27.3.09


LES PLUS BELLES PHOTOS D’IRIS

On constate un regain d’intérêt pour les iris du modèle ‘Emma Cook’. Le plus célèbre actuellement est certainement ‘Queen’s Circle’ (Kerr 99) qui a obtenu la Médaille de Dykes en 2007. Mais ‘Heartstring Strummer’ (Ben Johnson 97) n’est pas mal placé non plus. En 2005 il est arrivé au niveau AM et, la même année, il s’est vu accorder la President’s Cup lors de la Convention de l’AIS à St Louis. La photo de Greenorchid met bien en valeur cette superbe fleur au coloris si frais.










PLACE AUX PETITS !
CAYEUX 2009

On pourrait s’attendre à ce que je détaille les grands iris enregistrés par Richard Cayeux cette année. Mais je suis obligé de dire que ce n’est pas la partie la plus intéressante de son nouveau catalogue. Bien plus remarquable est la collection d’iris intermédiaires et nains standards qu’il a réunie et qui vient compléter son panel d’iris autre que les traditionnels TB.

Riche de 7 nouveaux iris, l’offre de SDB a de quoi séduire ceux qui ont envie de connaître autre chose soit pour enrichir une collection déjà amorcée, soit pour se lancer dans les iris nains. On ne trouve là que des iris de grande qualité, issus des plus renommés hybrideurs :
‘Bourgeois’ (Paul Black 2002) ; d’un rouge amarante profond, marqué de rouille aux épaules : une couleur franche et vive.
‘City’ (Paul Black 2002) ; un plicata violacé classique.
‘Dot Com’ (Bennett Jones 96) ; blanc centré de bleu pâle, avec une grosse barbe couleur de lin : très original.
‘Gaily Forward’ (Perry Dyer 98) ; le modèle ‘Joyce Terry’ transposé chez les iris nains, avec des épaules finement striées de brun.
‘Just a Croc’ (Brad Kasperek 96) ; un petit iris bien gai, avec un spot bleuté sur fond blanc et des traces moutarde aux épaules.
‘Muggles’ (Sterling Innerst 99) ; une variété véritablement tricolore : les pétales sont blancs, les sépales, jaune d’or au cœur, deviennent grenat puis se terminent par un bord du blanc des pétales.
‘Pink Frosting’ (Paul Black 2002) ; l’impression générale est rose, mais les pétales sont en fait blancs finement veinés de rose orchidée, et les sépales dans les tons de crème portent les marques veinées de rose des pétales ; la barbe d’abord rouge vermillon se termine en blanc pur.

Ce choix à lui seul est parfaitement équilibré ; il réjouira tous ceux qui veulent se lancer dans les iris SDB.

La série des IB n’est pas moins intéressante, elle provient comme la précédente de chez les plus grands faiseurs :
‘Bold Stroke’ (Evelyn Jones 92) ; fait un peu figure d’ancêtre – 17 ans ! – mais garde tout son charme : c’est la version abrégée du célèbre bleu pâle à barbes bleu foncé ‘Codicil’.
‘Devil my Care’ (Paul Black 2000) ; les intermédiaires noirs ne sont pas nombreux ; celui-ci ajoute au plaisir de grosses barbes vermillon qui lui viennent de son « père » ‘Tom Johnson’.
‘Domaine’ (Keith Keppel 2002) ; une vraie réussite dans les tons de rose bruyère, avec des pétales qui s’éclaircissent vers les bords, au-dessus de sépales poudrés de blanc autour de la grosse barbe orange vif.
‘Frosty Elegance’ (Cleo Palmer 94) ; d’un très joli blanc, à peine teinté de jaune au cœur.
‘Minted Gold’ (Barry Blyth 99) ; fait d’or pur.
‘Pink Pele’ (Terry Aitken 96) ; abricot, taché de lie-de-vin sous les barbes qui sont rouge minium.
‘Redondo’ (Keith Keppel 2000) ; du modèle plicata classique, cette variété se distingue par son coloris bordeaux sombre et ses barbes vieux bronze.
‘Sangria’ (Keith Keppel 2002) ; ce breuvage est à base de vin rouge, assaisonné de rouge vif pour les barbes ; la fleur est superbement veloutée.
‘Young Blood’ (Ben Hager 94) ; un « vieil » iris, mais pas démodé du tout, uniformément rouge grenat et orné de barbes jaune d’or.

En dehors de ‘Pink Pele’, dont je trouve qu’il fait un peu ringard par sa forme trop plate, il me semble que cette collection soit de nature à enthousiasmer les amateurs tant elle est gaie et riche. Richard Cayeux a eu vraiment la main heureuse dans cette sélection qui devrait donner le goût des iris intermédiaires à beaucoup de débutants.

20.3.09
















BEAUX BRUNS D’AMÉRIQUE

Brighton Park est un jardin de Chicago qu’administre Carlos Ayento. Ce dernier poursuit le projet de mettre sur le net une photo de tous les iris enregistrés par la maison Schreiner depuis son origine. Tâche ambitieuse et difficile qui est en passe de s’accomplir. Il vient de publier toute une série de photos de variétés anciennes, surtout des années 40 et 50, intéressantes à plus d’un titre. J’ai été frappé par la présence dans ce large choix de nombreux iris bruns, ou cuivre, tous remarquables par la rutilance de leurs couleurs.

Profitons de l’occasion pour faire un voyage dans le temps au pays des iris bruns.

L’histoire des bruns et celle des « rouges » se chevauchent à tous moments. C’est que la différence se situe dans la dose de pigments anthocyaniques qui s’ajoute aux pigments caroténoïdes pour produire du brun. Le « rouge », qui est en fait un brun-rouge, est assez courant chez les grands iris, beaucoup plus que le brun proprement dit ou ses dérivés, cuivre, bronze, ocre… Tenons-nous cette fois à cette couleur mordorée ou cuivrée qui n’est pas si fréquente dans le domaine floral. Il n’y a guère que les chrysanthèmes, avec les iris, à arborer cette robe.

L’un des tout premiers à pouvoir être rangé dans ce coloris est le fameux ‘Jean Cayeux’ (Cayeux F. 1931). Il n’a pas tardé à prendre le bateau pour les Etats-Unis et y a fait souche. L’un de ses premiers descendants à s’être illustré se nomme ‘Copper Lustre’ (Kirkland 1934), qui a enlevé la Médaille de Dykes en 1938. Comparé aux autres variétés de son époque, ce n’était pas une plante bien réussie, mais pour ce qui est de la couleur, en revanche, elle était au top. Cependant celui à qui on doit l’avancée la plus significative en matière d’iris brun est le docteur Rudolph Kleinsorge, de Silverton en Oregon. Pour simplifier, nous dirons que son parcours avec les bruns a commencé avec deux variétés incontournables : ‘Tobacco Road’ (41) et ‘Mexico’ (43). Le croisement de ces deux variétés a donné naissance à de nombreux cultivars bruns intéressants dont ‘Bryce Canyon’ (44), ‘Pretty Quadroon’ (48) et aussi, chez Grant E. Mitsch, ‘Inca Chief’ (52), qui sont à la base de la plupart des iris bruns et mordorés. ‘Bryce Canyon’ est à l’origine de ‘Copper Medallion’ (Schreiner 51) et de ‘Ginger’ (Schreiner 53) ; ‘Pretty Quadroon’ se trouve derrière ‘Tijuana Brass’ (Schreiner 67), en compagnie, d’ailleurs de ‘Inca Chief’, qui a engendré ‘Olympic Torch’ (Schreiner 56), ‘Brass Accents’ (Schreiner 58), ‘Brasilia’ (Schreiner 60), ‘Bronze Bell’ (Schreiner 55), ‘Gaylights’ (Schreiner 65), pour ne faire référence qu’aux variétés Schreiner dont les photos ont été récemment publiées par Carlos Ayento. A la génération suivante, il y a ‘Bronze Bell’ (Schreiner 55) venant de ‘Copper Medallion’, ‘Ginger Snap’ (Schreiner 65) venant de ‘Brass Accents’, tout comme ‘Honey Chiffon’ (Schreiner 71), quant à ‘Roman Copper’ (Schreiner 73) et ‘Hot Line’ (Schreiner 81) ils ont ‘Olympic Torch’ dans leur ascendance.

Parallèlement aux recherches de R. Kleinsorge, d’autres hybrideurs ont aussi été tentés par les iris mordorés. Pour n’en citer que trois, évoquons Jacob Sass (quel domaine lui a été étranger ?) et son ‘Sunset Serenade’ (41) puis Fred DeForest avec ‘Casa Morena’ (41) ou ‘Argus Pheasant’ (47), le second iris brun à avoir été décoré de la Dykes Medal en 52, dont le pedigree est (Casa Morena X Tobacco Road), c’est à dire un pont entre les filières Kleinsorge et DeForest. Le même genre d’union relie la filière Kleinsorge et la filière Sass dans le déjà nommé ‘Copper Medallion’. Le troisième est l’autre frère Sass, Hans ; son ‘Prairie Sunset’ (39), plus vieux rose que cuivre, fait aussi partie des initiateurs des iris bruns, puisqu’on le découvre dans le pedigree de ‘Ginger’, en compagnie de ‘Bryce Canyon’ (filière Kleinsorge) et de ‘Casa Morena (filière DeForest). A noter qu’il est aussi l’un des parents de ‘Sunset Serenade’, ce qui prouve que les différentes filières se sont très vite mariées, chacun profitant des avancées de l’autre.

On pourrait continuer de rechercher les descendants des variétés citées. Mais aujourd’hui les différentes origines sont tellement mêlées que l’on ne démontrerait plus rien du tout, sinon que l’amélioration du coloris mordoré ne s’est pas arrêtée et qu’il y a des gens qui continuent dans cette voie.
PROCÈS VERNAL

L’été dernier, sur le forum du site de la SFIB, a eu lieu une discussion à propos des besoins hydriques des iris, en vue d’une culture intensive au Maroc. Celui qui a amorcé la discussion n’a pas précisé s’il s’agissait de cultiver des iris pour le jardin ou des plantes destinées à la production de parfum. A mon avis, le problème devait concerner la culture d’iris à parfum car, au Maroc, je ne vois pas le débouché d’une culture d’iris décoratifs, plantes dont la diffusion locale doit rester restreinte et sûrement insuffisante pour faire vivre une entreprise.

De fil en aiguille, de la question des besoins en eau, la discussion a bifurqué vers les besoins des iris en température hivernale pour parvenir à l’anthèse. L’un des participants a écrit : « A mon avis, au Maroc, ce qui manquera le plus, ce n'est pas l'eau, mais le gel, l'hiver, nécessaire à la reprise de la végétation. » Cette observation a amené la réponse d’un autre internaute qui a précisé : «… je tiens à dire que l'iris n'a pas besoin d'hiver froid pour refleurir. Il y a des cultures d'iris au Maroc dans des régions pas spécialement froide en hiver et qui fleurissent très bien. Je connais également des cultures dans des régions d'Espagne où l'hiver est plutôt doux et la production et floraison donnent très bien. » Ces deux opinions sont-elles contradictoires ?

Il est une chose sur laquelle tout le monde s’accorde, c’est que l’iris « germanica » a besoin sous le climat européen, d’une période plutôt froide qui va déclencher la production de pousses florales. J’ai constaté moi-même que lorsque l’hiver a été doux la floraison des grands iris au printemps suivant est moins abondante. Les botanistes parlent à propos de ce phénomène de « vernalisation ». Mais ce qui est nécessaire, est-ce le gel, comme le dit le premier intervenant ? Ce qui laisse à penser que là où le gel ne se produit pas, ou pas assez, la floraison des iris serait compromise ? Le deuxième interlocuteur affirme qu’il n’en est rien et qu’au Maroc comme en Espagne, sous un climat nettement méditerranéen donc, la floraison ne pose pas de problème. Les deux participants à la discussion doivent, à mon avis, avoir raison l’un et l’autre. Parce que ce qui est nécessaire à la formation des fleurs, cela ne doit pas être le gel, ou le froid à proprement parler, mais une forte amplitude thermique. C’est ce qui doit expliquer pourquoi on cultive les grands iris en Arizona, au Nouveau Mexique ou au Texas, mais que ce n’est plus le cas en Floride ou en Louisiane, Etats qui se situent pourtant sous les mêmes latitudes. Mais les deux derniers jouissent d’un climat tropical, aux écarts de température faibles, alors que les autres sont sous l’influence d’un climat continental, souvent désertique, où la température varie fortement. Il n’y a pas une distance considérable entre New Orleans et Houston, mais je puis confirmer que le climat y est totalement différent ! Au Maroc et en Espagne, ailleurs que près des côtes, on n’est pas loin d’un climat continental à forte amplitude thermique.

Il n’empêche que les grands iris dits « germanicas » apprécient davantage les conditions météorologiques de la France ou de l’Italie du Nord que celles du Maroc ou de l’Espagne. La terre promise des iris c’est le Nord-Ouest des USA, où le climat est doux, humide, mais souvent frais l’hiver. C’est normal : les espèces botaniques qui entrent dans le cocktail de nos iris sont toutes originaires de l’aire européenne plus ou moins méditerranéenne ainsi que du Proche Orient où il n’est pas inhabituel de connaître des périodes de froid au cours de l’hiver. Les plantes subissent un choc salutaire à leur fleurissement : peut-on dire qu’elles reçoivent un « procès vernal » ?

12.3.09

UN PEU D'AVANCE

Une fois n'est coutume. Irisenligne est en ligne cette semaine avec un jour d'avance !

LES PLUS BELLES PHOTOS D’IRIS

On ne compte plus les iris bicolores avec pétales roses et sépales mauves. ‘Bon Appetit’ (Aitken 2006) est un descendant direct de ‘Boudoir’ (Ghio 97), d’un coloris très proche. Margie Valenzuela réalise des photos pour lesquelles elle choisit la netteté comme élément expressif. La photo de ‘Bon Appetit’ est un bon exemple de cette technique.






COMMENT CRÉER UN “BROKEN COLOR”

Chuck Chapman est un hybrideur canadien qui se crée petit à petit une intéressante réputation dans le petit monde des iris. Il s’est fait connaître en premier lieu dans le domaine des iris nains SDB. Après l’avoir « loupée » deux ans de suite (2004 et 2005) son SDB ‘Ruby Eruption’ (97) ¹ a décroché la Cook-Douglas Medal, sommet de la catégorie, en 2006. Au cours des même années son ‘Forever Blue’ (96) a disputé la préséance au précédent, ce qui n’est pas mal non plus. Dans le domaine des grands iris, ‘Artist’s Palette’ (2000) et surtout ‘Sergeant Preston’ (2000) ont été remarqués dans les compétitions tant américaines qu’européennes.

Il est à l’origine d’une théorie concernant l’inhibition des pigments anthocyaniques qui a fait l’objet ici d’une chronique publiée en 2006, dont voici un extrait : « … la pureté idéale représentée par le modèle glaciata pourrait être encore plus dégradée que dans le cas des luminatas qui constitueraient un premier degré de dégradation. A un second degré, seule une zone franchement blanche, sous les barbes, serait nettoyée des pigments anthocyaniques. Au troisième degré, il n’y aurait plus que les barbes à être franchement blanches. Enfin, lorsque l’inhibition est totalement absente, on serait en présence d’une fleur parfaitement envahie par les pigments anthocyaniques et donc d’un bleu, d’un violet ou d’un brun (à cause de l’effet conjugué des deux familles de pigments) sans trace de blanc, un anti-glaciata, en quelque sorte. Il attribue ces dégradations successives à l’intervention plus ou moins efficace d’un gène inhibiteur. Il voit ce gène à la puissance 4 chez les glaciatas, à la puissance 3 chez les luminatas, à la puissance 2 chez les ‘zonals’ ou ‘zonatas’, à la puissance 1 chez lez iris bleus à barbes blanches et à la puissance 0 chez les iris entièrement ‘gouachés’ d’anthocyanine. » Jusqu’à présent personne ne l’a contredit.

Actuellement il s’intéresse aux iris aux couleurs brisées (BC) et a proposé il y a quelques semaines sur le forum « iris-photos » les trois images ci-dessus qui montrent bien l’évolution aboutissant à un BC à partir de deux plicatas très différents, tous deux apparentés à des BC.

L’un des parents est ‘Eramosa Blushing Bride’ (Chapman 2005) lui-même issu du croisement entre un luminata-plicata non enregistré et un BC particulièrement spectaculaire, ‘Autumn Years’ (Ensminger 95). Pedigree : (Colortart x Gigolo) X Autumn Years. L’autre est un autre semis non enregistré provenant d’un plicata classique violet/blanc et d’un BC violet/rose, ‘King Tush’ (Kasperek 97). Le pedigree du semis 06-578-1 s’écrit donc : Eramosa Blushing Bride X (semis plicata x King Tush).

On voit bien que ‘Eramosa Blushing Bride’ n’est pas très typé plicata. Il est d’ailleurs décrit de la façon suivante : « Pétales rose pâle, teinté de bleu argenté ; Sépales rose pâle lavés de bleu argenté, lignes plus sombres autour des barbes et aux épaules, légères griffures sur les bords ; barbes mandarine… » Quant à l’autre parents, numéroté 03-446-1, jaune, son caractère plicata se limite à des stries brunes aux épaules et sous les barbes. Le semis issu de ce croisement rassemble les traits de ses deux parents tout en revenant aux origines BC de ceux-ci. Le résultat, à première vue, n’est pas franchement satisfaisant car la fleur à l’air bien banal, et ses couleurs ne sont pas assez contrastées, mais son intérêt est plus pédagogique qu’esthétique. Il met à la portée de n’importe quel amateur la possibilité d’obtenir des iris aux couleurs brisées. Les avis son très partagés sur les avancées présentées par ces sortes de fleurs, pour lesquelles la sélection doit être particulièrement rigoureuse afin de ne garder que les iris « techniquement » et esthétiquement réussis. Sur ce point, le semis Chapman ne devrait pas constituer une étape marquante, mais c’est un cas d’école bien instructif.

(¹) ‘Ruby Eruption’ est un enfant du SDB de Paul Black ‘Chubby Cheeks’ dont le portrait a été esquissé ici en janvier 2009.

7.3.09


LES PLUS BELLES PHOTOS D’IRIS

Pour réussir une photo de fleur, il faut que le sujet soit élégamment mis en valeur par un environnement qui charme l’œil. On peut choisir de réaliser un cliché d’une netteté chirurgicale où la netteté des détails enrichira le sujet. On peut préférer une sujet piqué et un arrière-plan plus ou moins flou. L’artiste qui a pour pseudonyme « Greenorchid » manie à merveille la seconde option, comme en témoigne cette photo de ‘Irish Jig’ où l’iris dans les tons de jaune verdâtre est enjolivé par un environnement assorti du meilleur effet.






DEUX DISPARITIONS

Dans le petit monde des iris il y a toujours eu des couples qui se sont passionnés ensemble pour leur plante favorite et ont laissé leurs deux noms dans les annales. Mais il en est des couple d’hybrideurs comme des couples ordinaires, vient le jour où la mort les sépare… Cela vient d’être le sort de deux familles illustres du microcosme irisarien : les Willott et les Meek.

Personne n’ignore, chez les amateurs d’iris nains, le rôle qu’ont joué Dorothy et Anthony Willott. Le 22 mars dernier, Anthony nous a quitté, à l’âge de 81 ans. Dans la chronique obituaire du Bulletin de l’AIS, voici ce qu’on a pu lire à son sujet.

« … la plupart des irisariens sera sans doute surprise d’apprendre quel été son nom, avant qu’il n’en change. Un changement qui est intervenu peu de temps avant qu’il n’épouse Dorothy. Ce fut la conséquence d’une taquinerie enfantine à propos de son nom d’origine : Antonio Gugliotta. Quand il fut en âge de le faire, Tony décida que si le physicien Guglielmo Marconi avait pu changer son prénom en celui de William, il pouvait bien, lui, américaniser le sien et même s’en créer un nouveau. C’est pourquoi il a pris les quatre premières lettres de William et trois des dernières de Gugliotta pour former Willott. Quand ils ont commencé à se fréquenter – c’est Dorothy qui raconte cette amusante anecdote – elle ne le connaissait que sous le nom de Willott, et quand elle vint à Cleveland pour le retrouver, elle n’a pas pu trouver ce nom dans l’annuaire du téléphone de sorte qu’elle ne savait plus quoi penser. Est-ce qu’il existait réellement ? Elle a fini par comprendre quand elle a appris le changement. » Ils devaient vivre ensemble pendant 55 années au cours desquelles ils ont enregistré et introduit plus de 300 nouveaux iris, qui leur ont valu de très nombreuses récompenses dont trois Carpane-Welch Medals (la plus haute récompense pour les iris miniature MDB) qui sont allées à ‘Alpine Lake’ (80 – CWM 89), ‘Pussytoes’ (81 – CWM 90) et ‘Little Drummer Boy’ (97 – CWM 2005).

La seconde disparition concerne Duane Meek, de Silverton, dans l’Oregon. Il s’est éteint au début de décembre 2008. Pendant un quart de siècle Joyce et Duane Meek ont obtenu un grand nombre d’iris parmi les plus jolis et les plus renommés. Leurs enregistrements ont été faits sous leurs propres prénoms de sorte qu’on peut savoir lequel est à l’origine de quoi. Pour sa part, Duane Meek n’a commencé sa vie d’hybrideur que relativement tard, à la fin des années 70, mais dès lors il se consacra entièrement à cette passion. Ses premiers enregistrements datent de 1972 (‘Sunday Sage’, plicata bourgogne/jaune) Ses iris sont très nombreux. Il nous a offert, entre autres, ‘Cherry Smoke’ (78), grenat foncé très original, ‘Desert Echo’ (80), jaune au cœur poudré de brun, ainsi que, la même année ‘Carved Crystal’ (80), d’une grande pureté dans le ton de bleu glacier. En 93 vinrent ‘Imaginarium’, en rose corail, et ‘Tempting Fate’ dont on admire le bleu tendre des pétales et le bleu marine des sépales. Il faut citer aussi le sombre ‘Matt McNames’ (2000) et, parmi ses dernières réalisations, ‘Sudden Love’ (2004), amoena inversé tout en délicatesse. Ce vétéran de la dernière guerre savait trouver les croisements efficaces, dans un grand choix de domaines. C’est peut-être d’ailleurs cet éclectisme qui ne lui a pas permis d’obtenir de récompenses marquantes. Car il s’est illustré non seulement chez les grands iris, mais aussi chez les SDB et les Iris de Californie sans jamais dépasser le niveau des AM. L’enthousiasme n’ouvre donc pas systématiquement la route du triomphe, mais qu’importe, quand on est passionné : la découverte d’un nouveau semis est peut-être plus gratifiante que la réception d’une médaille !
ECHOS DU MONDE DES IRIS

Rapprochement en vue

Cela fait quelques année qu’est apparue, parallèlement à l’AIS (American Iris Society), une société consacrée exclusivement aux grands iris, la Tall Bearded Iris Society. Pendant longtemps ce fut la petite guerre entre ces deux organismes, le second refusant même de devenir une société coopérant avec l’AIS. Mais les choses s’arrangent : pour manifester sa bonne volonté, la TBIS a offert de financer la Wister Medal (celle qui couronne le meilleur TB de l’année) pour les trois prochaines années. Un rapprochement plus complet est même en discussion.