28.1.05

A DEUX, C’EST MIEUX
I. Maris et femmes

Dans le petit monde des iris il y a toujours eu des couples qui se sont passionnés ensemble pour leur plante favorite et ont laissé leurs deux noms dans les annales. Pour ne parler que des grands iris, qui font le plus souvent l’objet des chroniques d’ « Irisenligne », on en relève plus d’une vingtaine, dans la période récente (de 1950 à nos jours).

Pendant plus de vingt ans, Fred et Caroline DeForest, de Canby, dans l’Oregon, ont connu la célébrité, s’offrant le luxe de décrocher deux Florins d’Or et une Médaille de Dykes. BY LINE (52) a été l’un des tout premiers iris à être récompensé à Florence. Un nouveau succès est venu de cette ville en 57 pour couronner ce qui reste l’un des bleu ciel les plus célèbres, REHOBETH (53). Quant à FIRST VIOLET (51), c’est le vainqueur de la DM de 1956 ! Mais bien d’autres variétés ont fait la renommée des DeForest : COLOR CARNIVAL (48), unique rose pêche griffé de pourpre ; LULA MARGUERITE (59) blanc teinté de vert, ou le fameux BAYBERRY CANDLE (69), l’une des dernières obtentions de Caroline, et qui a fait le tour du monde.

Le couple de Kenneth et Catherine Smith, au cours de la même période, s’est distingué en proposant, en 1949, HELEN COLLINGWOOD, l’un des premiers amoenas remarquables. En 53 c’est le tour de ELIZABETH NOBLE, fils du précédent, et également joli amoena. Enfin le célèbre REPARTEE (68), toujours commercialisé, n’a pas encore trouvé quelque variété pour lui donner la réplique dans les tons de chamois et de marron.

Pour en finir avec les couples fameux des années 50, citons Roy et Mildred Brizendine, de Topeka, au Kansas, dont MILLIONAIRE (56), reste un « must » quand on parle d’iris couleur de bronze.

Une autre famille s’est spécialisée dans les iris bruns : les BLODGETT, Arthur et Romona, dont on connaît INDIAN FRINGE (68) et, surtout, CHIEF WAUKESHA (78), couleur sang de bœuf.

Deux couples de Brown se sont fait une place au soleil. Le premier, Rex et Alta, a occupé le terrain pendant les années 60, avec, notamment, GREEN QUEST (59), puis LA JUANA (67), éclatant jaune à barbes orange, et GRAND FINALE (73), bleu ciel tardif issu d’une longue lignée de bleus. Le second, Bob et Jean, a eu son heure de gloire avec une série d’iris bleus ou violets, comme CARO NOME (68), bleu lavande comme son descendant MONACO (76) et, en plus foncé COLLAGE (86) ou ARRANGER’S CHOICE (87).

Henry et Luella Danielson, de Chapparal au Nouveau Mexique, se sont fait connaître par les deux frères de semis que sont LAURENCE WELK (77), blanc à barbes bleues, et SCENTED OPALS (80), bleu glacier à barbes bleues. Dorothy et Anthony Willott, eux, sont plutôt spécialisés dans les iris nains, mais leur LOVER’S CONCERTO (99) est un rose dragée, fils de BEVERLY SILLS, tout à fait charmant.

Evelyn et Bennett Jones ont eu une longue carrière dont l’apogée se situe au cours des années 70. A leur actif il y a ELIZABETH STUART (71), rose orchidée, SEA VENTURE (72), un précurseur en matière d’amoenas inversés, JEANNE PRICE (77), jaune acide très apprécié, TREVI FOUNTAIN (78) blanc ourlé d’abricot, puis ORANGE HARVEST (88) et aussi POND LILY (94), chant du cygne d’Evelyn, délicieux mauve améthyste influencé de rose.

Robert et Mary Dunn font partie des obtenteurs les plus prolifiques. Entre 1970 et la fin du siècle, ils ont obtenu un grand nombre d’iris remarquables dans tous les types et Mary Dunn figure au panthéon des obtenteurs. Depuis DREAM WORLD, en 78, jusqu’à CITY LIGHTS, son chef d’œuvre, en 91, elle nous a donné des splendeurs comme HIGH FALUTIN (84), CRUZIN (87), DIVINE (88), ZANY (88) ou LA FORTUNE (89). Quant à Robert Dunn, il est l’auteur de PAGAN (73), CRYSTALYN (86) ou VERIVOGUE (89) et bien d’autres.

Autre couple à la production phénoménale, les Meek. Leur activité s’est un peu ralentie, mais pendant un quart de siècle ils ont obtenu des iris parmi les plus jolis et les plus renommés. Joyce Meek est l’obtentrice de P.T. BARNUM (79), un brun-rouge archi-connu, AFTER HOURS (81), HARLEM HUSSY (82), WILD CARD (83), l’un des premiers maculosas enregistrés, DATE BAIT (85), BLACK FANTASY (88), ou FALLEN ANGEL (95), un amoena inversé joliment frisotté. Pour sa part, Duane Meek nous a offert CHERRY SMOKE (78), grenat foncé très original, DESERT ECHO (80), jaune au cœur poudré de brun, BLACK AS NIGHT (92) puis, en 93, IMAGINARIUM et TEMPTING FATE dont on admire le bleu tendre des pétales et le bleu marine des sépales.

La mode des couples d’obtenteurs ne se dément pas et au cours des dernières années leur nombre n’a fait que croître avec des noms devenus célèbres comme ceux de Anna et David Cadd, Vicki et Jim Craig, Kathie et Brad Kasperek, Ginny et Donald Spoon … En dix ans les Kasperek se sont fait un nom en enregistrant un grand nombre de maculosas souvent très réussis mais affublés de noms plutôt ridicules à nos yeux d’Européens, comme GNU (94), TIGER HONEY (94), GIRAFFE KNEEHIZ (96), HIPPO’Z TUTU (96), SERENGETI SPAGHETTI (98) mais aussi SAHARAN SUN (95) ou MILLENIUM FALCON (98), vraiment réussi, avec des pétales bleu glacier et des sépales blancs barbouillés d’indigo. Les Craig sont moins productifs mais leurs TOUCH OF COLOR (91) à peine amoena inversé, VOLATILE (96), blanc bleuté, ou BLUEBERRY ICE (97), plicata bleu, sont des variétés plaisantes. Les Spoon ont acquis une belle réputation en quelques années. BLANEY MARLOW (96) qui offre une certaine ressemblance avec l’inimitable COLOR CARNIVAL, puis UNCLE CHARLIE (99) blanc très pur à barbes mauves et MY GINNY (2000), brillant bicolore rose orangé et magenta, laissent présager des performances enviables. La famille Cadd, pour ce qui la concerne, n’a commencé d’enregistrer qu’en 1999, mais elle promet des lendemains qui chantent car elle a réussi cette année un doublé mémorable à Florence (Florin d’Or pour FROSTED FANTASY (2000) et d’Argent pour MIDNIGHT MINK (2000). Le premier est blanc, nuancé d’argent, le second est un bleu nuit profond. Ajoutez à cela le superbe amoena sombre CHANGE OF MILLENIUM (99), et vous aurez un aperçu du talent de ces deux obtenteurs.

Mais il n’y a pas qu’aux Etats-Unis où monsieur et madame se mettent à hybrider ! Prenez les Blyth, en Australie. Lesley, l’ex-épouse a obtenu, par exemple, le fameux LIGHT BEAM (85) qui donne l’impression d’être un plicata jaune, mais c’est Barry qui nous gratifie chaque année d’une multitude de variétés nouvelles. Pour n’en citer qu’un petit nombre, choisissons CABARET ROYALE (76) qui n’est plus à décrire, NEUTRON DANCE (87), amoena jaune très contrasté, LOVE CHANT(79), magistral amoena orange, REMBRANDT MAGIC (92), magnifique iris café à barbes moutarde, ou TOMORROW’S CHILD (84), bicolore orchidée et bourgogne. En France, nous avons connu la famille Anfosso. Plutôt les familles car les aînés, Pierre et Monique, ont donné le virus aux plus jeunes, Pierre-Christian et Laure. L’iridophilie est bien marrie du désintérêt que ces obtenteurs talentueux manifestent aujourd’hui à l’égard des iris. Jusqu’en Russie, l’iridophilie à deux s’est répandue : le ménage Gordodelov, au pied du Caucase, a sélectionné un grand nombre de variétés, toutes de parents inconnus, comme des enfants trouvés. Et maintenant Sergeï Loktev travaille de conserve avec sa compagne Ludmilla Rozanova. Leur entreprise, qui concerne tous les types d’iris, est bien dans la ligne de l’iridophilie russe actuelle, davantage orientée vers le nombre que vers la qualité.

Hybrider à deux, c’est apparemment mieux, ou tout au moins source d’un complément de motivation. Nous venons de voir que les couples d’hybrideurs sont nombreux et déterminés. Mais depuis longtemps de solides relations entre hommes ont abouti au même résultat. Dans une prochaine chronique, nous évoquerons ce phénomène.
L’ENIGME DE LA SEMAINE

Qu’est-ce que c’est ?

A vous de deviner ce qui se cache derrière le texte ci-dessous.

GALANTERIO
Sem. 9545A, AA, 90 cm, MT. Hel-flavaj petaloj ; siringaj hel-rozaj sepaloj ; or-flavaj aristoj. 92102B : (Tracy Tyrene x Sweet Musette) X Jazzed Up.

MISTERA
Sem ; 98168B. AA, 90 cm, MS. Mez-violaj petaloj ; veluraj nigraj petaloj ; bronzaj aristoj. 96190B : (94973 : (In Town x Night Edition) x Futuriste) X Romantic Evening.

RUKULADO
Sem. 9549B, AA, 90 cm, MF. Puraj blankaj petaloj ; puraj blankaj sepaloj, kun granda abrikota centra spoto kaj blanka centra linio, abrikotaj wultroj ; miniaj aristoj. Sf. de ‘Kastelo d’Auvers’.


RÉPONSE À L’ÉNIGME DE LA SEMAINE DERNIÈRE

Danseurs de tous pays…

La variété qui n’est pas américaine est PEKING DANCER (Blyth –Australie- 85)

21.1.05

ARDENTE HUMEUR

Il y a quelques semaines, une ardente discussion s’est engagée sur le Net à propos de l’iris FIERY TEMPER (Keppel 2000). Le sujet de la discussion est venu d’une photo publiée sur hortnet.com dans laquelle certains n’ont pas reconnu le FIERY TEMPER qu’ils cultivent.

Dans les « Registrations and Introductions 2000 », FIERY TEMPER est décrit par Keith Keppel avec la minutie et le souci du détail qui le caractérise. Voici cette définition : « Pétales violet dahlia ; style violet dahlia ombré et liseré de jaune abricot ; sépales rouge-noir ; barbes d’orange douce-amère à rouge tuile. (Night Game x ((Tomorrow’s Child x (Show Biz x Villain)) x Gallant Rogue)) X Romantic Evening. » La magnifique image proposée représentait un iris aux pétales dans les tons de mauve rosé, au cœur illuminé d’orange, sur des sépales violet aubergine, plus clairs sous les barbes, avec un liseré mauve. Plusieurs observateurs ont dit : »mais ce n’est pas ça les couleurs de FIERY TEMPER, chez moi il est beaucoup plus sombre » et d’en apporter la preuve, photo à l’appui, y compris celle extraite du catalogue Keppel. Certain même a fourni la photo d’un iris franchement aubergine foncé, à peine plus clair aux pétales. Pourtant toutes ces photos représentaient bien la même variété !

Ces différences se sont révélées avoir plusieurs causes. La première étant les conditions dans lesquelles a été faites les photographies (âge de la fleur, heure de la prise de vue, lumière ambiante…). Il s’est avéré que certains clichés avaient été pris de bon matin, d’autres en pleine journée, d’autres vers le soir ; que certains représentaient une fleur à peine éclose, d’autres une fleur pleinement épanouie. Il était également évident que ces clichés provenaient des quatre coins des Etats-Unis avec des conditions d’ensoleillement très variables, depuis les brumes de l’Oregon, jusqu’à l’éclatant soleil du désert de l’Arizona ! Et il semble bien que ce soit ces conditions climatiques qui aient été à l’origine de la plupart des variations constatées. Dans les conditions fraîches et humides du Nord-Ouest des USA, l’iris présentait des teintes rutilantes mais sombres, alors qu’au sud, plus le climat devenait sec et chaud, plus la fleur s’éclaircissait, mais sans perdre de son éclat. L’ardente humeur de FIERY TEMPER s’accommode à sa façon des variations climatiques. C’est une fois de plus la confirmation d’une constatation faite depuis bien longtemps qui montre que les teintes « rouges » tiennent moins bien au soleil que les teintes claires, de même que les iris violets ou bleu foncé réussissent mieux là où la lumière est moins vive. Et c’est d’ailleurs ce qui fait que les iris se plaisent si bien dans le Nord-Ouest (Oregon, Washington et nord de la Californie) et y sont si somptueux.

En tout cas cette discussion nous a valu une avalanche de photos, toutes plus belles les unes que les autres, d’un iris superbe, que l’on voudrait tous avoir dans son jardin.


L’ENIGME DE LA SEMAINE

Danseurs de tous pays…

De ces cinq danseurs, il n’y en a qu’un qui, en fait, ne soit pas américain. Lequel ?

EXOTIC DANCER
FIJI DANCER
ISLAND DANCER
JUNGLE DANCER
PEKING DANCER


RÉPONSE À L’ÉNIGME DE LA SEMAINE DERNIÈRE

Vive la danse

L’iris qui n’est pas australien est CIRCUS DANCER (Sutton –USA- 2001).

14.1.05

FILLES A PAPA

Quatre variétés obtenues par Richard Cayeux ont été baptisées du prénom de ses quatre filles. C’est une touchante attention paternelle, mais là n’est pas la seule particularité de ces quatre iris qui présentent d’intéressantes similitudes.

Dans l’ordre chronologique c’est ASTRID C. (91) qui est apparu en premier. C’est un iris aux pétales blancs et aux sépales mauve clair avec un liseré un peu plus foncé, et une barbe minium. Vient ensuite HORTENSE C. (93) qui fait partie de la grande série « bleu-blanc-rouge » chère à Richard Cayeux. Ses pétales sont crème, ses sépales sont violets, striés de blanc sous les barbes rouges, héritées de ses ancêtres Shoop. Puis c’est au tour de HÉLÈNE C. d’entrer en scène, en 1994. C’est une plantureuse fleur rose orchidée. Enfin voici SIXTINE C. (94), le plus original des quatre (j’en ai parlé dans une récente chronique), qui a toute la fraîcheur de ses pétales blancs surmontant des sépales, blancs également mais veinés d’un bleu indigo clair devenant de plus en plus dense à mesure que l’on s’approche des bords. Voilà quatre iris bien différents les uns des autres. Pour leur trouver des liens de parenté il faut aller piocher dans leurs pedigrees.

ASTRID C. est issu de HEAVENLY HARMONY (Hamblen 77) X METROPOLITAN (Nelson R. 78). Le premier est un pur produit Hamblen, sans liens génétiques immédiats avec les antécédents des autres iris dont il est question aujourd’hui. METROPOLITAN, lavande et lilas, qui a été très apprécié en son temps, provient de LIGHTNING RIDGE (O. Brown 66), un bicolore pêche et violet, à barbes rouges. A côté de cela, la souche maternelle d’HORTENSE C. contient LOVE BANDIT (Blyth 77), bicolore dragée / lilas qui a lui-même pour parent LATIN TEMPO (Blyth 74), derrière lequel apparaît …LIGHTNING RIDGE cité ci-dessus. Astrid et Hortense, sœurs, sont ainsi cousines par iris interposé !

HORTENSE C. continue de faire le lien entre les quatre iris étudiés. Son pedigree s’écrit : (ALIZÉS sib x LOVE BANDIT) X (CONDOTTIERE x DELPHI). HÉLÈNE C. quant à lui est de ROSE X ENCHANTED WORLD. Comme ça, rien à voir. Voire ! Parce que derrière ROSE se cache HOLIDAY HOUSE (Gaulter 73) lui-même issu de LAURIE et, par là, de CLAUDIA RENE (Gaulter 63). Mais aussi LOVE BANDIT, est venu de LATIN TEMPO, qui vient à son tour de CLAUDIA RENE. Hortense et Hélène, sœurs dans la vie, sont cousines à la troisième ou quatrième génération chez les variétés qui les représentent.

Dans le pedigree d’HORTENSE C. on a vu que se trouve le fameux croisement (CONDOTTIERE X DELPHI), qui est son « papa » ; mais ce même croisement est aussi le « papa » de SIXTINE C. ! On ne peut pas avoir de liens plus étroits ! Sœurs à l’état civil, Hortense et Sixtine sont aussi demi-sœurs d’iris…

Je ne sais pas si Richard Cayeux a, pour dédier des fleurs à ses enfants, choisi délibérément des variétés parentes. Si c’est le cas, c’est bien vu, mais c’est peut-être le hasard qui se dissimule derrière tout cela. Et alors, c’est merveilleux ! …
COUPS DE GRIFFE

Je suis toujours intrigué quand je découvre des variétés d’iris qui se ressemblent. J’ai envie de savoir pourquoi elles ont des traits communs. C’est ce que je me suis demandé en regardant les photos de LOUIS D’OR (Cayeux 95), RUÉE VERS L’OR (Ségui 92) et de BASTILLE (Anfosso 89). Voilà trois fleurs qui, sur un fond de jaune d’or, présentent, sous les barbes, des griffures brun-rouge qui leur donnent tout leur piquant. LOUIS D’OR et RUÉE VERS L’OR sont d’un beau jaune doré uni et BASTILLE est plus clair sous les barbes, mais la ressemblance est tout de même évidente. Allons donc faire un tour du côté des pedigrees.

LOUIS D’OR vient de DAZZLING GOLD X BROADWAY ; RUÉE VERS L’OR a pour origine BROADWAY X CATALAN et BASTILLE est issu de (CARMEN X x MARMALADE) X PUNKIN. On voit immédiatement que LOUIS D’OR ET RUÉE VERS L’OR sont demi-frères, par l’intermédiaire de BROADWAY, mais pour le reste il n’y a aucun lien, a priori. Tout au moins à la première génération ; alors poursuivons plus loin dans le temps : patience et persévérance sont des qualités de botaniste.

DAZZLING GOLD (Anderson 81), qui tient lieu de mère à LOUIS D’OR est une variété bien connue, rutilante, d’or vivement taché de brun sur les sépales. Il a pour géniteurs RADIANT APOGEE (Gibson 64) et WEST COAST(Knopf 68). Le premier est une variété très recherchée en son temps, d’un beau jaune vif, avec une large tache blanche sur les sépales qui sont poudrés de brun aux épaules, des traits qui se retrouvent dans les variétés qui nous intéressent aujourd’hui. WEST COAST, autre iris célèbre des années 70, se présente en jaune safrané, avec barbe plus foncée. Le pedigree de l’autre parent de LOUIS D’OR, BROADWAY (Keppel 79), présente toute la complexité qui sied à une variété signée Keppel. , mais on y trouve CARAMBA (Keppel 75) et FLAMENCO (Keppel 77), deux variétés qui ont des parents communs avec RADIANT APOGEE. Ainsi les deux géniteurs de LOUIS D’OR sont-ils eux-mêmes proches cousins.

Penchons nous maintenant sur le pedigree de BASTILLE. MARMALADE (Keppel 79), d’un orange tirant vers le brun, est étroitement apparenté à l’autre orange de l’affaire, PUNKIN (Keppel 81), mais dans le premier nommé il y a un certain WEST COAST ! Et c’est ce WEST COAST qui fait le lien entre BASTILLE et LOUIS D’OR, puisqu’il se trouve derrière DAZZLING GOLD, d’une part, et MARMALADE, d’autre part.

La démonstration est ainsi faite que des iris aux coloris proches ont bien des chances d’être un peu parents. Les chemins pour arriver à la similitude peuvent être très différents, mais avec les mêmes ingrédients il n’est pas étonnant que l’on obtienne le même produit !
L’ENIGME DE LA SEMAINE

Vive la danse

Lequel de ces cinq « dancer » n’est pas originaire de Nouvelle Galles du Sud, autrement dit, n’est pas né en Australie ?

CIRCUS DANCER
JAUNTY DANCER
PEKING DANCER
STREET DANCER
SUPER DANCER


RÉPONSE À L’ÉNIGME DE LA SEMAINE DERNIÈRE

Meilleur Espoir

EDITH WOLFORD n’a jamais obtenu la Walther Cup.

7.1.05

L’ENIGME DE LA SEMAINE

Meilleur Espoir

Des cinq variétés ci-dessous, une n’a pas remporté la Walther Cup (meilleur espoir), avant de triompher pour la Médaille de Dykes. De qui s’agit-il ?

BEVERLY SILLS
SILVERADO
EDITH WOLFORD
HONKY TONK BLUES
HELLO DARKNESS


RÉPONSE À L’ÉNIGME DE LA SEMAINE DERNIÈRE

Premio Firenze III

LIBON (FO 85) est une variété obtenue par Wojtek SMID, hybrideur tchèque.

V COMME VARIEGATA

Dans « The World of Irises », à la différence de ce qui est fait pour les amoenas, il n’y a pas à proprement parler de développement concernant les iris variegatas tels que nous en parlons, c’est à dire ces iris aux pétales dans les tons de jaune, au-dessus de sépales dans les tons de brun, de bleu ou de violet. Leur problématique est traitée au chapitre des bicolores, tout simplement. Richard Cayeux quant à lui, dans « L’Iris, une fleur royale », leur accorde cependant deux pages, mais sans s’attarder sur les origines du modèle ni sur son évolution. C’est ce qui va être abordé maintenant.

Dans le langage botanique, lorsqu’on parle de Iris variegata, c’est pour évoquer une petite plante diploïde, originaire d’Europe sud-orientale, d’à peine 40 cm de haut, dont la fleur est constituée de trois pétales jaunes et de trois sépales blancs veinés de grenat. On est évidemment loin des variegatas de nos jardins actuels qui, s’ils tiennent tout de même beaucoup de cet ancêtre, ont incorporé beaucoup d’autres gènes et sont aussi devenus tétraploïdes.

Il est intéressant de suivre l’évolution des variegatas au cours des années. Prenons, par exemple les variegatas diploïdes obtenus en Allemagne par Goos et Koenemann, et en particulier LORELEY (1901). Nous sommes devant un iris à peine évolué : pétales jaune pâle, sépales blancs où s’étalent des stries intenses d’un rouge pourpré. En 1920 les mêmes obtenteurs présentent FLAMMENSCHWERT. La couleur des pétales s’est intensifiée, le fond des sépales est également jaune, et le réseau pourpré est devenu si dense que le fond disparaît presque totalement, pour ne réapparaître qu’en un fin liseré, tout au bord. La plante s’est aussi renforcée et a grandi : FLAMMENSCHWERT atteint les 80 cm. En 1932, CROWN PRINCE, de Kleinsorge est encore plus contrasté : les pétales sont d’un vieil ivoire, sur les sépales les traces de veinage n’apparaissent que sous les barbes, le reste est d’un grenat uniforme. A noter aussi que l’on constate un soupçon d’ondulation tout au bord des sépales. Une photo de ACCENT (Buss 52) montre un variegata devenu presque trop grand (115 cm), très voisin du précédent en matière de coloris mais avec une remarquable flamboyance. La barbe d’or est superbe sur les sépales brun chaud.

Au cours des cinquante ans qui ont suivi, les variegatas se sont multipliés, évoluant dans quatre directions : vers des sépales très foncés ; vers des teintes plus brunes aux pétales ; vers des sépales où le violet s’affirme à côté du brun-rouge ; mais aussi vers des tons pastel, où le jaune devient primevère et le violet mauve tendre. Exemple de la première évolution, PEKING SUMMER (Schreiner 83) dont les sépales sombres s’accordent si bien avec l’or des pétales. Du côté de l’ambre ou du miel aux pétales il faut parler de SYNCOPATION (Gatty 84), SPANISH BOLD (Blyth B. 86), sombre mais somptueux, et même du petit Français CORBIÈRES (Ségui 82). Pour illustrer la troisième évolution, choisissons GALA MADRID (Peterson 68), père du précédent et formidable iris cuivre et pourpre, puis EDITH WOLFORD (Hager 86 – DM 93), jaune citron et indigo, ainsi que le récent JURASSIC PARK (Lauer 95) qui est issu d’EDITH WOLFORD. Enfin pour la quatrième variante arrêtons-nous au ravissant SWEDISH MODERN (Babson 76), jaune paille et bleu tendre, bien ondulé, ou à son égal BETTY SIMON (Hamblen 76), à peine plus mauve aux sépales.

Aujourd’hui les variegatas n’ont pas fini d’évoluer, soit qu’ils continuent d’accroître l’effet de contraste, comme chez ANDALOU (Cayeux 95), soit qu’ils s’ornent de pétaloïdes, comme le petit tchèque PEGAS (Smid 80), soit même qu’ils inversent les couleurs ! Depuis peu, en effet, il existe des variegatas inversés. L’une des premières apparitions de ce nouveau modèle a été CUP OF COCOA (Plough 82), où le jaune chamois des pétales est fortement infus de lavande, les sépales conservant la couleur initiale ; puis vint SILICON PRAIRIE (Stanek 91), où les couleurs sont bien inversées mais les teintes encore très pâles. En 2000 deux nouveautés ont nettement enfoncé le clou : SADDLE UP (Christopherson) – pétales lavande, sépales chamois et barbes mandarine – et surtout WONDERFUL TO SEE (Kerr) – pétales mauve parme, sépales jaune safrané, barbes or. La série continue en 2003 et 2004. APPOLLO’S ROBE (Carter 2003) offre du jaune tilleul aux sépales, du mauve aux pétales avec des côtes où grimpe le tilleul des sépales. FARE THEE WELL (Christopherson 2004) renouvelle l’expérience de SADDLE UP, avec le même « père » (HULA DANCER*), mais une autre « mère » (STORYBOOK au lieu de NANCY GLAZIER). Toutes ces améliorations et transformations laissent présager un bel avenir au modèle variegata.

* HULA DANCER (Shoop 85), comme quelques autres iris de George Shoop, est un bicolore inversé avec des pétales rose bruyère et des sépales abricot, où le jaune, donc, est déjà présent.