31.1.09


ECHOS DU MONDE DES IRIS

Loïc Tasquier, un « geek » d’iris franco-néerlandais, dont il est souvent question ici, a dressé le tableau de tous les croisements qu’il a réalisés. Ce travail considérable et particulièrement intéressant pour les hybrideurs tant professionnels qu’amateurs, se trouve à l’adresse suivante : www.flickr.com/photos/loic_tasquier/sets/ .

ECHOS DU MONDE DES IRIS (II)

Succès français

Les visiteurs qui ont participé au Critérium de Jouy 2008 ont voté pour deux variétés françaises :
1er = ‘Brasero’ (Cayeux 2001)
2eme = ‘Noctambule’ (Cayeux 2005)

Voilà qui va faire plaisir à notre principal obtenteur !

ECHOS DU MONDE DES IRIS (III)

Compétition australienne 2007/2008

Mieux vaut tard que jamais. Le résultat de la compétition australienne de l’été austral 2007/2008 vient de me parvenir :

Dykes Medal = ‘June Brazier’ (Grosvenor 2000)
ISA Medal = ‘Audition’ (Taylor 98) – iris de Louisiane (LA).



HISTOIRE DE M. DE BURE
à la manière d’Honoré de Balzac


En ce jour d’août 1842, le docteur Horace Bianchon sortit vers midi de l’hôtel d’Allègre, 13 rue Hautefeuille à Paris, et prit le chemin de la petite brasserie tenue par le vieux Vergniaud, un ancien maréchal des logis de la garde impériale qui, après s’être établi nourrisseur rue du Petit Banquier, s’était reconverti dans l’alimentation humaine et officiait maintenant à proximité du carrefour de la Croix-Rouge. Il avait rendez-vous avec deux de ses plus chers amis, le baron Eugène de Rastignac et le frère cadet de ce dernier, l’abbé Gabriel, de passage à Paris pour quelques jours avant de rejoindre son affectation comme secrétaire de l’évêque de Limoges. Malgré le temps superbe et la perspective de prendre un agréable repas avec ses meilleurs amis, Bianchon n’était guère joyeux. Il venait d’apprendre, de la bouche même de sa veuve, la mort de son patient Marie-Guillaume de Bure, un homme qu’il estimait non seulement pour ses qualités de cœur mais aussi pour l’originalité de ses comportements. Lui, fils de l’éditeur le plus en vue de Paris, n’avait-il pas choisi de s’adonner aux joies de la botanique et de l’horticulture, laissant à son frère Laurent la charge de l’entreprise familiale ? C’est en songeant à cette destinée hors du commun, dans une société où celui qui tend à se singulariser est immédiatement mis à l’écart, qu’Horace Bianchon franchit le seuil de l’auberge du père Vergniaud. Les frères de Rastignac l’attendaient. Eugène, qui connaissait son Bianchon mieux que quiconque, remarqua immédiatement l’air attristé du médecin et lui en fit l’observation.
- Eh bien, mon cher, que nous vaut cet air maussade ?
- Je sors de chez une cliente, et je viens d’apprendre une bien triste nouvelle.
- Un de tes malades serait-il passé dans l’autre monde ?
- Tu ne crois pas si bien dire ! Un de mes amis, devrais-je dire, un homme comme on n’en rencontre pas souvent dans sa vie, même quand, comme moi, on fréquente une foule de personnes des plus diverses.
- Je n’aime guère te voir cet air-là. Il paraît que la parole soulage. Alors, en attendant que l’on nous serve, dresse-nous donc le portrait de ce personnage.

Bianchon eut un pâle sourire et, après avoir déployé sa serviette sur ses genoux, se tourna vers ses amis et commença de leur conter ce qu’il savait de Monsieur de Bure.

- Je connaissais Marie-Guillaume de Bure depuis les premiers jours de mon installation comme médecin à Paris. J’avais été appelé par Madame de Bure pour soigner son fils, Charles. C’est à cette occasion que je fis la connaissance du père. C’était un homme au visage fin, avec le nez un peu long, mais un regard rêveur et une voix claire, qui m’interrogea intelligemment à propos de la maladie de son fils et fit des remarques fort pertinentes qui dénotaient une vive intelligence et une connaissance développées des sciences modernes. Un courant de sympathie s’est établi aussitôt entre nous, de sorte que je suis souvent revenu à l’hôtel d’Allègre, même après la guérison du jeune Charles. Marie-Guillaume, que son épouse appelle tendrement Paul, est l’héritier de la fameuse maison d’édition qui existe depuis 1660 et qui a publié ces géants de la littérature que sont Molière, Racine, La Fontaine et quelques autres.
- Du beau monde, interrompit l’abbé Gabriel, visiblement intéressé par le récit d’Horace.
- Certes, et la fortune de cette maison n’a fait que croître au cours des siècles ! Elle a atteint son apogée quand les familles de Bure et d’Houry furent unie. Les d’Houry étaient cette autre famille d’éditeurs qui, depuis le XVIIeme siècle, publiait chaque année l’Almanach Royal, publication qui continua jusqu’en 1792 et ne fut interrompue que par les conséquences désastreuses de la déconfiture du libraire Lagrange.
- J’en ai entendu parler, remarqua le baron Eugène : c’était un parfait escroc !
- Escroquerie qui a bien failli emporter la maison de Bure-d’Houry. Elle ne valut son sauvetage qu’à l’intervention de L’Assemblée Nationale qui investit des sommes considérables pour rétablir l’équilibre financier du principal éditeur français, spécialiste entre autres de la publication des livres scolaires. Aux premiers jours de l’Empire, la maison de Bure-d’Houry était sauvée, et ses affaires étaient de nouveau florissantes et la fortune des de Bure considérable. C’est certainement l’une des plus riches famille de Paris, même si elle conserve un train modeste, plus bourgeois qu’aristocratique.
- Quel âge avait donc cet homme fortuné ? demanda Gabriel de Rastignac en saisissant délicatement sa fourchette.
- Je ne saurais le dire exactement, car je ne connais pas sa date de naissance. Mais, en fonction de constatations cliniques, je lui donnerais environ soixante ans. Ce que je sais c’est qu’il est né en Bourbonnais, dans un château qu’y possède sa famille depuis plusieurs générations. Les de Bure sont très attachés à leurs origines provinciales. D’ailleurs mon client n’est pas mort à Paris, mais en Normandie, à Malétable, dont il était maire. Je crois qu’il préférait la vie tranquille des champs à la vie passionnée de Paris.
- Sont-ce ces attaches provinciales qui font l’originalité de ton client ? demanda Eugène.
- Oui et non, répondit le médecin. L’attachement à la terre est peut-être à l’origine de la passion de Marie-Guillaume de Bure pour les plantes. Figurez-vous qu’il s’était fait une spécialité des iris.
- Des iris ?
- Oui ! Je crois même que ses connaissances en faisaient une des personnes les plus qualifiées de France, et peut-être du monde au sujet de cette fleur.
- On a peine à imaginer un éditeur qui passe son temps dans son jardin à soigner des iris, fit remarquer l’abbé Gabriel.
- C’est que mon client ne consacrait guère de temps à l’édition. Il avait depuis longtemps laissé la gestion de l’affaire familiale à son frère Laurent. Quant à sa mère, c’est elle qui tenait la boutique de librairie du quai de Augustins.
- Mais que faisait-il de ses iris ? interrogea le baron Eugène, que cette histoire semblait passionner.
- Il m’a plusieurs fois expliqué que lui et deux de ses relations, MM. Jacques et Lémon, recherchaient de nouvelles couleurs d’iris en examinant les nombreux semis qu’ils pratiquaient et en sélectionnant les fleurs les plus belles ou celles qui présentaient les caractères les plus nouveaux. Marie-Guillaume découvrait chaque jour dans le progrès de sa plante favorite des raisons d’admirer les productions naturelles. Il avait cette qualité des âmes grandes et fortes qui trouvent que les choses valent mieux que les idées. Il a publié des quantités d’articles sur les iris dans les revues spécialisées. J’ai lu ses « Observations sur les semis d’iris » parues dans les Annales de Flore et de Pomone. C’est très intéressant, et je crois que ces observations feront progresser la connaissance de la botanique.
- Son nom pourra être imprimé en haut de casse ! dit en riant l’abbé de Rastignac qui, avec l’appétit de son jeune âge, attaquait vaillamment le ragoût que venait de poser devant lui le père Vergniaud.

Cette aimable remarque eut pour effet d’apaiser un peu la mélancolie du pauvre Bianchon et le repas put se poursuivre dans une sérénité recouvrée. Le destin hors du commun de M. de Bure, en revanche, n’avait pas fini de retenir l’attention du monde scientifique.










VISIONS CONTEMPORAINES III

Le juge et obtenteur américain Perry Dyer publie chaque année, en principe dans le bulletin de l’AIS mais cette année sous la forme d’une simple lettre adressée à ses amis, sa propre vision des meilleurs iris qu’il ait vu et jugé au cours de l’année écoulée. Ses « Contemporary Views » donnent donc un autre éclairage sur la production d’iris dans le pays où cette fleur est particulièrement recherchée.

Troisième et dernière liste : les différents « grands prix ».

A SURVEILLER :
Ce n’est pas à proprement parler un « prix », mais cette rubrique rassemble les semis nouveaux qui ont semblé méritoires :
‘AM-01/0861-5’ (Anton Mego), sûrement un iris d’avenir, comme beaucoup des obtentions d’Anton Mego, un brun noisette dans un ton très inhabituel ;
semis 0180 (Doug Kanarowski), un peu comme ‘Endearing Charm’, mais avec des barbes bronze et des tiges plus solides ;
‘Chill Factor’, (Meininger 2008), joli iris rose pèche, et une plante robuste et bien bâtie ;
‘Bewitching Hour’ (Helsley 2005), décrit comme un grenat foncé poudré de blanc sous les barbes, avec de gros éperons bourgogne.

A NE PAS PERDRE DE VUE :
La première de ces futures stars repérée par Perry Dyer est un semis de Hugh Stout, nouvel obtenteur d’Oklahoma City, ‘Polestar’, un amoena mauve, un peu dans le style « Emma Cook », avec des barbes minium. Il devance un autre semis d’Anton Mego, AM-01/0641-1, splendide bicolore abricot et orchidée. Les autres espoirs se nomment ‘Polished Bronze’ (Markham 2008), ‘’’Rachel Julia’ (Edwards 2006) et ‘Capitol Debut’ (Annand 2008).

LE CHEVAL NOIR :
C’est la variété qui, au cours des dix dernières années a été négligée par les juges alors qu’elle méritait leur attention. Cette année Dyer désigne dans cette inconfortable position notre compatriote ‘Citoyen’ (Anfosso 89). Il précède deux Américains, ‘’’Pewter Treasure’ (Durrance 94) et ‘Sunny Bubbles’ (Maryott 93).

LA CEINTURE DE SOLEIL :
Cette appellation étrange désigne un iris qui est depuis assez longtemps sur le marché dans le Midwest (la « Sun Belt » des USA) pour avoir fait ses preuves. Cette année ce sera ‘Sun Power’ (Johnson 2004), un beau jaune à barbes orangées, qui n’a pas eu de chance dans les compétitions. Puis viennent ‘Hook’ (Johnson 2001) et ‘Lady of Leoness’ (Spoon 2000).

LE 9-1-1 :
Encore un nom bizarre qui désigne la variété qui marque un tournant dans sa couleur. ‘County Cork’ (Schreiner 2007) l’emporte pour son véritable coloris vert. ‘Oasis Lorna’ (Chadwick 2005) triomphe parmi les « maculosas », ‘Osseo’ (Worel 2007) s’affirme en blanc à barbes bleues, ‘Cape Perpetua’ (Schreiner 2006) et ‘Prime Power’ (Tasco 2006) complètent le podium.

L’ÉLÉGANTE :
Pour la plus jolie fleur de l’année. C’est ‘Christmas Present’ (Ghio 2007) qui reçoit cet honneur, avec une grosse fleur ondulée couleur parme. ‘Forever Blowing Bubbles’ (Ghio 2007) vient ensuite avec l’appréciation suivante : “un Ghio qui pousse vraiment bien”. ‘Belle de Provence’ (Baumunk 2006), au doux coloris abricot prend la troisième place.

CONTEPORARY AWARD :
La récompense suprême accordée par Perry Dyer va à ‘Noble Stature’ (Hilton 2005). Issu d’un croisement ‘Song of Norway’ (Luihn) X ‘Silverado’ (Schreiner), il a la teinte délicieuse de son parent masculin et le branchement superlatif de sa « mère ». C’est du moins l’avis de celui qui lui décerne son prix. Aurons-nous un jour en France le bonheur de voir cette merveille ? Le fait qu’elle vienne d’un hybrideur pas encore connu, qui la commercialise lui-même, nous laisse bien peu d’espoir. Il faudra sans doute se contenter de la fort jolie photo ci-dessus !

Les choix de Perry Dyer ne peuvent pas laisser indifférent l’amateur d’iris. Mais ces choix concernent des variétés qu’il a pu voir dans sa région, le centre des USA. Ces mêmes variétés ne donneraient pas forcément les mêmes résultats en France.

23.1.09

ECHOS DU MONDE DES IRIS
Progrès ou tradition ? Suite du débat.

Un commentaire a été publié ici par un lecteur anonyme mais à l’évidence bien informé. Le voici : « Je pense qu’il faut faire la différence entre l’appréciation individuelle d’une plante et un jugement officiel, soit en situation de concours ou exhibition, avec des prix est des distinctions à la clé. Tandis que c’est effectivement la couleur d’une fleur qui nous attire le plus souvent au premier abord, une belle fleur---quelque soit son originalité---sur une plante faible n’a pas beaucoup d’intérêt comme « bonne plante de jardin ». En revanche, dans une situation de concours ou d’exhibition avec jugement officiel, la couleur de la fleur ne compte que pour 5 points sur 100, tandis que les critères de durabilité/qualités végétatives et celui du nombre de boutons/séquence de floraison compte pour 30 points (15 points chacun) ! Un bon juge est supposé regarder la plante qu’il évalue «en noir et blanc» et, s’il est honnête, il évitera de récompenser les plantes sans qualités végétatives*. Même si ces belles mais faibles nouveautés peuvent intéresser les hybrideurs pour leur éventuel potentiel génétique, à croiser avec des plantes de bonne qualité végétative, bien sûr, ils ne méritent pour autant pas tous des récompenses et distinctions en concours ! Pour les gens qui habitent une région avec un climat doux et qui ont le temps pour les bichonner et chouchouter, l’achat de ces plantes fragiles se défend, mais pour ceux qui habitent n’importe quel région avec un vrai hiver, c’est prendre le risque de les perdre après une ou deux saisons.
*Référence : Handbook for Judges and Show Officials 1998 Ed American Iris Society - ISBN # 1-892400-00-6. Cet ouvrage est la référence de tous les juges officiels, reconnus par l’AIS pour les compétitions internationales. »

Ce commentaire rebondit sur la conclusion de l’article ainsi rédigée : « Dans ces conditions, placer Schreiner au pinacle me semble aussi excessif que rejeter Ghio. Cela dit, il faudrait bien, tout de même que chacun redresse le tir. Les progressistes devraient bien songer à rendre leurs nouvelles variétés plus robustes, et les classicistes auraient intérêt à sélectionner des semis plus innovants. C’est à ces conditions qu’on réconciliera les anciens et les modernes, et que les amateurs retrouveront leur compte. »

Les juges américains auraient-ils perdu de vue les recommandations du petit livre édité à leur attention ? Toujours est-il qu’aujourd’hui les variétés Schreiner, belles fleurs et plantes splendides, n’ont plus la cote, et que les variétés primées semblent être celles qui présentent beaucoup plus d’originalité. Cependant il faut noter, par exemple, que ‘Starring’ (Ghio 99), iris moderne mais sûrement fragile, s’est fait souffler en 2008 la Médaille de Dykes par une variété bien traditionnelle dans son apparence… Les bons principes ne sont donc pas oubliés. C’est rassurant pour le maintien de la valeur des plus hautes récompenses.










SCHREINER 2009

La collection Schreiner 2009 est maintenant présente sur le site de ce major du commerce des iris. Avec 15 variétés nouvelles, elle reste dans la droite ligne de la politique de choix de l’entreprise Schreiner. Le changement, si l’on peut dire, est dans les trois grandes familles de couleurs qui ne sont pas représentées : le blanc, le violet pur et le modèle variégata.

Telle qu’elle est, cette collection, une nouvelle fois, me paraît ultra traditionnelle, puisque aucun coloris ou mélange de coloris récemment apparus n’y figure : pas plus de « space age » que de « broken color » ; pas plus de « luminata » que de « dislatata ». Il ne faut pas effrayer le client !

Revue des nouveautés :

Le jaune 2009 s’appelle ‘Miss Moonbeam’ (les anglo-saxons voient la lune en jaune…). C’est un jaune très clair, barbe y compris, on ne peut plus classique d’aspect.

L’orange, c’est ‘Tumalo Sunset’, plutôt ambré, qui évoque, paraît-il, un coucher de soleil d’automne au-dessus des gorges de Tumalo, en Oregon…

Le rose est tardif, très vif, proche de son parent ‘Wild Irish Rose’ (Schreiner 2003), et se nomme ‘June Krausse’, du nom d’une amie de la famille Schreiner récemment décédée.

Dans les tons de mauve il y a ‘Enchanted Memory’, aux pétales centrés d’un blanc immaculé, avec de grosses fleurs frisées, très jolies.

Pas de violet mais un majestueux pourpre nommé ‘Standing Proud’, descendant de Emperor's Delight X Brazilian Holiday.

Bleu clair est la couleur de ‘Winter Waltz’, un bleu glacier, encore rafraîchi par des barbes bleu vif.

L’amoena de service est ‘Captain’s Choice’, très contrasté, il est un descendant de Midnight Majesty X Can't Touch This ; il est accompagné d’un second semi-amoena jaune, qui a été baptisé ‘Salzburg Echo’ parce qu’il évoquerait l’idée d’un concerto de Mozart ! Pourquoi pas ? En tout cas il a l’originalité de limiter le blanc pur à l’extrémité supérieure des pétales dont le reste est un dégradé du jaune vif des sépales.

Le modèle plicata se décline en deux versions : une, traditionnelle, en pourpre clair sur blanc, ‘Got the Melody’, le second, bien plus intéressant, s’appelle ‘Blueberry Parfait’, et se présente comme un iris du modèle Emma Cook, à ceci près que le bleu violacé des sépales est limité à une étroite bande cernée d’un liseré extérieur blanc crémeux.

Deux bleus moyens : un bitone aux sépales violacés issu de ‘World Premier’ (Schreiner 98) et un bleu absolument pur qui descend de ‘Above the Clouds’ (Schreiner 2001). Le premier s’appelle ‘Evening Tidings’ (la marée du soir) et l’autre ‘All about Blue’ (tout sur le bleu).

Le brun-rouge de ‘Rio Rojo’ provient de ‘Purple Serenade’ (Schreiner 2005) et se montre en rouge vineux orné de barbes violettes à leur extrémité, bien ondulé pour son coloris.

Il reste à présenter le bicolore, pèche/violet, ‘Jazz Solo’, et le noir ‘Dracula’s Kiss’ dont le nom est une allusion au rouge minium de la barbe (qui provient de son père ‘Local Color’ – Keppel 93 -) sensée évoquer la trace sanglante d’un baiser de vampire…

Les amateurs d’iris classiques ne seront pas déçus. Toutes ces variétés sont garanties impeccables, avec des plantes saines, qui poussent bien, qui portent de nombreux boutons. Mais ceux qui aimeraient aussi que ces qualités se retrouvent dans des coloris ou associations modernes devront encore attendre.















VISIONS CONTEMPORAINES II

Le juge et obtenteur américain Perry Dyer publie chaque année, en principe dans le bulletin de l’AIS mais cette année sous la forme d’une simple lettre adressée à ses amis, sa propre vision des meilleurs iris qu’il ait vu et jugé au cours de l’année écoulée. Ses « Contemporary Views » donnent donc un autre éclairage sur la production d’iris dans le pays où cette fleur est particulièrement recherchée.

Cette semaine on parle des iris bicolores.

PLICATAS :
Perry Dyer donne la palme à ‘County of Kent’ (Baumunk 2005), parfait à tous points de vue, au moins en ce qui concerne la fleur, devant ‘Double Stitch’ (Sutton G. 2005), ‘Renewal’ (Sutton G. 2004), ‘Oreo’ (Keppel 2004), très contrasté, et ‘Shane Allen’ (Hahn 2006) qualifié de « déjà vu », mais retenu pour les qualités de la plante.

AMOENAS, BITONES et NEGLECTAS :
Sept variétés ont été retenues :
‘By Design’ (Kerr 2005), amoena pourpre à barbes orange ;
‘Creative Vision’ (Kerr 2005), dans les mêmes tons mais en plus intense ;
‘Vigilant’ (Ghio 2006), également très contrasté mais plus bleuté aux pétales ;
‘Midnight Romance’ (Van Hook 2005), proche de son parent ‘Romantic Evening’;
‘Dramatic Style’ (Black 2005), bleu glacier sur marine sombre ;
‘Fit for a King’ (Schreiner 2006), noble neglecta lavande et violet ;
‘Skyland Ranch’ (Richardson 2006), très grosses fleurs bleu pastel dans le style de l’ancien ‘Dover Beach’ (Nearpass).

BICOLORES et VARIEGATAS :
Le quatuor de tête est composé de :
‘Florentine Silk’ (Keppel 2005), un iris déjà très apprécié, comme à Florence en 2008 ;
‘On the Town’ (Markham 2007), très agréable variegata ;
‘Kathy Chilton’ (Kerr 2006), autre variegata, aux fleurs parfaites ;
‘Awsome Aletha’ (Scarborough 2007), encore un variegata, mais orné d’un liseré clair sur des sépales bordeaux.

MODÈLE ‘EMMA COOK’ :
C’est à dire avec des pétales très clairs et des sépales identiques, mais légèrement bordés d’un dégradé de bleu. Sont cités :
‘American Master’ (Kerr 2006), un peu crémeux pour le fond, mais très élégant ;
‘Clothed in Glory’ (Kerr 2005), différent puisque les pétales sont jaunes et les sépales bordés de rose indien ;
‘Designer’s Art’ (Kerr 2005), délicieuse association de jaune pâle et de bleu lavande, pour une plante un peu capricieuse ;
‘Opal Withers’ (Van Hook 2005), dans la tradition du modèle.

COULEURS BRISÉES :
‘Liger’ (Spoon 2005), dans la lignée de son parent ‘Autumn Years’ ;
‘Oasis Twin’ (Chadwick 2006), pourpre barbouillé de blanc ;
et ‘Quail Ale’ (Kasperek 2006), cette fois en jaune éclaboussé de blanc.

La semaine prochaine nous aborderons les autres variétés remarquées par Perry Dyer et les « prix » qu’il a décerné. Pour cette fois, on peut encore observer que les choix de notre auteur se portent souvent vers des obtenteurs jeunes pour la plupart et encore (et peut-être toujours) ignorés en Europe.

16.1.09


ECHOS DU MONDE DES IRIS

D’après une source digne de foi, l’hybrideur américain Keith Chadwick, créateur de la série de fleurs dont le nom commence par « Oasis », est récemment décédé. Cet obtenteur n’aura fait qu’une courte incursion dans le métier d’hybrideur puisque ses premiers enregistrements ne remontent qu’à la fin des années 90. Un peu en marge du système, ses obtentions n’ont pas beaucoup attiré l’attention de juges puisque une seule variété a été primée… Il avait pourtant abordé les thèmes les plus à la mode comme les iris « rostrata » et « maculosa » avec une certaine réussite.






POUR PROLONGER LE PLAISIR

avec les spurias

C’est Réjean D. Millette, l’amateur d’iris canadien, auteur de « Les Iris » (Editions de l’Homme, Québec, 2007), qui le dit : « Si vous cultivez des iris barbus avec succès, vous pouvez cultiver des iris spurias, qui ne sont pas aussi difficiles que certaines autres espèces non barbues. » En plus, ces spurias ont la bonne idée de fleurir aussitôt après les grands iris, de sorte qu’ils assurent ainsi une prolongation du plaisir.

Ils ne sont pas très connus, sans doute parce que leur développement ne date que des années 50, ce qui n’est rien à côté des grands iris qui, eux, sont cultivés depuis 150 ans. Pourtant c’est le célèbre botaniste anglais Michaël Foster (1836/1907) qui, vers 1870, fut le premier à s’intéresser aux spurias. En croisant I. orientalis et I. crocea, il obtint un hybride qu’il baptisa ‘Shelford Giant’ qui, outre sa haute taille, avait la couleur blanc crémeux à signal doré de I. orientalis, une espèce originaire de Turquie mais qu’on rencontre aussi dans les îles de la mer Egée, Lesbos ou Samos. Mais laissons la parole à Clarence E. Mahan à propos du travail de Sir Michaël Foster : « Le plus célèbre spuria obtenu par Foster est un cultivar en deux tons de bleu qu’il nomma ‘Monspur’. Ce nom est dérivé de deux espèces dont Foster pensait qu’elles étaient ses parents : Iris monnieri et Iris spuria. » En fait ‘Monspur’ ne proviendrait pas de l’espèce connue de nos jours sous le nom de spuria, mais plutôt d’une sous-espèce, soit halophila soit musulmanica. C’est du moins ce que laisserait à penser l’analyse chromosomique des plants de ‘Monspur’ dont on dispose, mais on n’est pas sûr qu’il s’agisse du vrai cultivar obtenu par Sir Michaël. En tout cas le nom de ‘Monspur’ est pratiquement devenu synonyme de spuria ! En compagnie du blanc crémeux ‘Shelford Giant’ il est à la base des spurias modernes.

Celui qui parle le mieux du développement des iris spurias est Geoffrey Stebbings dans son livre «The Gardener’s Guide to Growing Irises » (David and Charles, 1997). « … le vrai travail d’hybridation des spurias a commencé en Californie dans les années 40. C’est là que Eric Nies utilisa ‘Monspur’ pour créer une série d’iris qui eurent tellement d’importance qu’on a donné le nom de « Eric Nies Award » à la récompense annuelle suprême pour les spurias. Quand il mourut, Marion Walker récupéra son stock et introduisit plusieurs de ses derniers semis, qui restent parmi les meilleurs aujourd’hui et comprennent le bleu-violet populaire ‘Ruth Nies Cabeen’ (40) et ‘Sunlit Sea’ (56), un bleu moyen avec un signal jaune profond sur les sépales. »

Depuis ces temps héroïques, les spurias ont évolué. Les fleurs ont pris de l’ampleur, l’apparence « araignée » des premières a fait place à quelque chose de plus volumineux, aux pétales comme aux sépales, et l’on a vu apparaître quelques ondulations. Le choix des couleurs s’est aussi agrandi : au blanc centré de jaune des débuts s’est ajouté le blanc pur, le mauve, le jaune parfait et le brun, souvent associé au jaune pour une sorte de plicata.

Au temps d’Eric Nies, Carl Milliken a enregistré ‘White Heron’ (48 –E.Nies 58) et surtout le jaune ‘Wadi Zem-Zem’ (53 –E.Nies 56) qui a l’avantage d’être résistant aux attaques de virus, ce qui est important chez des iris qui avant lui étaient très sensibles à ces infections.

C’est à partir des variétés signalées ci-dessus, et de quelques autres de moindre importance, que s’est développée l’hybridation des iris spurias. Après Eric Nies, Carl Milliken et Marion Walker, le flambeau a été repris par Walker Ferguson puis Ben Hager qui a dominé le monde des spurias pendant de nombreuses années avant que Dave Niswonger ne vienne rafler toutes les récompenses (entre 1999 et 2008 il a remporté huit Nies Award, ne laissant la place qu’en 2000 à Ben Hager et en 2008 à Charles Jenkins). Aujourd’hui les grands spurias à 2n=40 chromosomes, du haut de leur 1.00 m. ou 1.20 dominent nos fins de saison dans un choix de plus en plus complet de couleurs puisque même l’orange fait partie de la panoplie. Ils n’ont jamais été adulés comme le sont les grands iris, mais ils tiennent une place qui s’affirme d’année en année.

LISTE DES ERIC NIES AWARDS 1999/2008.

1999 = ‘Sultan’s Sash’ (Niswonger 90)
2000 = ‘Ila Remembered’ (Hager 92)
2001 = ‘Missouri Springs’ (Niswonger 94)
2002 = ‘Sunrise in Missouri’ (Niswonger 95)
2003 = ‘Missouri Sunset’ (Niswonger 95)
2004 = ‘Missouri Rainbows’ (Niswonger 97)
2005 = ‘Missouri Iron Ore’ (Niswonger 97)
2006 = ‘Adriatic Blue’ (Niswonger 96)
2007 = ‘Missouri Orange’ (Niswonger 98)
2008 = ‘Elfin Sunshine’ (Jenkins 98)
SPURIAS « ALLA FRANCESE »

Les amateurs français d’iris ont eu le privilège de disposer, pendant quelques années, des iris spurias obtenus par Pierre Anfosso. De 88 à 93, notre hybrideur provençal a réalisé quelques croisements de spurias et enregistré une quinzaine de variétés, toutes fort belles. La première a été ‘Mezcal’ (88), lavande et brun doré, puis vint, en 89, un paquet de sept, dont le superbe ‘Don Giovanni’, bleu pourpré. Quatre autres sont apparus en 90, et parmi eux, ‘Calife’, en pourpre et or, et ‘Louqsor’, blanc aux sépales largement centrés de jaune d’or. Il y eut encore ‘Touareg’ en 92, puis ‘Sahara Sud’ en 93, et la série s’est arrêtée là, aussi brusquement qu’elle avait commencé. D’ailleurs, à partir de 95, les catalogues « Iris en Provence » n’ont plus proposé de spurias…

Verrons-nous un jour de nouveaux spurias « alla francese » ? Espérons-le !






VISIONS CONTEMPORAINES

Le juge et obtenteur américain Perry Dyer publie chaque année, en principe dans le bulletin de l’AIS mais cette année sous la forme d’une simple lettre adressée à ses amis, sa propre vision des meilleurs iris qu’il ait vus et jugés au cours de l’année écoulée. Ses « Contemporary Views » donnent donc un autre éclairage sur la production d’iris dans le pays où cette fleur est particulièrement recherchée. A partir de cette semaine, et pour quelques temps, je donnerai ici un extrait illustré de ses appréciations pour 2007 et 2008.

Voici la première livraison de ces analyses. A commencer par les différentes couleurs.

ROUGES et BRUNS-ROUGES :
Ses favoris sont ‘House Affire’ (Ghio 2003), puis ‘Red Skies’ (Ghio 2007) ; ‘Fortunate Son’ (Schreiner 2006) retient aussi son attention, essentiellement pour les barbes d’un bleu profond, tranchant sur une fleur grenat. Autre choix : ‘Wise Wish’ (Spoon 2003) pour son coloris entre bordeaux et acajou, nettement plus sombre aux sépales, et ses barbes mandarine.

ORANGE et ABRICOT :
‘Pretty Bubbles’ (Ghio 2005), un doux pastel de pèche et d’abricot, puis ‘Santa was Here’ (Niswonger 2005), abricot très clair mais assombri aux épaules, enfin ‘Sun Cirque’ (Cadd 2004), mélange difficile à décrire de rose et d’orange, liseré d’or, constituent son choix.

BRUNS :
Bien que cet iris se présente souvent comme une plante délicate et pauvre en boutons, Dyer retient ‘Adobe Campfire’ (Nichols 2002) pour son brun exceptionnel et sa texture veloutée. Il ajoute ‘Bamboo Shadows’ (Keppel 2006), dans les tons de brun noisette lavé de rose orchidée, rehaussé de barbes vieil or, et ‘Valentino’ (Painter 2008), autre brun noisette impressionnant, qui tient bien même sous les averses.

ROSES :
Ici Dyer parle de quatre variétés, dont deux d’un obtenteur inconnu en France, Jack Worel, du Minnesota, dont il retient ‘Robin’s Tea’ (2003) et ‘Trouble’ (2006), en compagnie de ‘Augustine’ (Schick 2005) et ‘Birthday Girl’ (Keppel 2005) ; Le premier rappelle ‘Sophistication’ (Hamblen), le second est rose médium, un peu fumé, le troisième un rose corail richement coloré et une plante parfaite, enfin le dernier, lui aussi rose corail, tend un peu vers le rose pèche, avec des barbes épaisses et presque rouges.

LAVANDE ET MAUVE :
Plusieurs grands iris dont ‘Adoregon’ (Keppel 2004), de la famille de ‘Fogbound’, ‘Endearing Charm’ (Painter 2003), présent à Jouy en Josas pour FRANCIRIS 2007, et ‘Secondhand Rose’ (Spoon 2004), retenu pour son ton vieux rose avec de belles barbes orange.

VIOLETS et NOIRS :
‘Shadows of Night’ (Tasco 2006) : plante superbe et coloris violet profond ; ‘Voltaire’s Cloak’ (Nicodemus 2005), le meilleur d’une série de très beaux noirs descendants de ‘Hello Darkness’ ; ‘Yosemite Nights’ (Sutton G. 2004), très noir, et très riche en fleurs. Ce sont les favoris dans ces couleurs froides mais luxueuses.

BLEUS :
La palme est donnée à ‘Absolute Treasure’ (Tasco 2006) devant ‘Joyfulness’ (Willott 2006) et ‘’’Raging Tide’ (Keppel 2007). Keppel triomphe encore une fois !

BLANCS et CREME :
Six variétés retenue : ‘Angel my Love’ (Hahn 2006) –un obtenteur inconnu chez nous, que Perry Dyer apprécie vivement - bien blanc et joliment branchu, ‘Christmas Ice’ (Schick 2004) retenu pour sa pureté et sa barbe orange, ‘Irish Cream’ (Sutton G. 2005) plus bitone que franchement crème, ‘Moonlit Crystal’ (Willott 2006) d’une pureté absolue, ‘Peace Prayer’ (Johnson 2005) marqué de jaune beurre à la gorge, et ‘Satin Charm’ (Parkhill 2003) très gracieux et bien branchu.

JAUNES :
Le choix s’est porté sur ‘Elegant Dancer’ (Valenzuela 2007), ‘Material Girl’ (Johnson 2005) et ‘’’Sierra Downtown’ (Scott 2003) ce dernier dans la tradition de ‘Joyce Terry’.

Restons-en là pour aujourd’hui : les bicolores feront l’objet de l’inventaire de la semaine prochaine. Notons au passage la présence de nombreux nouveaux hybrideurs. Cela laisse à penser que la relève en ce domaine est avantageusement assurée.

10.1.09











LA FAMILLE FOGBOUND

En 2003, une chronique est apparue ici, intitulée « L’effet Fogbound ». Cinq ans après, il m’a paru intéressant de suivre ce qu’a été jusqu’à présent cet effet « Fogbound ». La chronique se concluait conne ceci : « Avec ‘Fogbound’ le monde des iris a acquis un puissant moteur non seulement vers le parfait amoena inversé, mais encore vers des mélanges de couleurs inédits. Ce n’est pas tous les ans que l’on découvre un tel phénomène. L’effet ‘Fogbound’ ne fait sans doute que commencer. » Cette prédiction s’est-elle concrétisée ?

‘Fogbound’ (Keppel 97) est décrit comme ayant des pétales bleutés, bleu glycine au cœur, des sépales blancs à peine rosés à la base, des barbes rose orangé à l’extrémité blanche. Il tient de sa « mère », ‘Wishful Thinking’ (Keppel 96), un délicieux parfum. Pour son obtenteur, ce ‘Fogbound’ a été une étape primordiale dans sa recherche, tant d’amoenas bleus inversés que d’autres associations de couleurs, et dès son apparition il l’a utilisé dans plusieurs croisements, essentiellement comme parent mâle. Les résultats ont été tout à fait à la hauteur de l’attente. ‘Alpenview’ (2002), ‘Bel Esprit’ (2002), ’Crystal Gazer’ (2002) ont été les premiers, ‘Friendly Fire’ (2003) ‘Venetian Glass’ (2003), ’Paris Fashion (2003) ont suivi. Puis, en 2004, ce fut ‘Adoregon’, en 2005 ‘Dance Recital’ et ‘Royal Sterling’, et en 2006 ‘Dearie’. Mais Keppel n’a pas été le seul à profiter des aptitudes de son cultivar. Bien d’autre obtenteurs lui ont emboîté le pas.

Ce sont d’abord les « compères » de Keith Keppel : Joë Ghio et Barry Blyth. Du premier je compte au moins cinq variétés : ‘Bewitchment’ (2003), ‘For the Soul’ (2003), ‘Treasured’ (2003), ‘Drifting Bubbles’ (2004) et ‘Resonance’ (2005). Je n’énumèrerai pas les 14 variétés sélectionnées par Blyth, cela va de ‘Sweet Geisha ‘ (2004) à ‘Ginger Ice’ (2007). Paul Black, voisin et ami de Keith Keppel n’est pas en reste, au moins six de ses iris récents, tous amoenas inversés, sont des descendants directs de ‘Fogbound’. J’ai également compté huit variétés issues de ‘Fogbound’ chez l’associé de Black, Thomas Johnson. Enfin, toujours généreux, Keppel a donné les graines d’un croisement (Lotus Land X Fogbound) à son amie néo-zélandaise Allison Nicoll qui en a tiré quatre jolies choses.

C’est le moment de faire le tour des croisements les plus utilisés dans l’utilisation de ‘Fogbound’. Avec huit variétés enregistrées, les unions (Fogbound X Starring) et (Décadence X (Fogbound X Starring)) sont celles qui ont été les plus productives ; elles proviennent de chez Blyth qui est un spécialiste des sélections multiples à partir d’un croisement. Elles peuvent être classées en deux groupes : les amoenas pourpres, très ondulés, et les « iris à rayures » dont le meilleur exemple pourrait être ‘Truly Wicked’ (2006). Une autre association très prolifique a été (Lotus Land X Fogbound), réalisée par Keppel et exploitée par lui et Allison Nicoll ; les plus représentatifs pourraient être ‘Crystal Gazer’ et ‘Venetian Glass’. Heaven (Ghio 97) a été utilisé, en compagnie d’autres, par Joë Ghio, et en solo par Tom Johnson. On peut dire sans se tromper que son ‘Simply Sensational’ (2007) mérite tout à fait son nom. Enfin, croisé avec ‘Fallen Angel’ (Joyce Meek 95), ‘Fogbound’ a donné chez Ghio ‘Resonance’ (2006) (dans un « alliage » aussi compliqué que réussi) et chez Johnson trois grands iris qui se nomment ‘Belgian Princess’ (2005), ‘Imagery’ (2006) et ‘Modern Woman’ (2005). Ceux qui précèdent sont les croisements les plus fréquents, mais on en trouve quelques autres dont ceux où intervient l’étrange ‘Island Dancer’, comme le déjà célèbre ‘Bel Esprit’ (Keppel 2002).

Où en est aujourd’hui la descendance de ‘Fogbound’ ? Elle s’allonge, évidemment, en passant aux générations suivantes. ‘Broome Sunset’ (Blyth 2007) descend de ‘Bel Esprit’ et lui ressemble beaucoup, ‘Rite of Passage’ (Ghio 2006) et deux autres sont issus de ‘Bewitchment’, ‘La Scala’ (Keppel 2007) vient de ‘Paris Fashion’, deux petits nouveaux ont, chez Blyth, pour parent ‘Platinum Class’ (2006), et bien d’autres sont nés ou à naître car on est loin d’avoir fait le tour des possibilités.

Parmi ces nombreuses et intéressantes variétés on trouve toutes sortes de mélanges : des amoenas inversés, bien entendu, héritiers en général des barbes roses de leur géniteur, mais plein d’autres coloris où l’effet ‘Fogbound’ consiste soit en une coloration des pétales plus sombres que celle des sépales, soit une teinture rose ou mandarine des barbes là où cet aspect n’aurait pas été obtenu par d’autres croisements. Mais évidemment, au gré des hybridations, d’autres coloris sont apparus et ont été exploités.

La famille de ‘Fogbound’ n’en est encore qu’à ses débuts. Mais dès maintenant on peut affirmer qu’elle sera une des plus importantes de toutes celles que l’on connaît. ‘Fogbound’ fait partie des plantes à placer au Panthéon des iris, et si un jour on voulait dresser la liste des variétés indispensables et inoubliables, il y aurait toute sa place.

2.1.09

C’est fête !

Et puisque c’est fête, il y aura deux articles en ce 2 janvier 2009. Bonne Année à tous.



L’AFFAIRE DU PETIT JOUFFLU

Le dernier vainqueur de la Dykes Medal, ‘Starwoman’ (Marky Smith 97) est issu d’un iris nain standard, ‘Chubby Cheeks’ (P. Black 84). Ce ‘Chubby Cheeks’ est une sorte de plicata, dans les tons de bleu grisé, nuancé de chartreuse aux épaules. Esthétiquement, ce n’est pas un chef d’œuvre, mais c’est une variété au fort potentiel génétique, et qui a été abondamment utilisée par les obtenteurs de SDB et d’IB. L’une de ses aptitudes est d’engendrer des iris intermédiaires fertiles. Or chacun sait que les Intermédiaires, du fait de leur nombre impair de chromosomes, sont en principe stériles. C’est un peu comme ce qui s’est produit au moment de la « révolution tétraploïde » des grands iris : par un heureux concours de circonstances, ce qui n’aurait du donner que des hybrides triploïdes stériles a muté et abouti à des hybrides tétraploïdes, fertiles. ‘Chubby Cheeks’ fait partie des variétés à l’origine des ce phénomène, et il mérite bien, à ce titre, une petite chronique dans « Irisenligne ».

Un peu de généalogie : ‘Chubby Cheeks’ (joufflu, en anglais) a pour pedigree (Concord Touch x Daisy) X Soft Air. La parenthèse réunit deux variétés des années 70 : ‘Concord Touch’ (Willott 74), et ‘Daisy’ (C. Palmer 76), deux SDB traditionnels dont le premier est un plicata violet/blanc, et le second un unicolore blanc marqué de jaune aux épaules. ‘Soft Air’ (Warburton 72) est blanc crémeux avec du jaune aux épaules lui aussi. Attardons-nous un peu sur ‘Daisy’ qui a la particularité d’avoir beaucoup de variétés importantes parmi ses ancêtres. Les grands iris ‘Cloud Castle’, ‘Blue Sapphire’ et Pierre Menard’ d’une part, le nain ‘Sulina’ d’autre part. Ce ‘Sulina’ a été obtenu par Robert Schreiner à la fin des années 30, à partir de graines d’I. pumila importées d’Europe de l’Est, et est à l’origine des plus beaux iris nains dont le célèbre ‘April Morn’ (Welch 52). Quant à ‘Soft Air’, il résulte d’un croisement entre grands iris et iris nains où figure l’inévitable ‘Snow Flurry’, garantie d’une plante de qualité. Enfin ‘Concord Touch’ provient du croisement de deux plicatas SDB.

On est bien en face d’un SDB à forte ascendance TB, et, par conséquent, chez qui la possibilité de voir apparaître des rejetons tétraploïdes est des plus probables. Cela étant, ‘Chubby Cheeks’ a été largement utilisé par ceux qui espéraient non seulement améliorer les SDB traditionnels, mais aussi obtenir des IB fertiles. Pour rester dans la cour des hybrideurs français, dans cette dernière catégorie se situe Loïc Tasquier et son croisement Az Ap X Chubby Cheeks ; dans la première on trouve Lawrence Ransom qui a entrepris une recherche importante des vertus de ‘Chubby Cheeks’ et obtenu quelques-unes de ces originales créations : ‘Mafflu’ (2004) qui vient de (Pigeon x Trescols) X Chubby Cheeks ; les frères de semis de 2006 ‘Tchatche’ et ‘Farniente’ (de Chubby Cheeks X Rockstar) ; ‘Gouzi-Gouzi’ (2007), de Chubby Cheeks X Rosie Lulu. Enfin n’omettons pas l’étrange Arilbred ‘Bakhshish’ (2006) qui est de Tadzhiki Bandit X Chubby Cheeks.










MOISSON 2008

Les résultats des différents concours et critériums de 2008 sont maintenant connus. Il est donc possible d’en présenter un tableau.

1) Etats-Unis
DYKES MEDAL US :
· ‘Starwoman’ (M. Smith 97) – le premier IB à remporter la plus haute récompense ;
· ‘Golden Panther’ (Tasco 2000) – President’s Cup 2004.
· ‘Starring’ (Ghio 99) – le favori, qui a été coiffé sur le poteau par un outsider !

WISTER MEDAL (meilleur TB) :
‘Millenium Falcon’ (Kasperek 98) – premier BC à atteindre cette récompense ;
‘Hollywood Night’ (Duncan 2000) – un des plus beaux iris de la décennie;
‘Heartstring Strummer’ (Ben Johnson 97)- très apprécié aux USA.

KNOWLTON MEDAL (BB)
‘Teapot Tempest’ (L. Markham 98) – avec Marky Smith, Lynn Markham fait partie des obtenteurs d’iris moyens les plus prometteurs.

SASS MEDAL (IB)
‘Ming’ (M. Smith 97)

COOK-DOUGLAS MEDAL (SDB)
‘Cat’s Eye’ (P. Black 2002) – déjà titulaire de la Walther Cup 2004.

WALTHER CUP (meilleur espoir)
‘Bluebeard’s Ghost’ (P. Black 2006) – nouveau success pour un “petit” iris de Black.

PRESIDENT’S CUP (meilleure variété originaire de la Région organisatrice de la Convention)
‘Jean Queen’ (Burseen 2004)
FRANKLIN COOK MEDAL (meilleure variété obtenue hors de la Région organisatrice de la Convention)
‘Gypsy Lord’ (Keppel 2005) – un „tricolore“, rival des obtentions Cayeux dans ce modèle.
HAGER CUP (meilleure variété parmi les catégories d’iris barbus autres que TB)
BB ‘Crow’s Feet’ (P. Black 2006)

SYMPOSIUM (concours de popularité) – six premières variétés classées –
‘Dusky Challenger’ (Schreiner 86 – DM 92) – 1er depuis 1993 !!
‘Conjuration’ (Byers 89 – DM 98)
‘Jesse's Song’ (Williamson 83 – DM 90)
‘Stairway to Haven’ (Lauer 93 –DM 2000)
‘Queen's Circle’ (Kerr 99 – DM 2007)
‘Silverado’ (Schreiner 87 – DM 94)

2) France
CRITERIUM DE L’IRIS (ORLÉANS)
Impossible d’obtenir les résultats de ce sondage. Les animateurs de La Source s’y intéressent-ils encore ?

3) Italie

PREMIO FIRENZE
· Florin d’or = ‘Morning Sunrise’ (T. Johnson 2005) – triomphe pour Tom Jophnson, avec celui-ci, et le suivant :
· ‘Power Point’ (T. Johnson 2005)
· ‘Designer’s Art’ (Kerr 2004)

4) Grande Bretagne

BRITISH DYKES MEDAL
SIB ‘Peter Hewitt’ (J. Hewitt 2003) – il n’y a plus de grands iris remarquables en Grande Bretagne, pour l’instant.

5) Allemagne

IRIS-BEWERTUNG MÜNCHEN
Compétition Nationale
· ‘Orlaperle’ (Landgraf 2005)
Compétition Internationale
‘Deep Blue Waves’ (Seidl 2006)

6) Europe Centrale
Compétitions Nationales
‘AM 02-0990 2’ (Mego NR) – encore un succès pour Anton Mego, le meilleur hybrideur d’Europe Centrale.
Compétition Internationale
· ‘Princess Bride’ (G.Sutton 99)

7) Russie

Compétition Internationale de Moscou
‘Fall Fashion’ (T. Johnson 2007) – Johnson, décidément, est un maître des concours.

Compétition Nationale
‘Akvarel’ (Gavrilin 2005)