19.12.03

L’ENIGME DE LA SEMAINE

UN ANGE PASSE

Les caractéristiques d’une de ces cinq variétés ne correspondent pas à celles des quatre autres. Laquelle ?

· ANGEL’S DREAM
· ANGEL’S TOUCH
· FLIGHT OF ANGELS
· HEAVENLY ANGEL
· QUEEN OF ANGELS

RÉPONSE À L’ÉNIGME DE LA SEMAINE DERNIÈRE

MIDNIGHT CALLER est une variété obtenue par Monty Byers en 89 ; les autres variétés sont des obtentions Schreiner.


MAUVAISE NOUVELLE

Il y a quelques semaines j’ai appris que le gel de l’hiver dernier avait eu des conséquences sérieuses sur les cultures de Ladislaw Luska, en Slovaquie. De nombreux semis ont été détruits et, parmi ceux-ci, CALLELA et ILLULISAT, deux variétés dont j’ai parlé dans ce blog. Je suis d’autant plus navré que j’ai moi-même perdu CALLELA cette année pour cause de « blooming out ». Pourvu que, le printemps prochain, je retrouve ILLULISAT !

Misère de misère…
CHRISTMAS TIME

C’est de circonstance que de parler aujourd’hui de CHRISTMAS TIME (Schreiner 65), et cela offre l’occasion, d’une façon générale, d’évoquer les iris blancs à barbes rouges.

CHRISTMAS TIME, en fait, se situe au tout début de ce modèle d’iris. L’idée de base a consisté à introduire la barbe rouge – ou tout au moins orangée – des iris roses sur une fleur blanche. C’est Orville Fay qui a entrepris cette recherche. Il a croisé d’une part le fameux blanc SNOW FLURRY (Rees 39) avec le rose CHERIE (Hall 48 – DM 51), d’autre part NEW SNOW (Fay 46) et le rose NEW HORIZON (Fay 46) pour obtenir LIPSTICK (Fay 54), effectivement blanc à barbes minium. En renouvelant l’opération, il a obtenu ARCTIC FLAME (Fay 57), blanc pur et barbes mandarine. Pour obtenir CHRISTMAS TIME, la famille Schreiner a utilisé un semis blanc issu du rose MAY HALL (Hall 52) qu’elle a croisé avec ARCTIC FLAME. Le résultat est un blanc très pur, bien ondulé, avec une jolie barbe rouge orangé.

La beauté de cette fleur, autant que ses aptitudes génétiques ont été utilisées par un grand nombre d’hybrideurs dans le but d’obtenir soit des iris du même modèle mais comportant une certaine amélioration, soit des iris d’autres couleurs mais dotés de certains traits propres à CHRISTMAS TIME, notamment la barbe rouge.

Dans le modèle blanc à barbes rouges on relève par exemple, deux variétés Cayeux : AS DE CŒUR (78) et NEIGE DE MAI (78) proches voisins mais néanmoins issus de deux croisements différents ; ainsi que VALENTINA (Spence 72), dont la barbe est orange, STARTLER (Schreiner 78), qui ressemble beaucoup à CHRISTMAS TIME mais avec des bords nettement dentelés, ou FILOLI (Corlew 82), très voisin également mais avec une barbe plus grosse et plus claire.

EASTERTIME (Schreiner 80), crème cerné d’or, LACY SNOWFLAKE (Schreiner 77), blanc à barbes et spot citron, ECUME (Anfosso 86), blanc rosé à barbes corail, PREMIER BAL (Cayeux 78), rose vif à barbes minium, QUEEN OF HEART (O. Brown 74), corail et blanc, tout comme PEACH FROST (Schreiner72), avec sa grosse barbe corail vif, sont directement descendants de CHRISTMAS TIME. C’est aussi le cas d’autres variétés à barbes « rouges », comme le mauve TIBURON (Gaulter 71), le rose amarante WINDSOR ROSE (Schreiner 77), et même le bleu FALBALA (Cayeux 78).

Si l’on s’attarde sur les descendants innombrables des variétés citées ci-dessus on acquiert vite la conviction que le potentiel de CHRISTMAS TIME a pénétré les iris modernes encore plus profondément que ne le laisse à penser la renommée déjà un peu émoussée de cette fleur qui fait maintenant partie des fondamentaux (comme diraient les sportifs). Pour s’en convaincre citons seulement deux Américains récents : le bicolore SUGAR MAGNOLIA (Schreiner 98) et le brillant STARSHIP ENTERPRISE (Schreiner 99), et pour finir, un autre pilier de l’hybridation : le Français CONDOTTIERE (Cayeux 78) ! On entre là dans une autre histoire…

12.12.03

L’ENIGME DE LA SEMAINE

A MINUIT

Quel nom de variété n’a pas sa place dans la liste ci-dessous ?

· MIDNIGHT BLUE
· MIDNIGHT CALLER
· MIDNIGHT DANCER
· MIDNIGHT EXPRESS
· MIDNIGHT HOUR


RÉPONSE À L’ÉNIGME DE LA SEMAINE DERNIÈRE

SUR LE ROCHER

MONTE CARLO est un quartier de Monaco. Les autres noms sont dédiés aux membres de la famille princière.


QU’EST-CE QUE C’EST QU’UN « GERMANICA » ?

Quand ils veulent désigner nos grands iris de jardin, il y en a qui parlent d’Iris germanica. Pourtant de nos jours les botanistes s’accordent à dire qu’I. germanica n’existe pas ! Tout au plus consentent-ils à parler d’I. x germanica, ce qui, vous en conviendrez, ferait bien pédant dans une conversation entre jardiniers !

C’est, semble-t-il Linné lui-même qui serait responsable des erreurs concernant les grands iris, bien qu’il n’ait pas parlé d’Iris germanica, mais d’ Iris x germanica, sous-entendant par là qu’il ne s’agit pas d’une espèce mais d’un mélange d’espèces. Il choisit cependant de décrire le type de la catégorie « grands iris barbus » sous le nom d’ I. x germanica . Pourquoi ce qualificatif de germanica ? Simplement, sans doute, parce que c’est un botaniste allemand qui lui a fait parvenir la plante à décrire. C’est ainsi que nos grands barbus sont qualifiés d’allemands depuis 250 ans, alors qu’ils n’ont rien à voir avec le pays dont ils portent le nom. Mais alors qu’est-ce que c’est que cet iris qui n’a rien de germanique ?

Dans la classification en usage actuellement, les grands iris font partie de la série « Elatae » qui contient au moins 27 espèces et présente de ce fait une grande diversité. A ces 27 espèces il faut ajouter les hybrides établis depuis longtemps parmi lesquels se trouve I. germanica, notre sujet d’aujourd’hui.

Deux espèces en particulier ont été hybridées (sûrement même se sont-elles hybridées naturellement dans les régions dont elles sont originaires) : I. pallida et I. variegata. L’habitat naturel de ces espèces se situe en Europe Sud-orientale. I. pallida, est originaire de campagnes d’Illyrie, qui est la contrée montagneuse située sur la côte orientale de la mer Adriatique. On appelle cette région côte dalmate et elle appartient aujourd’hui à la Slovénie, la Croatie et la Bosnie-Herzégovine. I. pallida est ce grand iris aux tiges frêles, qui porte des fleurs bleu clair et dégage une délicieuse odeur à la fois douce et puissante. I. variegata a pour terre d’élection cette zone des Balkans qui va de la Hongrie jusqu’à la mer Noire. Il est très différent de son compère et, s’il offre souvent des diversités de coloris, il est présente d’abord une base jaune et des tons brun-rouge sur les sépales. A l’Ouest de son territoire d’origine il a été en contact avec I. pallida et de nombreux hybrides sauvages existent, qui ont été pris, au siècle dernier, pour des espèces distinctes, alliant les couleurs de leurs parents avec des variantes infinies. I. germanica, tout comme I. florentina et quelques autres (I. amoena, I. plicata, I. squalens, I. neglecta…) fait partie de ces fausses espèces. Quand, plus tard, on s’est rendu compte qu’il s’agissait d’hybrides, les noms ont été conservés pour définir les principales combinaisons de couleurs.

Cette hybridation naturelle a été exploitée par l’homme au moins depuis le 16eme siècle, dans le but d’obtenir des fleurs de jardin plus belles que les fleurs botaniques. A partir des années 1850 un certain nombre de pépiniéristes, français d’abord, puis anglais et allemands, ont développé cette hybridation en pratiquant une sélection sévère parmi les plantes issue d’une pollinisation naturelle. Ce furent les premiers hybrides dénommés et commercialisés. A la fin du 19eme siècle seulement apparurent des hybrides provenant de croisements réalisés par la main de l’homme, mais tous provenaient par conséquent du couple de base I. pallida x I. variegata.

Cependant, à côté des espèces I. pallida et I. variegata, en ex-Yougoslavie et dans les Balkans en général poussent d’autres grands iris, plus grands et plus résistants. Les Grecs les avaient découverts et les avaient transportés un peu partout dans l’œcoumène, c’est à dire le monde connu de l’époque. Malgré cela, il a fallu attendre le milieu du XXeme siècle pour que ces grands iris à barbes soient de nouveau découverts ! Il s’agit des I. croatica et I. varbossiana, d’une part, mais aussi d’autres espèces voisines I. trojana, I.cypriana, dont les noms disent assez de quelle région ils proviennent. Ces iris se présentaient tous avec des fleurs plus grandes que celles des hybrides alors connus, des tiges plus hautes et un meilleur branchement. Surtout ils arrivaient à point car les hybrideurs avaient la conviction qu’ils avaient épuisé les possibilités génétiques des iris précédents. Ils tentèrent donc des croisements d’anciens et de nouveaux iris. Les résultats ne furent pas à la mesure de leurs espoirs. Beaucoup de nouveaux semis se révélèrent stériles et beaucoup de plantes souvent inintéressantes. Cependant quelques nouveaux hybrides se distinguèrent comme des plantes formidables et le jeu a consisté à faire passer les couleurs et modèles des anciens iris dans les nouveaux. Tout cela, au début, était informel et inexpliqué. Ce n’est que dans les années 1920/30, quand on eut fait le décompte des chromosomes des iris, que l’on découvrit pourquoi les « nouveaux » étaient plus grands et plus beaux : les anciens étaient des iris diploïdes (2 paires de 24 chromosomes), les nouveaux étaient tétraploïdes ( 2 paires de 48 chromosomes).

Passer de 24 à 48 le nombre des chromosomes des variétés nouvelles à été le défi des années 30. Mais les hybrideurs sont des gens enthousiastes et persévérants. Ils sont parvenus à leurs fins, ajoutant au passage quelques caractéristiques supplémentaires issues d’autres espèces tétraploïdes comme I. kashmiriana qui a apporté aux nouveaux cultivars les sépales se tenant à l’horizontale, ou I. aphylla qui a introduit deux traits remarquables : des couleurs plus vives, surtout pour les iris foncés (bleus et violets) et des feuilles ayant tendance à disparaître en hiver.

D’autres progrès marqueront et marquent encore l’hybridation des iris, principalement des grands, mais ce n’est pas notre propos d’aujourd’hui. Pour en rester à notre sujet, on peut dire que ce qu’on appelle encore souvent I. germanica est maintenant un type bien défini, dont l’aspect est le résultat d’un savant mélange interspécifique, un peu comme nos plats les plus raffinés résultent de l’association finement élaborée des saveurs de leurs différents composants. I. germanica ne signifie plus grand chose, et il est bien préférable de parler de grands iris de jardin, ou de grands iris barbus, mais il ne faut pas non plus s’attacher excessivement aux dénominations. L’important c’est ce qui se cache au fond de chaque fleur et l’alchimie toujours un peu mystérieuse qui en fait des objets de vénération.

Sources :
L’IRIS- commentaires de Ben Hager
THE WORLD OF IRISES de Bee Warburton et Melba Hamblen
L’IRIS UNE FLEUR ROYALE de Richard Cayeux

5.12.03

VERS DE NOUVEAUX COLORIS ?
III. Luminatas, Plicatas et autres

Ma dernière chronique sur ce sujet se terminait par : « Pour les mélanges de couleurs, on en restera là, mais le sujet n’est pas épuisé pour autant ! Dans une prochaine chronique, on abordera un autre domaine, celui des fleurs poudrées, piquetées, liserées ou autrement colorées. » Ce sont ces fleurs là dont il va être question aujourd’hui.

En matière de plicata on peut faire confiance à Keith Keppel pour apporter du nouveau ! Chaque année il propose un ou des plicatas originaux et remarquables. A distance on voit apparaître des iris du même genre chez d’autres obtenteurs : Keppel lance les modes. Les années à venir devraient voir se développer les iris « luminatas » qui sont, en quelque sorte l’inverse des plicatas. C’est à dire que la couleur des sépales (en fait les pigments solubles dans l’eau, donc dans les tons de bleu ou de violet) est étalée assez légèrement et même est absente dans les veines. De même la couleur s’estompe, voire disparaît en lisière des sépales. Ce n’est pas toujours évident, mais une variété comme SPIRIT WORLD (Keppel 94) est une démonstration parfaite. Dans la description qu’il en donne, Keith Keppel ajoute : « Il y a toujours une surface bien déterminée autour des barbes où il n’y a pas un seul pigment hydro-soluble, pas un seul point, et les barbes n’ont aucune trace de bleu ou de pourpre. » et il décrit les évolutions du modèle : « La zone sans marques autour des barbes s’élargit, formant des taches de plus en plus grandes, en forme de fer de lance. Les veines claires sur des sépales presque complètement colorés se transforment en larges bandes ou veines, avec des îlots de pigment plutôt qu’une véritable pigmentation. » Il en apporte la preuve avec TELEPATHY (2003), et Rick Ernst a suivi le mouvement – voir WHISPERING SPIRITS (2001) et SCHIZO (2003) -, de même que Lucille Pinkston, de l’Idaho, avec OWYHEE DESERT (97).. D’autres iris de la même eau vont apparaître dans les années à venir.

Le modèle purement plicata n’a plus beaucoup de transformations à présenter. Cependant une variété comme SPLASHACATA (Tasco 97), qui a beaucoup des traits de sa « mère » PURPLE PEPPER (Nearpass 86), avec ses sépales entièrement poudrés de bleu pourpré et ses pétales blancs infus de la même teinte, est caractéristique des plicatas du XXIeme siècle.

Il existe des iris caractérisés par un assemblage de couleurs étrange ou particulièrement éclatant. C’est un domaine qui intéresse quelques pionniers, mais qui touche aussi quelques-uns uns ayant pignon sur rue. Merle Daling, en 83 a enregistré ECSTATIC ECHO qui est un bel exemple de couleurs heurtées. Dans le genre, Lowell Baumunk a produit LIGHTS CAMERA ACTION (99) qui est encore plus contrasté. Il y en aura d’autres. THREE STRIKES (Annand 98), en jaune chartreuse flammé de violet, ne peut pas laisser indifférent. Schreiner même, la vénérable maison de Salem (Oregon), n’a-t-elle pas offert STARSHIP ENTERPRISE en 99 ? On y trouve le blanc, le jaune, le pourpre dans une fleur superbe et, forcément voyante ! Quant à la maison Cayeux, elle a produit CHEVALIER DE MALTE (97) qui réunit le rose, le blanc et le pourpre autour de barbes énormes et d’un rouge flashant. On pourrait multiplier les exemples de ces iris si riches en couleurs, dont on parlera sûrement dans les années à venir.

Arrêtons-nous là pour aujourd’hui. Une dernière page sera consacrée, bientôt aux iris « broken color » et « space age », ainsi qu’aux barbes colorées contrastantes qui sont de plus en plus nombreuses et de plus en plus vibrantes.



L’ENIGME DE LA SEMAINE

SUR LE ROCHER

Où se situe l’erreur, dans la liste ci-dessous ?

· GRACE PATRICIA (Bovet 85)
· MONTE CARLO (Cook 52)
· PRINCE OF MONACO (Kleinsorge 56)
· PRINCESSE CAROLINE DE MONACO (Cayeux R. 97)
· RAINIER (E. Smith 57)


L’ENIGME DE LA SEMAINE

SUR LE ROCHER

Où se situe l’erreur, dans la liste ci-dessous ?

· GRACE PATRICIA (Bovet 85)
· MONTE CARLO (Cook 52)
· PRINCE OF MONACO (Kleinsorge 56)
· PRINCESSE CAROLINE DE MONACO (Cayeux R. 97)
· RAINIER (E. Smith 57)


RÉPONSE À L’ÉNIGME DE LA SEMAINE DERNIÈRE

FAMILLE ROYALE

PRINCE CHARLES fait référence à un membre masculin de la Famille Royale britannique. Les autres noms concernent les dames.