26.7.03

L’ENIGME DE LA SEMAINE

QUALITÉS

Dans l’énumération ci-dessous il y a une anomalie. Quelle variété ne réunit pas les mêmes critères que les autres ?

· ALTRUIST
· FEMINIST
· FINALIST
· LOYALIST
· ROYALIST


RÉPONSE À L’ÉNIGME DE LA SEMAINE DERNIÈRE

PEACH SPOT (George Shoop 73). Les quatre autres sont bonnes à manger… ou à boire.

GRANDES ONDES

Tout le monde des iris, et « The World of Irises » en tête, admet que les ondulations qui donnent tant de charme aux iris modernes proviennent du fameux SNOW FLURRY (Rees 39). Celui-ci aurait transmis à ses descendants cette caractéristique qui avait fait l’effet d’une révolution dans les années 40. Il est vrai que les iris d’aujourd’hui sont pour la plupart animés de grandes ondes qui soulèvent plus ou moins les bords des sépales et des pétales. Il est non moins vrai que ces mêmes iris ont dans leur ascendance une ou plusieurs fois (plusieurs est même le cas le plus général) ce sensationnel SNOW FLURRY.

Pour m’en assurer, j’ai pris, ici et là, quelques iris français de ces dernières années, et j’ai remonté leur pedigree jusqu’aux années 40. Il n’y a pas de doute, SNOW FLURRY est partout ! Prenez, pour commencer TITANIUM (Ransom 2000), ce blanc poudré de mandarine sous les barbes, il a pour parents immédiats TIDE’S IN X(SOAP OPERA X OPERA BOUFFE), ce dernier vient de SPIRIT OF MEMPHIS, qui descend de GRAND BAROQUE, lequel est issu de HENRY SHAW, qui vient de CLIFFS OF DOVER, lequel vient de NEW SNOW, enfant de SNOW FLURRY. Même programme, ou presque pour THALASSO (Ransom 2000), qui a également pour père (SOAP OPERA X OPERA BOUFFE). CUMULUS (Cayeux 2000) remonte à SNOW FLURRY par plusieurs voies. Il est issu de SILVERADO, STARINA, SKYWATCH, HENRY SHAW et on vient de voir la suite.

Voyons si dans une autre couleur le même phénomène apparaît. Prenez STARLETTE ROSE (Cayeux 96). Il provient de PLAYGIRL, qui descend de PINK SLEIGH, qui vient de PINK TAFFETA, ARCTIC FLAME, NEW SNOW et… SNOW FLURRY. FLUTE ENCHANTEE (Anfosso 91) est enfant de BEVERLY SILLS, qui est de VANITY, qui est de PINK TAFFETA et, par là, de SNOW FLURRY ! C’est tout pareil avec des bleus. J’ai pris REVOLUTION (Anfosso 89). Via ACTRESS et FOND WISH, il remonte à RIPPLING WATERS (une merveille d’ondulations) et de là à SNOW FLURRY, mais oui ! Son concurrent dans le genre tricolore, VIVE LA FRANCE (Cayeux 91) se décline en CONDOTTIERE, FALBALA, CHRISTMAS TIME, ARCTIC FLAME… SNOW FLURRY ! Aucune surprise chez les « rouges ». Prenez ROUGISSANT (Cayeux 2002) , il est fils de PERSIAN GOWN, puis on remonte à SILVER SHOWER, CHAMPAGNE MUSIC, NEW SNOW et SNOW FLURRY ! Pas de surprise non plus chez les variegatas : FRISOUNETTE (Ségui 98) est de SPACE BLAZER puis de RIPPLING WATERS, et allons-y, SNOW FLURRY est au bout de la chaîne. L’un de mes préférés, SABLES D’ARGENT (Fédoroff 97), subtile association d’abricot et de bois de rose, est un double descendant de SNOW FLURRY, tant par SUMPTUOUS (mère) que par ENTOURAGE (père). Le premier vient de GLENDALE puis ARCTIC FLAME, le second de SAN LEANDRO et CHAMPAGNE MUSIC. On n’en sort pas. Ou presque pas. TRAPEL (Ségui 82), un bleu sombre qui pousse comme un fou, n’a pas l’air d’avoir du sang SNOW FLURRY, encore que l’on ne sache pas grand’ chose des origines de sa « mère » NAVY STRUT, prolifique géniteur.

Le bénéfice du doute doit-il s’appliquer à RINGO (Shoop 79), l’une des variétés aux ondulations les plus amples, et à ses descendants comme nos petits français ANNE-MARIE CHESNAIS (François 98) ou COLETTE THURILLET (Cayeux 89) ? RINGO remonte à LATI N LOVER, mais on n’a pas de grandes précisions sur l’origine de ce dernier, ni même sur celles de ses autres parents, alors…

Il y a même des iris presque sans ondulations qui ont pour lointain ancêtre ce SNOW FLURRY incontournable ? C’est le cas DAMOISELLE (Ransom 97), une variété assez « plate » ou « tailored » comme on dit aux Amériques, qui se rattache à SNOW FLURRY au moins par son ascendant VANITY. Comme quoi, toute règle à son exception. Mais dans ce cas l’exception peut fort bien provenir d’une autre souche. La généalogie des iris est souvent bien complexe.

En tout cas une chose est sûre : les ondulations, que je trouve si gracieuses, proviennent très certainement de SNOW FLURRY. Mais comment et pourquoi celui-là a-t-il soudain montré cet aspect ? Le mystère SNOW FLURRY reste entier.

20.7.03

DEUX, C’EST MIEUX !

Graeme Grosvenor, l’hybrideur australien de Dural (banlieue de Sydney), vient de voir une de ses créations – PAY THE PRICE - obtenir le Florin d’Or au concours de Florence 2003. Il entre par là dans la catégorie, pas tellement importante, des obtenteurs couronnés deux fois dans cette compétition. Son premier succès avait été pour HELEN DAWN, en 98. Le collège des obtenteurs ayant obtenu deux Florins d’Or se compose seulement de quatre autres grands noms : Paul Black, vainqueur en 92 avec SIGHS AND WHISPERS (89), et en 2002 avec DUDE RANCH (2000) ; Joë Ghio, en 76 pour DIALOGUE (73), et en 80 pour ENTOURAGE (77) ; Jim Gibson, en 65 grâce à LORNA LEE (66), puis en 78 grâce à SPACE BLAZER (76) ; enfin Bryce Williamson, une première fois en 77 pour CHAMBER MUSIC (73), et la seconde en 91 pour PRINCE CHARMING (88). Il n’y a que deux obtenteurs qui aient dépassé ces deux récompenses, Keith Keppel, qui a été honoré trois fois (71 – FOGGY DEW, 83 – WOODCRAFT, 90 – SKYBLAZE) et la firme Schreiner qui l’a emporté sept fois ! En 82 ce fut GOLD GALORE, en 84 TITAN’S GLORY, en 86 STARCREST, en 89 DUSKY CHALLENGER, en 96 CELEBRATION SONG, en 97 CHAMPAGNE WALTZ, et en 2000 DIABOLIQUE. Les autres vainqueurs ne comptent qu’une seule réussite. Il s’agit de :
· Fred DeForest en 57 pour REHOBETH (53) ;
· Tell Muhlestein en 58 pour SWAN BALLET (53), qui remporta le DM en 59 ;
· Luzon Crosby en 59 pour LA NEGRA FLOR (57) ;
· Chet Tompkins en 60 pour ALLAGLOW (58)
· Paul Cook en 61 pour WHOLE CLOTH (56) récompensé de la DM en 62 ;
· W. B. Schortman en 62 pour INDIGLOW (57) ;
· Phillip HUTCHISON (Grande Bretagne), premier vainqueur non Américain, en 63 pour DANCER’S VEIL (59), qui remporta aussi la BDM la même année ;
· Laura Burbridge en 64 pour MIDNIGHT WALTZ (59) ;
· Larry Gaulter en 67 pour CHRISTIE ANNE (63) ;
· David Lyon en 68 pour BEWITCHING (65) ;
· Cora May Pickard en 69 pour IRISH CHARMER (65) ;
· Maynard Knopf en 70 pour LAUNCHING PAD (67)
· M. Specht (Italie) en 73 pour ROSSO FIORENTINO, une variété jamais enregistrée ;
· Bernice Roe en 74 pour SUNSET SKY (69) ;
· Robert Mallory en 75 pour QUEEN OF FLORENCE (76) ;
· Ben Hager en 81 pour BEVERLY SILLS (79), l’illustrissime DM de 85 ;
· Le Tchèque Wojtek Smid en 85 pour LIBON – jamais enregistré ;
· Sterling Innerst en 87 pour MISSY YORKTOWNE (84) ;
· Monty Byers en 93 pour CONJURATION (89) qui obtint la DM en 98 ;
· Franklin Carr en 94 pour STEADFAST LOVE (94) ;
· Adolf Volfovitch-Moler (Ouzbekistan) en 95 pour IKAR (92) ;
· Valeria Romoli (Italie) en 99 pour SETTIMO CIELO (99) ;
· Robert Stetson en 2001 pour H.C. STETSON (87).

Une spécialité du Concours de Florence est de couronner souvent des obtenteurs peu ou pas connus, voire des amateurs talentueux et chanceux. Il est remarquable à ce propos de constater que des grands noms de l’iridophilie ne figurent pas au palmarès, soit qu’ils n’aient pas participé soit que leurs variétés n’aient pas été au mieux de leur forme au moment de la compétition. Car il ne s’agit pas d’une épreuve s’étalant sur une longue période d’appréciation, comme la Médaille de Dykes, mais d’un concours pour lequel il faut que la plante soit bien poussée et en fleurs une semaine donnée. Il y a un facteur de chance incontestable, qui peut faire le jeu des « petits ».

Graeme Grosvenor, lui, fait partie à la fois des hybrideurs ayant pignon sur rue et des compétiteurs chanceux. Dans son pays, il dépasse en récompenses officielles son confrère Barry Blyth. Il thésaurise actuellement quatre Australasian Dykes Medal (ADM) et deux autres récompenses australiennes, et son nom est aussi cité pour deux FO, comme on vient de voir, un Florin d’Argent et un quatrième prix de Florence. Voici les noms de ces lauréats :
· AZURE ANGEL (94), ISA 96 ;
· FIRST MOVEMENT (90), ADM 92 ;
· HILLS DISTRICT (95), ADM 97 ;
· NEW TUNE (93), JM 96 ;
· REAP THE REWARDS (2003), 4eme Florence 2003 ;
· RIBANDS (93), ADM 99 ;
· SIDNEY (98), Florin d’Argent 98 ;
· TEMPTONE (93), ADM 96.

Il n’est encore âgé que de 67 ans, ce qui laisse présager que l’avenir peut encore lui sourire. Les amateurs européens ne peuvent que regretter que ses obtentions soient encore aussi rares dans les catalogues de l’hémisphère nord, et, notamment, européens, car elles ont forcément leur place dans nos jardins.

12.7.03

L’ENIGME DE LA SEMAINE

UN GOUT DE PECHE

Parmi ces cinq variétés (de saison !), il y en a une qui ne devrait pas se trouver là. Laquelle ?

· PEACH BISQUE
· PEACH BRANDY
· PEACH JAM
· PEACH SCHNAPPS
· PEACH SPOT


RÉPONSE À L’ÉNIGME DE LA SEMAINE DERNIÈRE

· URSULA VAHL (Tamberg 78) n’est pas une variété anglaise mais allemande.

BORDELLO

Avec un nom pareil, il n’était pas facile de faire une carrière commerciale en France ! Pourtant cette variété a figuré pendant quelques années au catalogue de la Maison Anfosso. Elle en valait la peine, et ceux qui n’ont pas été rebutés par une dénomination difficile à assumer n’ont pas été fâchés de leur choix. Une personne de ma connaissance, qui m’a téléphoné récemment, se désolait même de l’avoir perdue et me demandait si je savais où elle pourrait se la procurer de nouveau. Répondre à cette amatrice n’était pas évident, et j’ai du donner ma langue au chat.

Pour ceux qui ne le sauraient pas, BORDELLO est un iris noir « par les rouges », enregistré en 1976 par Sanford Roberts, un obtenteur californien. Disons que c’est une variété venue tardivement sur le marché, dans la tradition de STUDY IN BLACK (Plough 67), qui ressortit de la même ligne de recherche : approfondir le noir en y incorporant du rouge (ou de l’orange).

Les recherches généalogiques concernant BORDELLO aboutissent très vite à l’âge d’or de l’iridophilie, les années 40/50. Il est le fruit du croisement de ADAMSBLACK (Craig 67) et de HELL’S FIRE (S. Roberts 76). L’un et l’autre sont des noirs « par les rouges ». Tous les deux sont des cousins proches, descendants de ADAM (Craig 62), un violet raisin, LOIS CRAIG (Craig 56), un rouge carminé à spot violet, et EDENITE (Plough 58), déjà un noir de rouge. Aux générations antérieures on retrouve, évidemment les mêmes parents et l’on arrive très vite à SABLE NIGHT (Cook 50), violet très sombre qui fit sensation à son époque et a obtenu la DM en 55, MOLTEN (Craig 50), brun rosé, SAVAGE, rouge bronze, ROCKET (A. Whiting), orange bronzé et CORDOVAN (Kleinsorge) brun roux, à l’origine de la plupart des bruns.

Pour arriver à BORDELLO, on est parti, donc, d’une base d’iris bruns, peu à peu saturés jusqu’à devenir presque noirs, à laquelle on a ajouté l’éclat issu des iris rouge carmin. Comme, parallèlement, la présentation des fleurs progressait, avec des sépales de plus en plus larges et dressés horizontalement, on est arrivé un très joli iris sombre, sans marques aux épaules, avec une belle barbe violacée pointée de bronze.

STUDY IN BLACK

STUDY IN BLACK avait suivi un chemin presque identique, quelques temps auparavant. Dans ses proches parents, il n’y en a qu’un qui lui soit commun avec BORDELLO, il s’agit d’EDENITE. Mais la recherche ayant abouti à cette variété très prisée procède du même principe. Le côté noir provient du « père », CONGO SONG (Christensen 61), qui est un violet foncé de deux tons. Ce CONGO SONG est issu lui-même d’un violet vineux, STORM WARNING (Schreiner 52), fils du fameux noir BLACK FOREST, fondateur en quelque sorte de la dynastie des iris noirs, et du non moins fameux SABLE NIGHT dont il a déjà été question à propos de BORDELLO. EDENITE se situe dans la branche maternelle qui est plus orientée vers le rouge et l’orange, avec DUKE OF BURGUNDY (R. Nelson 56), qui est de couleur bourgogne, GENE WILD (Craig 52) qui est, étrangement, amoena vieux rose, GREAT DAY (Tompkins 53), de couleur orange comme son ancêtre ROCKET (voir plus haut l’arbre généalogique d’EDENITE).

STUDY IN BLACK, comme beaucoup des iris mis sur le marché par Gordon Plough, a eu une carrière commerciale exceptionnelle, partout dans le monde. Il n’est donc pas étonnant que ses descendants soient nombreux et de toutes nationalités. Parmi ceux-ci on note, au premier rang, BLACK MARKET (Plough 73), INTERPOL (Plough 73), MASTER TOUCH (Schreiner 80), ROYAL CRUSADER (Schreiner 85), tous dans des teintes foncées, et deux français : ATALA (Anfosso 90) et TRENCAVEL (Ségui 90), différents puisqu’il s’agit d’un variegata et d’un plicata. A la génération suivante, STUDY IN BLACK se trouve dans le pedigree de RAVEN’S ROOST (Plough 81), LOYALIST (Schreiner 86), BLENHEIM ROYAL (Schreiner 90), PROUD TRADITION (Schreiner 90), NORTHWEST PRIDE (Schreiner 93), NIGHTS OF GLADNESS (Ernst 95), OVERNIGHT SENSATION (Schreiner 95), DIABOLIQUE (Schreiner 86) ou RUBY MORN (Schreiner 2002). Tous sont dans les teintes sombres, du bleu au grenat, et tous ont profité de l’éclat qu’apporte le noir-rouge de STUDY IN BLACK.

BORDELLO, moins bien distribué, et sans doute aussi arrivé un peu tard, n’a pas eu le même succès près des hybrideurs. Je ne lui qu’un descendant indirect, issu, entre autres, d’un croisement BORDELLO X LADY FRIEND ; il s’agit de DO WA DIDDY (Burseen 97), un variegata moderne, aux sépales très foncés.

Quoi qu’il en soit, BORDELLO, tout comme STUDY IN BLACK ont été un aboutissement, celui des efforts pour obtenir des iris très sombres, enrichis de sous-teintes rouges, qui ajoutent une chaleur que les noirs « par les violets » ne peuvent pas atteindre. Par la suite cette chaleur a été transmise à des iris tendant vers le noir, provenant de semis violets ; le récent noir de Rick Ernst NIGHTS OF GLADNESS est là pour en apporter la preuve.

5.7.03

L’ENIGME DE LA SEMAINE

ANGLAISES

Ces cinq variétés sont-elles toutes nées en Grande Bretagne ? Sinon, laquelle ne l’est pas ?

· ANNABEL JANE
· CREGRINA
· EARLY LIGHT
· ELIZABETH POLDARK
· URSULA VAHL


RÉPONSE À L’ÉNIGME DE LA SEMAINE DERNIÈRE

· TRINITY (Coleman 70) n’est pas un iris blanc, mais une variété amarante.

UN MARIAGE HEUREUX

On les a mariés, et ils ont eu beaucoup d’enfants, tous beaux. Si j’en crois la lettre de présentation de son catalogue 2003, Lawrence Ransom a connu ce conte de fée. « Avec le croisement VIOLET LULU X COUTURE STAR » il a obtenu « une quantité embarrassante de plantes dont les fleurs sont aussi intéressantes les unes que les autres ! » L’une des qualités principales c’est « une jolie forme de fleur aux sépales larges et plus ou moins horizontaux », « ce qui est préférable pour les iris nains qui sont vus habituellement du dessus ».

Lawrence Ransom a tout à fait raison quand il dit que les iris nains se regardent de haut en bas. C’est même ce qui me fait leur préférer, en général, les grands iris ; qu’on admire presque horizontalement, et dont on apprécie mieux le détail des fleurs, et le parfum. Les iris nains ont d’autres avantages : la précocité, grâce à laquelle ils apportent au jardin leurs vives couleurs à un moment où celles-ci manquent passablement, et la grande variété, justement, des coloris et combinaisons de coloris. Prenez les partenaires du couple VIOLET LULU et COUTURE STAR. VIOLET LULU est un SDB de Bee Warburton enregistré en 1985, décrit comme « pétales d’un pur bleu violet, blancs à la base ; sépales violets, blancs aux épaules et sous les barbes, blanches. » COUTURE STAR (Ransom 96) – qui aurait du s’appeler HAUTE COUTURE si J. Gatty n’avait pas choisi, la même année, ce nom pour l’un de ses fameux iris roses – est un plicata où se mêlent le blanc, bien sûr, le bleu lavande et l’acajou. A la génération précédente on trouve DESIGN (Warburton 81) un luminata violet, HONEY MIST (Warburton 82), un autre plicata, lavande et ocre, PIGEON (Hager 87), un joli bleu glycine soutenu, et TRESCOLS (Kurzmann 89) une étrangeté, sélectionnée par Jean Peyrard parmi les semis du professeur autrichien Franz Kurzmann, qui va du gris au vert olive veiné de brun.

La généalogie de VIOLET LULU est assez simple et se recoupe au niveau des grands-parents (JENNIE GRACE –Warburton 77- ) et remonte au plicata des frères Sass MINNIE COLQUITT qui fut une célébrité dans les années 40. Celle de PIGEON, en revanche, est d’une plus grande complexité et fait appel, d’un côté à JUST DANDY (Hager 82), lilas vif, plus foncé sous les barbes, qui comporte deux particularités génétiques : d’une part il résulte d’un croisement « inbreeding » puisque ses deux parents sont une seule et même variété, d’autre part il descend d’un mini-iris, KNICK KNACK (Greenlee 59), lui même issu de la toute petite espèce (12cm) I. cretica, découverte en 1929 en Crête ; par ailleurs parmi ses ancêtres il y a un grand iris, AZURE SKIES, et un hybride de pumila à 36 chromosomes, APRIL MORN. De l’autre côté, PIGEON provient de ce qui s’est fait de mieux, en matière de SDB, dans les années 60, avec HELLO (Gatty 67), blanc avec un spot bleu, qui descend de CHIVALRY et d’un pumila originaire de Roumanie, SULINA (1), et SUNNY HEART (Alta Brown 63), blanc taché de jaune avec barbes bleues, descendant direct de SNOW FLURRY.

Avec un tel panel de variétés intéressantes, il n’est pas tellement surprenant que le croisement réalisé par Lawrence Ransom ait donné d’aussi brillants résultats. Cependant, comme toujours en la matière, une part de chance s’ajoute à la pertinence des choix de géniteurs. Le croisement VIOLET LULU X COUTURE STAR va nous permettre, dès le printemps prochain de faire la connaissance de quatre de ses rejetons, ANGE BLEU (Ransom 2003), JOUJOU (Ransom 2003), MERCI (Ransom 2003) et ZINZIN (Ransom 2003), tous dans les tons de bleu, avec des différences dans la disposition des couleurs, et l’omniprésence du blanc qui valorise le reste. Il paraît qu’autant d’autres variétés sont en attente pour les années à venir. Tant mieux ! Et bravo !

(1) Le même SULINA, associé au célèbre TB de Paul Cook MELODRAMA, se trouve également dans la partie inférieure du tableau généalogique de PIGEON.