7.1.13

IRIS ET COULEURS

I. les couleurs de base 

Cultiverait-on les iris s’il n’y avait pas la couleur ? Sans doute pas ! Car lorsqu’on parle d’iris à une personne, elle évoque presque immédiatement la, ou les, couleurs. Il y a donc une association spontanée entre la fleur et les couleurs qu’elle peut prendre. Ce qu’il y a de curieux, c’est que l’évocation des couleurs de l’iris ne semble pas avoir de lien avec la symbolique attribuée à chaque couleur. Le bleu des iris n’est pas terne, le jaune n’a rien d’infamant, le noir ne signifie pas deuil… Avec les fleurs, celles de l’iris en particulier, les couleurs sont toutes jolies. 

En ce qui concerne les iris, l’intérêt des couleurs est peut-être avivé par le fait qu’il y en a une, deux peut-être, qui n’existent pas ! Chacun sait que l’iris ne fabrique pas le pigment rouge, et la couleur verte n’est pas vraiment présente puisqu’elle ne paraît sur certaines fleurs que de façon très discrète, par introduction de la chlorophylle des feuilles dans les veines de certaines fleurs blanches. De sorte qu’il ne reste que quatre véritables couleurs sur les six dont s’accorde de nos jours à reconnaître l’existence : le blanc, le noir, le vert et le bleu. On vient de constater que les deux autres, le rouge et le vert, ne sont pas vraiment présentes.

 Il s’agit là des six couleurs que les spécialistes prennent en considération. Ce sont celles qui ont un nom spécifique : elles n’ont pas besoin de référent. Pourtant on parle de bien d’autres couleurs ; mais on fait un amalgame entre couleurs proprement dites, et nuances. Les couleurs sont peu nombreuses, les nuances sont infinies, même si l’œil humain n’en distingue qu’environ deux cents (et quand nos ordinateurs ou nos appareils photographiques prétendent nous en offrir des millions, voire des milliards, la surenchère commerciale frise l’imposture.) En plus des six couleurs de base, on peut distinguer les demi-couleurs, qui sont le violet, le rose, l’orange, le marron et, dans une certaine mesure, le gris. Dans tous les autres cas, on parle de nuances pour lesquelles on choisit des noms qui sont plus évocateurs de sensations que de rigueur scientifique. 

 Avec quatre couleurs, donc, et cinq demi-couleurs, on réussit à obtenir l’infinie variété des coloris de nos iris. 

 Le Bleu

 C’est sûrement la couleur la plus répandue chez les iris. Elle est présente dans la plupart des espèces de base qui constituent le cocktail des nos hybrides. C’est, d’ailleurs, la couleur préférée des Occidentaux d’aujourd’hui. C’est peut-être là l’une des raisons de l’intérêt que l’on porte aux iris dans l’Occident. Elle se combine avec toutes les autres et se conjugue à toutes les teintes. Jusqu’à présent personne ne s’en lasse. Chaque année des centaines d’iris bleus – ou mêlés de bleu – sont enregistrés. 

Le Blanc 

Symbole de l’innocence et de la pureté, il n’est pas étonnant que les obtenteurs d’iris aient depuis toujours tenté de le produire, chaque fois encore plus pur, encore plus blanc que blanc. Il est présent en solo, aussi bien qu’en association plus ou moins complexe avec les autres couleurs quelles qu’elles soient. De ce fait il porte sans doute le numéro deux dans l’ordre décroissant de présence chez les iris. 

Le Jaune 

C’est maintenant une couleur pure et éclatante chez les iris modernes. Il a donné tellement de mal aux hybrideurs, entre les années 1920 et 1960, qu’il est maintenant royalement servi dans les programmes d’hybridation. Le côté infamant qu’il a eu longtemps dans notre symbolique, couleur des traîtres, des cocus, … et des juifs dans l’univers nazi, est complètement absent dans l’esprit des amateurs d’iris qui l’apprécient pour son éclat et son brillant. Sans doute, en ce domaine bénéficie-t-il de l’absence du rouge qui tient cette place là où il est présent. 

Le Noir 

Existe-t-il chez l’iris ? On peut peut-être encore en douter puisqu’il n’apparaît pas spontanément dans ses fleurs. Mais il fait des progrès foudroyants depuis une vingtaine d’années et chaque année des iris de plus en plus « noirs » sont mis sur le marché. Les obtenteurs saturent de plus en plus la couleur d’iris bleus ou pourpres, de sorte que le noir est réellement présent sur les sépales de nombreuses variétés récentes. Ce n’est pas son côté lugubre qui fait son succès, mais plutôt son apparence luxueuse et son assimilation à la richesse du velours ou du satin.

 A suivre… 

Illustrations :
- ‘Blue Luster’ (Brown O. – 1973)
- ‘Arctic Age’ (Schreiner – 1999) 
- ‘Dark Passion’ (Schreiner – 1998) 
- ‘Giannutri’ (Gigli – circa 2000)

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