variétés, ou presque, qui l’ont frappé ont eu un destin commercial remarquable et ont très souvent récolté les plus hautes distinctions. Qu’on en juge :
- 1980 = ENTOURAGE (Ghio 77) et TASTE OF WINE (Plough 79, un violet à barbes jaunes) ;
- 1981 = COPPER CLASSIC (Roderick 79), LEDA’S LOVER (Hager 79) et BEVERLY SILLS (Hager 79) ;
- 1982 = GOOD MORNING AMERICA (Sexton 79, un blanc à barbes bleutées) ;
- 1983 = PRETTY LADY (Gatty 82), BUBBLING OVER (Ghio 82) et HONEY MOCHA (Luihn 80) ;
- 1984 = GIGOLO (Keppel 84) ;
- 1986 = ANNA BELLE BABSON (Hager 85) et WILD JASMINE (Hamner 83) ;
- 1989 = RUSTLER (Keppel 88), IMPRESSIONNIST (Ghio 88) et OKTOBERFEST (Maryott 87) ;
- 1990 = ALTRUIST (Schreiner 87) et WINIFRED ROSS (Hamblen 88) ;
- 1991 = PEACEFUL WATERS (Schreiner 88), SWEETER THAN WINE (Schreiner 88), ARMADA (Keppel 88) et SNOWBROOK (Keppel 87) ;
- 1992 = SOCIAL EVENT (Keppel 91), LIONESS (Ernst 89), REGAL AFFAIR (Shoop 89) et NOTABLE (Ghio 91) ;
- 1993 = DUSKY CHALLENGER (Schreiner 86) et EDITH WOLFORD (Hager 86) ;
- 1994 = une série d’iris obtenus par les hybrideurs allemands, comme le noir MANDY G (Beer 92) ou le crème GITTA (Beer 92) ;
- 1995 = PEACE AND HARMONY (Ghio 92), FOREIGN ACCENT (Keppel 91) et FILIBUSTER (Ghio 93) ;
- 1996 FASHION DESIGNER (Keppel 95), FINALIST (Gatty 94) et REALITY (Ghio 95) ;
- 1997 = GRATEFUL CITIZEN (Innerst 94) ;
- 1998 = IN REVERSE (Gatt 93) et YES (Blyth 96) ;
- 1999 = CHAMPAGNE FROST (Keppel 96), COPPER AND SNOW (Blyth 95), OCELOT (Ghio 98) et RIPPLING RIVER (Schreiner 95) ;
- 2000 = COFFEE WHISPERS (Blyth 99), LOUISA’S SONG (Blyth 99) et STRICTLY JAZZ (Blyth 99).

Il n’y a rien dans tous ces choix qui ne soit de première qualité. Rainer Zeh est un connaisseur, un hybrideur aussi, qui publie quelques photos de ses obtentions, mais qui n’en enregistre que très peu tant il est scrupuleux dans sa sélection. Pour ma part, j’ai dans ma propre collection deux variétés qu’il m’a données et que je trouve formidables : deux enfants de HONKY TONK BLUES, le semis 17-1-90 qui est un iris chartreuse à suffusions pourpres et barbes mandarine, étrange et ensorcelant (HONKY TONK BLUES X IMPRESSIONNIST), et 1-2-91, un adorable bleu d’azur, plus pâle aux bords (SILVERADO X HONKY TONK BLUES). Bravo Herr Zeh !
RIPPLING WATERS

Avec RIPPLING WATERS (FAY, 1961) on aborde une variété qui figure dans le pedigree d’un nombre incroyable de variétés modernes. Il faut dire qu’il s’agit d’une plante proche de la perfection dans la forme, et riche d’un potentiel génétique qui n’a échappé à aucun des obtenteurs importants des années 60, 70, et même 80. Plus de cent variétés enregistrées sont issues directement de RIPPLING WATERS, et on ne peut pas compter ses descendants à la deuxième ou troisième génération !

Du point de vue de la couleur, il s’agit d’un iris lilas, à barbes mandarine, ni spécialement original, ni spécialement spectaculaire, mais néanmoins un très belle fleur remarquée par tous les amateurs et couronnée de la Médaille de Dykes en 1966. Il descend de NATIVE DANCER, une variété des années 50, issue elle-même de NEW SNOW, l’un des plus beaux blancs venu lui-même du fameux SNOW FLURRY, et de MAY HALL, un rose « flamant », avec des barbes mandarine, certes pas ondulé, mais portant les gènes pour cette particularité.

RIPPLING WATERS a eu des descendants dans toutes les couleurs, mais essentiellement dans les tons de rose à violet. Il faut citer les plus connus de ses enfants :
· Chez Clifford Benson : PARIS OPERA
· Chez Opal Brown : BUFFY
· Chez Glen Corlew : l’indigo TRIUMPHANT
· Chez Mary Dunn : le brillant luminata VIBRATIONS
· Chez Jim Gibson : SPACE BLAZER couronné à Florence en 78
· Chez Joe Gatty : les roses LIZ et PANACHE
· Chez Larry Gaulter : deux très fameuses variétés, LOMBARDY, et SAN LEANDRO
· Chez Melba Hamblen : COUNTRY LILAC et FLAMINGO FLING
· Chez Eleonor KEGERISE : COUNTRY MANOR
· Chez Evelyn KEGERISE : FEMININE CHARM
· Chez Keith Keppel : MULLED WINE
· Chez Dave Niswonger : LILAC TREAT ou RASPBERRY RIPPLES
· Chez Gordon Plough : BEAUX ARTS
· Chez les Schreiner : CARNABY puis, plus récemment GOODBYE HEART et SWEET MUSETTE
· Chez Herbert Spence : le blanc VALENTINA
· Chez Esther Tams : DREAM LOVER, décoré de la DM en 77
· Enfin chez Bryce Williamson :WORDS OF LOVE.

Hors des Etats unis, RIPPLING WATERS a aussi été utilisé, en grande Bretagne par Barry Dodsworth (BEWICK SWAN – BDM 85), et même dans le lointain Ouzbékistan par Adolf Volfovitch Moler qui en a obtenu trois remarquables variétés récentes :TASHKENT, SYMPHONYIA, et surtout IKAR, florin d’or à Florence en 95.

Il est intéressant de rappeler quelques uns des descendants à la deuxième génération. Parce qu’on constate que pratiquement tous les obtenteurs ont utilisé au moins à ce niveau les aptitudes de RIPPLING WATERS. Ainsi BEAUX ARTS a engendré DISCRETION (Boushay), HEATHER CLOUD (Hamner), KENTUCKY DERBY (Mohr), SIMPLE PLEASURES (Gatty) ; BUFFY est parent de AÏDA ROSE (Ségui), AUTUMN HEIRESS (Gartmann), BROCADED GOWN (Tompkins), MING ROSE et QUEEN OF HEARTS (O. Brown), FANTASY FAIRE (Jeannette Nelson), FEMININE WILES (John Nelson) de même que STANDING OVATION. CARNABY est à l’origine de STARCREST –FO 86- (Schreiner) ; SWEET MUSETTE a donné naissance à CHASING RAINBOW (Hager), FRIMOUSSE et ROBE D’ETE (Cayeux) ; MULLED WINE a inspiré de très nombreux hybrideurs, dont Ghio (BATTLE ROYAL), Keppel (EVER AFTER et FARAWAY PLACES), Anfosso (LASER et VOLEUR DE FEU), Schreiner (SHEER ECSTASY et SWINGTOWN)…DREAM LOVER a été utilisé par Ransom (DAMOISELLE), Hamblen (WINIFRED ROSS, PINK SAPPHIRE), Ensminger (ISN’T THIS SOMETHING) ; SAN LEANDRO a eu une descendance très importante, dont AMOUR (Corlew), ENTOURAGE et PARIS ORIGINAL (Ghio), TEQUILA SUNRISE (McWirther) ; SPACE BLAZER a donné ELLAHMAE FEHRER (Corlew), FRISOUNETTE (Ségui), GRECIAN SKIES (O. Brown) ; LIZ a servi chez Hager (MOON’S DELIGHT, MY VALENTINE), et surtout Gatty (PLAYGIRL, SATIN GOWN, SYMMETRY) ; LOMBARDY est dans le pedigree de AFTERNOON DELIGHT (Ernst) ou ORCHIDARIUM (Gaulter) ; et l’on peut encore citer FLAMINGO FLING qui se trouve dans EVASION (Anfosso), LAUREL PARK (Gaulter) ou SONG OF SPRING (Hamblen).

On pourrait continuer ainsi pendant plusieurs générations. Cela deviendrait fastidieux et n’apporterait qu’une confirmation supplémentaire de ce que RIPPLING WATERS est un des piliers de l’hybridation moderne.