30.12.17

Bonne Année ! 

 A tous ceux qui s'intéressent à Irisenligne, et à tous les amateurs d'iris, je souhaite une bonne année 2018

ECHOS DU MONDE DES IRIS

Un nouveau modèle ? 

MIDAMERICA IRIS GARDEN, la pépinière de Paul Black et Tom Johnson, mettra bientôt sur le marché les semis ci-dessous dont l'association de couleurs n'est peut-être pas totalement nouvelle, mais marque un évident progrès.


semis TH68C 


semis non dénommé

SAGA PLICATA

Keith Keppel sait expliquer avec science et simplicité cette spécialité qui lui vaut le surnom de M. Plicata. Il l'a fait de nouveau sur Facebook, au début du dernier mois de novembre. La chronique d'aujourd'hui fait appel à ses commentaires pour raconter la saga de ce modèle inépuisable. Pour commencer voici la description qu'il donne du modèle plicata : « C'est un modèle avec un fond blanc ou coloré par des pigments caroténoïdes (jaune, rose, orange), des bords piquetés ou pointillés, voire entièrement teintés d'une couleur sombre et contrastée. » Au commencement (n'oublions pas que les premiers iris hybrides sélectionnés par Guillaume-Marie de Bure étaient des plicatas) les plicatas avaient toujours un fond blanc et des marques bleues ou violettes. C'est dans l'application de ces couleurs qu'il y avait de la diversité. (voir 09-93C)

« Les pétales pouvaient aussi bien être abondamment colorés qu'entièrement dépourvus de marquages ; les sépales pouvaient être si largement bordés que seulement une petite surface en leur centre était sans dessins, ou bien ceux-ci pouvaient être concentrés sur la partie supérieure (au niveau de la barbe) avec aucun marquage ou presque sur le reste du sépale. » Toutes sortes de combinaisons entre le fond et les marques étaient imaginables.

A partir des années 1950 on a trouvé des fleurs dont le fond s'est peu à peu coloré dans les tons de rose ou d'orangé. Désormais ces fonds colorés se font en toutes les teintes autour du jaune ou du rose. Mais d'autres combinaisons sont aussi apparues.

Les plicatas primitifs, ceux avec le fond blanc, ont été croisés avec des iris variegatas, ce qui a apporté la coloration jaune, de sorte que dès les années 1930 on a commencé à rencontrer des fleurs avec un fond crème, puis peu à peu la couleur s'est approfondie, ce qui a donné des fonds franchement jaunes ou plus nettement oranges. (voir 11-64C)

A ce niveau surgissent deux phénomènes qui ont une influence sur la coloration générale de la fleur :  - les pigments, quels qu'ils soient, sont sensibles aux conditions climatiques et à la nature des sols, de sorte que les couleurs peuvent varier en intensité en fonction du lieu où les plantes sont cultivées, aussi bien pour ce qui est de la couleur du fond que pour celle de la « peinture » violacée ;
 - la superposition des pigments anthocyaniques (bleu, violet) et caroténoïdes (jaune, rose) donne naissance, visuellement, à une infinité de teintes qui vont du brun presque rouge au pourpre plus ou moins saturé. (voir 11-97A)

« Quand on pense que les marquages plicatas bleu/violet vont apparaître différemment sur des fonds jaune, rose ou orange qu'ils ne le font sur un fond blanc, on peut comprendre pourquoi il y a maintenant tellement de combinaisons de couleurs chez les plicatas ! »

Il faut ajouter à tout cela les conséquences de l'effet du « facteur amoena », celui mis en œuvre dans les variétés créées par Paul Cook dans les années 1950, à partir de 'Whole Cloth' et ses frères de semis. C'est ainsi que «(...) dans les années 1970 on a obtenu des plicatas qui comportaient ce facteur, donc avec une disparition des marques sur les pétales, mais pas sur les sépales. On a vu soudain des « neglecta-plicatas » avec une coloration très faible des pétales, et des « amoena-plicatas » aux pétales sans trace – ou presque – sur les pétales. » Une foule de nouvelles combinaisons était apparue. (voir 12-103J)

Sans compter que le facteur mandarine, celui qui apporte la coloration rose ou jaune des pigments caroténoïdes, peut entrer en action et teinter de rosâtre les poils des barbes ou mettre une touche de rose sur le blanc qui apparaît au centre de la fleur.

Bien d'autres éléments peuvent intervenir, comme l'éclaircissement des bords des sépales ou un filet doré autour des pétales, dus à l'action d'autres facteurs récoltés sur d'autres modèles au gré des croisements hétéroclites imaginés par des hybrideurs inventifs et inspirés. Keppel dit lui-même que le potentiel des plicatas est infini et qu'il n'aura pas assez de tout le temps qu'il lui reste à vivre pour en explorer toutes les richesses. On n'est pas près de piétiner, avec les plicatas !

Iconographie :

semis Keppel 09-93C

semis Keppel 11-64C

semis Keppel 11-97A

semis Keppel 12-103J

22.12.17

TRENTE ANS !

Trente ans ! Pour un iris, c'est l'âge canonique, celui à partir duquel il devient « historique » au sens que les Américains donnent à ce mot. Ce passage n’enlève rien aux capacités de la plante, quelles qu'elles soient.Mais cela peut être le moment de se remémorer ce qui se passait, il y a trente ans, dans le monde des iris. 

IV – Aux USA 

Dykes Medal :
Pas de DM cette année 1987 ! Aucune variété n'a atteint le % de votes nécessaire (ancienne réglementation).
Pas de Wister Medal (non instituée). Le TB ayant obtenu le plus grand nombre de votes est 'Jesse's Song' (Williamson, 1979) devant 'Tides' In' (Schreiner, 1983) et 'Speculator' (Ghio, 1982).




President's Cup : 'Son of Sun' -SPU- (Wickerkamp, 1982)

Franklin Cook Memorial Cup : 'Autograph' (Luihn, 1985)


Walther Cup : 'Chico Maid' (Luihn, 1985)

ECHOS DU MONDE DES IRIS

Quand le talent triomphe 

Lorena Montanari, qui est maintenant bien connue en Europe, aura trois variétés présentes dans le catalogue 2018 de MIDAMERICA IRIS GARDEN, la pépinière de Paul Black et Tom Johnson. C'est une consécration largement méritée.

'Florentine Velvet' (2017) ((Yaquina Blue x Titan’s Glory) X Paul Black) 


'Waking Dream' (2018) (Farfalla Crepuscolare X Social Event) 


'Enrico Fonti Gabici' (2018) (Aldo Ratti X Lousia’s Song)

AUDACE ET SENSIBILITÉ

L'hybrideur avec lequel, jusqu'à ce jour, j'ai eu le plus de contacts, c'est Lawrence Ransom, qui nous a quitté il y a un peu plus d'un an. De ces échanges nombreux il me reste le souvenir d'un homme d'abord difficile mais profondément sensible et chaleureux. « Droit dans ses bottes » (comme certains ont dit), il a suivi sans dévier un chemin rocailleux dont étaient bannis compromission et esprit mercantile. Il en a résulté une œuvre d'obtenteur exigeant ; et ce qui est remarquable c'est combien les variétés qu'il a obtenues et enregistrées sont l'exact reflet de son personnage et l'expression de son bon goût. Dans sa terre du Sud-Ouest il a obtenu des iris splendides et rares par leur élégance et leur chic. Des fleurs qu'il désirait « dainty » et que l'on peut qualifier de « glamour ». Il ne s'est pas contenté de la culture, facile, des grands iris, ni même de celle moins galvaudée des variétés naines, mais il s'est aussi consacré à celle, délicate, des iris arils et des croisements interspécifiques inédits. C'est en ce domaine qu'il a fait preuve d'audace et contribué de la meilleure façon à sa renommée dans le petit monde des iris.

 Sensibilité et audace sont donc, à mon avis, les termes qui qualifient le mieux ce personnage peu commun.

Pour ce qui est de la sensibilité, elle apparaît particulièrement dans ses grands iris de jardin (TB). J'ai cultivé plus de la moitié de ses obtentions (grands iris et iris nains standards) et je ne m’en suis jamais lassé. 'Opera Bouffe' (1991), 'Claude Louis Gayrard' (1995), 'Samsara' (1996), et surtout 'Désiris' (1993) font partie des variétés que j’aimerais emporter sur mon île déserte. Ce sont des iris qui n'ont pas obtenu la diffusion qu'ils auraient méritée, mais à mes yeux le fait que leur distribution ait été aussi confidentielle ne fait qu’ajouter à leur valeur.

 'Opéra Bouffe' date de 1991, au tout début de sa carrière. Il est de ('Debby Rairdon' X 'Spirit Of Memphis' ), un croisement qui n'a rien de révolutionnaire, mais le produit affirme déjà la spécificité de son auteur : une fleur parfaitement proportionnée, délicatement ondulée, avec une matière charnue assurant une longue tenue, le tout sur une plante saine et vigoureuse. 'Claude Louis Gayrard', quatre ans plus tard, démontre que Lawrence a parfaitement assimilé les règles de base de l'horticulture. Son iris allie le modèle amoena inversé à un « self » prestigieux ('Edge Of Winter' X 'Mystique' ). Le résultat est un délice de perfection formelle et de délicatesse des couleurs. 'Samsara' (1996) ('Caroline Penvenon' X 'Catalyst') a retenu l'attention des juges du premier concours Franciris. Il y a obtenu le premier prix : une récompense parfaitement méritée pour ce joli jaune clair florifère et prolifique. 'Desiris' (1993) ('Beverly Sills' X 'Soap Opera') est l'exemple parfait d'un iris totalement réussi. Taille de la fleur, coloris, ondulations, frisures, tout est là en justes proportions. C'est pour une fleur comme celle-là qu'on regrette que la Médaille de Dykes ne soit pas accessible aux variétés non américaines.

Jusqu'à la fin le travail de Lawrence Ransom a été de cette qualité. Prenez 'Chloé Ransom' (2010), ce descendant de 'Clause-Louis Gayrard' a conservé le chic de son « père » et en adoucit encore le coloris. Et 'Manon Anna' (2015), qui fait partie de sa dernière sélection, maintient ses choix en matière de couleur et d'ondulations. Je vois dans ces iris les qualités que j'ai appréciées précédemment chez Joë Gatty et que je découvre aujourd'hui dans les premières obtentions enregistrées d'une hybrideuse française, Bénédicte Habert (plus connue sous le pseudonyme de Lisa Héméra).

Mais Lawrence Ransom ne s'est pas contenté de produire des grands iris magnifiques. Il a, plus encore, travaillé sur d'autres catégories d'iris barbus (MDB, SDB, MTB, IB), ce qu'il est le seul obtenteur français à avoir fait, et, bien plus difficile, sur les arils, arilbreds et species issus d'oncocyclus et Regelias. Tout cela avec la même exigence de perfection. Pour ce travail exceptionnel, la BIS, dont il fut membre, s'honorerait de lui attribuer sa plus prestigieuse médaille, la « Foster Memorial Plaque » qui distingue les plus remarquables personnages de l'irisdom.

Ses recherches dans le domaine des arilbreds nous valent aujourd'hui de pouvoir admirer ses obtentions issues de 'Vera', un cultivar brun-rouge et violacé issu d'un croisement de deux espèces du groupe des Regelias, I. korolkowii et I. stolonifera. A partir de 1996 et jusqu'à sa disparition Ransom a croisé et recroisé les descendants de 'Vera', avec des résultats qui devaient le combler. Depuis 'Eastern Dusk' (2010) jusqu'à 'Refosco' (2010) et 'Sleazy' (2012) il y a une dizaine de variétés qui réjouissent les amateurs de ces iris à la subtile beauté.

La disparition prématurée de Lawrence Ransom a privé le monde des iris de l'un de ses membres les plus originaux. Anglais de naissance, français d'adoption, il a su marier les deux cultures ; imaginatif et perfectionniste, il nous a donné des fleurs parmi les plus belles qu'on puisse trouver.

 Iconographie : 


 'Opéra Bouffe' 


'Désiris' 


'Chloé Ransom' 


'Manon Anna' 


'Eastern Dusk' 


'Sleazy'

16.12.17

TRENTE ANS !

Trente ans ! Pour un iris, c'est l'âge canonnique, celui à partir duquel il devient « historique » au sens que les Américains donnent à ce mot. Ce passage n'enlêve rien aux capacités de la plante, quelles qu'elles soient.Mais cela peut être le moment de se remémorer ce qui se passait, il y a trente ans, dans le monde des iris.

III – Dans le monde
 Australie : (Australasian Dykes Medal) : 'Dural Charm' -LA- (J.C. Taylor, 1982)
Barry Blyth poursuit son travail sur les iris bicolores et enregistre 'Echo Beach', 'Neutron Dance', 'Venetian Queen'... 






Russie : C'est l'éveil de l'iridophilie. Dans le Caucase, le couple Gordodelov sélectionne quelques variétés qui rencontrent un certain succès : 'Ldinka', bleu à barbes minium, 'Nadezhda Roller', 'Rusalka', curieux iris verdâtre...

ECHOS DU MONDE DES IRIS

DES IRIS DU MONDE ENTIER 

Romorantin, capitale du monde des iris ? Pas encore, mais la collection de « Iris de Gombault » est d'un éclectisme qui mérite d'être signalé. Dans son catalogue de 2018 on trouve des variétés originaires de presque tous les pays où l'on obtient des iris. Non seulement il y a des variétés américaines, australiennes et françaises, mais aussi une belle série de variétés russes, polonaises, tchèques, slovaques, slovènes, allemandes, italiennes, anglaises, néerlandaises... De quoi satisfaire tous les curieux. Fait notable, à côté des productions d'hybrideurs professionnels, on trouve des obtentions récentes provenant d'amateurs de tous ces pays. On peut faire la comparaison, ce qui n'est pas fréquent. Chapeau !

A TABLE !

Non, il ne s'agit pas de vous inviter à manger de l'iris. C'est une plante toxique et, d'ailleurs, sa saveur terriblement amère ne pousse pas à la consommation. Mais c'est le moment de parler de ces petits iris qu'en France on appelle « Iris de Table » et qu'ailleurs on nomme maintenant MTB (Miniature Tall Bearded). Pourquoi est-ce le moment ? Parce que depuis une dizaine d'années ils rencontrent un succès croissant parmi les amateurs d'iris, ce qui a valu à cette catégorie apparue en1929, après un long purgatoire, de se hisser au plus haut niveau de la célébrité. 'Bumblebee Delite' (Norrick, 1985) s'est distingué à deux reprises : en 1991, en remportant ce qui fut l'ancêtre de l'actuelle Williamson-White Medal, et en remettant ça en 1993 avec la « vrai » W-W Medal (plus haute récompense pour un MTB). En 2014 la variété 'Dividing Line' (Bunnell, 2005) a reçu l'USDM (Médaille de Dykes américaine), après un parcours des honneurs sans faute : 2012 = troisième pour la DM ; 2013 = deuxième. 2014 fut une année exceptionnelle pour cette catégorie : outre le triomphe de 'Dividing Line', La Walther Cup est revenue à un autre MTB, 'Holiday in Mexico' (Probst, 2011). Du jamais vu. 

Du jamais vu parce que les MTB ont eu beaucoup de mal à trouver leur espace dans le cœur des amoureux des iris. Ce n'est qu'en 1966 qu'ils ont obtenu de constituer une liste dans les documents de l'AIS. Encore en 1996, lors de la publication de son excellent livre « L'Iris, une fleur royale » Richard Cayeux ne leur consacre qu'une demi-page, ne leur offrant de ce fait qu'une place anecdotique. Et dix ans plus tard, avec 14 enregistrements seulement dans l'année, les MTB ne représentaient que 1,2 % des variétés enregistrées.

Cette catégorie si discrète mérite tout de même qu'on fasse un peu mieux connaissance avec elle.

Ce sont des rejetons malingres de grands iris qui ont attiré l'attention d'Ethel Peckham, dans les rangs de la pépinière Williamson, dans l'Indiana, en 1929. Cette dame s'est dit : « Ces avortons, vais-je les mettre au compost ? Après tout, ils pourraient trouver leur place dans les petits jardins de nos villes. Il suffit de ne retenir que les plus robustes et les plus jolis. En plus, ils conviendraient remarquablement pour faire des bouquets ! » C'est ainsi que, mettant son idée à exécution, elle a retenu quelques plantes pour en faire ce qu'elle a appelé des « Iris de Table ». Les débuts de cette nouvelle catégorie ont été on ne peut plus confidentiels. En 1946 il n'y avait encore que sept variétés enregistrées - 'Pewee' (EB Williamson, 1933)! L'expansion était limitée par le fait qu'on n'avait aucune certitude sur les pedigrees. Puisqu'il s'agissait de plantes destinées dès le départ à la destruction, les documents d'identification n'avaient pas été conservés. Cependant il semble acquis qu'elles provenaient d'ancêtres diploïdes, en particulier des petites espèces I. variegata et I. cengialtii. Ce qui expliquerait leur taille réduite. Il faut dire aussi, pour expliquer le manque d'enthousiasme des hybrideurs pour cette catégorie, qu'à l'époque ils étaient entièrement tournés vers les grands iris, et les gros progrès induits par l'apparition de la tétraploïdie. Il a fallu attendre les années 1950 pour voir le vent tourner et les MTB amorcer un réel développement. A partir de 1955 des normes précises ont été arrêtées, définissant une fois pour toutes ce qu'étaient les MTB. Ils doivent donc maintenant mesurer en hauteur entre 41 et 70 cm., mais de préférence moins de 65 cm, pour rester en proportion avec des fleurs de 9 cm. ou moins. Les tiges florales, flexueuses, bien branchées, minces et solides, doivent s'élever d'un tiers au-dessus du feuillage, lequel doit être abondant et bien vert.

Ces règles établies, les hybrideurs (américains, à l'époque) étaient mieux outillés pour se lancer dans la production de MTB. Mais la tâche était rude et peu gratifiante. En particulier parce que les premières variétés obtenues ne produisaient guère de graines et que celles-ci germaient mal et lentement. Il a donc fallu un certain temps pour que se constitue un panel de géniteurs fiables et intéressants au plan horticole (fleurs élégantes, coloris agréables, culture facile...) Jean G. Witt, dans « The World of Irises » explique bien quels ont été les chemins suivis par les hybrideurs dans leurs efforts pour améliorer les MTB :

- utilisation d'iris de bordure de petite taille, pour les progrès apportés par la tétraploïdie (malgré un épaississement des tiges, et des feuilles trop fortes) ;
- ajout de gènes d'I. aphylla, pour des couleurs plus vives et un allongement de la période de floraison ; croisement avec des SDB, pour des plantes moins hautes, aux tiges plus fines, et des fleurs plus nombreuses ; croisements avec des iris de bordure diploïdes, pour des couleurs encore plus vives (mais au risque de perdre en fertilité) ;
- utilisation de nombreuses espèces de petite taille, pour plus de vigueur et l’apparition de nouveaux coloris...

Tout cela a pris du temps, et comme l'intérêt des jardiniers pour cette catégorie n'était pas évident, le nombre des nouveaux MTB est longtemps resté très faible. Dans les années 2000, leur nombre n'a jamais été élevé : 12 en 2000 ; 14 en 2001 ; 21 en 2002 ; 10 en 2003 ; 23 en 2004 ; 17 en 2005 ; 14 en 2006 ; 14 en 2007 ; 13 en 2008 ; 15 en 2009 ! Les MTB ont donc eu une enfance et une adolescence difficiles. Et ce n'est que dans les dernières années qu'ils ont obtenu la reconnaissance que leurs qualités botaniques et horticoles leur laissait espérer. C'est aux Etats-Unis qu'ils se sont développé et où ils ont réussi leur percée. Des obtenteurs comme Ben Hager, Clarence Mahan, Keith Keppel, ou Terry Aitken, plus connus pour leurs grands iris, se sont amusés à les perfectionner, mais ils ont surtout été développés par de véritables spécialistes comme Walter Welch, Marie-Louise Dundermann, Kenneth Fischer, Jack Norrick, Lynda Miller, Riley Probst ou Charles Bunnell. Des variétés comme 'Apricot Drops' (Aitken, 1995), 'Bangles' (Miller, 1993) , 'Bumblebee Deelite' (Norrick, 1995), 'Frosted Velvet' (Fischer, 1988), 'Hot News' (Markham, 2009), 'New Idea' (Hager, 1970), 'Persona' (Keppel, 2004), 'Petit Louvois' (Mahan, 2004) témoignent de leur travail.

A noter que les obtenteurs européens se sont laissé tenter par l'hybridation des iris de table dès le début des années 1990. En Grande-Bretagne, avec Olga Wells, mais surtout en France avec Lawrence Ransom – 'Psy' (1994)- et Jean Peyrard – 'Petite Celia' (2005) - . Plus récemment, c'est Loïc Tasquier, français installé aux Pays-Bas, qui a pris le relais et qui propose des variétés originales et même franchement nouvelles comme son 'Quagga' (2010) et ses descendants.

Les MTB ont-ils vraiment un avenir dans nos jardins ? Oui si l'on tient compte de leur intérêt pour leur taille modeste et peu encombrante, leurs touffes abondantes, leurs fleurs petites et sympathiques. Mais il faut constater que malgré cela leur diffusion est toujours aussi modeste près de 90 ans après leur apparition. Alors, à défaut de les mettre sur votre table, mettez des MTB dans votre jardin.

Iconographie  


'Pewee' (EB Williamson, 1933) 


'Bumblebee Deelite' (Norrick, 1995) 


'Frosted Velvet' (Fischer, 1988) 


'Petit Louvois' (Mahan, 2004) 


'Psy' (Ransom, 1994) 


'Petite Celia' (Peyrard, 2005) 


'Quagga' (Tasquier, 2010)

8.12.17

LA FLEUR DU MOIS

'Drevni Rim' ( Sergeï Loktev, 1995)
 (Bang X Stepping Out) 

Une rareté. Je ne suis pas sûr qu'il y ait beaucoup de jardins en Europe où cette variété soit cultivée, en dehors, peut-être de celui de feu Sergeï Loktev lui-même. Pourquoi, alors, en faire la « Fleur du Mois » ? Tout simplement pour l'aventure qui entoure la présence dans ma collection de cette variété russe confidentielle, voire même en grand danger.

Quand j'étais chargé de la rédaction du Bulletin de la SFIB, la Revue Iris & Bulbeuses, je suis entré en contact avec Sergeï Loktev, hybrideur russe passionné, qui venait de créer la CIS, société russe des iris. C'était vers 1995, à un moment où la Russie s'ouvrait au monde occidental et où, tout particulièrement, apparaissait un début d'engouement pour les iris. Des amateurs, hybrideurs, il y en avait du temps de l'Union Soviétique, et c'était toute une affaire que de cultiver des fleurs dans l'austère empire russe, à un moment où il était pratiquement interdit de fleurir les villes, et où il était plus urgent de produire quelques légumes si l'on avait la chance de disposer d'un lopin de terre. Et puis avec quoi effectuer des croisements ? Impossible de se procurer des variétés américaines récentes. Eh bien, certains réussissaient à acquérir, par des moyens où la combine se substituait au circuits commerciaux normaux, des iris américains, anglais ou français ! Et des cultivars, un peu désuets, faisaient leur apparition. C'est dans ces conditions acrobatiques que Sergeï Loktev s'est lancé dans l'hybridation, une activité à laquelle il allait consacrer une énergie incroyable, jusqu'à ce que la maladie l'emporte.

'Drevni Rim' est né, dans le sud de Moscou, de 'Bang' X 'Stepping Out'.

'Bang' (Tom Craig, 1955) était déjà une variété « historique » quand Loktev l'a utilisé. C'est un iris très réussi, qui a connu un gros succès commercial un peu partout dans le monde. C'est un joli brun-rouge tout à fait représentatif de son époque. Il a inspiré un grand nombre d'obtenteurs, en vue de variétés brunes (de préférence) dans toutes les catégories d'iris barbus. Pour ne parler que des TB, il est à l'origine de 'Caliente' (Luihn, 1967), 'Cable Car' (Luihn, 1981), 'Martel' (Muhlestein, 1961), 'Pagan' (R. Dunn, 1972), 'Tampico' (Luihn, 1977) pour ne citer que les plus connus.

'Stepping Out' (Schreiner, 1964) n'est plus à décrire tant il s'agit d'une variété archi-célèbre. On lui connait près de 200 rejetons en ligne directe.

L'un et l'autre étaient parvenus en URSS et ceux qui, là-bas, s'amusaient à hybrider s'en sont servi abondamment.

Sergeï Loktev, au début de son activité d'hybrideur, a utilisé son 'Drevni Rim' pour quelques croisements dont un, 94-R11-11D: (Outreach x Drevni Rim) X Highland Chief, semble lui avoir apporté une certaine satisfaction puisqu'il en a conservé deux semis, dans les tons de rouge : 'Krasny Vsadnyk' et 'Kupaniye Krasnogo Konya'.

Je ne sais plus par quelle voie détournée il a réussi à me faire parvenir un colis de rhizomes qui contenaient plusieurs variétés du couple Gordodelov et de Volfovitch-Moler, ainsi que le fameux 'Drevni Rim'. Le tout est arrivé en parfait état et a constitué la première extension exotique de ma collection, jusqu'à ce moment fort traditionnelle. J'ai pieusement planté tout cela. Tout a poussé remarquablement et existait encore quand ma collection est partie vers son destin dans le jardin du presbytère de Champigny sur Veude. 'Drevni Rim' n'attire pas spécialement l’œil. C'est un simple iris violet, pas très haut, qui pousse modérément, mais fleurit bien sagement. Mais lorsque je le regarde, il évoque les tribulations de son obtenteur, son premier voyage en France, sa passion dévorante, ses comportements fantasques et l'amitié qu'il m'avait donnée et qui est toujours présente dans mon cœur.

Iconographie : 


'Drevni Rim' 


'Bang' 


'Caliente' 


'Kupaniye Krasnogo Konya'

TRENTE ANS !

Trente ans ! Pour un iris, c'est l'âge canonique, celui à partir duquel il devient « historique » au sens que les Américains donnent à ce mot. Ce passage n’enlève rien aux capacités de la plante, quelles qu'elles soient.Mais cela peut être le moment de se remémorer ce qui se passait, il y a trente ans, dans le monde des iris.

II – En Europe 





Florence : 1) 'Missy Yorktowne' (Innerst, 1983) 2) 'Bahloo' (Caldwell, 1984) 3) 'Sterling Prince' (Innerst, 1983)

Londres (British Dykes Medal) : 'Buckden Pyke' (Dodsworth, 1985)

Frankfurt (Iris Bewertung) : 'Leineufer' (Moos, 1986)

DU CASSIS DANS L'ALIGOTÉ

Le chanoine Kir, qui fut maire de Dijon, député, bien qu'homme d'église était aussi un joyeux personnage et un bon vivant. Il a laissé son nom à un apéritif composé d'une larme de cassis (de Dijon, évidemment) dans un verre d'aligoté (de Bourgogne, bien sûr). L'aligoté a une couleur jaune clair, légèrement teinté de vert. Le cassis, point n'est besoin de préciser son coloris. Aujourd'hui notre propos concernera les fleurs d'iris à base de jaune un peu vert, dans lequel viennent se mêler des traces de mauve ou de violet. Cela n'a rien d'exceptionnel : la teinte verte, telle que l’œil la perçoit provient d'une superposition de pigments caroténoïdes (jaunes), dominants, et de pigments anthocyaniques (mauves), en faible quantité. Lorsque les pigments anthocyaniques deviennent plus concentrés, ils donnent une teinte violâtre, fumée, qui s'installe essentiellement dans le cœur de la fleur ou sur le verso des pétales. Lorsque les pigments caroténoïdes s'effacent, notamment sous les barbes, le blanc prend leur place et les pigments violacés s'y mêlent formant une pointe mauve à cet emplacement. On comprend qu'il existe deux modèles de fleurs qui correspondent à la description ci-dessus. Dans l'un le mauve se limite à une petite goutte sous les barbes, dans l'autre le violet fumé s'est installé d'une part à la base des pétales et des sépales, d'autre part sur le revers des pétales, dans les deux emplacements, le violet s'atténue en allant vers les bords. Ce sont deux modèles qui sont apparus il y a longtemps. Le premier n'est-il pas à peu près celui qui correspond à la variété « Mme Boullet » (Denis, 1907) ? « S. deep colonial buff, minutely dotted and veined brown; F. greyish yellow, minutely dotted and veined mauve, beard yellow, tipped brown. » Autrement dit : « Pétales d'un profond beige gazelle, très légèrement piqueté et veiné de brun ; sépales d'un jaune grisé, très légèrement piqueté et veiné de mauve, barbe jaune, pointée brun ». Joe Ghio était entré dans ce jeu avec son 'Pistachio' (1973), plus moutarde que pistache, avec des marques brun-violet aux épaules. De nos jours, c'est plus exactement ce que l'on trouve chez « Kir, Ruaud, 2003) que j'ai décrit ainsi : « Standards golden chartreuse yellow; style arms mustard and mauve; falls golden chartreuse yellow, mauve flush below orange beard » soit « pétales jaune chartreuse doré ; bras des styles moutarde et mauve ; sépales chatreuse doré, infusion de mauve sous la barbe orange ». Le jaune verdâtre est celui de 'Sky Hooks' (Osborne, 1979) « père » de 'Kir'. Dans la même teinte on trouve également 'County Cork' (Schreiner, 2006), plus franchement jaune, mais avec les épaules marquées de brun violacé et avec des barbes moutarde. 'Free Will' (Lauer, 2014) est de la même veine. Les pétales sont plus dorés, mais la pointe de mauve sur les sépales est nettement apparente. Quant à 'Auckland' (T. Johnson, 2013) il tient à la fois des deux modèles et se situe ainsi à la croisée des chemins car bien souvent les côtes des pétales se teintent de violacé, mais pas dans tous les cas. Quoiqu'il en soit ce modèle reste plutôt rare ; il est beaucoup plus fréquent sous sa forme plus foncée : couleur de base brun, trace mauve sous les barbes.

En revanche on rencontre beaucoup plus régulièrement le second modèle, qui fait partie des « reverse bicolor » tels que les définit le grand maître Keppel, dont on peut dire qu'il en est le champion. Il en a enregistré toute une brochette, à commencer par 'Trade Secret' (2002), qui fut suivi de 'Mysterious Ways' (2003) puis de 'Secret Rites' (2004). La description que Keppel donne de ce dernier est très précise et explicite : « Strange reverse bitone, with greenish gold falls topped by light grey green standards strongly overlaid aster violet on base and center. » En français : « Etrange bitone inversé, avec des sépales jaune doré teinté de vert surmontés de pétales jaune grisé clair largement couverts de violet aster à la base et au centre ». C'est l'exemple parfait du modèle. Keppel a poursuivi avec 'Nouveau Riche' (2007) et 'Monsoon Moon' (2007), puis 'Overview' (2011), 'Desert Moth' (2011), jusqu'à 'Idle Rich' (2015). Dans ce panel volumineux 'Mysterious Ways' tient une place majeure puisqu'on le rencontre au pedigree de presque tout le monde, en compagnie bien souvent de 'Opposing Forces' (Keppel 2002), autre forme de bicolore inversé, ou de son descendant 'Trade Secret' dont le pedigree, délicat à interpréter, fait aussi appel à 'Suspicion' (Keppel, 1998), qui recèle déjà les germes du modèle mais arbore des couleurs plus pâles, plus ternes, que Keppel à su habilement renforcer.

Keppel n'est pas le seul à avoir recherché cet assemblage de jaune éteint et de violet. Déjà, en 1987, Monty Byers avait ouvert la voie avec un descendant de 'Sky Hooks', 'Curtain Up', une variété que son obtenteur appréciait particulièrement. Vingt ans plus tard Barry Blyth a repris le modèle avec 'Colourable' (2008) qui manque un peu de profondeur. La même année Terry Aitken a proposé le très joli 'Copper Fusion', pas assez ondulé à mon goût. Il a été suivi par Gerald Richardson et son 'Golden Legacy' (2013), issu de la lignée Keppel, puis par les australiens J.C. Taylor (le beau-frère de G. Grosvenor) et Barry Blyth. Le premier avec 'Mountains and Plains' (2016), le second avec Lost World' (2016). Enfin, avant de clore cette chronique, parlons de 'Impulsion', une obtention réussie en tous points de notre breton Jean-Claude Jacob en 2016, exactement dans la note. Ces dernières variétés démontrent qu'il n'y a pas qu'en Amérique que l'on sait faire des variétés modernes et originales.

Iconographie : 


'Kir' 


'Auckland' 


'Mysterious Ways' 


'Golden Legacy' 


'Mountains and Plains' 


'Impulsion'

2.12.17

PANNE !

Cette semaine, panne d'Internet ...

TRENTE ANS !

Trente ans ! Pour un iris, c'est l'âge canonnique, celui à partir duquel il devient « historique » au sens que les Américains donnent à ce mot. Ce passage n'enlêve rien aux capacités de la plante, quelles qu'elles soient.Mais cela peut être le moment de se remémorer ce qui se passait, il y a trente ans, dans le monde des iris. 

I – En France 

On est en 1987, année zéro pour ce qui est des enregistrements de nouvelles variétés...

La SFIB, pleine de dynamisme, propose une compétition à la française, imitée de celle qui règne aux USA. Les premiers résultats devaient être jugés en 1989, mais ces belles intentions se sont heurtées au manque d'intérêt des Français pour les iris, en général, et pour les compétitions, en particulier. « Et le combat cessa, faute de combattants » !

Le Parc Floral de La Source à Orléans a recueilli les votes du public sur les variétés exposées :

1) 'Interpol' (Plough, 1972) 


2) ' Laurel Park' (Gaulter, 1977) 


3) 'Cozy Calico' (Schreiner, 1980)

LUMINATA VS PLICATA

La victoire de 'Montmartre' pour la Médaille de Dykes 2017 a tourné les projecteurs vers cette variété et le modèle dont elle est un exemple.

Comme le dit lui-même Keith Keppel dans une note publiée sur Internet, « Pour faire simple, le facteur luminata est en très proche relation avec le facteur plicata, et il se base sur les deux mêmes éléments : une couleur de fond qui est le blanc plus ou moins teinté de pigments caroténioïdes – jaune, rose ou orange -. Et il porte les marques des pigments anthocyaniques hydro-solubles – orchidée, violet, pourpre et bleu. Comme chez les plicatas, on peut comparer les luminatas à des peintures sur toile, mais dans leur cas précis l'ouvrage est un peu plus abstrait ! »

Il ajoute :  « Les luminatas ont trois traits de base qui les différencient visuellement des plicatas classiques :
(1) les sépales des plicatas ont tendance à avoir une zone centrale immaculée ; les luminatas sont colorés à cet endroit, avec des veines plus claires.
(2) les plicatas ont les bords des pétales pigmentés ; les luminatas ont les bord éclaircis.
(3) les luminatas ont une zone blanche dépourvue de toute coloration autour de la barbe ; les plicatas ont des dessins qui s'étendent sur toute la largeur du haut des sépales, y compris dans la zone qui doit être blanche chez les luminatas. »

Autrement dit, un luminata serait l'inverse d'un plicata. Pour me rendre compte de cela j 'ai, à l'aide d'un logiciel de correction photographique, inversé les couleurs d'une photo de 'Montmartre' : indépendamment de l'effet irréel des nouvelles couleurs, il est évident qu'on est exactement devant l'image d'un plicata !

Ainsi donc on peut retenir qu’il existe deux modèles de base, inverses l’un de l’autre:
- le modèle plicata, qui résulte de l’application irrégulière d’une couche de pigments anthocyaniques sur un fond blanc ou coloré aux caroténoïdes ;
- le modèle luminata, qui altère la couche anthocyanique à partir des barbes et du haut des sépales et laisse à ces endroits apparaître le fond alors que le reste de la fleur est coloré.

Le modèle plicata est d'une infinie richesse et les formes qu'il peut prendre sont si variées qu'on n'imagine pas encore jusqu'où on pourra aller. C'est cela qui intrigue et passionne tellement Keith Keppel qu'il en a fait le but de sa vie d'hybrideur. Mais puisqu'on est devant un phénomène d'inversion, il est normal qu'il s'intéresse aussi au modèle luminata et qu'il en soit devenu un des principaux défenseurs.

On connaît bien les origines et le développement du modèle plicata, depuis ses débuts parmi les fleurs sélectionnées par Guillaume-Marie de Bure dans les années 1830, jusqu'aux raffinements des variétés récentes de Keith Keppel et de quelques autres. Il y a un monde entre les épigones de 'Iris Buriensis' et les frères et cousins du semis K 05-78J et K 06-193A (qui donnent une idée du chemin accompli).

On connaît moins la genèse des iris luminatas. On s'accorde pour dire que le modèle est apparu en 1940 dans les rangs de semis de Jacob Sass, dans le Nebraska. Mais à cette époque il a été considéré comme une anomalie et en conséquence rejeté. C'est le sort qui a toujours été celui des étrangetés. Néanmoins Sass, en prenant la précaution de les qualifier de « odd », c'est à dire « bizarre », en a conservé deux dont l'un a été enregistré sous le nom de 'Bertha Gersdorff' (1942).

Aujourd'hui la bizarrerie de cette variété n'est plus si évidente et la variété 'Moonlit Sea' (1943), apparue l'année suivante, est plus proche de ce que l'on appelle maintenant un luminata. Les débuts ont été lents et discrets. On n'a vu le modèle se diffuser et se diversifier qu'à partir des travaux de Keppel et de ses enregistrements du début des années 1990 : 'Flights of Fancy' (1993), 'Mind Reader' (1994) et 'Spirit World' (1994). En 2017 le modèle est devenu courant car plusieurs hybrideurs ont suivi l'exemple de Keppel et obtenu des luminatas de valeur. Pour n'en citer que quelques-uns, comme le fait Keppel lui-même : Joe Ghio, Lowell Baumunk ('Elizabethan Age', 2005), Paul Black, Tom Johnson (Psychic, 2008), Barry Blyth ('High Master', 2000)... auxquels j'ajoute Donald Spoon (Daughter of Star, 2000)

En vérité il n'y a pas de conflit entre les deux modèles, plicata et luminata, et Keppel affirme même qu'ils peuvent intervenir simultanément sur une fleur. Ils se superposent alors, et l’amateur, qui regarde les fleurs, est complètement déboussolé ! Ce serait la cause des colorations irrégulières de 'Test Pattern' (Ghio, 1989) ou 'Pandora’s Purple' (Ensminger, 1989). Mais perdre le nord dans de telles circonstances, c'est tout de même un plaisir !

 Iconographie : 


 semis Keppel 05-78J et 06-193A 


'Moonlit Sea' 


'Elizabethan Age' 


'Psychic' 


'Test Pattern'