28.2.04

L’ENIGME DE LA SEMAINE


D’AUSTRALIE

Des cinq variétés ci-dessous, l’une n’est pas originaire d’Australie. Laquelle ?

· AURA LIGHT
· CARABET ROYALE
· HELEN DAWN
· PENCHANT
· PINNACLE

RÉPONSE À L’ÉNIGME DE LA SEMAINE DERNIÈRE

L’AFRIQUE

NIGERIAN RASPBERRY est un iris « broken colors » alors que les autres sont des « selfs ».




JE T’AIME

J’avais pensé publier cette fiche généalogique à l’occasion de la St Valentin, mais …j’ai oublié ! Mais comme il n’est jamais trop tard pour bien faire, je vais tout de même employer ces mots puisqu’il s’agit du nom d’une variété particulièrement réussie, en blanc immaculé seulement teinté d’abricot aux épaules, de part et d’autre d’une barbe corail clair. Elle a été enregistrée en 1994 par Lily Gartman, obtentrice douée mais trop tôt disparue. Il est rare que le pedigree d’un iris soit facile à décrypter. Mais dans le cas présent on est en présence d’un arbre généalogique que l’on peut reconstituer au moins jusqu’à la sixième génération, sans problème.

L’arbre généalogique d’un iris, c’est un peu comme le tableau final d’un tournoi de tennis : à chaque tour on élimine 50% de participants et il ne reste qu’un nom, à la fin. Pour JE T’AIME on peut remonter jusqu’au 32eme de finale. Cela fait en principe 64 noms, 64 variétés à identifier et classer. Cette fois on peut compter sur 38 noms, les autres places sont occupées par des semis non dénommés et, par quatre fois, par un point d’interrogation parce que les enregistrements ne donnent pas toujours le détail de certaines origines. Ce serait un peu fastidieux d’énumérer tous ces noms, et cela n’éclairerait pas forcément sur la progression des croisements jusqu’au but finalement atteint. Disons qu’on trouve dans ce large panel des variétés blanches, blanches à barbes rouges, jaunes, bleu, bleu à barbes rouges, violettes, orchidée, chamois, et orange ou abricot ! Un beau mélange, mais aucun plicata, aucun bicolore, aucun variegata. Bien entendu le beau monde des années 50/60 est là :ARCTIC FLAME (Fay 60) pour les blancs à barbes rouges, de même que son aîné FLEETA (Fay 56). Chez les bleus et violets il y a ALLEGIANCE (Cook 57 – DM 64), PACIFIC PANORAMA (N. Sexton 60 – DM 65) ou MARQUESAN SKIES (Blocher 67). Pour les roses orchidée on trouve MARY RANDALL (Fay 50), MAY HALL (Hall 52) et l’inévitable PONDEROSA (Ghio 68). Pour le jaune, ce sont DENVER MINT (Knopf 62), NEW MOON (N. Sexton 68 – DM 73) et CREAM TAFFETA (Rudolph 70). Pour l’orangé ce sont GLITTERING AMBER (Hamblen 55) et ORANGE CHARIOT (Fay 62), et pour le brun OLYMPIC TORCH (Schreiner 56).

Le niveau suivant – les 16eme de finale – laisse encore un grand choix de coloris, même si le jaune domine. MOON CREST (Rudolph 63), YELLOW CHIFFON (Rudolph 65), chacun deux fois, PEACE OFFERING (Ghio 72) et NEW MOON (N. Sexton 68 – DM 73) sont là pour en témoigner. Mais on trouve aussi le rose de SHOW TIME (Ghio 71) et d’YVONNE BURT (Blocher 70), le violet de SKYWATCH (Benson 64 – DM 70), l’ambre de TASTE OF HONEY (Schreiner 66), l’orange de CHINESE CORAL (Fay 60), et le bleu tendre à barbes rouges d’ACTRESS (Keppel 76).

Le choix se resserre au niveau des 8eme de finale. Jaune, crème, vieil or, orange, sont les couleurs qui ressortent, avec CREAM TAFFETA (Rudolph 70), deux fois, CRYSTAL DAWN (Rudolph 75), WEST COAST (Knopf 68), RADIANT LIGHT (Fay 63). On ne voit pas où l’on va, mais les choses vont se préciser en quart de finale. Il reste alors huit variétés en course et on peut citer leurs noms : CARVED CAMEO (Rudolph 72), pétales rose chair sur sépales ivoire, présent par deux fois ; SATIN GLASS (Blocher 77), bleu lavande ; SOAP OPERA (Ghio 82), chamois sur mauve liseré chamois ; OLD FLAME (Ghio 75), blanc liseré crème ; ENTOURAGE (Ghio 75), vieux rose. Les autres sont des semis non dénommés. En demi-finale il ne reste plus que CLASSICO (Gartman 84) issu de CARVED CAMEO X SATIN GLASS, iris crème rosé uni ; un semis de SOAP OPERA ; CREME DE CREME (Ghio 78), iris crème, issu de OLD FLAME croisé avec un semis ambré de HI-TOP (Knocke 71), lui même provenant de TASTE OF HONEY ; SMOOTH TALK (Gartman 82), abricot léger, issu de CARVED CAMEO X ENTOURAGE. Les deux premiers cités ont donné naissance à CRITIC’S CHOICE (Gartman 88), qui est jaune à cœur blanc. Les deux autres ont engendré STATUS SEEKER (Gartman 82), un rose corail pâle uni. Nous voilà en finale. Le résultat est donc JE T’AIME (Gartman 94) dont on peut dire qu’il tient ses traits avant tout de sa « mère », dont on retrouve le rose-abricot autour des barbes, mais dont la forme de la fleur est plutôt héritée de CRITIC’S CHOICE, tout à fait remarquable sur ce point. On peut peut-être s’étonner du coloris général blanc alors que cette couleur n’apparaît que chez OLD FLAME, à la troisième génération, et, encore, influencé de jaune. Mais n’oublions pas que tout à fait à l’origine il y a les meilleurs blancs qui ont pour noms SNOW FLURRY, NEW SNOW ou HENRY SHAW…

Tel qu’il est, JE T’AIME est un iris bien joli, au pedigree flatteur, qui apporte à ceux qui peuvent l’admirer chaque printemps, tout l’éclat que l’on attend d’un iris blanc : un de ceux dont on se dit, en voyant la fleur se faner et s’effondrer sur elle-même, « Quel dommage ! »

19.2.04

L’ENIGME DE LA SEMAINE


L’AFRIQUE

Les caractéristiques d’une de ces cinq variétés ne correspondent pas à celles des quatre autres. Laquelle ?

· AFRICAN QUEEN
· ETHIOP’S QUEEN
· NIGERIAN RASPBERRY
· SWAZI PRINCESS
· VICTORIA FALLS

RÉPONSE À L’ÉNIGME DE LA SEMAINE DERNIÈRE

ORIENT EXPRESS est le nom d’un train européen fameux. Les autres noms ont une connotation véritablement orientale.




MARY DUNN

Ci-dessus, je parlais d’une des grandes dames des iris de la fin du dernier siècle, Opal L. Brown ; aujourd’hui j’évoquerai une autre des ces célèbres obtentrices, dont le nom est connu du monde entier, et dont nos jardins recèlent bien des œuvres. Elle s’appelait Mary Dunn. Elle est décédée en 1997, à 67 ans.

C’est en 1957, après son mariage avec Robert Dunn, qu’elle a commencé à s’adonner à l’hybridation, se faisant rapidement un nom dans le microcosme des iris. Encouragée par Carl Quadros, elle s’est mise à cultiver toutes sortes d’iris, se consacrant en particulier aux grands iris barbus et aux iris de Louisiane. Elle est sans doute plus connue chez nous pour ses TB, mais ce sont les iris de Louisiane qui lui ont apporté les plus belles récompenses. Par deux fois des cultivars issus de ses semis ont enlevé la Debaillon Medal, la plus haute récompense pour ce type de plante : RHETT, l’a emporté en 1991 (et c’est bien qu’un iris faisant allusion au célèbre « Autant en emporte le vent » ait ainsi été mis au premier plan) ; en 1992, ce fut au tour de BAJAZZO d’être pareillement couronné. Du côté des grands iris, c’est le joli CITY LIGHTS (91) qui, en 1997, a tutoyé la Wister Medal : il en faut souvent peu pour qu’une variété rate la plus haute marche d’un podium.

En quarante ans Mary Dunn a donné au monde des iris un grand choix de variétés méritantes, dont un certain nombre de valeureux plicatas. Pour n’en citer que quelques-uns, commercialisés et appréciés chez nous, parlons de HIGH FALUTIN (84), d’un joli lilas rosé, MOMENTUM (86), plicata indigo, fils de SPINNING WHEEL auquel il ressemble, CRUZIN (87), indigo marbré de blanc, ROYALIST (87), bitone violet, descendant de MYSTIQUE, DIVINE (88), lavande et prune, cousin du précédent, PATTERNS (88), superbe plicata prune, OBA-OBA (92), plicata magenta. Pour terminer il faut aussi parler de ZANY (88), blanc barbouillé d’indigo, une autre approche du type « broken colors ».

Mary Dunn, morte bien trop tôt, a laissé un grand vide dans le cœur de ses amis. Mais ceux-ci ne l’ont pas oubliée : en 2002 Joë Ghio a encore enregistré six iris de Louisiane qu’elle avait sélectionné. Par delà la tombe, elle est encore parmi nous.
OPAL LOUISE BROWN

Au cours du dernier demi-siècle, qui fut peut-être l’âge d’or de l’hybridation des iris, quelques dames se sont particulièrement distinguées. J’ai déjà parlé de Melba Hamblen, aujourd’hui mon propos ira à Opal Brown, qui nous a quittés à 84 ans, en 1998.

Quand on lui demandait pourquoi elle avait choisi d’hybrider des iris, elle répondait : « J’ai juste voulu essayer ». Et elle avait effectivement essayé dès la fin des années 40, à Marysville, dans l’Etat de Washington où elle s’était installée après son mariage en 1936. Elle y a tellement pris goût qu’elle est allée ouvrir une pépinière d’iris, Sunnyhill Gardens, à Walla-Walla, au cœur des Montagnes Rocheuses, en 1948. Par la suite elle a transféré son exploitation plus au sud, à Milton Freewater, dans l’Etat d’Oregon, où elle s’installa en 1970.

Sa carrière d’obtentrice avait commencé par un coup d’éclat : la première variété qu’elle a enregistrée, ALTAR LIGHT (54) a d’emblée obtenu le Premio Firenze (l’ancêtre du Fiorino d’Oro que nous connaissons aujourd’hui) en 1956 ! Ce fut le point de départ d’une longue et fructueuse carrière d’hybrideur (peut-on dire d’hybridrice ou d’hybrideuse ?) qui s’est prolongée post mortem puisque Paul Black enregistrait encore en 2002 des variétés obtenues par elle. Au delà de ses quatorze Awards of Merit et de ses 90 Honorable Mentions, ses iris ont été plusieurs fois honorés au plus haut niveau. WINTER OLYMPICS (63) a décroché la Dykes Medal en 1967, alors que deux ans plus tôt son iris de bordure BAYADERE (62) avait été récompensé de la Knowlton Medal. Par la suite BLUE LUSTER (73), puis QUEEN OF HEARTS (74) ont été l’un et l’autre à deux doigts de recevoir à leur tour la DM. BLUE LUSTER a reçu des amateurs un accueil chaleureux et s’est tenu pendant vingt ans parmi les cent iris préférés des Américains. Enfin notons que ROSE CARESS (77) a été spécialement apprécié en Grande Bretagne où il a obtenu une récompense de la Royal Horticultural Society et de la British Iris Society.

En France les variétés signées O. Brown les plus appréciées sont peut-être PIPES OF PAN (63), très recherché par les hybrideurs des années 70, BARCELONA (67), brillant bicolore, fils du précédent, BUFFY (69), FAITH AS THIS (70), BOLD ACCENT (78), le jaune BIG DIPPER (81), et le rose MING ROSE (84), tandis que GENIALITY (81), splendide mauve lilas très frisé, a connu une certaine gloire comme géniteur d’iris aux pétales bordés de dentelle.

Il n’est pas donné à tout le monde de se tenir au premier rang pendant une cinquantaine d’années. Cela n’arrive qu’aux meilleurs et on peut dire qu’Opal Brown faisait bien partie de cette élite.

14.2.04

L’ENIGME DE LA SEMAINE

VERS L’ORIENT

Parmi les cinq noms de variétés ci-dessous, il en est un qui ne fait pas allusion à la même chose que les quatre autres. Laquelle ?

· ARABI PASHA
· ARABIAN TAPESTRY
· MOROCCO
· ORIENT EXPRESS
· SULTAN’S PALACE

RÉPONSE À L’ÉNIGME DE LA SEMAINE DERNIÈRE

TOUCHÉ est un iris bicolore rose et mauve. Les autres variétés sont des « selfs ».




ÇA, C’EST PARIS !

La ville de Paris est, aux yeux des étrangers, associé aux idées de plaisir, de luxe et de fantaisie. Il n’est donc pas étonnant que les obtenteurs d’iris, américains et australiens, aient souvent choisi pour leurs variétés des noms où figure le mot « Paris ». J’ai donc fait un petit voyage dans ce Paris des iris, un voyage gai et froufroutant, comme il se doit.

Visiblement l’obtenteur australien Barry Blyth est particulièrement inspiré par la ville lumière et les petites femmes de Paris. PARIS KISS (Blyth B. 84) est sa première évocation de notre capitale. Ce baiser parisien est d’un rose très léger, avec barbes blanches. La fleur est toute douceur et tendresse. L’aventure parisienne se poursuit avec LETTER FROM PARIS (Blyth B. 97). C’est une lettre doucement parfumée, reçue à Melbourne ; une lettre rose dragée, pointée de blanc qui semble remémorer une amourette de vacances attendrissante et un peu nostalgique. Une suite à l’aventure précédente ? COME TO PARIS (Blyth B. 98) paraît bien être une invitation à aller plus loin, si affinités. Une invitation en bleu lavande et blanc, à peine teinté d’abricot, bref une garantie de bonheur !

Blanc avec une pointe de bleu, c’est comme ça que James McWhirter a vu CITY OF PARIS (94). Il n’est pas le seul à donner à Paris une teinte bleu pastel. Robert Dunn, avec PARIS BLUES (90), a fait de même, tandis que chez Schreiner, le bleu est un peu plus vif pour PARISIAN BLUE (64). Clifford Benson, lui qui était autant musicien qu’amateur d’iris, n’était pas loin de voir Paris du même œil : PARIS OPERA (69) est une variété mauve tendre. Le mauve, au plutôt le lilas rosé, est également présent dans l’amoena inversé PARIS FASHION (Keppel 2003). Mais on revient au rose, une couleur décidément bien parisienne, avec APRIL IN PARIS (Vernon Wood 92), un des plus beaux roses de ce spécialiste. Rose encore, mais teinté d’amarante, pour PARIS ORIGINAL (Ghio 81), une fleur toute tourmentée comme un chagrin d’amour.

Pour Neva Sexton, le soir de Paris est d’un ton grenat, du moins dans la fleur de EVENING IN PARIS (76) ; d’ailleurs c’est aussi de cette couleur que les Schreiner le voient puisque c’est la parure de leur PARIS LIGHTS (72).

Et les Français ? Comment voient-ils leur capitale lorsqu’ils lui consacrent un iris ? Les avis sont très partagés ! Anfosso penche pour le rose tendre avec son PARIS-PARIS (95), une de ses dernières créations, délicieusement dentelée, tandis que Richard Cayeux pense davantage aux Champs-Élysées et au 14 juillet puisque son PARISIEN (94) fait partie de sa série bleu blanc rouge, tout comme le très chauvin VIVE LA FRANCE (91).

Ainsi Paris, c’est d’abord les bouillonnés de dentelle rose et les lilas du mois de mai (ou d’avril !), avant de prendre la cocarde tricolore pour emblème ! Et vous, mes lecteurs, comment voyez-vous votre Paris ?

5.2.04

L’ENIGME DE LA SEMAINE

LES CINQ SENS

Les caractéristiques d’une de ces cinq variétés ne correspondent pas à celles des quatre autres. Laquelle ?

· HILLTOP VIEW
· SCENTED NUTMEG
· SILENCE
· TASTE OF HONEY
· TOUCHÉ

RÉPONSE À L’ÉNIGME DE LA SEMAINE DERNIÈRE

FALL OF EAGLES ne fait pas allusion à une saison, mais à, littéralement :la chute des aigles.




HAÏKU

Le haïku est un genre poétique japonais, très apprécié, et qui répond à des règles rigoureuses, comme, par exemple, d’être composé de trois vers, courts, exprimant une image, un sentiment qui émeut ou surprend. Voici un authentique haïku japonais, que Clarence Mahan a traduit et publié dans le bulletin de l’AIS. Il affirme que s’il nous paraît un peu choquant, c’est par un reste de pudibonderie victorienne. J’en ai fait l’adaptation française.

Le merle effrayé qui s’envole
Et le bel iris bleu
Éclaboussé de fiente blanche.

Serait-ce ce qui est arrivé au fameux BATIK ?
BATEAU IVRE
Ou comment l’iris devint gris

Je l’ai déjà dit : les iris gris sont rares. Ils n’ont pas vraiment déchaîné l’enthousiasme des obtenteurs jusqu’à maintenant. S’il en est qui ont été sélectionnés, c’est plutôt par le fait d’un hasard que celui d’une recherche systématique. Cependant il est des croisements dont il n’est pas extravagant d’imaginer qu’ils peuvent donner des rejetons gris. Prenons le cas de BATEAU IVRE (Anfosso 82).

Les parents de cette variétés sont, côté femelle, TOUCHÉ (M. Hamblen 66), et côté mâle GYPSY PRINCE (M. Hamblen 74). Le premier est un bicolore rose et mauve à barbes oranges, le second un variegata moutarde et indigo, aux sépales cernés de brun. Le ton bleu-gris de BATEAU IVRE est en fait une combinaison des couleurs de ses deux parents. Ses pétales sont d’un gris rosé qui rassemble les influences du rose de TOUCHÉ et du jaune fumé de GYPSY PRINCE. Ses sépales ont une dominante mauve grisé, une flamme bleu-indigo descend des barbes vers le bord ; Elle a la teinte du cœur des sépales de GYPSY PRINCE. L’ensemble fait effectivement très gris, sans tristesse du fait de la flamme plutôt vive.

La teinte grise résulte d’une superposition de pigments : le pigment jaune, et rose, soluble dans l’huile qui est installé dans les cellules, et le pigment bleu, et violet, qui imprègne le liquide interstitiel. Le reste est une question de dosage : quand le jaune s’estompe, le bleu domine ; quand le bleu est rare, le jaune (ou le rose) prend le dessus ; il arrive qu’ils fassent match nul, ou presque. C’est pourquoi il faut une forte dose de chance pour que le résultat final soit d’un beau gris à peu près uniforme.

Les deux parents de BATEAU IVRE ont beaucoup de points communs. On peut même dire qu’ils sont cousins. En effet GYPSY PRINCE est issu d’un frère de semis de TOUCHÉ et du célèbre CAMBODIA (Babson 63) qui est un iris aux couleurs fortement assombries : bronze pour les pétales, jaune-vert olive pour les sépales avec une tache violette au cœur. Ce CAMBODIA a eu de nombreux descendants sombres eux aussi, comme l’autre gris GHOST STORY (Ghio 75), SAND AND SEA (Jones 74), bronze et bleu, VALVERDE (Plough 76), tilleul avec spot bleu, ou SANSEVERINA (Anfosso 81), très voisin de GYPSY PRINCE, dont il est très proche cousin. J’ai déjà parlé de TOUCHÉ dans une chronique consacrée au bicolore ADVENTURESS. Je disais : « TOUCHÉ est décrit comme ayant des pétales roses, infus de bleu-violet, des sépales bleu-violet, et des barbes mandarines » et j’ajoutais que « les pétales ont un reflet fumé et qu’un film bleu drape le centre des sépales. » Dans cette description, le gris n’est pas loin ! Dans ses ascendants TOUCHÉ compte, outre le bicolore LILAC CHAMPAGNE (Hamblen 65), tout ce qu’il y a de mieux parmi les iris de base des variétés modernes : WHOLE CLOTH, RIPPLING WATERS, MELODRAMA, PALOMINO, GREAT LAKES, HELEN McGREGOR… Lui-même et ses descendants ont cette qualité de fleur qui dénote une noble origine, même si, chez moi, BATEAU IVRE s’est toujours montré extrêmement capricieux dans sa floraison.

A ma connaissance, BATEAU IVRE n’a pas eu une longue descendance (toujours le peu d’intérêt des obtenteurs pour le gris !). La famille Anfosso l’a croisé avec MISTY DAWN (Hamblen 72), un autre bicolore rose et violet issu de LILAC CHAMPAGNE et WHOLE CLOTH, et en a obtenu trois variétés intéressantes, toutes trois très originales : le superbe CITOYEN (89), CARAMEL (85) et OPIUM (84). A noter que les descendants connus de CITOYEN n’ont pas récupéré la couleur grise mais ont privilégié le côté jaune de la fleur ; quant à OPIUM, il a essentiellement été utilisé par Lawrence Ransom, mais seul OLOROSO (2000) a quelque peu retrouvé les effets fumés de son aïeul. Le gris n’est décidément pas une couleur facile ! Et, contrairement à ce qu’on pourrait penser, le fait d’être « ivre » ne prédispose pas forcément à devenir « gris » !