30.12.02

Bonne année iridophile à tous ceux qui lisent ce blog !
CLEAR MORNING SKY

La classe des amoenas inversés n’est pas surchargée. Cependant, depuis quelques années elle s’alourdit un peu et les variétés nouvelle sont de plus en plus contrastées. Parmi ces dernières, une des plus jolie me paraît être CLEAR MORNING SKY (Ernst 91). Cette variété est décrite comme « pétales bleu clair, plus sombres à la base, sépales bleu pâle, barbes bleues, jaune au coeur ». C’est une description très honnête, car certains auraient été tentés de dire que les sépales étaient blancs, ce qui ne serait pas franchement inexact ! La fleur, délicatement parfumée, se distingue par ses belles ondulations et la grâce de sa forme générale. Le contraste bleu/blanc est très net, et l’effet amoena inversé incontestable. Ajoutons que la plante est grande et robuste et nous aurons une vision complète d’un bel iris de collection.

Au plan du pedigree, on a affaire à une fleur endogamique, résultant du croisement de deux iris frères de semis, issus de SONG OF NORWAY (Luihn 79 – DM 86) et de INHERITANCE (Babson 77). On ne décrit plus SONG OF NORWAY, qui a obtenu une DM un peu heureuse, à mon avis, car l’effet amoena inversé y est faible et la fleur est raide. INHERITANCE est une variété peu connue, du moins en France, dans les tons de rose orchidée, en provenance des travaux de Sanford Babson avec les iris bleus ou indigos. Ses grands-parents s’appellent CLAREMONT CLASSIC (Babson 65), bleu saphir, HIGH ABOVE (DeForest 60), bleu très clair, APROPOS (Babson 64), deux tons de bleu indigo, et COMMENTARY (Babson 63), chamois sur parme. Ce COMMENTARY fait partie des variétés qui ont été la coqueluche des hybrideurs dans les années 60. En l’occurrence on la retrouve dans les origines de APROPOS – COMMENTARY x MELODRAMA - et de CLAREMONT CLASSIC – GOODNESS x COMMENTARY. La « mère » de cet iris est une variété fameuse, SAVAGE, bronze rosé, qui remonte aux origines des iris où le rose et le brun se mélangent, très utilisée par Sanford Babson pour ses iris bruns et mauves comme CAMBODIA (Babson 66) et ses descendants.

CLEAR MORNING SKY tient donc de sa « mère » son caractère d’amoena inversé. Il en est une évidente amélioration, avec des teintes plus contrastées et une fleur beaucoup plus souple et gracieuse. Son obtenteur, Richard Ernst, est l’hybrideur attitré de la famille Cooley dont il est une « pièce rapportée ». Voilà un obtenteur qui travaille depuis plus de trente ans, qui enregistre chaque année quatre ou cinq variétés, dans tous les types de fleurs et tous les coloris, et qui n’a encore jamais été distingué par une distinction de haut rang. Cela peut paraître surprenant car il dispose d’un soutien logistique remarquable ( le catalogue Cooley est le premier au monde par le chiffre d’affaire) et produit des fleurs qui me paraissent intéressantes. Peut-être doit-on attribuer ce relatif insuccès à une certaine dispersion dans les hybridations ? En tout cas le succès commercial est parfait : des variétés comme ADOBE ROSE (88), AFTERNOON DELIGHT (85), AMBER TAMBOUR (91), ENVY (90), JURISPRUDENCE (86), QUIET RIOT (84) ou TRACY TYRENE (88) sont bien connues chez nous et bien présentes dans nos jardins. C’est matériellement une bonne affaire, mais la renommée de l’obtenteur est aussi liée à la reconnaissance des juges, et, sur ce plan, Rick Ernst n’est pas encore parvenu à la consécration. Il n’est pas le seul obtenteur de talent à se trouver dans ce cas : Gordon Plough ou Melba Hamblen ont connu la même mésaventure…
HOLLYWOOD NIGHTS

Ce n’est pas tous les jours qu’on découvre un iris qui vous fasse une impression saisissante. La plupart du temps, quand cette émotion se produit, c’est à cause d’une fleur d’une couleur qui sort de l’ordinaire. Mais en ce qui concerne HOLLYWOOD NIGHTS (R. Duncan 2000), c’est plutôt la forme de la fleur qui est remarquable, ainsi que son fini. HOLLYWOOD NIGHTS est une variété d’un bleu indigo sombre, à peine éclairci d’un voile de poudre blanche sous les barbes qui sont également indigo. La couleur est uniforme et fortement saturée, mais surtout elle a un aspect luxueusement satiné qui accroît sa brillance naturelle. Par-dessus le marché la fleur est de belle taille, très ample, une forme à la Hager, avec des sépales larges dès leur point d’attache et des ondulations voluptueuses et des bords finement laciniés, ce qui est une apparence exceptionnelle chez un iris sombre. Il est vrai que la « mère » de cette fleur magnifique est le fameux DUSKY CHALLENGER (Schreiner 86 – DM 92), dont la forme est déjà remarquable. HOLLYWOOD NIGHTS tient donc beaucoup de sa mère, mais il y ajoute de la modernité et de la grâce. Son géniteur est un semis issu de deux variétés pourprées, SPIN-OFF (Maryott 87) et STREET WALKER (Joyce Meek 84). Le premier cité a apporté à son descendant les frisures et le velouté, le second lui a donné ce soupçon de blanc qui lui confère une bonne part de son caractère. SPIN-OFF descend lui-même de MAGENTA ROSE (Gibson 77) dont il tient sa couleur. STREET WALKER est un fils de deux variétés intéressantes, KILT LILT (Gibson 70 – DM 76) et SEVEN HILLS (Coleman 75), un iris foncé, bronze et acajou, un peu strié aux épaules.

L’an prochain, HOLLYWOOD NIGHTS sera en lice pour les Honorables Mentions. Je ne crois pas m’avancer en disant qu’il a toutes ses chances pour aller loin dans la course aux honneurs. Cela serait une rapide consécration pour son obtenteur, Roger Duncan, un Californien dont HOLLYWOOD NIGHTS n’est que la seconde variété enregistrée. Avec Richard Tasco, il gère une pépinière qui commence à être connue, Superstition iris Garden. Ce même Richard Tasco est une étoile montante, apparue en 92 dans le ciel de l’iridophilie. Dès cette année là son premier iris, RUFFLED GODDESS, a été aussitôt remarqué, de même que le furent en 95 MARIPOSA SKIES et en 97 SPLASHACATA, un plicata original, qui dès 2000 récoltait un HM.. Maintenant Tasco et Duncan atteignent leur rythme de croisière. C’est une paire d’obtenteur qui fait déjà partie des meilleurs.

21.12.02


JAMES P. McWHIRTER

L’existence de James P. McWhirter s’est achevée brusquement en mai 1995. Il n’avait que 56 ans. C’était un fan d’iris depuis sa prime jeunesse. Il était originaire du Tennessee. A l’époque Nashville était un haut lieu de l’iridophilie, avec la présence d’hybrideurs fameux comme Geddes Douglas et Jesse Wills. Très tôt donc, le petit Jim s’est intéressé aux iris et s’est initié à la tâche de juge. Après ses études à l’Université Vanderbilt, il est allé, dans les années 60, s’installer en Californie. Avec son ami Don Denney, autre grand hybrideur, il a loué une exploitation et a commencé à hybrider. Sa première variété enregistrée a été TENNESSEE FROST, en 1974. Il s’agit d’un iris entièrement blanc, issue d’un bleu, SAPPHIRE HILLS. Par une curieuse coïncidence, l’une de ses dernières obtentions à avoir obtenu un HM se nomme MOTHER MARSHMALLOW (97) et est aussi un iris tout blanc, également issu d’un bleu, en l’occurrence le beu turquoise clair NAVAJO JEWEL.

Des récompenses, Jim McWhirter en a obtenu beaucoup : une trentaine de ses iris sont parvenus jusqu’aux HM, et six au moins ont reçu l’Award of Merit, une distinction qui n’est pas si courante. En matière de concours, sa plus belle réussite a été pour AMERICA’S CUP (89) qui, en 97, a terminé son parcours au troisième rang pour l’obtention de la Wister Medal.

De toute sa production, nous connaissons surtout en France BARBARY COAST (78), brun clair ombré de mauve, BRANDY (81), couleur « vieux marc », comme son nom l’indique, CYCLES (85), bleu et blanc, très lumineux, et TEQUILA SUNRISE (78), variegata original, en orangé clair et violet améthyste, sans doute la plante la plus connue de sa production.

En dehors de son activité d’iridophile, Jim McWhirter était un homme généreux et dévoué, engagé politiquement et dans les œuvres sociales, notamment en faveur des malades du SIDA et de leurs familles. En plus d’être un excellent créateur d’iris, il était ce que l’on appellait au XVIIIeme siècle un honnête homme.

CLIFFORD W. BENSON

Il y a maintenant un peu plus de deux ans que Clifford W. Benson nous a quitté. Il fait partie de la petite cohorte des “amateurs” qui ont réussi a décrocher une Médaille de Dykes. C’est une performance assez rare pour être signalée.

Ce n’est pas la seule originalité de ce militaire de carrière qui servit à l’état-major du Général Patton pendant la seconde guerre mondiale, puis prit part à la guerre de Corée, avant de rejoindre la vie civile au sein de la McDonnell Aircraft Company, un des principaux fournisseurs de l’Armée de l’Air américaine. En plus des iris, sa seconde passion concernait la musique classique et tout particulièrement le violon qu’il pratiqua au sein de l’Orchestre Symphonique de St Louis.

Cependant ce sont bien les iris qui ont contribué à sa célébrité. Il s’y est intéressé dès les années 40 et son BELLERIVE (47) était déjà distingué en 1952 quand il reçut la President’s Cup (qui honore le plus bel iris présenté lors d’une Convention Nationale par un habitant de la Région organisatrice). Par la suite il s’est affirme comme l’un des hybrideurs les plus doués de sa génération. Il se fit une spécialité des iris blancs et des iris bleus. Parmi les premiers se trouve HENRY SHAW (59) qui a obtenu un Award of Merit en 1961 et a remporté la première Clara B. Rees Cup, instituée pour distinguer le meilleur iris blanc (en souvenir du fameux SNOW FLURRY dont HENRY SHAW est le petit-fils, par NEW SNOW). Dans la même série on peut placer ARCTIC FURY (64) et, plus tard, ELVIS PRESLEY (82) Ce sont pourtant les bleus qui ont le plus gratifié leur obtenteur. ISLANDER (59) faisait preuve de beaucoup de qualités. Celles-ci se sont trouvé confirmées dans VAN CLIBURN (61) et dans ses suivants qui ont nom SKYWATCH (64 — DM 70), MAESTRO PUCCINI (69), VICTOR HERBERT (72) et surtout LAKE PLACID) (73) qui est sûrement l’un des plus beaux bleus jamais obtenus. Dans des couleurs très voisines on peut ajouter PARIS OPERA (69) et son frère de semis SPRING SYMPHONY (69).

L’existence de Cliff Benson s’est achevée tristement : vaincu par la maladie de Parkinson, il s’est éteint dans son cher Missouri, mais nul ne doute qu’il ne se trouve maintenant au paradis des obtenteurs.

13.12.02

DE LA DIFFICULTÉ D’ETRE RECONNU

Luc Bourdillon vient de secouer le petit monde des iris en posant la question suivante : une variété d’iris mise en vente sur Internet peut-elle concourir pour les récompenses américaines ? Cela a l’air d’une question innocente, mais en réalité elle remet partiellement en cause le système actuel des attributions américaines des récompenses.

Il y a quelques années la question avait été posée de savoir quelles variétés pouvaient concourir. En particulier, des variétés non américaines pouvaient-elles être éligibles ? Le bureau de l’AIS a eu à l’automne 1993, une longue et difficile discussion sur ce sujet. Les partisans d’une compétition purement américaine ont argué de ce que la DM avait été donnée par la BIS pour récompenser la meilleure variété nord-américaine, et qu’il existait des récompenses attribuées dans certains pays, qui n’étaient pas accessibles aux variétés américaines. Ils ont aussi fait la proposition d’un prix pour la meilleure variété étrangère, affirmant que cette mise en valeur serait plus intéressante pour les obtenteurs étrangers qu’une distinction noyée parmi celles délivrées aux variétés américaines. A l’opposé, les partisans d’une internationalisation ont fait état du rôle dévolu à l’AIS de tenir le registre de toutes les variétés obtenues à travers le monde, qu’il était du devoir de cet organisme de favoriser l’extension de l’iridophilie dans tous les pays, et qu’il fallait promouvoir généreusement la distribution des iris étrangers aux USA… Comme de bien entendu on est parvenu à un compromis suggéré par Clarence Mahan, à l’époque second vice-président : l’éligibilité aux prix décernés par l’AIS est offerte aux iris de toutes origines à la condition qu’ils aient été mis en vente en premier lieu sur le marché américain, c’est à dire au moins pendant la première année de leur mise en vente.

Cette exigence satisfaisait les deux camps. Les vœux des partisans de l’ouverture étaient exhaussés, les nationalistes étaient assurés que les variétés américaines conserveraient un certain avantage car pour un obtenteur étranger, il n’est pas évident de commercialiser ses produits dans un pays éloigné ; enfin les organisateurs de la compétition ne risquaient pas de voir le nombre des candidats brutalement exploser. Cette crainte n’était pas sans fondement. Aujourd’hui en effet il y a un nombre incroyable de nouvelles variétés enregistrées chaque année. En 2001 il y en a eu 964, dont 574 dans la seule Amérique du Nord ! Si toutes devaient entrer dans la compétition, la liste des compétiteurs serait énorme et bien difficile à utiliser par les juges officiels chargés de voter pour l’attribution des prix. D’où la quasi-obligation de limiter les compétiteurs aux iris réellement commercialisés aux Etats-Unis et au Canada, d’autant plus que les juges sont américains à plus de 90%.

La règle actuelle est qu’un iris est « introduit » lorsque son obtenteur a avisé l’AIS de ce qu’il avait été mis en vente par un commerçant qui peut être l’obtenteur lui-même, soit qu’il soit réellement commerçant, soit qu’il propose ses cultivars par une annonce dans le bulletin de l’AIS, ou un véritable producteur. Cela élimine déjà tous les iris enregistrés par les amateurs, pour leur seule satisfaction, ou qui ne sont distribués qu’à la famille et aux amis. En 2001, ce premier tri réduisait le nombre des compétiteurs potentiels à 683. C’est déjà énorme sachant que le premier tour de la compétition dure deux ans (trois pour les iris sans barbes), l’année d’introduction étant la première du cycle. Si les iris du monde entier concouraient, cela ferait une liste de plus de 1300 noms remise chaque année à chaque juge ! Il faut donc encore élaguer et le bon sens veut que l’on se limite au marché américain. 40% des variétés nouvelles sont ainsi écartées. C’est beaucoup, mais réaliste, et cela provient essentiellement de l’explosion des enregistrements en provenance de l’Ancien Monde et particulièrement de l’ex-Europe de l’Est : 153 en 2001.

Si un non-américain veut concourir il faut donc qu’il se plie à cette règle et qu’il propose les iris qu’il rêve de voir couronnés par l’intermédiaire d’un marchand américain qui veut bien lui faire une place dans son catalogue. L’Australien Barry Blyth avait anticipé la décision de 93 en faisant vendre ses iris par Keith Keppel, un grand nom de l’hybridation américaine. De la sorte CHOCOLATE ROYALE en 88, WITCH’S WAND en 90 ont obtenu un HM, TOMORROW’S CHILD, GALLANT ROGUE et AURA LIGHT sont même parvenus aux AM, le premier en 88, les autres en 94 et 2000. D’autres ont suivi le mouvement comme l’Anglais Cy Bartlett, et son CANNINGTON BLUEBIRD a eu un HM en 95. Pour les non-anglophones, la difficulté s’alourdit d’un problème de communication. Ils ont donc tardé à entrer dans le jeu. Il n’y a que deux ans que les Européens sont réellement apparus aux USA. L’Italien Augusto Bianco, le Slovaque Ladislav Muska et quelques autres ont conclu des accords avec des producteurs pour lesquels cet apport est un attrait supplémentaire de leurs catalogues, mais ils ne font pas forcément partie des « majors », c’est à dire ceux qui, du fait de la grande diffusion de leur produits, ont des iris qui sont vus et appréciés par un nombre important de juges, et, partant, trustent les prix. En 2002, sur 75 HM décernés à des grands iris, 40 sont revenus à 7 producteurs, lesquels ont aussi obtenu 12 AM sur 23 !

L’apparition de l’e-commerce va-t-elle changer les choses ? C’est peu probable car il n’est pas près de supplanter le commerce classique, mais la décision de 93 est maintenant battue en brèche. Les producteurs américains, qui sont aussi le plus souvent également obtenteurs, ne se privent pas de proposer leurs variétés sur leurs sites Internet. Si les obtenteurs non américains font de même, même s’ils ont par ailleurs respecté les règles exposées plus haut, ils verront leurs variétés éliminées ! L’AIS se doit donc de rétablir une certaine égalité des chances. Bien sûr, les non- américains devraient-ils organiser leurs propres concours, au niveau national ou, plutôt, continental, de façon à promouvoir leur propre production, mais les distinctions américaines restent des références à tous points de vue, et il est normal qu’elles tentent des hybrideurs d’autres pays. Tant que les non américains n’auront pas pu, pour plein de raisons bien valables, créer et fiabiliser d’autres compétitions, celles des USA se doivent d’être accessibles à tous, dès lors que les juges les voient en assez grand nombre pour qu’elles obtiennent suffisamment de votes. La règle du « marché américain d’abord » ne me paraît plus justifiée, et les quelques variétés mises en vente directement par Internet ne doivent pas être pénalisées : leur nombre ne va pas, du jour au lendemain alourdir excessivement les listes destinées aux juges, et l’obligation pratique d’être vu par le plus grand nombre possible d’entre eux laissera encore pour longtemps l’avantage aux iris achetés de façon traditionnelle.

Néanmoins Luc Bourdillon a eu raison de poser la question, il serait bon qu’elle fasse l’objet d’une discussion lors d’une prochaine réunion du bureau des Directeurs de l’AIS.

6.12.02

FLORINS D’OR

Le Concours International d’Iris de Florence existe depuis 1957. Pour ses quarante cinq ans, on peut faire un peu le point sur cette compétition qui est la plus importante à l’échelle mondiale, et qui, si ce n’était pas un concours avec tous les aléas que ce genre d’événement comporte, pourrait être le Championnat du Monde des Iris. Tel qu’il est cependant c’est le rassemblement des plus beaux iris du monde entier, et celui qui est primé fait partie du gratin de nos fleurs préférées.

Voici la liste des récipiendaires :
· 57 = REHOBETH (Fred DeForest – US)
· 58 = SWAN BALLET (Tell Muhlestein – US)
· 59 = LA NEGRA FLOR (Luzon Crosby – US)
· 60 = ALLAGLOW (Chet Tompkins – US)
· 61 = WHOLE CLOTH (Paul Cook – US)
· 62 = INDIGLOW (William Schortman – US)
· 63 = DANCER’S VEIL (P. Hutchison – GB)
· 64 = MIDNIGHT WALTZ (L. Burbridge – US)
· 65 = LORNA LEE (Jim Gibson – US)
· 66 = pas attribué
· 67 = CHRISTIE ANNE (Larry Gaulter – US)
· 68 = BEWITCHING ( David Lyon – US)
· 69 = IRISH CHARMER ( Cora Pickard – US)
· 70 = LAUNCHING PAD (Maynard Knopf – US)
· 71 = FOGGY DEW (Keith Keppel – US)
· 72 = pas attribué
· 73 = ‘ROSSO FIORENTINO’ (F. Specht – IT)
· 74 = SUNSET SKY (Bernice Roe – US)
· 75 = QUEEN OF FLORENCE (Robert Mallory – US)
· 76 = DIALOGUE (Joseph Ghio – US)
· 77 = CHAMBER MUSIC (Bryce Williamson – US)
· 78 = SPACE BLAZER ( Jim Gibson – US)
· 79 = pas attribué
· 80 = ENTOURAGE ( Joseph Ghio – US)
· 81 = BEVERLY SILLS (Ben Hager – US)
· 82 = GOLD GALORE (Schreiner – US)
· 83 = WOODCRAFT ( Keith Keppel – US)
· 84 = TITAN’S GLORY (Schreiner – US)
· 85 = ‘LIBON’ (Wojtek Smid – CZ)
· 86 = STARCREST (Schreiner – US)
· 87 = MISSY YORKTOWNE (Sterling Innerst – US)
· 88 = pas attribué
· 89 = DUSKY CHALLENGER (Schreiner – US)
· 90 = SKYBLAZE (Keith Keppel – US)
· 91 = PRINCE CHARMING (Bryce Williamson – US)
· 92 = SIGHS AND WHISPERS (Paul Black – US)
· 93 = CONJURATION ( Monty Byers – US)
· 94 = STEADFAST LOVE ( Franklin Carr – US)
· 95 = IKAR (Adolf Volfovitch-Moler – UZ)
· 96 = CELEBRATION SONG (Schreiner – US)
· 97 = CHAMPAGNE WALTZ (Schreiner – US)
· 98 = HELEN DAWN (Graeme Grosvenor – AU)
· 99 = SETTIMO CIELO (Valeria Romoli – IT)
· 00 = DIABOLIQUE (Schreiner – US)
· 01 = H.C. STETSON ( Robert Stetson- US)
· 02 = DUDE RANCH (Paul Black – US)

Sur quarante et un florins distribués, six seulement ne sont pas allés à une variété américaine ! Et seulement six vainqueurs ont par la suite empoché la Dykes Medal.

Ce classement me fait penser au Championnat du Monde sur route de Cyclisme professionnel : c’est souvent un outsider qui l’emporte.

Rappelons que ce concours s’adresse à tous les obtenteurs du monde. Ils peuvent envoyer leurs variétés trois ans avant le concours au moment duquel elles seront appréciées par un jury de juges italiens et internationaux. Comme dans toutes ces compétitions, les variétés hâtives comme les variétés tardives se trouvent d’office écartées, de même que celles qui, par un caprice de la nature ou un incident de croissance, ne sont pas au top au jour du concours. En revanche se trouvent avantagées celles que rien ne perturbe, qui fleurissent simplement à mi-saison. Peut-être est-ce en cela que les variétés américaines se sont si souvent mises en évidence.

On a discuté aussi sur ce que les iris obtenant la Dykes Medal n’avaient pas rencontré autant de succès à Florence. Cependant sait-on si les vainqueurs de la DM ont tous concouru ? Rien n’est moins sûr ! On peut briguer la Dykes Medal et faire l’impasse sur Florence. Les iris non américains, eux, n’ont que ce concours pour se mettre en évidence. Certains obtenteurs l’ont compris, d’autres n’ont pas encore pris le risque d’un échec.

Une autre caractéristique des bénéficiaires de Florin d’Or, c’est que beaucoup d’entre eux, même parmi les américains, n’ont pas bénéficié, en fait de notoriété et donc de commercialisation, de leur succès florentin. Je ne parle pas des variétés confidentielles issues d’Europe, dont le triomphe n’a été qu’anecdotique, mais de plantes américaines, provenant d’obtenteurs ayant pignon sur rue. LORNA LEE, qui l’a emporté en 65, APRIL MELODY, introduit en 67 ou RADIANT APOGEE, commercialisé en 64, ont autrement fait pour la fortune de leur obtenteur. De même
FOGGY DEW n’est pas le plus connu des iris de Keppel de cette période. ROUNDUP (73) ou THUNDERCLOUD (74) ont eu un autre succès commercial ; et si, pour Joe Ghio, DIALOGUE et ENTOURAGE ont été bien vendus, ils n’ont pas atteint la notoriété de WEDDING VOW (72) ou MANDOLIN (77).

Et les variétés françaises, là-dedans ? La meilleure place qui leur ait été attribuée est la seconde (Florin d’Argent) obtenue cette année par HAUT LES VOILES (Cayeux 99). DOCTOR GOLD (Ségui 83) est la variété d’un non-professionnel qui se soit le mieux placé. Elle ne serait pas si tardive, il est probable qu’elle se serait placé dans les trois premiers en 86, année où elle a été déclarée « variété la plus commerciale ».
STAIRWAY TO HEAVEN

STAIRWAY TO HEAVEN (Lauer 92 – DM 2000) peut être considéré comme une variété de noble origine. Connaît-on en effet un autre iris qui puisse se vanter d’avoir parmi ses ancêtres un bénéficiaire de la Dykes Medal depuis six générations ?

Cela commence par SWAN BALLET (Muhlestein 54), blanc uni, qui a été couronné en 1959, cela continue avec PACIFIC PANORAMA (Sexton 60), bleu profond, fils de SWAN BALLET, qui a obtenu la médaille en 1965, puis vient le fils de PACIFIC PANORAMA, SHIPSHAPE (Babson 69), bleu moyen, qui l’a eue en 1974. A la génération suivante, c’est VICTORIA FALLS (Schreiner 77), bleu vif, vainqueur en 1984, qui descend lui-même, par une autre voie, de SWAN BALLET. Enfin la « mère » du notre héros du jour s’appelle EDITH WOLFORD (Hager 86), lumineux variegata, distingué en 1993 ! On ne peut pas faire plus riche pedigree.

STAIRWAY TO HEAVEN est décrit comme blanc crémeux, avec des sépales bleu moyen à reflets lavande, et barbes blanches. Ses parents sont donc EDITH WOLFORD, d’une part, et BREAKERS (Schreiner 86) d’autre part. Le premier est issu de MERRY MADRIGAL (Babson 82), un iris pastel, crème sur lavande, et de FREEDOM ROAD (Plough 77), au coloris très voisin du précédent. Ces deux iris sont d’ailleurs des cousins qui descendent l’un et l’autre d’un fameux géniteur, MELODRAMA ( Cook 56), un iris bitone bleu, qui d’un côté a engendré GUITAR COUNTRY (Plough 71), variegata sombre et fumé, de l’autre A PROPOS (Babson 63), bitone lavande bien connu, et TAMBOURINE (Babson 68), variegata. Toutes ces variétés se retrouvent dans EDITH WOLFORD, de même que SHIPSHAPE, dont on a vu qu’il fait aussi partie des ancêtres de BREAKERS. Et quoi de plus naturel – et banal – de trouver derrière tout ce beau monde l’inévitable blanc SNOW FLURRY, l’incontournable bleu REHOBETH et l’autre blanc fameux, KASHMIR WHITE ?

STAIRWAY TO HEAVEN fait donc partie de la grande famille des iris blancs et bleus, qui remonte à l’origine des iris modernes tétraploïdes. Les piliers de cette famille se rencontrent dans son pedigree : MELODRAMA, déjà cité, mais aussi CLIFFS OF DOVER, CELESTIAL SNOW, WHOLE CLOTH, des noms qui réapparaissent presque dans chaque description présentée ici. Les iris ont l’air d’être d’une extrême multiplicité, mais en réalité on compte sur les doigts les géniteurs de base, et cela explique, comme je l’ai déjà dit, les phénomènes de fragilisation et d’anomalies qu’on constate de temps en temps dans les résultats de croisements entre variétés qui se révèlent par trop consanguines.