28.10.11

2011 : LES TROPHÉES

Plusieurs lecteurs de ce blog m’ont fait remarquer que les résultats donnés il y a quinze jours sont complètement faux ! je suis désolé de m’être aussi grossièrement trompé, en lisant la ligne 2010 à la place de la ligne 2011 de mon fichier des lauréats ! Alors on efface tout et on recommence :





1- Etats Unis
DYKES MEDAL US/
· ‘Drama Queen’ (Keppel, 2003) devant
· ‘Wintry Sky’ (Keppel, 2002) et
· ‘Hollywood Nights’ (Duncan, 2000).

WISTER MEDAL (meilleur T.B.):
· ‘Florentine Silk’ (Keppel, 2005) devant
· ‘That’s All Folks’ (Maryott, 2004) et
· ‘Tour de France’ (Keppel, 2004).

KNOWLTON MEDAL (meilleur B.B.):
· ‘Fleece as White’ (Paul Black, 2005) ;
HANS AND JACOB SASS MEDAL (meilleur I.B.):
· ‘ Garnet Slippers’ (Keith Keppel, 2004) ;
COOK DOUGLAS MEDAL (meilleur S.D.B.):
· ‘Fires Of Fiji’ (Paul Black, 2002)

WALTHER CUP (meilleur espoir, tous types confondus):
· ‘Star in the Night’ (P. Black, 2009) IB.

PRESIDENT’S CUP (meilleure variété originaire de la région organisatrice de la Convention) :
• IB ‘Dazzling’ (P. Black, 2008)
FRANKLIN COOK MEDAL (meilleure variété obtenue hors de la région organisatrice de la Convention)
• SIB ‘Ginger Swift’ (Schafer/Sacks, 2009)
HAGER CUP (meilleure variété autre que T .B. quelle que soit sa provenance e) :
• IB ‘Dazzling’ (P. Black, 2008)
SYMPOSIUM (concours de popularité) – Top 20.
1 DUSKY CHALLENGER (Schreiner, 1986)
2 QUEEN'S CIRCLE (F. Kerr, 2000)
3 CONJURATION (M. Byers, 1989)
4 JESSE'S SONG (B. Williamson, 1983)
5 PAUL BLACK (T. Johnson, 2003)
6 GYPSY LORD (K. Keppel, 2005)
7 DECADENCE (Barry Blyth, 2004)
8 SEA POWER (K. Keppel, 1999)
9 THORNBIRD (M. Byers, 1989)
10 SILVERADO (Schreiner, 1987)
11 GOLDEN PANTHER (R. Tasco, 2000)
12 DRAMA QUEEN (K. Keppel, 2003)
13 STAIRWAY TO HEAVEN (L. Lauer, 1993)
14 FLORENTINE SILK (K. Keppel, 2004)
15 MESMERIZER (M. Byers, 1991)
16 HAPPENSTANCE (K. Keppel, 2000)
17 BEVERLY SILLS (B. Hager, 1979)
18 STEPPING OUT (Schreiner,1964)
19 BEFORE THE STORM (S. Innerst, 1989)
20 DAUGHTER OF STARS (D. Spoon, 2000)

2- Italie
PREMIO FIRENZE
• Florin d’or: ‘Silk Road’ (Keith Keppel, 2007)
• ‘Egeo’ (Tiziano Dotto, 2011)
• ‘Cloudscape’ (Paul Black, 2007)
• ‘Spot On’ (Michael Sutton, 2007)

3- France
FRANCIRIS 2011
• 1 : ‘Aleutian Islands’ (M. Sutton, 2007)
• 2 : semis LAPORTE 00 – jaune frisé (B. Laporte, NR)
• 3 : ‘Danube Du Barry’ (R.L. Vasquez-Poupin, 2007)
CRITERIUM DU PUBLIC
· ‘Grenade’ (R. Cayeux, 2007)
· ‘Aleutian Islands’ (M. Sutton, 2007)
· Semis bleu Dietmar GÖRBITZ

4- Allemagne
COMPETITION INTERNATIONALE :
 · ‘Guilt Free Sample’ (Paul Black, 2007)
   ‘Buckskin Babe’ – (Chuck Chapman, 2007)
   ‘Avant-Premiere’ – (Michèle Bersillon, 2008)
COMPETITION NATIONALE :
· ‘Babsi’ – (Manfred Beer, 2010)
  ‘Glowing Violetta’ – (Siegmar Görbitz, 2011)
  ‘Thanks Honky Tonk’ – (Siegmar Görbitz, 2010)


5- Europe Centrale
COMPETITION INTERNATIONALE
Pas de concours en 2011
COMPETITIONS NATIONALES
Pas de concours en 2011

6- Russie
COMPETITION INTERNATIONALE
a. ‘Money in your Pocket’ (P. Black, 2007)
COMPETITION NATIONALE
b. ‘Maks Shtirner’ (Loktev, 2008)

7- Grande Bretagne
DYKES MEDAL
Pas attribuée (dernière attribution en 2008)


8- Australie (2010)
AUSTRALIAN DYKES MEDAL
· Amenort (Grosvenor, 2001)

QUELQUES DÉFINITIONS



Cinquième semaine :
VARIEGATA = pétales jaunes et sépales bruns ou acajou ; le même mot sert à désigner les variétés dont les sépales ne sont pas bruns mais violets ou mauves.
· ‘Black and Gold’ (Kleinsorge, 1943): ancien variegata, très classique.
· ‘Cinco De Mayo’ (Coleman, 1973): quelque chose de plus original.
· ‘Mocambo’ (Denney, 1978): dans le modèle jaune/mauve, une variété classique très contrastée.



· ‘Plauen’ (Landgraf, 2007): les obtenteurs allemands ne sont pas en reste.

MARRAINES DE GUERRE

Au cours des deux dernières guerres, les gens de l’arrière, pleins de compassion pour ceux du front, avaient inventé les marraines de guerre. Des femmes et de jeunes filles correspondaient avec des soldats pour adoucir leur sort en évoquant les bonheurs simples du foyer et leur offrir la tendresse d’une pensée féminine. Souvent chacune envoyait sa photo que le poilu, dans sa casemate ou dans sa tranchée, regardait avec nostalgie en se disant : « La verrai-je un jour ? »

Lorsqu’il s’agit de nos fleurs préférées, nous avons nous aussi nos images personnelles, ces variétés dont on rêve, dont on s’est fait envie en feuilletant tel ou tel catalogue. Ce sont nos marraines de guerre à nous…

J’en ai eu beaucoup. Au cours de cette séquence « nostalgie » je vais en évoquer quelques-unes.


‘Evening Echo’ (M. Hamblen, 1977).

C’est en lisant le joli livre du photographe Jos. Westrich que j’ai eu le coup de foudre pour ‘Evening Echo’. La photo de la page 92 en montre le cœur, entre le blanc glacier et le mauve parme, et laisse voir les barbes, violet sombre pointées de brun. Le commentaire, signé de ce grand humaniste que fut Ben Hager, a aussi contribué à ma dévotion : « …on a réussi à élaborer toute une gamme de couleurs de barbes que l’on trouve à présent dans tous les jardins. Dans la nature, les couleurs sont plus stables. Le choix dont nous bénéficions aujourd’hui n’est que le fruit du désir qu’éprouve l’homme de rechercher, dès que cela lui est possible, ce qui est nouveau et différent. Peut-être le coloris spectaculaire de la barbe représentée ici nous permettra-t-il de comprendre le pourquoi de cette irrésistible quête. » J’ai cherché avec détermination à me procurer cette variété. Mais aucun catalogue français, à l’époque, ne la proposait, et ne parlons pas de catalogues américains qui ont toujours fait la part belle aux dernières nouveautés. J’avais pour ainsi dire fait mon deuil de ‘Evening Echo’ et j’allais me tourner vers l’un de ses descendants quand, à l’occasion d’un échange de plantes, Igor Fédoroff me le propose ! Quelques années auparavant il avait écrit à Melba Hamblen et celle-ci lui en avait envoyé quelques rhizomes.

Dois-je décrire mon attente de la floraison ? Tout était là : les tépales blanc fumé, et les barbes brunes. Mais les fleurs, de petite taille, pour ainsi dire sans ondulations, manquaient de grâce et d’élégance. Autant d’espérance pour un iris bien banal en dehors de l’unique attrait des barbes…


‘Verde Luna’ (V. Romoli, 1996).

Je ne me souviens plus en quelles circonstances j’ai eu connaissance de l’existence de cet iris. Toujours est-il que je m’en suis fait envie et que, lorsque j’en regardais la photo, cela redoublait mon impatience. Mais c’est encore une variété introuvable dans le commerce, et mon attente a duré longtemps ! Il a fallu l’opportunité du concours FRANCIRIS de 2005, et de la présence de Valeria Romoli dans le jury pour que j’ose lui demander de m’en donner un morceau. La réponse a été positive, mais j’ai bien cru qu’elle avait été oubliée. Les semaines et les mois passaient sans que le facteur n’apporte ce petit colis d’Italie auquel je tenais tant. Quand l’hiver est venu, j’avais abandonné tout espoir, mais peu avant Noël le colis est enfin arrivé ! Sans me faire trop d’illusions, j’ai soigneusement planté mes deux rhizomes. Janvier 2006 a été froid, en Touraine. J’ai bien cru que malgré mes précautions mon ‘Verde Luna’ ne repartirai pas.

Et pourtant il a fleuri dès le premier printemps ! C’était bien ce que j’espérais : des pétales blanc verdâtre, des barbes jaunes pointées de bleu, des épaules couleur tilleul… Cela correspondait tout à fait à ce que j’espérais. Depuis, fidèle, ‘Verde Luna’ refleurit chaque printemps. J’en suis ravi. Encore mieux : Valeria m’a dit un jour qu’elle avait elle-même perdu la touffe d’origine, et je lui ai donc fourni de quoi la reconstituer !




‘Bateau Ivre’ (P.C. Anfosso, 1982).

Il faut se méfier des catalogues. La description que j’ai trouvée de cette variété dans le catalogue Iris en Provence m’a immédiatement attiré : « Harmonie baroque et raffinée pour cet iris aux pétales gris-rose froid, sur des sépales gris-rose légèrement plus soutenu, personnalisés par une ligne médiane plus sombre. Le cœur de la fleur est réchauffé par un ton plus doré et toutes ces nuances se retrouvent dans la barbe. » « Il me le faut », me suis-je dit.

Mais pour apprécier la description, il m’a fallu bien de la patience, et même de la ténacité : 9 ans !! Oui, pendant neuf ans j’ai attendu : pas la moindre tige florale, rien que des feuilles. Enfin, un jour, il a fleuri. Exactement ce que j’attendais. Satisfaction profonde. Puis plus rien de 1994 à 1999. Puis une autre floraison en 2002. Puis plus rien… Quand j’ai déplacé ma collection, je n’ai pas replanté ‘Bateau Ivre’. Mon ivresse était bien passée…

‘Spellbreaker’ (Schreiner, 1991).

En page 2 du catalogue Schreiner de 1991 il y a cette photo d’un iris d’un pourpre amarante splendide enrichi d’une barbe blanche irréelle. La description fait aussi venir l’eau à la bouche : « La photo de la page 2 capture l’effet ensorcelant créé par les ravissantes barbes blanches et touffues de Spellbreaker. C’est comme si la sorcière avait agité sa baguette ! Les pétales larges et ondulés se tiennent avec une grâce captivante dans un somptueux ton de violet canneberge. Ce charmeur est d’une excellente vigueur et donne trois ou quatre branches avec 8 à 10 boutons. » J’ai d’autant moins résisté que cette année-là (1998) j’avais d’une part vu fleurir pour la première fois l’excellent ‘Extravagant’ (Hamblen, 1983) dont j’avais bien apprécié le vigoureux coloris voisin de celui de ‘Spellbreaker’, et que, d’autre part, avec quelques amateurs passionnés, nous avions décidé de passer une commande chez Schreiner.

Patience, patience, encore. J’avais même oublié que quelque part, entre ‘Colette Thurillet’ et ‘Swedish Modern’, il y avait une variété qui végétait et que je n’avais pas encore vu fleurir, quand, en 2007, à cet endroit, est apparu une énorme fleur rouge fuchsia à barbes blanches ! Surprise et étonnement. Je n’attendais pas une fleur aussi volumineuse. A vrai dire, même bien trop grosse pour être vraiment jolie. Les rêves sont quelque fois trompeurs…

Toutes les marraines de guerre n’ont pas apporté autant de déception à leurs filleuls. Certaines même les ont épousés. Mais en ce qui me concerne, celles de mes attentes les plus vives ont bien souvent été des échecs. Nos marraines de guerre peuvent être moins séduisantes que leur portrait…

21.10.11

QUELQUES DÉFINITIONS



Quatrième série : les mélanges :



BLEND = combinaison de deux ou plusieurs couleurs qui peuvent être légèrement ou irrégulièrement mélangées ; on dira LAVÉS pour des traces légères d’une couleur sur une autre, et INFUSION si une couleur en imprègne légèrement une autre, notamment vers la base des pétales ou les épaules des sépales.
· ‘Ivory Ghost’ (G. Richardson, 2007): un mélange où domine le gris.
· ‘Secret Rites’ (Keppel, 2005): sombres infusions violacées sur les côtes.
· ‘Toastmaster’ (Ghio, 1984) : les couleurs se mêlent agréablement.
· ‘Stop Flirting’ (B. Blyth, 2002) : le beige est là pour fusionner les couleurs.

ECHOS DU MONDE DES IRIS






Rectification : 2011 : LES TROPHÉES

En lisant mon tableau personnel des récompenses, je me suis trompé de ligne à propos des compétitions allemandes. Voici ce que m’écrit à ce sujet Michelle Bersillon : « En fait, c'est en 2010 que ma plante, Comme un Volcan a gagné le concours international de Munich et cette année, c'est Avant-Première qui a gagné la médaille de bronze (Paul Black a gagné la médaille d'or avec Guilt Free Sample et Chuck Chapman l'argent avec Buckskin Babe). »

Voici donc le véritable classement et les photos des vainqueurs.

Compétition Internationale 2010/2011 :
1. GUILT FREE SAMPLE - Paul Black (2007)
2. BUCKSKIN BABE - Chuck Chapman (2007)
3. AVANT PREMIERE - Michèle Bersillon (2008)

Compétition nationale 2010/2011 :
1. BABSI - Manfred Beer (2010)
2. GLOWING VIOLETTA - Siegmar Goerbitz (2011)
3. THANKS HONKY TONK - Siegmar Goerbitz (2010)

‘WHITE SWIRL’ ET LA POLOGNE






Ce blog n’est pas connu pour ses articles sur les iris de Sibérie ! Mais une fois n’est pas coutume et vient le tour de ces délicieuses plantes dont on ne parle pas souvent, pas plus ici qu’ailleurs.

C’est en cherchant des variétés de grands iris dont les noms se réfèrent à des dames, que je me suis rappelé d’avoir vu quelque part un nom qui concernait Jeanne d’Arc. Après bien des recherches, j’ai retrouvé une petite brochure éditée par la MEIS (la société iridophile des pays d’Europe de l’Est) consacrée aux iris autres que les « germanicas », et rédigée par Lech Komarnicki, hybrideur polonais avec qui je communique régulièrement, lequel me l’a adressée il y a quelques mois. Au chapitre sur les iris de Sibérie il y a l’image reproduite ci-dessus d’un SIB baptisé ‘Joan of Lorraine’. C’est de là qu’est partie l’idée de la présente chronique.

Les iris de Sibérie sont des plantes pour zones humides. Ils ne sont pas bien nombreux à être enregistrés chaque année : environ 30. C’est la raison pour laquelle on parle si peu d’eux. Mais la cause de cette rareté semble être double : d’une part, jusqu’à ces temps derniers, les jardins d’eau n’avaient pas la cote ; ils étaient considérés comme d’un entretien délicat, susceptibles de favoriser la prolifération des moustiques et d’être potentiellement dangereux pour les jeunes enfants ; d’autre part, pour les hybrideurs, il est un peu difficile de s’intéresser à ce type de plante, du fait de la complexité de leurs origines et de leur constitution. Si, aujourd’hui, les jardins d’eau sont à la mode, le problème spécifique des iris de Sibérie reste à l’ordre du jour.

Les iris de Sibérie se rangent en deux groupes distincts : ceux qui ont 28 chromosomes (2n=28) et ceux qui en ont 40 (2n=40). Ceux qui en ont 28 descendent de croisements interspécifiques entre I.sibirica et I. sanguinea. Les autres sont issus de croisements entre tout un groupe d’iris de la sous-série Chrysographes, dont le chef de file est l’espèce I. chrysographes. Mais plusieurs hybrideurs ne se sont pas contentés de cela, et ils ont traité les semences à la colchicine pour provoquer le doublement du nombre des chromosomes et par conséquent obtenir des iris de Sibérie tétraploïdes, dans l’un comme l’autre des deux groupes. Il y a donc maintenant quatre groupes d’iris de Sibérie, ce qui ne simplifie pas le problème, sachant qu’on peut aussi trouver des croisements entre di- et tétraploïdes, stériles comme il se doit.

Comme dans le cas des grands iris de jardin, l’histoire des iris de Sibérie a été marquée par des événements mémorables. Le doublement des chromosomes en est un, mais il y en a eu d’autres, plus naturels, comme l’apparition de la variété ‘White Swirl’.

‘White Swirl’ (Cassebeer, 1957) est une variété blanche, la première dans son genre, légèrement ondulée, avec les sépales qui se tiennent très horizontaux. Il a été immédiatement admiré et a reçu, en 1962 le Morgan Award, la plus haute récompense du moment pour sa catégorie. C’est un iris à 28 chromosomes. A l’époque les SIB étaient très peu cultivés et seule une poignée d’hybrideurs s’y intéressaient. Par la suite les amateurs devinrent plus nombreux et les recherches plus poussées.

Les descendants de ‘White Swirl’ ont été nombreux, mais moins cependant que sa renommée aurait pu le laisser croire. En fait il a été concurrencé par les nouveaux hybrides tétraploïdes, dont les plantes, plus volumineuses et plus grandes et les fleurs plus grosses offraient un meilleur avenir commercial.

Un des champions de la tétraploïdie a été Tomas Tamberg, en Allemagne. Ce fidèle de Currier McEwen, le précurseur en la matière, a enregistré de nombreux hybrides tétraploïdes, dans toute la gamme des couleurs. Parmi eux, ‘Wide White’ (1979) qui descend d’un iris anglais, ‘Cambridge’ (Brummitt, 1964), lui-même enfant du fameux ‘White Swirl’. Ce ‘Wide White’ fait partie des parents de ‘Weisse Etagen’ (1984), un tétraploïde blanc au cœur doré, qui, lui-même croisé avec ‘Berlin Lance’ (1993), dans les mêmes coloris, a donné naissance à un certain ‘Joan of Lorraine’ (Komarnicki, 2005) ! La boucle est ainsi bouclée. ‘Joan of Lorraine’ provient, à travers les transformations liées au passage à la tétraploïdie, de ‘White Swirl’. Témoignage du grand brassage qui caractérise le monde actuel des iris, il est parti des Etats-Unis, a fait une escale en Angleterre, avant de rejoindre l’Allemagne, puis de continuer sa route vers la Pologne… Là-bas ses jolies fleurs blanches, bien protégées au milieu de son feuillage abondant, ne risquent pas le froid qui règne en hiver près des lacs de Cujavie.

14.10.11

QUELQUES DÉFINITIONS





Troisième série :
BICOLOR = Pétales d’une couleur différente de celle des sépales ;
BITONE = pétales d’une teinte plus claire que celle des sépales ; on dit plus précisément NEGLECTA = pour un bitone dans les tons de bleu ou de violet avec des pétales plus clairs que les sépales. L’expression BITONE INVERSÉ désigne les variétés qui ont les pétales d’une teinte plus foncée que celle des sépales.
· ‘Germaine Perthuis’ (Millet, 1924): un ancien neglecta, d’une couleur toujours d’actualité.
· ‘Député Nomblot’ (F. Cayeux, 1929): autre type de neglecta, caractéristique de ce qui se faisait dans les années 20/30.
· ‘Karen’ (M. Hamblen, 1983): remarquable exemple de bicolor rose/bleu comme on en fait tant maintenant.
· ‘Ancient Secrets’ (B. Blyth, 2010): exemple de bicolore inversé ; une variété ultra-moderne.

2011 : LES TROPHÉES

A l’exception de la médaille australienne de Dykes, toutes les récompenses de 2011 sont maintenant distribuées. En voici la récapitulation.

1- Etats Unis
DYKES MEDAL US/
• ‘Paul Black’ (Thomas Johnson, 2003)
devant :
· ‘Daughter of Stars’ (Donald Spoon, 2000)
· et ‘Starring’ (Joseph Ghio, 1999)
WISTER MEDAL (meilleur T.B.):
• ‘Décadence’(Barry Blyth, 2004)
• ‘Wintry Sky’ (Keith Keppel, 2002)
• ‘Crackling Caldera’ (Terry Aitken, 2003)
KNOWLTON MEDAL (meilleur B.B.):
• ‘Eye Candy’ (Keith Keppel, 2004)
HANS AND JACOB SASS MEDAL (meilleur I.B.):
• ‘Ruby Slippers’ (Keith Keppel, 2002)
COOK DOUGLAS MEDAL (meilleur S.D.B.):
• ‘Ultimate’ (Thomas Johnson, 2003)
WALTHER CUP (meilleur espoir, tous types confondus):
• SDB ‘Eye Of The Tiger’ (Paul Black, 2008)
PRESIDENT’S CUP (meilleure variété originaire de la région organisatrice de la Convention) :
• IB ‘Dazzling’ (P. Black, 2008)
FRANKLIN COOK MEDAL (meilleure variété obtenue hors de la région organisatrice de la Convention)
• SIB ‘Ginger Swift’ (Schafer/Sacks, 2009)
HAGER CUP (meilleure variété autre que T .B. quelle que soit sa provenance e) :
• IB ‘Dazzling’ (P. Black, 2008)

SYMPOSIUM (concours de popularité) – Top 20.
1 DUSKY CHALLENGER (Schreiner, 1986)
2 QUEEN'S CIRCLE (F. Kerr, 2000)
3 CONJURATION (M. Byers, 1989)
4 JESSE'S SONG (B. Williamson, 1983)
5 PAUL BLACK (T. Johnson, 2003)
6 GYPSY LORD (K. Keppel, 2005)
7 DECADENCE (Barry Blyth, 2004)
8 SEA POWER (K. Keppel, 1999)
9 THORNBIRD (M. Byers, 1989)
10 SILVERADO (Schreiner, 1987)
11 GOLDEN PANTHER (R. Tasco, 2000)
12 DRAMA QUEEN (K. Keppel, 2003)
13 STAIRWAY TO HEAVEN (L. Lauer, 1993)
14 FLORENTINE SILK (K. Keppel, 2004)
15 MESMERIZER (M. Byers, 1991)
16 HAPPENSTANCE (K. Keppel, 2000)
17 BEVERLY SILLS (B. Hager, 1979)
18 STEPPING OUT (Schreiner,1964)
19 BEFORE THE STORM (S. Innerst, 1989)
20 DAUGHTER OF STARS (D. Spoon, 2000)

2- Italie
PREMIO FIRENZE
• Florin d’or: ‘SILK ROAD’ (Keith Keppel, 2007)
• ‘EGEO’ (Tiziano Dotto, 2011)
• ‘CLOUDSCAPE’ (Paul Black, 2007)
• ‘SPOT ON’ (Michael Sutton, 2007)

3- France
FRANCIRIS 2011
• 1 : ALEUTIAN ISLANDS (M. Sutton, 2007)
• 2 : semis LAPORTE 00 – jaune frisé (B. Laporte, NR)
• 3 : DANUBE DU BARRY (R.L. Vasquez-Poupin, 2007)
CRITERIUM DU PUBLIC
· ‘GRENADE’ (R. Cayeux, 2007)
· ALEUTIAN ISLANDS (M. Sutton, 2007)
· Semis bleu Dietmar GÖRBITZ

4- Allemagne
COMPETITION INTERNATIONALE :
• ‘ Comme un Volcan’ (Michèle Bersillon, 2010)
• ‘Ciel et Mer’ (Richard Cayeux, 2007)
• ‘ Coup de Soleil’ (Richard Cayeux, 2006)
COMPETITION NATIONALE :
• ‘Detmolder Schlossgarten’ (Siegmar Görbitz, 2009)
• ‘Sabine’ (Manfred Beer, 2009)
• Semis BL 55/10 (Bernhard Lesche)

5- Europe Centrale
COMPETITION INTERNATIONALE
Pas de concours en 2011
COMPETITIONS NATIONALES
Pas de concours en 2011


6- Russie
COMPETITION INTERNATIONALE
a. ‘Money in your Pocket’ (P. Black, 2007)
COMPETITION NATIONALE
b. ‘Maks Shtirner’ (Loktev, 2008)

7- Grande Bretagne
DYKES MEDAL
Pas attribuée (dernière attribution en 2008)

8- Australie (2010)
AUSTRALIAN DYKES MEDAL
· Amenort (Grosvenor, 2001)

7.10.11

QUELQUES DÉFINITIONS

Deuxième série :
AMOENA = Pétales blancs et sépales avec pigments anthocyaniques ;
Et AMOENA INVERSÉ = Pétales avec pigments anthocyaniques , sépales blancs. Dans ce cas on parle en Amérique de « dark top ».
Et si on a des pétales blancs et des sépales étroitement ourlés de pigments anthocyaniques, c’est à dire si le gène inhibiteur des pigments anthocyaniques a envahi le haut des sépales, on parle du MODÈLE ‘EMMA COOK’.
· ‘Wabash' (E.B. Williamson, 1936) : que l’ont peut considérer comme le premier amoena véritable.
· Semis de L. Ransom : un bel amoena inversé.



· ‘Quiberon’ (Madoré, 2005): représentant du modèle ‘Emma Cook’.
· Semis de Loïc Tasquier : parce que les amoenas peuvent aussi être d’une autre couleur que le bleu.

LA FLEUR DU MOIS



‘DOELAN’



Madoré, NR

Il paraît que Gérard Madoré s’est éloigné de l’hybridation des iris. C’est bien dommage ! Je suis un fervent admirateur de son travail et les variétés de lui qui sont dans mon jardin sont parmi celles que je préfère. Cela concerne en particulier ‘Doelan’ une variété que j’ai plantée en 2009 et qui, après un début laborieux, a remarquablement fleuri le printemps dernier, après une pousse vigoureuse.

Est-ce un signe du désintérêt que semble maintenant manifester le meunier de Kervin (comme je l’appelle) ? Ce ‘Doelan’ qui me plait tellement n’a pas été enregistré. J’en ai obtenu le pedigree, heureusement. Il s’agit de (American Beauty X (Conjuration x Skyblaze)).

Les amoenas « bleu-blanc-rouge » font partie, avec les iris oranges et les iris roses, notamment, des lignes de recherche amorcées par Gérard Madoré. Pour ce travail il a choisi le croisement (Conjuration x Skyblaze) dont il a fait la base de son programme. Il l’a recroisé essentiellement avec un autre de ses croisements, (Rébecca Perret x In Town), dans les deux sens, mais aussi avec ‘American Beauty’ (Shoop, 1985) ou ‘Sately Art’ (Aitken, 1997).

Le couple (Conjuration x Skyblaze) n’a pas été enregistré en tant que tel, mais il doit se situer dans la ligne de ‘Conjuration’, c’est à dire un semi-amoena bleu avec barbes oranges, dont ‘Skyblaze’ n’a pu que renforcer la couleur des barbes. Le fait de le recroiser avec un autre « bleu-blanc-rouge » comme le couple (Rébecca Perret x In Town), ou un bleu à barbes rouges comme ‘Stately Art’ a été fait dans le but d’améliorer le contraste ou la vivacité des barbes.

‘American Beauty’ (Shoop, 1985) est une autre amorce de « bleu-blanc-rouge ». Il descend d’un frère de semis de ‘Delphi’ (Shoop, 1979), variété dont on connaît le rôle dans la production des amoenas bleus à barbes rouges, en particulier dans la production de Richard Cayeux. Son principal défaut est d’être plutôt terne, notamment aux sépales. ‘Doelan’ est le seul semis « bleu-blanc-rouge » à l’avoir dans son pedigree. C’est peut-être pour cela, d’ailleurs, qu’il n’est pas parfaitement au type. Il se présente avec des pétales blancs sous lesquels les styles se parent de bleu, et des sépales d’un beau bleu pâle devenant plus sombres le long de la veine centrale. Les barbes sont oranges, un peu bronzées. Mais ses couleurs ne constituent pas son seul mérite. Les fortes ondulations donnent aux fleurs beaucoup de charme et leur grâce est accrue par le fait qu’elles sont de taille moyenne, sans lourdeur, bien étagées le long de la tige, et en nombre important (8 à 10), ce qui garantit une longue période de floraison. La photo ci-dessus rend tout à fait justice à cet iris vraiment bien réussi.

Verra-t-on un jour de nouvelles variétés signées Madoré ? Après ‘Doelan’ on ne pourrait qu’être désolé si l’expérience devait s’arrêter là.

UNE HISTOIRE DE PÉTALES







Cet été, sur le forum du site de la SFIB, les hybrideurs amateurs ont échangé leurs impressions sur leurs dernières obtentions, photos à l’appui. Ce sont ces discussions qui m’ont donné l’idée de la présente chronique.

On ne peut pas parler des iris sans évoquer leurs fleurs. C’est pour cela qu’on les cultive, n’est-ce pas ? Mais depuis la fleur des origines jusqu’à celle d’aujourd’hui, bien des changements sont intervenus. Prenons la fleur d’un classique I. pallida et celle d’une variété récente comme ‘Hollywood Nights’ (Duncan, 2000), challenger pour la DM de 2011 : les différences sautent aux yeux. On est passé d’une plante naturelle, pratiquement sauvage, à quelque chose de savamment élaboré, fruit d’une sélection établie sur une vingtaine de générations.

Dans la fleur naturelle, les pétales sont là pour offrir aux organes sexuels de la plante un écrin à la fois protecteur et attrayant. La fleur, c’est ce que la plante a de plus beau et de plus utile à présenter. Chez l’iris botanique les pétales en forme de dôme, ont pour but de protéger les parties intimes et fragiles de la plante. Il ne faut pas que la pluie vienne délaver le pistil et anéantir la fécondation en cours ; il ne faut pas que le soleil dessèche les étamines (mais il ne faut pas non plus que l’humidité ne rende le pollen trop collant et impossible à déposer correctement sur les lèvres du style). Les pétales sont à la fois un parasol et un parapluie. Leurs couleurs ont un autre but : attirer l’attention des insectes pollinisateurs. Et l’on pourrait aussi parler du rôle des sépales. La nature a tout prévu pour la pérennisation de l’espèce ! A partir de cela, l’homme, qui a vu le côté esthétique de la fleur, a cherché à améliorer celui-ci. Il a donc orienté les évolutions de la fleur vers ce qu’il a trouvé de plus beau, de plus attrayant. Les pétales ont constitué l’un des champs de sa recherche de la beauté.

Des pétales en dôme classiques, il a fait évoluer la fleur dans plusieurs directions, en fonction de ses goûts et, il faut bien le reconnaître, un peu en fonction de la mode. L’apparition des ondulations, puis des bords frisés, ont été des aubaines qu’il n’a pas laissé passer. Les unes et les autres ont ajouté quelque chose d’important à la fleur. Les ondulations, en plus d’être esthétiques, ont donné de la tenue aux pièces florales car la minceur du tissu floral avait l’inconvénient de faire que les pétales s’effondrent rapidement, dès que leur vieillissement naturel ou les effets des intempéries intervenaient. Les bords crêpés, eux, n’avaient pas d’autre intérêt que de rendre la fleur plus charmante, mais c’est très important dans une recherche de la beauté. Cependant d’autres modifications accidentelles de la fleur sont intervenues et ont été exploitées. Par exemple la forme en dôme des pétales a fini par lasser quelque peu. Or certaines fleurs présentaient des pétales qui, au lieu de s’épanouir, restaient turbinés ou fermement dressés, ne s’ouvrant que sur le tard. C’est un aspect qui a été développé et, dans les années 60/70, largement utilisé. A l’avantage esthétique s’ajoutait une prolongation de la durée de vie de la fleur. ‘Cotignac’, une obtention d’Igor Fédoroff, non enregistrée, est exemplaire sur ce sujet. Les pétales dressés ont eu beaucoup de succès. Puis on a recherché des pétales qui, tout en conservant une certaine rigidité, s’ouvraient au lieu de se courber en dôme. La fleur était ainsi moins raide. Ce fut la période de « la tasse et la soucoupe » : des pétales ouverts à la façon d’une corolle de tulipe, et des sépales très horizontaux. ‘Decipher’ (Ghio, 1996) se présente comme cela. Mais le risque, avec des pétales s’ouvrant vers le haut, c’est qu’ils ne s’écartent trop et donnent à la fleur un aspect échevelé, propre seulement aux fleurs en fin de vie, mais qu’on n’a pas envie de rencontrer sur une fleur à pleine maturité. C’est pourtant un aspect qui a ses adeptes et dont certains hybrideurs ont fait leur marque de fabrique. Barry Blyth est aujourd’hui dans ce cas, et ‘Dragon Dance’ (2010) en est l’illustration. Ces temps derniers une autre évolution des pétales a été mise en avant : des ondulations abondantes et d’une ampleur accrue qui confèrent à la fleur l’apparence bouillonnée des jupons de danseuses de french-cancan. C’est un grand succès commercial et beaucoup d’obtenteurs recherchent ce développement dont ‘Sea Power’ (Keppel, 1999 –DM 2006) est le porte-drapeau.
L’évolution des pétales chez les iris nains n’a pas été très différente de celle des grands iris. A ceci près que le nombre des générations qui se sont succédées depuis le début de leur hybridation est très nettement plus réduit : la culture des MDB, SDB, MTB est relativement récente. On pourrait par conséquent penser que les nains d’aujourd’hui sont voisins des grands ayant un même nombre de générations d’hybridation derrière eux. Mais comme les uns et les autres comportent de très nombreux gènes de grands iris, introduits lors des croisements inter-catégoriels, les caractéristiques de ces derniers apparaissent maintenant partout, et sans tenir compte de la différence de générations. En ce qui concerne les pétales, on trouve chez les iris nains des variétés avec des pétales en dômes, d’autres avec des pétales dressés, d’autres aussi avec des pétales ouverts… L’exemple des produits du croisement (Candy Walk X Cimarron Rose) donné lors du débat sur le forum de la SFIB, est démonstratif de ce télescopage. ‘Cimarron Rose’ (Nichols, 1990) est d’aspect très traditionnel, avec des pétales plutôt ouverts. ‘Candy Walk’ (Barry Blyth, 1985) exagère le côté ouvert des pétales jusqu’à l’extrême. Les produits de ce croisement pourraient accumuler les handicaps, mais parmi les semis observés et photographiés par Loïc Tasquier, on trouve de tout : des plantes à la manière des iris des années d’avant guerre (E 430 B), des fleurs semblables à des miniatures de grands iris (E 170 C), des pétales largement ouverts (E 101 B)… C’est à l’obtenteur de faire le choix en fonction de ses goûts !
On n’en a sûrement pas fini avec les pétales. D’autres évolutions viendront, au gré des sélections et en fonction des tendances et des modes. L’avenir des iris est, comme certains pétales, largement ouvert.