23.2.07

ECHOS DU MONDE DES IRIS

Irisland (suite ?)

Chaque semaine je jette un œil sur le blog « confrère » qui se nomme « IRISLAND ». Que faut-il penser de ce qu’on y voit ces jours-ci, qui n’a guère de lien avec les iris ? Erreur ? Grosse blague ?

En Ukraine

Le monde des iris s’étend d’année en année. Après l’Europe de l’Est, c’est au tour de l’ex-Union Soviétique de partir à la conquête des amateurs d’iris. Rien que pour le plaisir, allez visiter le site de TROTSKY IRIS GARDEN, à Nikolaev, en Ukraine. Vous allez être émerveillés, c’est l’une des plus belles collections de grands iris modernes en Europe. Et le site est très bien fait. www.iris.mksat.net



SI BLEU, SI PÂLE

On l’appelle lilas du Cap, mais son vrai nom c’est plumbago. Plumbago capensis en latin de botanique. Ce qui me séduit dans cette plante c’est avant tout sa couleur bleu tendre, si bleue, si pâle. Ce bleu-là, on le trouve aussi chez certains iris, et c’est de ceux-ci qu’on va parler aujourd’hui. En voici une vingtaine, classé dans l’ordre de leur enregistrement. Il ne faut pas les comparer trait à trait. L’aspect d’un iris des années 50 n’est pas celui d’une variété contemporaine. Cependant un « vieil » iris peut avoir tout autant d’intérêt qu’un nouveau. Il est souvent plus vigoureux et moins sensible aux maladies, et une partie de son charme provient justement de son côté ancien. Reste la couleur qui, elle, n’a pas d’âge.

Au début de l’ère moderne

ELEANOR’S PRIDE (Watkins 52 – DM 61). La consécration de cette variété a tardé à venir. Peut-être est-elle moins achevée que ses concurrentes. Mais son bleu tendre, ses barbes jaune acidulé ne laissent personne indifférent.

BLUE SAPPHIRE (Schreiner 53 – DM 58). Dès son apparition, il a impressionné les amateurs et les juges. Sa forme est parfaite, ses bords dentelés lui donnent un charme féminin très attirant. Quant à sa couleur, bleu pâle, elle attire tous les suffrages.

REHOBETH (DeForest 53 – FO 55). Un blanc bleuté. Une couleur très à la mode à son époque. Mais un aspect un peu raide, qui tranche avec celui de son contemporain BLUE SAPPHIRE. Une variété recherchée par les hybrideurs.

SPARKLING WATERS (Schreiner 59). La pureté même. Un bleu aussi tendre qu’une layette de garçon ; des barbes blanches qui affirment encore ce côté délicat. Une impression inoubliable.

Les classiques

JACK R. DEE (N. Sexton 74) On remarque tout de suite que vingt ans se sont écoulés depuis l’apparition de BLEU SAPPHIRE. La fleur a une ampleur nouvelle, les ondulations enrichissent la fleur. Le bleu clair est pur et limpide. Les barbes, bleu tendre elles aussi, affirment le coloris.

FLAIR (Gatty 76). On dit que la personnalité de l’obtenteur se révèle dans la forme des fleurs qu’il sélectionne. Le côté fragile est sensible de Joë Gatty est tout entier apparent dans cette fleur au cœur sombre, d’un bleu qui fait plaisir à voir.

GOOD MORNING AMERICA (N. Sexton 79). Une version modernisée de SPARKLING WATERS, un peu plus raide, peut-être, mais surtout un potentiel génétique exceptionnel : ses descendants, nombreux, sont tous intéressants et originaux ; prenez par exemple HIDDEN SURPRISE (Durrance 85) au cœur et aux styles orchidée, ou ALMOST RICH (Niswonger 94) blanc bordé de bleu.

CARVED CRYSTAL (Meek D. 80) (voir photo). La délicatesse et l’élégance même. Un bleu qui s’amplifie vers les bords, un reflet vert au cœur, une fine dentelle sur toute la fleur…

Les années 80

NAVAJO JEWEL (Weiler 84). Un grand classique, présent dans maints jardins français. La fleur manque un peu de souplesse, mais la plante est solide et le bleu, nuancé de vert comme les turquoises auxquelles son nom fait allusion, apporte fraîcheur et tendresse.

SILVERADO (Schreiner 87 – DM 94). Un roi du jardin. Qui serait insensible au bleu d’argent de cette fleur somptueuse qui n’a aucun défaut ?

MISTY TWILIGHT (Byers 88). Classique en tous points, cette fleur fait honneur à celui qui l’a obtenue. Au jardin, en bouquet, elle fait toujours autant d’effet par sa pureté et sa solidité. –voir photo-

YUKON TWILIGHT (Durrance 88). Celui-là rappelle JACK R. DEE des années 70. Peut-être la matière de la fleur est-elle un peu fragile, mais il s’agit néanmoins q’un apport non négligeable pour éclairer un jardin bleu.

SCANDIA DELIGHT (Schreiner 89). Parfait. Un bleu délicieux, une fleur bien formée, une plante robuste, des boutons nombreux et bien disposés. Bref un exemple idiomatique de ce que sait faire la grande maison Schreiner.

Les actuels

LADY BIRD JOHNSON (Mahan 96) (voir photo). Peut-être le plus joli de tous, avec ses fleurs joliment ondulées et frisées et son coloris façon JACK R. DEE. Un vrai délice !

CELESTIAL CHOIR (Blyth B. 98). La déclinaison australienne d’un coloris délicat. Les barbes, orangées, ajoutent du piquant.

UNCLE CHARLIE (Spoon 99). Est-il bleu, est-il blanc ? C’est selon la lumière et la sensibilité de chacun. En tout cas c’est l’un des plus beaux iris de ces dernières années. Comme on dit dans le jargon américain des amateurs d’iris, c’est un « winner ».

SHADES OF PALE (Ernst 2004). C’est presque un amoena inversé, car les pétales, d’un mauve parme tendre, sont un peu plus colorés que les sépales. La forme très classique de la fleur en fait une plante qui doit plaire à tous.

ABSOLUTE TREASURE (Tasco 2006). D’amples ondulations, un coloris un peu plus soutenu que les variétés précédentes, mais tout de même un bleu pâle et attachant. Tasco est l’un des hybrideurs qui montent. Cet iris est bien représentatif de l’école moderne.

ZIMNI KRALOVNA (Seidl NR). Pour terminer, un iris tchèque, qui a beaucoup plu l’an dernier lors de sa présentation en Allemagne. Une fleur très classique, dans un ton de bleu qui ne peut pas laisser indifférents les amateurs de teintes pastel.
RÉCRÉATION (réponses)

Species

L’intrus est : Iris danfordiae
RÉCRÉATION

Made in UK

Laquelle de ces cinq variétés anciennes n’est pas originaire de Grande Bretagne ?
· ‘Dominion’
· ‘Mrs George Darwin’
· ‘Susan Bliss’
· ‘Morocco Rose’
· ‘Cassandra’

16.2.07











RECOMMENCEMENT

Comment faire pour ne pas devoir attendre onze mois avant de revoir des fleurs d’iris ? Bien des amateurs se sont posé cette question. Mais, curieusement, la recherche de variétés remontantes n’a pas été une des premières démarches des hybrideurs. Ce n’est pas avant 1926, et l’apparition en France des iris nains baptisés JEAN SIRET et LIEUTENANT DE CHAVAGNAC (photo), que l’intérêt pour les remontants s’est éveillé. Pourtant l’existence d’espèces d’iris capables de refleurir était connue depuis fort longtemps. Dès 1597, dans son herbier, l’Anglais John Gerard présentait I. biflora et I. violacea auxquels il attribuait cette aptitude. Par ailleurs, au cours du 19eme siècle, il était noté que I. variegata pouvait aussi refleurir, à l’occasion, en automne. Néanmoins c’est seulement au Français Charles André et aux deux variétés naines qu’on vient de citer qu’on doit l’apparition d’iris remontants.

Les précurseurs

A vrai dire, ces petits iris ont bien tardés à être utilisés. Les premiers à s’intéresser vraiment à la question de la remontance ont été les frères Sass, dans le Nebraska, aux Etats-Unis. Y a-t-il une question à laquelle ces deux-là n’ont pas cherché de réponse ? Dès 1924, ils enregistraient AUTUMN KING, un grand iris bleu violacé, qui devait être suivi de nombreux autres au cours des années 20 et 30. Dans les décennies qui suivirent plusieurs hybrideurs s’essayèrent à l’obtention de remontants. Il s’agissait de gens curieux et décidés à sortir des sentiers battus. Lloyd Austin et Percy Brown en font partie. Du dernier nommé, FALL PRIMROSE (53) est un des premiers à avoir été franchement reconnu comme remontant. Cependant c’est Jim Gibson et son GIBSON GIRL (49) qui ont réellement marqué le coup d’envoi de la recherche en remontance.

Deux hybrideurs méritent d’être qualifiés de pionniers : Raymond G. Smith, d’une part, et Lloyd Zurbrigg d’autre part. L’un travaillait dans l’Indiana et l’autre au Etats-Unis, d’abord, puis sur la côte est des Etats-Unis ensuite. L’un et l’autre ont commencé leur travail avec des cultivars de chez les Sass et le déjà célèbre GIBSON GIRL. Les difficultés à vaincre étaient nombreuses et ardues. Mais leur détermination et leur conviction que des progrès étaient possibles les ont fait persévérer dans une voie étroite et rocailleuse. La carrière de l’un et l’autre a démarré dans les années 60 et s’est poursuivie inlassablement jusqu’à leur mort, 1995 pour Raymond Smith, 2004 pour Lloyd Zurbrigg. Celle de Raymond Smith fut plutôt discrète. Il n’a enregistré qu’une vingtaine de variétés, mais la plupart ont marqué leur époque, comme l’iris abricot RETURNING GLORY (72), le violet RE-TREAT (78), le jaune SUMMER OLYMPICS (80) et, parmi ses derniers, le plicata REDELTA (91) et le joli bleu SONATA IN BLUE (91).

DA CAPO (68) est une variété fétiche de Lloyd Zurbrigg, il en obtint de remarquables descendants comme CROSS STITCH (73) ou LIGHTLY SEASONED (79) –voir photo. Il considérait cependant que son premier iris vraiment valable était GRAND BAROQUE (69). Il s’agit d’un amoena jaune pâle, avec des traces de mauve sur les sépales ; pas une variété qui attire l’œil, mais un iris à fort potentiel génétique. D’ailleurs il l’a utilisé largement à cette fin. Des variétés aussi connues que BAROQUE PRELUDE (74) et son frère de semis I DO (79), ainsi que EARL OF ESSEX (80), ENGLISH COTTAGE (76), LATEST STYLE (79) SPIRIT OF MEMPHIS (77) ou YOUTH DEW (76) en sont des descendants. Ces variétés elles-même, unies entre elles ou à d’autres, sont à l’origine de très grands noms des iris, tous remarquables par leur capacité à remonter largement, même si les autres qualités que l’on attend d’un iris moderne n’étaient pas forcément présentes. Ce n’est guère qu’à partir d’IMMORTALITY (82), qui, d’ailleurs, a frisé la D. M. que l’on a obtenu des iris à la fois remontants, de belle vigueur et de bonne texture. Cet IMMORTALITY a donné naissance à de très belles variétés comme SUNNY DISPOSITION (Zurbrigg 91), ou FROST ECHO (Aitken 95).

A partir de là, les iris remontants ont offert quelque chose de plus, sans présenter quelque chose en moins, et on trouve maintenant des remontants chez la plupart des grands hybrideurs.





Les temps modernes

Le travail de ces deux précurseurs que furent Raymond Smith et Lloyd Zurbrigg a éveillé l’attention de nombre de leurs confrères. Un autre originaire de l’Indiana, Earl Hall, s’est signalé par ses obtentions peu nombreuses mais très appréciées : QUEEN DOROTHY (84), PINK ATTRACTION (88) et MATRIX (91). Parmi les grands généralistes qui se sont exercés à la remontance, il faut signaler Ben Hager qui, là comme ailleurs, a obtenu de remarquables résultats aux rangs desquels se trouvent FEED BACK (83) , MANY HAPPY RETURNS (88), BONUS MAMA (90) ou WINDS OF CHANGE (93) –voir photo -. Grâce à lui, les iris remontants ont cessé d’être des plantes un peu spéciales pour devenir des iris que l’on peut qualifier d’ordinaires. Cependant c’est un touche-à-tout génial, Monty Byers qui est la figure dominante des années 80, en la matière.

Byers, pour ses remontants, a utilisé abondamment le matériel de Lloyd Zurbrigg. C’est le cas pour ZURICH (90) ou WINTERLAND (90), qui proviennent d’IMMORTALITY (Zurbrigg 82). C’est aussi celui de BUCKWEAT (89) qui provient de SPIRIT OF MEMPHIS (77), de CAROLINE GIBBS (90) qui est un enfant de ANEW, de HIGH HO SILVER (89) qui est issu de I DO. Quant à ART OF RAPHAEL (79), il a engendré THORNBIRD (89 – DM 97). Enfin EARL OF ESSEX a donné FLOORSHOW (89) et surtout LICHEN (89). Avec cette variété, on atteint un nouvel état, celui de l’iris « semper florens », c’est à dire dont la floraison ne s’interrompt pas, du printemps aux gelées.

La disparition prématurée de Monty Byers a privé le monde des iris d’une figure exceptionnelle, et les iris remontants d’un de leurs champions. Mais cela n’a pas arrêté le mouvement. Aujourd’hui les nouveaux « rebloomers », comme disent les Américains, envahissent les pages des « Registrations and Introductions ». Pour 2005, par exemple, on en compte au moins quarante, produits par une quinzaine d’obtenteurs. Parmi ceux-ci, les plus prolifiques sont les Sutton père et fils, George et Michaël, dont on peut dire qu’ils ont repris le flambeau jadis brandi par Zurbrigg et Byers. Quand on regarde des variétés comme BROAD APPEAL (M. Sutton 2006) ou MARBELLA (G. Sutton 2006) –voir photo -, on se rend compte du chemin parcouru depuis les origines des iris remontants. Les fleurs malingres et minces du début ont fait place à des corolles plantureuses, ondulées, frisées, qui n’ont plus rien à désirer des variétés non remontantes. Ne reste à améliorer, si c’est possible, que la fidélité de la remontance, patente dans les climats doux aux étés bien arrosés, plus capricieuse ailleurs, voire encore franchement aléatoire. Ainsi, beaucoup de variétés considérées comme remontantes au bord de la Méditerranée déçoivent fortement ceux qui, se fiant aux constatations du producteur, achètent ces iris mais ne les voient jamais refleurir. Sur ce point, les obtenteurs d’iris remontants ont encore du travail.

Dans ce qui précède on a parlé exclusivement des grands iris, mais il faut ajouter que les autres types d’iris connaissent aussi la remontance. C’est bien sûr le cas pour les iris nains, SDB, qui retrouvent leurs origines remontantes et le souvenir de LIEUTENANT DE CHAVAGNAC, mais c’est aussi celui des intermédiaires et même des tout petits iris de tables, MTB.
RÉCRÉATION (réponses)

Années 30

L’intrus est : ‘Germaine Coty’
RÉCRÉATION

Species

Les noms d’iris qui suivent sont ceux de d’espèces botaniques d’iris rhizomateux. Enfin, presque, parce que l’un d’entre eux n’est pas un iris rhizomateux. Lequel ?

Iris aphylla
Iris danfordiae
Iris perrieri
Iris trojana
Iris variegata

9.2.07


ECHOS DU MONDE DES IRIS

‘Eleanor of Aquitaine’, suite et fin

Désormais, le très bel iris de Lowell Baumunk portera le nom, définitif, de ‘Queen Eleanor of Aquitaine’. C’est une sage décision qui donne satisfaction à toutes les parties en cause.
Le « vrai » et seul ‘Aliénor d’Aquitaine’ c’est celui du cliché ci-dessus.

Irisland ressuscité

Un coup d’œil au blog IRISLAND a permis de constater un léger réveil. Le confrère va-t-il vraiment démarrer ?
L’IRIDOPHILIE EN DANGER ?

Une vive polémique secoue actuellement le petit monde américain des iris. Dans les jardins d’Amérique, les maladies des iris semblent se développer de façon alarmante. Au point que de nombreuses voix s’élèvent pour reprocher aux variétés modernes d’être trop sensibles à la pourriture et au brunissement des feuilles. Les protestataires font la comparaison avec les variétés anciennes qui, d’après eux, résisteraient très bien à ces maladies.

Certains voient dans cette situation la conséquence de deux choses : la course au succès et le laxisme des juges.

Course au succès.

Il est évident que pour espérer faire un succès commercial, il est nécessaire de proposer aux amateurs des variétés originales : couleurs nouvelles, aspect différent, formes exceptionnelles. Si on recommence cent fois la même chose, les clients ne verront pas l’intérêt d’acheter ce qui n’est qu’une pseudo nouveauté. Mais ces nouveaux iris sensationnels se révèleraient souvent fragiles et sensibles aux maladies… D’où la demande de variétés certes originales, mais testées pendant suffisamment de temps et sous des climats différents, de façon à être assuré qu’elles sont costaudes. Problème : celui qui se montrerait à ce point scrupuleux ne serait-il pas distancé par des confrères plus prompts à engranger des bénéfices ?

Laxisme des juges.

Ce serait normalement aux juges à procéder à ces observations de robustesse. Mais, paraît-il, la population de ces arbitres serait vieillissante et beaucoup de juges voteraient pour telles ou telles variétés non pas parce qu’ils les ont appréciées de visu, mais parce qu’elles ont une bonne réputation médiatique ! L’accusation est dramatique et va certainement durcir la controverse.

Quelques personnalités de l’AIS, dont l’ancien Président Terry Aitken, ont tenté de ramener le débat à de justes mesures, mais les plus actifs des détracteurs persistent dans leurs critiques et réclament plus de rigueur de la part des hybrideurs et plus d’engagement des juges.

De notre côté de l’Atlantique, la question de la conscience professionnelle des juges est difficile à apprécier, mais on peut avoir une opinion sur les causes de la recrudescence des maladies. Personnellement, j’en vois deux : l’abus de fongicides, pesticides et engrais chimiques ; la culture trop intensive.

Fongicides, pesticides etc.

A trop utiliser les produits chimiques de toutes sortes, les amateurs d’iris américains n’ont-ils pas fragilisé leur propre terre et rendu les maladies résistantes, comme le deviennent certains microbes en cas d’abus d’antibiotiques ? Pourquoi certaine variété considérée là-bas comme sujette aux maladies se porte-t-elle à merveille en France ? Pourquoi, d’une façon générale, les cas d’attaque de la pourriture du rhizome sont-ils relativement rares chez nous, et devenus une véritable plaie aux USA ? On peut se rendre malade à force de vouloir éviter la maladie !

Culture intensive.

Beaucoup d’amateurs américains sont friands de nouveautés : ils se jettent sur les nouvelles variétés et délaissent très vite celles qu’ils ont porté un temps jusqu’aux nues. Ce « turn over » important, dans des jardins qui ne sont pas toujours gigantesques, impose de replanter dans des bordures qui ne sont pas restées sans iris pendant quelques années. C’est un fait avéré que replanter sans laisser la terre évacuer les enzymes secrétés par les iris qui y ont poussé, ne favorise pas du tout la force des remplaçants. Cela peut être une des raisons de la fragilité constatée un peu partout.

Par ailleurs, c’est évident que les cultivars modernes sont atteints de consanguinité à un niveau très élevé. Prenez le cas de ‘Conjuration’ (Byers 89 – DM 98) : dans son pedigree il y a 6 fois ‘Mary Randall’, 5 fois ‘Frosted Starlet’, 4 fois ‘May Hall’ et ‘Palomino’ etc. La consanguinité n’est pas un facteur de robustesse !

Pour conclure.

Enfin, sur ce sujet délicat, les réflexions de Michelle Bersillon, iridophile avertie, font preuve d’une grande sagesse : « En tant qu’hybrideur, ma responsabilité personnelle est de faire de mon mieux pour observer mes semis et écarter ceux qui sont manifestement faibles et sensibles à la maladie. Ça peut paraître simple, mais le travail d’un hybrideur est plutôt compliqué, après tout. Il nous faut penser à élever des iris qui soient les meilleurs en tous points :davantage de boutons, meilleure substance, fortes tiges, floraison garantie, meilleure forme, des ondulations, des bords dentelés etc. Sans parler des nouvelles couleurs et associations de couleurs ! Je ne crois pas qu’exiger que les iris du monde entier soient obligatoirement testés dans des jardins américains ad hoc avant leur enregistrement et leur introduction garantisse d’avoir des cultivars plus résistants. Une partie du travail de l’hybrideur est justement de sélectionner et re-sélectionner ses semis puis de décider de ceux qui sont effectivement dignes d’être enregistrés et mis sur le marché. S’il n’en était pas ainsi, il serait réduit à n’être qu’une paire de mains destinée à étaler du pollen ! Ensuite il est aussi de la responsabilité de celui qui introduit l’iris – qui n’est pas forcément son obtenteur – de choisir les meilleures plantes pour son catalogue. Après cela ce sera aux juges, et à ceux qui achèteront les iris, de décider quelles plantes resteront sur le marché : les juges par leurs votes et les acheteurs par leurs commandes.

Au demeurant, peut-on espérer que tous les iris barbus vont donner de bons résultats sous tous les climats et est-ce même raisonnable de l’imaginer ? Par exemple, peut-on penser qu’une plante obtenue et sélectionnée dans le Sud de la Californie ou dans le Midi de la France poussera bien dans des endroits comme le Michigan, l’Ontario ou le Nord de l’Angleterre, et vice-versa ? Même s’il en était ainsi, il existe des micro-climats qui permettent à certains de faire pousser des cultivars avec lesquels d’autres, dans la même région, n’auront aucun succès. C’est une sage façon de procéder que d’étudier d’où vient un iris quand on songe à en faire l’acquisition, et aussi de bien connaître son jardin.
»

Que ceux qui portent de graves accusations commencent donc par regarder dans leur jardin et s’interrogent sur leurs propres comportements avant de jeter l’anathème sur des gens qui ne sont forcément pas insensibles à des impératifs commerciaux, mais qui, surtout, pratiquent leur activité iridophile avec sérieux et passion.
RÉCRÉATION (réponses)

Pedigree

La réponse est : ‘Condottiere’.
RÉCRÉATION

Années 30

Les noms d’iris qui suivent sont ceux de variétés des années 20 et 30. Enfin, presque, parce que l’un d’entre eux n’a jamais été attribué. Lequel ?

‘Geneviève Sérouge’
‘Germaine Leclerc’
‘Germaine Perthuis’
‘Germaine Coty’
‘Jacqueline Guillot’

2.2.07


LES TROIS MOUSQUETAIRES

« Un pour tous, tous pour un », cette devise aurait très bien pu s’appliquer aux trois enfants de F.X. Schreiner, qui ont constitué la cellule de base de l’entreprise connue sous le nom de Schreiner’s Gardens.

Lorsque François Xavier Schreiner meurt, en 1931, la pépinière d’iris qu’il a créée en 1922 est déjà prospère. Ses trois enfants vont prendre la succession et, avec une complicité que rien ne pourra défaire, transformer l’affaire encore artisanale en une entreprise pratiquement industrielle. On est là en face d’une de ces réussites proprement exemplaires, due à la force, la ténacité et le courage qui ont fait les succès américains.

Les enfants de F.X. Schreiner sont trois : ROBERT, dit « Bob », CONSTANCE, dite « Connie » et BERNARD dit « Gus ». Lorsqu’ils reprennent l’affaire paternelle, ils se partagent le travail en fonction de leurs aptitudes personnelles. Gus sera l’homme de terrain, le jardinier. Connie se chargera de la comptabilité et des commandes, Bob prendra à son compte les relations publiques et, surtout, les hybridations, cœur de l’activité de l’entreprise. Travaillant chacun dans son domaine, ils se rassemblent pourtant au moment de la sélection des nouvelles variétés, laquelle restera une œuvre collective tant que durera la collaboration des trois enfants.

Les années d’expansion

La pépinière Schreiner est installée à St Paul (Minnesota) au centre-nord des Etats-Unis, dans une région au climat particulièrement rude. Les hivers terribles des années 38/40 causent des ravages dans les plantations et détruisent presque tous les semis. Les trois associés se rendent compte que leur affaire sera en danger tant qu’elle restera assujettie aux aléas de la météorologie. Ils cherchent un endroit plus propice à la culture des iris et envisagent un déménagement. En 1946, le terrain où s’implanter est trouvé, en Oregon, sur la côte ouest, tout près de Portland, dans la délicieuse vallée de la Willamette. C’est décidé, on s’en va ! En voiture pour Salem ! Déménager une pépinière de l’importance de celle des Schreiner n’est pas une petite affaire. Il faut mettre en pot toutes les plantes et faire parcourir à des milliers d’iris presque 2500 kilomètres !

Le choix de la douce vallée fraîche et humide, au sol volcanique fertile, est une décision parfaite, qui va permettre à l’entreprise familiale de se développer rapidement et vigoureusement. Depuis 1928, la maison édite chaque année un catalogue. Peu à peu celui-ci se développe et s’enrichit. Les nouvelles variétés proposées rencontrent un franc succès que renforce la qualité des plantes vendues. Mais il faudra tout de même douze ans avant que le travail acharné des Schreiner soit récompensé par une première Médaille de Dykes. Ce sera, en 1958, pour BLUE SAPPHIRE, cette fleur d’un bleu si tendre, portée par une plante si solide et prolifique. Sur la lancée, deux autres variétés remarquables seront couronnées : AMETHYST FLAME en 64, puis STEPPING OUT, en 68.

Les années difficiles

D’une activité artisanale, les Schreiner’s Gardens vont devenir, au fil des années, une prospère entreprise puissamment structurée et gérée comme une industrie. Bob, de ce fait, est obligé de se consacrer essentiellement à la vie de la firme. Il laisse de plus en plus à son frère Gus le travail d’hybridation. Malgré cette réussite, tout n’est pas rose pour les Schreiner. Les années 70 vont être décevantes et, surtout, marquées par le décès de Connie, en 1971. Heureusement pour la famille, Gus ne manque pas de descendance. Il a 8 enfants ! Quatre filles et quatre garçons, et c’est son fils Ray qui va entrer dans l’équipe dirigeante.

Malgré des obtentions superbes et chaque année plus nombreuses, il va s’écouler seize ans sans que la maison Schreiner ne parvienne au sommet du palmarès… La concurrence est rude et les choix des juges terriblement indécis. Au cours des années 70, les Schreiner vont mettre sur le marché plus de 150 variétés nouvelles dans toutes les catégories, mais essentiellement dans celle de grands iris barbus. Et aucune récompense majeure ! Ce n’est pourtant pas les choses intéressantes qui manquent ! Qu’on en juge : GRAND WALTZ en 70, qui a frôlé la DM en 76 et 77, POSTTIME en 71 (AM74), PEACH FROST en 72 (AM75), SPARTAN en 73 (AM76), GAY PARASOL en 74 (AM 77), NAVY STRUT en 74 également (AM77), GOLD TRIMMINGS en 75 (AM 78), mais aucune variété de 1976 ayant atteint l’AM, LACY SNOWFLAKE en 77 (AM82), GOLD GALORE en 78 (AM 82) ou PACIFIC MIST en 79 (AM84).

Ce n’est qu’en cette année 84 que le signe indien est vaincu, avec le triomphe de VICTORIA FALLS (77) (voir photo). Un triomphe annoncé dès 82 et confirmé en 83.

Mais dans les mêmes moments la trinité Schreiner est de nouveau amputée, avec la mort de Gus en 1982. Ce sont ses enfants Steve et Liz qui entrent au staff directeur.

Les années glorieuses

Bob est seul à profiter de la formidable série de grandes victoires qui va marquer les années 80 et 90. L’entreprise Schreiner est au faîte de sa gloire. Elle domine tous ses concurrents de la tête et des épaules. Son catalogue est attendu dans le monde entier comme l’événement de l’année iridistique.

Après 84, l’année de la résurrection, marquée non seulement par la DM de VICTORIA FALLS, mais aussi par le Fiorino d’Oro attribué à TITAN’S GLORY, viendra la période de suprématie. Elle commencera par un nouveau succès pour TITAN’S GLORY, DM en 1988. Elle continuera par une série de six Médailles de Dykes en neuf ans ! DUSKY CHALLENGER en 92, SILVERADO EN 94, HONKY TONK BLUES en 95, HELLO DARKNESS en 99, puis YAQUINA BLUE en 2001 et CELEBRATION SONG en 2003.

Le décès de Bob, l’ancêtre, en 2002 marque la fin d’une époque. Même si la maison Schreiner et la famille éponyme continuent sur leur lancée, avec l’entrée aux affaires familiales de Dave, un cousin des dirigeants de la troisième génération que sont Ray, Steve et Liz. Il y a toujours des pilotes dans l’avion et l’entreprise est toujours florissante. Elle fonctionne avec la régularité d’une horloge, avec chaque année un choix d’une quinzaine de nouveautés dans un panel immuable de coloris. Chez Schreiner, on fabrique maintenant les iris à la chaîne. Commercialement cela marche, les nouveaux iris sont irréprochables, avec des fleurs plantureuses et des plantes qui ne donnent pas de soucis, mais l’innovation est devenue rare. D’ailleurs d’autres hybrideurs s’installent aux premières places : Keppel est enfin reconnu à sa juste valeur, Lauer, Black, Tasco, Duncan ou Johnson trustent les récompenses. Schreiner est entré dans une phase plus modeste : on ne peut pas éternellement tenir le premier rang…
ECHOS DU MONDE DES IRIS

Symposium

Chaque année l’AIS demande à ses adhérents de voter pour les 20 variétés qu’ils ont le plus appréciées au cours de l’année. Les résultats sont regroupé dans le « Symposium », qui désigne le « Top 100 » des favoris américains. J’ai déjà parlé de ce classement qui montre toujours une grande stabilité puisque rarement plus de cinq nouvelles variétés y font leur apparition.

J’ai extrait les vingt premiers pour un TOP 20, que voici pour 2007 :
1. ‘Dusky Challenger’
2. ‘Silverado’
3. ‘Stairway to Heaven’
4. ‘Jesse’s Song’
5. ‘Conjuration’
6. ‘Thornbird’
7. ‘Celebration Song’
8. ‘Sea Power’
9. ‘Before the Storm’
10. ‘Queen’s Circle’
11. ‘Beverly Sills’
12. ‘Splashacata’
13. ‘Stepping Out’
14. ‘Golden Panther’
15. ‘Lady Friend’
16. ‘Happenstance’
17. ‘Yaquina Blue’
18. ‘Hello Darkness’
19. ‘Honky Tonk Blues’
20. ‘Imortality’

Sortent de cette liste : ‘Mesmerizer’, ‘Edith Wolford’, ‘Vanity’, ‘Skating Party’ et ‘Titan’s Glory’.
Apparaissent pour la première fois : ‘Sea Power’ et ‘Happenstance’.
Reviennent dans la liste : ‘Honky Tonk Blues’, ‘Golden Panther’ et ‘Immortality’.

‘Dusky Challenger’ l’emporte pour la 14eme fois, dont 11 consécutives.

A noter que dans la liste des 100, apparaît ‘Slovak Prince’ à la 83eme place. C’est le seul iris non originaire des USA à figurer dans la liste.

CONTROVERSE ET FLEUR DE LIS

Dans le numéro 342 (juillet 2006) du Bulletin de l’AIS, a été publié un long texte émanant de Madame Kristen Faith Laing, intitulé « Spéculations sur l’origine de la Fleur de Lis ». Cette thèse, fort intéressante, rattache la naissance de la pièce héraldique baptisée « fleur de lis » tout d’abord à la légende selon laquelle Clovis, en guerre contre Alaric, aurait découvert un gué pour traverser une rivière grâce à la présence d’iris pseudacorus. En hommage à cette fleur à qui il aurait du la victoire, il l’aurait placée dans ses armes. Elle note qu’en fait la fleur de lis est apparue dans les armes des rois de France, soit sous Louis VI (vers 1096), soit sous Louis VII (vers 1270). L’auteur ajoute que : « Après avoir examiné les légendes et l’histoire, les seuls faits qui semblent vrais sont que la fleur de lis, au moins dans la culture française, est basée sur une fleur, l’iris pseudacorus, et qu’elle fut adoptée comme symbole de la France pendant les Croisades. » Elle se demande alors « Comment se fait-il donc qu’un objet aussi étrange que la fleur de lis héraldique, qui ne ressemble pas vraiment à cette simple fleur, ait pu être dessinée d’après elle ? » Elle analyse alors les formes, de la plus simple à la plus complexe, que revêt la fleur de lis dans ses représentations, et note que « toutes ont trois grands pétales dans leur partie supérieure, et trois plus petits en bas, ainsi que une, deux ou trois bandes horizontales un peu en dessous du milieu », et que, « traditionnellement la plupart sont colorées en jaune, tout comme le pseudacorus ». Ce sont ces bandes horizontales qui l’intriguent parce que rien de tel n’existe dans la nature. Elle en attribue l’origine à une sorte de lien, qui serait là pour maintenir ensemble les différents éléments de la fleur de lis. L’auteur a ensuite essayé de reconstituer la manipulation qui, partant de la fleur de pseudacorus, aboutit à la fleur de lis ayant servi aux artistes à créer la pièce héraldique. Elle décrit ainsi son travail : « Pour créer une fleur de lis classique, les anthères et les petits pétales insignifiants sont enlevés. Cela laisse les larges sépales et les styles attachés au pédoncule. Partant de l’idée que la fleur de lis est une fleur pressée et séchée, ce qui est sans doute une méthode pour la conserver, les étapes suivantes sont évidentes. Le style est délicatement replié vers le bas pour couvrir le pédoncule plutôt inesthétique. Une fois le pédoncule ainsi couvert par le style et correctement arrangé, on lie autour de l’ensemble un ou deux brins, pour le maintenir pendant qu’il sèche. Quand il est replié et attaché, le style est un peu plus long que le pédoncule et si tout cela est bien fait, il donne bien l’aspect des petits pétales du bas de la fleur de lis sur les dessins. » Elle relève ensuite l’un des sépales vers le haut et replie les deux autres aux 2/3, avant d’enfermer cette construction entre deux feuilles de buvard pour la faire sécher. Un tel assemblage aurait été l’œuvre de jeunes femmes sur le point d’âtre abandonnées par leurs preux chevaliers partant à la Croisade et remis à ceux-ci en guise de gage d’amour. Le lien central pouvant alors être constitué d’une tresse des cheveux de la belle pour accroître encore l’intimité du talisman. Pour terminer, l’auteur remarque tout de même qu’on trouve des fleurs de lis plus ou moins semblables dans les hiéroglyphes égyptiens, dans l’art de Mésopotamie et même comme un symbole sacré dans l’Inde ancienne. Elle conjecture enfin que le nom même de fleur de lis ne dériverait pas comme beaucoup le pense d’une altération de « fleur d’iris », mais, en rapport avec les fils qui semblent là pour maintenir ensemble les divers éléments, d’une déformation de l’expression « fleur de liasse ».

Je n’ai aucunes connaissances particulières en héraldique, mais les spéculations de Madame Faith Laing ne laissent pas de m’interpeller. J’apprécie à sa valeur la légende de Clovis décidé à célébrer les pseudacorus salvateurs, mais je me demande si toute la construction qui en découle n’est pas tout autant légendaire et contestable. Je pense notamment au fait que, dans les représentations les plus anciennes de l’iris, qui concernent des fleurs, très vraisemblablement d’iris germanica, ou de cousins de celui-ci (Iris albicans, iris florentina, iris variegata…), le dessin représente l’iris vu de profil, un pétale vu de dos en premier plan avec deux sépales, récurvés, sur les côtés. Cela ressemble diablement à la fleur de lis héraldique, bien plus que le pseudacorus auquel il faut infliger un traitement laborieux pour arriver à lui donner l’aspect recherché. Quant aux fameuses barres horizontales, plutôt que représenter des ficelles ou des tresses, ne s’agirait-il pas d’une stylisation de cette spathe, parcheminée et ridée, qui entoure la base de la fleur ? Enfin, pour confirmer cette thèse, n’oublions pas que les armes de la ville de Florence portent une fleur de lis rouge (de gueules) sur champ blanc (d’argent). Ce qui n’est d’ailleurs pas la forme originale, qui était, à l’inverse, une fleur blanche sur fond rouge, et qui était liée à la présence d’iris à parfum, blancs, dans la campagne environnant la ville. L’iris pseudacorus est bien loin. Et je ne parle pas de cette « fleur de liasse » bien naïve et lexicalement fort peu probable !

S’il y a parmi les lecteurs de ce blogue des personnes qui ont un avis sur cette question, qu’elles veuillent bien s’exprimer pour faire avancer la réflexion.
RÉCRÉATION

Pedigree

Laquelle de ces variétés de Jean Cayeux a le pedigree (Falbala X semis de Triton) ?
· ‘Alizés’
· ‘Condottiere’
· ‘Premier Bal’