31.10.03

L’ENIGME DE LA SEMAINE

LES PEAU-ROUGE

L’une des variétés dont le nom figure ci-dessous n’a pas les mêmes caractéristiques que les autres. Laquelle ?

· CHIEF CHICKASAW (Scharff 57)
· CHIEF HEMATITE (Gibson 82)
· CHIEF MOHAWK (Hamner 89)
· CHIEF QUINABY (Schreiner 91)
· CHIEF WAUKESHA (Blodgett 77)


RÉPONSE À L’ÉNIGME DE LA SEMAINE DERNIÈRE

TENNESSEE GENTLEMAN est le seul nom des cinq à désigner un personnage.


LES SUBTILITÉS DE L’HYBRIDATION

Dans un important article publié dans le N° 330 (juillet 2003) du Bulletin de l’AIS, Dave Niswonger, obtenteur américain bien connu, fait le point sur les subtilités de l’hybridation des iris. Cet article est ardu dans son contenu et, à mon avis, manque de rigueur dans son plan. C’est pourquoi, abordant ce sujet, je vais m’efforcer d’être plus simple et plus limité dans mes ambitions.

Comme d’autres l’ont fait avant lui, ainsi Keith Keppel dans de nombreux articles ou Richard Cayeux dans « L’Iris, une fleur royale », Niswonger insiste sur la nécessité de se limiter dans les buts à rechercher. Il y a le choix parmi les buts possibles et il est recommandé de commencer par sélectionner un ou deux domaines de recherches, en commençant par ceux qui posent le moins de difficultés à celui qui se lance dans l’hybridation. Tous les auteurs admettent que le débutant, devrait commencer par la recherche d’une amélioration de l’existant. Par exemple essayer d’ajouter des éléments de perfectionnement à une couleur et à la fleur qui l’exhibe: plus de saturation du coloris, fleurs plus ondulées ou plus frisées, fleurs mieux disposées le long de la tige, boutons plus nombreux, plante mieux ramifiée, qui pousse mieux ou qui résiste mieux aux agressions. Les hybrideurs chevronnés, et disposant de beaucoup de place pour leurs semis, pourront s’attaquer à des domaines plus délicats comme la recherche de nouvelles couleurs ou de nouvelles combinaisons de couleurs. Pourquoi cette distinction ? En quoi les domaines cités en derniers présentent-ils plus de difficultés ?

La recherche d’une amélioration d’une couleur ou d’un modèle donné passe essentiellement par le croisement d’une variété de départ par une autre de la même lignée, qui présente des traits allant dans le sens du but recherché. Les améliorations peuvent apparaître dés la première génération, ce qui est encourageant pour celui qui débute. En revanche créer une nouvelle couleur ou une nouvelle combinaison de couleurs est une œuvre de plus longue haleine, plus aléatoire, plus exigeante en nombre de semis et nécessitant des connaissances génétiques et généalogiques plus étendues. Il y a en effet trois parties de la fleur sur lesquelles il faut agir : les pétales, les sépales et les barbes. Le travail devra obligatoirement s’étendre sur plusieurs générations, donc sur quelques années, avec beaucoup de résultats médiocre en attendant le succès.

De toute façon, si l’on veut aboutir à quelque chose, il ne faut surtout pas croiser les variétés au hasard, en fonction de l’intérêt qu’on leur porte ou de la fantaisie qui passe par la tête. Le hasard peut certes faire qu’on obtienne ainsi un résultat satisfaisant, mais c’est comme jouer à la loterie, il y a beaucoup de joueurs, très peu de gagnants et encore moins de gros lots ! Comme le dit très bien Richard Cayeux, les iris d’aujourd’hui n’ont pas une généalogie simple ( les analyses que je propose souvent ici le démontrent) et les éléments génétiques qu’ils contiennent sont si complexes que les interactions entre les uns et les autres rendent hasardeux les résultats que l’on peut obtenir. Avant tout croisement il est nécessaire, si l’on veut vraiment atteindre un but, d’étudier le pedigree non seulement des variétés auxquelles on songe, mais aussi celui de leurs ancêtres, sur de nombreuses générations. Si l’on veut agir sur un élément, ces analyses demandent déjà un travail de recherche dans les documents important ; si l’on s’attaque à plusieurs éléments, les connaissances exigées vont devenir complexes et n’être à la portée que de celui qui a une connaissance approfondie de la génétique des iris.

Il y a, à ce sujet, quelques informations de base qu’il faut retenir. Savoir, en tout premier, quelles couleurs ou combinaisons sont récessives ou dominantes ; quels pigments se trouvent dans les cellules ou autour des cellules ; comment et pourquoi ils apparaissent ici ou là ; quel peut être l’effet d’un facteur inhibant… Les connaissances approfondies viendront avec le temps et les soirées d’hiver consacrées à potasser les écrits des bons auteurs et les check-lists de l’AIS.

On ne cesse pourtant de dire, ici et là, que l’hybridation est facile. Techniquement c’est vrai. Pour le reste il faut être plus nuancé. Dans son livre, Richard Cayeux ne dit rien d’autre. Le chapitre consacré à la création de nouvelles variétés de pogoniris est très clair là- dessus. Il explique les aléas de l’hybridation, donne des conseils utiles (se limiter dans ses objectifs, choisir les bons parents, exercer une sélection rigoureuse des semis), expose les stratégies possibles et conseille sur la méthode qu’il faut choisir. Dave Niswonger, avec plus d’exemples personnels et de réflexions issues d’une longue pratique du métier, ne dit rien d’autre. C’est la démonstration qu’il n’y a pas d’autre voie, même si au savoir et au savoir-faire s’ajoutent le génie personnel et, un peu, la chance.

L’amateur ne doit pas imaginer cependant que le travail d’hybrideur est insurmontable. Il faut simplement, comme pour toute tâche, l’aborder avec sérieux et le minimum de connaissances. Moyennant cela, il est certain que même dans un jardin relativement petit, il est possible d’obtenir des iris de qualité et de contribuer, modestement, à la progression de nos fleurs favorites.

25.10.03

L’ENIGME DE LA SEMAINE

DEEP SOUTH

Des cinq variétés listées ci-dessous, le nom de l’une n’intéresse pas le même domaine que les quatre autres. Laquelle ?

· CAROLINA HONEY (L. Powell 72)
· FLORIDA ORANGE (Keppel 88)
· KENTUCKY DERBY ( Mohr D. 74)
· LOUISIANA LACE (Schreiner 78)
· TENNESSEE GENTLEMAN (Innerst 89)


RÉPONSE À L’ÉNIGME DE LA SEMAINE DERNIÈRE

COLORADO BONANZA (Magee 93) n’est pas à sa place. Les autres font allusion à la météorologie, celui-là à un endroit (Bonanza signifie « filon », « placer »).
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ESTABLISHED POWERS

Avec ESTABLISHED POWERS, variété enregistrée en 1995, Sterling Innerst est parvenu à une forme originale de plicata. En effet, chez un iris plicata traditionnel, comme ROCOCO, par exemple, les pétales sont vivement colorés, quelquefois jusqu’à être presque unis, et les sépales, sur fond blanc ou clair, développent des dessins pointillés de plus en plus denses à mesure que l’on s’approche des bords. ESTABLISHED POWERS se présente avec des pétales entièrement piquetés de bleu lavande, plus serrés au bord, et des sépales presque entièrement blanc, si ce n’est une très fine trace de plicature à l’extrême bord et des pointillés pourprés aux épaules et sous les barbes. C’est une évolution intéressante qui mérite que l’on se penche sur ses origines.

Sterling Innerst est aujourd’hui l’un des obtenteurs d’iris plicata les plus en vue. Ses variétés de ce type sont nombreuses et intéressantes, comme COLOR TRACK (82), COLORTART (83), COLOR WATCH (89), de même que POINT MADE (88), STERLING STITCH (84) ou TENNESSEE WOMAN (90). ESTABLISHED POWERS fait partie de cette nouvelle famille qui vient compléter le travail de Keith Keppel sur le sujet. Il a pour ascendant femelle RUMBLESEAT (Innerst 90), un plicata blanc liseré de pourpre, qui a obtenu le Florin d’Argent à Florence en 94. Du côté mâle, on trouve STERLING STITCH (Innerst 84), une variété de plicata qui est peut-être un peu banale, en bleu lavande sur fond blanc. Derrière RUMBLESEAT on trouve une longue lignée de plicatas, avec en premier lieu COLORTRACK (Innerst 82), BURGUNDY BROWN (Gibson 79) et FLAMENCO (Keppel 77). Aux générations précédentes c’est une kyrielle de plicatas fort connus qui apparaissent, d’un côté comme de l’autre. Côté maternel : COLORTART (Innerst 83) en rouge magenta, CARAMBA (Keppel 75), APRIL MELODY (Gibson 67), fameux plicata pourpré. Une touche de blanc provient de WEDDING VOW (Ghio 70) qui se situe au même niveau que COLORTART et les autres, et si l’on continue la généalogie ascendante on aboutit à des incontournables : WILD GINGER (Gibson 62), SIVA-SIVA (Gibson 62), ROCOCO (Schreiner 59) et MINNIE COLQUITT pour les plicatas, et GREAT LAKES, HELEN MC GREGOR, NEW SNOW, CHIVALRY, SNOW FLURRY pour les unicolores. Rien que du beau monde ! La généalogie de STERLING STITCH est un peu plus originale puisqu’on y découvre VANITY (Hager 75 – DM 82), l’un des roses les plus célèbres, mais aussi, inévitablement peut-on dire APRIL MELODY qui figure en bonne place et à plusieurs reprises dans l’autre moitié de l’arbre.

ESTABLISHED POWERS possède ainsi des antécédents blancs, roses et plicatas ( de toutes les couleurs). Son caractère plicata est bien affirmé, mais son originalité est en grande partie due aux facteurs inhibants apportés par le blanc WEDDING VOW, présent lui aussi dans les deux moitiés de son arbre généalogique. Je ne sais pas si Sterling Innerst, en réalisant le croisement de RUMBLESEAT par STERLING STITCH, s’attendait à obtenir un ce type original de fleur, mais on peut le penser. Les bons hybrideurs ne travaillent pas au hasard ; ils connaissent les potentialités des iris qu’ils marient et envisagent les résultats probables. Ensuite, c’est la nature qui agit et leur donne, ou non, raison. Il leur arrive d’échouer parce que les parts d’ombre qui restent dans la génétique des iris contrecarrent leurs projets ; ils doivent quelque fois s’entêter pendant des années pour arriver à leurs fins, mais savoir exploiter les retours d’expérience comme avoir les inspirations les plus hardies font partie du travail des meilleurs.

20.10.03

L’ENIGME DE LA SEMAINE

DANS LES ROCHEUSES

Parmi les cinq noms ci-dessous il y en a un qui « jure ». Lequel ?

· ARIZONA MOON (Shepard 89)
· COLORADO BONANZA (Magee 93)
· IDAHO SUNSHINE (E. Smith 72)
· UTAH SUNRISE (Muhlestein 58)
· WYOMING WIND (Woodside 71)

RÉPONSE À L’ÉNIGME DE LA SEMAINE DERNIÈRE

DIVINE (Mary Dunn 88) n’est pas une variété française, mais américaine.
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QUELQUES RÈGLES POUR HYBRIDER

Un passionné d’iris me disait récemment : « Je ne sais pas pourquoi, mais les croisements que je réalise ne donnent rien d’intéressant. » J’apprenais aussi qu’il agissait au gré de son esprit et sans véritable programme. Il est probable que ce sont là les causes essentielles de ses réflexions désabusées.

Dans une précédente chronique je rappelais les conseils des grands hybrideurs : choisir un domaine d’hybridation, commencer par le plus simple, appliquer quelques règles essentielles, et pour cela retenir quelques informations basiques. C’est de celles-ci dont il va être question maintenant.

Si le choix initial a porté sur l’amélioration d’une caractéristique de la plante (robustesse, vigueur, disposition des branches, nombre de boutons floraux…) il importe de choisir pour le croisement initial deux variétés de lignée différente, le consanguinité aboutit en effet à une perte progressives des qualités essentielles qu’il faut compenser en apportant du « sang » neuf. En partant, par exemple, d’un iris dont on apprécie la couleur mais dont on considère qu’un autre élément est médiocre ou insuffisant, on a de fortes chances d’obtenir une nouvelle variété plus conforme à ce que l’on attend en le mariant à une variété du même coloris mais issue d’une lignée différente porteuse de la qualité recherchée mais plus terne ou moins colorée. Attention, cependant : les variétés sélectionnées par les meilleurs hybrideurs sont en général des plantes d’excellente qualité ; il est à craindre qu’en les unissant à des variétés plus anciennes ce soit les traits les moins intéressants de celles-ci qui prennent le dessus : on reproduit plus facilement les défauts que les qualités ! J’ai personnellement réalisé un croisement de SKY HOOKS avec un vieil iris gris dont j’apprécie la couleur : les résultats ont été très variables, avec trois jolies choses et plein de nullités qui avaient hérité de toutes les imperfections – aux yeux d’un amateur d’aujourd’hui – du vieil iris.

Pour améliorer la clarté, la profondeur ou la pureté d’une couleur la technique du croisement interne (inbreeding en anglais) est celle qui est recommandée par tous. Prenons pour exemple la série d’iris roses développée par la Maison Cayeux. BUISSON DE ROSES (97) est le résultat de l’amélioration progressive de PRINCESS (Gatty 72), PLAYGIRL (Gatty 77), PARADISE (Gatty 80). LA VIE EN ROSE (99) est issu d’EDEN (Gatty 83), frère de semis de PARADISE. SUCCES FOU (2000) rajoute une nouvelle génération à BUISSON DE ROSES puisqu’il provient d’un frère de semis de celui-ci et de COMING UP ROSES (Gatty 92), achèvement de l’œuvre de Gatty dans les roses, qui est résultat d’une amélioration constante de la lignée Gatty, englobant les deux frères PRINCESS (Gatty 72) et LIZ (Gatty 72), et les deux cousins PLAYGIRL (Gatty 77) et BONBON (Gatty 77).

En toute circonstance il faut se souvenir de certaines caractéristiques génétiques :

Le rose est un caractère récessif. C’est à dire qu’il faut que les deux parents comportent le gène rose pour qu’on obtienne un nouvel iris rose. C’est la même chose pour le caractère plicata.

Le pigment qui donne les coloris rose ou jaune (avec toutes leurs variantes) est contenu dans les cellules des fleurs, il n’est soluble que dans l’huile ; le pigment bleu-violet se loge dans le liquide intercellulaire (quand le tissu se détériore, le liquide intercellulaire s’écoule et le pigment se répand, d’où les taches violacées), il est soluble dans l’eau. La juxtaposition des deux pigments, en doses variables, donne à l’œil l’infinie variété des coloris.

Le blanc n’est pas une couleur mais l’absence ou l’inhibition des pigments (voir LA MEIJE Cayeux 2000). Le vert indique la présence d’un soupçon de chlorophylle dans la fleur ; il intervient dans un certain nombre de coloris comme le tilleul, le miel ou le chartreuse.

Le croisement de deux iris de couleurs différentes ne donnera pas nécessairement un rejeton d’une couleur intermédiaire. Il y a trop de paramètres qui entrent en ligne de compte ! Mais on peut néanmoins arriver de temps en temps à ce résultat. C’est le cas par exemple de HORTENSIA ROSE (Cayeux 2001) qui se situe à mi-cheminn entre les couleurs de son ascendant femelle, EVER AFTER (Keppel 86), fuchsia très vif, et de son ascendant mâle, BUISSON DE ROSES (Cayeux 97), rose soutenu.

Ces quelques règles et lois respectées scrupuleusement ne donneront pas forcément naissance à des graines de champions, mais les déceptions seront plus rares et les bonnes surprises plus nombreuses. Mon correspondant du début aurait du y faire plus attention.

9.10.03

L’ENIGME DE LA SEMAINE

FRANÇAISES

Une des variétés ci-dessous n’est pas une obtention française. Laquelle ?

· ALIZARINE
· BRISE DE MER
· CATALAN
· DIVINE
· EAU VIVE



RÉPONSE À L’ÉNIGME DE LA SEMAINE DERNIÈRE

LANAI : Ce n’est pas une île des Antilles, mais l’une des îles Hawaii.
PASSEZ AU VERT !

Il y a déjà un certain temps, j’ai proposé ici de « passer à l’orange ». Je vais être plus citoyen aujourd’hui en invitant plutôt à « passer au vert ».

Le vert, dans les iris, ne concerne pas seulement le feuillage. On en trouve un peu dans les fleurs elles-même. Ce sont des traces de chlorophylle qui réussissent à s’insérer dans les pétales ou les sépales. Mais chacun sait qu’on ne trouve pas d’iris vert ! Même si quelques obtenteurs enthousiastes ou visionnaires ont donné des noms comportant le mot « green » à certaines de leurs variétés. Le vert se contente d’influencer d’autres couleurs, surtout le jaune, ce qui donne une teinte légèrement verdie. Il se concentre plus densément sur l’extérieur des sépales, c’est pourquoi on le remarque davantage avant que les fleurs ne s’ouvrent.

Ces iris « verts » ne manquent pas d’originalité, et il y a longtemps que les obtenteurs ont commencé d’enregistrer des variétés influencées par le vert. Ainsi, dès 1959, après un certain nombre d’autres, Rex Brown a enregistré GREEN QUEST, un iris jaune mimosa, bien teinté de vert. De même en 66 Luella Noyd met sur le marché son FLUTED LIME, longtemps vendu en France, qui est un peu plus vif, avec une barbe moutarde, et qui se trouve être le fils d’un cousin de GREEN QUEST, GREEN GLINT (R. Brown 60). Fred DeForest en 69 a marqué une nette avancée avec BAYBERRY CANDLE qui est peut-être encore le plus vert des iris.

Les années 70 ont été riches en iris « verts ». Pour n’en citer que quelques-uns, connus en France, parlons de SONG OF ERIN (Roach 71), où le vert colore un fond blanc, GREEN EYED LADY (Plough 72), de la même eau que le précédent, SECRET SOCIETY (Plough 73), où le vert influence les sépales jaunes d’une variété difficile à décrire, IRIS SPRING (Roe 73), joli amoena aux pétales bien blancs et aux sépales nettement influencés de jaune verdâtre. PISTACHIO (Ghio 74), marque l’entrée de Joë Ghio dans le domaine des verts, il est mimosa vif avec barbe moutarde : IRISH TUNE (Plough 77) est une amélioration par inbreeding de deux autres jaune mimosa, GREEN EYED LADY dont il vient d’être question, et PRIDE OF IRELAND (Noyd 71). Keith Keppel s’est à son tour aventuré sur ce terrain avec PATINA (78), plicata fortement teinté de vert, à tel point qu’il paraît non plus violacé mais nettement brun.

Au début des 80, J. Ghio récidive avec AL FRESCO (81), très vert et assombri d’une barbe brune, et SOAP OPERA (82) au coloris étrange, ceinturé de jaune chartreuse. RUFFLED SURPRISE (Rudolph 81) joue sur le même registre, qui était aussi celui de CHARTREUSE RUFFLES (Rudolph 76) et qui sera celui de INCA QUEEN (Blyth 83). LICHEN (Byers 89) est plus classique, jaune verdâtre tendre : le premier vert à fleurir chaque printemps et à remonter régulièrement. Mais c’est GREEN AND GIFTED (P. Black 89) qui est le vert le plus original, avec sa barbe pratiquement noire.

ENVY (Ernst 90) est franchement jaune tilleul, il a BAYBERRY CANDLE parmi ses ancêtres ; la même année OLIVE BRANCH est une autre contribution de Richard Ernst à la famille des iris verts : celui-ci est sombre, en vert olive deux tons, il descend de PATINA. SYLVAN (Byers 90) est assez proche de INCA QUEEN, comme sa « mère », TUDOR ENGLAND (Zurbrigg 79). VERDE LUNA (Romoli 96) fait plutôt partie de la famille PISTACHIO tandis que WARM BREEZE (Duane Meek 97) est une amélioration d’ENVY, sa « mère ». Le pompon du vert pour cette décennie est sans doute à attribuer à EVERGREEN HIDEWAY, amoena vert, d’un coloris voisin de celui du fameux THORNBIRD (Byers 89 –DM 97), en moins accentué.

Récemment Keith Keppel est revenu sur la couleur verte avec deux variétés très originales, SUSPICION (99), amoena inversé aux sépales tilleul sous des pétales mauves, et TRADE SECRET (2003), étrange self couleur chartreuse où les infusions violacées de la base des pétales paraissent brunes sous l’effet de la chlorophylle. C’est un descendant immédiat du précédent.

De nombreux autres iris, notamment certains variegatas-plicatas présentent des influences de vert. C’est dire que cette couleur, a priori incongrue chez un grand iris, n’est pas si rare que cela et que les obtenteurs les plus chevronnés s’y sont exercé.

3.10.03

DELIRIUM

La Walther Cup récompense chaque année la variété qui a reçu le plus grand nombre de vote pour l’ Honorable Mention (HM). C’est une des rares compétitions ouvertes à tous les types d’iris qui ne soit pas systématiquement remportée par un grand iris (TB). Depuis 1990, par exemple, avec DELIRIUM (M. Smith 99) c’est la cinquième fois qu’elle échappe à un grand. FROSTED VELVET – un MTB (iris de table) – en 91, SHAKER’S PRAYER – un iris de Sibérie – en 92, PROTOCOL – iris intermédiaire – en 98 et STARWOMAN – autre IB – en 2001 en ont été les heureux bénéficiaires.

DELIRIUM est donc un iris intermédiaire (IB) issu de croisement d’un grand iris, FLIGHTS OF FANCY (Keppel 92), et d’un iris nain standard (SDB), BRASH (Gatty 74). L’étrange FLIGHTS OF FANCY, qui est blanc crémeux infus de rose orchidée, associé au jaune deux tons de BRASH, a donné naissance à un iris aux pétales jaune d’or fumé et aux sépales dont le fond jaune est largement couvert de violet, avec un fin liseré jaune et des barbes minium. Il faut laisser à un spécialiste averti l’analyse détaillée de la généalogie de FLIGHTS OF FANCY, qui fait partie de ces variétés obtenues par Keith Keppel à l’issue d’une laborieuse addition de croisements intermédiaires où l’on retrouve entre autres, les variétés fétiches de l’obtenteur, IRMA MELROSE, TEA APRON , APRIL MELODY ou FULL CIRCLE. Pour faire court contentons-nous de dire seulement quelques mots de ces variétés essentielles dans le travail de Keith Keppel. IRMA MELROSE (DeForest 55) est un iris jaune comportant d’infimes traces brunes témoignant de ses origines plicata ; TEA APRON (Sass 60) est un plicata blanc liseré de bleu ; APRIL MELODY (Gibson 65) est un plicata lavande sur fond rose ; FULL CIRCLE (Tompkins 58) est un plicata classique, violet sur fond blanc. Des origines des trois derniers, on sait peu de chose, soit qu’elles ne soient pas précisées dans les documents officiels, soit qu’elles le soit de façon imprécise. Pour IRMA MELROSE on en sait un peu plus : il provient du croisement de CAROLINE JANE (DeForest 51), plicata indigo, par une autre de ses obtentions, RODEO, plicata sur fond jaune. Tous les autres antécédents de FLIGHTS OF FANCY sont aussi des plicatas.

BRASH descend de deux SDB dans les tons de jaune : SAM (Aitken 87), jaune moutarde, et QUOTE (Gatty 92), jaune sur miel, liseré kaki. SAM est le produit d’une lignée de plicatas remontant à KNOTTY PINE (Goett 59), petit SDB brun issu de MINNIE COLQUITT, fameux plicata pourpre sur fond blanc, et PAT’S PAL (Rundlett 63), plicata violet sur fond jaune ; son côté jaune provient, semble-t-il, de son « père » SOLAR FLIGHT (E. Roberts 72) qui est jaune d’or deux tons. QUOTE est le produit du croisement de CHUBBY CHEEKS (P. Black 84), plicata violet liseré de jaune chartreuse, très utilisé par tous les hybrideurs de SDB, par un frère de semis de TOY CLOWN (Gatty 90). Parmi les ancêtres de CHUBBY CHEEKS se trouve d’une part l’incontournable SNOW FLURRY, de l’autre le SDB DAISY (Palmer 76) qui à dans ces antécédents CLOUD CASTLE, SULINA, BLUE SAPPHIRE et PIERRE MENARD, des pierres angulaires des débuts de l’hybridation moderne. Quant à TOY CLOWN, il provient de ZIP (Goett 64), un plicata violet que l’on rencontre aussi dans la généalogie de SAM !

Je n’ai pas encore eu l’occasion de voir DELIRIUM dans un jardin. Je ne le connais que par les photos. Il présente bien l’aspect plicata ; ce n’est pas étonnant quand on connaît son pedigree. Mais on peut à première vue le prendre pour un bicolore tant la couverture violette est étendue. Un ami américain, qui le cultive me dit qu’il fait partie de ses favoris, tant pour son coloris que pour sa facilité de culture et sa vigueur. J’ai hâte de pouvoir l’apprécier à mon tour. Peut-être l’année prochaine ? En tout cas Marky D. Smith, qui est une obtentrice dont j’ai une fois parlé au masculin (qu’elle me le pardonne !), avec cet iris, a marqué un grand coup.
L’ENIGME DE LA SEMAINE

AUX ANTILLES

Toutes les variétés ci-dessous font-elles allusions aux Antilles ? Sinon, laquelle n’est pas à sa place ?

· BAHAMA MAMA (McWhirter 99)
· BERMUDA BEACH (Sutton 2001)
· CARIBBEAN DREAM (Schreiner 90)
· JAMAICA JEWEL (Aylett 58)
· LANAI (Ghio 97)


RÉPONSE À L’ÉNIGME DE LA SEMAINE DERNIÈRE

OISEAU LYRE. Celui-ci est un iris obtenu en France. Les autres sont américains.