28.10.05

CHRONIQUE D'UN CHANGEMENT ANNONCE

C'est la semaine prochaine, première semaine de novembre, qu'Irisenligne new look commencera de paraître. En attendant, dès aujourd"hui, une première chronique de "témoigange".
PLEDGE ALLEGIANCE

Si on en juge par sa descendance, PLEDGE ALLEGIANCE (Schreiner 84) est un iris très recherché par ceux qui entendent obtenir des variétés d’un bleu pur. Ceci est confirmé par Michelle Bersillon, qui ne réalise pas ses croisements au hasard, et qui a fait au sujet de PLEDGE ALLEGIANCE une recherche généalogique complète. Cependant cette recherche aboutit souvent à des trous car chez Schreiner on n’est pas toujours disert sur les origines d’une variété : un numéro de semis est fréquemment la seule indication qui soit donnée. Sauf à interroger l’obtenteur lui-même, il faut donc se contenter de ce qui apparaît en clair, c’est à dire pas grand chose.

Du côté maternel, PLEDGE ALLEGIANCE a pour ancêtres à la troisième génération deux célébrités : BLACK SWAN (Fay 60) d’une part, et NAVY STRUT (Schreiner 72) de l’autre. Le premier est un pilier de la catégorie des iris noirs, le second, qui a été décrit ici en 2002, provient en autres de STERLING SILVER (Moldovan 61), un iris plutôt foncé, en bitone indigo pourpré, décrit ici-même en 2003.

Du côté paternel, le premier nom à être fourni se situe en « demi-finale », c’est à dire au niveau des grands-parents ! Le « père » est encore un semis où apparaissent REGAL RUFFLING (Moldovan 61), ALLEGIANCE (Cook 57 – DM 64) et STERLING SILVER. REGAL RUFFLING est le plus clair : bleu lavande ; il descend de l’inévitable SNOW FLURRY et de CELESTIAL BLUE (Reckamp 52), lui-même issu de CAHOKIA (Faught 46), c’est donc un membre de ce que j’ai appelé la famille Santa Clara (voir la chronique « Les Grands Bleus » publiée précédemment). Quant à ALLEGIANCE, on ne le présente plus mais c’est aussi un membre de la même famille, via le frère de semis de CAHOKIA, PIERRE MENARD (Faught 48). Il s’agit de NEPTUNE’S POOL (Moldovan 69), un iris indigo à barbes claires. La « mère » de NEPTUNE’S POOL est un autre produit Moldovan, SEVEN LEAGUES (66), dans les mêmes tons que son descendant. Dans cette branche-là, le grand ancêtre se nomme PACIFIC PANORAMA (Sexton 60 – DM 65) ; c’est aussi un membre de la famille Santa Clara, par CAHOKIA. Mais dans cette même branche il y a aussi STERLING SILVER qui se rencontre donc au moins trois fois dans les origines de PLEDGE ALLEGIANCE !

De quelque côté que l’on se tourne, on s’aperçoit que PLEDGE ALLEGIANCE est un pur représentant de la famille Santa Clara, puisque à la fois ALLEGIANCE et PACIFIC PANORAMA, les deux plus récompensés de la famille, se trouvent dans son pedigree. C’est ce que l’on peut nommer un bleu de chez les bleus, et c’est cette particularité qui a retenu l’attention des hybrideurs.

Car ils sont un certain nombre à l’avoir utilisé à plusieurs reprises. Les plus importants sont les Schreiner, et Barry Blyth, l’Australien. Mais il y a également les Français Richard Cayeux et Michelle Bersillon, ainsi que le Tchèque Jiri Dudek. Les variétés de ce dernier sont inconnues chez nous, mais PAPAPUBREN (2000), un iris blanc légèrement bleuté, a été très apprécié cette année dans son pays. A noter qu’il s’agit d’un des cinq cultivars issus du croisement (Lime Fizz x Pledge Allegiance) X inconnu, enregistré par l’obtenteur tchèque. Michelle Bersillon a sélectionné parmi ses semis LUNE BLEUE (99) et CŒUR D’HIVER (2000), deux « siblings », amoenas inversés, qui proviennent du croisement Edge of Winter x Pledge Allegiance. MER DU SUD (Cayeux 97), ce superbe bleu soutenu est de Dusky Challenger x Pledge Allegiance.

Du côté de Melbourne, Barry Blyth a utilisé PLEDGE ALLEGIANCE dans au moins quatre croisements. De Perfect Couple x Pledge Allegiance il a enregistré, à ma connaissance, HIGH WATERS (89), bleu pervenche, JUST MAGIC (90), amoena bleu tendre inversé, et SPRING CHILD (91), bleu ciel. De Swirling Seas x Pledge Allegiance il a tiré PAINTED BLUE (91), bleu pur, et SERENE SEA (92), bleu violacé profond. Du croisement inverse il a obtenu MUSIC MAESTRO (90), bleu marine. Enfin de croisement Olympiad x Pledge Allegiance il a proposé SKY ECHO TOO (89), un bleu glacier très clair.

Dans l’usine Schreiner, PLEDGE ALLEGIANCE a servi pour au moins huit réalisations parmi les plus belles dans les tons de bleu de ces dernières années. Dans l’ordre de leur enregistrement ce sont :
ROYAL CRUSADER (85), bitone bleu ;
RIDE THE WIND (91), amoena ;
SIERRA GRANDE (92), amoena très contrasté ;
JAZZ ME BLUE (93), bleu pur, barbes jaunes (Land o'Lakes x Pledge Allegiance) ;
CAPTAIN’S JOY (94), outremer, barbes jaunes ;
BLUE SUEDE SHOES (96), bleu marine ;
CAPITAL CITY JAZZ (97), bleu, barbes blanches ;
BLUE KENTUCKY GIRL (2002), bleu ciel.
A noter que le croisement Land o'Lakes x Pledge Allegiance est la base des variétés BLUE KENTUCKY GIRL, BLUE SUEDE SHOES et CAPITAL CITY JAZZ.

Pour l’anecdote citons encore la variété dénommée FIRST CONTACT (Spoon 97) qui s’offre le luxe d’une triple originalité : c’est une sorte de plicata sur fond bleu lavande, styles et crêtes sont d’un étrange indigo foncé, et le nom de PLEDGE ALLEGIANCE apparaît trois fois dans son pedigree, sous la forme (Pledge Allegiance x Pledge Allegiance)x Pledge Allegiance ! C’est pousser à l’extrême la technique de l’endogamie, mais sûrement au détriment de la vigueur de la plante, laquelle, d’ailleurs, atteint difficilement la taille réglementaire des 70 cm.

Ainsi PLEDGE ALLEGIANCE, digne descendant d’une des plus riches familles d’iris bleus, a-t-il su tenir son rang et donner naissance à une flopée d’iris de grande classe.
TÉMOIGNAGE
ABONDANCE ET SÉLECTION

Le Bulletin de l’AIS n° 339 d’octobre 2005 a publié une longue interview de Joseph Ghio et Keith Keppel. Plusieurs sujets y sont abordés. Irisenligne reprendra les thèmes les plus intéressants dans sa rubrique « Témoignage ». Voici une première question posée aux deux amis, qui fêtent cette année leurs cinquante ans d’hybridation.

« Combien de semis cultivez-vous chaque année, et combien de ceux-ci sont-ils retenus pour examen plus approfondi après la première floraison ?

Keppel : J’essaie de planter environ 10000 graines, dont environ 7500 germeront. Mais les nombres varient d’une année sur l’autre. (…) Le printemps 2003 a été dur pour les semis ; il y en a peu qui ont fleuri pour la première fois, aussi ai-je tout laissé en place et donné une seconde chance à toute la plantation. Normalement ce qui n’a pas fleuri dès la première année, c’est à dire deux ans après que le croisement a été effectué, est jeté, sauf s’il s’agit d’un croisement particulièrement difficile ou si je présage quelque chose de prometteur dans les feuilles ou dans la qualité de la pousse. A peu près 5% des plantes qui ont fleuri sont réservée pour être vues une seconde fois.

Ghio : Cette année ce sera pour moi à peu près comme pour Keith : environ 10000 semis, dont près de 1000 pacificas(1). Mais en temps normal je m’arrête à environ la moitié ; 4 à 5000 serait un maximum. Je pense que ces plantes constituent la quantité que je peux évaluer. La plupart de mes croisements fleuriront dès la première année, aussi le nombre de 3 à 4000 semis me convient-il très bien. Je crois que je vais devenir fou l’an prochain quand je vais devoir évaluer les plantes issues de 10000 semis. Le nombre des sujets épargnés dépend du nombre de ceux qui ont poussé, mais le taux se situe autour de 100 grands iris et de 35 pacificas. Je conserve plus maintenant qu’à mes débuts, parce que le manque de place me forçait à être ultra sélectif. Avec plus d’espace, je garde plus de semis. Ce n’est pas forcément un avantage. Par exemple les semis provenant du croisement dont est issu BUBBLING OVER étaient bons. Par manque de place j’ n’ai conservé que la plante qui me paraissait avoir « tout ». Aujourd’hui, avec plus de terrain, je sauvegarderais plusieurs plantes, mais peut-être le résultat ne serait-il pas différent. »
RÉCRÉATION ( réponses)

Ces variétés sont toutes de la grande famille d’iris bleus issus de SANTA CLARA.
RÉCRÉATION

Voici une liste de cinq variétés bien connues de tous les amateurs d’iris. Devinez quel est leur point commun.

HONEY CHIFFON
PUNCHLINE
POST TIME
CALIENTE
DUTCH CHOCOLATE

21.10.05

RÉCRÉATION

Réponse à la récréation de la semaine dernière :

Ces variétés sont toutes issues du « noir » BLACK FOREST.

La récréation de la semaine :

Voici une liste de cinq variétés qui, pour une raison ou une autre, ont toutes eu un moment de célébrité. Devinez quel est leur point commun.

CAHOKIA
PIERRE MENARD
ALLEGIANCE
PACIFIC PANORAMA
SHIPSHAPE
MOISSON 2005

Les différents concours et critérias (ou critériums si l’on veut éviter un brin de pédantisme !) de 2005 sont maintenant terminés. Il est donc possible de rassembler tous les résultats en un même tableau.

1) Etats-Unis

DYKES MEDAL US :
SPLASHACATA (Richard Tasco 97), amoena-plicata indigo vif, devant
WORLD PREMIER (Schreiner 98), amoena bleu très contrasté
POEM OF ECSTASY (Hager 97), bicolor rose/mauve
WISTER MEDAL (meilleur TB) :
SEA POWER (Keith Keppel 99), bleu marine uni, très ondulé et bouillonné, devant
FOGBOUND (Keith Keppel 98), amoena inversé indigo clair/blanc laiteux, barbes roses
UNCLE CHARLIE (Donald Spoon 99), blanc glacier uni, barbes lavande
KNOWLTON MEDAL (BB)
CHRISTIANA BAKER Fred Kerr 99), amoena blanc/ indigo clair, barbes jaunes
SASS MEDAL (IB)
STARWOMAN (Marky Smith 97), plicata violet sombre sur fond blanc
COOK-DOUGLAS MEDAL (SDB)
MARKSMAN (Marky Smith 97), deux tons d’orange, barbes vermillon
WALTHER CUP (meilleur espoir)
PAUL BLACK (Tom Johnson 2002), unicolore prune, barbes oranges
PRESIDENT’S CUP (meilleure variété originaire de la Région organisatrice de la Convention)
HEARTSTRING STRUMMER (Ben Johnson 97), amoena blanc/mauve, devant
HAZELNUT DELIGHT (Dave Niswonger 2001), blanc bleuté, épaules et barbes noisette
PRETTY JAZZY (Riley Probst 97), MTB, variegata jaune d’or/acajou, barbes orange souci
FRANKLIN COOK MEDAL (meilleure variété obtenue hors de la Région organisatrice de la Convention)
QUEEN’S CIRCLE (Frederik Kerr 99), blanc, sépales liserés bleu drapeau, barbes minium, devant
DRAMA QUEEN (Keith Keppel 2003), plicata aubergine sur fond ocre
QUEEN’S CONSORT (Fred Kerr 2003), blanc, sépales avec fin liseré indigo, barbes oranges

2) France

FRANCIRIS 2005
BYE BYE BLUES (George Sutton 96), bleu glycine à éperons glycine, devant
CHARIOTS OF FIRE (Terry Aitken 2000), unicolore pêche, barbes mandarine vif
GOT MILK (Terry Aitken 2002), unicolore blanc laiteux
Meilleure variété française = GWENNADEN (Gérard Madoré 2001), unicolore blanc pur

CRITERIUM DE L’IRIS (ORLÉANS) – six premières variétés classées -
PERLE ROSE (Jean Cayeux 87), rose corail uni, barbes saumon
LA MEIJE (Richard Cayeux 2000), blanc légèrement bordé bleu, barbes oranges
DYNAMITE (Schreiner 97), grenat pourpré, barbes bronze
MARIE JOSE NAT (Richard Cayeux 2000), bicolore rose / grenat, barbes vermillon
OLD BLACK MAGIC (Schreiner 96), violet foncé presque noir
LOCAL COLOR (Keith Keppel 96), deux tons de violet pourpré, grosses barbes rouges

3) Italie

PREMIO FIRENZE
Florin d’or = PAUL BLACK (Tom Johnson 2002), unicolore prune, barbes oranges, devant
QUEEN’S CIRCLE (Frederik Kerr 99), blanc, sépales liserés bleu drapeau, barbes minium
SUN FUN (Tom Johnson 2002), pétales jaunes, sépales blancs bordés d’or, barbes jaunes
Meilleure variété italienne = NEBBIA DI ROMAGNA (Mauro Bertuzzi 2005), mauve très pale, barbes jaunes pointées mauve

4) Grande Bretagne

BRITISH DYKES MEDAL
Non attribuée

5) Allemagne

IRIS-BEWERTUNG MÜNCHEN
Compétition Nationale
IRINA (Manfred Beer 2005), unicolore pourpre, barbes violettes
ROTER ZAUBER (Bernhard Lesche 2004), bitone violet pourpré, barbes jaunes
ERNST BRÄUNLICH GEDENK-IRIS (Wolfgang Landgraf 2002), unicolore blanc, barbes jaunes

Compétition Internationale
Semis ND n° S 245 – Zdenek Seidl (Rép. Tchèque), bleu lavande, éperons sombres
LA MEIJE (Richard Cayeux 2000), blanc légèrement bordé bleu, barbes oranges
CARISMA (Augusto Bianco 2005), rose pêche lavé de saumon, barbes mandarine

6) Europe Centrale
Compétition Nationale
AVE MARIA (Zdenek Seidl 2005), amoena inversé, parme/blanc liseré parme, barbes bronze
ALBINOS (Jerzy Wozniak 2001), blanc argenté, barbes mandarine
SUNSET STREET (Zdenek Krupka 2003), bitone inversé jaune, barbes orange brûlé

Compétition Internationale
SONGWRITER (Ben Hager 2002), amoena inversé, indigo/blanc glacier
IT’S ALL GOOD (Richard Ernst 2003), amoena inversé, mauve/blanc, barbes jaunes
Ex aequo OLGA K (Eberhardt Fisher 99), lavande, zone blanc s/s barbes blanches
et MONI (Manfred Beer 92), blanc uni, barbes vieil or

7) Russie

Compétition Internationale de Moscou
GOOD THING ( Richard Ernst 2001), bicolore inversé, ocre / blanc liseré or
SMOKIN (Richard Ernst 2001), bitone indigo, veiné de blanc sous barbes
WHISPERING SPIRIT (Richard Ernst 2001), pétales blancs liserés de jaune, sépales pourpres, veinés de blanc et bordés de jaune
BARBANERA (Augusto Bianco 2001), mauve très pâle, épaules et barbes bronze

Concours de popularité
TELEPATHY (Keith Keppel 2003), luminata mauve fumé
Ex aequo EXPOSE (Joseph Ghio 2004), pétales blancs, sépales violets veinés de blanc, larges cernes abricot, barbes oranges
et SANTA ( George Shoop 98), blanc laiteux, épaules abricot, barbes cerise

8) Australie

AUSTRALIAN DYKES MEDAL
JAYCEETEE (Graeme Grosvenor 2001), TB, blanc pur y compris la barbe

I.S.A. MEDAL
BETTER BELIEVE IT (John Taylor 96) LA, blanc, plumetis jaune, bords rouges

9) Nouvelle Zélande
NEW ZEELAND DYKES MEDAL
SALUTE D’AMOUR (Shirley Spicer 2001), TB, bitone corail et rose, barbes corail
Irisenligne change !

Vous pouvez constater dès maintenant qu’Irisenligne a changé. Le sous-titre est devenu : « L’hebdomadaire francophone des amateurs d’iris ». Cela veut dire qu’Irisenligne devient une sorte de e-magazine consacré à l’iris. A tous les iris. Pourquoi ?

Les amateurs d’iris disposaient jusqu’à présent de la revue IRIS & BULBEUSES qui paraissait trimestriellement (tout au moins jusqu’à l’an dernier) et abordait tous les sujets concernant les iris, botaniques comme horticoles. Mais la parution de cette revue passe à un numéro par an. Du coup la plupart des informations qui ont un peu un caractère d’actualité vont disparaître, et bien des sujets ne pourront plus être abordés. Les amateurs francophones, comme moi, vont se sentir frustrés. Alors je vais profiter de ce que ce blogue jouit d’une certaine notoriété (il existe depuis 2001 et plus de 250 articles y ont été publiés) pour l’ouvrir à d’autres sujets que les grands iris barbus qui ont constitué l’essentiel de sa matière.

Je pense que chaque vendredi je continuerai de présenter un texte sur les grands iris, mais d’autres articles vont faire leur apparition, des chroniques régulières, comme les Récréations actuelles, vont apparaître. Des témoignages, des informations pratiques, des nouvelles du petit monde des iris… Une fois par mois, environ, un grand article parlera d’autres sortes d’iris.

Vous avez dès maintenant la possibilité de faire part de vos commentaires sur les textes publiés. Irisenligne devient un peu interactif, et j’espère qu’il y aura beaucoup de ces commentaires, et s’ils posent des questions, j’y répondrai.

Enfin je vais inclure, de temps en temps, des illustrations. Je dispose d’une grande quantité de photos d’iris, mais elles ne sont pas toutes publiables parce qu’elles appartiennent en fait à leurs auteurs, mais celles que j’ai prises moi-même pourront apparaître, de même que celles dont j’aurai obtenu le droit de les publier.

J’espère que les amateurs d’iris seront satisfaits. Je le verrai peut-être aux commentaires qui seront mis en ligne.

14.10.05

RÉCRÉATION ( réponses)

Ces variétés sont toutes des iris roses apparues au début de la « révolution rose ».


RÉCRÉATION

Voici une liste de cinq variétés bien connues de tous les amateurs d’iris. Devinez quel est leur point commun.

WINNER’S CIRCLE
PRAISE THE LORD
BLACK SWAN
STUDY IN BLACK
LICORICE STICK


LES GRANDS BLEUS
(deuxième partie)

Le premier iris bleu foncé, ou, plus exactement indigo vif, à être parvenu au plus haut sommet se nomme ALLEGIANCE (Cook 57 – DM 64). Avec lui on voit une autre famille de bleus prendre sa place dans la hiérarchie. Cette famille est celle de SANTA CLARA (voir ci-dessus au paragraphe concernant SIERRA BLUE) qui a mis du temps à s’imposer, mais qui va s’installer définitivement aux premiers rangs. SANTA CLARA, pour résumer, à eu deux enfants importants, deux frères de semis, CAHOKIA (Faught 46) et PIERRE MENARD (Faught 48). CAHOKIA est d’un bleu glycine tendre, dans le style de BLUE SAPPHIRE, PIERRE MENARD est plus foncé, avec des barbes mandarines plus nettes. ALLEGIANCE vient de PIERRE MENARD. C’est le premier iris bleu véritablement moderne, avec de beaux sépales bien dressés et doucement ondulés, des barbes sombres pointées d’or, et une couleur richement saturée qui lui vient en partie de son côté « maternel », DARK BOATMAN (Cook 53), violet très sombre. ALLEGIANCE a eu une très riche descendance, dont au moins deux DM.

On revient à un coloris plus clair avec PACIFIC PANORAMA (N. Sexton 60 – DM 65). Le bleu est un joli bleu lavande et les barbes sont du même bleu, ce qui est nouveau. PACIFIC PANORAMA vient en droite ligne de CAHOKIA, via un bleu un peu plus gris, SOUTH PACIFIC (K. Smith 52). On reparlera de sa propre descendance dans l’énumération ultérieure des vainqueurs de la DM.

C’est au tour maintenant d’un autre descendant de CAHOKIA, universellement connu aujourd’hui, BABBLING BROOK (Keppel 69 – DM 72). Sept ans se sont écoulés depuis la dernière victoire d’un iris bleu, et les plantes ont pris une allure plus jeune, plus légère, plus gracieuse. BABBLING BROOK est un chef d’œuvre qui a maintenant 36 ans mais il a du mal à avouer cet âge. Bleu ciel, un peu acide, avec des barbes jaune citron, bien visibles, et des ondulations agréables, il est encore indispensable au jardin. Il a eu de nombreux descendants, comme il se doit, mais aucun n’a atteint sa célébrité.

En 1974 c’est SHIPSHAPE (Babson 69) qui triomphe ; un bleu proche du bleu pur, avec de discrètes barbes presque blanches. Il vient en direct de PACIFIC PANORAMA. Il fait donc partie de la famille SANTA CLARA/CAHOKIA. Il va faire l’objet de nombreux croisements dont un au moins ira au bout du chemin des honneurs.

Le bleu de MYSTIQUE (Ghio 75 – DM 80) a fait l’effet d’une bombe. Ce n’est pas un bleu absolu, mais un bleu indigo subtil et envoûtant, clair aux pétales, sombre aux sépales. La fleur a une classe exceptionnelle, bien ondulée, légèrement frisée, d’une tenue excellente. Les juges ont été subjugués et ont couronné cette plante dans un temps record. MYSTIQUE est avant tout un rejeton de la famille GREAT LAKES/CHIVALRY, qui refait surface.

Encore quatre ans et ce sera au tour de VICTORIA FALLS (Schreiner 77 – DM 84) de décrocher la médaille. C’est un parfait exemple de ce que la maison Schreiner sait faire : fleur ample, majestueuse, bien coiffée, bien proportionnée, coloris délicieux proche du bleu pur avec une petite tache blanche sous les barbes, blanches elles-aussi, qui donne du piquant à l’ensemble. Le pedigree de ce VICTORIA FALLS est à première vue énigmatique mais on parvient à le déchiffrer pour s’apercevoir qu’il réunit les forces de deux grandes familles, celle de GREAT LAKES et celle de SANTA CLARA. Par CHIVALRY, FIRST VIOLET(De Forest 51 – DM 56) et QUEEN’S FAVOR (D. Palmer 63) il provient de GREAT LAKES, par CAHOKIA, CLIFFS OF DOVER (Fay 52), WHITE PRIDE (Branch 62), il est issu de SANTA CLARA. Les hybrideurs l’ont abondamment utilisé et par BREAKERS (Schreiner 86) en particulier et DELTA BLUES (Schreiner 94), il est à l’origine d’une formidable série de bleus de toutes sortes.

Les amateurs de bleu vont devoir attendre dix ans pour voir une nouvelle fois leur couleur favorite remporter une Dykes Medal. Ce sera par SILVERADO (Schreiner 87 – DM 94), même si celui-ci n’est pas franchement bleu mais bien bleu argenté très clair. A lire le pedigree de SILVERADO on se demande s’il est rattaché à une de ces grandes familles qui règnent sur les bleus depuis les années 30. Et, si oui, à laquelle. Il faut alors entreprendre une longue remontée vers les origines parsemée d’obstacles dus au peu de renseignements fournis par la maison Schreiner. En effet SILVERADO est un enfant de NAVY STRUT (Schreiner 74) dont la Check-List ne donne en clair que le nom d’un parent, STELING SILVER (Moldovan 61). Celui-ci a pour parent BROTHER CHARLES ( Reckamp 57), frère de semis du blanc CELESTIAL SNOW (Reckamp 57), derrière lequel il y a le bleu ciel CELESTIAL BLUE (Reckamp 52). Et de qui descend CELESTIAL BLUE ? De l’inévitable CAHOKIA ! Voilà le point de rencontre. SILVERADO, peu ou prou, est membre du clan.

Un an après l’argent de SILVERADO, c’est le bleu marbré de HONKY TONK BLUES (Schreiner 88 – DM 95) qui est sur le podium. Pas de doute : HONKY TONK BLUES est bien un bleu de chez les bleus. On peut même affirmer qu’il est au confluent de toutes les lignées. Il est membre de la famille SIERRA BLUE par BLUE RHYTHM, ELEANOR’S PRIDE, BLUE CHIFFON (Schreiner 66) et un frère de semis de ROYAL REGENCY (Schreiner 77). Il est membre de la famille SANTA CLARA par plusieurs voies dont celle d’ALLEGIANCE et NEPTUNE’S POOL (Moldovan 69). La famille HELEN McGREGOR est entrée dans sa ligne par SALEM (Schreiner 57) puis BLUE CHIFFON. Enfin il est rattaché à la famille GREAT LAKES par ROYAL TOUCH (Schreiner 67) et ADMIRAL BLUE (Schreiner 72). Encore, là, ne s’agit-il que de quelques- uns des liens qui se sont tissés au cours de sa filiation.

Il reste encore un bleu parmi les triomphateurs de la DM : YAQUINA BLUE (Schreiner 92 – DM 2001). YAQUINA BLUE descend de SAPPHIRE HILLS, donc à la fois de GREAT LAKES et de HELEN McGREGOR. Mais il descend aussi d’ALLEGIANCE et par conséquent de SANTA CLARA, et de BLUE RHYTHM et de SIERRA BLUE ! Il dispose d’un patrimoine génétique très proche de celui de HONKY TONK BLUES et, comme ce dernier, est une synthèse de tout ce qui a donné naissance aux bleus.

Ainsi en partant de quatre souches différentes, par le jeu des croisements, on est arrivé de nos jours à un brassage où tous les gènes se trouvent mélangés. Cette complexité n’ira pas, avec le temps, en se réduisant. Mais cela importe peu tant que l’on aura des iris qui nous transportent de plaisir et rendent si excitante la passion des amateurs.

7.10.05

Récréation

Voici une liste de cinq variétés qui, pour une raison ou une autre, ont toutes eu un moment de célébrité. Devinez quel est leur point commun.

FLORA ZENOR
ISABELLINA
MELITZA
OVERTURE
SEA SHELL

La réponse viendra la semaine prochaine.

RÉCRÉATION (Réponse)

Ces variétés ont toutes remporté au moins une fois le Critérium de l’Iris du Parc de La Source à Orléans.

ALIZES = 91 et 93
BLACKOUT = 94,95 et 96
GOING MY WAY = 83
HELLO DARKNESS = 2001 et 2002
INTERPOL = 87 et 88

LES GRANDS BLEUS
(première partie)

A coup sûr c’est le bleu qui est la couleur la plus appréciée chez lez iris, les grands en particulier, et depuis sa création en 1927 jusqu’à nos jours il a eu dix-sept iris bleus qui ont obtenu la Médaille de Dykes américaine. Cela fait 24 % ! Il y en a certains que l’on a un peu perdu de vue aujourd’hui et d’autres qui ont conservé une indéniable célébrité. Le but de cette chronique est d’en faire l’inventaire et de parler de leurs lignées.

Le premier à apparaître dans la liste est SIERRA BLUE (Essig 32) qui a eu la Médaille en 1935. Le bleu, plus précisément le bleu lavande ou le bleu pourpré, étant une couleur naturelle chez les grands iris, il est bien normal qu’on l’ait trouvé dans les plantes horticoles dès le début de l’hybridation, mais les progrès ont été lents et les années 20, aussi bien en France qu’en Californie, ont été les premières où de vrais bleus sont apparus. Cependant il a fallu attendre encore une dizaine d’année pour en trouver de grande valeur. SIERRA BLUE fait partie de ce premier lot de champions, en compagnie d’une autre variété à la descendance importante : SANTA CLARA (Mohr-Mitchell 31). Ces deux-là ont joué un rôle essentiel dans l’hybridation des iris bleus comme on va le voir par la suite.

Un contemporain de SIERRA BLUE se nomme MISSOURI (Grinter 32), et il a remporté la Médaille en 1937. Cette variété d’un beau bleu glycine, à peine souligné d’un peu de brun aux épaules, a été l’un des éléments fondateurs d’une lignée royale de bleus. Cette famille incontournable a pour autre origine le fameux GREAT LAKES (Cousins 38), l’iris canadien qui a été couronné en 1942. Son bleu très pur, associé au bleu glycine de MISSOURI a donné naissance à un autre bleu de la liste des DM, le célèbre CHIVALRY (Wills 43 – DM 47), qui a la couleur de sa « mère » MISSOURI et la barbe jaune de GREAT LAKES. A partir de cette souche-là, les hybrideurs ont pu obtenir un grand nombre des variétés bleues que nous connaissons de nos jours.

Après celle de GREAT LAKES et celle de CHIVALRY se situe une autre Médaille de Dykes dévolue à un iris bleu : celle de HELEN McGREGOR (Graves 43) qui date de 1949. Peut-on dire que HELEN McGREGOR est bleu ? C’est discutable. Disons que c’est un blanc bleuté issu de la lignée qui a donné de fort beaux iris blancs en passant par les bleus GLORIOLE (Gage 32) et CLOUD CASTLE (Graves 42). De toute façon si cet HELEN McGREGOR n’a pas engendré directement de bleu vainqueur de la DM, il se trouve dans le pedigree de plusieurs de ceux qui l’ont emporté.

L’année qui a suivi celle de la victoire d’HELEN McGREGOR a vu le couronnement de BLUE RHYTHM (Whiting 45). Cette variété est une petite fille de SIERRA BLUE dont on a parlé au début. Bleu pâle, barbes mandarine pointées de blanc, avec de larges sépales semi-horizontaux, BLUE RHYTHM donne déjà une idée de ce que vont devenir les iris modernes et, en plus, il a eu deux descendants qui, comme lui, ont obtenu la DM : ELEANOR’S PRIDE (Watkins 52) et WHOLE CLOTH (Cook 57). Du premier on reparlera plus tard, du second on peut dire qu’il est l’une des bases de tous les amoenas bleus.

Il faut attendre 1958 pour voir un nouveau bleu triompher dans la compétition. Ce sera BLUE SAPPHIRE (Schreiner 53), un bleu lavande clair à barbes jaunes pointées de blanc. Celui-là fait partie de la famille CHIVALRY puisqu’il en est le descendant direct, en association avec l’immense SNOW FLURRY (Rees 39) dont il tient de jolies ondulations qui n’existaient pas auparavant chez les bleus. A cet endroit on est cependant à un cul-de-sac car BLUE SAPPHIRE n’a pas eu de descendance vraiment notable. Cependant la famille CHIVALRY n’a pas dit son dernier mot et on verra plus loin combien elle a été influente chez les iris bleus.

En 1961 c’est ELEANOR’S PRIDE (Watkins 52) qui remporte la Médaille de Dykes. C’est le produit d’un mariage entre deux familles de bleus : celle de SIERRA BLUE et celle de HELEN McGREGOR. Il est bleu très pâle, presque blanc, avec barbes jaune orangé. Du point de vue de l’aspect, il est en recul par rapport à BLUE SAPPHIRE car il ne bénéficie pas de l’effet de SNOW FLURRY pour les ondulations. Il va néanmoins engendrer une belle descendance qui va refaire son apparition dans les années 80.