28.8.09




ECHOS DU MONDE DES IRIS

L’heure slovaque


On n’a encore jamais vu ça. Depuis les origine de l’iridophilie moderne, les plantes qui se plaçaient dans les compétitions américaines étaient essentiellement américaine, bien sûr, mais quand une variété étrangère réussissait à percer, c’était toujours une variété australienne (ou néo-zélandaise du temps de Jean Stevens), mais on n’a jamais trouvé parmi les HM ou les AM d’iris français, italien ou d’autre nationalité. Cette fois, ça y est ! Et le révolutionnaire est un obtenteur slovaque, Anton Mégo, qui n’a pas connu en tant qu’obtenteur les années de misère où il fallait ruser pour se procurer une variété américaine, mais qui a pu travailler comme les autres avec des iris récents. Le résultat est brillant et ce n’est donc pas une surprise si cette année deux de ses iris ont leur place dans la course aux honneurs.

‘Slovak Prince’ (2002) et ‘Slovak Sapphire’ (2003) sont en lice. Le premier a obtenu une des quatre Wister Medal attribuées cette année, l’autre, après avoir fini en deuxième position au concours de Florence en 2003, obtient la 31eme place sur 110 parmi les Honorable Mentions.

Ces résultats ne sont pas surprenant quand on a vu ces plantes et apprécié leurs qualités. Mais ils dénotent aussi qu’Anton Mego a réussi a commercialiser convenablement ses obtentions dans un pays où les iris étrangers qui figurent dans les catalogues ne parviennent en général pas à se vendre assez pour que les juges les voient et les notent.


LE TALENT ET LA CHANCE (suite)


J'ai réussi à me procurer une photo - pas excellente hélas - de 'Ecume de Mer' l'iris de Michelle Bersillon qui a remporté cette année le concours externe de Munich. Espérons que cette variété trouvera bientôt chez nous un distributeur et que nous pourrons un jour prochain en profiter dans nos jardins.






VOICI ‘VOILA’

Devant la porte de mon voisin d’en face, au ras de la route, j’ai vu fleurir l’an dernier un iris fort joli. Les circonstances ont voulu que je ne puisse pas en prendre une photo de qualité. Soit. Cette année j’ai guetté la nouvelle floraison de cet iris et je l’ai copieusement mitraillé pour ne pas avoir de nouvelle mauvaise surprise. C’est l’une de ces photos qui est publiée ci-dessus. Restait à identifier.

Chacun sait que, partant d’une photo, il n’est pas facile de faire une identification sérieuse. L’examen de la fleur elle-même peut ne pas être suffisant. J’ai donc procédé à une enquête digne de Scotland Yard.

D’abord, interrogatoire du voisin et de la voisine. « D’où tenez-vous cet iris ? » Réponse : « D’un ami (qu’il se trouve que je connais bien puisqu’il fut mon propre voisin pendant toute mon adolescence) ».

Interrogatoire de l’ami en question : « J’ai acheté cet iris chez Cayeux à la fin des années 80, mais je n’ai pas noté le nom ».

Recherche des catalogues Cayeux de la période 85/90. Par chance, ma collection de catalogue Cayeux commence en 1989. Pourvu que je trouve quelque chose dans celui de 89 ou celui de 90 !

D’emblée j’ai entrepris cette recherche parmi les iris intermédiaires car, visiblement, il s’agit d’une variété de cette catégorie : taille aux alentours de 55/60 cm, floraison hâtive, forme des fleurs caractéristique. Dans le catalogue 89, rien qui ressemble à l’iris de mon voisin. Mais dans celui de 90, attention : à la dernière ligne il y a « VOILA. Pourpre complètement unicolore à barbes bleues. » Cela pourrait correspondre. Reste à vérifier qu’il s’agit bien de ce ‘Voila’. Une exploration de mes check-lists me donne une première assurance : mon iris n’est pas tout à fait un iris moderne, mais pas non plus une variété ancienne, et ‘Voila’ (Gatty 72) IB, entre dans cette fourchette temporelle. Par-dessus le marché cet iris présente bien les traits des iris de Gatty ; mais ces premières conclusions ne sont pas suffisantes. Il faut trouver des photos réussies de ce ‘Voila’.

Interrogeons la base de donnée de photo de Dave’s Garden sur le Net qui est la collection la plus complète, la plus riche et la plus facile d’accès. Bonheur ! Il y a plusieurs photos de ‘Voila’, toutes convenables. Deux attirent aussitôt mon attention : celle signée de mon ami Loïc Tasquier (un spécialiste des iris médians) et celle du photographe américain Brock Heilman (avec qui je suis régulièrement en relation par courriel). Plus de doute, l’iris qui fleurit devant chez moi, qui présente de si jolies fleurs pourpres, gracieusement portées par des tiges solides, élégamment étagées en candélabre, c’est certainement ‘Voila’.

Cette variété n’a été en vente chez Cayeux qu’au cours de la saison 90. Pourquoi en a-t-elle été si rapidement retirée ? Mystère. En revanche elle est restée plus longtemps au catalogue de Iris en Provence (1985/1990), mais parmi ce que cette maison appelle abusivement « Iris de Bordure ». Il est tout de même assez miraculeux qu’elle puisse ainsi être venue s’échouer dans le fond notre petit chemin.

C’est que ‘Voilà’ n’est pas une variété banale. Elle a été bien appréciée dans son pays d’origine. Avec un Award of Merit en 1974 et, encore mieux, la Sass Medal (plus haute récompense destinée aux iris intermédiaires) en 1978. Elle est ainsi décrite dans la Check-List de 1979 : « Presque parfaitement violet, un peu plus sombre aux sépales ; barbes bleu violacé. Dainty Royal X Crinoline ». On ne présente pas son « père », ‘Crinoline’ (Schreiner 65), célèbre plicata magenta. Sa « mère » ‘Dainty Royal’ (63), en revanche est moins connue. C’est un SDB de Joe Gatty, de couleur prune pourpré, issu de l’espèce I. cretica.

L’exemplaire de ‘Voila’ planté dans ma rue mérite un meilleur sort que celui qu’il connaît actuellement, car mon voisin n’a pas conscience de posséder un iris de valeur. Il va falloir que je le surveille pour qu’il ne finisse pas tristement sous les roues d’une voiture, car il est fort exposé à ce risque d’accident. Ma sollicitude va sans doute lui épargner une disparition qui serait bien injuste.

NB : Transplanté fin juillet, ‘Voilà’ est reparti vaillamment, en dépit d’un été désespérément sec. C’est un courageux petit iris.

21.8.09







LA COLLECTION DES MÉDAILLÉS

A partir de 1957, la Dykes Medal se double du Fiorino d’Oro.

1957 =
DM = ‘Violet Harmony’ (Lowry 48)
FO = ‘Rehobeth’ (F. deForest 53)

En Grande Bretagne, la DM est allée en 57 à ‘Golden Alps’ (Brummit 52)
ECHOS DU MONDE DES IRIS

Ce qu’il ne faut pas faire

Dans le dernier bulletin de l’AIS, un article est consacré au contrôle des adventices. L’auteure explique ce qu’elle fait pour que les platebandes de son association restent propres et débarrassées des ognons sauvages et des autres plantes envahissantes. Voyez plutôt le traitement infligé au terrain (et aux iris qui poussent dessus) :

1) Traitement tous les 60 à 90 jours – de février à fin novembre - avec un herbicide empêchant la germination. Les granulés sont répandus à la surface des bordures d’iris.
2) Application d’un autre herbicide (celui-là pour détruire les herbes qui auraient poussé malgré le précédent traitement) par pulvérisation sur les feuilles. Il faut alors prendre bien soin de ne pas atteindre les iris avec le produit et pour cela les touffes sont protégées sous des boîtes en carton.
3) Du « Round-up » est également utilisé, une semaine après l’herbicide précédent, deux fois l’an, pour exterminer ce qui aurait encore résisté, toujours en prenant mille précautions pour ne pas asperger les iris.
4) Quant aux fameux ognons sauvages, ils ont droit en mars puis en novembre, à un badigeonnage avec un autre produit, appliqué au coton-tige sur les pousses, en se protégeant les mains avec des gants de caoutchouc parce que c’est corrosif !

Ouf ! C’est tout !
Il faut vraiment que les mauvaises herbes américaines soient coriaces pour ne pas disparaître définitivement.

Pas étonnant que la terre soit complètement polluée !

Mais les iris ? Eux aussi, comment font-ils pour résister ?

Je me demande si un petit coup de binette et un peu d’huile de coude n’auraient pas plus d’efficacité et ne demanderaient pas moins d’efforts. En tout cas ne comptez pas sur moi pour imposer à mes iris une aussi invraisemblable pharmacopée.
LE TALENT ET LA CHANCE

La remarque ci-dessous émane de Michelle Bersillon, à qui j’avais adressé mes félicitations pour le succès remporté par l’une de ses obtentions au Concours de Münich 2009 (1). Je trouve que c’est une analyse très judicieuse – et très modeste – de la curieuse aventure tentée par celui qui envoie une plante à un concours.


« La plante est effectivement de très bonne qualité, mais---il faut bien l'admettre---j'ai eu de la chance aussi. Il y a toujours cet élément de chance avec ces concours : même si les plantes que j'envoie sont toujours les meilleurs cultivars - enregistrés ou non - de mon jardin, si elles ne fleurissent pas au bon moment, c'est-à-dire quand les juges passent, elles n'auront pas de médaille. Quand on pense à tout ce qui peut aller de travers (le placement dans le jardin de concours, les conditions météorologiques, les dates choisies pour le concours, etc.), c'est toujours une belle surprise de voir une de ses créations récompensée. »

Une belle surprise, certes, mais la chance ne va pas sans la qualité. Ce n’est pas le seul hasard qui a permis les triomphes à Florence de variétés comme ‘Whole Cloth’ en 1961, ‘Beverly Sills ‘ en 81, ‘Titan’s Glory’ en 84, ‘Dusky Challenger’ en 89, ou ‘Conjuration ‘ en 93. Toutes ont aussi remporter la Médaille de Dykes un peu plus tard, et, là, les concours de circonstances ne jouent plus.

(1) L’iris en question, nommé dans un premier temps ‘Clair de Lune’, a du recevoir un autre nom pour cause d’homonymie, au moment de son enregistrement. Il s’appellera en définitive ‘Ecume de Mer’, ce qui, à mon goût, est un nom bien meilleur.















PETITES LÈVRES

Il n’y a pas lieu dans ces chroniques de se risquer à des comparaisons anatomiques. Néanmoins lorsqu’on examine le style (la partie femelle) des fleurs d’iris, et spécialement des grands iris (TB), on est intrigué par la présence de la crête qui couronne et protège le stigmate, cette lamelle collante où le pollen va se déposer. Il y a visiblement une connotation féminine dans cet appendice ; autant dans sa fonction que dans son aspect.

Cette partie de la fleur, peu apparente chez la plupart des variétés, n’est donc pas spécialement spectaculaire mais il lui arrive de se singulariser et c’est cela qui va retenir notre attention aujourd’hui.

Sur la plupart des fleurs d’iris, les styles – et leur crête – prennent la coloration des pétales avec qui ils font corps. C’est évident sur les iris unicolores mais c’est également vrai pour les bicolores quel que soit le modèle de répartition des couleurs : les pétales sont-ils blancs, comme chez les amoenas ? les styles seront blancs ; les pétales sont-ils d’une couleur différente de celle des sépales ? les styles prendront cette couleur ou une teinte approchante. L’espèce de casque aux bords laciniés des crêtes suivra la couleur de son environnement.

Mais la question va se poser différemment lorsque la teinte des sépales va plus ou moins investir la base des pétales, comme c’est le cas chez de nombreux bicolores aux couleurs saturées, à moins que ce ne soit le style lui-même qui se colore comme les sépales. Dans la variété ’Beach Girl’ (Blyth 83), même si la couleur des sépales n’est pas très vive, elle remonte dans les pétales et colore au passage styles et crêtes. Dans le cœur de ‘Surfie Girl’ (Blyth 93) la couleur des sépales a conquis la base du style, mais la crête reste dans les tons des pétales.

Autre cas de figure, qu’en est-il quand deux couleurs se rencontrent à la fois sur les pétales et sur les sépales ? Il semble alors que la règle soit la suivante : les styles et crêtes suivent la couleur dominante : qu’elle soit claire ou foncée. C’est le cas habituel chez les plicatas : si c’est la couleur sombre qui domine, les styles seront foncés, comme c’est le cas chez ‘Licorice Fantasy’ (Gibson 86) ou ‘Footloose’ (Schreiner 93). Mais si le clair est la couleur prépondérante, ce sera la couleur que prendront les styles comme sur ‘Snowbrook’ (Keppel 87) ; chez les maculosas (ou broken-color) la règle ci-dessus s’applique puisque ce modèle est un dérivé du modèle plicata.

Mais cette règle subit des exceptions comme chez ‘Stitch in Time’ (Schreiner 78) où c’est la couleur sombre qui ourle les tépales qui est présente sur les crêtes alors que c’est le blanc qui est la couleur dominante. Une application surprenante de ce cas particulier intervient quand le caractère plicata est presque complètement annihilé et qu’on s’aperçoit à peine de sa présence, mais où la couleur résiduelle, le plus souvent un bleu-violet ou indigo, reste bien présente sur les parties sexuelles de la fleur, comme dans le cas de ‘Azurite’ (Plough 59) ou du très célèbre ‘Tea Apron’ (Sass 60). Ces deux variétés ont d’ailleurs des origines communes ce qui explique leurs similarités et le fait qu’elles aient transmis leur caractère à leurs descendants comme ‘Stitch in Time’ déjà cité ou ‘Hidden Surprise’ (Durrance 85).

Le cas se complique à propos de certaines variétés dont on ne sait pas exactement dans quel modèle les ranger. Prenons le cas du célèbre ‘Bride’s Halo’ (Mohr 73 – DM 78) qui présente une fleur entièrement blanche mais également entièrement cernée d’un joli liseré jaune. Ce n’est pas un plicata puisque ce modèle ne peut s’appliquer, selon Keith Keppel, qu’à des fleurs où la couleur foncée ne peut être que de nature anthocyanique (à bas de bleu ou de violet), mais il en affecte les apparences. Dans son cas les crêtes ont pris la jolie couleur complémentaire jaune. ‘Crystal Glitters’ (Schreiner 85) offre un autre sujet d’étonnement. Cette fois c’est seulement au cœur de la fleur que la couleur se concentre, et, naturellement, les crêtes ont adopté le ton de leur environnement, ce rose pêche tendre et voluptueux qui fait tout le charme de cet iris peu connu mais très original.

Tout comme les barbes qui, maintenant font l’objet de recherches en vue de les transformer en pétaloïdes de nature à donner à la fleur un caractère double, un peu comme on l’a obtenu par la transformation des étamines sur d’autres fleurs comme les roses ou les pivoines, les crêtes des iris pourraient à l’avenir atteindre un développement pétaloïdal. Elles pourraient s’accroître en volume, voir leur aspect frisotté prendre de l’ampleur… Tout est affaire de recherches, de mise en valeur de mutations intéressantes ou décoratives…

Le sujet mériterait sans doute un développement plus important, mais contentons-nous ici de nous émerveiller des multiples charmes de notre plante favorite, et parmi ceux-ci les aspects un peu négligés de ces petits éléments tellement sensuels.

15.8.09







LA COLLECTION DES MÉDAILLÉS

Continuons l’exposition des vainqueurs de la Dykes Medal. Voici les années 55 et 56.

1955 ‘Sable Night’ (Cook 50)

1956 ‘First Violet’ (F. de Forest 51)

En Grande Bretagne, la DM est allée en 56 à ‘Benton Cordelia’ (Morris 53) : les iris roses étaient une spécialité de Sir Cedric Morris.

14.8.09




ECHOS DU MONDE DES IRIS

Les récompenses américaines (suite)

Franklin Cook Cup (meilleure variété en provenance d’une autre région que la région AIS organisatrice de la Convention)
‘Pursuit of Happiness’ (Tom Johnson 2007)

President’s Cup
(meilleure variété en provenance de la région organisatrice de la Convention)
‘Whoopsidaisy’ BB (Hedgecock 2009)

Ben Hager Cup (meilleure variété d’iris médian, présentée à la Convention)
‘Dividing Line’ MTB (Bunnell 2005)










IRIS DE FRANCE VUS DES ETATS-UNIS

Il paraît qu’il y a de nombreux Américains qui ne sont pas capables de situer la France sur une carte. Cela n’a rien d’extraordinaire quand on connaît le niveau de l’enseignement dans les écoles de ce pays. Dans ces conditions, quel peut-être l’impact des variétés françaises d’iris sur une population d’amateurs qui peut trouver, émanant de ses obtenteurs nationaux, chaque année, plus de six cent nouveautés ?

Eh bien cet impact n’est pas négligeable ! Depuis toujours, ou tout du moins depuis l’incomparable renommée de Ferdinand Cayeux dans les années 30, les iris venus de France figurent en bonne place dans les catalogues américains.

Certes il a fallu reconquérir le terrain après la guerre 39/45 qui avait fait oublier l’existence d’une iridophilie française, mais le travail de Jean Cayeux a très vite été remarqué et plusieurs de ses obtentions se sont fait connaître là-bas, essentiellement à partir de la fin des années 60. Sa renommée a atteint son apogée avec l’apparition de ‘Condottiere’ (78). Cette variété a été à l’origine d’un véritable engouement chez les hybrideurs, et près de cent cultivars en descendent directement. De nombreux grands noms de l’hybridation l’ont utilisé : Jim Begley, Paul Black, Tom Burseen, Monty Byers, Sid DuBose, Ben Hager, Akihiro Terada ou George Shoop, pour les plus anciens, et Chuck Chapman, Fred Kerr, Don Spoon, chez les plus jeunes, sans compter l’incontournable famille Schreiner. ‘Condottiere’, en ligne directe puis par ses descendants plus éloignés, est l’une des variétés les plus présentes dans les pedigrees des iris d’aujourd’hui.

Cette percée d’un iris français s’est accompagnée d’un développement marqué de la présence de variétés de notre pays dans celui de Mickey et de l’Oncle Sam. Car après ‘Condottiere’ ce sont les iris de la famille Anfosso qui se sont fait apprécier. En particulier grâce à l’appui que leur a apporté Keith Keppel qui en a mis plusieurs dans son catalogue, avec des descriptions très avantageuses. En 91 on y trouve ‘Ah ça Ira’ (Anfosso 89), ‘Atys’ (Anfosso 88), ‘Citoyen’ (P.C. Anfosso 89), ‘Fondation van Gogh’ (M. Anfosso 90) et ‘Révolution’ (Anfosso 89) ! De sorte que plusieurs autres catalogues, et non des moindres, ont emboîté le pas. Ainsi, dans le catalogue Schreiner de 1988, une année au sommet de la gloire de cette illustre maison, figure ‘Echo de France’ (Anfosso 84).

D’autres produits Anfosso ont été remarqués. Parmi les variétés citées par Perry Dyer dans ses « Contemporary Awards » on découvre une nouvelle fois ‘Echo de France’, considéré comme le meilleur amoena en 1991, puis ‘Rive Gauche’ (Sazio 93), meilleur « rouge » en 1996, en compagnie de ‘Lumière d’Automne’ (Besse 92), qualifié de meilleur brun. Enfin ‘Citoyen’ (P.C. Anfosso 89) a été déclaré en 2007 variété la plus originale de la décennie 90. Une distinction tout à fait méritée quand on connaît l’iris en question.

Pour faire le tour de la question il faut aussi citer Lawrence Ransom dont plusieurs variétés ont également été remarquées dans certaines compétitions, ce qui n’est pas banal puisqu’en France même le travail de ce remarquable hybrideur est tout à fait sous-estimé parce que mal connu.

On est encore loin de la renommée des variétés australiennes qui sont considérées là-bas un peu comme des enfants du pays et qui obtiennent des distinctions dans la course aux honneurs. Ainsi ‘Gallant Rogue’ (Blyth 90) a-t-il obtenu un AM en 1996, et ‘Decadence’ (Blyth 2004), la même chose en 2008. Il faut dire que la promotion de ces variétés est assurée par Keith Keppel exactement comme celle de ses propres variétés. Et quand on connaît la réputation de Keppel auprès des amateurs (et des collectionneurs), ce soutien est déterminant.

Il n’empêche que les variétés françaises tiennent maintenant toute la place qu’elles méritent. Dans le catalogue Schreiner de 2009 il y a quinze variétés Cayeux ! En voici la liste :
‘ Alizés’
‘Belle de Nuit’
‘Buisson de Roses’
‘Château d’Auvers’
‘French Cancan’
‘Frimousse’
‘Haut les Voiles’
‘Hélène C.’
‘Heure Bleue’
‘La Vie en Rose’
‘Mer du Sud’
‘Poesie’
‘Princesse Caroline de Monaco’
‘Sixtine C.’
‘Val de Loire’
C’est un excellent échantillonnage de ce que R. Cayeux a produit de mieux à l’exception de ses « bleu-blanc-rouge » qui sont délaissés par les Américains lesquels, il faut le dire, sont parvenus à des résultats remarquables dans ce domaine.

9.8.09




LA COLLECTION DES MÉDAILLÉS

Continuons l’exposition des vainqueurs de la Dykes Medal. Voici les années 54 et 55.

1954 = ‘Mary Randall’ (Orville Fay 50)
1955 = ‘Sable Night’ (Paul Cook 50)

ECHOS DU MONDE DES IRIS

Un nouveau site français

http://www.les-iris-de-laymont.jimdo.com/, c’est l’adresse du site ouvert par Roland Dejoux, un amateur français implanté dans le Gers. Très joli site, qui s’améliorera encore dans les semaines à venir, mais qui dès maintenant mérite une visite !

Un nouveau livre

« Le Iris tra botanica e storia » est la brochure qui accompagne une exposition sur le même thème qui se tient actuellement au Musée Régional des Sciences Naturelles de Turin, en Italie. C’est un ouvrage très documenté et richement illustré de clichés rares et de photos d’iris italiens encore plus confidentiels. Il y a un appendice en anglais qui permet aux non italophones de comprendre les textes émanant de spécialistes avérés comme PatriziaVerza Ballesio, Augusto Bianco ou Maretta Colasante.

A se procurer sur place, par tout amateur qui se rendrait e Italie pendant ce mois d’août 2009. Museo Regionale di Scienze Naturali, Via Giolitti 36, TORINO. Jusqu’au 31 août 2009.

Un nouveau jardin

La Région du Piémont, en Italie, a reconstitué le Jardin Botanique Rea créé sous le nom de « Vivaio di San Bernardino » par un grand amateur et hybrideur italien, Giuseppe Bellia, à Trana, dans le Val Sangone, à l’ouest de Turin. A partir de la collection réunie par G. Bellia, la Région du Piémont a créé un magnifique jardin botanique de 10 hectares, où dominent les iris. Ce jardin est à visiter de préférence en mai, quand les iris, de toutes provenances mais surtout issus des hybrideurs italiens, est en fleur.
Pour saluer cette renaissance, Augusto Bianco lui a dédié l’une de ses dernières obtentions. Il s’agit d’un iris de bordure (BB) baptisé ‘Giardino Rea’ (2009) : un amoena aux pétales blancs et aux sépales d’un joli rose corail et aux barbes jaunes. Une peinture de cet iris illustre le dépliant de l’exposition « Le Iris tra botanica e storia » dont il est question ci-dessus.



LA FLEUR DU MOIS




CRAFTSMAN


C’est encore au néo-zélandais Terry Johnson, sur son blog http://historiciris.blogspot.com/ que l’on doit la photo ci-dessus de ‘Craftsman’ (Knopf 63).

’Craftsman’ est décrit comme étant une variété mi-tardive, d’environ 90 cm de haut, avec des pétales d’un jaune profond, des sépales blancs bordés de jaune et des barbes orange. Il a été très apprécié aux Etats-Unis puisqu’il a obtenu une Honorable Mention (HM) en 64 et un Award of Merit (AM) en 67. C’est donc ce qu’on appelle un iris du modèle ‘Joyce Terry’, une disposition des couleurs que l’on retrouve chez un grand nombre de variétés, mais qui n’obtiendra la reconnaissance mondiale que lorsqu’en 1971 ‘Debby Rairdon’ obtiendra la Dykes Medal.

‘Craftsman’ ne présente aucun trait qui en fasse une exception ; c’est simplement un bon iris, qui pousse bien, qui a de jolies fleurs bien disposées, et qui fait le bonheur de ceux qui le cultive et qui n’ont pas envie de l’abandonner malgré ce que l’on peut appeler aujourd’hui son grand âge. Il y a des variétés comme cela qui se sont assuré une particulière longévité par leurs seules qualité générales. C’est pourquoi il n’a pas suivi le sort de quantité d’iris presque identiques qui sont maintenant complètement oubliés et peut-être même disparus.

Son pedigree est (Golden Garland X Mission Trails). La variété « femelle » dans ce croisement est elle-même du modèle ‘Joyce Terry’, avec un fin liseré jaune autour des sépales ; ‘Golden Garland’ (53) est un produit du célèbre hybrideur David Hall et descend de ‘Palomino’ qui est une des variétés préférées de son obtenteur. Quant à ‘Mission Trails’ (Knopf 57) c’est un iris violet à barbes orange dont les parents sont ‘Spanish Peaks’ et ‘Inca Chief’, deux éléments de base de l’hybridation des années 50.

Même si ‘Craftsman’ n’a pas connu un succès commercial majeur, il n’a pas laissé indifférents les hybrideurs à la recherche d’un parent de qualité. Ce fut le cas de Bryce Williamson qui en a tiré deux variétés intéressantes, ‘Dramatic Arts’ (71) et ‘Deja Vu’ (74), étrange association d’argent et d’ambre. Ce fut également le cas de Bryan Dodsworth, en Grande-Bretagne, qui lui doit deux de ses jolies obtentions, le blanc ‘Arctic Tern’ (84) et le crème ‘Edale’ (89).

La présentation de ‘Craftsman’ est l’occasion de dire deux mots de son obtenteur, Maynard Knopf, de Porterville, en Californie. Ce ne fut pas un stakhanoviste de l’hybridation et son catalogue est plutôt restreint, mais il comporte quelques noms qui ont laissé une trace dans le monde des iris. En particulier un certain ‘Launching Pad’ qui a obtenu le Florin d’or à Florence en 70 : c’est aussi un iris du modèle ‘Joyce Terry’, un modèle qui devait plaire à M. Knopf . Mais il faut surtout parler de ‘Denver Mint’ (62) qui n’a pas fait un bœuf dans les jardins, mais que les hybrideurs ont utilisé en abondance et qui a donné naissance à de très grands iris.

Cet iris d’un beau jaune a été ainsi baptisé pour évoquer la célèbre usine de Denver qui fabrique depuis plus d’un siècle d’innombrables pièces de monnaie, qu’il s’agisse des petites pièces de billon ou des grosses pièces d’or.

Ses descendants ont tous été des iris du premier rang. A commencer par ‘Bride’s Halo’ (H. Mohr 73 – DM 78), que tous les amateurs connaissent bien. Ensuite il y a ‘Gold Trimmings’ (Schreiner 75), original jaune lavé de blanc, ‘Launching Pad’ (Knopf 67) déjà cité, ‘West Coast’ (Knopf 68), superbe bitone or bien connu, et, surtout, ‘Ponderosa’ (Ghio 70), bicolore, rose-mauve et brun, que son obtenteur a utilisé par la suite pour l’essentiel de sa production.

A la seconde génération, les descendants de ‘Denver Mint’ sont tout aussi intéressants, en voici quelques-uns : ‘Mandolin’ (Ghio 77) célèbre orange clair, ‘Punkin’ (Keppel 81), véritable orange, ‘Catalyst’ (Keppel 80), vraiment jaune, ‘Entourage’ (Ghio 77), ‘San Jose’ (Ghio 78), ‘Champagne Waltz’ (Schreiner 94), ‘Fall Fiesta’ (Schreiner 92), ‘Gold Galore’ (Schreiner 78), ‘Dazzling Gold’ (Anderson 81). En France, ‘Terre De Feu’ (Cayeux 97), ‘Reflets Safran’ (Cayeux 98), ‘Jubilee Rainier III’ (Cayeux 98) sont des lointains descendants de ‘Denver Mint’, tout comme ‘Voleur De Feu’ (Anfosso 88), ‘Bastille’ (Anfosso 89), ‘Laser’ (Anfosso 90), ou ‘Samsara’ (Ransom 96).

C’est une bonne partie des iris que nous cultivons aujourd’hui qui descendent plus ou moins directement de ‘Denver Mint’ en direct ou via ‘Ponderosa’. Maynard Knopf avait eu la main heureuse. Ce n’est pas la première fois qu’un homme modeste se trouve involontairement propulsé vers les sommets…









FOSTER MEMORIAL PLAQUE

Dans le monde des iris, il n’y a pas que les fleurs qui reçoivent des récompenses ; les hommes aussi. Parmi les distinctions honorifiques destinées aux acteurs de l’irisdom figure la Foster Memorial Plaque attribuée par la B.I.S. (British Iris Society) à une personnalité remarquable, pour une raison ou une autre. Cette plaque de métal est attribuée en principe chaque année depuis 1927. Il n’y a pas eu beaucoup de défections, seules les années 1928, 1944, 1979 et 2001 n’ont pas donné lieu à cette attribution. En revanche, certaines années, la plaque a été attribuée à plusieurs personnaliutés.

La Foster Memorial Plaque a été instituée en mémoire du grand obtenteur que fut Michael Foster (1836/1907), l’un des plus importants spécialistes britanniques des iris. Dans son ouvrage « Irises and the men and women who created them », Clarence Mahan a écrit à son propos : « Les avancées de Foster dans l’hybridation des iris sont si nombreuses et si extraordinaires qu’il n’est pas du domaine de l’hyperbole que de les décrire comme sans pareil. Ses premiers croisements concernèrent des formes d’ Iris variegata et d’Iris pallida. Ses contributions les plus importantes et les plus durables au monde des iris résultent d’hybridations interspécifiques. Un de ses plus remarquables progrès fut de sortir les iris spurias du monde sauvage et de les introduire dans nos jardins. Un autre fut de créer, en compagnie de la famille van Tubergen en Hollande, une nouvelle classe d’iris pour le jardin : les arilbreds. Pour finir, son œuvre la plus déterminante a été de construire les fondements génétiques aboutissant à la transformation des iris barbus de diploïdes et tétraploïdes. Cette transformation, et, par conséquent la multiplication exponentielle des possibilités de variations dans la forme, la taille, la couleur, les modèles, la texture et les conditions de floraison, ont changé le cours de l’histoire de l’iris des jardins. » Tout ceci définit bien, en fin de compte, les travaux de ceux qui ont reçu ou qui recevront la Foster Memorial Plaque.

Le plus souvent les bénéficiaires de cette décoration sont des hybrideurs de renommée mondiale, mais on trouve dans la liste des récipiendaires de nombreux scientifiques ayant contribué à la progression des connaissances dans le domaine des iris et iridacées, ainsi que quelques personnalités ayant apporté leur soutien à la cause des iris.

Comme on peut s’y attendre les Anglo-saxons sont majoritaires, qu’ils viennent de Grande-Bretagne (ils sont plus de quarante), des Etats-Unis (25) ou d’Australie (3) et de Nouvelle Zélande (2). Mais on trouve aussi quelques Français, comme le bras droit des Vilmorin, Séraphin Mottet, distingué dès 1927, Ferdinand Denis (1933), et Maurice Boussard (1977). De grands irisariens « exotiques » figurent encore dans la liste : le Russe Rodionenko, en 1968, le Tchèque Milan Blazek en 1996, l’Autrichien Franz Kurzmann en 1984, les Allemands Werkmeister (70) et Tamberg (94), les Italiennes Flaminia Specht (67) et Maretta Colasanti (2006) et le Japonais Hirao (1987).

Les deux derniers à avoir obtenu la Foster Memorial Plaque sont les hybrideurs américains Clarence Mahan (2007), cité plus haut à propos de son ouvrage de référence sur les fondateurs de l’irisdom, et Terry Aitken (2008), tous deux également ex-présidents de l’AIS et tous deux toujours très actifs dans le monde des iris.

Comme toujours dans ce genre de distinction, les raisons de l’attribution à telle ou telle personnalité relèvent quelquefois de l’irrationnel, ou d’un concours exceptionnel de circonstances, mais il n’empêche que les personnes honorées ont toutes eu leur moment de gloire à leur époque. Comme toujours également des grands noms, qui auraient largement mérité d’être récompensés, se sont trouvés oubliés. On peut citer par exemple Marc Simonnet ou Ferdinand Cayeux pour ne parler que de nos compatriotes. Quoi qu’il en soit, la Foster Memorial Plaque est une récompense fort convoitée et considérée comme une sorte de bâton de maréchal dans la hiérarchie des irisariens.

1.8.09

ECHOS DU MONDE DES IRIS

Un nouveau site français

www.les-iris-de-laymont.jimdo.com, c’est l’adresse du site ouvert par Roland Dejoux, un amateur français implanté dans le Gers. Très joli site, qui s’améliorera encore dans les semaines à venir, mais qui dès maintenant mérite une visite !



LA COLLECTION DES MÉDAILLÉS

Continuons l’exposition des vainqueurs de la Dykes Medal. Nous en sommes à 1952.

1952 = ‘Argus Pheasant’ (Fred DeForest 47)
1953 = ‘Truly Yours’ (Orville Fay 49)















A QUAND LE ROUGE POMPIER ?

Depuis l’ouverture de ce blog, trois textes ont été publiés à propos de l’iris rouge.

Le 19/11/2004, la chronique est intitulée sobrement « L’Iris Rouge ». Elle fait le point sur les travaux lancés par Richard Ernst, l’hybrideur maison de la firme Cooley, qui annonce dans un article publié dans le bulletin de juillet 2004 de l’AIS une prochaine avancée significative dans le domaine de l’iris rouge.

Le 04/03/2005, c’est le tour de « Un Autre Chemin vers le Rouge », à propos de l’article de Don Spoon, dans le numéro d’octobre 2004 du Bulletin de l’AIS, qui décrit son approche personnelle du problème et annonce pour bientôt un iris qui serait fort proche du rouge.

« Une autre façon d’obtenir du rouge » est le titre de la troisième chronique, publiée le 03/03/2006. Elle évoque une communication, sous le titre de « Another Approach to Red Irises », publiée dans le bulletin de l’AIS de janvier 2006, par Neil Mogensen, de Arden, en Caroline de Nord, lequel démontre qu’il peut exister une troisième voie pour obtenir du rouge.

A l’heure qu’il est, où en est-on dans ces recherches ? Ont-elles abouti ? Y a-t-il d’autres pistes qui ont été explorées ?

Car, comme ce fut le cas pour la tulipe noire ou la rose bleue, atteindre à l’inaccessible a toujours été un défi, pour les amateurs de plantes comme pour l’humanité tout entière.

La recherche entreprise par Richard Ernst, avec le concours de l’Université de l’Etat d’Oregon, a commencé par l’analyse complète de l’ADN d’un iris. La pigmentation de douzaines de variétés a été analysée et des cultures de tissu « in vitro » ont été réalisées. Il a fallu douze années de recherche pour découvrir et sélectionner les bons gènes rouges avant que ne commence le processus de transformation, processus qui a été couvert par un brevet et devait déboucher sur une plante nouvelle dont la première floraison était attendue pour le printemps 2005. C’était il y a cinq ans, et, depuis, silence absolu sur les résultats ! On peut supposer que le résultat n’a pas été probant parce que si le nouvel iris avait été d’un beau rouge pompier, la Maison Cooley aurait sûrement communiqué sur son succès !

Don Spoon a axé sa recherche sur une voie traditionnelle. Il est parti de la constatation que certains iris, dont deux de ceux qu’il a obtenus, ‘My Ginny’ (2002) et ‘Special Red’ (2004), présentaient des barbes absolument rouges. Un rouge coquelicot provenant d’une forte concentration de lycopène, le pigment qui fait que les tomates sont rouges. Il en a déduit que ce pigment, lorsqu’il est présent dans une fleur d’iris, peut se trouver concentré à l’extrême dans les barbes, mais ne peut pas se développer de la même façon dans les pétales et sépales parce qu’il est bloqué par un gène particulier qu’il suffirait d’identifier et d’éliminer. Mais tout cela résulte d’une extrapolation de données qui n’est pas vérifiée scientifiquement. On reste dans le domaine du possible, voire du probable, mais pas du certain. Il n’empêche que Don Spoon est convaincu qu’en utilisant des parents dont les fleurs ont une forte concentration de lycopène, il était, en 2004, sur le point de parvenir à ce rêve plus que centenaire de l’iris parfaitement rouge. Il semble qu’il en soit toujours au même point.

Neil Mogensen explique que la couleur rouge pure, qui est produite par la pélargonidine (pigment présent dans les géraniums) fait partie de la même série que la delphinidine (pigment qui colore en bleu les delphiniums …et les iris). Ces deux pigments, ainsi que beaucoup d’autres, sont des éléments de la grande famille des pigments anthocyaniques comportant plus ou moins de radicaux OH. Mogensen en déduit que pour obtenir de la pélargonidine au lieu de la delphinidine, il suffirait de réussir à retirer deux des radicaux OH de cette dernière. Mais il ne dit pas comment faire ! Ni comment retirer les autres pigments qui pourraient venir perturber son mécanisme.

Neil Mogensen est décédé l’année dernière. Don Spoon n’a pas enregistré d’iris absolument rouge et Richard Ernst est désespérément silencieux… La recherche de l’iris rouge est-elle donc vouée à l’échec ?

L’admettre serait perdre de vue le travail discret mais patient et pertinent entrepris par Joseph Ghio depuis de nombreuses années. Cet obtenteur génial, maître incontesté de la génétique des iris, a produit dans les dernières années toute une série d’iris d’aspect splendide, qui ont pour caractéristique commune d’être d’un rouge sombre rutilant, parfois touché d’un peu de violet. Ils ont évidemment un air de famille et, de fait, on retrouve dans le pedigree de chacun des séquences identiques. Mais, surtout, d’année en année, au fur et à mesure d’une approche lente et méticuleuse, le rouge s’affine et se purifie. La base de ce travail, c’est le « vieux » ‘Lady Friend’ (Ghio 81), déjà très rouge au moment de son apparition. Pour renforcer le coloris, lui donner plus de profondeur, Ghio a ajouté une foule d’ingrédients en utilisant un panel de fleurs considérable puisqu’il n’y a pas moins de soixante noms de variétés cités dans les pedigrees de sa série rouge ! Il y a dans cet ensemble essentiellement des variétés où le rouge est en fait du grenat, de l’amarante ou du magenta, mais on trouve aussi des iris roses, oranges, ou nettement bruns. Et au final le rouge pur n’est pas loin de faire son apparition. Mais les iris de Ghio, de notoriété publique, sont fragiles et poussent souvent mal. Il reste donc un travail essentiel : que la couleur rouge issue des iris de Ghio passe dans des plantes solides et sans problèmes.

Au travail, donc, Messieurs les obtenteurs ! Certains ont déjà relevé le défi. Ainsi Bruce Filardi qui, conscient de problème posé par les rouges de Ghio, a réalisé des croisements de ces variétés avec d’autres « rouges » de bonne qualité végétative, comme ‘Code Red’ (Aitken 2003), un enfant de ‘Lady Friend’, ou ‘Eyes Right’ (Burseen 91). On ne devrait pas tarder à constater les résultats.

Toute cette approche est essentiellement pragmatique, mais c’est peut-être elle qui aboutira à ce mythique iris rouge que l’on espère, que l’on guette, mais aussi que l’on craint, de peur qu’à cause de lui l’iris naturel soit à jamais perdu.