26.5.07

DERNIÈRE MINUTE

La livraison de cette semaine a 24 heures de retard, pour cause de FRANCIRIS. Mais au moins les lecteurs de ce blog bénéficieront d'un information de dernière minute.



LA NUIT DU ROSSIGNOL

« La Nuit du Rossignol » est la traduction en français du nom de la variété qui vient de remporter le Concours FRANCIRIS ® 2007. Comme on peut le voir sur les photos ci-dessus, il s’agit d’un iris original, avec des pétales pourpre clair, ourlés de blanc, et des sépales veinés pourpre sombre. La plante est de belle taille, saine, robuste, les fleurs, bien proportionnées, sont nombreuses et durent longtemps. Tout ce qu’il faut pour faire un iris de compétition. Mais ce qui va en surprendre plus d’un, c’est que cette variété nous arrive d’Ukraine, et qu’elle est l’œuvre dune vieille dame de 92 ans aujourd’hui, Nina Miroshnichenko. En ukrainien son nom s’écrit ‘Solovinayia Noch’ ; c’est du moins celui que lui a donné son obtenteur, mais il n’a pas encore été enregistré, de sorte que son pedigree nous reste inconnu. En tout cas c’est vraiment un iris de choix, qui a, certes, bénéficié de ce qu’il était tardif, puisque ses concurrents plus hâtifs n’étaient plus en mesure de concourir, mais il n’est pas certain qu’il n’aurait pas triomphé si le concours avait eu lieu un peu plus tôt en saison.

La seconde place du concours est revenu à ‘Mamy Framboise’ (Fur/Laporte 2004), un iris dont la photo est apparue ici il y a quelques semaines. Cette reconnaissance du travail impeccable d’un hybrideur amateur français, déjà récompensé pour ‘Iriade’ en 2003, fait bien plaisir à tous ceux qui soutiennent Bernard Laporte en affirmant depuis des années qu’il est capable de nous donner des fleurs de grande qualité.

Sur la troisième marche du podium de ce concours, c’est l’américain ‘Italian Ice’ (Cadd 2000) qui s’y installe. Un grand iris crème de deux tons avec des épaules et des barbes jaune citron.

Les autres récompenses décernées concernent la Meilleure Variété obtenue en France, et est donc revenue à ‘Mamy Framboise’, devant ‘Morgat’ de Gérard Madoré, qui s’adjuge, lui, le titre de Meilleur Variété Bleu-Blanc-Rouge. Le Meilleur Bitone Bleu a été ‘Air Force One’ de George Sutton. Quant à la variété ayant le meilleur parfum, ce fut ‘Arcobaleno’, un variegata à éperon venue d’Italie (Luigi Mostosi 2003).

En résumé, ce concours qui s’annonçait plutôt mal en raison de l’avance prise par la végétation a pu se dérouler normalement et couronner des variétés de valeur, distinguées parmi un choix de 113 variétés dont 34 étaient en état de concourir, et dont le panier final était composé de 21 iris vraiment supérieurs (en l’état des choses). Il ne nous reste plus qu’ à attendre, maintenant, la mouture 2009 de ce concours FRANCIRIS ® qui, devient vraiment une compétition de rang international.

DEUX SEIGNEURS

Le hasard de la floraison fait que ces deux iris, voisins dans mon jardin, se sont épanouis en même temps. Cela m’a permis de faire la photo ci-dessus. Chacun dans leur époque ont été des champions et ils méritent bien un petit rappel de leurs mérites.

‘Stepping Out’

‘Stepping Out’ (Schreiner 64 – DM 68) est une variété mondialement célèbre. Peut-être l’iris le plus répandu à l’heure actuelle. On peut le décrire comme ayant des pétales colorés de violet, dont les côtes et le cœur s’éclaircissent et tendent vers le blanc, et des sépales blancs, plus ou moins piquetés de la couleur des pétales, avec une densité croissante des points de couleur en allant vers le bord, jusqu’à un liseré, assez large, entièrement coloré. Le premier iris à avoir obtenu la Médaille de Dykes en 1927 s’appelle ‘San Francisco’. Le second, c’est lui, ‘Stepping Out’, 41 ans plus tard ! C’est un modèle de référence et un nombre incalculable de variétés le suivent, non seulement dans les tons de bleu ou de violet, comme c’est le cas ici, mais dans la plupart des autres coloris.

Pour ce qui de ses origines, on n’est pas bien avancé puisque la maison Schreiner, scrupuleuse de ne donner le pedigree d’une variété que lorsqu’elle en est sûre, n’a pas voulu se compromettre. Mais qu’importe ! De très nombreux hybrideurs ont passé outre cette origine imprécise et ont utilisé ‘Stepping Out’ pour leurs croisements. Rien qu’au premier degré ses descendants doivent bien se compter une centaine. Schreiner en a obtenu ‘Rondo’, ‘Gigi’ et ‘Loop the Loop’, mais aussi le noir ‘Midnight Express’ et le gracieux ‘Stitch in Time’ ; Gordon Plough en a tiré ‘Aegean Star’, ‘Pleasure Cruise’ ou ‘Winner’s Circle’ ; Sanford Babson lui doit ‘Odyssey’ et ’Merry Madrigal’ ; Jim Gibson en a fait ‘Brilliant Excuse’ et ‘Going my Way’… Et n’oublions pas que c’est ‘Stepping Out’ qui se trouve derrière les premiers « broken colors » comme ‘Maria Tormena’, ‘Doodle Strudel’ ou ‘Inty Greyshun’ et bien d’autres.

Quand on connaît les descendants des variétés citées, on se rend compte que ce ‘Stepping Out’ n’est pas un joyeux fêtard comme son nom pourrait le laisser supposer, mais le chef d’une importante tribu.

‘Sky Hooks’

‘Sky Hooks’ (Osborne 80) a été à deux doigts de remporter lé Médaille de Dykes en 90 ; mais il a été devancé par un autre plicata, ‘Jesse’s Song’, qui n’a pourtant pas les mêmes mérites (d’ailleurs ses descendants sont peu nombreux). Il est le produit de ‘Wedding Vow’ X ‘Moon Mistress’. Le premier est un blanc, le second un iris abricot avec de longs éperons blancs effilés. Le résultat est cette fleur jaune un peu chartreuse dotée d’éperons bleus. Peu d’iris ont déclenché un engouement aussi fort. C’est au point que l’on peut affirmer que ‘Sky Hooks’ a fait passer les iris à éperons du statut de plantes monstrueuses à celui de délicieuses nouveautés. Les hybrideurs se sont jetés dessus et en ont obtenu un très grand nombre de plantes de valeur, dont plus de 170 – peut-être 200 - ont été enregistrées.

Celui qui en a fait le plus grand usage est Monty Byers. Dans ma base de données personnelle, je compte 53 variétés de grands iris signées Byers qui sont issues au premier degré de ce ‘Sky Hooks’ ! Dont trois vainqueurs de la Médaille de Dykes, les fameux ‘Conjuration’, ‘Mesmerizer’ et ‘Thornbird’. Mais on connaît très bien également ‘Howdy Do’, ‘Magic Kingdom’, ‘Misty Twilight’ ou ‘Wondrous’. Le Slovaque Ladislaw Muska est un autre grand utilisateur de ‘Sky Hooks’. Certes ces variétés Est-européennes sont moins répandues que les Californiennes, mais je citerai tout de même celles qu j’aime bien, comme l’extravagant ‘Golden Fasan’, et celui qui a fait connaître Muska en dehors de son pays, l’améthyste ‘Hellada’. J’ajouterai pour ma part le blanc ‘Illulisat’, et le rose pèche ‘Xochipili’. George Sutton, encore aujourd’hui se sert de ‘Sky Hooks’ dont il a obtenu des variétés déjà célèbres comme ‘Apollo One’, ‘Blue Fin’, ‘Coral Point’ ou ‘Westpointer’. Enfin n’omettons pas de rappeler que Laure Anfosso, chez nous, l’a croisé avec ‘Beverly Sills’, ce qui a donné les frères de semis que sont ‘Antigua Soleil’, ‘Carmagnole’, ‘Flûte Enchantée’ et ‘Luciole’.

J’ai renoncé à compter les descendants des enfants de ‘Sky Hooks’, tant ils sont nombreux ! Rien que pour les trois plus célèbres, ceux qui ont été couronnés de la DM, on dépasse la centaine.

‘Stepping Out’ restera une des étapes majeures du développement des iris. Il fait partie de ce petit noyau dont on trouve la trace dans presque tous nos iris modernes.

Mais, au fait, y a-t-il des descendants communs à nos deux majors ? Eh bien, non. Du moins pas à ma connaissance. Ne serait-ce pas une piste pour de futurs seigneurs ?
ECHOS DU MONDE DES IRIS

Précision

La semaine dernière, j’ai écrit que la collection d’iris du Museum de Rouen avait échappé à la destruction. C’est inexact : elle subsiste mais a été divisée afin d’être, en quelque sorte, assurée de survivre.

18.5.07


ECHOS DU MONDE DES IRIS

A Florence

Le Concours de Florence vient de se terminer. En voici l’essentiel des résultats :

Florin d’Or = ‘Aurélie’ (Cayeux 2002)( photo)
Second Prix = ‘Sorriso di Alice’ (Marucchi NR)
Troisième Prix = ‘Red Masterpiece’ (Schreiner 2004)

8eme prix = ‘Torero’ (Cayeux 2003)

C’est la première fois qu’une variété française est couronnée à Florence. Bravo à ‘Aurélie’ et à son obtenteur Richard Cayeux.

A Verrières le Buisson

Une partie de la collection d’iris du jardin botanique de Rouen a été transférée à Verrières le Buisson, dans l’ancien domaine de la famille Vilmorin, devenu la Maison de l’Arbre et de l’Oiseau. Il s’agit d’un sauvetage car cette collection aurait été détruite sans l’intervention de la SFIB. Ce sauvetage est d’autant mieux venu que la collection contient des variétés rarissimes dont des iris de 1901, sûrement introuvables ailleurs.















JOUY 2007

Comme je l’ai signalé par ailleurs, le concours FRANCIRIS® 2007 rencontre des difficultés liées aux conditions climatiques. Comme partout en France – et même en Europe - la végétation a pris en avril une quinzaine de jours d’avance que le rafraîchissement relatif du début de mai n’a pas réussi à enrayer. Du coup, les iris ont fleuri beaucoup plus tôt que prévu, et il est à craindre qu’à la date du concours, la plupart des touffes seront défleuries.

A défaut de pouvoir avancer la date du concours (les juges ont programmé leur venue pour les dates réservées et la richesse de l’emploi du temps des amateurs d’iris au cours du mois de mai ne permet aucun changement), les organisateurs ont ouvert plus tôt le jardin de TECOMAH et annulé la remise de prix. Il y aura donc un semblant de concours, mais pas de prix attribués…

Pour voir et photographier les iris au pic de leur floraison, je me suis rendu sur place à Jouy-en-Josas le 10 mai. J’ai découvert le nouvel espace consacré aux iris, superbe, et même plutôt chic : allées vastes et bien dessinées, plantes soignées, environnement agréable. La végétation en elle-même, sans parler donc de l’avancement de la floraison, m’a paru un peu moins luxuriante qu’en 2005. Les plantes, âgées de deux ans, sont quelquefois restées grêles, avec peu de pousses – mais de nombreuses se sont tout de même correctement développées. Enfin, comme toujours dans ce genre de manifestation, certains iris sont au top au bon moment alors que d’autres ont complètement raté leur concours !

Une curiosité a été de voir que les plus somptueuses plantes n’étaient pas celles qui portaient les fleurs les plus intéressantes. Certaines variétés présentées, en effet, arborent des fleurs qui auraient paru intéressantes dans les années 70, mais qui, aujourd’hui, ont un air démodés. Des « oldies » en quelque sorte…

Comme toujours, les juges, s’ils avaient l’occasion d’exercer pleinement leur tâches, commenceraient par éliminer toutes les plantes hors d’état de concourir, et elles me semblent nombreuses. Je pense qu’ils ne retiendraient guère plus d’une vingtaine de variétés pour la « demi-finale », et que le podium se jouerait entre moins de six. Somme toute, une situation assez banale !

Ce qui m’a paru le plus dommage, c’est qu’il n’y ait pas davantage de variétés d’un coloris original, je n’en ai relevé que trois qui sortent vraiment de l’ordinaire. Mais peut-être suis-je un peu blasé !

Pour donner aux lecteurs de ce blog un tout petit aperçu de ce qu’ils verront ou pourraient voir en se rendant à Jouy, j’ai mis ci-dessus quelques photos de mon crû. Car c’est un formidable spectacle qu’une iriseraie parfaitement traitée et en en pleine fleur ! Je ne puis que vous inviter chaleureusement à faire le déplacement. Mais ne perdez pas de temps, les fleurs fanent vite, cette année.

11.5.07







TROIS MINI-PORTRAITS
D’OBTENTEURS CONTEMPORAINS

Larry Lauer

Il y a trente ans que cet homme et sa famille sont arrivés en Californie, pour se lancer dans la culture. Il pensait alors aux légumes. Mais le destin a voulu que son voisin s’appelle Jim McWhirter, et que ce soit un grand nom des iris. McWhirter était un homme de cœur, toujours disponible pour les autres. Larry Lauer et Jim McWhirter sont devenus amis, puis, même, associés. En compagnie de son mentor, Larry Lauer s’est initié aux mystères des iris et aux arcanes de l’hybridation. Il a sympathisé avec plusieurs obtenteurs californiens et a creusé son trou dans un monde où il a rapidement trouvé sa place. Comme beaucoup d’hybrideurs talentueux, il a été récompensé dès sa première introduction, en l’occurrence l’iris intermédiaire ‘Lemon Pop’ (89) (voir photo) qui a obtenu la Sass Medal en 96.

Son année triomphale a été 99 où ‘Stairway to Heaven’ (93) a gagné la Wister Medal, avant d’atteindre, l’année suivante, la Dykes Medal, tandis que ‘Penny Lane’ (99) remportait la Franklin Cook Memorial Cup, et que ‘Sandy Beach’ (98) se distinguait aux Loomis Awards.

Depuis, Lauer fait partie du gratin des hybrideurs. Chaque année il enregistre de superbes variétés ; depuis ‘Opening Act’ (91), le premier et bien nommé, ‘Speed Limit’ (92) puis ‘Jurassic Park’ (95) ou ‘Lady Jane’ (2001) sont des variétés devenues célèbres.

Vernon Wood

Cet personnage-là, c’est avec raison qu’on le qualifie de « maître des roses ». Il a en effet consacré toute sa vie d’hybrideur aux iris de cette couleur, et on peut dire qu’il est parvenu à y exceller. Après des études à l’Université de Californie, et les années de service militaire qu’il passa en Alaska, ce petit homme jovial s’est lancé dans l’hybridation des iris pour le plaisir. Mais c’est quelqu’un qui aime la perfection, aussi s’est-il rapproché des grands maîtres des années 50/60 pour acquérir auprès d’eux le professionnalisme qu’on lui reconnaît aujourd’hui. Ces modèles se nomment Orville Fay, David Hall, Tell Muhlestein et Nathan Rudolph : des noms qui disent quelque chose à ceux qui s’intéressent aux iris.

Après un long apprentissage et des essais dont le public n’a jamais eu connaissance, Vernon Wood ne s’est décidé à enregistrer une variété qu’en 1969, et ce fut ‘Cherry Jubilee’, son premier blanc à barbes rouges. La chance de sa vie, il la doit à un croisement heureux entre un de ses semis et le fameux rose de Joë Ghio, ‘Bubble Up’. De ce croisement il a obtenu cinq variétés qu’il a enregistrées et qui sont l’épine dorsale de son travail : le blanc à barbes rouges ‘Sly Fox’ (96), et quatre roses magnifiques qui sont ‘Larue Boswell’ (97), ‘Pink Dancer’ (95), ‘Pink Quartz’ (95) et ‘Valentine’s Day’ (97) (voir photo).

Auparavant, déjà, Vernon Wood s’était fait connaître grâce à des iris roses adorables comme ‘Pink Gala’ (90), ‘April in Paris’ (92) ou ‘Pink Starlet’ (93). Par la suite encore des variétés comme ‘Ballet Royale’ (99) et ‘Heidi Alaina’(2000) sont venues compléter une collection exemplaire.

Mais les grands iris barbus ne sont pas la seule catégorie à laquelle Vernon Wood s’intéresse. C’est aussi une sommité en matière d’iris de Californie, et ce n’est pas pour rien que ‘Sea Admiral’ (95) puis ‘Raspberry Dazzler’ (95) ont obtenu la Sydney B. Mitchell Medal, la plus haute récompense pour les iris de Californie.

Jean Ségui

Jean Ségui ne veut pas qu’on dise de lui qu’il est un professionnel de l’iris. Il s’en défend au prétexte que ses iris ne résultent pas d’un programme minutieusement élaboré, ni d’une recherche en un domaine précis. Il agit en fonction de son humeur et de sa fantaisie. Il faut reconnaître que cette humeur et cette fantaisie ont abouti à des résultats intéressants.

La vie professionnelle de Jean Ségui a été consacrée à la médecine, à la gynécologie, pour être précis. C’est assez tard dans sa vie qu’il a pu consacrer assez de temps à son loisir favori, les iris, et pratiquer l’hybridation. Ses premiers iris enregistrés remontent à 1981, lorsqu’il a mis sur le marché les quatre « B » qui sont ‘Baladin’, ‘Balançoire’, ‘Baliverne’ et ‘Ball Trap’, ainsi que l’amoena jaune ‘Sur Deux Notes’. En 82 viendra le riche variegata ‘Corbières’ ainsi que l’un de ses meilleurs, le bleu outremer ‘Trapel’ (photo), apprécié pour la richesse de son coloris et la vigueur de la plante, et le très recherché ‘La Belle Aude’, rose un peu raide mais solide et sans problèmes. En 83 apparaîtra ‘Doctor Gold’, un iris de haute taille, tardif, et d’un rare coloris vieil or qui sera remarqué à Florence où il obtiendra le prix de la variété la plus commerciale. Aujourd’hui ‘Doctor Gold’ a un peu vieilli en raison de ses fleurs un peu petites et sans ondulations. Il sera suivi par un iris flamboyant : ‘Catalan’ (85), puis par l’amusant ‘Aïda Rose’ (88) dont le cœur s’agrémente de curieux appendices en forme de trompette. En 89 on revient au modèle variegata avec ‘Cerdagne’. ‘Trencavel’ est proposé en 90 : c’est un joli plicata pourpre. Il sera suivi par, d’après moi, les deux meilleures variétés de la production Ségui, ‘Ruée vers l’Or’ (92) et ‘Via Domitia’ (93). Le premier rejoint le thème abordé avec ‘Cerdagne’, mais en plus léger, le second est une amélioration de ‘Sur Deux Notes’. ‘Monsieur-Monsieur’ (94), puis ‘Oulo’ (non enregistré) seront les représentants de la période « rouge » de leur obtenteur dont l’activité, l’âge venu, deviendra épisodique avec pour dernier enregistrement le charmant variegata ‘Frisounette’ (98).

Je ne crois pas avoir oublié qui que ce soit de la production de grands iris du docteur Ségui. Mais il n’est pas possible de terminer ce rapide portrait sans rappeler son activité à la SFIB dont il fut le Président après avoir été l’Editeur de la revue « Iris & Bulbeuses ».
MISE AU POINT

Lawrence Ransom, dont il a été question la semaine dernière dans la chronique intitulée "Romance", me prie de bien vouloir préciser que "Il ne s'agit pas pour moi de faire une différence suffisamment grande pour différencier deux noms de variétés portant le même nom de personne, mais carrément d'interdire que deux variétés portent le nom d'une MEME personne."

Voilà qui est fait. J'ajoute que je suis moi-même de cet avis.

4.5.07


ROMANCE

La photo ci-dessus, qui a fait la couverture du n°19/1 de la revue ROOTS de la Société pour la Préservation des Iris Historiques (HIPS), est celle de ‘Romance’ (Murrell 1928). Elle a été prise dans la collection d’iris historiques de Bruce Filardi, lors de la convention américaine de 2006. Ce qui en fait l’intérêt, c’est que cette année le catalogue Cayeux propose une variété nouvelle sous ce nom de ‘Romance’. En fait, le nom retenu officiellement est ‘Douce Romance’, mais pour des raisons qui m’échappent, le catalogue n’a retenu que le substantif « romance » en négligeant l’adjectif. Cela n’a guère d’importance car si l’ancien ‘Romance’ existe toujours, la preuve, il est peu probable que l’on confonde l’ancien et le nouveau ou qu’on puisse les trouver côte à côte ! Cette homonymie relative met en lumière la difficulté de trouver un nom pour une nouvelle variété qui n’ait pas déjà été utilisé. Les exemples de ce type de difficultés sont nombreux. Ainsi Jean Ségui, l’hybrideur français bien connu et apprécié, a-t-il donné un jour le nom de ‘Monsieur’ à l’un de ses cultivars. Quand il a voulu l’enregistrer il a du revoir sa copie, de sorte que le nom officiel est maintenant ‘Monsieur-Monsieur’. De même, pour le même obtenteur, son iris à ornements ‘Aïda’ est-il devenu dans les registres de l’AIS ‘Aïda Rose’.

L’attribution des noms devient de plus en plus délicate. Au phénomène ici évoqué s’ajoutent bien des ambiguïtés qui résultent d’une part de la multiplication du nombre de plantes à enregistrer, d’autre part du fait que les noms proposés le sont en un nombre croissant de langages. Et quand un nom a été exprimé en une langue, y-a-t-il homonymie quand le même concept est exprimé dans une autre langue ? Par exemple, le ‘Terra del Fuoco’ d’Augusto Bianco est il l’homonyme du ‘Terre de Feu’ de Richard Cayeux enregistré précédemment ?

Et pour les noms propres ? La polémique qui a récemment opposé Lawrence Ransom et Lowell Baumunk à propos des noms ‘Alienor d’Aquitaine’ et ‘Eleanor of Aquitaine’ résulte d’une analyse différente de la règle applicable en la matière. Dans ce cas, la solution adoptée n’a donné satisfaction à personne : L. Ransom continue de regretter que le nouveau nom adopté ne soit pas plus nettement différent de celui qu’il avait lui-même retenu et enregistré, et Lowell Baumunk, qui a du rectifier l’état civil de son iris en ‘Queen Eleanor of Aquitaine’ et faire paraître un rectificatif dans le bulletin de l’AIS, s’estime victime d’une tracasserie.

La mondialisation qui touche le monde des iris comme le reste de l’activité humaine va exiger une remise en ordre de la règle d’attribution des noms, et le mieux serait que le nouvelles règles soient adoptées au plus vite.
ECHOS DU MONDE DES IRIS

Tempête sur les concours

L’ensoleillement et la chaleur qui a marqué ce mois d’avril 2007 a provoqué une avance de la végétation des iris qui s’évalue à environ 15 jours. Depuis longtemps les dates des concours européens, Florence, Munich et Jouy-en-Josas, avaient été arrêtées, les juges retenus et les dispositions prises pour accueillir les jurys et les visiteurs. De sorte qu’il est pratiquement impossible de changer quoi que soit ! Mais voilà : peut-on tenir un concours d’iris quand les iris ne sont plus en fleur ? La question s’est posée aux Etats-Unis pour les deux concours parallèles qui agrémentent la Convention Annuelle de l’AIS. La date de cette manifestation est arrêtée plusieurs années à l’avance. Les caprices météorologiques, encore plus fréquents aux USA qu’en Europe, rendent très probables des difficultés analogues à celles que nous connaissons cette année. Certaines fois, les participants à la Convention ne voient que des iris en boutons, d’autres fois, ils n’ont presque plus rien à se mettre sous les yeux, et quelquefois aussi, le temps est tellement médiocre qu’on a vu de fleurs recouvertes de neige ou noyées dans des flots de pluie… Eh bien, malgré tout, les concours ont lieu. Avec des résultats aussi bizarres que la météo. Les concours européens de 2007 seront atypiques, à moins que le phénomène qui nous frappe cette fois ne devienne la règle !

Le jardin de présentation des iris à Jouy-en-Josas (TECOMAH) sera ouvert du 9 au 16 mai excepté le dimanche 13 mai et bien sûr du 21 mai au 2 juin, de 10h à 17h.






COUSINS OU PAS ?

Par un pur hasard, les trois iris dont les photos sont présentées ci-dessus se trouvent plantés dans mon jardin à quelques pas les uns des autres. Il saute donc aux yeux qu’ils ont une indéniable ressemblance. D’où l’idée de rechercher s’ils ont quelque lien de parenté.

‘Color Splash’
(Schreiner 80)

Celui-là est un pur produit Schreiner des années 70 : fleur de belle taille et bien proportionnée, douces ondulations, couleurs pures et contraste évident. Il faut y regarder de près pour distinguer ce qui le différencie de son cadet ‘Liaison’ (Ghio 86), et remarquer que le rose des pétales est un peu plus saumoné chez lui que chez ‘Liaison’ et le pourpre des sépales est uniformément réparti alors que l’autre possède un liseré rose. Que dit, alors, son pedigree ? Hélas ! Rien du tout ! Il est enregistré comme étant de parents inconnus… Voilà notre comparaison mal partie.

‘Latin Lover’
(Shoop 69)

C’est le plus ancien du trio. Mais il ne fait pas son âge, et j’ai déjà eu l’occasion de faire cette constatation. Malgré ses bientôt quarante ans, il tient la comparaison avec des plantes de dix ou quinze ans ses cadettes. Placé à côté des deux autres, on constate que, pour ce qui est de la couleur, il se confond presque avec ‘Liaison’ : c’est à peine si le pourpre des sépales est plus saturé chez le plus jeune. Au plan de ses origines, nous allons rester sur notre faim. En effet George Shoop n’a pas été très disert dans l’énumération des son parent maternel dont il nous dit simplement qu’il s’agit d’un semis non précisé, croisé avec ‘Whole Cloth’, célèbre et admirable amoena bleu tendre. Du côté paternel, on découvre une autre variété bien connue, ‘Wine and Roses’ (Hall 63), chez lequel on retrouve les pétales roses et les sépales pourprés, mais agrémentés d’un large bord rose réduit à un mince filet sur ‘Latin Lover’ dont les couleurs, au demeurant, sont plus contrastées. Peut-on connaître les origines de ‘Wine and Roses’ ? Non, malheureusement, puisqu’elle est décrite comme étant le fruit d’un semis non précisé… Notre recherche va donc s’arrêter brusquement. La chance n’est pas avec nous.

‘Liaison’
(Ghio 86)

Cette fois les sépales sont finement liserés du rose un peu bleuté des pétales ; un rose que les Anglais appellent « pink » mais que la langue française ne distingue pas du rose plus chaud qu’en anglais on nomme « rose ». Le pourpre y est aussi un peu plus violacé que chez les deux précédents, mais c’est une différence subtile. Enfin, des trois iris en comparaison, c’est celui qui comporte les plus profondes ondulations.

Cette fois le pedigree nous en dit davantage : père = ‘Magic Man’ (Blyth 79), mère = ‘Ringo’ (Shoop 79). ‘Magic Man’ est un enfant du fameux ‘Cabaret Royale’, l’un des tout premiers chef d’œuvres de Barry Blyth. Derrière ce ‘Cabaret Royale’ on découvre un certain ‘Fanfare Orchid’ (B. Jones 65) – rose orchidée -, qui apparaît également parmi les ancêtres maternels de ‘Magic Man’, et, également, dans l’arbre généalogique de ‘Ringo’. C’est de ce dernier côté qu’il faut se tourner pour trouver, enfin, un lien entre ‘Liaison’ et ‘Latin Lover’. Ce lien est même double. Malgré le manque de précision qui caractérise les descriptions que Shoop donne des ses variétés, on apprend que ‘Ringo’ provient de trois ancêtres : ‘Behold’ (Shoop 67), ‘Fanfare Orchid’ (Jones 65) et ‘Royal Host’ (Shoop 72). ‘Behold’ descend en droite ligne de ‘Whole Cloth’ (déjà vu dans l’arbre maternel de ‘Latin Lover’), et ‘Royal Host’ est issu à la fois de ‘Behold’ et de … ‘Latin Lover’ ! Voilà notre lien, celui qui explique la similitude des coloris. Quant aux amples ondulations qui ornent les sépales de ‘Liaison’, elles proviennent de ‘Ringo’, chez qui ce trait est particulièrement accentué.

Pour conclure

De nos trois variétés d’aujourd’hui, si semblables, on vient de voir que ‘Latin Lover’, l’ancienne, et ‘Liaison’, la plus récente, ont un lien de parenté. Chez les humains, on les qualifierait de cousins issus de germains. Cela ne se dit pas chez les plantes mais les faits existent. Le regret est grand de constater que les mêmes rapprochements ne peuvent pas être faits pour ce qui concerne ‘Color Splash’. La prudence de la maison Schreiner, qui, dans un sens, est tout à son honneur, nous prive d’une analyse à la fois amusante et instructive. Mais si cela reste une conjecture, je pense sérieusement qu’il y a du ‘Wine and Roses’ derrière ‘Color Splash’, à moins qu’il ne s’agisse de ‘Pipes of Pan’ (Brown O. 63), autre variété aux pétales clairs et aux sépales pourpres dont l’empreinte apparaît dans le pedigree dans la branche maternelle de ‘Liaison’.
RÉCRÉATION (réponses)

D’Italie

L’intrus est l’obtenteur américain Bruce FILARDI.