26.10.12

LES PIONNIERS


VII.         Fernand (ou Ferdinand) Denis (1858/1935)

Dans premier quart du 20e siècle ce sont bien les Français qui tenaient le haut du pavé en matière d’iris. Ferdinand Denis a sa place dans l’histoire de l’hybridation à cause de ‘Ricardi’, identifié par W.R. Dykes comme une forme horticole de I. mesopotamica. C’est un des ancêtres de nos iris tétraploïdes. Ferdinand Denis est aussi connu pour :

  • ‘Demi-Deuil’ (1912)
  • ‘Dalila’ (1914)
  • ‘Madame de Sévigné’ (1916)
  • ‘Mademoiselle Schwartz’ (1916)

M. LEMON PAR LUI-MÊME


En septembre 1840, le « Journal de Flore et de Pomone », dont l’équivalent aujourd’hui serait « Jardins de France », la Revue de la SNHF, a publié une assez long article de Jean-Nicolas Lémon, le plus célèbre des hybrideurs du 19e siècle.  Cet article est tout simplement intitulé : « Nouvelles variétés d’iris. » En voici un large extrait.

« Iris germanica. LINN. C’est une des iris les plus communément connues et cultivées. Elle est très rustique et réussit à toutes expositions et dans toutes sortes de terrains quelle que soit leur nature. On peut la placer partout, dans des pierres, dans des fentes de rocher, au bord des eaux et même sur le toit des chaumières. Ses tubercules sont gros, charnus, articulés, ses feuilles distiques et ensiformes, d’un vert glauque, longues de 30 à 35cm , larges de 25mm. De leur centre s’élève en mai une hampe portant plusieurs grandes fleurs qui se succèdent  pendant une quinzaine de jours. Cette iris a déjà donné plusieurs variétés, parmi lesquelles il s’en trouve de fort belles. J’ai fait de nombreux semis de cette espèce, et j’ai également obtenu une grande quantité de variétés fort intéressantes que je vais faire connaître succinctement, car il y en a beaucoup dignes de l’attention des amateurs, et capables de produire un effet très pittoresque, en les plantant convenablement. Elles se conservent toutes en les multipliant comme leur type par la séparation de leur souches tuberculeuses ». L’auteur commence alors à énumérer ses nouvelles variétés qu’il classe en trois séries, en fonction de la hauteur de la plante adulte : moins de 50cm ; de 50 à 70cm ; au-delà de 70cm. Il y a en tout 104 variétés répertoriées !

Dans la première série on trouve quelques noms qui figurent encore dans les collections spécialisées, comme :
·        ‘Florentina’, blanc pur ;
·        ‘Roméo’ (1), fond sépia clair lavé de pourpre, sépales d’un pourpre noir au sommet ;
·         ‘Victorine’, unicolore blanc, sépales veinés de pourpre et de violet.

La seconde série est composée, notamment, de :
·        ‘Edina’, fond bleu cendré, sépales blancs striés à la base, bleu foncés au sommet, bordés de bleu pâle avec une ligne longitudinale bleu clair sur le milieu de chaque sépale ;
·        ‘Fries-Morel’, fond jaune chamoisé, sépales jaunes striés à la base, d’un marron clair velouté au sommet ;
·        ‘Honorabile’, fond jaune d’or, sépales jaunes striés à la base, rouges au sommet et bordés de jaune.

Les grands comprennent, entre autres :
·        ‘Aurea’, unicolore d’un beau jaune ;
·        ‘Buriensis’, unicolore blanc, bords des pétales striés de bleu ;
·        ‘Jacquesania’, fond bronze saumoné, sépales pourpre brun velouté ;
·        ‘Virgile’ (1), fond bleu azuré, sépales blancs à la base, bleu pourpré au sommet, réticulé de brun.

L’article s’achève brusquement après cette énumération.

Ce qui est frappant, c’est que Lémon n’hésite pas à ranger parmi ses obtentions des iris émanant d’autres pépiniéristes, comme de Bure (‘Buriensis’), ou des hybrides naturels comme ‘Florentina’.  Ces emprunts seraient aujourd’hui tout à fait incongrus !

Quoi qu’il en soit, il est remarquable de constater la grande variété des coloris décrits, même si la plupart relèvent de trois catégories majeures : les jaunes marqués de brun ou de pourpre,, ancêtres de nos modernes variegatas, les bleu veinés de blanc ou blanc veinés de bleu qui correspondent à ce qu’on appelle maintenant les plicatas, et les unicolores blancs.  Non moins intéressant est de découvrir que nombre de ces variétés se trouvent toujours dans nos jardins, 170 ans après leur apparition. Ce qui devrait faire taire ceux qui prétendent que les iris dégénèrent.

Illustrations :
·        ‘Edina’
·        ‘Victorine’
·        ‘Jacquesiana’
·        ‘Fries-Morel’.

(1) Ce nom, qui n’a pas été officiellement enregistré, a été repris, plus tard, par un autre obtenteur, ce qui crée évidemment une fâcheuse confusion.

19.10.12

LES PIONNIERS


V.                  Armand Millet  (1845/1920)

Spécialiste des violettes, il fut aussi un concurrent de F. Cayeux, mais n’a pas davantage que les autres réussi à le surpasser. Même si certains de ces cultivars ont eu à la fois succès commercial et importance génétique. Son fils Lionel a poursuivi son œuvre.


·        ‘Colonel Candelot’ (1907)
·        ‘Corrida’ (1914)
·        ‘Souvenir de Mme Gaudicheau’ (1914)
·        ‘Roméo’ (1922)

REPENTIR...



A propos de princesses

J’ai commis une erreur d’interprétation du règlement international sur les noms de plantes en disant, la semaine dernière dans la chronique intitulée « Au temps des princesses » : « On n’a pas le droit de donner à un iris un nom commençant par « Madame ou Mademoiselle ». Loïc Tasquier me fait la remarque suivante : « Voilà ce qui est écrit dans les règlements de l’AIS:
 Les noms suivants ne sont pas autorisés : (...)
Un nom de personne incluant les formes ci-dessous d’adresse, ou leur équivalent dans une autre langue (NDT : que l’anglais) : Mr., Mrs., Miss, Ms.
 A mon avis ce sont les abréviations qui sont interdites,  pas les formes complètes. »
Il s’est renseigné auprès de la personne chargée de l’enregistrement des noms, et a obtenu confirmation de ce qu’il avance.

J’aurais du être plus prudent, et vérifier moi-même avant d’écrire…


A noter que le mot « Miss », qui se trouve dans la liste ci-dessus, n’étant pas une abréviation, est fréquemment utilisé par les obtenteurs, et accepté sans problème…

Pour me faire pardonner, j’ajoute une photo, celle de ‘Princess Osra’, courtoisement fournie par Anne Milner.

LA PART DES SONGES



Qu’est-ce qui peut pousser un individu apparemment normal à s’intéresser aux iris au point de vouloir fabriquer les siens ? C’est très surprenant qu’on puisse ainsi passer du statut de simple amateur de jardin à celui de passionné d’iris, et plus encore à celui de créateur de nouvelles variétés. Le forum de la SFIB, sur Internet, est une source d’information à ce sujet. La rubrique « Débutants » accueille les appels de nouveaux amateurs, et dans leur message on découvre quelle est leur motivation.

Il n’y a pas beaucoup de plantes qui excite autant l’envie de créer que cette espèce majestueuse qu’on appelle « iris ». On n’a pas au même degré l’envie de créer une nouvelle variété de haricot ou de pomme de terre. La création de légumes n’est en réalité que le fait de spécialistes. Pour rester dans le domaine floral, on ne cherche guère à fabriquer un nouveau narcisse ou un nouveau delphinium. Les roses elles-même sont surtout créées par des rosiéristes professionnels, même si quelques amateurs – comme notre ami J. C. Jacob – pratiquent cet art avec quelque succès. En revanche un très grand nombre de jardiniers est attiré par la création d’iris. La tâche peut pourtant sembler difficile, et il faut de la patience pour attendre le résultat de ce qu’on a entrepris. Cela n’empêche pas les hybrideurs amateurs d’abonder. Et ce qui est le plus étonnant c’est que ce ne sont pas forcément des collectionneurs chevronnés qui se lancent dans l’aventure ; des personnes qui ignorent à peu près tout de la génétique en général et de celle des iris en particulier sont tentées de féconder une fleur d’iris par une autre.

Je ne sais pas ce que ces apprentis téméraires pensent de ce qu’ils ont fait quand ils constatent les résultats de leurs croisements, mais j’imagine que la déception de n’obtenir qu’une fleur au mieux médiocre, est largement compensée par l’excitation de voir éclore quelque chose dont on est complètement le créateur. Au fond, tout cela se rapproche étrangement de ce qui se passe lorsqu’on fait un enfant : on mélange les gênes de deux personnes, pour des motifs qui n’ont rien de scientifique, et un être nouveau va apparaître, que l’on va chérir, soigner, choyer passionnément, quelle que soit sa perfection, et souvent même encore plus profondément quand il est imparfait.

Dans la création (d’iris ou d’autre chose) il y a une grande part de rêve. Et le rêve est à portée de la main quand on croise deux iris. Le simple amateur comme l’hybrideur chevronné projette ses désirs de création vers la plante qu’il imagine. Ils sont en fait tous les deux très proches de la Perrette de la fable qui, en route pour le marché, échafaude un splendide scénario à partir de la réalité bien tangible du pot qu’elle transporte sur sa tête. Simplement, l’amateur ignorant ne s’attend à rien de précis : son rêve est d’ordre général ; le rêve du professionnel qui a tout étudié avant de réaliser un croisement est évidemment plus réfléchi, mais la part de merveilleux qu’il conserve est assez grande pour garantir les joies de la surprise au manipulateur averti des brucelles. Entre l’amateur et le professionnel, il n’y a en réalité pas beaucoup de différence ; ce n’est qu’une autre forme de curiosité. Celle-ci est générale chez l’amateur, plus aiguisée chez le pro, mais dans un cas comme dans l’autre la part des impondérables est telle  que la surprise sera forcément au rendez-vous quand les premières fleurs nouvelles s’ouvriront.

L’amateur d’iris (l’irisarien comme disent les Américains) n’est pas seulement un jardinier, ni même un botaniste. Certes, il est un peu cela, mais on le qualifierait mieux en disant de lui qu’il est un champion de l’imaginaire. En effet la passion qui le possède se prolonge bien au-delà de la période de floraison de sa plante préférée. Il est évident que l’amour d’une fleur aussi fugitive ne se nourrit pas seulement de la contemplation d’une iriseraie épanouie dans la fraîcheur humide et ensoleillée d’un matin de mai ; la part du rêve y est au moins aussi importante et précieuse que celle du réel.

Même quand il se consacre à des tâches bien concrètes, voire ingrates, comme épandre de l’engrais, arracher des mauvaises herbes ou encore retirer des feuilles mortes, il a toujours dans l’œil la vision de ce jardin idéal où ses plantes bien-aimées croissent, splendides et pures, comme dans l’enclos du paradis que décrit Zola dans « La faute de l’abbé Mouret ».

Dans l’une des ses nouvelles Guy de Maupassant écrit, à propos d’un personnage, petit comptable terriblement ordinaire : « La faculté des rêves, que chacun porte en soi, ne s’était jamais développée dans la médiocrité de ses ambitions. » Ce n’est certainement pas cette situation qui guette celui qui est touché par la grâce de l’iridophilie. Au contraire, quand il a l’occasion de s’exprimer, il montre à l’évidence qu’il est emporté par la part des songes. 



Illustrations :
Quatre obtentions d’amateurs  débutants ;
·        ‘Aube Rose’ (Murati, 2005)(parents inconnus)
·        ‘Chaux-Neuve’ (Bettinelli, 2008) (Edith Wolford X inconnu)
·        ‘Ciel d’Eté’ (Tauzin, NR) (Breakers X Horizon Bleu)
·        semis Bersillon 0252 A ((Edge of Winter x Pledge Allegiance) X Mesmerizer)

12.10.12

LES PIONNIERS


IV.                Philippe de Vilmorin (1872/1917)

L’hybridation façon Ancien Régime. Les iris de la Maison Vilmorin-Andrieux sont le produit du travail conjoint du « seigneur », Philippe de Vilmorin, et de son « maître de jardin » (comme on parle dans les vignobles du maître de chai), Séraphin Mottet. Le second fait le travail (croisement, première sélection) et les variétés conservées et commercialisées le sont sous le nom générique de Vilmorin. Ce sont les rivaux malheureux des obtentions de F. Cayeux, même si, à l’époque, leur distribution était au moins aussi importante que celle des autres.

·        ‘Caprice’ (1898)
·        ‘Oriflamme » (1904)
·        ‘Le Corrège »’ (1927)
·        ‘Audran’ (1938)

ECHOS DU MONDE DES IRIS


Florence : Forfait pour 2015

La Société Italienne des Iris a fait parvenir à tous les hybrideurs une lettre les informant qu’en raison de l’incertitude qui persiste en matière de contrôles phytosanitaires et des divergences d’interprétations de la réglementation, elle renonçait à organiser le Concorso Firenze de 2015.

C’est une véritable bombe dans le monde des iris. C’est la première fois depuis sa création en 1957  que la compétition florentine est annulée.

Les difficultés auxquelles les Italiens craignent d’être confrontés sont bien réelles. Cette année, les iris en provenance d’Australie, commandés en groupe par les amateurs français ont été bloqués en frontière et détruits sur ordre de la Douane Française en raison d’un conflit relatif à l’établissement des certificats phytosanitaires.

La SFIB, qui songe a organiser elle-même une compétition FRANCIRIS pour 2015 va-t-elle persister dans son projet ?

AU TEMPS DES PRINCESSES



On n’a pas le droit de donner à un iris un nom commençant par « Madame ou Mademoiselle ». Du moins n’en a-t-on plus le droit, parce que jusque dans les années 1960, c’était autorisé. Mais on peut toujours donner le titre de Prince ou de Princesse ! L’aristocratie continue de jouir de certains privilèges… 

De tout temps, les obtenteurs ont dédié certaines de leurs variétés à des altesses ayant eu, plus ou moins, un rôle historique. Par pure curiosité, nous allons faire connaissance (essentiellement grâce à Internet !) avec les plus représentatives de ces princesses au travers des iris qui portent leur nom.

‘Princess Beatrice’ (Barr, 1898). (illustrée)
                L’obtenteur anglais Peter Barr, au travers de sa pépinière « Barr & Sons », a introduit sur le marché sous le nom de ‘Princess Beatrice’, un iris qui doit être en fait l’espèce I. dalmatica. C’est du moins ce qu’affirme Clarence Mahan dans son livre. Cet iris se rencontre encore dans de nombreuses collections. Il est dédié à la cinquième fille de la Reine Victoria, celle qui fut sa préférée et qui lui servit toute sa vie de secrétaire particulière.

‘Prinzess Viktoria-Luise’ (Goes und Koenemann, 1910). (illustrée)
                Ce bel iris variegata, typique de ce qu’obtenaient à l’époque les maîtres de la fameuse pépinière allemande, est toujours bien représenté dans nos jardins. Il a pour marraine la fille du Kaiser Guillaume II, petite-fille de la Reine Victoria, et grand-mère de la Reine Sofia d’Espagne !

‘Princess Osra’ (Bliss, 1921).
                C’est un superbe plicata léger, qui se trouve, par exemple, au parc floral de Bâle. Il fait allusion à un personnage du romancier Anthony Hope, créateur de l’Etat de Ruritanie et du célèbre « Prisonnier de Zenda », qui apparaît dans « Le Cœur de la Princesse Osra ».

‘Princess Pocahontas’ (Nichols, 1946).
                Cela ne pouvait pas être autre chose qu’un iris brun-rouge, puisqu’il se rapporte à une princesse indienne du 17e siècle, à la vie aventureuse et légendaire.

‘Princess Margaret-Rose’ (Aylett, 1948).
                On entre dans le présent et le concret avec cet hommage australien à la sœur de la Reine Elzabeth II.

‘Princess Anne’ (Zurbrigg, 1953).
                Après la sœur, voici la fille d’Elizabeth II. Ce descendant de ‘Cascade Splendor’ est un iris jaune du modèle « Joyce Terry », c’est à dire avec une large zone blanche sur les sépales.

‘Princesse Wolkonsky’ (J. Cayeux, 1957).
                Les membres de la SFIB savent sans doute (du moins les plus anciens) que le premier président de l’association fut le Prince Pierre Wolkonsky, grand amateur de jardins et créateur de celui de Kerdalo, près de Tréguier, en Bretagne. Cet iris est dédié à son épouse. C’est un très classique variegata dans les tons pastel.

‘Printsessa Kavkaza’ (Gordodelov, 1986).
                On peut être un ancien officier de l’armée rouge et avoir une faiblesse pour les princesses, surtout quand elles sont caucasiennes, comme l’obtenteur, russe, Vitali Gordodelov. La Check-List nous apprend qu’il s’agit d’un iris rose lilacé.

‘Prinzessin zur Lippe’ (Görbitz, 1989).
                Dietmar Görbitz, obtenteur allemand installé à Detmold, rend hommage à l’une des trois filles du Prince Leopold II de Lippe, ancien souverain de sa principauté. Spécialiste des iris bleus, il donne ici un joli exemple de ce qu’il aime faire.

‘Princess Elexis’ (Spoon, 1995).
                Les amateurs de jeux vidéo sauront à qui ils ont affaire. Les amateurs d’iris apprécieront ce joli rose, descendant de ‘Romantic Mood’.

‘Princess Sabra’ (Bartlett, 1995).
                Un bitone rose magenta évoque l’héroïne d’une légende religieuse, celle de cette princesse offerte en pâture au dragon et sauvée par St Georges.

‘Fürstin Pauline’ (Görbitz, 1997). (illustrée)
                La ville de Detmold voue une reconnaissance particulière à la Princesse Pauline de Lippe (1769/1820), qui fut un précurseur de la démocratie dans le petit Etat dont elle assura la régence pendant la minorité de son fils Leopold II. L’obtenteur Dietmar Görbitz lui a attribué un plantureux iris bleu pur.

‘Princesse Caroline de Monaco’ (Cayeux R., 1997).
                Il n’est pas nécessaire de rappeler qui est Caroline de Monaco. Et l’iris dont elle est la marraine est une fort belle réalisation de Richard Cayeux. Ce qui est encore plus remarquable, peut-être, c’est la longueur de son nom, qui approche du maximum de lettres autorisé !

‘Princesse Grace’ (Black, 2012) (illustrée)
                Après la fille, la mère ! Grace Kelly, actrice et princesse, a reçu l’hommage de Paul Black, après que Gaby Martignier, au Château de Vullierens, en Suisse lui eut déjà fait l’honneur d’un ‘Grace Patricia’, variété  en jaune doré, obtenue en 1985.

Il y a bien d’autres variétés qui s’appellent « Princesse Quelque chose », mais celles dont il est question ici font partie des plus belles ou des plus célèbres.               

5.10.12

LES PIONNIERS


III.                William A. Mohr (1871/1923)

Ce Californien s’est fait connaître dans le monde des iris lorsque son ‘San Francisco’ a obtenu, en 1927, la première Médaille de Dykes. Il a surtout brillé dans le domaine des iris arils. Après son décès prématuré (sa voiture a été écrasée par un train), ses obtentions ont  été reprises par Sydney Mitchell et enregistrées sous le double vocable Mohr-Mitchell.  Dans cette liste on distingue particulièrement :

·        ‘San Francisco’ (1927)
·        ‘Los Angeles’ (1927)
·        ‘Purissima’ (1927)
·        ‘Sacramento’ (1928)

LA FLEUR DU MOIS


‘SOLOVINAYA NOCH’


Voici ce que j’ai écrit en 2007 après le concours d’iris de Jouy en Josas : « La Nuit du Rossignol » est la traduction en français du nom de la variété qui vient de remporter le Concours FRANCIRIS ® 2007. Comme on peut le voir sur les photos ci-dessus, il s’agit d’un iris original, avec des pétales pourpre clair, ourlés de blanc, et des sépales veinés pourpre sombre. La plante est de belle taille, saine, robuste, les fleurs, bien proportionnées, sont nombreuses et durent longtemps. Tout ce qu’il faut pour faire un iris de compétition. Mais ce qui va en surprendre plus d’un, c’est que cette variété nous arrive d’Ukraine, et qu’elle est l’œuvre dune vieille dame de 92 ans aujourd’hui, Nina Miroshnichenko. En ukrainien son nom s’écrit ‘Solovinayia Noch’ ; c’est du moins celui que lui a donné son obtenteur, mais il n’a pas encore été enregistré, de sorte que son pedigree nous reste inconnu. En tout cas c’est vraiment un iris de choix, qui a, certes, bénéficié de ce qu’il était tardif, puisque ses concurrents plus hâtifs n’étaient plus en mesure de concourir, mais il n’est pas certain qu’il n’aurait pas triomphé si le concours avait eu lieu un peu plus tôt en saison. »

Je n’ai rien à ajouter à mon précédent texte. Dès qu’on pénétrait dans le jardin du concours, on était frappé par la beauté de la fleur et la masse de la touffe. À je ne sais plus qui, qui me demandait un pronostic, un peu avant les résultats du concours, j’ai répondu « je parie sur le n° ?? (qui était celui attribué à ‘Solovinaya Noch’) ». Il était évident qu’aucune autre variété en fleur n’arrivait à la cheville de celle-ci.

Nina Miroshnichenko est un franc-tireur de l’hybridation. À Jitomir, au fin fond de l’Ukraine, elle a poursuivi pendant de nombreuses années, à l’articulation entre l’ère soviétique et son éclatement en un grand nombre de nouveaux Etats, son petit chemin d’amatrice éclairée. Elle s’est toujours tenue à l’écart des bouleversements qui ont marqué cette période : elle hybridait uniquement pour son plaisir, sans idée de compétition, et si elle a de temps en temps envoyé certaines de ses obtentions en Occident, c’est plus pour savoir si son travail valait la peine que pour engranger des médailles ! De même, alors qu’elle a tout de même enregistré plus d’une centaine de variétés (des TB et des BB), elle ne s’est jamais aventurée à donner le pedigree de ses cultivars !

Tel qu’il est, ‘Solovinaya Noch’ est une variété particulièrement intéressante. Mais c’est un iris en danger : les variétés ayant concouru à Jouy depuis 2005  sont actuellement toutes (ou au moins toutes celles qui subsistent encore) plantées en pot, engrangées dans une serre de l’école Tecomah, à attendre qu’on leur trouve un  terrain de repli ! Il est évident que cette situation ne pourra pas durer et que si un point de chute n’est pas découvert rapidement, toutes ces plantes iront à la benne ! On parle actuellement d’un transfert au Parc Floral de la Ville de Paris, à Vincennes, mais tant que l’opération n’aura pas eu lieu, on peut craindre le pire. Pourtant dans ces pots il y a plein de valeureux iris, dont certains n’existent peut-être plus qu’à cet endroit. Ah ! Si j’avais un jardin plus grand, et vingt ans de moins, je me débrouillerai pour récupérer toutes ces raretés, mais aujourd’hui je n’ai plus qu’à espérer…

Illustrations :

  • ‘Solovinayia Noch’
  • ‘Anatoly Solovianenko’
  • ‘Prazdnichny’
  • ‘Sladky Greh’

AVIS DE GRAND FROID



Le grand froid est certainement le plus dangereux ennemi des grands iris. Cela s’explique fort bien au plan génétique. En effet nos grands iris actuels ont pour lointains parents, d’une part des espèces diploïdes originaires de la région méditerranéenne, d’autre part des iris tétraploïdes découverts au Moyen-Orient. Peu à peu les espèces diploïdes ont progressé vers le Nord, s’implantant dans des régions moins clémentes, mais qualifiées tout de même de « tempérées » ; elles n’ont pas colonisé les régions au climat continental. Quant aux espèces tétraploïdes, elles n’ont quitté leur milieu d’origine, sec et chaud, qu’au début du XXeme siècle, pour être cultivées en premier lieu en France, dans le Languedoc, puis en Grande-Bretagne. Elles ont toujours été fragiles au froid et c’est cette fragilité qui est une des raisons pour lesquelles elles ont été croisées avec les espèces européennes réputées plus résistantes. Quoi qu’il en soit, nos iris modernes ne sont pas des plantes insensibles au gel. Il faut cependant que celui-ci soit violent, ou accompagné de circonstances particulières comme une humidité importante, pour détruire les iris. C’est tellement vrai que, malgré de fréquents ravages, les grands iris ont été cultivés dans des régions qui ne leur sont a priori pas favorables. En Europe ce sont la Pologne, les Pays Baltes, la Russie ; aux USA ce sont les états de la Grande Prairie (Minnesota, Kansas, Nebraska, Oklahoma) ou des Rocheuses (Wyoming, Montana, Utah, Idaho) ; au Canada, l’Ontario. Dans ces régions, on ne compte plus les cas de destruction massive par le grand froid. Les frères Sass, dans le Nebraska, en ont plusieurs fois fait les frais. Si la Maison Schreiner a quitté St Paul (Minnesota) pour Salem, c’est pour cette raison et si Paul Black est parti d’Oklahoma City c’est parce que le froid et la pourriture avaient presque détruit tout son travail. Plus près de nous, Lech Komarnicki, dans le nord de la Pologne a vu ces dernières années, son travail sur les TB anéanti au moins deux fois, au point qu’il s’est dirigé vers les iris de Sibérie et leurs hybrides, qui tolèrent mieux les basses températures. 

N’y a-t-il donc aucune parade ? En fait, à ma connaissance, personne n’a encore trouvé le moyen simple de lutter efficacement contre le gel profond. Alors ? Comment font les Russes et les Ukrainiens ? Les uns et les autres usent de moyens artisanaux, comme le paillage ou le mulchage des bordures, ils bénéficient aussi de l’avantage d’un enneigement important : une épaisse couverture de neige, qui reste en place plusieurs semaines, protège parfaitement car sous la couche, la température ne descend guère en dessous de –5°, ce qui est tout à fait supportable. Lech Komarnicki me disait il y a quelques semaines que ce qu’il redoute avant tout c’est le froid sec, car dans ces conditions les TB gèlent dès –15°.

A défaut de neige, le paillage est la seule protection que l’on puisse envisager. Mais il a ses limites et sa mise en œuvre est plutôt pénible car dès la fin des frimas il va falloir enlever l’excédent de paillage pour laisser aux plantes l’air et la lumière dont elles vont avoir besoin pour pousser et débarrasser les bordures de leur disgracieuses couvertures. Compte tenu des ces inconvénients, est-il vraiment nécessaire de prendre ces précautions ? Tout dépend, en fait, de la fréquence des grands froids et du risque encouru. Dans la région de Grenoble, à altitude moyenne, Jean Peyrard fait pousser toutes sortes d’iris et affirme n’avoir que peu de pertes bien qu’il ne prenne aucune dispositions particulières. Alors ?

S’il y avait une protection vraiment simple et efficace, il y a longtemps que les irisariens l’auraient utilisée. Mais les meilleurs, et les plus exposés, n’ont rien trouvé de mieux que d’expatrier leurs collections ! C’est un peu radical comme méthode, et pas à la portée de tout le monde ! C’est pourquoi après chaque hiver glacial on entendra les amateurs d’iris déplorer les dégâts du gel, puis avec une persévérance admirable, reconstituer peu à peu leurs iriseraies sinistrées.

P.-S. C’est Antoine Bettinelli, un amateur vosgien, collectionneur d’iris et de maintes autres plantes, et photographe hors pair, qui m’a proposé le sujet de cette chronique, il y a quelques mois. Je l’en remercie bien amicalement.




Illustrations :

-         ‘Prairie Sunset’ (H. Sass, 1939)
-         ‘Carnival in Rio’ (P. Black, 1985)
-         ‘Poranna Mgielka’ (L. Komarnicki, 2010)
-         ‘Postoronniy’ (S. Loktev, 2007)


ECHOS DU MONDE DES IRIS


A propos de Arthur Bliss.

A la suite de la chronique publiée ici la semaine dernière, Anne Milner m’a fait parvenir un message dont je donne ici la traduction :
« Je veux juste vous dire que si quelqu’un souhaite plus d’informations à propos de Bliss et de ses iris, il peut en trouver sur mon site : www.blissiris.co.uk. »

FRANCIRIS 2013 for ever

Lors de sa dernière assemblée générale, la SFIB a pris la décision de renoncer au concours FRANCIRIS 2013 en raison des mauvaises conditions de plantation et de végétation de variétés envoyées pour la compétition.

C’est un constat d’échec particulièrement navrant.

Fausse nouvelle !

Mea culpa ! J’ai annoncé la faillite de l’hébergeur du site de l’AIS. Fausse nouvelle, ou plutôt erreur de traduction du massage informatif. En fait il ne s’agissait que d’une panne… Tout est rentré dans l’ordre. Pardon.