29.9.18

LE CONGRÈS DE 1978

En 1978 la SFIB a organisé la plus grande manifestation de son histoire. Ce fut le Congrès de 1978 qui se tint à Orléans et qui attira en France les plus grands hybrideurs américains. Un vaste concours d'iris s'est déroulé parallèlement. Dans ses divers sections concernant les grands iris, 24 variétés ont été primées. Pendant cinq semaines nous allons en voir les photos ! Pour marquer en couleur ce quarantième anniversaire.

2 – Meilleurs iris bleus 

'Blue Sapphire' (Schreiner, 1971)

'Firewater' (Keppel, 1977)

'Music Maker' (Waters, 1963)

'Foamy Waves' (van Veen, 1962)

'Harbor Blue' (Schreiner, 1954)

28.9.18

ECHOS DU MONDE DES IRIS

Munich (la suite) 


Le concours de Munich 2018 a couronné une variété d'un nouvel obtenteur Italien, Simone Luconi. La variété en question a été présentée la semaine dernière. Le podium se compose d'un iris Schreiner : 'Makin Good Time' (2015) et d'un iris allemand : semis 73-08-12-2 (Gunter Diedrich). A noter la bonne performance de 'Terre à Silex' (Cayeux, 2015) classé 6eme à quelques dizièmes de points du podium.

UNE ANNÉE DANS LA VIE D'UN IRIS



(suite)

Quand la fleur s’ouvre, tout l’appareil est en place. La seule part d’inconnu est de savoir quand et par qui va s’opérer l’acte sexuel proprement dit. La fleur attend. Cette attente est quelque fois vaine : aucun bourdon ne vient ou tout au moins aucun bourdon porteur de pollen. Mais très souvent l’attente est couronnée de succès : chacun va jouer son rôle, de façon involontaire et mécanique, mais en application d’une sorte de contrat. La fleur, qui dans la définition primaire du statut de chaque être vivant a choisi l’immobilité, avec les avantages et les inconvénients de cette situation, va tout faire pour tirer profit des éléments mobiles de la nature que sont les insectes. Elle va manigancer un stratagème pour les attirer, et pour leur faire accomplir les mouvements qu’elle ne peut pas exécuter elle-même. Mais elle va les récompenser en leur offrant un bonbon : le nectar. Les insectes, en l’occurrence les gros bombyles bleus, vont voler de fleur en fleur à la recherche de ce nectar qui est leur carburant. Les brillantes couleurs des iris, de même que la délicieuse odeur que certains d’entre eux exhalent, vont les attirer. Ils vont utiliser la piste d’atterrissage que constitue le sépale. La barbe va leur montrer le chemin qu’ils doivent emprunter pour parvenir à la source de nectar. Ils vont se glisser dans l’entonnoir et, parvenir là où ils veulent aller, puis, repus, ils vont faire marche arrière pour repartir vers une autre fleur. Leur dos velu ressemble à certaine brosse à vêtement : quand on la passe dans un sens elle se charge des poussières, quand on la manipule dans l’autre sens, tout se dépose. Les bombyles vont le frotter sur les étamines que leur passage à fait s’incliner, et récolter le pollen. Les voilà, embarrassés de cette charge génétique, qui volent vers une autre fleur. Ils se posent et recommencent leur manège. Mais cette fois leur dos va effleurer la lèvre collante du stigmate et les grains de pollen vont y être déposés. Le tour est joué ! L’acte sexuel s’est déroulé en deux temps, mais il est parfait et correspond tout à fait à ce que notre iris souhaitait : les gènes mâles d’une fleur ont été portés vers les gènes féminins d’une autre. Mais l'iris a ajouté une difficulté dans sa phase de reproduction : pas d'auto-fécondation ! C'est le stigmate qui va se charger de la sélection des grains de pollen. Il rejettera les grains provenant d'autres espèces de plantes et ceux de sa propre fabrication.

 Le grain de pollen se compose de deux éléments : un élément qui joue le rôle de véhicule pour le second. A peine le pollen sera-t-il déposé sur la lèvre collante du stigmate, que le premier élément va émettre un tube pollinique qui va pénétrer dans le tissu du stigmate et progresser vers l’ovaire à travers l'espace intercellulaire. A l'intérieur de ce tube pollinique le second élément qui contient les gamètes mâles va glisser jusqu'à l’ovaire, situé à l'étage en-dessous. Plusieurs grains de pollen peuvent se trouver collés sur la lèvre du stigmate, de même que sur les deux autres stigmates ; ce qui se passe alors est assez semblable à ce qui se passe chez les êtres animés. C'est au plus fort la poche ! Le grain qui parviendra le premier aux ovules sera celui qui accomplira l' œuvre de vie. Les ovules sont alignés en rangs et alimentés par un cordon, un peu comme les fœtus d’un mammifère. Un grain de pollen féconde un ovule et un seul. Il met environ huit heures pour se développer et parvenir au contact de l’ovule. Les grains de pollen peuvent n’être déposés que sur une seule des trois lèvres stigmatiques ; ils féconderont néanmoins l’ensemble des ovules, dans les trois compartiments de l’ovaire par l'intermédiaire du cordon qui les relie. Dès qu’ils sont fécondés les ovules (il peut y en avoir jusqu’à une centaine dans une capsule) commencent à se développer : ils grossissent et la capsule qui les contient prend du ventre. Elle mettra environ deux mois pour atteindre la maturité. A ce moment le printemps sera terminé depuis longtemps et nous serons au milieu de l'été.

 Été

Après l'effort considérable que représente la floraison et la fécondation, l'iris va entrer dans une phase de repos que l'on appelle la dormance. En dehors de voir que les feuilles se dessèchent, on a l'impression, de l'extérieur, que plus rien ne se passe. Mais la plante alimente néanmoins la ou les capsules porteuses de graines et prépare l'année suivante en constituant des réserves dans son rhizome et en préparant les bourgeons latéraux qui donneront naissance aux développements de la plante et à sa reproduction végétative, c'est à dire à l'identique.

La froidure de l'hiver a été nécessaire pour déclencher la reprise de la végétation, la chaleur de l'été est indispensable pour que les graines cachées dans la capsule grandissent et mûrissent. Quand les graines seront mûres, la capsule va jaunir, se dessécher et s’ouvrir par le haut. Dans la nature l’éclatement de la capsule aboutira à laisser tomber au sol les graines qui s’en échappent. Certaines, un jour, germeront et donneront naissance à une nouvelle plante. Dans le jardin, l’hybrideur prendra grand soin de récolter ces graines avant qu’elles n’abandonnent la plante-mère, de façon que des semis spontanés ne se produisent pas car ils auraient pour conséquence de parasiter la touffe originelle et de laisser croire à une mutation. Les précieuses graines, petits cubes dorés, assez semblables à des grains de maïs, en plus foncé, vont se mettre à sécher. Le séchage est une phase importante. Les graines, tombées à terre en plein été, vont y subir les effets de la chaleur estivale sur un sol généralement sec. Sèches, elles résisteront aux attaques des agents naturels toujours prêts à profiter d’une source de nourriture. Mais la conséquence sera un durcissement de l’enveloppe et, partant, un peu plus de difficulté pour germer.

La période de dormance durera un temps variable, fonction des caractéristiques génétiques de la plante et des conditions atmosphériques.Elle prendra fin, en général, avec l'arrivée de l'automne.

Automne

Notre iris se réveille peu à peu. Il entame une nouvelle phase de développement. En fait il n'est plus le même, c'est un iris nouveau qui apparaît. En effet le précédent a terminé son cycle et il cède la place aux pousses qui sont apparues le long du rhizome ancien. C'est en cela que l'iris est éternel : l'intégralité de ses gènes se trouve rassemblé dans ces pousses nouvelles, et tout repart pour une nouvelle année qui sera suivie d'un nombre indéfini d 'autres années... Pour l'instant les jeunes « yeux » ce développent sous terre, sans le secours du feuillage qui, lui, est le plus souvent sec ou rabougri. Ils vont ainsi progresser jusqu'à ce que la froidure ne freine leur végétation et qu'ils ne s'endorment de nouveau jusqu'à ce que l'allongement des journées ne les incite à reprendre leur fonction. Nous serons alors au printemps...

Comme dans le livre de David Haskell, une année s'est écoulée. Notre iris renouvelé poursuit inlassablement le grand roman de la nature.

21.9.18

LE CONGRÈS DE 1978

En 1978 la SFIB a organisé la plus grande manifestation de son histoire. Ce fut le Congrès de 1978 qui se tint à Orléans et qui attira en France les plus grands hybrideurs américains. Un vaste concours d'iris s'est déroulé parallèlement. Dans ses divers sections concernant les grands iris, 24 variétés ont été primées. Pendant cinq semaines nous allons en voir les photos ! Pour marquer en couleur ce quarantième anniversaire.

1 - Meilleurs iris plicatas : 

'Stepping Out' (Schreiner, 1964) 


'Charmed Circle' (Keppel, 1969) 


'Odyssey' (Babson, 1971) 


'Spreckles' (Schreiner, 1972) 


'Kilt Lilt' (Gibson, 1970) 


'Roundup' (Keppel, 1974)

UNE ANNÉE DANS LA VIE D'UN IRIS

Il y a quelques semaines j'ai lu avec grand plaisir un livre intitulé « Une année dans la vie d'une forêt ». L'auteur, un biologiste et botaniste américain du nom de David George Haskell, avec ce récit, a failli remporter le prix Pullitzer en 2013. C'est dire l'intérêt du bouquin ! Il y décrit par le menu tout ce qui se passe dans et autour d'un petit espace forestier d'un m² pendant toute une année. Avec des digression sur toutes sortes de sujets ayant trait à la nature et à l'environnement.

Je me suis dit que ce qui intéressait cette petite parcelle de terre forestière pouvait être rapporté à l'existence d'un iris dans l'un de nos jardins. C'est le sujet de la présente chronique.

Hiver

Lorsque la luminosité décroît en durée comme en intensité, l'iris se met en mode veille (comme on dit en parler moderne). Il s'est constitué une bonne réserve de nutriments qu'il a stockée dans son rhizome ; il a diminué sa consommation d'énergie, et il attend des jours meilleurs. Cet iris en sommeil a perdu son feuillage. De la bordure où il est planté n'émerge que de courts moignons verdâtres. Il tient ce comportement de son ancêtre I. aphylla qui est une plante montagnarde, dont l'habitat d'altitude n'aurait pas supporté le gel et la neige, alors, autant s'en passer ! Dans cette tenue de circonstance, notre iris peut attendre le printemps.

Printemps

On ne peut pas se contenter d'un paragraphe pour évoquer le printemps d'un iris. Il en faut autant que de mois !

     Mars

Avec les jours qui rallongent, l'iris se met à pousser. Des feuilles réapparaissent et grandissent d'environ 1cm par jour. C'est un peu comme un ours qui sort de sa tanière. Il est amaigri et il a faim. Il va se refaire des forces non plus en puisant dans ses réserves, mais en allant chercher dans le sol l'eau et certains nutriments. C'est pourquoi les racines, comme les parties apparentes de la plante, se développent hardiment. Les feuilles nouvelles interviennent dans le phénomène de croissance. D'une part, grâce à la photosynthèse, elles fournissent les composés carbonés qui sont essentiels à la vie de la plante et que celle-ci va emmagasiner dans son rhizome ; d'autre part elles accroissent la surface exposée au soleil et l'évaporation va activer l'aspiration de l'eau vers les cellules nouvelles : cela fonctionne comme une pompe. Dans un sens, l'eau puisée par les racines va monter vers les sommités nouvelles, dans l'autre, les sucs nutritifs vont descendre vers les réserves. La machine végétale est lancée.

     Avril

Les feuilles ont à peu près atteint leur taille maximale. C'est au tour de la tige florale de grandir. Elle apparaît au centre d'un panache de feuilles : trois à droite et trois à gauche. Au début elle se distingue mal de ses voisines, mais bien vite son aspect cylindrique se différencie des feuilles qui, elles, restent en deux dimensions. Sa croissance est extrêmement puissante et rapide puisqu'elle va atteindre en un peu plus d'un mois une hauteur d'environ 90cm ! L'amateur qui s'inquiète de la future floraison va régulièrement saisir entre le pouce et l'index l'extrémité de la tige florale qui s'élève progressivement entre ses assesseurs foliaires, jusqu'à ressentir le renflement qui se forme et donne l'assurance de la présence de boutons floraux. L'iris atteint à ce moment la période la plus délicate de sa végétation. En effet dans beaucoup de régions les matinées d'avril sont propices aux gelées et les tendres bourgeons sont en danger. Sont particulièrement exposés les iris intermédiaires et les grands iris hâtifs. Mais, passée la St Georges, les risques s'amenuisent et l'on va pouvoir aborder la période cruciale de la floraison.

     Mai

Le mois de mai constitue l'apogée de l'année d'un iris. Tout est fait pour la floraison et la prolongation de l'espèce. Comme de nombreuses plantes, l’iris réunit dans un seul ensemble les sexes mâle et femelle nécessaire à sa reproduction. Mais il ne mélange pas les genres et ne s’auto-féconde pas (ou pas spontanément). Si les deux appareils logent dans le même appartement, ils ne copulent pas entre eux ! Pour filer la métaphore on peut dire que chacun occupe un étage de la même maison. Bien haut, le plus haut possible, la hampe florale a hissé la demeure du couple. Dans cette sorte de duplex. Au niveau inférieur elle a situé l’essentiel de la partie femelle, au-dessus elle a placé la partie mâle. La partie femelle a pris place à l’extrémité de la hampe à laquelle elle est rattachée par un court élément qui se nomme le pédicelle. Ce pédicelle est surmonté par l’ovaire, un corps en forme de quenouille fait pour abriter les graines en développement qui prendra à ce moment le nom de capsule. C’est dans cet ovaire que se trouvent les cellules reproductrices ou gamètes femelles de la fleur. Il est prêt à fonctionner et, en l’occurrence, il est subdivisé en trois éléments correspondant chacun à une des trois parties mâles de la fleur, mais qui communiquent entre eux. Cette segmentation est une garantie car si l'un de ces segments est détruit, les deux autres seront toujours là ! C’est le creuset où tout va se jouer : c’est fonctionnel, solide, mais discret, presque secret. Le spectacle, c’est pour ce qui se situe au-dessus. Dans le prolongement vertical de l’appareil se trouve un court élément de liaison qu’on appelle le périanthe qui va en s’évasant et qui se termine par une sorte de nœud qui est la zone d’attache des pétales et des sépales et le point d’ancrage de la partie attractive de la fleur.

A partir de là l’apparence des choses change totalement : on quitte les éléments discrets, d’une couleur verte anonyme, pour les éléments vivement colorés destinés à attirer les vecteurs animés de la fécondation que sont les insectes à la recherche de nectar. Cette zone d’attache a une importance considérable. Au-dessus rien ne sera plus comme en dessous. Les six pièces florales vont jaillir de là, de même que les trois supports des parties accessibles aux insectes. Trois pétales, amplement développés, richement colorés sur leur face extérieure qui vont s’étaler comme des ailes et constituer l’étendard de la fleur, bien visible et bien attrayant. Trois sépales fabuleusement colorés sur leur face interne, celle qui va se voir et qui est montrée de façon assez ostentatoire, qui vont servir de piste d’atterrissage pour les insectes choisis par la nature pour assurer la pollinisation et sur lesquels se développe un leurre, une barbe à longs poils qui fait croire aux visiteurs qu’ils vont trouver là le nectar qu’ils viennent chercher mais qui n’est qu’un guide vers le cœur sucré où on veut les entraîner. Trois ensembles génialement constitués où va se jouer l’acte sexuel. D’abord l’étamine, avec un filament portant l’anthère, partie mâle proprement dite, où se sont développés les petits sacs polliniques qui contiennent les gamètes mâles. Puis une languette un peu rigide, terminée par une étroite lame cornée, gluante, où vont venir se coller les grains de pollen et qui s’appelle le stigmate. Enfin une élégante crête, colorée, qui sert à la fois de bouclier protecteur pour le stigmate et de complément décoratif de la fleur.

(à suivre...)

ECHOS DU MONDE DES IRIS


Le vainqueur de Munich

Avec la permission de l'obtenteur, voici une photo de la variété qui a remporté le premier prix du concours 2018 de Munich. Le même obtenteur, Simone Luconi, a également été gratifié d'une récompense annexe au concours de Florence, au printemps dernier. Un nouveau dont on reparlera sans doute dans les années à venir.

14.9.18

HOMMAGE A BARRY BLYTH (la suite)

Ne retenir qu'une vingtaine de variété sur une production qui doit dépasser les 1200, toutes catégories confondues, n'est ni simple ni juste. Nous nous contenterons cependant de cela, parce qu'il faut bien se fixer des limites... 

7/6 (oui!) 

En complément des images précédemment publiées, Roland Dejoux m'a fait parvenir les cinq images ci-dessous. En quelque sorte, le testament de Barry Blyth.


Z 21/3 


Z 33/3 

Z 62A 


Z 104A 


Z 140/31

MORT SUBITE DU CULTIVAR

C'est un des phénomènes les plus étranges que nous réserve le monde des iris. En américain, avec cette concision que permet la langue anglaise, on dit tout simplement « blooming out ». En deux mots tout est dit ! L'iris fleurit (bloom) et meurt (out). C'est quelque chose qui est apparu aux Etats-Unis dans les années 1980 (peut-être avant, mais on n'en parlait pas) et qui s'est répandu à travers le monde, conséquence certaine de la diffusion internationale des cultivars.

Pour avoir plusieurs fois constaté le phénomène, je puis en faire une description précise. D'abord il faut dire qu'il se produit le plus souvent au cours de la période de floraison (l'anthèse comme disent les savants) suivant la plantation. Au moment de cette dernière la plante reprend normalement et passe l'hiver sans dommage apparent. C'est lors de la reprise de la végétation que les premiers symptômes apparaissent. D'abord cette reprise met du temps à se manifester. Et elle ne se déroule pas selon le processus classique. Le premier signe d'anomalie est qu'une seule pousse se manifeste au lieu des trois habituelles. C'est la tige qui doit porter les fleurs. Les deux tiges latérales qui ne sont composées que de feuillage n'apparaissent pas. Et la tige qui pousse pousse lentement et reste prostrée. Alors que les tiges des autres plantes s'élèvent jusqu'aux 90cm traditionnels, celle de la plante atteinte ne dépassent pas les 60cm. Seule et courte, elle va tout de même porter des fleurs. Peu. Une ou deux, rarement plus. On comprend que toute l'énergie dont la plante a besoin ne provient que de la réserve constituée dans le rhizome. A l'éclosion de la première fleur, qui intervient à la période normale, on constate qu'elle manque de sève car les tépales sont un peu fripés, comme si ils étaient victimes d'une forte sécheresse. Néanmoins les couleurs, les ondulations, les frisottis éventuels sont là. La durée de vie de la fleur n'est pas diminuée. La catastrophe annoncée apparaît dans toute son étendue lorsque toutes les fleurs sont fanées. A ce moment l'iris atteint tend à disparaître. C'est à dire que n'en subsiste que la tige qui a porté les fleurs, désormais desséchée. On peut passer à l'éloge funèbre !

Retirons du sol la plante apparemment morte. Le rhizome est sec, vidé. Les racines, peu nombreuses sont également sèches et aucun bourgeon ne se montre sur les côtés du rhizomes, là où, dans une situation normale il devrait y en avoir au minimum un sur chaque face. Le diagnostic est sans appel.

J'ai lu plusieurs commentaires et analyses à propos de cet événement. Tous se concluent par un aveu d'impuissance et de doute. Les explications données ne m'ont jamais parues satisfaisantes. Les plantes atteintes sont-elles victimes d'une agression extérieure ? Un ravageur inconnu s'est il ainsi manifesté ? Est-ce le résultat d'une attaque bactérienne ou virale ? Rien ne confirme ces causes éventuelles. Il faut donc s'orienter vers une anomalie génétique. C'est d'autant plus vraisemblable qu'il peut arriver que le « mort » ressuscite ! En effet il est apparu que le rhizome desséché, placé dans l'obscurité totale et une légère humidité, après quelques semaines de catalepsie, laisse pointer quelques signes de vie. Cela se manifeste par l'apparition de ces fameux bourgeons latéraux gages d'une reprise de la végétation. Cependant cette résurrection n'est pas générale. Elle n'intervient que sur certains rhizomes atteints, pas sur tous, loin s'en faut. Pourquoi ? Mystère !

Il semble bien néanmoins que la cure d'obscurité soit le seul remède. On connaît la puissance vitale d'un rhizome d'iris. Combien de fois a-t-on découvert qu'un morceau de rhizome abandonné au compost survit à ce placement en fosse commune et renaît avec un acharnement incroyable. Et combien de fois a-t-on constaté qu'un minuscule segment laissé en terre après un arrachage total d'une touffe, donne naissance à une nouvelle plante, souvent vigoureuse, qui vient sans vergogne se mêler, et parfois se substituer, à celle que l'on a mise à son ancienne place ! C'est d'ailleurs une des causes de ce que certains qualifient de dégénérescence !

Il y a donc une trace d'espoir puisque le choc provoqué par le placement en atmosphère obscure peut aboutir à une reprise. Reste à organiser ce traitement. J'ai tenté plusieurs méthodes. La première consiste à disposer un pot à fleur renversé par-dessus le rhizome dont le pronostic vital est engagé, sans toucher au rhizome lui-même, dont on pourra assez facilement suivre la résurrection en soulevant périodiquement le pot et en auscultant le malade. Une autre, qui n'est pas moins efficace mais qui présente quelques difficultés, consiste à enterrer profondément le rhizome. La lumière ne l'atteindra plus sous cette taupinière artificielle et, s'il doit reprendre, il le fera. Mais il faut faire attention au taux d'humidité dans le monticule : trop d'eau et le rhizome va pourrir, pas assez et il va poursuivre fatalement sa dessication. Et puis cela n'est pas facile de contrôler l'éventuelle reprise !

Chez certains collectionneurs la plus grande plaie atteignant les iris est la pourriture du rhizome. Chez d'autres, c'est le « scortch », ce dessèchement brutal de la plante, sans signes avant-coureurs. Le blooming-out n'est pas la plus fréquente mais il ruine bien des espoirs et fait disparaître des variétés qui auraient pu présenter une avancée intéressante dans le progrès de l'horticulture des iris. La connaissance du phénomène est encore balbutiante et, compte tenu de l'importance très relative de l'affaire, il n'est pas raisonnable de penser à une étude approfondie des causes et des remèdes. Contentons-nous pour l'instant d'une approche pragmatique...

Iconographie : Quelques variétés qui ont « bloom-outé » dans mon jardin : 


'Jud Paynter' (Nichol, 1991) 


'Callella' (Muska, NR) 


'Bontje Kermis' (2010) 


'Sébastien Cancade' (Laporte, 2007)

8.9.18

SÉPALES (suite)

Jérôme Boulon, lecteur assidu de « Irisenligne », m'a fait parvenir la photo et le message suivants, en guise de précision à propos de l'article de la semaine dernière sur l'évolution des sépales d'iris :
 « Tu peux noter une différence significative de la largeur du sépale, au niveau de l'épaule, entre les différentes variétés.  
Avec pour celles en photos la forme la plus '' ronde'' et une largeur supérieur au niveau épaule et attache pour 'Roaring Twenties'. » 

Cette photo montre bien à la fois l'évolution survenue dans la forme des sépales et les importantes variations de forme et de taille d'une fleur à l'autre. Chaque hybrideur a ses préférences et ses interprétations du sujet !

LA FLEUR DU MOIS

'Dakar' ( Bernard Laporte, 2009) 

 (Designer Gown X Ostrogoth) 

 Les iris unicolores noirs agrémentés d'éperons ne sont pas les plus nombreux dans ce coloris. C'est pour ça que j'ai demandé à mon ami Bernard Laporte de me fournir celui-ci. Et je n'ai pas été déçu ! Dans mon jardin (où il est resté malgré l'exil du reste de la collection) c'est un des plus voyants et des plus remarqués. C'est si vrai qu'au moins deux de mes visiteurs m'ont demandé de leur en réserver un rhizome. Les iris noirs ne rencontrent pas toujours la même approche ! Il est vrai que cet enthousiasme est mérité. Pour la vigueur et et le fort développement de la plante, d'abord : en quelques années il a constitué une touffe vigoureuse et florifère. C'est une situation, dans les noirs, que je n'avais pas rencontrée depuis 'Tuxedo' (Schreiner, 1964), une variété increvable et qui fait toujours de l'effet. Pour l'originalité de sa fleur, d'autre part.

Dire que 'Dakar' est un iris noir est peut-être un peu outré. Parler d'iris violet foncé serait plus exact, car la couleur de sa fleur est en fait en deux tons de violet très sombre. Ce n'est pas là l'originalité de 'Dakar'. Cette originalité provient plutôt de ces éperons violets qui pointent au cœur de la fleur. C'est, du moins, ce qui me plait. Je ne connais qu'un autres iris noir doté d'éperons, il s'agit de l'IB 'Athaeneos' (Peyrard, 2009) – dont je n'ai pas trouvé de photographie - , qui est aussi un descendant 'Ostrogoth'. 'Ostrogoth' (Jean Peyrard, 1993) est une variété qui descend de 'Sky Hooks' (Osborne, 1979), la référence en matière d'éperons. Chez 'Ostrogoth' ils ne sont ni très développés ; ni très stables – ils manquent souvent sur les fleurs situées en bas des tiges – mais les gènes sont là et ils se transmettent à la descendance.

Pour ce qui est de la couleur des fleurs, il est préférable de chercher du côté maternel. Encore qu'il faille bien chercher parce que rien n'est bien net dans cette affaire. Le violet ne se rencontre guère que dans l'ascendance de 'Louise Watts' (Blocher, 1970) dont un frère de semis se trouve au pedigree de 'Designer Gown' (Ghio, 1985). Disons qu'il s'agit de pigments anthocyaniques qui font là une réapparition après une longue éclipse. A moins qu'il n'y ait eu quelque confusion dans les arbres généalogiques ! Cela arrive ! Notons aussi que 'Ostrogoth' comporte lui aussi des pigments anthocyaniques et que l'addition des uns et des autres peut avoir eu cette heureuse conclusion.

Je ne sais pas si l'on verra un jour apparaître un descendant de 'Dakar'. Les bases de données de l'AIS n'en font pas mention jusqu'à présent et je n'ai pas interrogé Bernard Laporte à ce sujet. Quoi qu'il en soit, avec ou sans rejetons, 'Dakar' est une variété intéressante, qui devrait plaire à tous les amateurs avides de nouveauté.

Iconographie : 

'Dakar'


'Designer Gown' 


'Ostrogoth' 

'Louise Watts'
A la mémoire de Nina 

L'information n'est pas vraiment nouvelle, mais elle ne nous parvient qu'aujourd'hui. La Société Ukrainienne des Iris a décidé la création d'une médaille consacrant chaque année le meilleur iris obtenu en Ukraine. Cette médaille porte le nom de Nina Miroshnichenko, la première obtentrice ukrainienne à avoir obtenu une récompense hors du petit cercle de l'ex-URSS : le Prix Philippe de Vilmorin du concours FRANCIRIS de 2007, avec 'Soloviniyaya Noc'. La première Médaille Nina Miroshnochenko a été attribuée en 2015 à la variété 'Veter Pustiny'(1) (Miroshnichenko, 1999) considérée comme la plus belle réalisation de son obtentrice.


 Munich 2018

Voici les premiers résultats du concours de Munich 2018, tels que me les a fait parvenir le commissariat du concours.
1 - Simone Luconi (I) 311-2009
2 - Schreiner 'Makin Good Time'
3 - Diedrich G (D) 73-08-12-2
4 - Bianco A (I) 'Mille Sei'
5 - Garanzini A 2111-1
6 - Cayeux R (F) 'Terre A Silex'

Cette année les Italiens sont en forme ! Après le triomphe à Florence, voici la réussite à Munich !

GLACIATA TUTORIAL (par Keith Keppel)

Dans une de ses interventions récentes sur Facebook, Keith Keppel nous a livré une leçon parfaite à propos des iris glaciatas. Je n'ai pas résisté au plaisir d'en faire une traduction qui doit en faciliter la compréhension par un public francophone. La voici (avec la permission de l'auteur).

Glaciatas are part of the plicata complex. You can think of them as plicatas with the markings erased. Genetically, they cannot form the anthocyanin pigments which otherwise would make the markings. In the picture, all but the two larger falls on the left are glaciatas. Note how there is a white area beside the beards, with coloring....carotene yellow, pink, or orange, not anthocyanin.....on the shoulders. The upper right fall doesn't even have the yellow shoulders.

Les glaciatas font partie de la grande famille des plicatas. Vous pouvez les considérer comme des plicatas dont les dessins ont été effacés. Génétiquement, ils ne peuvent pas fabriquer les pigments anthocyaniques qui, autrement, formeraient les dessins. Sur la photo, tous les sépales présentés sauf les deux plus grands, à gauche, sont des glaciatas. Notez les surfaces blanches de chaque côté de la barbe, avec des zones colorées de jaune, rose, orange (des pigments caroténoïdes) – mais pas d'anthocyanine – sur les épaules. Le sépale en haut à droite n'a même pas de jaune aux épaules.

Sometimes an iris looks so clean you think it is a glaciata....but isn't. The upper left fall is white with yellow across the haft, but missing the white area by the beard. Also, if you look closely you can see some fine brownish haft marking....caused by anthocyanin blue or violet pigment on the yellow ground. But if it forms ANY anthocyanin pigment, it cannot be a glaciata. The bottom left fall shows even less anthocy ou uanin, there is the merest shading or fine veining you could see if my picture were clearer. This is a fall from Clean Energy....hafts SO clean, but still not glaciata clean....

Quelques fois un iris a l'air tellement net que vous pouvez le prendre pour un glaciata... mais ce n'en est pas un ! Le sépale en haut à gauche est blanc avec du jaune sur la partie haute mais il lui manque les zones blanches le long de la barbe. Et même, si vous regardez bien, vous pouvez voir quelques traces brunes sur les épaules... causées par un pigment bleu ou violet répandu sur le fond jaune. Mais à partir du moment où il y a la moindre marque de pigment anthocyanique, cela ne peut pas être un glaciata. Le sépale en bas à gauche montre encore moins d'anthocyanine, Il y a une infime trace ou un fin veinage que vous pourriez voir si la photo était meilleure. C'est un sépale de 'Clean Energy', qui a des épaules bien nettes, mais ce n'est pas la netteté d'un glaciata...

Glaciatas may show up unexpectedly in plicata or luminata crosses, or you can cross glaciatas to get more. They may be white, or yellow, pink, orange (the warm carotene colors), and can appear in the same patterns as these same colors would occur in non-glaciatas....that is, self, amoena, Debby Rairdon pattern, etc. 

Les glaciatas peuvent apparaître incidemment dans des croisements de plicatas ou de luminatas, on peut aussi croiser des glaciatas pour en obtenir d'autres. Ils peuvent être blancs, ou jaunes, rose, orange (les couleurs chaudes caroténoïdes), et peuvent survenir dans les mêmes modèles ou coloris qu'on trouve parmi les non-glaciatas... c'est à dire les selfs, les amoenas, les fleurs du modèle Debby Rairdon (1), etc...

So why do we care about them? Because, with no anthocyanins to dull or grey the carotene pigments, we can get clearer, cleaner yellows, pinks, and oranges. 

Alors pourquoi s'intéresse-t-on à eux ? C'est parce que sans pigments anthocyaniques pour assombrir ou griser les pigments caroténoïdes, on peut obtenir des couleurs plus propres, en jaune, en rose et en orange.

Commentaire :

Keith Keppel est un excellent pédagogue. Son explication est lumineuse, Mais le phénomène reste inexpliqué. A défaut de preuve on est réduit à des suppositions. Celles de Chuck Chapman, d'une part. Cet autre théoricien a soutenu l'idée selon laquelle il existerait plusieurs degrés d’inhibition des pigments anthocyaniques dans une fleur d’iris. Il attribue ces dégradations successives à l’intervention plus ou moins efficace d’un gène inhibiteur. Il voit ce gène à la puissance 4 chez les glaciatas, à la puissance 3 chez les luminatas, à la puissance 2 chez les ‘zonals’ ou ‘zonatas’, à la puissance 1 chez lez iris bleus à barbes blanches et à la puissance 0 chez les iris entièrement « gouachés » d’anthocyanine. Cette thèse est séduisante mais elle n'est nullement confirmée et ce gène inhibiteur reste bien mystérieux et capricieux dans sa manifestation. Keith Keppel, lui, est moins affirmatif. Comme il l'a décrit à maintes reprises, le modèle plicata résulte de l’application plus ou moins intense d’une couche de pigments anthocyaniques par-dessus un fond blanc ou teinté de pigments caroténoïdes, et le modèle glaciata serait en quelque sorte un anti-plicata. En fait, sous deux formes différentes les deux hommes disent à peu près la même chose.

Reste que pour savoir si un iris est un glaciata ou non, il faut détruire une fleur, examiner à la loupe les sépales détachés jusqu'à la base et constater l'absence totale, ou non, de traces anthocyaniques de chaque côté des barbes. A vrai dire cela n'est qu'une recherche formelle qui n'est pas souvent nécessaire pour le travail de tous les jours d'un hybrideur.

Il reste que le phénomène glaciata, en conférant aux fleurs qui en bénéficient un éclat et une pureté hors de pair est un événement fort appréciable.

(1) NDT = en France on parle plus volontiers du modèle Joyce Terry. 

Iconographie : 

Sépales (par K. Keppel) ;


 'Sun Shine In' (Keppel, 2010) – pur glaciata ; 


'Jet Setter' (L. Ransom, 2004) – pur glaciata ; 


Sépales de 'Jet Setter' isolés par Loïc Tasquier

UN PETIT TOUR

Un peu de retard ? Oui, quelques jours de tourisme en Allemagne.