25.1.13

LES DILETTANTES

IX. Harald Moos 

C’est un « grand » parmi les amateurs. D’autant plus que cet agent d’assurance de profession s’adonne à l’hybridation depuis 1979 et qu’il n’y a guère d’année qu’il n’ait pas enregistré quelque nouvelle variété. Il prend part fréquemment aux compétitions internationales et il y a brillé maintes fois. 


· ‘Bischofshol’ (1991) 
· ‘Expo Hannover’ (1994) 
· ‘Grosser Garten’ (1993) 
· ‘Buchholzer Glut’ (1993)

PEINDRE LES IRIS

Pour peindre des iris il n’est pas nécessaire de s’appeler Claude Monet. De nombreux artistes ont associé leur nom à la peinture florale en général et à celle des iris en particulier. Pendant les années où je me suis occupé de la Revue « Iris & Bulbeuses » j’ai fait appel à plusieurs reprises, pour l’image de couverture, à des illustrateurs contemporains souvent renommés. A deux reprises ce fut l’illustratrice polonaise Barbara Smocszenska, spécialiste de l’aquarelle, qui est aussi mon amie. Sa peinture est une œuvre d’artiste, où la réalité passe par le prisme de la sensibilité et de l’émotion. Ce n’est pas de la peinture naturaliste. Cette dernière tend à représenter au plus près la réalité. Elle fixe d’une façon définitive ce qu’est le sujet, débarrassé de tout son environnement, lequel détourne obligatoirement le spectateur de ce qui en fait l’essence. Cette forme de peinture n’implique pas une représentation chirurgicale, dépourvue de poésie ; au contraire elle saisit tout ce que le sujet a d’intéressant, y compris ce qui provoque l’émotion du spectateur, mais ne néglige pas le côté scientifique de l’affaire. A l’image de ce que faisait le célèbre peintre wallon Pierre-Joseph Redouté au début du 19e siècle, elle reproduit le sujet par le trait et par la couleur, dans ses moindres détails. En ce sens l’aquarelle est certainement plus précise, plus intransigeante que ne peut l’être la peinture à l’huile. C’est sans doute pour cela qu’elle est le moyen utilisé par le peintre naturaliste, et c’est essentiellement elle qu’emploient les artistes dont il va être question maintenant. 



Pour commencer parlons de Christiane Mathieu, une artiste auvergnate qui expose partout à travers le monde. Ses huiles sur toile comme ses aquarelles dénotent un goût très sûr et un art consommé du détail. C’est elle qui a réalisé l’affiche du premier concours d’iris français, FRANCIRIS 2000. Depuis 1992 elle est membre de la SNHF, et depuis 2005 elle organise des stages d’aquarelle botanique en petits groupes. L’iris bordeaux qui illustre cet article allie exactement la délicatesse du dessin et une représentation sensible de la réalité.

 Jeannine Néri est une autre grande artiste qui vit, elle, dans les Alpes de Haute Provence. Elle pratique aussi bien la peinture à l’huile que l’aquarelle qu’elle a découverte en 1988 et qui fut pour elle une véritable révélation. Dans sa biographie il est écrit : « La finesse du trait, la délicatesse de la touche, la précision du détail et un sens inné de l’éclairage confèrent à ses aquarelles une rare séduction. » Les lecteurs de ce blog en auront une idée grâce à l’illustration qui figure ci-dessus, une aquarelle où, pour une fois, l’inspiration artistique supplante la représentation stricte du sujet.

Artiste naturaliste périgourdine, aquarelliste, Jacqueline Candiard est Maître de dessin du Muséum d’Histoire Naturelle de Paris. Le dessin botanique est son affaire. Elle a peint la collection d’iris du Parc Floral de Paris. La finesse de son trait et l’acuité de son coup d’œil font merveille pour la reproduction fidèle des fleurs. Témoin, le dessin de ‘Touch of Sky’ reproduit ci-dessus où une extrême économie de moyens saisit à la fois la grâce et la délicatesse de la fleur et la finesse des détails.

Annie Hovanessian est une autre aquarelliste qui s’intéresse essentiellement à la représentation des végétaux qu’elle peint d’après nature, par le procédé de l’aquarelle sèche, c’est à dire que l’œuvre est entièrement réalisée au pinceau « pour qu’aucun trait de crayon ne vienne l’alourdir ». Comme l’artiste le dit elle-même : « L’aquarelle “sèche”, par sa finesse permet de vivre à l’infini les mystères de la couleur, de la transparence et de la lumière. » Cela donne des peintures délicates, où la plante apparaît dans toute sa pureté. Annie Hovanessian n’est pas une spécialiste de l’iris, mais la reproduction ci-dessus d’un petit SDB, ‘Sea Monster’ (Lynda Miller, 1992), est démonstrative de son talent. Elle vient de publier un petit recueil de certaines de ses œuvres sou le nom de « Le jardin d’une Aquarelliste ».

 Les amateurs d’iris connaissent Colette Thurillet au moins par le grand iris que Richard Cayeux lui a dédié. ‘Colette Thurillet’ (1989) a été peint par l’artiste et figure dans le petit recueil de ses œuvres qu’elle a publié sous le titre « A l’entour de l’iris ». Dans la biographie présentée sur son site on peut lire : « Ses sujets de prédilection : Les fleurs, les fruits, les oiseaux, les insectes, les poissons, les coquillages, les animaux : le cheval et autres animaux de la ferme, les chiens et les chats... (…) Avec un sens inné de la botanique et la passion des animaux, elle met toute sa sensibilité pour reproduire fidèlement la couleur et pour adoucir la rigueur scientifique du dessin. Dans ses œuvres, l’image et le modèle se confondent. » On ne peut mieux décrire l’art du peintre naturaliste.

 Jacqueline Farvacques est peut-être la plus connue des illustratrices de l’iris. Ne serais-ce que par sa collaboration aux ouvrages produits par Richard Cayeux. « Formée aux Beaux-Arts, à l'Ecole nationale supérieure des arts décoratifs, à l'Ecole du Louvre. Membre de la Société nationale d'horticulture française et de la Société des peintres Botanistes anglais, elle a été distinguée (médaille) par la Royal Horticultural Society de Londres. » Le petit opuscule « Iris » qu’elle a publié en 1999, avec les textes de la journaliste Marie-Françoise Valéry, est un concentré de ce qui se fait de mieux tant au point de vue botanique ou horticole que pour la qualité des illustrations. L'image ci-dessus, tirée de « L’iris, une fleur royale » est particulièrement réussie.

Les aquarellistes de talent sont fort nombreux, ceux qui se consacrent aux végétaux, un peu moins, et les spécialistes de l’iris, plutôt rares. Ceux (celles) qui sont évoqués dans cette chronique sont les piliers français actuels de ce petit monde.

 Illustrations :
- Christiane Mathieu : Iris bordeaux ; 
- Jeannine Néri : Iris ; 
- Jacqueline Candiard : ‘Touch of Sky’ ; 
- Annie Hovanessian : ‘Sea Monster’ ; 
- Colette Thurillet : ‘Song of Norway’ ; 
- Jacqueline Farvaques : ‘Coquetterie’.

AVIS AUX AMATEURS

A la demande de quelques lecteurs j’ai établi une sorte de table des matières de toutes les chroniques de fond qui ont été publiées dans IRISENLIGNE depuis le début, en août 2001. Il s’agit d’un tableur EXCEL qui comporte cinq colonnes :
 TITRE – SUJET – THEME – DATE DE REDACTION – DATE DE PUBLICATION
 J’ai regroupé les chroniques par thème. Il y en a onze, pour 668 chroniques publiées (les échos et les feuilletons ne sont pas répertoriés). 

 Je tiens cette liste à la disposition de ceux qu’elle intéresse. Il suffit de me la demander !

18.1.13

LES DILETTANTES

VIII. Lorena Montanari 

L’Italo-argentine Lorena Montanari est apparue récemment dans le petit monde des iris, mais elle y a immédiatement été remarquée pour ses éclatantes réalisations. Elle nous donnera certainement encore beaucoup d’iris remarquables.


 · ‘Ferragosto’ (2008)
 · ‘Monte Conero’ (2009)
 · ‘Sorella Luna’ (2009)
 · ‘Valeria Romoli’ (2010)

ECHOS DU MONDE DES IRIS

Zone de turbulence

 La SFIB traverse actuellement une zone de turbulence.
 Le Président, dans l’incapacité temporaire d’exercer complètement sa fonction a été contraint de déléguer ; dans le même temps la Vice-Présidente et la Trésorière ont décidé de se retirer.

 Un Conseil d’Administration extraordinaire a donc procédé aux remplacements, lesquels seront soumis au vote des adhérents lors de la prochaine A.G.

 Roland Dejoux, Secrétaire Général a reçu une large délégation de la part du Président ; 
La Vice-Présidence a échu à Richard Cayeux ; 
La Trésorerie à Joëlle Franjeulle. 

 La participation de plus en plus active de Richard Cayeux dans le fonctionnement de l’Association est, à mon avis, une excellente chose. Trop longtemps les professionnels se sont désintéressés de leur club des supporters. Cela n’empêche pas que la nouvelle équipe a du pain sur la planche pour relancer une mécanique passablement grippée !

LA VALLÉE DES IRIS

La Bièvre, de sa source à Paris 

Sous l’impulsion de son ex-présidente, Anne-Marie Chesnais, la SFIB a mis en route une animation liée aux iris, dans la vallée de la Bièvre, entre sa source et sa disparition sous les rues de l’agglomération parisienne, à partir d’Antony. Ce parcours traverse une des plus jolies parties de la région parisienne et c’est une excellente idée d’avoir ajouté à ce paysage exceptionnel la présence des iris.

 L’Encyclopédie Wikipédia dispose d’un article long et particulièrement bien documenté sur cette rivière qu’est la Bièvre. Le présent article fait largement référence à ce texte.

 La Bièvre doit vraisemblablement son nom aux castors qui devaient peupler ses rives dans les temps anciens. Elle prend sa source au sud-ouest de Versailles, à la limite du plateau de Satory, sur la commune de Guyancourt. Elle a ceci de particulier qu’elle commence son existence par un parcours des plus bucoliques et qu’elle se termine piteusement dans les égouts de la Ville de Paris ! Ce n’est évidemment pas cette fin calamiteuse qui peut intéresser l’amateur d’iris, mais bien la première moitié de son cours, lorsqu’elle serpente à l’air libre, de Buc à Verrières-le-Buisson. Ce n’est qu’un petit ruisseau, au débit minimaliste, mais elle parcourt une vallée pittoresque et traverse des petites villes bourgeoises et animées qui savent profiter des charmes de la rivière qu’elles ont eu le bon goût de conserver dans sa fraîcheur agreste. 

A Buc elle est surmontée par le grand aqueduc de pierre chargé d’amener au château de Versailles une partie de l’eau nécessaire aux jeux d’eau du parc, captée sur le plateau de Saclay, plus au sud. Le secteur est très vallonné, les pentes forestières abritent maintenant pavillons et résidences typiques de la région parisienne un peu chic. De Jouy-en-Josas à Verrières-le-Buisson elle court gracieusement au fond de sa fraîche vallée. C’est après que les choses se gâtent et que la ville a eu raison d’elle en l’emprisonnant dans des tuyaux… L’origine de cette déchéance n’est pas nouvelle, et avant d’être enfermée, elle était déjà gravement polluée dans toute sa traversée de Paris par « les pestilences des abattoirs, des hôpitaux, des égouts, des tanneurs, corroyeurs, mégissiers et teinturiers » qui s’étaient établi le long de son cours. Ce n’est que dans les temps très anciens qu’elle était une agréable rivière venant se jeter dans la Seine, d’abord à la hauteur de l’actuel pont de l’Alma (à cette époque la Seine passait beaucoup plus au nord qu’actuellement), puis à celle du pont d’Austerlitz. 

Reste le parcours quasi rural qui va de Buc à Verrières. C’est là que la SFIB et les communes ont installé la Route des Iris. Il y avait déjà les I. pseudacorus qui poussent naturellement sur les rives, il y a maintenant les iris, botaniques ou horticoles, qui ont été plantés. Il y a aussi, puisque les hommes sont présents partout dans cette verte vallée, toutes les animations autour de l’iris mises en place pour satisfaire promeneurs et touristes. Cette appropriation du site par l’iris n’est pas le fait d’un caprice de quelques amateurs, mais la suite logique de l’implantation, dès la fin du XIXe siècle, de la famille Vilmorin dans la petite ville de Verrières-le-Buisson. 

 Lorsque la SFIB a pris ses quartiers à Jouy-en-Josas, elle avait en projet la création d’une compétition internationale de l’iris. L’idée était apparue au milieu des années 1990 mais le site où installer cette manifestation n’était pas clairement retenu. Ce fut d’abord en Bretagne, près de Rennes, que les choses ont commencé à se concrétiser, mais ce site n’était pas idéal : trop éloigné de Paris, trop venté, trop difficile d’accès… A Jouy en Josas ces incommodités n’existaient pas, bien au contraire. Dans le magnifique parc commun aux écoles HEC et TECOMAH, à cheval sur le cours du petit ru de St Mard, affluent de la Bièvre, il a été possible de trouver la place où planter et cultiver les iris destinés au concours FRANCIRIS. Les six premières années, l’affaire a très bien fonctionné et les premiers concours ont été très réussis, puis les choses se sont gâtées et aujourd’hui le concours est obligé de se chercher un nouveau point d’installation. Mais entre temps le concept de « Route des Iris » avait fait son chemin. 

 Que deviendra-t-il maintenant que les dirigeants de la SFIB ont déserté la vallée de la Bièvre et que l’implication de la commune de Verrières-le-Buisson est moins évidente (les collections d’iris rapportées de Rouen et d’ailleurs et alimentées par de nombreux collectionneurs français ne sont plus correctement entretenues) ? 

Il faut espérer que la vallée supérieure de la Bièvre restera un site privilégié pour la présentation en vrai grandeur des iris de toutes sortes, et qu’elle ne perdra pas son nom actuel de Vallée des Iris.


 Illustrations : 
- la Bièvre à Jouy en Josas 
- la Bièvre à Igny 
- ‘Bye Bye Blues’ vainqueur du concours de 2005 
- ‘Mamie Framboise’, deuxième prix du concours 2007.

11.1.13

LES DILETTANTES

VII. Lech Komarnicki 

Encore un artiste pour qui l’iris est un violon d’Ingres. Cet ancien acteur et metteur en scène, fort connu dans son pays, hybride maintenant toutes sortes d’iris dans son jardin du nord-ouest de la Pologne. Souvent victime des conditions climatiques sévères pour les TB, il s’oriente désormais davantage vers les SIB.


· ‘Bella Venezia’ (2003) 
· ‘Exploding Sun’ (2003) 
· ‘Next Little Step’ (2009) 
· ‘Zhoonyo’ (2003)

IRIS ET COULEURS (deuxième partie)

II. les demi-couleurs 

Abordons maintenant les demi-couleurs, celles qui sont allé chercher leur nom dans celui d’une fleur ou d’un fruit. Ce sont des noms qui ont été choisi tardivement pour exprimer des couleurs qui ne font pas partie des six couleurs de base, mais que l’on avait besoin de désigner spécifiquement. 

 Le Violet 

Après avoir été la couleur des évêques (pourquoi ?) le violet a perdu de son aura et, souvent associé au deuil, il est maintenant peu apprécié car considéré comme triste. Mais ce n’est pas nécessairement l’avis les amateurs d’iris qui y voient au contraire quelque chose de noble et de majestueux. Il profite, par phénomène de proximité, de l’intérêt porté au bleu avec lequel il se mélange régulièrement. On dit même qu’il n’y a pas de bleu vraiment pur, et qu’à bien y regarder tous les iris dits bleus sont en fait peu ou prou mâtinés de violet.

 Il faudrait à ce moment évoquer le pourpre. Cependant s’agit-il d’une couleur ou simplement d’une nuance de violet (avec une touche de rouge) ? C’est à cette opinion que se rangent aujourd’hui les coloristes.

 Le Rose

 Ah ! Le rose ! Combien d’iris roses trouve-t-on sur le marché ? L’engouement qu’il a suscité dès son apparition chez les iris dans les années 1930 ne s’est jamais démenti. Sans doute parce qu’il symbolise la tendresse, la douceur, la féminité. Son côté négatif, la mièvrerie, n’est pas de mise dans l’univers des iris. Le rose est double. La langue anglaise sait faire le distinguo entre le rose « bleuté » pour lequel elle dispose du mot « pink », et le rose « orangé » qui est appelé « rose ». En français cette subtilité est absente. Le rose n’est pas altruiste, il tient en général toute la place. Les iris où le rose partage la vedette avec une autre couleur sont relativement peu nombreux, à part lorsqu’il est associé à un bleu tendre.

 L’Orange 

Encore une couleur difficile pour les obtenteurs d’iris. L’orange pur est rare : le plus souvent il est obtenu par une juxtaposition de points microscopiques jaunes et violacés et tout le travail consiste à faire que ces points soient tellement petits que l’œil ne peut plus les distinguer. C’est une couleur de feu qui semble même consumer les plantes elles-même : les iris oranges sont en général petits, prostrés, comme dévorés par l’intérieur. Les hybrideurs modernes s’efforcent de faire disparaître ces caractères, mais le travail est ardu !

 Le Marron

 Le marron existe-t-il vraiment chez les iris ? C’est une question qui se pose comme elle se pose pour le noir. Mais cette fois c’est parce qu’il y a tellement de nuances de marron qu’on doute de l’existence d’un marron « vrai » ! Chez les iris, le marron est toujours ou presque imprégné de rouge. Parce qu’il résulte d’une superposition de pigments jaunes et de pigments violacés. Le mélange est extrêmement variable et va de l’ocre et du miel au bourgogne et à l’acajou. C’est à partir de cette couleur que les obtenteurs s’efforcent de se rapprocher du rouge, l’inaccessible Graal de l’hybrideur ! 

 Le Gris 

Comme le vert, le gris n’est pas une couleur assurée du succès dans les jardineries. D’une part il est associé symboliquement à la tristesse et à la vieillesse, d’autre part il n’attire pas l’œil dans un étal. Il ne fait donc pas partie des domaines de recherche préférés des obtenteurs. Il apparaît de temps en temps, accidentellement peut-on dire, et tirant plus vers le bleu que vers le noir. Il est en fait considéré comme une fausse couleur, ce qui est dommage parce qu’il offre une infinie variété de nuances et permet des camaïeux très fins. Néanmoins il y a fort à parier qu’il restera longtemps le mal aimé des coloris d’iris.

 Le Mordoré 

Ce n’est pas une couleur, du moins pas officiellement, Mais chez l’iris c’est une teinte qui tient sa place. En dehors des chrysanthèmes, il n’existe pas, à ma connaissance, de fleurs qui soient mordorées. Si l’on veut être rigoureux il faut parler d’une nuance de jaune, ou de brun. Quoi qu’il en soit c’est un aspect des iris qu’on ne peut pas passer sous silence. 

A partir de ces couleurs et demi-couleurs, en les associant ou en les superposant, en jouant sur les couches de pigments et les subtilités de l’intervention des enzymes inhibiteurs, les créateurs d’iris ont offert une infinité de variétés différentes où les oppositions violentes côtoient les mélanges les plus subtils et tout cela ne suscite que l’enchantement des amateurs. 

Documentation : « M. Pastoureau et D. Simonnet : Le petit livre des couleurs – Ed. du Panama – 2005

 Illustrations II :

- ‘Virginia Squire’ (Gaulter – 1973) 
- ‘Paradise’ (Gatty – 1980) 
- ‘Classic Hues’ (Brown O. – 1998) 
- ‘Obi-Wan Kenobi’ (Mahan – 2003)

7.1.13

JE SUIS EN RETARD...

... comme le lapin d'Alice au pays des merveilles ! Mais j'ai une bonne explication : un week-end loin de chez moi. 

Cette semaine on revient au rythme normal; donc, à vendredi.

LA FLEUR DU MOIS

‘ENGLISH COTTAGE’ 

Quand on évoque ‘English Cottage’, on pense immédiatement au mot « parfum ». Car il n’y a pas beaucoup d’iris dont l’odeur soit aussi puissante et agréable. Mais ce n’est pas la seule des particularités de cette variété archi-connue. 

‘English Cottage’ (Zurbrigg, 1976), est d’abord un iris plicata. Cela ne se voit pas du premier coup d’œil, mais il ne faut pas un long examen pour s’en rendre compte : les pétales, qui ont l’air blanc, sont veinés de bleu pâle ; les sépales, sur le fond blanc, ont tout un réseau indigo clair qui va s’intensifiant vers les bords et particulièrement aux épaules. C’est, en fait, le résultat d’un mariage entre une lignée de blancs et une lignée de plicatas : ((Crinkled Ivory x Autumn Sensation) x Grand Baroque) X Cross Stitch. Derrière ‘Grand Baroque’ il y a les iris blancs ‘Henry Shaw’, ‘Cliffs of Dover’, New Snow’. Derrière ‘Cross Stitch’, lui-même plicata, il y a ‘Rococo’, ‘Gibson Girl’, ‘Tiffany’, ‘Blue Shimmer’ etc. 

 C’est aussi un iris remontant, et même à fort pouvoir en ce domaine. Une caractéristique, fortement recherchée par Lloyd Zurbrigg, que l’on retrouve dans sa descendance, notamment chez ‘Immortality’ (1982) ou ‘ Northward Ho’ (1990).

 C’est enfin un iris au parfum puissant et délicieux. 

 C’est ce dernier aspect qui m’a fait m’intéresser à lui. J’avais lu ça dans la liste de Lawrence Ransom, et je le lui ai acheté. Quand je me suis penché pour la première fois, l’année suivante, au-dessus des premières fleurs ouvertes, j’ai pu me rendre compte que Lawrence n’avait pas menti en parlant d’un parfum exceptionnel. Est-ce celui du seringat ? Du chèvrefeuille ? En tout cas c’est quelque chose comme cela. Cela sent le printemps, les soirs paisibles sur les gazons d’avril… Ce n’est pas la lourde odeur sucrée propre à l’iris en général, c’est bien plus délicat. Cela va parfaitement avec cette fleur un peu surannée, maintenant, à la consistance un peu fragile, à la grâce légère et féminine. ‘English Cottage’ n’enthousiasmera pas les amateurs de fleurs somptueuses, mais il plaira à tous ceux qui mettent la délicatesse et la classe au-dessus de tout.

Illustrations : 
- ‘English Cottage’ 
- ‘Cross Stitch’ 
- ‘Crinkled Ivory’ 
- ‘Grand Baroque’ 
- ‘Immortality’

LES DILETTANTES

VI. Valeria Romoli 

C’est, bien entendu, surtout pour le « fun » que Valeria Romoli hybride les iris. Dans son agréable jardin de Florence elle effectue des croisements qui démontrent son savoir et son bon goût. Les juges du Concorso Firenze ne s’y sont pas trompé quand ils ont décerné le Florin d’Or à son ‘Settimo Cielo’ .


· ‘Buongiorno Aprile’
· ‘Celeste Aida’ 
· ‘Settimo Cielo’ 
· ‘Andante con Brio’

IRIS ET COULEURS

I. les couleurs de base 

Cultiverait-on les iris s’il n’y avait pas la couleur ? Sans doute pas ! Car lorsqu’on parle d’iris à une personne, elle évoque presque immédiatement la, ou les, couleurs. Il y a donc une association spontanée entre la fleur et les couleurs qu’elle peut prendre. Ce qu’il y a de curieux, c’est que l’évocation des couleurs de l’iris ne semble pas avoir de lien avec la symbolique attribuée à chaque couleur. Le bleu des iris n’est pas terne, le jaune n’a rien d’infamant, le noir ne signifie pas deuil… Avec les fleurs, celles de l’iris en particulier, les couleurs sont toutes jolies. 

En ce qui concerne les iris, l’intérêt des couleurs est peut-être avivé par le fait qu’il y en a une, deux peut-être, qui n’existent pas ! Chacun sait que l’iris ne fabrique pas le pigment rouge, et la couleur verte n’est pas vraiment présente puisqu’elle ne paraît sur certaines fleurs que de façon très discrète, par introduction de la chlorophylle des feuilles dans les veines de certaines fleurs blanches. De sorte qu’il ne reste que quatre véritables couleurs sur les six dont s’accorde de nos jours à reconnaître l’existence : le blanc, le noir, le vert et le bleu. On vient de constater que les deux autres, le rouge et le vert, ne sont pas vraiment présentes.

 Il s’agit là des six couleurs que les spécialistes prennent en considération. Ce sont celles qui ont un nom spécifique : elles n’ont pas besoin de référent. Pourtant on parle de bien d’autres couleurs ; mais on fait un amalgame entre couleurs proprement dites, et nuances. Les couleurs sont peu nombreuses, les nuances sont infinies, même si l’œil humain n’en distingue qu’environ deux cents (et quand nos ordinateurs ou nos appareils photographiques prétendent nous en offrir des millions, voire des milliards, la surenchère commerciale frise l’imposture.) En plus des six couleurs de base, on peut distinguer les demi-couleurs, qui sont le violet, le rose, l’orange, le marron et, dans une certaine mesure, le gris. Dans tous les autres cas, on parle de nuances pour lesquelles on choisit des noms qui sont plus évocateurs de sensations que de rigueur scientifique. 

 Avec quatre couleurs, donc, et cinq demi-couleurs, on réussit à obtenir l’infinie variété des coloris de nos iris. 

 Le Bleu

 C’est sûrement la couleur la plus répandue chez les iris. Elle est présente dans la plupart des espèces de base qui constituent le cocktail des nos hybrides. C’est, d’ailleurs, la couleur préférée des Occidentaux d’aujourd’hui. C’est peut-être là l’une des raisons de l’intérêt que l’on porte aux iris dans l’Occident. Elle se combine avec toutes les autres et se conjugue à toutes les teintes. Jusqu’à présent personne ne s’en lasse. Chaque année des centaines d’iris bleus – ou mêlés de bleu – sont enregistrés. 

Le Blanc 

Symbole de l’innocence et de la pureté, il n’est pas étonnant que les obtenteurs d’iris aient depuis toujours tenté de le produire, chaque fois encore plus pur, encore plus blanc que blanc. Il est présent en solo, aussi bien qu’en association plus ou moins complexe avec les autres couleurs quelles qu’elles soient. De ce fait il porte sans doute le numéro deux dans l’ordre décroissant de présence chez les iris. 

Le Jaune 

C’est maintenant une couleur pure et éclatante chez les iris modernes. Il a donné tellement de mal aux hybrideurs, entre les années 1920 et 1960, qu’il est maintenant royalement servi dans les programmes d’hybridation. Le côté infamant qu’il a eu longtemps dans notre symbolique, couleur des traîtres, des cocus, … et des juifs dans l’univers nazi, est complètement absent dans l’esprit des amateurs d’iris qui l’apprécient pour son éclat et son brillant. Sans doute, en ce domaine bénéficie-t-il de l’absence du rouge qui tient cette place là où il est présent. 

Le Noir 

Existe-t-il chez l’iris ? On peut peut-être encore en douter puisqu’il n’apparaît pas spontanément dans ses fleurs. Mais il fait des progrès foudroyants depuis une vingtaine d’années et chaque année des iris de plus en plus « noirs » sont mis sur le marché. Les obtenteurs saturent de plus en plus la couleur d’iris bleus ou pourpres, de sorte que le noir est réellement présent sur les sépales de nombreuses variétés récentes. Ce n’est pas son côté lugubre qui fait son succès, mais plutôt son apparence luxueuse et son assimilation à la richesse du velours ou du satin.

 A suivre… 

Illustrations :
- ‘Blue Luster’ (Brown O. – 1973)
- ‘Arctic Age’ (Schreiner – 1999) 
- ‘Dark Passion’ (Schreiner – 1998) 
- ‘Giannutri’ (Gigli – circa 2000)