27.1.06


UN BEAU LIVRE

Je viens d’acheter – via Amazon.fr – un beau livre qui s’appelle « IRISES, a gardener’s encyclopedia ». Il est signé de Claire Austin (la fille du célèbre rosiériste David Austin). Elle, elle se passionne pour les iris et a déjà publié un autre livre « Irises, the classic bearded varieties ». Le nouveau est une extension du premier : il fait la part belle aux iris barbus, mais développe aussi plusieurs chapitres consacrés aux iris sans barbes. C’est bien une encyclopédie en ceci qu’il fait vraiment le tour de la question, il est amplement et superbement illustré, mais je trouve qu’il manque un peu d’originalité. Le plan est ultra classique : chaque chapitre débute par une partie historique, puis il traite un peu de botanique, enfin il aborde la description d’un grand nombre de variétés (celles dont on nous propose la photo). C’est un peu la même chose que le livre de Graeme Grosvenor, sans plus de fantaisie graphique. Les dingues d’iris et les blasés, comme je puis être, resteront sans doute sur leur faim, mais il faut néanmoins reconnaître la qualité générale de l’impression et du choix iconographique, ainsi que la volonté d’être exhaustif sans être pédant ou lassant.

En résumé, un ouvrage intéressant, rédigé dans un anglais impeccable, pour qui veut parfaire sa connaissance des iris et accroître sa collection de jolies photos.

IRISES a gardener’s encyclopedia, by Claire Austin. Timber Press, 2005.
POUR LES DÉBUTANTS
Seconde partie


Quand on se lance dans la culture des iris, bien des questions viennent à se poser. Celles concernant la plantation et les soins ont fait l’objet d’une première partie. Cette fois c’est la physiologie des iris qui est abordée. Une personne fort qualifiée, Lawrence Ransom, avait, il y a une quinzaine d’année, publié dans Iris & Bulbeuses une analyse dont s’inspirent les réponses d’aujourd’hui.

Quel est le cycle de vie d’un iris ?
Lawrence Ransom considère que l’iris est une plante bisannuelle dont le rhizome ne fleurit qu’une fois, dans sa deuxième année. Il arrive parfois que, par manque de maturité le rhizome ne fleurisse pas dans cette deuxième année ; s’il se trouve , par exemple, dans une situation insuffisamment ensoleillée, il fleurira peut-être l’année suivante. En fait, la nouvelle pousse d’un iris existe à l’intérieur même du rhizome, à l’endroit appelé le pôle apical, d’où naissent le feuillage, la hampe et les pièces florales, et tout cela s’est formé dès la début de l’été de la première année.

A quel moment s’effectue la croissance ?
Il y a deux périodes de croissance. La première a lieu tout de suite après la floraison. Elle n’est pas apparente car tout se passe dans le sol. De nouvelles racines se forment sur les jeunes rhizomes, soit de chaque côté de l’extrémité du rhizome qui vient de fleurir, soit ailleurs sur la partie ancienne. Ces jeunes rhizomes s’allongent, accumulant leurs réserves pour la végétation et la floraison de la deuxième année. Puis vient la période de dormance. Au cours de l’été, période normale de chaleur et de sécheresse, l’iris est en semi-repos, sauf pour les variétés remontantes qui vont refleurir très hâtivement sur les jeunes rhizomes. Avec le retour des pluies la plante reprend son activité. C’est cette période de repos qui est mise à profit pour dédoubler et transplanter les iris. Il importe donc de ne pas effectuer ces transplantations trop tôt, car cela interromprait la première période de croissance, ni trop tard, parce que la végétation aurait repris et serait interrompue de façon intempestive. Pendant la deuxième période de croissance, en automne, donc, d’autres nouvelles racines sortent des rhizomes, ou sous les bourgeons latéraux situés sur les parties les plus anciennes. La terre humide et encore chaude à cette époque de l’année, est très propice à ces développements.

Que se passe-t-il pendant l’été ?
Tout au cours de l’été les feuilles les plus vieilles, celles de l’extérieur, se sont flétries. Petit à petit, tandis que l’hiver approche, tout ou seulement une partie du feuillage va mourir, sauf dans les régions au climat plus doux ou dans le cas d’iris présentant un pouvoir génétique remontant. Sur un très grand nombre d’iris, il est tout à fait possible de ne voir que deux ou trois centimètres de verdure pendant l’hiver, ou moins encore si le rhizome est un peu enterré ; c’est un caractère hérité de Iris aphylla, l’une des espèces qui constituent le cocktail des hybrides modernes. L’iris est de nouveau en repos, en attendant le retour du printemps. A partir de fin février ou début mars, la végétation redémarre avec la formation continue des nouvelles feuilles. Cette croissance est très rapide puisqu’elle ne dure qu’environ deux mois. La terre étant froide à cette époque, il y a peu d’activité au niveau des racines. La plante se nourrit essentiellement des réserves accumulées dans le rhizome l’année précédente.

A quels signes peut-on apprécier si un iris va ou non fleurir ?
Il faut examiner les nouvelles pousses. Tout marche par trois chez les iris. Un rhizome qui va fleurir présente trois bouquets de pousses : les bouquets latéraux vont développer des feuilles, indispensables à l’oxygénation de la plante et à la transformation chlorophyllienne. Le bouquet central, qui se dresse verticalement, est celui d’où va partir la tige florale. Si un rhizome ne présente pas ces trois bouquets il ne fleurira normalement pas.

Les iris craignent-t-ils le gel ?
L’iris a besoin d’une période de froid pour entreprendre sa pousse printanière. Il ne craint pas le gel, du moins dans nos contrées où la température hivernale reste malgré tout raisonnable. Mais si un froid intense s’installe, et surtout si la neige n’est pas venue recouvrir les plantes d’une couche protectrice, le gel détruira les rhizomes. C’est un accident assez fréquent dans les pays au climat continental (Europe Centrale, Pologne, Russie, Etats de Centre des Etats-Unis). Une protection des rhizomes est alors fortement recommandée. Chez nous, plus redoutable est le gel de printemps. Lawrence Ransom précise que si une forte gelée tardive vient à détruire l’ébauche de la hampe florale, la floraison de ce rhizome sera terminée, c’est pourquoi les variétés hâtives sont plus vulnérables que les autres. Il arrive néanmoins qu’il n’y ait, dans un rhizome, plusieurs ébauches de hampe. Cela est commun dans un grand nombre de variétés. Les nains miniatures et lilliput, et certains intermédiaires, font souvent trois tiges florales par rhizome, certains grands iris aussi (le rose BEVERLY SILLS par exemple), ce qui corrige le nombre peu élevé de boutons sur chaque hampe. Mais il est fort probable qu’un coup de gel aura détruit toutes les hampes en formation.
RÉCRÉATION

Il ne suffit pas de porter un nom italien pour être italien. Dans la liste ci-dessous, il n’y a qu’une variété italienne. Laquelle ?

CON AMORE
CON FUOCO
DA CAPO
DOLCE ACQUA
GLITTERATI
RÉCRÉATION ( réponses)

Voici les nationalités des cinq variétés :

A L’ORANGE (Gartman – USA)
CARTE BLANCHE (Schreiner – USA)
CHAPEAU (Babson – USA)
LA DENTELLE (Muska – Slovaquie)
SENSUELLE (Ransom – France)

20.1.06


LA THÉORIE DE CHAPMAN

Il y a joliment longtemps qu’on connaît les iris glaciatas, qui, selon Keith Keppel, seraient des iris plicatas chez qui les pigments anthocyaniques (bleus ou violets) seraient totalement inhibés, ce qui laisserait apparaître dans toute sa pureté le fond blanc ou coloré par les pigments caroténoïdes (jaunes ou roses). Quand ce travail de purification n’est pas complètement achevé, on serait en présence du modèle luminata, où les pigments anthocyaniques ont été chassés de la partie supérieure et des alentours des veines situées près de la barbe. L’hybrideur canadien Chuck Chapman a émis l’hypothèse que la pureté idéale représentée par le modèle glaciata pourrait être encore plus dégradée que dans le cas des luminatas qui constitueraient un premier degré de dégradation. A un second degré, seule une zone franchement blanche, sous les barbes, serait nettoyée des pigments anthocyaniques. Au troisième degré, il n’y aurait plus que les barbes à être franchement blanches. Enfin, lorsque l’inhibition est totalement absente, on serait en présence d’une fleur parfaitement envahie par les pigments anthocyaniques et donc d’un bleu, d’un violet ou d’un brun (à cause de l’effet conjugué des deux familles de pigments) sans trace de blanc, un anti-glaciata, en quelque sorte. Il attribue ces dégradations successives à l’intervention plus ou moins efficace d’un gène inhibiteur. Il voit ce gène à la puissance 4 chez les glaciatas, à la puissance 3 chez les luminatas, à la puissance 2 chez les ‘zonals’ ou ‘zonatas’, à la puissance 1 chez lez iris bleus à barbes blanches et à la puissance 0 chez les iris entièrement ‘gouachés’ d’anthocyanine. Tout ceci reste à l’état d’hypothèse, car rien n’est pour l’instant scientifiquement démontré, mais la théorie se tient.

On peut se demander ce que devient, dans tout cela, le modèle plicata et ses innombrables degrés d’application, depuis le plicata non-plicata façon LACED COTTON, en passant par le plicata léger, qui n’apparaît qu’à la lisière des tépales, jusqu’au plicata chargé, où toute la fleur est habillée du vêtement anthocyanique, sauf à trouver quelques petites traces de la couleur du fond à la gorge des sépales.

La démonstration de Keppel sur les plicatas est tout à fait convaincante. Pour lui, le modèle plicata résulte de l’application plus ou moins intense d’une couche de pigments anthocyaniques par-dessus un fond blanc ou teinté de pigments caroténoïdes. Il explique que le motif plicata apparaît d’abord aux épaules des sépales, pour se répandre vers les bords des tépales puis envahir toute la fleur. Le degré o serait représenté par LACED COTTON, puis le degré 1 par LIGHTLY SEASONED (voir photo), dont le blanc est touché de traces anthocyaniques aux épaules, et ainsi de suite… Quant au modèle luminata, il résulterait d’un phénomène inverse, c’est à dire que dans son cas les pigments anthocyaniques s’étaleraient sur le plat des sépales, laissant vierge les barbes, les épaules ainsi qu’une zone plus ou moins vaste sous les barbes, et s’estompant plus ou moins autour des veines, en fonction de la virulence des gènes inhibiteurs du développement de l’anthocyanine. Keppel affirme aussi que les deux modèles, plicata et luminata, peuvent intervenir simultanément sur une fleur. Les deux modèles se superposent, et l’amateur, qui regarde les fleurs, est complètement leurré ! Ce serait la cause des colorations irrégulières de TEST PATTERN CASBAH ou PANDORA’S PURPLE.

Dans le cas de cette dernière variété ont peut se demander si l’on n’est pas en présence d’une amorce du modèle ‘broken color’ ou ‘maculosa’. En effet PANDORA’S PURPLE présente des marbrures irrégulières blanchâtres, alors que le fond paraît indigo vif ; son pedigree est Charmed Circle X Inty Greyshun. D’après Keppel il s’agirait d’un luminata-plicata, mais que dire de PURPLE STREAKER, apparu la même année, qui présente un fond violet pratiquement semblable, mais avec des projections de blanc plus nettes mais totalement aléatoires. Le pedigree de PURPLE STREAKER est exactement l’inverse : Inty Greyshun X Charmed Circle. L’un est l’autre rassemblent les mêmes gènes ; si l’un est un mélange du modèle plicata et du modèle luminata, que dire de l’autre ? On aborde alors la théorie de Kasperek.

Brad Kasperek, spécialisé dans les ‘maculosas’, attribue l’apparition des taches aléatoires caractéristiques du modèle, au fait qu’elle résulterait de ce que l’on n’est pas en face d’un pur plicata avec quatre chromosomes plicatas, mais d’une composition intermédiaire ou trois chromosomes seulement porteraient le gène plicata. Admettons… Mais dans ce cas comment expliquer la différence entre PANDORA’S PURPLE et PURPLE STREAKER ? CHARMED CIRCLE est un plicata traditionnel, avec des dessins bleus, denses aux bords et le fond blanc bien apparent sur le plat des sépales, sous les barbes, bleues. INTY GREYSHUN est un BB, apparemment ‘maculosa’, avec dessins aléatoires blancs sur fond améthyste et barbes blanches. On ne dispose pas de son pedigree complet, mais il descend à coup sûr de STEPPING OUT, BELLE MEADE, DUTCH DOLL et ROCOCO, tous purs plicatas, et de FROST AND FLAME et MY HAPPINESS, unicolores. Il peut donc tout à fait répondre à la définition de Kasperek : ¼ unicolore, ¾ plicata. Ce dosage pourrait donc aboutir à deux solutions, ce qui n’est pas génétiquement impossible : soit le modèle ‘maculosa’, soit le modèle luminata-plicata ! Quand on arrive à ce point de complexité, le malheureux amateur, qui voudrait bien comprendre, commence à désespérer…

En tout cas on peut retenir qu’il existe deux modèles de base, inverses l’un de l’autre :
· le modèle plicata, qui résulte de l’application irrégulière d’une couche de pigments anthocyaniques sur un fond blanc ou colorés aux caroténoïdes ;
· le modèle luminata, qui altère la couche anthocyanique à partir des barbes et du haut des sépales et laisse à ces endroits apparaître le fond alors que le reste de la fleur est coloré.
Dans un cas comme dans l’autre il existe des situations plus ou moins dégradées auxquelles on peut, si l’on veut et comme le fait Chuck Chapman, attribuer des dénominations spécifiques. Et pour couronner le tout, les deux modèles peuvent se chevaucher, comme en une sorte de contrepoint. Ce n’est pas la première fois que l’on peut faire un parallèle entre les fleurs et la musique. La nature n’hésite pas à manier la complexité. C’est intéressant de savoir comment elle s’y prend, mais ce qui compte surtout, c’est le résultat, et l’infinie multiplicité des colorations et des mélanges, qui laisse l’iridophile pantois et admiratif.
RÉCRÉATION

Il ne suffit pas de porter un nom français pour être français. Dans la liste ci-dessous, il n’y a qu’une variété française. Laquelle ?

A L’ORANGE
CARTE BLANCHE
CHAPEAU
LA DENTELLE
SENSUELLE
RÉCRÉATION ( réponses)

Voici les nationalités des cinq variétés :

DOCTOR GOLD (Ségui – France)
I SEEK YOU (Bianco – Italie)
ORANGE HORNS (Muska – Slovaquie)
WHITE DREAM (Moos – Allemagne)
WIDE HORIZON (Gatty – USA).

13.1.06


STARSHIP ENTERPRISE
Décollage ou atterrissage ?

Il y a quelques semaines un amateur d’iris s’est étonné que STARSHIP ENTERPRISE (Schreiner 99) ne semble pas avoir été utilisé en hybridation. Je lui répondrais qu’il est peut-être un peu trop tôt pour savoir si cet iris a eu de la descendance, puisqu’il n’y a que cinq ans qu’il est sur le marché. Mais on peut effectivement se poser la question de savoir si cet iris vivement coloré peut avoir des descendants valables.

STARSHIP ENTERPRISE (voir photo) a toute la perfection propre aux iris commercialisés par la famille Schreiner : une forme impeccable, de nombreux boutons, une vigueur certaine. En plus il se présente sous des atours séduisants et rutilants. Les pétales finement ondulés et légèrement frisés jaillissent dorés du cœur de la fleur, puis deviennent absolument blancs, tandis que les sépales, larges et se recouvrant partiellement l’un l’autre, naissent richement dorés pour laisser le blanc apparaître sous les barbes alors que l’or cède peu à peu le pas à un riche ton magenta de plus en plus vif à mesure que l’on s’approche du bord qui s’ourle d’un léger filet brun. Les barbes dorées se font discrètes et en harmonie avec le cœur de la fleur.

Cette variété d’exception résulte d’une série de croisements extrêmement complexe. Dans le pedigree tel qu’il est décrit par l’obtenteur, on trouve vingt-cinq variétés dénommées, sans compter les nombreux croisements intermédiaires qui n’ont jamais été enregistrés. Ce fait crée d’ailleurs une difficulté supplémentaire à qui veut analyser les origines de la plante et voir ce que l’on peut en faire en hybridation. En effet en dehors de l’obtenteur lui-même, personne ne peut savoir quel est l’aspect, la catégorie, la ou les couleurs de ces variétés intermédiaires dont on ne connaît que les ascendants. Pour ne parler, donc, que de ceux qui sont dénommés, il remarquable de constater qu’on trouve pratiquement de tout parmi les ascendants de STARSHIP ENTERPRISE. On trouve des amoenas bleus ou indigos, comme on peut s’y attendre, comme TOLL GATE ( Cook 56), WHOLE CLOTH (Cook 57), CHAMPAGNE MUSIC (Fay 64) ; des variegatas (d’où peut-être le cœur jaune) comme BROADWAY STAR (Schreiner 57), LILAC CHAMPAGNE (Hamblen 65), RAGTIME (Hamblen 83) ; quelques bicolores comme MAYTIME (Whiting 48) ou SAIL MASTER (Burger 74) ; des bitones aussi, comme GIANT ROSE (Schreiner 59), WINE AND ROSES (Hall 63) et ORCHID BROCADE (Rudolph 63) en rose orchidée, ou AGATINE (Schreiner 69) en brun et acajou ; des blancs liserés de bleu ou violet comme EMMA COOK (Cook 57) ou BROOK FLOWER (Schreiner 73) ; un blanc à barbes rouges, CHRISTMAS TIME (Schreiner 65), et d’autres barbes rouges comme celles de CASHMERE (Fay 59) et AFTER DARK (Schreiner 63) ; enfin des unicolores de plusieurs couleurs, comme OPAL BEAUTY (Schreiner 55) et ALPENROSE (Schreiner 59) dans les tons de rose et de mauve, ainsi que EDENITE (Plough 58), MATINATA (Schreiner 68) et MYSTERIOUS (Schreiner 74) dans les tons de violet ou indigo. Cependant la variété dont STARSHIP ENTERPRISE tient le plus, c’est GYPSY WOMAN (Schreiner 84), son plus récent parent identifié, qui a des pétales crème et des sépales blancs cernés de rose bleuté. Cependant le spécialiste aura compris que les couleurs de GYPSY WOMAN sont pâles et qu’elles pouvaient être plus contrastées.

En est-il de même pour STARSHIP ENTERPRISE ? Toute la question est là : cette variété est-elle porteuse d’avenir ? On me rétorquera qu’il est possible d’obtenir un contraste équivalent, mais avec des coloris différents, du bleu au lieu du pourpre autour des sépales, ou que la couleur infuse dans les pétales pourrait être, par exemple, de l’orange ou du rose, au lieu du jaune. On peut imaginer bien des transformations, bien des mariages de couleurs différents. Mais STARSHIP ENTERPRISE est-elle la bonne variété pour parvenir à ces fins ? A mon avis, le risque de ne rien obtenir d’épatant est très élevé, parce que le patchwork de base est trop compliqué pour qu’on puisse évaluer la ou les caractéristiques qui vont ressortir aux générations suivantes. C’est un peu comme un cocktail où l’on a déjà mélangé des tas d’alcools différents, y ajouter un nouveau produit risque de dénaturer ce qu’on avait déjà et aboutir à un goût indéfinissable, voire déplaisant.

Evidemment une agréable surprise n’est pas à exclure, mais je ne m’y risquerais pas. La potion magique que boit Astérix est parfaite, si le druide en modifiait la formule, rien ne dit que les Gaulois resteraient invincibles ! Pour moi le vaisseau STARSHIP ENTERPRISE n’en est pas à la phase de décollage, il s’est posé, riche et somptueux, après son dernier voyage intergalactique.
RÉCRÉATION

Il ne suffit pas de porter un nom anglo-saxon pour être américain. Dans la liste ci-dessous, il n’y a qu’une variété américaine. Laquelle ?

DOCTOR GOLD
I SEEK YOU
ORANGE HORNS
WHITE DREAM
WIDE HORIZON
RÉCRÉATION ( réponses)

Les cinq variétés citées sont toutes des obtentions Schreiner.

6.1.06


LES LEÇONS D’IRIS DANS UN PARC
Un parcours initiatique dans des jardins imaginaires


Deuxième leçon : les iris de Sibérie

Pour arriver au château il faut traverser un petit bois, de sorte qu’on découvre brusquement la bâtisse, au détour d’un chemin. Une haute bâtisse, appuyée contre le coteau, au point qu’elle ne comporte, en réalité, que trois murs. La façade, tournée vers la vallée, s’orne d’un énorme hydrangea grimpant qui monte du sol jusqu’au toit ; le pignon ouest, quant à lui, sert d’appui à un rosier liane ‘Mermaid’ non moins gigantesque. Depuis la terrasse qui s’allonge à l’ouest du château, la vue plonge, au loin, vers la vallée bleutée du Loir, mais c’est d’abord le vaste étang, situé devant l’édifice, qui attire l’attention. La maîtresse de maison fait visiter son jardin à un important groupe de touristes, de sorte que, bientôt, des groupes plus petits se forment, s’attardant qui au-dessus d’un parterre de vivaces, qui, au bord de l’étang, devant les touffes vert vif de feuilles élancées d’une sorte d’iris.

LA VISITEUSE : « Vous croyez que ce sont des iris, là ? »
L’AMATEUR D’IRIS : « Oui, Madame, ce sont bien des iris. »
LA VISITEUSE : « Ils ne ressemblent pourtant pas à ceux qu’on a l’habitude de voir ! »
L’AMATEUR D’IRIS : « Ce sont des iris de Sibérie. »
LA VISITEUSE : « Parce qu’il y a des iris, en Sibérie ? »
L’AMATEUR D’IRIS : « Ceux-là, en particulier ! Mais on ne les trouve pas que dans cette région ingrate. L’espèce se rencontre aussi en Allemagne, en Bohême, dans les Balkans et même en Turquie. C’est une espèce résistante, qui survit sous les plus rudes climats parce que les longues feuilles que vous voyez, là, sèchent à l’automne et constituent un manteau bien douillet qui protège le cœur de la plante. Au printemps, de nouvelles feuilles renaissent et entourent, comme à présent, les hautes tiges florales. »
LA VISITEUSE : « Vous avez l’air de bien vous y connaître ! Est-ce que ces iris là sont des plantes sauvages, ou, au contraire, s’agit-il de plantes cultivées ? »
L’AMATEUR D’IRIS : « En l’occurrence, ce sont des plantes cultivées, des hybrides, qui proviennent en fait d’un croisement entre deux espèces botaniques, I.sibirica et I. sanguinea. Le premier a des tiges élevées, qui portent haut des fleurs d’un bleu violacé, le second est plus discret et ses fleurs sont souvent cachées dans le feuillage. Mais elles sont plus grandes que les précédentes, plus foncées, veinées de clair et même quelques fois complètement blanches. En associant les qualités de l’une et l’autre espèce, les hybrideurs ont créé une quantité de variétés qui vont maintenant du blanc au crème, au jaune, à toutes les teintes de bleu et de violet et même au rose, un peu violacé tout de même. »
LA VISITEUSE : « Celles-ci sont jaunes et blanches. »
L’AMATEUR D’IRIS : « Oui, parce qu’il y a des hybrides bicolores. Chaque année les obtenteurs présentent de nouvelles couleurs ou combinaisons de couleurs. Leur travail consiste à améliorer sans cesse la plante. Ils veulent du jaune vraiment jaune, du rose vraiment rose… Ils recherchent des tiges avec des fleurs plus nombreuses, qui durent plus longtemps, avec des sépales plus larges, plus horizontaux, des pétales ondulés, un cœur franchement veiné ou au contraire absolument uni… »
LA VISITEUSE : « Ce sont des Américains qui font ça ? »
L’AMATEUR D’IRIS : « Oui, mais pas seulement ! Il y a un Américain très fameux qui a consacré sa vie aux iris de Sibérie, c’est Currier McEwen (voir photo), un homme qui a vécu centenaire et qui est mort récemment. En Allemagne, Tomas Tamberg a également produit de nombreux iris de Sibérie. »
LA VISITEUSE : « Ce qui fait gracieux, ce sont ces trois petites ailes qui s’élèvent au-dessus de la fleur. »
L’AMATEUR D’IRIS : « Ce sont les pétales. Et entre les pétales vous voyez ce qu’on appelle les styles, ces appendices à l’extrémité relevée. Ce sont les abris des parties sexuelles de la fleur, c’est là-dessous que se produit le mystère de la fécondation. »
LA VISITEUSE : « Les fleurs de cette touffe là ont l’air plus gros que les autres. »
L’AMATEUR D’IRIS : « Il est vraisemblable que cette variété ait deux fois plus de chromosomes que la blanche devant laquelle nous étions il y a un instant. Certains hybrideurs ont fait subir un traitement à la colchicine aux graines d’iris et cela a eu pour résultat un doublement des chromosomes. »
LA VISITEUSE : « Une manipulation génétique, en quelque sorte. »
L’AMATEUR D’IRIS : « Assurément ! Grâce à elle, on obtient des plantes plus grandes, plus grosses et de nouvelles possibilités de colorations. On est parvenu de façon naturelle au doublement des chromosomes des grands iris barbus, mais pour les autres espèces, on n’y est arrivé qu’en traitant chimiquement les semences. »
LA VISITEUSE : « N’importe qui peut cultiver les iris de Sibérie dans son jardin ? »
L’AMATEUR D’IRIS : « Ce sont des iris qui poussent sans problèmes. Il leur faut simplement un sol un peu acide, de l’humidité, mais pas d’eau à leurs pieds. Leur place idéale, c’est, comme ici, à proximité d’une mare ou d’un étang. Ils aiment bien qu’il fasse froid l’hiver. Si vous voulez en mettre chez vous, n’oubliez pas, comme vous voyez, que les touffes prennent de l’ampleur : il ne faut donc pas trop les serrer. La seule difficulté, en fait, tient à la fragilité des rhizomes. Il faut faire attention quand on les plante. Mais il n’y a pas besoin d’une préparation savante du terrain, et pas besoin non plus de creuser des trous profonds. Par-dessus le marché, ce sont des plantes qui ne sont jamais malades. En vérité la culture des iris de Sibérie est à la portée de tout le monde ! »
LA VISITEUSE : « Vous me donnez envie d’essayer. Où pourrais-je m’en procurer ? »
L’AMATEUR D’IRIS : « Chez tous les producteurs d’iris. Si vous voulez, je peux vous indiquer un certain nombre d’adresses, et même le nom de quelques variétés récentes, plus belle et plus prolifiques que les anciennes. La plantation a lieu à l’automne, de préférence. Mais soyez patiente, car les iris de Sibérie aiment prendre leur temps pour s’installer. Il n’est pas rare qu’ils ne commencent à fleurir que la seconde année après leur plantation. »

A la bonde de l’étang, de grands roseaux masquent un peu le paysage. La troupe des visiteurs peu à peu se reconstitue et la maîtresse des lieux en profite pour ajouter à sa présentation une ou deux anecdotes qui amusent l’auditoire. Puis chacun retourne à sa voiture, et, dans la brume qui commence à voiler le fond du vallon, le silence revient et le château retrouve sa douce quiétude.
POUR LES DÉBUTANTS

Première partie

Quand on se lance dans la culture des iris, bien des questions viennent à se poser. En voici une dizaine, les plus courantes. Les réponses ont été établies à partir des avis de deux personnes parfaitement qualifiées, Sterling Innerst, obtenteur américain domicilié en Pennsylvanie, sur la côte Est, qui a emporté la Médaille de Dykes en 96 avec BEFORE THE STORM, et Gaby Martignier, responsable du jardin d’iris du Château de Vullierens, en Suisse. L’un et l’autre travaillent dans des conditions climatiques approchantes, qui correspondent, qui plus est, à celles que l’on rencontre en général en France, sauf dans l’extrême Sud-Est.

Quand faut-il planter les iris ?

Sterling Innerst s’efforce de terminer ses plantations avant le début d’août. Madame Martignier, elle, étale ce travail de la mi-août à la mi-octobre. Personnellement j’ai essayé les deux méthodes sans arriver à trancher. Cependant, aujourd’hui, j’ai tendance à planter de plus en plus tard.

Quelle préparation faut-il donner au sol ?

La méthode Innerst est beaucoup plus élaborée que celle de G. Martignier. Il commence par bien nettoyer le terrain, notamment pour éliminer toute trace d’anciens iris. Quand le nettoyage est fini, il apporte en surface une couche généreuse de fertilisant (5-10-10). La surface est alors labourée minutieusement et profondément, puis il dépose une couche de feuilles décomposées de 15 cm d’épaisseur sur la surface de la planche ; de préférence des feuilles de deux ans, bien décomposées. La surface est de nouveau bêchée minutieusement de manière à incorporer parfaitement le terreau de feuilles. Il bêche à une profondeur de 25 à 40 cm.

Comment faut-il planter les iris ?

Pour Sterling Innerst, les rhizomes des­tinés à la plantation sont placés à l’ombre durant deux ou trois jours, afin que toutes coupures ou lésions soient guéries et qu’ils soient durs. Les rhizomes que l’on reçoit arrivent généralement en parfait état, près à être replantés. Ils peuvent cependant attendre quelques jours avant de l’être ; pas besoin, donc de se précipiter. Par expérience, je puis dire que des rhizomes, restés hors sol pendant près d’un mois, peuvent repartir sans problème, même s’ils ont l’air très desséchés.
Chez Innerst les rhizomes sont plantés assez profondément pour qu’ils soient entièrement recouverts ; le sol est compacté autour du rhizo­me et la terre remontée de manière à éviter que l’eau de pluie ne stagne près de la plante. Pour Mme Martignier le rhizome sera peu enterré, à peine recouvert de terre. Je crois que cette méthode est la meilleure. Certains vont même jusqu’à laisser le dos du rhizome apparent, pour qu’il soit « cuit » par le soleil.
En ce qui me concerne, je creuse deux légères tranchées, de part et d’autre de l’endroit où je vais poser les rhizomes. J’étale les racines dans ces tranchées puis je remonte la terre : le dessous du rhizome repose bien à plat sur le sol et les racines sont à l’aise dans un terrain très meuble pour commencer leur développement.

Peut-on mettre les iris à l’ombre ?

Innerst ne parle pas de cela, mais Mme Martignier, à juste raison, précise qu’il est déconseillé de planter les iris à un endroit ombragé. Les iris aiment le soleil. On compte qu’il leur faut une demi-journée de soleil au moins. J’avais, quant à moi, planté sous un cerisier, qui n’a pas encore de feuilles au moment du début de la floraison, mais s’en couvre rapidement par la suite. Les iris ont fleuri la première année, mais la floraison a été très capricieuse les années suivantes et, surtout, les feuilles ont gardé un aspect prostré, signe de l’inadéquation de l’emplacement.

Faut-il arroser ?

Nos deux auteurs s’accordent pour dire que cela n’est pas nécessaire, sauf au moment de la plantation, et si le ciel ne s’en charge pas. Cela sera plus souvent le cas si l’on plante tôt dans la saison, une plantation tardive ne nécessitera guère d’arrosage. Les iris sont particulièrement résistants à la sécheresse. J’en ai fait l’expérience en 2005, où, chez moi, il n’a pas plu de la mi-mai à la mi-octobre. Je n’ai pas arrosé les iris, mais dès que la pluie a repris ils ont entamé une pousse vigoureuse et prometteuse. Dans la moitié sud de la France, un arrosage peut malgré tout être nécessaire au cours des étés très secs. Il est d’autre part recommandé pour favoriser la remontance des variétés polyanthésiques, et pour obtenir de gros rhizomes, flatteurs, pour la vente ou les échanges.


Faut-il mettre des engrais ?

Nos deux auteurs en utilisent. Mme Martignier dispose la valeur d’une cuillerée à dessert d’engrais ordinaire autour de chaque pied. Innerst est plus précis, il fertilise environ six semaines avant la floraison avec un fertilisant 0-25-25. Le fertilisant est normalement éparpillé sur la surface des planches entre les touffes et incorporé à la binette, mais il peut aussi être laissé tel quel et c’est alors la pluie qui se charge de le faire pénétrer.

Faut-il couper les tiges lorsque la fleur est fanée ?

C’est, à mon avis, indispensable. Pour deux raisons :
· il n’est pas rare que des fleurs aient été fécondées par les bourdons. Dans ce cas, si on laisse les tiges, il y a risque que les capsules ne mûrissent et, s’ouvrant, laissent choir au sol leurs graines. Celles-ci peuvent germer et polluer gravement la touffe avec des plantes non désirées et qui peuvent laisser croire que la variété ainsi parasitée a dégénéré !
· La plante va continuer d’alimenter la tige et dépenser en pure perte une énergie qui lui serait utile pour reconstituer ses réserves.
Par-dessus le marché, garder les tiges est inesthétique !

A l’automne faut-il tondre les feuilles ?

Sterling Innerst ne répond pas à cette question. Mais Mme Martignier est d’avis qu’il ne faut pas le faire. Elle préconise d’enlever seulement les feuilles jaunes et sèches et tant pis, dit-elle, si la plate-bande ressemble à un carré de poireaux. Mais elle ne fournit pas d’explications. Pour ma part j’en vois une : les feuilles sont les poumons des iris. Au moment où ils doivent se reconstituer des réserves, c’est une mauvaise idée que de réduire leur capacité respiratoire. Certains obtenteurs américains qui veulent que leur jardin reste présentable même en période de dormance se contentent d’enlever feuille par feuille les parties abîmées ou desséchées, mais c’est un gros travail !

Faut-il couvrir les iris en hiver ?

Pour Mme Martignier, c’est superflu parce que les rhizomes supportent parfaitement le froid. Mais S. Innerst approuve tout à fait le paillage dans les régions froi­des non pas contre le froid lui-même mais pour empêcher que la plante se soulève. En effet l’eau se dilate sous l’effet du gel et la terre a tendance à se soulever. Si le gel est profond cela peut déchausser les iris. En fait ce phénomène est plutôt rare chez nous, mais il doit effectivement se produire en Pennsylvanie où les hivers sont plus rudes que les nôtres. Je connais une plantation de grands iris, située dans le Massif Central, à environ 800 m d’altitude, qui n’a jamais souffert ni de gels prolongés allant jusqu’à –20, ni d’une couche de neige de près d’un mètre, pendant plusieurs semaines.


Comment soigner la pourriture ?

C’est la maladie la plus fréquente chez les grands iris. Elle est essentiellement causée par un excès d’humidité au pied de la plante. Dans ce cas, selon Gaby Martignier, le plus simple est de découvrir les rhizomes malades, de les nettoyer et de les laisser guérir au soleil. Celui-ci cicatrise la blessure. Pour mon compte je traite la plaie bien nettoyée avec un pinceau trempé dans de l’eau de Javel fortement diluée. Cela marche bien. Il y a aussi des désinfectants dans le commerce, mais il faut les réserver aux cas graves.
PETIT DICTIONNAIRE DU MONDE DES IRIS

Tétraploïde
Adjectif. Terme d’origine grecque (tetraplous) signifiant ‘quadruple’.
A propos des iris, se dit des espèces (ou des cultivars) dont les cellules ont quatre paires de chromosomes, par opposition aux espèces diploïdes, qui n’en ont que deux.
Pendant très longtemps on n’a connu et cultivé que des iris diploïdes issus de I. germanica, I. pallida et I. variegata. La découverte en Asie Mineure d’espèces plus grandes et plus vigoureuses (I. trojana, mesopotamica, kashmiriana, cypriana) mais de coloris moins variés, a incité certains hybrideurs à croisé les deux types. Il s’est révélé que les espèces nouvellement découvertes avait un nombre de chromosomes double des espèces anciennes, ce qui a posé de sérieux problèmes car les cultivars issus du croisement des uns et des autres étaient rares et le plus souvent stériles. Ce n’est que peu à peu et après d’innombrables croisements que des variétés fertiles ont vu le jour. Les iris tétraploïdes se sont imposés dès lors rapidement (1920/1930).
LA MORT ANNONCÉE DE X.latifolium

Il y a des iris dont on peut craindre la disparition dans la nature. L’iris bulbeux Xiphium latifolium en fait partie.

« C’était il y a quarante cinq ans… Cet été là, peu avant de partir pour le service militaire (je ne savais pas encore où, mais il y avait toutes les chances pour que cela soit en Algérie), j’ai voulu faire une sorte de mini-tour de France. Avec ma 2CV Citroën je suis parti vers les Pyrénées. Les 2CV, cela n’allait pas vite, mais cela passait partout, y compris dans les cols. Cahin-caha j’ai entrepris l’ascension du Tourmalet en venant de Lourdes. Peu avant le sommet, je suis tombé sur une sorte de prairie couverte de fleurs d’un extraordinaire bleu pourpré, magnifiques. Je ne m’intéressais pas encore aux iris, mais j’avais de bonnes notions de botanique que m’avait transmises ma mère. Je me suis garé comme j’ai pu et j’ai couru vers ce pré merveilleux. J’ai immédiatement pensé à une sorte d’iris, apparemment bulbeux, mais ce n’est que de retour à la maison, Bonnier en main, que j’ai formellement identifié ce qui était alors nommé Iris latifolia.

Quelle ne fut pas ma surprise lorsque, bien des années plus tard, en tant que rédacteur de Iris & Bulbeuses, j’ai reçu une lettre de ce bon M. Cavaillé, un vieil amateur d’iris et de plantes bulbeuses, rédacteur occasionnel pour la revue, où il parlait exactement de ce champ d’iris et de sa destruction programmée par les arrachages inconsidérés commis par les touristes ! Je ne suis jamais repassé par le Tourmalet, mais je suppose qu’il n’y a plus que de l’herbe sur cette pente jadis incroyablement bleue, au début de l’été, peu après que la neige ait abandonné ces hauteurs…

Aujourd’hui on ne parle plus d’I. latifolia. Pendant quelques temps on a dit I. xiphoides, puis on est passé à X. latifolium. Allez vous y retrouver ! D’autant que chez les fleuristes on continue d’appeler ces fleurs des iris d’Angleterre, alors qu’il s’agit de plantes originaires des Pyrénées, aussi bien du côté français que du côté espagnol ! C’est une confusion historique qui est à l’origine de cette appellation. Parce qu’un botaniste anglais a découvert cet iris quelque part du côté de Bristol, près de la mer d’Irlande, et qu’il a cru qu’il s’agissait d’une espèce autochtone, alors qu’il est vraisemblable que l’exemplaire qu’il a eu entre les mains avait été apporté par quelque marin basque ou navarrais.

I. latifolia Miller 1768, ou Xiphium latifolium, donc, est un grand iris bulbeux, qui peut atteindre 60 cm mais en reste généralement à 40/45 cm. Il fleurit en début d’été dans les prairies d’altitude au sol frais et acide. Mais il s’adapte bien à d’autres conditions pourvu qu’il trouve fraîcheur et acidité. Les bulbes sont d’assez grosse taille (12/15 cm), mais ils sont fragiles et doivent être replantés très rapidement après avoir été déterrés. Ils ne développent leurs feuilles qu’au printemps, ce qui leur confère une excellente résistance et froid. Chaque tige produit de une à trois fleurs s’ouvrant l’une après l’autre, généralement de couleur pourpre vif, avec une flamme blanche et jaune, mais on en trouve des bleus profonds et même des blancs. Ce sont des fleurs vraiment spectaculaires, très gracieuses et qui tiennent bien en vase. Mais finir sur la table du salon me paraît un sort bien injuste pour une plante aussi belle. »
RÉCRÉATION

Quel est le point commun cinq variétés ci-dessous ?

WARRIOR KING
WEDDING CANDLES
WILLAMETTE MIST
WINDSOR ROSE
WORLD PREMIER
RÉCRÉATION ( réponses)

Les cinq variétés citées sont toutes des iris de Californie.