27.6.15

OOPS !

Un peu de retard ! Beaucoup d'étourderie !

HOMMAGE AUX SCHREINER'S

La firme Schreiner est la pépinière d'iris la plus importante au monde, et cela dure depuis 1925. C'est Carlos Ayento, le responsable du jardin « Brighton Park » à Chicago qui a eu l'idée de réunir, autant que cela soit possible, une photo de toutes les variétés enregistrées par l'illustre famille. Bien sûr il y a des trous dans sa collection, surtout concernant les variétés les plus anciennes, mais telle qu'elle est, c'est un magnifique hommage. Nous reprendrons ici quelques-uns de ces clichés (et quelques autres, pour exprimer aux Schreiner's toute notre reconnaissance.

 Huitième partie : Les années 1980/84 

 'Skyfire' (1980) (Flaming Day X ((semis x Pretty Carol) x Claudia Rene)) 


 'Dawn Glory' (1982) ((Annabel Lee x (Gracie Pfost x semis)) X ((semis x Lilac Supreme) x Warm Laughter sib)) 


'Last Hurrah' (1983) (Sailor's Dance X St. Louis Blues sib) 


'Perfect Interlude' (1984) ((Citron Creme x Sunlit Ripples) X Country Manor)

EN NOIR ET BLANC

Obtenir une variété parfaitement blanche, il y a longtemps que les hybrideurs y sont parvenus. Réussir un iris parfaitement noir, on n'en est pas loin, mais il faut encore faire un petit effort, même si les variétés dites « noires » sont désormais très sombres et tout à fait élégantes. Mais un iris noir et blanc ? Peut-on le faire ? C'est ce que nous allons voir dans la présente chronique.

Un iris noir et blanc, c'est une fleur dont les sépales sont noirs (ou, admettons, violet très foncé) et les pétales vraiment blancs ; quant aux barbes, elles doivent être le plus discrètes possible, pour ne pas nuire au but recherché. Et réussir cela, c'est encore un exploit ! Parce que pour y arriver il faut triompher d'un triple défi :
1) le défi du noir ; Le noir n'est pas une couleur de fleur, à proprement parler. C'est une concentration extrême de pigments anthocyaniques. Pour obtenir un noir parfait, les hybrideurs le savent depuis longtemps, il faut que les pigments anthocyaniques, qui se logent dans le liquide interstitiel situé entre les cellules, soient le plus concentrés possible. Pour cela, on utilise la méthode le l'endogamie qui consiste à croiser deux variétés de la même couleur, selon la formule (Noir X Noir = Noir+) en ce qui concerne notre sujet. Après une multitude de croisement de ce type, on est parvenu à obtenir du noir quasiment parfait. 'Before The Storm' (Innerst, 1989 – DM 1996) a été une première approche justement récompensée. Avec 'Hello Darkness' (Schreiner, 1992 – DM 1999) on a atteint un nouveau pallier qui n'a été dépassé, peut-être, que par 'Black Suited' (Innerst, 1999). Pour le noir, le défi est sans doute relevé.
2) Le défi du blanc ; Pour obtenir des pétales blancs, il faut supprimer ou inhiber les pigments bleus naturellement présents dans cette partie de la fleur. Le matériel pour existe. Il provient des gènes de I. reichenbachii introduit dans les grands iris par Paul Cook. Plus ces gènes seront nombreux et efficaces, plus les pigments anthocyaniques seront bloqués et plus on verra du blanc. Les hybrideurs arrivent à maîtriser la présence de ces gènes et, en quelque sorte, à les doser. Mais la difficulté consiste à faire en sorte que ces gènes inhibiteurs agissent au mieux sur les pétales mais ne tentent pas de déborder sur les sépales ! C'est là le troisième défi.
3) le défi de la juxtaposition ; Le tout est dans le dosage. Il arrive très souvent que la dose d'anti-pigments soit insuffisante. Dans ce cas le blanc pur ne sera pas atteint. Il restera du bleu (ou du violet) dans les côtes des pétales et au cœur de la fleur. Cela peut être très joli, mais on ne sera pas au but. A l'inverse, les gènes inhibiteurs peuvent quitter les limites des pétales et envahir les sépales. Ainsi des rayures blanches apparaîtront à partir de la base des sépales , autour des barbes, et irradieront plus ou moins loin vers les bords, les veines, elles, résistant mieux à la décoloration. Le noir et blanc parfait sera obtenu quand la décoloration des pétales sera totale et quand le « noir » des sépales aura impeccablement résisté.

 On peut parler d'un quatrième défi : celui des barbes. Leur couleur ne doit pas trancher avec celle du reste de la fleur. On retiendra donc, dans la mesure du possible, les semis qui présenteront des barbes proches du noir ou, tout au moins, peu visibles. Or, pour accentuer la sensation de noir, on peut être tenté d'introduire dans les sépales un peu de rouge-brun. Mais cette teinte est obtenue en utilisant des pigments caroténoïdes qui colorent généralement les barbes dans les tons de mandarine, voire de rouge. Avec ce subterfuge on risque donc de passer du noir et blanc au tricolore, ce qui serra une autre forme d'échec.

Pour augmenter la difficulté, il ne faut pas oublier que les iris-parents que l'on va choisir sont des plantes issues de croisements nombreux et plus ou moins maîtrisés qui comportent toutes sortes de gènes qui vont venir compliquer l'opération et rendre les résultats très aléatoires. Il faut donc aussi faire une place au facteur chance !

Cela dit, à l'heure actuelle, je vois trois pistes explorées par les hybrideurs : celle qui descend de 'Midnight Moolight' initiée pat Lowell Baumunk et encore peu utilisée ; celle inventée par Richard Cayeux avec 'Noctambule', et celle qui part de 'Starring' et de ses frères de semis, créée à l'origine par Joë Ghio. Examinons le sort de ces trois souches.

 La souche 'Midnight Moonlight'. Son point de départ est donc 'Midnight Moonlight' (Baumunk, 1999) qui a pour pedigree (Tempting Fate X (Twist of Fate x Ride the Wind)). L'idée de base est toute simple : partir d'une fleur où les pigments bleus sont très concentrés sur les sépales, mais où les pétales sont plus clairs et, sans doute, plus faciles à dépigmenter, et pour faciliter cette dépigmentation, une variété fortement dosée en gènes inhibiteurs. Le résultat est très proche de celui qui a été souhaité puisque les pétales sont blancs, les sépales pourpre très foncé, à peine plus clairs aux bords et sous les barbes et celles-ci, couleur moutarde, très peu visibles.

 La souche 'Noctambule' (((Rebecca Perret x 88175A) x (Bal Masque x (Astrid Cayeux x Helene C.))) X (Futuriste x (In Town x Night Edition))) procède de la même idée de base : des néglectas aux sépales sombres, des amoenas (type Emma Cook essentiellement) aux pétales bien clairs, et au final 'Noctambule' (Cayeux, 2005) qui ne s'éloigne du but visé que par la présence de quelques traces des gènes inhibiteurs du bleu sur le haut des sépales. Les barbes, jaune vif, ne sont pas agressives et, d'un autre côté, avivent agréablement la fleur.

 La souche 'Starring'. C'est, de loin, la plus connue et la plus utilisée. 'Starring' (Ghio, 1999) est décrit ainsi : « Pétales blancs, bras des styles blancs, crêtes liserées d'or ; sépales pourpre-noir, barbes rouge brique. » C'est le produit du croisement ((Notorious x ((Success Story x (Fancy Tales x Alpine Castle)) x ((Persian Smoke x Entourage) x ((Strawberry Sundae x (Artiste x Tupelo Honey)) x Borderline sib)))) X Romantic Evening). Il faudrait détailler les particularités de chacune des variétés entrant dans ce pedigree pour comprendre comment Joë Ghio est arrivé à un pareil résultat. Ce qui est certain c'est qu'il a obtenu quelque chose de proche de la perfection. La seule note discordante est celle de la barbe, sans doute encore trop colorée. Mais il faut aussi dire qu'elle est très discrète par la taille et qu'elle ne provoque pas l'effet tricolore. La réussite est donc indéniable, et beaucoup de ceux qui ont voulu présenter leur propre noir et blanc sont partis de là. Ajoutons que deux frères de semis de 'Starring', 'Snowed In' (1998) et 'Connection' (1999), qui possèdent donc le même patrimoine génétique, mais ne se présentent pas exactement sous le même aspect, ajoutent aux possibilités de la famille.

Alors que c'est, à mon avis, la variété la plus proche du but à atteindre, il semble que 'Midnight Moonlight' ait été le point de départ le moins utilisé. Peut-être que les hybrideurs le considèrent plus comme un aboutissement qu'un point de départ ? En fait on ne lui connaît qu'un seul descendant direct, et encore s'agit-il d'un croisement de 'Starring' et de 'Midnight Moonlight'. Son nom est 'Opposites' (un nom vraiment approprié) (S. Trio, 2013). D'apparence, c'est un sosie de 'Noctambule'.

'Noctambule' qui n'est arrivé sur le marché qu'en 2007 n'a pas eu encore le temps de donner naissance à un certain nombre de descendants. Mais je parierais qu'on en trouvera d'ici peu car il ne peut que tenter les opportunistes qui veulent avoir une place dans le domaine du noir et blanc. En attendant, Richard Cayeux a continué ses travaux sur la question et proposé 'Domino Noir' (2013), d'une origine voisine. Cet iris, issu de 'Magnetisme' (Cayeux, 2009), s'approche encore plus de l'idéal.

Venons-en à la souche 'Starring' (et 'Starring' frères). Je lui ai trouvé une quinzaine de descendants qui peuvent être classés dans le modèle. Mais il y en a bien peu, somme toute, à qui l'on peut attribuer sincèrement l'épithète « noir et blanc ». Les meilleurs sont :
'Blackberry and Cream' (Z.Seidl, 2011), malgré des traces trop violacées à la base des pétales ; 'Cosmic Celebration' (L. Painter, 2008), dont la barbe est trop rouge à mon goût ;
'Grace upon Grace' (L. Roberts, 2007), très intéressant descendant de 'Snowed In', barbes discrètes ; 'Jazz Queen' (B. Nicodemus, 2011), actuellement sans doute le meilleur ;
'Trumped' (T. Burseen, 2007), très proche du but.
A partir de 'Connection', les variétés noir et blanc sont peu nombreuses, mais on peut y classer 'Yin-Yang' (A. Chapelle, 2010), qui provient du croisement (Enjoy the Party X Connection).

 Pour terminer cet aperçu, la photo que j'ai récemment reçue de 'Atoll Marin' (Marin Le May-Anfosso, 2015) (Wings of Peace X Starring) montre une fleur sans doute très proche du but. Marquant le retour à l'hybridation de la famille Anfosso, cet iris me semble plein de promesses.

Il y a eu d'autres tentatives dont je n'ai pas fait l'inventaire ici, mais la rareté des réussites démontre le niveau de difficulté auquel se confrontent les hybrideurs. C'est comme vouloir prendre un calmant pour bien s'endormir le soir, et un excitant, pour bien se réveiller le lendemain !

 Illustrations : 


 'Midnight Moonlight' 


'Domino Noir' 


'Starring' 


'Atoll Marin'

19.6.15

ECHOS DU MONDE DES IRIS

Iris de Californie « made in Australia ». 

John Taylor, l'hybrideur australien de renommée mondiale, spécialiste des iris de Louisiane et des iris de Californie, m'a fait parvenir quelques photos de ses dernières obtentions.

Pour le plaisir des lecteurs d'Irisenligne, en voici quelques unes.




HOMMAGE AUX SCHREINER'S

La firme Schreiner est la pépinière d'iris la plus importante au monde, et cela dure depuis 1925. C'est Carlos Ayento, le responsable du jardin « Brighton Park » à Chicago qui a eu l'idée de réunir, autant que cela soit possible, une photo de toutes les variétés enregistrées par l'illustre famille. Bien sûr il y a des trous dans sa collection, surtout concernant les variétés les plus anciennes, mais telle qu'elle est, c'est un magnifique hommage. Nous reprendrons ici quelques-uns de ces clichés (et quelques autres, pour exprimer aux Schreiner's toute notre reconnaissance. 

 Septième partie : Les années 1975/79 


 'By Night' (1976) (((Black Onyx x semis) x Prince Indigo) X Ecstatic Night) 


'Superstition' (1977) (semis X Navy Strut) 

'Stitch in Time' (1978) ((Tea Apron x Stepping Out) X (Magic Circle X Stepping Out)) 


'Enchanted World' (1979) ((Flaming Dragon x Pink Horizon) X (Glazed Orange x Radiant Light))

SCÉNARIO NOIR POUR IRIS ROUGE

Fiction 

 PARIS, 24 mai, 16.10 (de notre correspondant particulier).

Le concours « Iris en France » vient de se terminer. Le jury s'est réuni en fin de matinée et les discussions viennent seulement de prendre fin. Rappelons que les juges sont originaires d'Australie -1-, Lettonie -1-, Italie -1- et France -2-. L'un d'entre eux a bien voulu me communiquer les notes qu'il a prises au cours des discussions. Elles démontrent combien il a été difficile de se mettre d'accord sur un palmarès.

 Le dépouillement des votes a mis en évidence que cinq variétés, assez dissemblables, étaient arrivées « dans un mouchoir de poche » pour reprendre une expression populaire bien connue. En voici la description dans l'ordre de leur numéro de compétition :
13 : pétales jaune éteint, sépales blanc bleuté sous les barbes, devenant progressivement bleu vif en gagnant vers le pourtour, lequel est brun café ; barbes moutarde.
17 : Pétales et sépales blancs, cœur de la fleur rose crevette, barbes roses avec éperons mandarine. 63 : pétales blanc glacier, fin liseré bleu marine, styles blancs bordés de bleu marine ; sépale violet pourpré presque noir ; barbes tabac brun.
92 : pétales et sépales blancs, cœur infus de jaune vif, barbes jaunes.
108 : fleur uniformément rouge pompier, barbes jaune doré, peu visibles.

Après un premier tour de table où chacun s'est exprimé sur ses préférences, le n° 92, en dépit de qualités horticoles évidentes, a été classé en cinquième position, essentiellement parce que ses concurrents présentaient des coloris ou des modèles plus spectaculaires.

 La variété n° 13 a été considérée comme originale mais, pour au moins deux juges, d'un coloris vulgaire et trop voyant. Les qualités végétatives de la plante ont été mises en avant par son principal soutien sans pour autant convaincre les autres juges sur l'intérêt de lui accorder une préférence. Elle se trouve classée en quatrième position.

Un second tour de table n'a pas permis de dégager une majorité en faveur de l'une ou l'autre des variétés restant en lice.

 Le cas de l'iris n° 17 a fait l'objet d'une discussion très vive. En effet l'ensemble du jury s'est accordé pour dire que le modèle et le coloris de la fleur étaient tout à fait remarquable, mais la controverse a porté sur ses qualités générales : feuillage étroit et rabougri, vigueur insuffisante, nombre de boutons un peu faible. Deux juges ont insisté pour mettre en avant l'originalité de la fleur et se montrer indulgent sur les défauts végétatifs. Mais deux autres juges ont été intransigeants à ce sujet et ont fait remarquer que dans une compétition internationale, les récompenses ne peuvent aller qu'à des variétés au-dessus de tout reproche. L'avis du cinquième juge a été déterminant et, comme il s'est finalement rangé aux arguments des deux juges « sévères », le n° 17 a pris seulement la troisième place.

 Une autre discussion très animée a marqué l'étude du cas n° 63. L'accord est intervenu rapidement à propos de ses qualités horticoles, mais plusieurs juges ont considéré que le coloris blanc/noir, s'il pouvait plaire à certains collectionneurs, en particulier pour sa rareté et le caractère acrobatique de son obtention, nuisait à son avenir commercial auprès des simples amateurs. Les deux juges français auraient préféré qu'on leur présente une fleur dotée de barbes mandarine ou rouges, ce qui aurait relevé l'ensemble et l'aurait rendu plus attrayant. Mais le juge letton a insisté sur le caractère exceptionnel d'une telle fleur qui réalise une association parfaite de couleurs antinomiques qui constitue une avancée majeure en matière d'hybridation ; à son point de vue, une barbe vivement colorée aurait évidemment rendu la fleur plus gaie, mais aurait nui à l'effet recherché. C'est l'avis prépondérant du Président, australien, qui a emporté la décision de donner dans un premier temps la préférence à cette variété dans le classement final.

 Particulièrement intéressante a été la discussion suscitée par l'iris n° 108. A l'issue du premier tour de table il semblait que la suite des débats pouvait tourner à son avantage pour le premier prix mais les choses ne se sont pas déroulées comme cela avait l'air acquis. Le côté sensationnel de cette plante, avec une couleur inconnue jusqu'à présent, irréalisable sans le secours de la science, a, dans un premier temps, séduit les membres du jury qui étaient cependant au courant de l'origine artificielle de cette variété. Mais des interrogations se sont élevées. Un point de friction essentiel a été le suivant : peut-on accorder la préférence à une variété qui résulte d'une manipulation génétique et non pas d'un travail horticole ne faisant appel qu'à des lois naturelles et à l'habileté de l'hybrideur ? Le juge letton a été spécialement alarmiste sur cette question. A son avis laisser ce répandre ce genre de plante portait le risque d'une disparition, à terme, des iris dépourvus de gènes artificiels. Il souhaitait donc que, compte tenu de ce risque, le concurrent n° 108 soit exclu de la compétition. L'un des juges français s'est partiellement rangé à cette opinion, sans aller, toutefois jusqu'à l'exclusion. Le débat a alors rebondi car, comme l'a fait remarquer le juge italien, si l'on redoute la dispersion des gènes artificiels, on ne peut pas récompenser le porteur de ce risque. Le second juge français a été beaucoup moins alarmiste que les précédents, laissant entendre que les conséquences d'une dispersion n'étaient peut-être pas si dramatiques que ses détracteurs tendaient à le démontrer. De nouveau des hésitations se sont fait jour et un vote, à bulletins secrets, a abouti à classer en deuxième position cette plante controversée. Cependant les membres du jury convaincus du danger ont de nouveau relancé le débat et, après de longs et vigoureux échanges, un nouveau vote a eu lieu. Cette fois l'iris rouge n° 108 a été retiré de la compétition. Une motion spéciale a été ajoutée aux résultats du jugement demandant à ce que l'autorité compétente (en l'occurrence l'American iris Society qui gère ces problèmes) interdise de façon générale les manipulations génétiques. Cette décision, la première du genre vu qu'auparavant il n'y a pas eu de compétition à laquelle une variété artificielle ait participé, devrait, en quelque sorte, faire jurisprudence.

 Pour mettre les choses au clair le Président a demandé un dernier vote afin d'établir un classement unanime et cohérent. Une fois révélé le nom des variétés et celui de leurs obtenteurs, le vote a donné le résultat ci-dessous :

1) N° 92, 'Ma Payse' (Jean-Jacques Castagnède, France)

2) N° 63 'Porteur de Lumière' (Thomas Montjoye, Belgique)

3) N° 17 'If you Love me' (Greg Higgins, USA)

4) N° 13 'Give me your Hand' (Joel Stanley, Australie)

le N° 108 'Krasniyanka' (Sergeï Golotchenko, Ukraine) est déclaré hors compétition.

12.6.15

ECHOS DU MONDE DES IRIS

FRANCIRIS 2015 / Prix du public

 Gérard Raffaelli m'apprend que le prix du public du Concours FRANCIRIS 2015 a été décerné à
'Barbe Noire' (Cayeux, 2013) tout comme le Grand Prix du Concours lui-même. En deuxième position :
'Ferragosto' (Montanari, 2008) et en troisième,
'Caresse d'un Soir' (Chapelle, 2010).

Encore un triomphe pour les Européens.

HOMMAGE AUX SCHREINER'S

La firme Schreiner est la pépinière d'iris la plus importante au monde, et cela dure depuis 1925. C'est Carlos Ayento, le responsable du jardin « Brighton Park » à Chicago qui a eu l'idée de réunir, autant que cela soit possible, une photo de toutes les variétés enregistrées par l'illustre famille. Bien sûr il y a des trous dans sa collection, surtout concernant les variétés les plus anciennes, mais telle qu'elle est, c'est un magnifique hommage. 

Nous reprendrons ici quelques-uns de ces clichés (et quelques autres, pour exprimer aux Schreiner's toute notre reconnaissance. 

 Sixième partie : Les années 1970/74 


'Night Owl' (1970) (Prince Indigo X Nightside) 


'Gigi' (1971) (Magic Circle X Stepping Out) 


 'Brook Flower' (1973) (deux semis non dénommés) 


'Gay Parasol' (1974) (semis Davis de Melodrama X Margarita)

BLUEYED BRUNETTE (FDM)

Plutôt que pour une banale description, je choisis pour ces « Fleur du Mois » une variété avec laquelle j'ai vécu une histoire. 'Blueyed Brunette' n'échappe pas à cette règle. 'Blueyed Brunette' (Charles Hall, 1962) est entré dans ma collection à un moment où, comme pratiquement tous les collectionneurs, j'ai éprouvé le besoin d'ajouter à mes iris, jusque là très classiques, quelque chose de plus original ou qui, plus simplement, sortait un peu de l'ordinaire. Le fait que ce soit une variété d'origine anglaise, qu'elle ait obtenu la Médaille de Dykes britannique, qu'elle apparaisse dans le catalogue de Lawrence Ransom sous une description flatteuse, m'a fait pencher en sa faveur. Elle a fleuri dès son premier printemps en Touraine et s'est montrée fidèle et vigoureuse. Elle a montré ses jolies petites fleurs couleur tabac, toute simples, pendant de nombreuses années, jusqu'au jour où, je le regrette aujourd'hui, à l'occasion d'une transplantation, j'ai jugé bon de ne pas la réintroduire dans ma collection rénovée. A l'époque j'avais plus d'attirance pour les iris aux fleurs modernes, ondulées et frisées, et chez Ghio ou Schreiner il y avait alors des variétés couleur tabac qui correspondaient à ces choix. 'Blueyed Brunette a donc disparu à ce moment. Ce fut une décision funeste, je le reconnais aujourd'hui. Même que, si j'avais eu quelques décennies de moins, j'aurais pu qualifier ça d'erreur de jeunesse !

'Blueyed Brunette' résulte du croisement (Quechee X Carnton), deux variétés dans les tons de brun, issues elle-même d'une série d'iris bruns. 'Quechee' (Knowlton, 1947) a été assez recherché en hybridation, 'Carnton' (Wills, 1950) un peu moins. Charles Hall, du même croisement, a enregistré deux autres iris bruns : 'Redbourne' (1965), et 'Royal Oak' (1962). Ces deux-là n'ont pas eu une destinée aussi flatteuse que celle de leur frère de semis. Mais un autre enfant de 'Quechee' est aussi venu sur le devant de la scène. C'est 'Muriel Neville' (Fothergill, 1963) qui a obtenu à son tour la British Dykes Medal en 1973. Enfin notons que 'Quechee' figure dans le pedigree de 'Fortunate Son' (Schreiner, 2006, preuve s'il en est besoin qu'il n'est pas encore complètement oublié. Tout ceci est le signe que ce 'Quechee' avait un excellent potentiel génétique. De son côté 'Carnton' dont les descendants sont bien moins nombreux, est à l'origine de 'Natchez Trace' (Wills, 1964), un autre brun très apprécié en son temps et qui figure toujours dans de nombreuses collections.

 Le registre mondial des variétés de grands iris ne comporte pas de descendant connu de 'Blueyed Brunette'. Il est vrai que ce cultivar, issu d'une longue lignée d'iris bruns, ne pouvait guère laisser espérer une possible amélioration de ses qualités. Ce n'est pas le cas de ses deux frères de semis. 'Redbourne' a donné naissance à 'Brigand' (C. Hall, 1971), un autre brun. Quant à 'Royal Oak', sa descendance est plus importante et comprend quelques bruns intéressants comme 'Audley' (C. Hall, 1974), brun clair, ou 'Sienna' (C. Hall, 1974), brun foncé. Ces variétés font partie des derniers enregistrements de leur obtenteur.

S'il est encore possible de se procurer ce 'Blueyed Brunette', je le conseille vivement à ceux qui aiment les iris au charme un peu désuet, qui portent des petites fleurs sans fioritures (tailored and dainty, comme ont dit outre-manche). Je me dis chaque année que j'aurais bien du le garder !

Illustrations : 


 'Blueyed Brunette' 


'Quechee' 


'Muriel Neville' 


'Natchez Trace'

TOUT PETIT PETIT

Le chapitre sur les iris MDB (Miniature Dwarf Beardeds) de « The World of Irises » commence comme ceci : « Lorsque la vue du premier crocus va signifier pour la plupart des gens le retour du printemps, c'est la vue du premier iris nain miniature qui va vouloir dire « printemps » pour les amis des iris. Les premiers des iris barbus à fleurir, les MDB, annoncent la saison si impatiemment attendue pendant le long hiver (...) » C'est, ma foi, fort bien dit ! En effet ces tout petits iris sont effectivement les premiers à fleurir, et ceux qui en possèdent vont se sentir tout ragaillardis quand ils vont les apercevoir. Petits ils sont, c'est certain, puisque leur hauteur, officiellement, ne doit pas excéder 21cm., avec des tiges qui peuvent être plusieurs mais sans pousses latérales, et des fleurs qui, pour respecter de bonnes proportions, n'auront pas plus de 7,5cm de large. Leur précocité n'incite pas à les placer en bordure d'iris de haute tailles puisqu'ils ne seront pas fleuris simultanément, mais ils seront tout à fait à leur place en compagnie d'autres fleurs hâtives près desquelles leur relative raideur donnera de la structure à l'ensemble du massif. Dit ainsi, cela n'incitera pas l'amateur à constituer des bordures complètes de MDB ou à rassembler une collection abondante de ces petites fleurs. On peut être néanmoins tenté d'en réunir un certain nombre,ne serait-ce que pour se faire une idée de la variété des couleurs et des modèles.

 Les tout premiers MDB étaient en général violets, gris-bleu, jaunes ou blancs. C'était surtout les hybrideurs européens qui s'intéressaient à eux. Ce fut le cas des allemands Goes & Koenemann, de l'anglais Carpane, du hollandais van Tubergen et surtout des français Millet et André. De ce dernier on connaît encore les petits 'Lieutenant de Chavagnac' et 'Jean Siret', qui datent de 1926 et ont fait le tour du monde. Ces deux-là ainsi que les autres MDB de leur époque était issus de l'espèce I. chamaeiris croisée avec I. olbiensis ou I. italica. L'analyse chromosomique effectuée plus tard a confirmé cette origine. I. pumila, un peu plus grand, mais très voisin, et tétraploïde, fait aussi partie du panel génétique des MDB et d'ailleurs c'est de cette espèce qu'est parti le travail de Paul Cook, aux USA, au milieu des années 1940, dont on peut dire qu'il a été fondateur des MDB que nous connaissons aujourd'hui.

Quelles que soient leurs qualités horticoles, les iris nains miniatures n'ont pas rencontré un grand succès au début de leur existence, ni de la part des obtenteurs, ni, surtout, des amateurs ; de sorte que leur développement a été très lent et qu'ils restent la moins recherchée de toutes les classes. Ainsi en l'année 2000 y a-t-il eu l'enregistrement de 525 grands iris (TB) mais seulement de 9 iris nains miniature (MDB).

 Malgré le peu d'engouement pour ces iris, les hybrideurs ont réussi à obtenir des variétés de très nombreux coloris : unicolores bleu, violet, pourpre, brun, rose, orange, jaune, blanc ; bicolores, amoenas (et même amoenas inversés), neglectas, plicatas, variegatas... Le choix mondial est, finalement, plutôt vaste, mais en France il est en revanche exceptionnellement limité ! Seule la Maison Cayeux offre un choix remarquable, avec 33 variétés présentées, toutes américaines ; chez Iris en Provence, en cherchant bien, on trouvera 'Pokemon' (G. Sutton, 2000), classé parmi les « iris de rocaille ». Enfin à la Ferme des Iris il y a deux variétés obtenues par le franco-hollandais Loïc Tasquier.

Il fut un temps, au début de son activité commerciale, où Lawrence Ransom offrait une belle collection de MDB, mais elle a très vite disparu. C'est pourtant lui, et son compère Jean Peyrard, qui ont hybridé chez nous cette classe d'iris avec le plus de constance et le goût de l'exceptionnel qui les caractérise. A eux deux, à partir de 1991, ils ont enregistré une douzaine de variétés, souvent très originales et propres à exciter la curiosité des collectionneurs. Chez Ransom cela à commencé par 'A Gogo' (1992), un tout petit jaune pâle à barbes blanches, suivi de 'Dekho' (1993), fils de Hocus Pokus x Eyebright, d'un étrange coloris jaune verdâtre et acajou. Jean Peyrard s'est essayé avec 'Soueich' (1991), dans les tons de jaune, obtenu à partir de graines échangées avec la BIS. Sa plus belle réussite sera 'Passion Bleue' (1994), violet aux sépales presque noirs. Lawrence Ransom a poursuivi son travail jusqu'à une date récente puisque l'on découvre 'Quota' en 2008 puis 'Tilleul' en 2010. Pour être complet sur ce qui se fait en France en la matière, il faut parler des deux variétés enregistrées par Loïc Tasquier, 'Bijtje' (2009) et 'Wheety' (2010) et, pour finir, le MDB de Michèle Bersillon 'Fauviste', de 2011.

 Au vu de ce qui précède on peut dire que notre pays est bien placé en matière de MDB, ce qui démontre que ce n'est pas l'espérance de ventes faramineuses qui pousse nos hybrideurs à travailler sur ces iris, mais l'envie et la curiosité. Pour cela ils méritent nos encouragements. Espérons qu'ils continuent car, rien que pour le plaisir, le jeu en vaut la chandelle.

 Illustrations : 


 'Enfant Terrible' (Ransom, 2007) ; 


'Punk' (Ransom, 1998) ; 


'Quota' (Ransom, 2008) ; 


'Bijtje' (Tasquier, 2009).