29.6.12

LES SEIZE COULEURS DE SCHREINER AND CO.

VI. Pourpre

De même qu’ils font la différence entre le rose « pink » et le rose « rose », les anglo-saxons distinguent le « purple » du « violet ». Mais « purple » ne veut pas dire pourpre ! La teinte pourpre est en fait un violet tirant vers le rouge. C’est cette couleur qui est ici recherchée.

‘Rosette Wine’ (1989)
‘Swingtown’ (1996)
‘Dynamite’ (1997)
‘Fine Wine’ (2008)

ECHOS DU MONDE DES IRIS



Ransom 2012

Lawrence Ransom vient de rouvrir son site et d’y faire son offre pour 2012. Les variétés de grands iris ne sont que trois, mais ce sont de pures merveilles. Avec le temps, le travail de Lawrence Ransom s’épure et tend vraiment vers la perfection. Les variétés ‘Chloe Ransom’ (Edith Bubbles X Claude-Louis Gayrard), en bleu lavande pastel, et ‘Tainà Ransom' (Sensuelle X Poetic), en abricot crémeux, sont des chefs d’œuvre de délicatesse et de bon goût.


Sites français

Pendant longtemps on est resté sans informations sur les hybrideurs et amateurs français d’iris. Aujourd’hui les moyen modernes de communication permettent à ces « fans » d’iris de se faire connaître.

Voici deux adresses de sites ou blogs plutôt bien faits et intéressants :
Richard Sérafinowski = www.123siteweb.fr/irisaluze
Christine Cosi = www.irismania.e-monsite.com

RECTIFICATION

Iris pallida

Pour illustrer la chronique intitulée « La merveilleuse cuisine », j’ai utilisé une photo que j’ai désignée comme étant celle de I. pallida. L’auteur du cliché, Terry Johnson, alias Iris Hunter, me fait remarquer qu’il signalait lui-même 'The above iris photo is of a natural hybrid of the 'type' I.pallida', en français ‘La photo ci-dessus est celle d’un hybride naturel du type ‘I. pallida’.

Terry Johnson est à la fois attentif et méticuleux. Son blog, www.historiciris.blogspot.fr, qui est un des meilleurs au monde, dénote ce souci de perfection. Pour ne point le chagriner, j’ai retiré la photo litigieuse.

Au demeurant, y existe-t-il encore autre chose que des hybrides naturels de I. pallida ?

UNE MÉDAILLE FRANÇAISE


Les amateurs savent qu’il existe deux grandes sortes de compétitions(1) en matière d’iris : Les concours et les médailles. Les concours sont des compétitions d’un jour, les médailles sont attribuées après un cursus de longue durée. Un concours reconnaît les mérites d’une variété là où elle est jugée et au jour où il se déroule. Une médaille récompense une variété qui a été suivie sur le long terme par un grand nombre de juges qui l’ont appréciée en plusieurs lieux et sur plusieurs années. Les finalités sont donc tout à fait différentes, même si les résultats ne sont pas forcément foncièrement opposés.

L’exemple même du concours, c’est celui qui se déroule chaque printemps à Florence. Une centaine de variétés récentes, cultivées pendant trois ans, dans des conditions identiques, sont présentées à un panel de juges agréés, qui les examinent pendant une petite semaine et apprécient leurs qualités en fonction d’un certain nombre de critères rigoureusement retenus et dotés d’un coefficient qui tempère ou accentue l’importance de la note en fonction de la valeur qui leur est attribuée. Le jury, après discussion, désigne les attributaires des différents prix en jeu.

La médaille la plus recherchée, et la plus difficile à obtenir, est la Médaille de Dykes américaine, qui récompense la variété qui a obtenu le plus de points, de la part d’une multitude de juges officiels, au bout d’un parcours marqué par plusieurs étapes et qui s’étale sur une dizaine d’années. C’est une course par élimination, très relevée, qui finit par récompenser une variété aux qualités multiples et constatables en tous lieux et sous tous les climats rencontrés aux USA. L’iris qui triomphe chaque année est une variété éprouvée, suffisamment commercialisée pour pouvoir être vue dans un maximum de jardins, par un maximum de juges. Un iris, fut-il le meilleur du monde, n’a aucune chance de l’emporter si sa distribution est restée confidentielle. Mais une variété médiocre, quand bien même elle serait présente dans tous les jardins du pays, ne réussira pas obtenir assez de bonnes notes pour être distinguée.

Les deux compétitions, pour être très différentes dans leur principe, parviennent au final à désigner des plantes à la fois belles, résistantes, vigoureuses et florifères. Il n’est pas rare qu’une même variété l’emporte dans les deux défis. Ce fut le cas, par exemple, de
· ‘Dusky Challenger’ (Schreiner, 1986) – Florin d’Or en 1989, DM en 1992 ;
· ‘Conjuration’ (Byers, 1989) – Florin d’Or en 1993, DM en 1998 ;
· ‘Celebration Song’ (Schreiner, 1993) – Florin d’Or en 1996, DM en 2003 ;
· ‘Paul Black’ (T. Johnson, 2002) – Florin d’Or en 2005, DM en 2010.

L’organisation des ces deux types de compétition n’est pas comparable. Dans le cas d’un concours, il suffit d’une centaine de plantes, d’un lieu où se déroulera la confrontation, d’une culture des iris pendant seulement deux ou trois ans, et de la réunion d’un jury de cinq juges pendant une semaine. Le coût d’une telle organisation est relativement important, mais n’exige qu’une logistique réduite. Pour une médaille il faut un nombre jardins agréés aussi important que possible, des plantes présentes dans la plupart de ces jardins pendant un grand nombre d’années, de nombreux juges qui circuleront de jardins en jardins pendant toute la durée du cursus et s’intéresseront aux plantes qu’on leur aura désignées comme susceptibles d’être jugées pour chaque étape de la compétition. Les moyens logistiques à mettre en œuvre sont presque inexistants, les frais à engager par les organisateurs sont minimes – les juges sont bénévoles -, mais il faut disposer d’un nombre de jardins et de juges important. Un concours peut être mis en place par un très petit nombre de volontaires, alors qu’une médaille nécessite une grande quantité de personnes compétentes.

Dans un pays comme la France, un concours peut avoir lieu assez facilement, mais un cursus de médaille n’est pas actuellement possible. Certes on peut agréer un nombre de jardins suffisant, mais où trouver les juges ? Quand bien même ces juges seraient en nombre appréciable, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui, auraient-ils la disponibilité et les moyens de se déplacer à travers tout le pays, pendant trois semaines chaque année ? La réponse est évidemment négative. Il n’y a donc aucun espoir de voir renaître, à court terme, une Médaille de Dykes française. D’ailleurs celle qui a été décernée pendant les années 1930 ne l’a été que lors d’une compétition symbolique.

Peut-on, alors imaginer une Médaille européenne ? J’en doute fortement. Ce qui me conduit à dire que cela n’est guère envisageable ce sont, d’une part l’obstacle linguistique qui sépare des organismes nationaux qui n’ont aujourd’hui aucun contact entre eux et ne peuvent guère en avoir faute de pouvoir se comprendre, d’autre part la durée et le coût, pour les juges, de déplacements encore plus lointains que ceux qu’ils auraient à faire dans notre seul pays.

Ce qui est réalisable et qui existe aux Etats-Unis, ne me paraît pas transposable en France, ni même en Europe. Le problème des juges est le plus préoccupant : aux Etats-Unis ils sont nombreux, répartis sur tout le territoire, et chacun peut ne faire que de courts déplacements pour visiter un nombre raisonnable de jardins d’exposition ; en Europe ils se comptent sur les doigts d’une main et ils devraient accomplir de longs et coûteux voyages pour rendre visite aux jardins sélectionnés. Il faudra donc nous contenter, dans notre ancien monde, de concours, au demeurant tout à fait honorables et largement prisés par les obtenteurs qui envoient des iris à la compétition.

(1) La question des concours de popularité sera abordée ultérieurement.

Iconographie :
‘Antigone’ (F. Cayeux, 1937 –MDF 1938) dernière variété française à avoir reçu la MDF ;
‘Aurélie’ (R. Cayeux, 2002 – FO 2007) seule variété française à avoir obtenu le Florin d’Or ;
‘Samsara’ (Ransom, 1996) vainqueur du concours Franciris 2000 ;
‘Mer du Sud’ (R. Cayeux, 1997) vainqueur du concours IRIADE 2003.

23.6.12

LES SEIZE COULEURS DE SCHREINER AND CO.

V. Magenta

C’est une autre approche du rouge. La dose de pigments anthocyaniques est plus élevée que dans le coloris brun-rouge, et la couleur de fond est plus rose que jaune…

‘Roselene’ (1981)
‘Spellbreaker’ (1991)
‘Sheer Ecstasy’ (1996)
‘Raspberry Kiss’ (2001)

IRISENLIGNE : LE RETOUR

Une petite semaine de vacances en Suisse (Lac Léman, Lac Majeur, Lac de Zürich...), sous une canicule à rendre jaloux tous les Français qui claquent plus ou moins des dents, en particulier dans le Centre-Ouest, et nous revoilà.

ECHOS DU MONDE DES IRIS

Historiques

Les échanges qui ont lieu sur le forum du site de la SFIB sont toujours passionnants et souvent abordent des sujets dont on ne parle nulle part ailleurs. Par exemple, il y a quelques temps, on y a discuté de la notion d’iris « historique ». C’est quoi, un iris historique ? Tout simplement un iris enregistré depuis plus de trente ans. Cependant certains ont fait remarquer que cette définition était un peu courte et tout le monde n’était pas d’accord sur ce que devait, en fait, être une variété historique. Ne serait-ce pas plutôt un iris « de l’ancien temps » comme ceux de de Bure ou de Lémon ? Ou ne devrait-on pas réserver cette appellation aux variétés qui ont eu une influence notable sur le développement de l’hybridation ? La discussion s’est achevée sans répondre à ces questions. Il faut s’en tenir au critère que l’AIS, le juge de paix en la matière, a effectivement retenu : plus de trente ans. Mais il faut aussi savoir qu’au sein de la HIPS (Société pour la Préservation des Iris Historiques) des voix se sont élevées pour faire un certain distinguo parmi la foule des variétés qui répondent à la définition officielle. Cela a même fait l’objet d’une enquête d’opinion dont les résultats ont été publiés dans le n° 23/2 (automne 2010) de « Roots », la revue de la HIPS. Voici les propositions envisagées :
Catégorie « Antique » : variétés antérieures à 1920 ;
Catégorie « Heirloom (en français, héritage) » : variétés introduites entre 1920 et 1959 ;
Catégorie « Contemporary (en français, contemporain) » : variétés introduites à partir de 1960.
Certains ont proposé la notion de « Vintage (en français, millésimé) » pour désigner les variétés introduites entre 1960 et 1979.
Le Comité Directeur de la HIPS n’a pas réussi à se mettre d’accord sur ces différentes propositions, de sorte que le statu quo a été maintenu !

Ô GUÉ, VIVENT LES ROSES !


Le rose reste la couleur préférée des amateurs d’iris ; on peut donc dire que l’apparition de cette couleur, dans les années 1930, a été une aubaine pour les obtenteurs et producteurs. Au début, cependant, ce rose qui a maintenant tant de succès, n’était guère encourageant et il fallait un peu d’imagination pour trouver jolies ces fleurs à la teinte incertaine, coincée entre le jaune beigeasse et le rose délavé. Mais ceux qui y ont cru ont eu raison, et leurs efforts ont été couronnés de succès.

Un mot des précurseurs que furent Orville Fay et surtout l’infatigable David Hall, à qui l’on doit en fait tout le défrichage d’un chemin bien ingrat.

Mais les premiers iris roses que l’on a qualifié de parfaits furent ceux de Joë Gatty, dans les années 70/80. Ils couvrent toute la gamme de cette couleur, depuis le rose pur de ‘Princess’ (1972) jusqu’au rose pourpré de ‘Presence’ (1987), en passant par toutes les nuances : rose chair – ‘Liz’ (1972), rose tendre – ‘Bonbon’ (1977), rose dragée – ‘Playgirl’ (1977), rose pêche – ‘Femme Fatale’ (1983), rose layette – ‘Paradise’ (1980), rose accompagné de blanc – ‘Delicate Balance’ (1989), rose pâle – ‘Soft Caress’ (1991), rose corail – ‘Satin Siren (1987), rose vif – ‘Coming Up Roses’ (1992). Il y a trente ans, c’était le « must », et il faut dire qu’ils méritent toujours l’affection qu’on leur porte, même s’ils ont évidemment vieilli.

Cependant, à la même époque, celui qui a triomphé avec ses iris roses, c’est Ben Hager. Les médailles de Dykes de ‘Vanity’ puis de ‘Beverly Sills’, amplement méritées, ont éclipsé le travail discret de Joë Gatty. Hager, l’un des plus grands hybrideurs de tous les temps, a toujours eu un faible pour les iris roses et en dehors de ses deux champions, il a obtenu une quantité d’iris remarquables pendant toute sa longue carrière. Pour faire court, citons seulement ‘Con Amore’ (1984), ‘Anna Belle Babson’ (1985), ‘Affluence’ (1986), ‘Dolce Vita’ (1988) ou ’Falling in Love’ (1990).

La succession, si l’on peut dire, des deux maîtres ci-dessus a été prise par Vernon Wood. Au cours des années 1990 et 2000 il nous a gratifiés d’adorables variétés. Si vous en avez l’occasion, allez admirer ces petits chef-d’œuvres que sont : ‘Pink Belle’ (1984) adorablement frisé, ‘April In Paris’ (1992), parfait, avec une barbe vermillon qui lui donne tant de piquant, ‘Larue Boswell’ (1997), plus traditionnel ou ‘Valentine’s Day’ (1997), clair et doux comme un mot d’amour.

Aujourd’hui les iris roses atteignent une grande perfection. Ils ont acquis la solidité et la floribondité maximale, ils se présentent dans des couleurs délicieuses, aussi bien dans les tons foncés que dans les teintes claires. On pourrait croire, dans ces conditions, que ce n’est plus la peine de chercher à obtenir de nouveaux roses, puisque l’amélioration à attendre ne peut être que très marginale. Et pourtant, chaque année, les plus grands hybrideurs proposent des nouveautés. Pour illustrer ce propos, il n’est que de se pencher sur les obtentions récentes de deux des plus célèbres professionnels, Joë Ghio et Keith Keppel.

Chez Ghio il n’y a pas d’année sans nouveauté rose, surtout depuis le début du XXIeme siècle ! Après ‘Bursting Bubbles ‘, en 2000, il y a eu ‘Thinking of You’ (2002), ‘Treasured’ et ‘Entice’ (2003), ‘Drifting Bubbles’ (2004), ‘Romantic Lyric’ (2005), ‘Picture Book’ et ‘Rite of Passage’ (2006), ‘Magical’ (2007), ‘Hopeless Romantic’ et ‘Star Appeal’ (2008), ‘Hollywood Star’ et ‘Unconditional Love’ (2009), ‘Helpless Romantic’ (2010)…Cela va du plus clair au plus vif, mais toujours avec un charme et un goût impeccables. On peut faire à Joë Ghio le reproche de proposer des plantes trop fragiles ou trop capricieuses, mais il faut lui accorder la palme de l’élégance.

Son complice de toujours, Keith Keppel, pour lequel j’ai une admiration dont mes lecteurs ont du se rendre compte, ne reste pas à la traîne, et ses derniers iris roses font vraiment plaisir à voir. ‘Happenstance’ (2000) a marqué les esprits ; viennent ensuite ‘Kitty Kay’ (2002), ‘In Love Again’ (2004), ‘Guardian Angel’ (2005), et les tout récents ‘Pretty Kitty’ (2011) ou ‘Strawberry Shake’ (2012). Tout ceci avec un charme fou.

Beaucoup d’autres hybrideurs continuent de proposer des iris roses. Ils ont raison ! Car si les perfectionnements deviennent de plus en plus difficiles à obtenir, il y a une légitime fierté à découvrir quelque chose de bien dans ces conditions ; et les amateurs apprécient que leur couleur préférée profite des derniers progrès.

Iconographie :
‘Affluence’ (Hager, 1986)( Beverly Sills X Wings of Dream)
‘Guardian Angel ‘ (Keppel, 2005)( Happenstance X Birthday Girl sib)
‘Picture Book’ (Ghio, 2006)( Treasured X inconnu)
‘Star Appeal’ (Ghio, 2008)( Picture Book sib X (Natural Blond sib x Magical Encounter)

15.6.12

UN PEU DE RETARD...

La semaine prochaine "Irisenligne" aura 24 heures de retard : je m'en vais voir le Lac Majeur...

ECHOS DU MONDE DES IRIS

Annus horribilis

C’est le titre donné par Gérard Raffaelli au dernier article de son blog « Irisémoi ». Il fait allusion à la recrudescence de pourriture du rhizome constaté ce printemps par de nombreux amateurs et professionnels. Les commentaires qu’il fournit sont particulièrement intéressants et je recommande leur lecture.
www.irisemoi.blogspot.fr


Hager Cup

La Hager Cup récompense chaque année la variété autre que TB qui a rencontré le plus de succès auprès des participants à la Convention de l’AIS. Cette année, dans le sud de la Californie où se tenait la Convention, les congressistes ont accoré leur faveur à ‘Man’s Best Friend’ – IB – (Paul Black 2008). Une association de couleurs peu commune.

LES SEIZE COULEURS DE SCHREINER AND CO.



IV. Rouge


C’est vite dit ! parlons plutôt de « brun-rouge », cette couleur obtenue par l’effet d’optique du mélange du jaune-orangé et d’une dose de bleu-violet. Pendant les trente dernières années, Schreiner en a produit presque un par an ; en voici quatre exemples.

‘Gallant Moment’ (1980)
‘Warrior King’ (1985)
‘Red Masterpiece’ (2004)
‘Raptor Red’ (2008)

LA MERVEILLEUSE CUISINE



Chacun sait que les iris de nos jardins ne sont pas des fleurs ordinaires. 150 ans de mélanges génétiques ont fait des iris actuels des plantes fort éloignées de leurs modèles de base. Il y a certainement autant de différence entre un grand TB de 2012 et un iris comme ceux qui sont représentés sur les toiles des peintres flamands du XVIIeme siècle, qu’entre une rose moderne et l’églantier dont elle est issue. Un iris contemporain peut contenir les gènes d’une trentaine d’espèces différentes ! Bien malin serait celui qui prétendrait faire la part de chaque espèce dans le panel génétique de telle ou telle variété. Mais on peut cependant faire un tri dans ce mélange et expliquer à quoi ont servi les différents apports.

Un américain, Tom Waters, de Cuyamungue, New Mexico, à la fois original, amateur d’iris et scientifique, a déjà mis de l’ordre dans les diverses origines de nos iris. C’est à partir de son travail que la chronique d’aujourd’hui a été rédigée.

Tom Waters a constitué six groupes d’iris qui entrent dans la composition des iris actuels. Pour simplifier j’ai donné à chacun de ces groupes le nom de l’espèce principale, celle qui en constitue le noyau. Les plus importantes des autres espèces – ou sous-espèces – sont indiquées à la suite.

Le groupe « germanica »
· I. germanica
o I. amoena
· I. florentina
· I. imbricata
· I. variegata

C’est ce groupe qui est à la base de tout. Les iris qualifiés de « germanica » se trouvent dans les jardins occidentaux depuis des temps immémoriaux. Ils proviennent d’une appropriation à des fins décoratives d’espèces d’iris présentes dans la nature dans tout le sud-ouest de l’Europe, étudiées depuis le XVeme siècle et dont on trouve la trace dans de nombreuses peintures du XVIIeme, par exemple au Musée Mauritshuis, à La Haye, aux Pays-Bas. Ces iris qui sont déjà « de jardin », on a coutume de les appeler Iris germanica, même si, de nos jours, les botanistes s’accordent à dire qu’I. germanica n’existe pas et qu’on peut tout au plus parler d’I. x germanica, ce qui signifie qu’il s’agit d’un croisement interspécifique naturalisé. Cette fausse espèce aurait des liens proches avec une véritable espèce, diploïde, bien identifiée, I. albertii, originaire d’Asie centrale, mais on situe son développement sur les côtes méditerranéennes. Il n’est pas nécessaire de faire le portrait de cette plante. Disons simplement que c’est un iris de courte stature, plutôt hâtif, dans les tons de violet ou de bleu sombre, avec de très nombreuses variantes dont celle qui offre des pétales plus clairs que les sépales est identifiée comme I. amoena. I. florentina en est la déclinaison en blanc, essentiellement localisée en Italie centrale ; il a longtemps été cultivé pour le parfum extrait de son rhizome. Cependant sa présence dans le cocktail des iris modernes est incertaine car c’est une plante habituellement stérile. I. imbricata peut être considéré comme la version jaune de I. germanica, alors que I. variegata, de petite taille, se présente avec des pétales jaunes et des sépales blanchâtres veinés de brun ou de violacé ; il a servi dans l’amélioration des bicolores jaune/brun ou violet, mais aussi dans celle des jaunes purs et des bruns et mordorés.
C’est avec ce matériel-là que les hybrideurs ont travaillé pendant presque cent ans, et sont parvenus à un choix de coloris considérable, avec des variations infinies de teintes et de nuances.


Le groupe « pallida »
· I. pallida
· I. plicata

A côté de I. germanica, il y a son cousin I. pallida, lui aussi diploïde. Celui-ci est plutôt grand, avec des tiges souples. Il est bleu clair et il sent bon. A l’état sauvage il pousse dans la vaste région s’étendant du sud du Tyrol aux côtes de Dalmatie. Il a été croisé avec le précédent pour en augmenter la stature et pour y ajouter à la fois des teintes claires et du parfum. I. plicata n’est pas vraiment une espèce mais un avatar d’I. pallida chez qui les pigments se sont réfugiés sur les bords des parties florales. C’est ce modèle qui a fait l’objet du premier iris dénommé par Marie-Guillaume de Bure, dans les années 1830, ‘Iris Buriensis’.

Le groupe « macrantha »
· I. macrantha
· I. kashmiriana
· I. cypriana
· I. croatica
· I. mesopotamica
· I. trojana

Ces nombreuses dénominations recouvrent en fait une espèce unique avec des variantes régionales.
Les iris issus des mélanges précédents présentaient l’inconvénient d’avoir des fleurs fragiles et des tiges flexueuses, qui résistaient mal aux intempéries. L’enjeu était de renforcer tout cela. Cela a été fait par l’utilisation d’espèces découvertes au Moyen-Orient, se situant autour de I. macrantha. Ces iris avaient la particularité d’être costauds, mais ils étaient aussi sensibles au gel et désespérément bleus. En les croisant avec les plantes occidentales rustiques et délicatement colorées, on espérait obtenir des iris magnifiques. Mais l’opération ne s’est pas simplement déroulé en deux temps trois mouvements. Pour des raisons incompréhensibles au début du XXeme siècle, le taux de réussite des nouveaux croisements était très faible et les semis obtenus le plus souvent stériles. L’explication de ce mystère n’est intervenue qu’au cours des années 30, lorsqu’on a réalisé les premiers décomptes de chromosomes et qu’on s’est aperçu que les gros iris du Moyen-Orient étaient tétraploïdes. La réussite d’un croisement entre un diploïde et un tétraploïde ne tenait qu’à un incident génétique, forcément exceptionnel. Cependant une fois la conversion réussie, le résultat a été spectaculaire et définitif : les iris avaient pris de la force et les possibilités de développement des couleurs avaient décuplé.


Le groupe « aphylla »
· I. aphylla
· I. perrieri

Les hybrideurs se sont aperçu incidemment qu’un petit iris de montagne qui pousse naturellement en Europe Centrale, I. aphylla, avait le pouvoir d’accroître la saturation des couleurs et d’augmenter la résistance au gel. Tétraploïde, son inclusion dans le panel des iris existants dans les années 1940 a considérablement amélioré le rendu des couleurs. Mais elle a eu une conséquence collatérale plutôt négative : les iris contenant les gènes de I. aphylla perdent leurs feuilles l’hiver, ce qui fait que les variétés modernes ne présentent, entre deux saisons de floraison, que de courts moignons peu esthétiques. I. perrieri est la version alpine de I. aphylla. Récemment, des hybrideurs comme Paul Black ont utilisé I. aphylla dans le but d’obtenir des iris de taille moyenne, avec des fleurs bien proportionnées et en grand nombre. Le succès a été immédiat.

Le groupe « reichenbachii »
· I. reichenbachii
· I. suaveolens

C’est tout à fait accidentellement que I. reichenbachii a été utilisé. Mais Paul Cook, l’hybrideur qui l’a croisé par mégarde avec un de ses semis, a découvert que ce petit iris jaune, au demeurant tétraploïde (dans la plupart des cas), ce qui a facilité son utilisation, disposait de gènes inhibant le développement des pigments dans les pétales de la fleur. D’où l’apparition de véritables iris blanc/bleu, puis blanc/ autre couleur et enfin de variétés franchement bicolores. On appelle I. suaveolens une autre espèce naine, mais toujours diploïde, voisine de reichenbachii et de pumila, dont les fleurs sont dans les tons de crème ou de pourpre. Il entre essentiellement dans les gênes des iris nains diploïdes.

Le groupe « pumila »
· I. pumila
· I. lutescens

Ce dernier groupe est à la base des iris nains et, partant, de tous ceux qui en dérivent. Il tient, dans ces catégories, la place occupée par le groupe « germanica » chez les grands iris. I. pumila est vraiment nain, robuste, fertile et florifère. Dans la nature il comporte quatre sets de 8 chromosomes. Croisé avec des espèces voisines comme I. attica, il se présente sous une forme diploïde. I. lutescens, correspond, en jaune, à I. pumila qui, lui, est le plus souvent de couleur violette.

Tom Waters précise que « les modernes TB et BB, tétraploïdes, dérivent essentiellement de I. germanica, I. pallida et I. variegata. Les SDB, MDB et IB sont surtout issus de I. pumila et des TB et BB tétraploïdes. Parmi les MTB, ceux qui sont diploïdes proviennent d’espèces diploïdes et en particulier de I. variegata, tandis que ceux qui sont tétraploïdes sont dérivés de TB ou de BB ainsi que de I. aphylla. »

La complexité des origines de tous les hybrides modernes, ajoutée au fait qu’on arrive aujourd’hui aux alentours de trente générations de croisements fait que nos iris aient atteint le degré avancé de perfection que nous leurs connaissons. Mais on a constaté un certain affaiblissement général de la plante. Pour remédier à cette situation, plusieurs hybrideurs s’efforcent de réintroduire dans leurs croisements des espèces pures, sensées apporter la robustesse des plantes sauvages. Serait-ce l’amorce d’un retour aux origines ?

Source :
T. Waters : « An Evolutionary Family Tree of the Bearded Irises » in http://www.telp.com/irises/tree.htm .

Illustrations :
· I. imbricata (Lindl. 1845)
· I. pallida (Lam. 1789)
· I. suaveolens (Boiss. et Reut. 1853)
· I. variegata (L. 1753)

8.6.12

LES SEIZE COULEURS DE SCHREINER AND CO.

III. Orange

C’est une couleur bien appréciée de l’équipe Schreiner, rares sont les années où il n’y en a pas une nouvelle version au catalogue. En voici quatre, choisies pour la qualité des photos.

‘Skyfire’ (1980)
‘Spiced Orange’ (1986)
‘Cajun Rhythm’ (1996)
‘Good Vibrations’ (1997)

Prix d’originalité

Le Prix de l’originalité, je l’attribuerais volontiers à ces deux SDB canadiens, vraiment hors du commun.

‘Black Lightning’(Chapman, 2009) (Ruby Eruption X (Chubby Cheeks x (Velvet Caper X Michael Paul))
‘Blueberry Tart’(Chapman, 2002) (Forever Blue X What Again)


ECHOS DU MONDE DES IRIS


Voyage officiel

Accueilli comme un homme d’état en visite officielle, Barry Blyth, piloté par les dirigeants de la SFIB, a parcouru notre pays des bords de la Méditerranée aux rives de la Manche, à la rencontre de nombreux obtenteurs et des amateurs, heureux et fiers de côtoyer un aussi illustre membre de l’irisdom. A chaque rendez-vous il a présenté un aspect de son travail et donné les plus judicieux conseils. Après quelques jours de repos en visite privée chez des amis, il a pris la route de la Côte Ouest des Etats-Unis… Espérons qu’à ceux qu’il verra là-bas il décrira favorablement l’accueil des iridophiles français et qu’il donnera aux meilleurs hybrideurs le désir de venir nous voir.

‘Come to Paris’ (Blyth B., 1998) (Hostess Royale X Spring Tidings)

JAUNE DE FRANCE


Ce n’est qu’au cours des années 1930 qu’on a obtenu les premiers iris vraiment jaunes. C’est dire combien l’obtention de cette couleur a été laborieuse. D’abord on a essayé de l’obtenir en partant de I. variegata, cette espèce dont les pétales sont effectivement jaunes mais dont les sépales portent de fortes veines brun-violacé. Le travail a donc consisté à éliminer ces veines. Longtemps les obtentions qualifiées de jaunes, comme le célèbre ‘W. R. Dykes’ (Dykes – Orpington, 1926) ont comporté des marques violettes ou brunes assez disgracieuses. Le Professeur Mitchell a imaginé d’obtenir du jaune par un autre chemin. Il a tenté d’améliorer la pureté de cette couleur et alliant une variété d’un ton de bronze et une variété blanche ou vice-versa. Il a essayé et après une grande quantité de semis plus ou moins intéressants il a obtenu ce qu’il cherchait : du jaune vraiment jaune. C’est le cas de ‘California Gold’ (1933) et surtout de ‘Happy Days’ (1938), qui est considéré comme l’aboutissement d’un long voyage. A partir de là, la ligne jaune était tracée. Plus tard, pour améliorer encore l’éclat du jaune, les hybrideurs ont eu l’idée d’ajouter au cocktail une pointe d’orange qui a eu pour résultat de colorer plus vivement les barbes et donc de mettre mieux en valeur le jaune de la fleur. Les jaunes des années 50 ont pris en compte cette avancée. Cependant un autre événement a marqué les années 50 : l’apparition de jaunes à l’occasion de croisements destinés à obtenir des iris roses. Par-dessus le marché, ces iris jaunes-là se sont révélés beaucoup plus brillants et frisés que les jaunes traditionnels.

Avec tout ce matériel on est parvenu, dans les années 1960 à obtenir des jaunes parfaits. Mais il a fallu trente ans pour atteindre ce résultat !

Aujourd’hui, chaque année, des dizaines de bons iris jaunes sont mis sur le marché. Quand on dit « jaune », on comprend tout ce qui va d’un jaune crème ou ivoire, au sombre jaune safran, ou vieil or, en passant du jaune primevère au jaune citron puis au jaune d’or. La palette est immense. A la couleur s’ajoute l’ornementation de la fleur. Les iris jaunes ne sont pas réputés pour l’importance de leurs ondulations et la finesse du lacinié de leurs pétales. Cependant les jaunes modernes possèdent souvent ces ornements. Voyons ce que cela donne, chez quelques-uns de ceux qui sont apparus depuis le début du XXIeme siècle, en France seulement, pour corser la sélection.

Notre Richard Cayeux national n’a pas négligé la couleur jaune. Par deux fois, ces dernières années, il nous a proposé de belles nouveautés, franchement jaunes : ‘Grand Canari’ (2006), agrémenté d’éperons qu’il tient de son grand-parent ‘Conjuration’, et ‘Pot d’Or’ (2009) tout à fait classique, mais dont on ne connaît pas les parents.

J’aime bien le ‘Carte d’Or’ (2003) de Lawrence Ransom. Issue de (Opéra Bouffe X Speculator), c’est une fleur élégante, impeccablement coiffée, dans un coloris qui, pour ne pas être uniforme, n’en est pas moins somptueux.

Bernard Laporte s’est aussi essayé au jaune. Son ‘Soleillade’ (2006), en jaune tendre, rejoint une série de jaunes plus ou moins purs qui vont de ‘Féria de Nîmes’ (2006) veiné de brun sous les barbes, à ‘Messire Lancelot’ (2004), dégradé du jaune crème au jaune primevère.

Quelqu’un qui s’est beaucoup investi dans les iris jaunes, c’est Gérard Madoré. Le Breton en a produit plusieurs, qui vont du jaune d’aspect traditionnel au jaune ondulé moderne. Les plus remarquables se nomment ‘Plogoff’ (2001) et ‘Laniscat’ dans le genre classique, ‘Mimosa en Mai’ (2005), classique également, mais sans doute plus raffiné, de même que ‘Langolen’ (2001), mon préféré ; ajoutons ‘Guénolé’, ‘Plancoët’ et ‘Plouay’ qui sont les frères de semis des précédents ; enfin ‘Trémargat’ (2005) joliment ondulé, provient de la même souche, à la génération suivante. Le croisement qui est à l’origine de cette nombreuse famille est (Pirate’s Quest X Good Show) : le jaune pur de ‘Pirate’s Quest’ y est avivé par l’excellent orange de ‘Good Show’.

Pour terminer ce tour d’horizon, disons un mot de celui qui me semble aujourd’hui le plus prometteur. Il s’agit d’Alain Chapelle. Ce nouveau venu dans le monde de l’hybridation a sélectionné en 2011 deux superbes fleurs, toutes deux ayant pour parent féminin ‘Pirate’s Quest’, comme chez Madoré : ‘D’Or et de Lumière’ (2011) (Pirate’s Quest X Picasso Moon), éclatant, et ‘Soleil d’Or’ (2011) (Pirate's Quest x Pure as Gold), plus sombre.

Une nouvelle fois on constate que les obtenteurs français tiennent aujourd’hui la dragée haute à leurs concurrents américains. Il faudrait qu’ils soient mieux commercialisés pour prouver leur aptitude à l’ensemble du monde des iris.

Iconographie


‘Grand Canari’ (Cayeux 2006) ((Chevalier de Malte x Conjuration) X (Parisien x(Beach Girl x Joli Coeur)))
‘Pot d’Or’ (Cayeux, 2009) (parents inconnus)
‘Langolen’ (Madoré, 2001) (Pirate’s Quest X Good Show)
‘D’Or et de Lumière’ (Chapelle, 2011) (Pirate’s Quest X Picasso Moon)

1.6.12

LA FLEUR DU MOIS

‘FURIOSO’

Quand j’ai vu ‘Furioso’ pour la première fois, je me suis dit que cet iris était vraiment d’un coloris original. A vrai dire je n’en connais pas d’autre comme lui. C’est ce qui m’a incité à rechercher un peu d’où il venait.

‘Furioso’ (B. Blyth, 1996) est un iris intermédiaire (IB) qui est le résultat, tout à fait classique, du croisement d’un iris nain (SDB) et d’un grand iris (TB). Le côté nain est assumé par ‘Mango Kiss’ (Blyth, 1993). Le côté TB est le fait de ‘Bogota’ (Ghio, 1989). Il est décrit par son obtenteur comme : « Pétales rose moyen ; sépales orange abricot ; brillante barbe rouge minium. » Cela ne dit rien sur son apparence, plutôt tournée du côté des grands iris, avec des pétales qui s’ouvrent largement (une signature de Barry Blyth), au-dessus de sépales de forme très traditionnelle. Son originalité n’est pas là. Elle se situe plutôt dans l’association peu commune du rose et de l’orangé.

Cette association n’est pas à rechercher au premier niveau, chez ses parents directs : ‘Mango Kiss’ est un SDB d’un bel orange généreux, ‘Bogota’ est lui aussi franchement orange, à peine un peu rosé. Penchons-nous sur le pedigree de ce ‘Bogota’. Comme c’est souvent le cas chez Joë Ghio, il faut un peu d’attention pour le déchiffrer ! Par curiosité, le voici dans son intégralité : ((((Creme de Creme x Financier) x (Ballet in Orange x Coffee House)) x Cinnamon sib) x Café Society) X Guadalajara. Ouf !
· ‘Creme de Creme’ (Ghio, 1978) fait partie de la première fournée des descendants d’un des croisements fétiches de son obtenteur : (Ponderosa x Travel On) x Peace Offering. C’est un blanc crémeux ourlé de jaune clair ;
· ‘Financier’ (Ghio, 1979) est issu d’un autre croisement favori : Ponderosa x New Moon ; c’est un jaune d’or impeccable ;
· ‘Ballet in Orange’ (C. Smith, 1974), comme son nom l’indique, est un iris orange classique ;
· Chez ‘Coffee House’ (Ghio, 1976) on retrouve le couple Ponderosa x New Moon, dans un iris brun peu commun ;
· Chez ‘Cinnamon, c’est l’association (Ponderosa x Travel On) x Peace Offering qui est à la tâche, pour un brun clair (mais on ne sait évidemment pas quelle est la couleur de son frère de semis utilisé en l’occurrence) ;
· ‘Cafe Society’ (Ghio, 1984) ajoute un peu plus de brun dans le cocktail ;
· ‘Gadalajara’ (Ghio, 1988) complète le côté orange.
C’est à peine plus simple du côté de ‘Mango Kiss’, qui s’écrit : (Fifi x (Peach Eyes x Kandi Moon)) X X25-7, Cupfull sib. A ceci près qu’on découvre ici un peu de rose, chez ‘Peach Eyes’ (Blyth, 1986). Tout le reste est plutôt dans les tons d’orange, soit abricot chez ‘Fifi’ (Blyth, 1986), soit corail, chez ‘Kandi Moon’ (Blyth, 1986). ‘Peach Eyes’ et ‘Kandi Moon’ descendent l’un et l’autre de ‘Capricornia’ (Blyth, 1982), lui-même venu de ‘Melon Honey’ (E. Roberts, 1972), rose orangé.

Bien sûr, avec tout ce matériel où l’orange et le rose coexistent, on pouvait espérer réunir les deux couleurs, mais on peut tout de même dire que Blyth a eu beaucoup de chance de les trouver associées de cette façon ! A noter que cette chance n’a pas continué de se manifester : les descendants de cette variété sont rares et aucun n’a gardé le subtil accord du rose et de l’orange qui fait la gloire de ‘Furioso’.

LES SEIZE COULEURS DE SCHREINER AND CO.


II. Jaune

Il y a l’embarras du choix chez les jaunes de Schreiner. Du jaune paille ou jaune citron, au jaune d’or ou jaune safran, rares sont les années où il n’y a pas un jaune nouveau au catalogue.

‘Goodnight Moon’ (1995)
‘Picasso Moon’ (2000)
‘Trumpet Call’ (2003)
‘Early Girl’ (2006)

APRÈS UN PLAIDOYER

La chronique de la semaine dernière a suscité des commentaires divergents. Plusieurs lecteurs m’ont informé de leur approbation, d’autres n’ont pas partagé mon point de vue.

Les premiers disent qu’ils constatent eux-même que beaucoup de nouveaux cultivars ne se distinguent guère d’offres précédentes, et ils ne voient pas l’intérêt de mettre sur le marché autant de variétés aussi proches. Certains font le rapprochement avec les rosiers pour lesquels, disent-ils, les mêmes causes produisent les mêmes effets. Leur embarras n’est pas apaisé par les descriptions emphatiques que l’on trouve dans certains catalogues où les caractéristiques de la fleur sont mises en avant alors que celles de la plante sont rarement évoquées. Pour être mieux informés il y a les sociétés iridophiles et les forums comme celui du site de la SFIB, auxquels il est facile de se brancher.

Les seconds, des hybrideurs, ont deux sortes de réactions :
· Les uns ne perçoivent pas le marché de l’iris avec le même œil que moi ; ils ne ressentent pas la pression commerciale qui peut pousser à proposer des produits analogues à ceux des confrères ; ils voient dans l’obtention de nouvelles variétés une recherche de la perfection tant horticole qu’artistique.
· Les autres s’interrogent sur la pertinence de leur travail et l’intérêt que peut avoir l’enregistrement puis la commercialisation de leur semis dès lors que ceux-ci ne présentent pas de changement nettement et extérieurement perceptible par celui qui veut acheter des iris.
La candeur des uns démontre que l’iridophilie recèle encore des richesses de sincérité et d’enthousiasme que les considérations mercantiles n’ont heureusement pas taries. La perplexité des autres est également à leur honneur. Aux uns comme aux autres, je dis : « Continuez à vous faire plaisir, en même temps que vous poursuivez le but que vous vous êtes fixé. Vous serez toujours récompensés par la décharge d’adrénaline que va déclencher l’apparition de chaque nouvelle fleur, et par la joie de découvrir un progrès ou une modification qui vous semblera important, ou au contraire la délicieuse surprise de voir apparaître quelque chose à quoi vous ne vous attendiez pas et qui vous séduit immédiatement. » C’est cela le plaisir de l’hybridation, un plaisir qui doit être bien moindre quand il se limite à montrer son savoir-faire pour ne pas être en reste par rapport aux autres.

PASTEL ET FLASHY, LE DUO GLAMOUR DU MONDE DES IRIS





Pastel :
« Dans notre petit monde, il y a toujours quelqu’un pour prendre le parti de l’un ou de l’autre, c’est lui ou c’est moi ! Pourtant je crois qu’il y a de la place pour les deux. »
Flashy :
« On voudrait nous opposer. Oui ! Toi, Flashy, tu écrases tout le monde avec tes couleurs gueulardes et tes manières voyantes. Pastel, lui, se montre discret et réservé. »
Pastel :
« Ailleurs, c’est : Pastel, s’est l’exemple de la mièvrerie et de l’absence de saveur. Parlez-moi de ce qui est gai, vif, attrayant. »
Flashy :
« Personnellement je n’ai rien contre Pastel, je trouve même qu’il me met en valeur. Nous sommes, en réalité complémentaires. »
Pastel :
« Vous voyez un jardin d’iris avec seulement des fleurs roses, mauves ou crème ? Rien ne ressortirait, ce serait très chic, mais un peu triste, n’est-ce pas ? Alors, allons chercher mon ami Flashy, et demandons-lui de mettre là-dedans toute sa bonne humeur ! »
Flashy :
« Voilà ! J’arrive ! Tu m’as demandé, Pastel ? »
Pastel :
« Oui, mon cher Flashy, je disais que j’avais besoin de toi pour réveiller les visiteurs dans nos jardins. Tu veux bien m’accompagner ? »
Flashy :
« Tu vois, je suis là. Fleurissons côte à côte et les parterres seront superbes. Parce que, tu sais, si tu t’ennuies sans moi, je t’avoue que tu me manques quand tu n’es pas dans les parages. Je connais un jardin qui n’est fait que de couleurs vives. Eh bien, je vois que ce n’est pas l’idéal. Tu imagines un jardin uniquement rempli de ‘Tumultueux’ ou de ‘Gérard Brière’ ? Les yeux ont besoin d’un peu de repos, et une tache claire, ‘H.C. Stetson’, par exemple, apporte tout de suite fraîcheur et apaisement. »
Pastel :
« Si on aligne seulement des ‘Stop Flirting’ et des ‘Celebration Song’, les gens vont dire : Ça manque de peps, on s’ennuie. Alors, viens glisser au milieu une touffe de ‘Sheer Ecstasy’ ou de ‘Spellbreaker’, et ce sera autre chose ! »
Flashy :
« Et tu oublies, mon cher Pastel, un peu de jaune d’or comme ‘Féria de Nîmes » ou de ‘Wizard of Odds’. Et tu peux même faire de la place pour un ‘Fanfaron’ ou un ‘Kilt Lilt’. »
Pastel :
« Vois-tu, Flashy, Nous sommes inséparables. Sans toi, je suis terne, sans moi tu fatigues. Et, si tu permets, je ferai aussi appel à un ou deux confrères qui attendent qu’on leur fasse signe pour se joindre à nous. »
Flashy :
« Tu veux parler des couleurs froides, comme on dit ? Mais bien entendu ! Il faut qu’elles soient présentes. Eh ! Les Noirs ! Par ici, s’il vous plait ! On a besoin de vous ! Ce vieux ‘Tuxedo’, il a tout de même de la classe. Et quand ‘Holywood Night’ côtoie ‘Silverado’, c’est le bonheur. »
Pastel :
« Tu appelles les noirs, j’appelle les blancs ! Viens ‘Gwennaden’, viens ‘Frison-Roche’. Mettez-vous à côté de ‘Rive Gauche’ et de ‘Lumière d’Automne’ : c’est votre place. »
Flashy :
« Qu’allons-nous faire de ‘Thornbird’ ? Crois-tu qu’il a sa place parmi nous ? »
Pastel :
« Bien sûr ! Les sombres sont là pour faire ressortir le charme des clairs, les roses magnifient les violets, ‘Quiet Riot’ fait bon ménage avec ‘Samsara’ et ‘Queen’s Circle’ met en valeur ‘Romantic Evening’. Nous sommes faits pour vivre ensemble et les uns auprès des autres, nous faisons toute la splendeur des jardins d’iris. »