30.8.13

« ROUGE »

ROGUE 


(Joseph Ghio, R. 1994) Sdlg. 88-60-O. TB, 38" (97 cm), ML Unicolore rouge brique, épaules plus sombres ; barbes brique-mandarine. Caracas X 85-209-V2: ((((Cream Taffeta x (Ponderosa x New Moon)) x 76-37F: (Ballet in Orange x 73-122Z)) x (Blaze of Fire x 76-37F)) x ((((Flareup x 73-122Z: (Hi Top x ((Ponderosa x Travel On) x Peace Offering))) x 76-37F) x (Preface sib x (Old Flame x Pink Angel))) x (((Malaysia x Carolina Honey) x 73-122Z) x Toastmaster))).

Pour terminer ce long voyage au pays des iris rouges, revenons au travail de Joë Ghio, avec une variété dans les tons clairs mais nettement rouge cependant. Le pedigree est typique de cette « merveilleuse salade » propre à ce grand maître de l’hybridation.

TRICOLORES INVERSÉS

Dans une chronique de 2008, faisant suite elle-même à une autre de 2003, il était question de la descendance de ‘Fogbound’ (Keppel, 1997). L’article de 2008 se terminait ainsi : « La famille de ‘Fogbound’ n’en est encore qu’à ses débuts. Mais dès maintenant on peut affirmer qu’elle sera une des plus importantes de toutes celles que l’on connaît. ‘Fogbound’ fait partie des plantes à placer au Panthéon des iris, et si un jour on voulait dresser la liste des variétés indispensables et inoubliables, il y aurait toute sa place. » Tout cela s’est largement confirmé au cours des années écoulées. La famille Fogbound est devenue immense. Rien qu’au premier rang, on comptait en 2011 la bagatelle de 105 descendants enregistrés ! Cette famille comporte des variétés de toutes les couleurs et associations de couleurs. Parmi celles-ci une mention spéciale doit être faite de l’association bleu, blanc, rouge, qui a fait les beaux jours de la maison Cayeux en France et de Keith Keppel aux Etats-Unis.

Cependant, avec ‘Fogbound’, il fallait s’attendre à une présentation différente des couleurs. On peut donc parler d’iris tricolores inversés.

 Le plus typique représentant actuel de ce modèle est sans doute ‘Shake It Up’ (P. Black, 2011). La description originale de cette variété est la suivante :« S. ice blue-white flushed dark blue-violet at base to light blue-violet 1/2 of way out; style arms icy blue-white, violet stigmatic lip; F. white, green texture veined, few plum veins in throat; beards bright orange-red; pronounced musky fragrance. »   Autrement dit : Pétales bleu glacier imprégné de bleu-violet foncé à la base devenant plus clair à mi-distance du bord ; bras des styles bleu glacier, lèvres stigmatiques violet ; sépales blancs, veinés de vert, quelques veines prune dans la gorge ; barbes d’un brillant rouge orangé ; parfum musqué prononcé. » On est bien parvenu à l’association bleu, blanc, rouge recherchée.

Le pedigree de ce bel iris s’écrit ainsi : (Cool Confidence X Friendly Fire). C’est amusant et instructif de voir comment le chemin a été parcouru pour passer de ‘Fogbound’ à ‘Shake it up’.

‘Cool Confidence’ (P. Black, 2005) a pour parents un frère de semis de ‘Mountain View’ et ‘Fogbound’ lui-même. ‘Mountain View’ (P. Black, 2002) est un sosie de ‘Fogbound’ issu d’un croisement (Keeping Up Appearances X Taunt) qui associe deux iris roses aux sépales plus clairs (et plus roses) que les pétales. Le « sibling » utilisé pour l’obtention de ‘Cool Confidence’ ne devait pas être profondément différent de son frère (mais qui sait ?). Toujours est-il que ‘Cool Confidence’ est une approche intéressante de l’association recherchée. L’autre parent est donc ‘Friendly Fire’ (Keppel, 2002). De ce côté, il faut, comme on dit, avoir fait des études pour analyser le pedigree ! Qu’on en juge :((Spring Shower x ((Florida Orange x (Flashpoint x (((sib to Punkin pod parent, x Punkin pollen parent) x Orange Empire) x Orangerie))) x Bygone Era)) X Fogbound). Pour bien faire il faudrait ajouter le détail des parents de ‘Punkin’ soit une bonne dizaine de variétés différentes dont certaines apparaissant plusieurs fois, d’un côté comme de l’autre ! Contentons-nous de remarquer qu’il y a là une nette prédominance de variétés de coloris orange. Pourtant les gènes de ‘Fogbound’ semblent avoir pris le dessus puisque le résultat est un iris aux pétales bleus au-dessus de sépales blancs à peine bleutés à l’ouverture, avec une barbe mandarine dont l’approfondissement provient du côté ‘Punkin’. On est là-aussi nettement sur la voie du bleu, blanc, rouge inversé.

De façon très classique, Paul Black, pour obtenir son ‘Shake It Up’ a pratiqué l’endogamie en croisant deux variétés, déjà très réussies, en bleu, blanc, orange, de manière à additionner les caractères de l’une et de l’autre. Le résultat est proche de la perfection. Il ne reste plus qu’à obtenir un peu plus de concentration de la couleur bleue des pétales. Nous verrons ce que cela donnera à la prochaine génération.

Illustrations :

· ‘Shake It Up

· ‘Mountain View’

· ‘Cool Confidence’

· ‘Friendly Fire’

24.8.13

Palmarès américain 2013

Les premiers résultats communiqués n’étaient pas tout à fait exacts. Voici le palmarès officiel :

· Dykes Medal 












 o That’s All Folks (Maryott 2002) 
     · Dividing Line (Bunnell, 2004) MTB 
     · Gypsy Lord (Keppel, 2005) 

 Commentaires : Ce qui caractérise le mieux ce palmarès, c’est l’expression bien connue des sportifs : « retour aux fondamentaux ». La note d’originalité c’est la place avantageuse de ’Dividing Line’ , une gracieuses variété toute simple, qui n’a raté la plus haute marche du podium que de deux points ! ‘Gypsy Lord’ est en embuscade pour une éventuelle DM en 2014. Le couronnement de Bill Maryott consacre un obtenteur qui s’est fait connaître dès 1980 (‘Bengal Tiger’) ; réputation confirmée en 1989 (‘Pure as Gold’), mais qui depuis 2004 s’est tourné exclusivement vers les hémérocalles. 

 · Wister Medal (TB) 











o Absolute Treasure (Tasco, 2005) 
o Elizabethan Age (Baumunk, 2005) 
o Ink Patterns (T. Johnson, 2007) 

Commentaires : Le meilleur grand iris de l’année est, comme l’indique son nom, une pure merveille. Cette fois la note d’originalité provient de ‘Elizabethan Age’, un remarquable luminata. 

· Knowlton Medal (BB) 


 o Bundle of Love (Black, 2007) 

Commentaires : La victoire de ‘Bundle of Love’ est celle de cette nouvelle famille d’iris inventée par Paul Black, avec ses touffes abondantes de fleurs adaptées aux petits jardins. 

· Sass Medal (IB) 

o Rimaround (Aitken, 2007)

· Cook-Douglas Medal (SDB) 

o Wish Upon a Star (Black, 2006) 

Commentaires : Il n’y a pas besoin d’être prophète pour prédire tous les triomphes à cette variété délicieuse. 

· Carpane Welch (MDB) 

o Trimmed Velvet (D. Spoon, 2006) 

· Williamson-White Medal (MTB) 


o Peebee and Jay (Schmieder, 2005) 

· Walther Cup (meilleur espoir) 











 o Judy, Judy, Judy (Hollingworh 2004) (Sib) 
     · Engagement Ring (Ghio, 2010) TB 
     · Soleil (M. Smith, 2010) IB 

Commentaires : Les photos du vainqueur de l’année ne sont pas très nombreuses et je n’en ai pas trouvé de suffisamment réussie. Ce n’est pas la première fois qu’un iris de Sibérie se classe en tête des HM. Mais cette catégorie d’iris, peu représentée, aura du mal à aller plus loin dans la course générale aux honneurs. 

 Au niveau des Awards of Merit, Keith Keppel domine ses concurrents avec cinq variétés classées (auxquelles il faut ajouter une variété signée Blyth). Le duo Black et Johnson se place juste derrière (cinq variétés à eux deux). Le franc-tireur Burseen place trois de ses iris différents ; Terry Aitken enregistre un beau succès avec deux variétés , tandis que la vieille maison Schreiner réapparaît dans ce classement grâce à deux de ses récents iris.

ECHOS DU MONDE DES IRIS

www.promessedefleurs.com 

Je viens de recevoir le catalogue Schryve (Promesse de Fleurs), et je me suis rendu sur le site correspondant. Une nouvelle fois je dois vanter les qualités de cette maison généraliste dont j’apprécie le sérieux. Ne serait-ce que pour son petit choix d’iris. Il n’y en a que 14 sur le catalogue papier, mais 50 sur le site. Ce sont tous sont des plantes de qualité, souvent récentes, issues des meilleurs obtenteurs du moment. Donc pas de ces vieilleries à l’origine douteuse que l’on trouve dans le commun des jardineries.

 Grosso modo les prix sont identiques à ceux des catalogues spécialisés.

Une entreprise qui fat honneur à son métier.

Illustrations :

· TB ‘Striking’ (Joyce Meek, 1991)

· IB ‘Donegal’ (Keith Keppel, 1996)

« ROUGE »

CARDINAL IN FLIGHT

 (W. Schortman, R. 1978) Sdlg. 76-16A. TB, 34" (86 cm), M

 Unicolore ondulé, rouge pourpré (59A) ; barbe brune. Apollo Red X Seeing Red.

Jolie description de cet iris par Ben Hager dans le livre de photos de Josh Westrich « L’Iris » : « Image ressurgie de la mémoire, vision clignotante : point rouge entraperçu dans l’obscurité des grands bois ; puis un flamboiement, tache d’un rouge plus intense, tandis qu’un furtif rayon de soleil perce à travers les feuillages avant de disparaître à nouveau dans la pénombre. Souvenir : il a bien fallu que ce fut un souvenir, puisqu’il n’y a pas de cardinaux dans les bois de Californie, où cette fleur naquit. Qu’il est doux cependant, qu’enfouis dans notre mémoire sommeillent des souvenirs aussi charmants que cet avenant iris au pourpre romain. »

GEORGE SUTTON

La petite ville de Porterville, située tout au centre de la Californie, dans la fameuse vallée de San Joaquin, est connue depuis longtemps pour les pépinières d’iris qui s’y sont développées. Dans les années 1960/70, c’est Jim Gibson, le maître des plicatas, qui l’a rendue célèbre, par la suite George Sutton s’y est installé et y a fait prospérer une des meilleures pépinières d’iris des Etats-Unis, à côté d’une activité soutenue d’hybrideur.
 Après une longue maladie, c’est là qu’il est décédé à la fin de mai 2013, à l’âge de 80 ans. Sa mort est survenue seulement quelques semaines après celle de son épouse Margaret. Pour leur fils, Michael, qui a pris la succession, les épreuves se sont donc accumulées…

Les Sutton s’étaient installés à Porterville en 1988. Ils arrivaient de Ukiah, petit patelin situé bien plus au nord, dans le pays des vignes et des séquoias, où ils avaient commencé la culture des iris, plutôt comme un hobby que comme activité commerciale. Car à l’époque George Sutton, natif du New-Jersey, venu très jeune s’installer en Californie, exerçait la profession d’orthophoniste, après avoir servi dans l’US Air Force pendant la guerre de Corée, et se dévouait comme maître-nageur au club local de natation. George avait acheté en 1970 quelques plantes, et, peu à peu, avait accru sa collection – c’est un processus commun à bien des amateurs d’iris -. Dès 1983 il avait abandonné son travail d’orthophoniste et fait de sa passion son métier. Il s’est rapidement fait connaître dans le monde des iris, et son installation à Porterville était la conséquence de l’extension de ses affaires.

Peu a peu la famille (père, mère et fils) a agrandi son domaine, le portant à environ 100 acres (soit 40 hectares) et y développant une pépinière d’iris dont la renommée s’est vite étendue bien au-delà des frontières américaines. Ceux qui ont passé commande à cette entreprise on pu constater la qualité des produits et la générosité des « bonus ».

George Sutton n’était, cependant, pas seulement un producteur apprécié. De 1988 à sa mort il a enregistré près de 350 variétés nouvelles, ce qui en fait un des obtenteurs les plus prolifiques. Dans cette impressionnante production on trouve une majorité de TB, mais aussi des iris de toutes les autres catégories, et ce sont sans doute les AB qui lui ont apporté le plus de satisfaction.

Une remarque s’impose néanmoins tout de suite quand on examine la liste des obtentions de George Sutton : les récompenses majeures y sont très rares et sans commune mesure avec l’étendue de la production. Un peu comme ce fut le cas pour Richard Ernst, on peut se demander pour quelles raisons les juges américains se sont montrés aussi sévères, d’autant que les variétés cultivées en France semble répondre à tous les critères d’excellence qu’on peut leur opposer. S’agit-il d’une réticence à noter des iris remontants (G. Sutton en était un spécialiste) ? Est-ce pour signaler que ces iris manquent un peu d’originalité ? Toujours est-il que seulement quatre variétés ont atteint le stade des AM : ‘Bugles and Horns’ (1997), blanc pur, ‘Circus Circus’ (1996), plicata bleu, ‘Bye Bye Blues’ (1996), bleu glycine à éperons, vainqueur du concours FRANCIRIS 2005, et ‘Devonshire Cream’ (1999), le plus réussi, en blanc crémeux. Quelques autres variétés auraient mérité un peu plus de considération : ‘Blue Fin’ (1997), ‘Lord of the Night’ (2005), ‘Westpointer’ (2001) ou ‘Wing Commander’ (1998) notamment.

Le monde des iris peut se montrer ingrat. Néanmoins George Sutton conservera sa place parmi les meilleurs obtenteurs de son époque.

Illustrations : 


· ‘Devonshire Cream’ 


· ‘Lord of the Night’ 


· ‘Westpointer’ 


· ‘Wing Gommander’

16.8.13

« ROUGE »

NEW CENTURION

(Schreiner, R. 1993)
 Sdlg. W 861-1. TB, 39" (99 cm), EM
Rouge carmin doux (RHS 46A) ; barbes bronze. Cayenne Pepper X Distant Fire.

Utilisant la même technique – mais avec des parents différents – la grande firme Schreiner est arrivée à un résultat analogue à celui de G. Madoré présenté la semaine dernière.

Un des iris les plus rouges de tous les temps.

ECHOS DU MONDE DES IRIS

FRANCIRIS ® 2015

 La SFIB est en mesure d’annoncer que le concours FRANCIRIS ® 2015 est en route. C’est une excellente nouvelle pour tous les irisariens de France et même d’Europe puisque dans le même temps le concours de Florence reste suspendu. La compétition réunira 113 variétés d’iris, provenant de 31 obtenteurs de 10 nationalités. Il y a en lice neuf obtenteurs français, dont plusieurs tout jeunes hybrideurs, onze Américains, trois Italiens, deux Polonais, un Allemand, un Australien, un Russe, un Slovaque, un Slovène et un Tchèque.

Après le fiasco du concours de 2013, il est encourageant qu’autant d’obtenteurs aient accepté de tenter de nouveau l’expérience française.

Palmarès 2013 

 L’Ais n’est pressée de diffuser le palmarès de 2013. Les seuls résultats connus à l’heure actuelle ne proviennent pas de sources officielles.

· Dykes Medal = ‘That’s all Folks’ (Marryott, 2004)
· Runners up :
‘Gypsy Lord’ (Keppel, 2005)
‘Kathy Chilton’ (Kerr, 2005)
‘Chief John Jolly’ (Parkhill, 2002)

· Wister Medal = ‘Absolute Treasure’ (Tasco, 2006)

C’est tout pour l’instant ! On en reparlera sans doute la semaine prochaine.

IDENTITÉS REMARQUABLES

Ce n’est pas la première fois qu’il est question ici des noms donnés aux iris. Il y a quelques semaines est paru une chronique sur les dédicaces, et cinq autres chroniques publiées entre avril 2002 et avril 2011 évoquent ce problème. Cette fois c’est l’évolution des noms attribués qui va être étudiée.

L’attribution de noms aux variétés d’iris est aussi ancienne que l’hybridation elle-même : il fallait bien identifier toutes ces plantes que les pionniers sélectionnaient et mettaient en vente. Ils leur ont tout d’abord donné des noms calqués sur la nomenclature latine, façon Linné, ce qui a donné les ‘Buriensis’ ou ‘Jacquesiana’ dont certains possesseurs existent encore. Mais très vite cette pratique a du être abandonnée car elle créait une confusion fâcheuse avec les espèces nouvelles que les explorateurs rapportaient des quatre coins du monde. Il a fallu inventer quelque chose d’autre.

Les obtenteurs de la fin du XIXeme siècle on donc donné des noms de fantaisie, courts, en général, parce que la simplicité est naturelle quand on a l’embarras du choix. C’est ainsi qu’on trouve – toujours – ‘Edina’ (Lemon, 1840) ou ‘Perfection’ (Barr, 1880). Très vite est apparue l’idée de la dédicace, destinée à honorer une personne éminente ou, plus simplement, aimée de l’obtenteur. ‘Madame Chéreau’ (Lemon, 1844) est une des premières d’un genre qui sera rapidement en usage partout dans le monde. ‘Madame Louesse’ (Verdier, 1860) est un autre exemple. L’Anglais Foster a été un grand utilisateur de ce genre de nom. On lui doit ‘Mrs. George Darwin’ (1898), ‘Lady Foster’ (1909), ‘Mrs. Alan Gray’ (1909), ‘Miss Wilmott’ (1910)… et plusieurs autres. Cette pratique n’a jamais cessé et si aujourd’hui on a abandonné les formes solennelles, on continue abondamment de dédicacer.

Peu à peu les noms vont perdre leur simplicité d’origine. C’est la conséquence normale de la multiplication des nouvelles variétés. En 1904 on a ‘Oriflamme’ (Vilmorin), en 1905 apparaît ‘Nuée d’Orage’ (Verdier), en 1912 c‘est ‘Demi-Deuil’ (Denis), mais il s’agit d’une pratique qui restera longtemps exceptionnelle car encore au milieu des années 1920 la plupart des noms ne comportent encore qu’un seul mot, si l’on fait abstraction des inénarrables ‘Souvenir de Madame Gaudicheau’ (Millet, 1914) et ‘Souvenir de Laetitia Michaud’ (Millet, 1923). Ce n’est qu’à partir des années 1950 que la pratique des noms composés de deux mots se développe. Il y en a de plus en plus, mais c’est encore suffisant car la langue anglaise, dans laquelle la plupart des noms sont exprimés, réussit à dire beaucoup de choses avec seulement deux mots, ce que permet plus malaisément le français qui a besoin de prépositions. A partir de 1957 les noms de deux mots deviennent majoritaires.

Les noms de trois mots ne font leur apparition qu’au début des années 1970. L’un des premiers grands iris dans ce cas est ‘Words of Love’ (Williamson, 1971). Cette configuration reste cependant exceptionnelle : on n’en trouve qu’un ou deux exemplaires par an. Et la situation n’évolue guère au cours des années 1970 et 1980 où le nom le plus long semble être celui de ‘Schortman’s Garnet Ruffles’ (Schortman, 1981). ‘Honky Tonk Blues’ (Schreiner, 1988) fait encore figure d’exception ! Il est vrai que la combinaison de deux mots offre d’innombrables possibilités, même si on commence à rencontrer dans les Check-Lists des noms en russe, en allemand et en italien. La première année où les noms de trois mots commencent à compter est 1989. leur nombre va croissant mais ne prend pas véritablement d’extension jusqu’au début du XXIeme siècle. 2004 est une année où se montre avec évidence la mondialisation des iris. Ainsi on trouve dans les R & I des noms de trois mots en anglais (ou américain) comme l’étrange ‘Finnigan’s Finagling Factor’ (Stetson, 2004) ; en français : ‘Toile de Jouy’ (Cayeux, 2004); en allemand : ‘Bernhard und Günter’ (Landgraf, 2004) ; en ukrainien : ‘Bal Rozluchenykh Sardats’ (Khorosh, 2004); et même en espagnol : ‘Espontaneo yo Tambien’ (Murati 2004).

Les noms de quatre mots, nouvellement autorisés, apparaissent en 2003, chez Richard Cayeux : ‘Château d’Auvers sur Oise’ ; ils vont vite se multiplier et on en compte déjà sept au moins en 2006 : ‘Among Deep Purple Shades’ (Loktev, 2006), ‘Come Go with Me’ (Lauer, 2006)… Peu à peu ils s’installent et on arrive à constituer de vrai petites phrases comme ‘While Guitar Gently Weeps’ (Loktev, 2009). Les plus ardents utilisateurs de ces formules sont, curieusement, les Américains eux-même (‘Little Bit of Heaven’, Sutton C., 2006), alors que leur langue est déjà très expressive avec seulement deux mots.

L’allongement des noms est certainement inévitable. Cependant la combinaison de deux mots a encore de beaux jours devant elle. A mes yeux elle reste la façon la plus sobre de donner à un iris une identité remarquable.

Illustrations :

· ‘Perfection’

· ‘Finnigan’s Finagling Factor’

· ‘Bal Rozluchenykh Sardats’

· ‘While Guitar Gently Weeps’

13.8.13

ÇA Y EST !



Les dernières informations en ma possession attribuent la Dykes Medal de 2013 à 'That's All Folks'(Marryott, 2004).

 Plus de détails vendredi.

9.8.13

ECHOS DU MONDE DES IRIS

Non identifié 

Une conversation un peu vive s’est établie sur le forum de la SFIB, à propos d’une variété d’iris présente chez certains marchands, présente aussi dans la liste des iris français répertoriés sur le site, mais introuvable dans les documents officiels tenus depuis les années 1920 par l’AIS.

La personne qui a découvert cet iris s’étonne que personne ne puisse la renseigner précisément sur celui-ci. Pourtant c’est tout à fait normal !

 Il s’agit, apparemment, d’une variété obtenue dans les années 1930 (taille et forme de la fleur, répartition des couleurs…). Qu’elle soit encore en vente peut surprendre, surtout sans que cette origine lointaine soit signalée, ce qui peut laisser un acquéreur mal informé croire qu’il achète un iris contemporain… Mais quand on n’est pas plus regardant sur l’âge de la variété, on ne se préoccupe sans doute pas davantage de vérifier l ‘authenticité du nom qui lui est attribué sur le papier. Un commerçant sérieux doit assurer la traçabilité de ce qu’il vend ; en l’occurrence celui qui commercialise ce prétendu ‘Vallauris’ (puisque tel est le nom de cet inconnu) serait bien embarrassé si on lui demandait quelques informations sur son produit. Personne, apparemment, ne lui a posé cette question et la dénomination, comme l’existence officielle de la variété, n’a pas tracassé jusqu’à présent ses acquéreurs.

Dire que les spécialistes des iris ne connaissent pas grand chose à ce dont ils parlent est jugement plutôt hâtif. Car s’ils ne peuvent rien dire de sérieux sur ce produit c’est au contraire parce qu’il n’existe aucune source officielle où se renseigner.

 Cet incident démontre combien il est indispensable, si l’on veut commercialiser un iris, de l’enregistrer officiellement. Cette formalité lui attribue une fiche d’identification incontestable. S’affranchir de l’inscription dans les documents authentiques d’un iris que l’on vend est une décision qui engendre des confusions fâcheuses (plusieurs variétés pouvant porter le même nom) et dénote un certain manque d’égard pour le client, même si celui-ci ne se préoccupe pas forcément de l'identité exacte de ce qu'il achète.

« ROUGE »

LOCOAL 

(Gérard Madoré, R. 2007) Sdlg. 01-93. TB, 37" (95 cm), M Pétales et styles brun-rouge ; Sépales identiques, légèrement bruns dans la gorge ; barbes jaunes; léger parfum. Winemaster X Wild Thing.

Voici le travail d’un hybrideur amateur français qui, pratiquant comme un pro l’endogamie, a obtenu un iris rouge d’excellente qualité.

JEAN JACQUES FRANÇOIS

Un obtenteur français qui a eu de la chance 

Si les obtentions des hybrideurs amateurs laissent généralement les professionnels sur la réserve, c’est qu’elles sont souvent aussi décevantes que celles réalisées par les bourdons. Bien souvent l’amateur qui réalise des croisements procède à l’aveugle, par curiosité et pour son plaisir, sans réelles notions d’horticulture et sans rudiments de génétique. Sauf coup de chance exceptionnel il ne peut donc guère espérer voir un jour ses iris dans un catalogue. Ceci est vrai partout dans le monde, et pas seulement en France. On les compte donc sur une main, les obtenteurs français dont les cultivars ont été commercialisés ! Dans les années 80 la maison Cayeux a distribué une variété française, ‘Lucinou’, obtenue par un certain M. Brun en 1978. De nos jours Michelle Bersillon, qui a dépassé le stade de l’amateurisme pur, a placé certaines de ses obtentions aux Etats-Unis et en France, également chez Cayeux. Le docteur Jean Ségui, amateur éclairé et hybrideur semi-professionnel, a fait proposer ses obtentions par la pépinière familiale, « Iris de Thau ». Quant à Lawrence Ransom, auto-distributeur, on ne sait pas s’il doit être classé parmi les amateurs ou les professionnels. A part ça, dans les années récentes, seul J.J. François a pu trouver un distributeur : il a réussi à ce que ses iris soient multipliés et vendus par la Maison Bourdillon.

La liste de ses obtentions n’est cependant pas bien longue, seulement onze variétés enregistrées, la voici :

’Anne Marie Chesnais’ (Jean-Jacques François, R. 1998), variegata clair, issu de Edith Wolford X Ringo;
’Buc Arcades’ (Jean-Jacques François, R. 2000), bicolore lilas/grenat, Fort Apache X Soap Opera ;
‘Buc Barbe Bleue’ (Jean-Jacques François, R. 2002), bitone bleu-indigo, Jean Hoffmeister X Earl of Essex ;
’Buc Joyeux Anniversaire’ (Jean-Jacques François, R. 2002), bitone violet, Tomorrow's Child X Eternal Bliss ;
’Buc Papillon’ (Jean-Jacques François, R. 2000), autre variegata provenant de Beauty Crown X Good Fairy ;
’Buc Vaporeux’ (Jean-Jacques François, R. 2000), violet clair à barbes orange, Soap Opera X Vanity ; ’François Plonka’ (Jean-Jacques François, R. 1998), original en deux tons de pourpre, Superstition X Champagne Elegance ;
’Nicole Prud’homme’ (Jean-Jacques François par Michel Bourdillon, R. 2001), association peu courante de blanc et de rose abricot, Tomorrow's Child X Champagne Elegance ;
’Simone François’ (Jean-Jacques François, R. 2000), sorte d’amoena violet améthyste, Ringo X Perfect Interlude ;
’Tempête sur Versailles’ (Jean-Jacques François, R. 2000), bleu lavande et violet foncé, frère de semis de ‘Buc Joyeux Anniversaire’ ;
’Tiphaine François’ (Jean-Jacques François, R. 2000), très joli amoena à sépales bleu lavande, sûrement le plus réussi de la série, Jean Hoffmeister X inconnu.

S’ajoutent quelques variétés non enregistrées : ‘Buc en Fête’, violet améthyste, ‘Buc Rendez-vous Galant’, variegata dans les tons pastel, crème/lilas, ‘Jean Loutz’, jaune crémeux, un peu fade, frère de semis de ‘François Plonka’.

Pour obtenir ces iris, J.J. François a fait appel à un large choix d’excellentes variétés des années 70/80. C’était un gage de succès, et la famille Bourdillon doit être satisfaite de ces recrues puisqu'elles sont toujours en vente.

 La chance et le talent se sont unis pour que cet amateur éprouve la satisfaction de voir ses iris dans le commerce. Il a montré le chemin aux nombreux autres amateurs qui, poussés à tenter l’aventure par l’insistance de la SFIB sur ce sujet, rêvent aujourd’hui de suivre sa trace.

Nota : Le mot « Buc » fait référence à la petite ville de Buc, près de Versailles, où habitait J.J. François.

Illustrations : 


· ‘Anne Marie Chesnais’ 


· ‘Buc Arcades’ 


· ‘Nicole Prud’homme’ 


· ‘Tempête sur Versailles’

2.8.13

ECHOS DU MONDE DES IRIS

Toujours rien ? 

Nous voilà le 2 août et toujours pas d’informations dans la course aux honneurs de l’AIS pour 2013. Je ne me souviens pas que les résultats aient jamais été révélés si tard. Dès qu’il seront publiés, une édition spéciale de Irisenligne diffusera la nouvelle.

LA METHODE JEDLICKA

(ou comment réussir ses semis d’iris) 

L’hybrideur américain Leonard Jedlicka, qui demeure à Alliance, dans l’angle sud-ouest du Nebraska, et à plus de 1000 m. d’altitude, a, forcément, des problèmes de germination de ses iris, dans une contrée où il fait facilement –30° ou -40 pendant l’hiver. Avec l’aide d’un ingénieur agronome, il a mis au point une méthode originale de récolte et de semis des graines.

Alors que généralement on se satisfait d’un taux de germination – la première année – de 30 à 40 %, il affirme atteindre un taux de 80 % et plus !

Commençons par la récolte. Voici ce qu’écrit L. Jedlicka : « Je considère que le meilleur moyen pour obtenir la germination des graines d’iris est de récolter la capsule quand elle est en train de passer du vert au vert blanchâtre avant qu’elle ne devienne brune (ou tendant vers le brun). Si vous attendez que la capsule soit complètement brune et commence à se déchirer, c’est trop tard. Après récolte, la capsule est ouverte et les graines doivent être d’une couleur entre le blanc verdâtre et le brun clair. Elles doivent avoir la taille d’un pois ou d’un grain de maïs. »

Vient alors le traitement des graines. Il les met à tremper dans des pots pour aliments de bébé dans une solution à 3 % d’eau oxygénée diluée à raison de 98 % d’eau et de 2 % d’eau oxygénée, pendant 10 à 18 heures. Ceci pour détruire toute trace de moisissure sur les graines. Ensuite il les dépose sur des feuilles de chiffon de papier repliées pour en faire de petits paquets qu’il maintient humides. Ces paquets sont à leur tour placés dans des filtres en papier pour cafetière électrique, sur lesquels il note le numéro de semis. Il prend alors des boîtes en plastique dont le couvercle reste partiellement ouvert et au fond desquelles il place des linges humides. Les filtres à café sont ensuite déposés dans les boîtes, sur les linges. Le tout est alors mis dans le bac à légume d’un réfrigérateur (ou dans un vieux frigo maintenu frais mais qui ne gèle plus). Les graines doivent être maintenues humides mais non mouillées. Il leur faut aussi un peu d’oxygène, c’est pourquoi les couvercles des boîtes ne sont pas complètement fermés.

Le travail continue ! : « Si vous gardez ainsi les graines humides pendant environ cinq mois, elles vont germer dans le frigo. Au fur à mesure que les graines germent et dès que les plantules atteignent une hauteur de 1.5 cm, il faut les planter dans une terre maintenue humide en surface. » Il laisse les graines restantes dans leur emballage dans le frigo et enlève tous les 2 ou 3 jours les graines germées.

Avec cette méthode, L. Jedlicka assure qu’il obtient un taux de germination de 80 % dès la première année.

 Cela n’est pas tout simple, mais les amateurs audacieux peuvent essayer !

LA FLEUR DU MOIS

‘Sostenique’ (B. Blyth, 1975)

 Cette variété fait partie de ma première commande chez Iris en Provence, au début des années 80. Elle a donc forcément pour moi un caractère sentimentalement important.

Dans les enregistrements de l’AIS elle est ainsi décrite par Barry Blyth son obtenteur : « Pétales abricot rosé ; sépales violet véronique clair devenant plus sombres vers les bords ; barbes orange-mandarine. » Le pedigree est : (Lilac Champagne x Bon Vivant) X Latin Tempo.

Quelques mots sur ce croisement : Le couple ‘Lilac Champagne’ X ‘Bon Vivant’ associe deux variegatas assez proches l’un de l’autre, aussi bien quant à leur aspect que quant à leurs origines. ‘Latin Tempo’ est un bitone rose/magenta, dont je n’ai pas trouvé de photo, mais dont la description laisse à penser qu’il a beaucoup de ressemblance avec son parent ‘Lightning Ridge’. On ne sait rien, hélas, de son autre parent, association de ‘Pipes of Pan’ et de ‘Claudia René’, mais, compte tenu de la proximité entre les pedigrees, on peut imaginer aisément qu’il s’agit d’un autre bitone rose violacé.

Auparavant dans la hiérarchie des ascendants, on trouve à peu près tout ce qui se faisait de mieux dans les années d’avant-guerre et suivantes : ‘Helen McGregor’, ‘Snow Flurry’, ‘Purissima’, Santa Clara’, ‘New Horizon’, ‘Blue Rhythm’, ‘Mary Randall’ etc. Et ce aussi bien dans la branche paternelle que dans la branche maternelle.

En résumé on est en présence d’une variété absolument classique dans ses origines et qui rassemble avec une réelle réussite les caractères de ses deux parents.

‘Sostenique’ a été pour une bonne part dans la renommée de son obtenteur Barry Blyth. Celui-ci était encore au début de la carrière qu’on lui connaît, et le fait que ‘Sostenique’ remporte la Médaille de Dykes de l’hémisphère sud, en 1986 a attiré sur lui le regard des amateurs du monde entier. Son iris a été acheté un peu partout et n’a pas tardé à devenir un des plus appréciés du moment.

‘Sostenique’ n’a pas eu une riche descendance. C’est assez normal puisque son pedigree démontre qu’il se trouve à l’extrémité d’une chaîne d’endogamie dont il n’y avait plus grand’ chose à attendre. Cependant essentiellement deux hybrideurs en ont fait usage avec profit. Blyth lui-même, tout d’abord, et surtout Pierre-Christian Anfosso qui en a obtenu sept bons semis enregistrés, bicolores ou bitones :
· ‘Atala’ (1990)
· ‘Atys’ (1988)
· ‘Citoyen’ (1989)
· ‘Marche Turque’ (1991)
· ‘Myre’ (1996 *)
· ‘Oiseau-Lyre’ (1996*)
· ‘Samarcande’ (1992)
* -enregistré seulement en 2012- 

 De cette série il faut surtout retenir ‘Citoyen’ pour ses couleurs originales et harmonieuses, et ‘Samarcande’, lui aussi d’un coloris peu courant. ‘Sostenique’ a quitté mon jardin. Jamais il ne s’y est multiplié convenablement. Jamais il n’a été très fidèle. Un hiver, il a disparu, mais j’ai regretté cette disparition. Je l’ai remplacé. L’expérience n’a pas été plus convaincante. Il a végété deux ou trois ans, sans fleurir, avant de s’éteindre misérablement. Adieu ‘Sostenique’…

Illustrations : 


· ‘Sostenique’ · 


‘Lilac Champagne’ 

· ‘Citoyen’ 


· ‘Samarcande’

« ROUGE »

KRASNY VSADNIK

 (Sergey Loktev, R. 2005) Sdlg. 97-R16-19B. TB, 34" (87 cm), VE-M

Pétales rouge betterave ; bras de style jaune, côtes brun pâle ; Sépales rouge terre cuite, marques jaune crème aux épaules ; barbes blanches à la base, pointées jaune dans la gorge et bronze à l'extrémité. 94-R11-11D: (Outreach x Drevni Rim) X Highland Chief. 

Il n’y a pas que dans l’ancien monde des iris que l’on sait obtenir de beaux iris rouges. Cette variété russe démontre que les « nouveaux entrants » peuvent aussi obtenir le meilleur.

CE QUE L’ON DOIT AUX ESPÈCES À 48 CHROMOSOMES

Les plus intéressants des iris actuels sont ceux qui font partie de la grande famille de ceux qui comportent 48 chromosomes. Cela concerne non seulement les fameux grands iris barbus (TB), mais également leurs petits frères plus râblés qu’on appelle les iris de bordure (BB), ainsi qu’une partie des iris intermédiaires (IB) et des iris de table (MTB).

 A l’origine les grands iris barbus cultivés en Europe étaient des plantes diploïdes, avec 24 chromosomes, issus essentiellement de croisements plus ou moins spontanés entre les espèces I. pallida et I. variegata. Ces croisements étaient suffisamment naturalisés pour que Linné les considèrent comme une espèce à part et les baptise I. germanica. Pour faire court, c’est de là qu’est partie l’horticulture des iris telle que la concevaient les célèbres Marie Guillaume de Bure ou Jacques Lemon, au XIXeme siècle. Eux puis leurs émules français ou britanniques ont créé dès le début du XXeme siècle une multitude de variétés dans un large éventail de coloris. C’est alors qu’ils ont eu l’idée de combiner ces variétés diploïdes avec des espèces tétraploïdes découvertes au Moyen-Orient. La tâche n’a pas été facile et les résultats souvent décevants jusqu’au jour où, conséquence d’un incident génétique, la tétraploïdie s’est répandue parmi les grands iris jusqu’à supplanter complètement les vieilles variétés diploïdes dont tous les coloris ont fini par être transférés dans les nouveaux hybrides, lesquels ont également développé de nouvelles couleurs ou combinaisons de couleurs. C’est ainsi qu’on a vu apparaître les iris à barbes mandarine, les iris roses ou les iris luminatas…

 Ces grands barbus modernes ont tracé la voie vers les variétés plus basses, fertiles, qui se nomment iris nains standards (SDB) (mais aussi vers les arilbreds.)

Une espèce naine, I. reichenbachii, se rencontre sous les deux formes, diploïde et tétraploïde, cette dernière étant appelée généralement I. balkana. Egalement tétraploïde, I. aphylla a été utilisé en raison d’une part de son aptitude à accroître la saturation et le contraste des couleurs chez les grands iris (TB et BB), d’autre part de développer la fertilité des catégories naines (SDB, MTB). C’est à Ben Hager que l’on doit le développement de ces MTB tétraploïdes dotés de riches couleurs. Il a été suivi en cela par les Craig, Jim et Vicki. Plus récemment, Paul Black puis quelques autres comme Loïc Tasquier ont utilisé cet I. aphylla pour créer une nouvelle catégorie (non encore officialisée) d’iris de taille moyenne, très florifères, et remarquablement adaptés aux petits jardins. De son côté I. reichenbachii a été utilisé par Paul Cook pour créer ‘Progenitor’ qui a lui-même mis en avant le gène dominant à l’origine des iris neglectas, variegatas et amoenas. Parallèlement Joë Ghio a utilisé I. balkana dans le but d’obtenir des couleurs nouvelles chez les bitones et les bicolores.

 Y a-t-il encore du nouveau à attendre des espèces d’iris tétraploïdes ? Les spécialistes de la question pensent que la petite espèce I. schachtii pourrait sans doute être utilisée pour améliorer les tout petits MDB. Il disent aussi que les espèces un peu plus grandes I. junonia et I. purpureobractea pourraient être de quelque utilité, mais cela n’a pas encore été démontré.

On a tendance à penser que les espèces naturelles n’ont plus de rôle à jouer dans l’horticulture moderne. C’est certainement inexact et les quelques observations qui viennent d’être formulées apportent la preuve du contraire.

NDLA : Le présent article est en grande partie une adaptation d’un texte publié par l’Américain Tom Waters dans son blog « Telperion Oasis ». 

Illustrations : 


· I. reichenbachii (Heuffel – 1858) 


· I. aphylla (Linne – 1753) 


· I. balkana (Janka – 1876) 


· I. schachtii (Markgraf – 1957)