28.2.14

SEVENTIES

Les années 1970 ont été celles d’une certaine apogée dans l’hybridation des grands iris. Des obtenteurs d’une grande notoriété y ont atteint le sommet de leur art. C'est le tour d'un personnage particulièrement intéressant. 

  6. Barry Blyth

Oui ! Barry Blyth, qui est aujourd’hui au firmament, s’était déjà distingué dans les années 1970 ! Plusieurs de ces premiers iris ont immédiatement dénoté la patte d’un grand faiseur. D’ailleurs, malgré leur bientôt quarante ans, certains brillent toujours dans nos jardins. Et ceux qui les possèdent n’ont pas l’intention de s’en séparer !

Témoins :

‘Piper’s Flute’ (1974) 



‘Cabaret Royale’ (1976) 


 ‘Lisa Ann’ (1977) 


 ‘Magic Man’ (1979)

ECHOS DU MONDE DES IRIS

Une nouvelle récompense

Dans le “Mot du Président” du dernier Bulletin de l'AIS on apprend qu'une nouvelle récompense est créée. C'est le “Lloyd Zurbrigg-Clarence Mahan Award” qui honorera le “Meilleur Semis vu dans les jardins de la Convention annuelle et désigné comme tel par les participants”. Première attribution lors de la Convcention de 2014 à Dallas (Texas).

ILS ONT RATÉ LA DERNIÈRE MARCHE

Perry Dyer, hybrideur et juge bien connu, donne régulièrement son avis sur les variétés qu’il a appréciées. Cet avis va souvent à l’encontre des opinions généralement admises, mais il est toujours judicieux et dénote une profonde connaissance des iris et du monde qui tourne autour. Dans l'avant-dernier bulletin de l’AIS, « Irises », il fait le point sur ces variétés qui auraient mérité d’obtenir la Médaille de Dykes mais qui, pour une raison ou une autre, ont raté la dernière marche du podium.

 Rien que pour les grands iris, de 1940 à 2000, il a trouvé onze variétés qui ont joué de malheur. Nous allons reprendre ici cet inventaire pour la perspicacité de son analyse. Cela commence avec ‘Snow Flurry’ (Rees, 1939), dont chacun sait qu’il a été injustement sous-estimé, voire même ignoré, alors qu’on s’accorde maintenant pour reconnaître qu’il a été un élément majeur de l’évolution de l’horticulture des iris. Perry Dyer fait le constat que « si aujourd’hui un cultivar présente des ondulations, il y a toutes les chances pour que son lignage remonte à ‘Snow Flurry’. » Le rose ‘Ballerina’ (David Hall, 1951) est considéré comme l’un des meilleurs roses et le fait qu’il n’ait pas reçu la DM est attribué à ce qu’il est de la même lignée que ‘Cherie’, lequel a été récompensé dans les moments où ‘Ballerina’ aurait pu l’être. Dyer dit de lui : « Pour moi, ‘Ballerina’ était le meilleur en performances. Quand vous voyez ces roses voluptueux, richement ondulés, obtenus aujourd’hui par Joë Ghio, le plus souvent leur héritage fait appel au travail de D. Hall. »

Les variétés du modèle « Emma Cook » sont à la mode : Le vainqueur de la DM 2007, ‘Queen’s Circle’ (Kerr, 1999), et celui du dernier Florin d’Or, ‘Vento di Maggio » (Bianco, 2012) sont là pour le prouver. ‘Emma Cook’ (Cook, 1959), avec sa fleur blanche et son liseré bleu sur les sépales, a été suivi de multiples associations du même genre, dans toutes les couleurs. S’il n’a pas reçu la DM, c’est peut-être parce que son obtenteur avait déjà placé à ce niveau trois de ses variétés entre 1955 et 1964…

Perry Dyer fait de ‘Cup Race’ (Buttrick, 1963) la victime de la compétition entre les obtentions originaires de la Côte Est et celles de la Côte Ouest. Il explique qu’à l’époque ‘Cup Race’, originaire de la Nouvelle Angleterre, s’est trouvé en concurrence avec ‘Winter Olympics’ (Brown O., 1963) et que celui-ci a eu une bien meilleure distribution, donc a été vu par beaucoup plus de juges. Dyer admet que « la distribution est la clef pour avoir des chances dans le système américain des récompenses. »

Nathan Rudolph, l’obtenteur de ‘Lemon Mist’ (1972), fait partie, comme dit Perry Dyer, de la bande de Chicago, où l’on trouve aussi Dave Hall, et Orville Fay. Ces trois obtenteurs se plaçaient parmi les meilleurs de leur époque et ont récolté cinq DM en 15 ans, dont une pour ‘Pink Taffeta’ (Rudolph, 1968). Il est probable que les juges, au moment d’apprécier ‘Lemon Mist’, même si c’est la meilleure variété de Nate Rudolph, n’ont pas voulu ajouter une nouvelle récompense au palmarès des gens de Chicago…

‘Country Manor’ (Eleanor Kegerise, 1973) est un autre produit de la Côte Est. Il a très certainement souffert de ne pas être entré d’emblée au catalogue d’un grand pépiniériste (son obtentrice s’est chargée elle-même de sa commercialisation). De ce fait les juges ne l’ont sans doute pas vu assez souvent et sont passés à côté d’une variété exceptionnelle, d’un blanc crème remarquable.

Ce n’est pas à un manque de notoriété que Perry Dyer attribue l’échec de ‘Going my Way’ (Gibson, 1972), mais au fait que la récompense suprême a été attribuée dans la même période à ‘Kilt Lilt’ (Gibson, 1970). En tout cas les juges, en l’occurrence, ont oublié une variété qui, commercialement, a été un succès considérable, au demeurant bien mérité.

Une autre variété que Dyer regrette de ne pas avoir vu récompensée à sa juste valeur, c’est ‘Joyce Terry’ (Muhlestein, 1974). Il est vrai que cet iris a atteint un point de célébrité tel qu’on cite son nom quand on veut parler d’un iris aux pétales jaunes et aux sépales blancs bordés du jaune des pétales. Cependant il n’y a de regret à avoir que s’il y a eu cabale ou tricherie. Il n’y a aucune raison que cela soit le cas en ce qui concerne ‘Joyce Terry’ : la compétition a été rude et comme il ne peut y avoir qu’un vainqueur…

Quand Dyer avance le nom de ‘Holy Night’ K. Mohr, 1983) parmi ceux que le destin n’a pas gâté, cela m’étonne un peu. Il est vrai que ce ‘Holy Night’, n’a pas été bien distribué en Europe et qu’on ne le connaît guère. C’est sans doute pourquoi je ne partage pas l’avis d’un bon connaisseur comme Perry Dyer à propos de cette variété. En revanche je suis bien de son avis au sujet de ‘Touche’ (Hamblen, 1969) qu’il cite parmi les mal-aimés des juges. D’une manière plus générale j’estime que Melba Hamblen n’a pas été récompensée comme elle le méritait. Plusieurs de ses iris ont tutoyé la DM, notamment ‘Extravagant’ (1983) en 1991, mais la première marche du podium est allé à d’autres. ‘Touche’ fait partie des variétés qui pouvaient prétendre à la plus haute récompense. Dyer le décrit très bien : « une combinaison riche en couleur avec des pétales rose-abricot doux et des sépales entre lilas et lavande, complétée d’une barbe rose crevette. » Et quand on connaît la descendance de ‘Touche’, on peut déplorer la malchance de Madame Hamblen.

La dernière variété à faire l’objet d’un commentaire compatissant se nomme ‘Rhonda Fleming’ (Mullin, 1993). Dyer laisse entendre que la rigueur de Ron Mullin envers ses propres obtentions et sa profonde discrétion ont desservi le destin de cette première introduction qui est pourtant un coup de maître.

Quoi qu’on puisse dire, et si les échecs des variétés ci-dessus sont regrettables, il faut admettre le fait qu’une compétition qui ne désigne qu’un seul vainqueur fait nécessairement des malheureux. Choisir entre deux compétiteurs également valeureux laisse forcément beaucoup de regrets pour celui qui n’a pas été retenu.

 Illustrations : 



‘Ballerina’ 



‘Cup Race’ 



‘Holy Night’ 


‘Rhonda Fleming’

22.2.14

ENCORE EN RETARD !

Encore en retard, mais moins ! Cela s'arrange...

SEVENTIES

Les années 1970 ont été celles d’une certaine apogée dans l’hybridation des grands iris. Des obtenteurs d’une grande notoriété y ont atteint le sommet de leur art. L'homme du jour est George Shoop. 

5. George Shoop 

De George Shoop on peut dire qu’il est le père des iris à barbes rouges. Du moins s’est-il fait une spécialité de ce caractère. Mais là n’était pas son unique point d’intérêt. Il a dit lui-même : « J’ai toujours été intéressé par la recherche de nouvelles couleurs ou de nouvelles associations de couleurs. Les semis avec des pétales sombres et des sépales clairs contrastants m’ont souvent donné de nouvelles variétés enregistrées, dans les années passées. Les amoenas roses, bleus et jaunes sont un autre de mes domaines de recherche. »

Voici quatre de ses variétés :

 ‘Dutch Magic’ (1978) 


 ‘Peach Spot’ (1973) 


 ‘Ringo’ (1979) 


 ‘Rival’ (1976)

POUR UN CONCOURS EUROPÉEN

L’Union Européenne craint que les plantes cultivées en Amérique n’apportent sur notre continent les nombreuses maladies dont elles souffrent du fait d’une moindre résistance due aux excès de traitements divers. Elle se montre donc très rigoureuse sur les garanties que les plantes importées doivent présenter, à tel point que les producteurs américains, dans leur majorité, incapables de répondre aux exigences européennes, ont renoncé aux exportations vers l’UE. La même rigueur est appliquée aux importations en provenance de l’hémisphère sud, donc de l’Australie. Dans ces conditions les organisateurs du concours de Florence ont jeté l’éponge : le Concorso Firenze est suspendu sine die. Le concours FRANCIRIS® a été maintenu, au prix d’une acrobatie transfrontalière, pour que des variétés américaines et australiennes puissent concourir.

 D’un autre côté on s’aperçoit que depuis 2000, dans les concours européens, aussi bien les concours « à juges » comme Florence ou FRANCIRIS® que les concours à jury populaire comme Munich, les variétés originaires d’Europe se sont imposées très souvent bien qu’elles soient, en nombre de variétés concourantes, bien moins nombreuses que les américaines. Pour n’en prendre qu’un, prenons l’exemple du Concorso Firenze.
2006 = ‘Recondita Armonia’ (Bertuzzi, IT, 2007)
2007 = ‘Aurélie’ (Cayeux R., FR, 2002)
2009 = ‘Ravissant’ (Cayeux R., FR, 2005)
2010 = ‘Ale Viola’ (Gigli, IT, NR)
2012 = ‘Cheyenne my Dog’ (Marucchi, IT, 2012)
2013 = ‘Vento di Maggio’ (Bianco, IT, 2012)

Cette émergence (pour ne pas parler de suprématie) fait moins regretter la défection forcée des variétés américaines et prêche en faveur de la création d’un concours exclusivement européen. Cette compétition ne manquerait pas de panache et assoirait, aux yeux des collectionneurs non-européens, la renommée de variétés « made in Europe ».

 La matière est là. Les iris européens sont maintenant suffisamment nombreux chaque année pour qu’on puisse en réunir au moins une centaine en vue de chaque compétition. La qualité ne manque pas : des obtenteurs comme Richard Cayeux, Lawrence Ransom, Michelle Bersillon, Augusto Bianco, Lorena Montanari, Anton Mego, Robert Piatek, Jerzy Wozniak, Manfred Beer, Günter Diedrich, Zdenek Seidl, Zdenek Krupka ou Gary Middleton réalisent des variétés splendides, originales et robustes, et bien d’autres obtenteurs pourraient être cités à côté de ceux-là.

Le lieu de cette compétition est tout trouvé : Florence. Peu importe le système de jugement – juges officiels ou jury populaire – encore que ce dernier soit plus économique que le précédent.

Reste à convaincre les obtenteurs européens et les associations de chaque pays (quand elles existent) que ce concours est réalisable et vivable, et à réunir les fonds nécessaires. Ce n’est certainement pas un projet utopique. Si j’avais vingt ans de moins, je me lancerais dans cette aventure avec plaisir et enthousiasme ! Y aura-t-il quelqu’un pour poursuivre cette idée ?

 Illustrations : 


Ale Viola (Gigli, NR) Fiorino d’Oro 2010 


 Aurélie (Cayeux R., 2002) Fiorino d’Oro 2007 



Deep Blue Waves (Seidl, 2006) Irisbewertung München 2008

 Babsi (Beer, 2010) Irisbewertung München 2011

17.2.14

JE SUIS EN RETARD... Oui, comme le lapin du Pays des Merveilles ! Une fin de semaine à Bordeaux.

SEVENTIES

Les années 1970 ont été celles d’une certaine apogée dans l’hybridation des grands iris. Des obtenteurs d’une grande notoriété y ont atteint le sommet de leur art. L'homme du jour est Jim Gibson. 

 4. Jim Gibson 

 C’est une des figures marquantes des années 1970. On pourrait dire de lui que tout son travail est allé vers les iris plicatas, il est vrai qu’il en a obtenu de magnifiques, qui ont toujours leur place dans nos jardins. C’était un homme persévérant, voire obstiné, qui ne s’est pour ainsi dire jamais détourné du but qu’il s’était fixé, à la suite d’une visite au jardin de Sydney Mitchell, à Berkeley, en face de San Francisco. C’était en 1940 et (James) Jim Gibson pratiquait l’hybridation depuis quatre ou cinq ans déjà. Convaincu que les plicatas avaient un immense potentiel, il n’a plus cessé d’en exploiter les ressources. Mais, au fil de ses recherches, il a également découvert parmi ses semis des variétés unicolores remarquables.

Admirez ces quatre spécimens de son travail :

‘Beyond’ (1979) 


 ‘Casino Queen’ (1971) 


‘Gem of Sierra’ (1978) 


 ‘Starfrost Pink’ (1976)

LA BONNE METHODE

Une personne de ma connaissance, qui juge toujours mes chroniques avec un œil rigoureux, m’a fait observer récemment que je lui semblais avoir une préférence pour les compétitions où interviennent des juges « professionnels » (à la manière du jury de Florence) plutôt que pour celles où ce sont des personnes qualifiées mais non certifiées qui interviennent (comme à Munich). Je l’ai assurée de ma neutralité sur ce sujet, mais sa remarque m’a fait réfléchir aux avantages et aux inconvénients des deux méthodes. Pour bien comprendre l’enjeu il faut commencer par exposer quelles sont les règles appliquées dans les deux cas.

 La méthode florentine. 

La première chose à faire est de déterminer la semaine au cours de laquelle la compétition se déroulera. Car elle dure une semaine, du lundi au samedi. Une fois cette période choisie il n’est plus possible de modifier les dates : il faut du temps pour sélectionner les juges, et une fois qu’ils sont en route, il n’est plus possible de leur dire de changer leur billet d’avion !

 Le jury est composé de cinq juges : trois juges étrangers et deux juges autochtones. Par tradition il y a au moins un juge américain ; la ou les autres places sont dévolues à des juges européens (ou de l’hémisphère sud). Il se réunit une première fois le lundi matin et élit son président. Puis il se déplace vers le jardin où les iris ont été plantés il y a trois ans. Chaque plante n’y est identifiée que sous un numéro. Il s’arrête devant chaque touffe et décide si, compte tenu de son état de santé et de l’existence ou non de fleurs, elle sera prise en compte pour le jugement. Une fois les iris malingres ou privés de fleurs éliminés, il ne reste en compétition que les plantes les plus belles.

Une première séance d’appréciation se déroule dans l’après-midi du lundi : chaque juge passe et repasse devant les iris et note ses premières observations. La même chose se reproduit le mardi matin, puis encore le mardi tantôt et recommence le jeudi. Ainsi les iris peuvent-ils être jugés jusqu’à cinq fois. A chaque fois une note est mise pour chacun des critères de jugement figurant sur la fiche établie au nom de chaque variété.

Le mercredi, c’est la journée de détente : les juges sont conviés à une tournée touristique dans la région. Le vendredi est consacré à un dernier coup d’œil aux compétiteurs puis le jury se réunit pour établir le classement final. La moyenne des notes attribuées est multipliée par le coefficient attribué à chaque critère en fonction de son importance. La note finale de chaque variété ainsi obtenue est comptabilisée et le classement dressé. Il y a nécessairement des discussions et des ajustements de dernière heure. Le palmarès est enfin établi et proclamé. Viennent enfin les cérémonies officielles de remise des récompenses, le samedi matin, puis le jury peut se dissoudre…

 Comme on peut voir, il s’agit d’un jugement très consciencieux, qui n’est pas le fait d’un simple coup d’œil superficiel. Et pendant toute une semaine, en général au top de la saison de floraison, la situation de chaque plante peut évoluer et entraîner des rectifications du jugement initial. De sorte que le palmarès final peut être considéré comme équitable.

 La méthode bavaroise. 

A vrai dire je n’avais pas une parfaite connaissance du fonctionnement du concours de Munich. J’ai donc interrogé Gisela Dathe qui est l’actuelle organisatrice de ce concours. Voici ce qu’elle m’a répondu :
« 8 à 10 membres qualifiés de notre société jugent à Munich au moment de la floraison. Il n’y a pas de jury à proprement parler. Chaque juge fait ce qu’il a à faire en fonction de ses disponibilités sous la responsabilité d’un chef des juges. Les règles appliquées sont celles du « Manuel pour les juges » de l’AIS. Il y a un premier jugement au bout de deux ans de plantation qui ne concerne que la croissance de la plante. Le jugement final intervient après trois ans de plantation. Il n’y a pas de juges invités. »

 Les iris sont en culture au jardin botanique du Nymphenburg, au nord de la ville. Les personnes qui se sont portées volontaires pour juger et qui ont été agréées par les organisateurs se présentent au jardin pendant la période de floraison – à leur guise – et, suivant les recommandations du manuel, notent les variétés en lice. Leurs rapports, remis aux organisateurs, sont compilés et additionnés. En foi de quoi le classement est établi.

Avantages et inconvénients.

La méthode florentine allie le sérieux d’un véritable jury et la solennité d’une cérémonie officielle de remise des prix. Les juges sont traités avec faste, ce qui contribue à la réputation de la semaine florentine et à la renommée du concours. Mais tout cela à un prix ! Recevoir généreusement cinq juges pendant une semaine nécessite des moyens financiers non négligeables, et l’organisation, en général, mobilise un grand nombre de bénévoles qu’il n’est possible de réunir qu’à la condition de disposer sur place de tout le monde nécessaire. Heureusement, l’ancienneté du concours et sa réputation internationale bien assise facilitent l’obtention d’aides et de subventions. Ces conditions ne peuvent pas être réunies partout.

A Munich les choses sont plus simples, uniquement tournées vers les plantes. Il n’y a aucun cérémonial, mais aussi aucun frais. Organiser une compétition selon ce modèle est à la portée de n’importe quelle association iridophile. L’inconvénient vient du panel des appréciateurs et de la pertinence des notes attribuées. Mais si l’on admet qu’avec un nombre assez important d’appréciateurs sélectionnés, et des visites du jardin espacées dans le temps, donc permettant de voir les variétés à tous les stades de leur floraison, on peut dire que le classement est fiable.

Il est vraisemblable qu’à Florence les qualités horticoles des variétés en concours sont davantage mises en valeur qu’à Munich, où les notateurs devraient être plus sensibles aux caractéristiques de la fleur.

Il me semble néanmoins que la balance des avantages et des inconvénients penche plutôt en faveur de la méthode munichoise. Celle-ci est, de plus, bien adaptée à la structure très hétérogène des associations iridophiles européennes, à la modicité de leurs ressources et à la dispersion des irisariens sur un vaste territoire. Elle pourrait avantageusement être adoptée pour FRANCIRIS®.

 Illustrations : Quatre lauréats de grande valeur :

 ‘Ciel et Mer’ (Richard Cayeux, 2007) – IB 2010 


‘Ikar’ (Adolf Volfovitch-Moler, 1992) – FO 1995 


‘Morning Sunrise ’ (Tom Johnson, 2005) – FO 2008 


‘Titvan’ (Anton Mego, 2000) – IB 2000

8.2.14

MISE AU POINT

L'article publié la semaine dernière à propos de l'identification des iris qui ont perdu leur nom a suscité des commentaires enflammés auxquels j'étais bien loin de m'attendre. Dans Irisenligne il m'arrive d'exprimer des opinions personnelles que tout le monde peut discuter. C'est même un des intérêts de ce genre de chroniques : cela fait avancer la réflexion sur le sujet. Mais je constate que certains confondent débat et propos fielleux. Jusqu'à présent, quand le cas s'est présenté, j'ai laissé mes contradicteurs s'exprimer, quelle que soit la vigueur de leur expression. Cette fois il me semble que les propos tenus ont dépassé ce qui peut être tolérable. C'est pourquoi j'informe ceux ou celles qui jouent les « trolls » et outrepassent les limites de la courtoisie qu'à l'avenir je serai contraint de jouer les modérateurs et de caviarder les commentaires malveillants ou injurieux.

RECTIFICATION

Dans la chronique relative au décès de Clarence Mahan, j’ai commis une erreur qu’il faut rectifier. La visite de Clarence Mahan en France n’était pas prévue pour le concours FRANCIRIS © 2007, mais pour celui de 2005.

Par ailleurs une de mes lectrices assidues pense que le nom de Mahan serait plutôt d’origine irlandaise, ce qui laisserait supposer que Clarence ait été de confession catholique. Je ne sais plus où j’ai pris l’information que j’ai donnée, mais l’avis de cette personne bien au courant peut être sûrement pris en considération. Merci à elle.

SEVENTIES

Les années 1970 ont été celles d’une certaine apogée dans l’hybridation des grands iris. Des obtenteurs d’une grande notoriété y ont atteint le sommet de leur art. Nous faisons aujourd'hui connaissance avec Jack Boushay. 

 3. Jack Boushay 

Ce citoyen de l’Etat de Washington n’est pas des plus connus du monde des iris, mais il a tout de même enregistré une centaine de variétés, dans toutes les catégories y compris les moins pratiquées dans les années 70. Les grands iris n’étaient pas sa spécialité, mais ceux qu’il a obtenu ont largement dépassé las frontières de son Etat d’origine et certaines ont eu une belle carrière en France. Les quatre photos ci-jointes sont un aperçu de sa production :



 ‘Blushing Lemon’ (1973) 


 ‘Emmanuel’ (1978) 


 ‘Hurley Burley’ (1978) 


 ‘Praise the Lord’ (1972)

7.2.14

‘ROCK STAR’ (FDM)

Les iris de Monty Byers ont ceci de particulier qu’en dehors de trois vedettes, abondamment primées, ‘Conjuration’ (1989) – DM 1998, ‘Thornbird’ (1989) – DM 1997, et ‘Mesmerizer’ (1991) – DM 2002, la plupart des autres n’ont fait qu’une carrière discrète, voire effacée. Il y a cependant quelques exceptions à cette règle, et ‘Rock Star’ (1991) en fait partie. Au plan des récompenses officielles, il s’est arrêté à la HM (Honorable Mention), c’est à dire tout au début de la filière. D’ailleurs, curieusement, il n’est pas le seul dans cette situation puisque, à ma connaissance, aucune variété signée Byers en dehors des trois citées plus haut, n’a atteint le niveau AM !

Le succès de ‘Rock Star’ tient avant tout à sa couleur et à son originalité. C’est un plicata que l’on peut qualifier de « rouge », et c’est une teinte qui n’est pas courante chez les plicatas.

Son pedigree est le suivant : Lovebird X Gigolo, et sa description =  « S. apricot orange, almost completely overlaid with red violet mottling; F. apricot orange, medium red violet stitched edge, deeper stitching over hafts; beards red orange, light orange horn speckled red violet. » Soit en français : « Pétales orange abricot, presque complètement recouvert de plumetis rouge violacé ; sépales orange abricot, bords pointillés de rouge violacé moyen, plus dense sur les épaules ; barbes rouge orangé, petits éperons orange piquetés de rouge violacé. »

‘Lovebird’ (Byers, 1988) est un très classique plicata amarante ; C’est une variété qui a été très peu utilisée en hybridation. ‘Gigolo’ (Keppel, 1982) est un parfait modèle de plicata sur fond saumoné avec des dessins amarante, très présents sur les sépales mais limités aux côtes sur les pétales. Il est directement à l’origine d’une kyrielle de variétés – la plupart du temps des plicatas – essentiellement dans les tons de rouge magenta, amarante et grenat. Les plus remarquables étant à mon avis ‘Beguine’ (Keppel, 1989), ‘Chuckles’ (Ghio 1987), ‘Indiscreet’ (Ghio, 1988), ‘Romanticist’ (Keppel, 1988) et ‘Sing Out’ (J. Gibson, 1994). ‘Beguine’ et ‘Sing Out’ sont ceux qui ont le plus de traits communs avec celui qui nous intéresse aujourd’hui, ‘Rock Star’.

En dépit de son coloris intéressant, ‘Rock Star’ n’a eu qu’une descendance limitée. Dans le domaine des plicatas on peut seulement citer ‘Innocent Star’ (G. Sutton, 1998), un peu plus sombre et beaucoup plus chargé, et ‘Gwennegan’ (Madoré, 2007), au contraire très légèrement dessiné. Le plus beau de ses enfants est sans doute ‘Jet Setter’ (Ransom, 2004), mais celui-là ressemble en fait à son père ‘Classmate’ !

A l’accoutumé, les variétés que je décris dans ces « Fleurs du Mois » sont des iris qui figurent ou ont figuré dans ma collection personnelle. Ce n’est pas le cas avec ‘Rock Star’, mais je le regrette car à chaque fois que je l’ai vu, je lui est ai trouvé beaucoup d’attrait, surtout en raison de son coloris éclatant et plutôt rare.

Illustrations : 

‘Rock Star’ 

‘Gigolo’ 

‘Gwennegan’

MEILLEURS ESPOIRS 2013

Les lauréats de la Walther Cup

 Les six variétés nouvellement introduites aux USA qui ont obtenu le plus grand nombre de votes pendant la compétition de 2013 pour la HM (Honorable Mention) sont :

1. ‘Judy, Judy, Judy’ (SIB – Hollingworth, 2004)
2. ‘Engagement Ring’ (TB – Ghio, 2010)
3. ‘Soleil’ (IB – M. Smith, 2010)
4. ‘Revision’ (TB – Keppel, 2010)
5. ‘Dragon King’ (TB – Tasco, 2011)
6. ‘Easter Candy’ (TB – Keppel, 2010)
 La coupe est donc revenue à ‘Judy, Judy, Judy’, un iris de Sibérie.

Ce n’est pas la première fois qu’autre chose qu’un TB (Grand Iris) obtient cette distinction. C’est même devenu une sorte de règle depuis 2008 puisque chaque année la Walther Cup a été attribuée à une plante d’une autre catégorie. Voici d’ailleurs la liste des vainqueurs, autres que TB, depuis 1990 :

1991 = ‘Frosted Velvet’ (MTB) (K. Fischer, 1988)
1992 = ‘Shaker’s Prayer’ (SIB) (C. Warner, 1989)
1998 = ‘Protocol’ (IB) (Keppel, 1994)
2001 = ‘Starwoman’ (IB) (M. Smith, 1997)
2003 = ‘Delirium’ (IB) (M. Smith, 1999)
2004 = ‘Cat’s Eye’ (SDB) (P. Black, 2002)
2008 = ‘Bluebeard’s Ghost’ (SDB) (P. Black, 2006)
2009 = ‘Bundle of Love’ (BB) (P. Black, 2007)
2010 = ‘Eye of the Tiger’ (SDB) (P. Black, 2008)
2011 = ‘Star in the Night’ (IB) (P. Black, 2009)
2012 = ‘Ginger Twist’ (SIB) (Schafer/Sacks, 2009)
 On notera l’incroyable présence de Paul Black qui l’a emporté cinq fois de suite !

Robert Hollingworth est un grand hybrideur de SIB. On lui en connaît 70 qui ont été enregistrés à ce jour, et il a remporté huit fois la Morgan-Wood Medal, la plus haute distinction dévolue aux iris de Sibérie :
1992 pour ‘Lady Vanessa’ (1985)
1994 pour ‘Sultan’s Ruby’ (1988)
1997 pour ‘Coronation Anthem’ (1990)
2000 pour ‘Over in Gloryland’ (1992)
2001 pour ‘Strawberry Fair’ (1992)
2004 pour ‘Blueberry Fair’ (1996)
2009 pour ‘Ruffles and Flourishes’ (2002)
et 2013 pour ‘Swans in Flight’ (2006)

Le fait qu’il place une de ces variétés en tête des meilleurs espoirs doit laisser envisager une nouvelle médaille pour les années à venir ‘Judy, Judy, Judy’, un SIB tétraploïde, est décrit comme ceci : « Pétales rouge violacé moyen, bras des styles bleu ; sépales blancs, pointillés rouge violacé moyen émergeant d’une bordure plicata ». C’est donc un plicata sibérien, une disposition des couleurs qui n’est pas des plus fréquentes.

Son suivant immédiat est ‘Engagement Ring’, un bicolor plicata de Joë Ghio qui se présente de façon très avantageuse. On sait que les iris de Ghio sont toujours superbes mais qu’ils font enrager la plupart des collectionneurs européens à cause de leur adaptation difficile au conditions de culture sous notre climat.

‘Soleil’ n’est pas encore le plus recherché des iris intermédiaires de Marky Smith. Il n’est pas facile de le trouver ans un catalogue de 2013. Son podium à la Walther Cup va peut-être relancer sa commercialisation.

‘Revision’ est une incursion réussie de Keith Keppel dans le domaine des iris du type « Emma Cook », c’est à dire en blanc avec un liseré bleu sur les sépales. Cette fois une belle barbe jaune vient animer un coloris qui est parfois un peu fade.

Si l’on ne connaît pas encore les iris « à rayure », c’est à dire avec des veines contrastante sur les sépales, il faut aller voir ‘Dragon King’, de Richard Tasco. Celui-ci s’est fait une sorte de spécialité de ce modèle : il a une nouvelle fois réussi son affaire.

 Dans le modèle « variegata-bleu », Keith Keppel a réalisé un beau coup avec son ‘Easter Candy’. Il n’est décidément pas de domaine où Keppel ne réussisse pas à s’imposer. Remarquons qu’il continue à avoir la faveur des juges puisque dans la course aux HM, le début du marathon, il place cette année dix de ses poulains : 8 grands iris, 1 intermédiaire et 2 nains standards !

 Il est prévisible que les variétés classées cette année pour la Walther Cup continueront la course aux honneurs sur leur lancée et qu’on verra leur noms aux étapes ultérieures. C’est d’ailleurs ce que l’on peut souhaiter de mieux à des cultivars qualifiés de « meilleurs espoirs ».

Illustrations : 


‘Judy, Judy, Judy’ 


‘Engagement Ring’ 

‘Revision’ 


‘Dragon King’


‘Easter Candy’ 


‘Lady Vanessa’