31.8.07

ECHOS DU MONDE DES IRIS

Iris en Espagne

J’ai fortuitement découvert que l’on pouvait trouver des iris en Espagne. Jusqu’à présent le monde européen des iris s’étendait vers le Sud jusqu’en Italie, mais l’Espagne avit solidement résisté à la conquête. Cette fois, c’est fini. Allez voir le site de « Plantas Distintas », www.iris-lomer.com . A Benissa, près d’Alicante, donc sous un climat qui correspond assez à celui du Texas, la jeune entreprise de Christina Lomer et de Ricky Brown propose un joli choix de variétés de grands iris et, pour les visiteurs de leur pépinière, un amusant labyrinthe de 1000 iris : spectaculaire !



LES HAUTS LIEUX




De nos jours

Ce que j’appelle « de nos jours » concerne la période qui commence au début des années 50, quand la situation s’est stabilisée. Aujourd’hui les hauts lieux des iris se sont-ils déplacés ? Oui, un peu, mais surtout de nouveaux lieux sont apparus ou se sont considérablement développés.

En Europe

La Grande Bretagne se distingue par une grande dispersion des lieux de culture des iris. Les hybrideurs et producteurs sont répartis sur tout le territoire. En France, Paris et sa région ont cédé la place à la province. C’est le Centre (Sologne) qui a pris le relais. Chacun connaît l’implantation de la maison Cayeux, au sud de Gien, la plus grosse affaire d’iris de France. A proximité, à Soings en Sologne, c’est l’entreprise familiale Bourdillon qui est installée. Pour le reste, la dispersion est aussi importante qu’au-delà de la Manche. Le même phénomène existe en Allemagne où les différents producteurs bourgeonnent un peu partout, avec une petite concentration, cependant, dans le Nord-Ouest (Hambourg, Detmold) et autour de Berlin. En Italie, le sud du Piémont et la Toscane sont les régions les plus riches en iris.

C’est en Europe de l’Est que se situent maintenant de véritables hauts lieux. Notamment en Slovaquie (Bratislava) et en République Tchèque (Hlucin). On pourrait dire la même chose à propos de la région de Moscou, en Russie, si l’on fait allusion au nombre d’enregistrements effectués par les hybrideurs russes. Mais que valent ces iris dont le reste du monde ne connaît rien ?

En Océanie

C’est en Australie qu’un pôle iridophile important s’est développé au cours des cinquante dernières années, grâce à Barry Blyth, près de Melbourne, et Graeme Grosvenor, près de Sidney (et n’oublions pas la production exceptionnelle d’iris de Louisiane de John C. Taylor, beau-frère du précédent). Egalement dans la région de Sidney, Heather Pryor cultive et hybride avec succès de splendides iris de Louisiane (photo).

Aux Etats-Unis

55% des iris du monde proviennent maintenant des Etats-Unis. C’est là-bas que se situe le centre du monde des iris. Et tout particulièrement dans le Nord-Ouest et les Etats d’Oregon et de Washington. Une concentration exceptionnelle de producteurs et d’hybrideurs est apparue dans la région de Portland et la basse vallée de la rivière Willamette. Schreiner (première entreprise mondiale), Cooley (n° 2), Keppel, Meek, Black et Johnson sont voisins et distribuent leur production dans le monde entier. A l’origine cette région était celle de Fred DeForest et Rudolph Kleinsorge. On y a connu par la suite Chester Tompkins et George Shoop, avant d’arriver à la situation actuelle qui s’est encore cristallisée il y a quelques années quand sont arrivés Keith Keppel, puis Paul Black.

La Californie reste le second pôle américain des iris avec une première concentration autour de Stockton (près de la capitale Sacramento) et une seconde le long de la baie de San Francisco (Sta Barbara, San José…). Ben Hager, et son mythique Melrose Garden, Jim Gibson, Monty Byers, James McWirther, étaient installés à Stockton ou dans une localité voisine. Aujourd’hui se sont George et Michaël Sutton, Larry Lauer, Frederick Kerr qui ont pris le relais. Joë Ghio est à Santa Cruz, au sud de San Francisco et au nord, c’est la famille Painter, qui commence à faire son trou. Les implantations plus au sud sont limitées, même si l’on a connu un petit nid au nord de Los Angeles dans les années 60/70, avec la présence de Neva Sexton, Sanford Babson et John Weiler.

Dans le Midwest, la présence des iris n’a jamais cessé. Les noms de Niswonger ou Stahly ont succédé à ceux de Cook, Hall, Lapham, Reckamp ou Rudolph, mais l’Illinois et l’Indiana sont toujours présents dans la liste des hauts lieux.

A l’Est, l’aiguille de la boussole s’est un peu déplacée. Ce n’est plus la Nouvelle Angleterre qui domine, mais la région de Philadelphie, avec la présence de Innerst, Mahan, Zurbrigg et quelques autres pointures comme l’exigeant D.C. Nearpass et son successeur Donald Spoon.

Les installations dispersées se situent dans les Rocheuses (Nebraska, Utah) grâce à Melba Hamblen, Brad Kasperek ou son maître Allan Ensminger. Même dans le grand Sud (Texas, Arizona…) on se lance dans la culture des iris malgré un climat qui n’est pas vraiment idéal pour cette plante. C’est le cas de Hooker Nicholls, Tom Burseen ou Vincent Christopherson, un jeune qui ira loin. C’est également dans cette région que vit Margie Valenzuela, qui vient de se lancer dans l’hybridation après s’être créé une belle réputation de photographe d’iris dont ce blog tire souvent profit (voir photo).

Nous venons de faire le tour du monde. Ce voyage aura été l’occasion d’évoquer la plupart des plus grands noms de l’histoire des iris. Il n’a concerné, en fait, que les iris à barbes, mais si l’on faisait l’inventaire de ce qui se passe pour les autres catégories, on n’aurait pas un paysage différent, en dehors de ce que les iris du Japon sont toujours, et largement, présents dans leur pays d’origine.

24.8.07


ECHOS DU MONDE DES IRIS

Collection sauvée

La collection d’iris du Parc Floral de la Source à Orléans, qui doit faire peau neuve, a été en grand danger d’être perdue. Heureusement la Société d’Horticulture du Loiret, prévenue à temps des projets du Parc, a pu trouver une solution convenable : c’est la Ville de St Cyr en Val, voisine du Parc, qui a récupéré les iris et, toujours avec l’aide de la SHOL, est entrain de la réinstaller. La SFIB avait proposé d’héberger la collection à la Maison de l’Arbre et de l’Oiseau (MAO) à Verrières le Buisson. La solution choisie limite les déplacements, et donc les frais.

Récompenses américaines (suite)

A l’occasion de la Convention annuelle de l’AIS, qui s’est tenue cette année à Oklahoma City, la President’s Cup, qui récompense un iris obtenu dans la région où se tient la Convention, a été attribuée à ‘Barbara Jean’ (Mullin 05), un amoena inversé à barbes bleues. La mode est décidément aux amoenas inversés ! La Franklin Cook Cup, attribuée à une variété en provenance d’une autre région, est revenue à ‘Florentine Silk’ (Keppel 05), variegata aux pétales pèche et aux sépales améthyste. Keppel truste les médailles depuis quelques années… Une nouvelle médaille a été attribuée cette année pour la première fois : la Ben R. Hager Cup, créée pour les iris autres que TB. Elle a honoré ‘Dividing Line’ (Bunnell 05 – MTB), un tout petit iris bitone dans les tons de mauve, avec une ligne médiane clair sur les sépales (voir photo).



LES HAUTS LIEUX

A tous les moments de l’histoire des iris, il y a des lieux qui connaissent ou ont connu la célébrité, soit en raison de la renommée d’un homme ou d’une entreprise, soit à cause de l’adéquation parfaite entre la plante et les conditions climatiques ou pédologiques de la région. En deux tableaux nous allons faire la connaissance des principaux hauts lieux du monde des iris. Ceux qui ont eu leur heure de gloire à un moment de l’histoire, et ceux qui sont aujourd’hui célèbres.

Les lieux historiques

Il est évident que le monde des iris s'est créé à Paris et dans sa périphérie. La pépinière de Monsieur Lémon se trouvait à Belleville, qui était encore un faubourg parisien, au milieu du XIXeme siècle. C’est là qu’il a sélectionné les premiers iris hybrides qui ont fait sa renommée et lancé l’engouement pour cette fleur, déjà très appréciée, mais encore presque exclusivement botanique quand il a eu l’idée de commercialiser des variétés résultant des croisements naturels.

La région parisienne est restée l’épicentre du monde des iris pendant une centaine d’année, jusqu’à la guerre de 39/45 en fait, qui l’a fait se déplacer vers les Etats-Unis. Cette prééminence parisienne fut le fait de deux personnages incontournables, Philippe de Vilmorin et Ferdinand Cayeux.

Le premier a fait connaître au monde entier le nom de Verrières le Buisson, modeste village de la banlieue sud, où sont nés des iris aussi fameux que ‘Monsignor’ (1903) (photo), ‘Alcazar’ (1910) ou ‘Ambassadeur’ (1920).

Le second, véritable « major » de l’hybridation au cours de la première moitié du XXeme siècle, était installé au Petit Vitry, commune de Vitry sur Seine, aux portes de Paris, si près même que l’emplacement fut annexé à la capitale en 1960, chassant l’affaire Cayeux vers les rugueuses terres de la région de Gien, en Orléanais. C’est au Petit Vitry que sont nés les iris qui ont fait le tour du monde, surtout au cours des années 20 et 30, comme ‘Mme Henri Cayeux’ (1924), Thaïs (1926), ‘Jean Cayeux’ (1931), ‘Alice Harding’ (1932) ou ‘Béotie’ (1932), pour ne citer qu’un choix minimal parmi les centaines de variétés enregistrées qui faisaient l’admiration de tous les amateurs.

Il ne faut pas cependant oublier d’autres lieux parisiens où l’iris a été cultivé avec succès. Pensons notamment à Bourg La Reine, siège de l’entreprise d’Armand Millet à qui l’on doit ‘Souvenir de Mme Gaudichau’ (1914), une variété dont le nom évoque savoureusement la Belle Epoque. Cet iris, en deux tons de violet, a été une star des jardins pendant près d’un demi-siècle.

A peu près dans les mêmes moments, des irisariens de tout premier plan, existaient en Grande Bretagne. Pour faire court nous ne parlerons que de deux de ces intéressants personnages, Arthur J. Bliss, le père de ‘Dominion’, et William R. Dykes, sans qui l’iridophilie ne serait pas ce qu’elle est. Néanmoins, si l’on veut s’en tenir au sujet d’aujourd’hui, il n’y a ni une localité, ni même une région de Grande Bretagne qui se soit mise en valeur comme l’a fait en France Paris et sa région.

Toujours à la même époque, une bourgade allemande, dans la banlieue de Wiesbaden, Niederwalluf am Rhein, figurait à l’inventaire des hauts lieux des iris, grâce à la présence de la firme Goos und Koenemann. Cette affaire, mondialement connue à cette époque, c’était fait une spécialité des iris variegata, et sa variété ‘Lorelei’ (1909) est toujours présente chez les collectionneurs, de même que ses cousines du même acabit.

Aux USA, les iris hybrides étaient dès cette époque une plante appréciée et largement cultivée. Mais les choses ne se présentaient pas comme aujourd’hui, avec quelques régions bien précises, consacrées en grande partie aux iris. Elles étaient plus dispersées. Néanmoins on peut distinguer trois secteurs plus nettement marqués « iris » : la Nouvelle Angleterre, le Middle West et, déjà, la Californie. La Nouvelle Angleterre, c’est le pays de l’inoubliable Grace Sturtevant qui était originaire du Massachusetts. C’est aussi celui d’Agnes Whiting et d’Edward Watkins qui, lui, habitait le New Hampshire. L’Indiana et le Nebraska étaient les états où les plus notables hybrideurs étaient installés. Quand on parle du Middle West, cela concerne essentiellement l’Indiana, l’Illinois, le Nebraska et le Minnesota. L’Indiana, c’est d’abord E.B. Williamson et ses fameux ‘Lent A. Williamson’ (1919) et ‘Dolly Madison’ (1926). C’était un stakhanoviste de l’iris puisqu’il a été jusqu’à cultiver en même temps plus de 70000 plantes, en 1932 ! L’Indiana c’est aussi Paul Cook, qui d’ailleurs fut associé à E.B. Williamson. Paul Cook est sans doute le plus fameux hybrideurs américain des années d’avant la 2eme guerre mondiale. L’Illinois, c’est d’abord John Kennicott ; c’est ensuite David Hall, le génial inventeur des iris roses, ainsi que des inoubliables ‘Chantilly’ (1940) ou ‘Happy Birthday’ (1952).

Le Nebraska, c’est le rude pays où les frères Sass, venus d’Allemagne, s’étaient installés dès 1903. Leur nom est indissociable de l’histoire des iris, et il n’est aucun type de fleur et aucune catégorie qui n’ait pas un lien avec eux. Leur célébrité a commencé avec ‘Rameses’ (1930) (photo) et s’est poursuivie pendant les vingt années suivantes. Les terres du Nebraska sont ingrates avec les iris et seules des plantes robustes pouvaient survivre dans ces hautes plaines aux hivers si terribles que, à plusieurs reprises, les intempéries ont détruit presque complètement le travail des frères Sass.. Il n’est pas étonnant que leurs produits soient des plantes d’une résistance au-dessus de tout éloge. Leurs grands iris sont encore souvent présents dans nos jardins. Leurs intermédiaires ont eu sans doute moins de succès, mais ils restent les inventeurs de cette catégorie et il est évident qu’on se devait de donner leur nom à la médaille qui récompense chaque année le meilleur de ces iris.

Willis Fryer était un enfant du Minnesota, ses fameux ‘Mrs. Andrist’ (1919) et ‘Madison Cooper’ (1920). Enfin il ne faut pas oublier que le berceau de la firme Schreiner fut à St Paul, dans le Minnesota.

La Californie a été très tôt une terre fort accueillante pour les iris. Pour ne parler que des plus importants hybrideurs installés là-bas, il faut citer William Mohr, Sydney B. Mitchell et Clara Rees. Le premier est à l’origine des plicatas tétraploïdes, le second, qui fut le successeur du précédent, est considéré comme un des fondateurs de l’hybridation moderne. Quant à Mme Rees, son ‘Snow Flurry’ (1939) figure dans le pedigree de presque tous les iris actuels.

Aujourd’hui les hauts lieux des iris se sont-ils déplacés ? L’Europe a beaucoup perdu de son importance à partir des années 40 et des conséquences du 2eme conflit mondial. Nous verrons cette évolution dans une autre chronique.

17.8.07







LES AVANCÉES DE MADAME HAMBLEN

Il y a des obtenteurs qui n’obtiennent pas la renommée qu’ils méritent. Melba Hamblen est de ceux-là. Alors qu’elle a fait faire de gros progrès à l’hybridation des iris, que les plantes qu’elle a obtenues et sélectionnées ont une élégance et une grâce toute féminine, elle n’a pas eu la chance de voir l’une de ses variétés couronnées par une Médaille de Dykes qui aurait pourtant été méritée.






De 1989 à 1991, les juges ont été à la recherche d’un nouveau leader. Il n’y a pas eu de vainqueur en 89 et les variétés couronnées en 90 (‘Jesse’s Song’) et en 91 (‘Everything Plus’) sont d’une assez grande banalité. ‘Extravagant’ (Hamblen 83) est arrivé second cette année-là. A mon avis il aurait mieux mérité la première place parce qu’il représente un aboutissement dans un coloris jamais récompensé et qu’il aurait apporté à son obtentrice une reconnaissance largement due. Il fait partie des trois domaines dans lesquels Melba Hamblen a créé une avancée significative.

Les deux autres sont les iris à barbes sombres et les bicolores rose/bleu.

‘Extravagant’ (photo) résulte du croisement ‘Lilac Flame’ X ‘Glory Bound’. C’est à dire que pour lui a été appliquée le principe de l’endogamie qui tend à améliorer une plante en croisant deux autres qui ont des caractéristiques similaires mais moins marquées. ‘Lilac Flame’ (Hamblen 78) est dans les tons de rose orchidée, ‘Glory Bound’ (Nelson R. 78), plus connu, se présente en rose bruyère lilacé. Le produit est un iris magenta vif, très frisé, superbe. Ils ne sont pas nombreux les représentants de ce coloris, et ‘Extravagant’, en plus de l’originalité, a les qualités que l’on recherche pour un bon iris : belle plante, belles fleurs.




Les barbes sombres ont été l’un des défis que Melba Hamblen a relevés. A propos d’‘Evening Echo’ (Hamblen 77), Ben Hager a écrit : « hybrideurs et amateurs d'iris sont également fascinés par la couleur des barbes.... Le choix dont nous bénéficions aujourd'hui n'est que le fruit du désir qu'éprouve l'homme de rechercher, dès que cela lui est possible, ce qui est nouveau et différent. Peut-être le coloris spectaculaire de la barbe représentée ici nous permettra-t-il de comprendre le pourquoi de cette irrésistible quête. » (in « L'Iris » du photographe Josh Westrich).
Fascinés, nous le sommes par ces barbes violettes, pointées de brun, qui paraissent vraiment noires dans cette fleur bleutée très pâle. Mais d'où viennent-elles ? ‘Evening Echo’ (photo) est le descendant de plusieurs variétés très différentes, dont ‘Azure Accent’ (Durrance 67), un gris-bleu á barbes sombres qui lui viennent d'un parent aril, ‘Arabi Pasha’ (Anley 51, BDM 53). Le côté blanc provient de ‘Swan Ballet’ (Muhlestein 53), qui a obtenu la médaille de Dykes en 1959. Mais dans sa parenté il y a aussi plusieurs variétés anciennes blanches à barbes bleues, plus ou moins foncées. Le jeu a donc consisté à fixer sur des barbes déjà assez sombres et comportant des pigments anthocyaniques, la caractéristique des arils.




‘Evening Echo’ a été utilisé de nombreuses fois pour obtenir des iris à barbes sombres, si ce n’est franchement noire. En ce sens, le travail de Melba Hamblen a véritablement été à l’origine d’un nouveau développement de la couleur des iris.




A noter que Melba Hamblen a aussi utilisé une autre voie pour obtenir des barbes foncées : elle a eu recours à la variété blanche à cœur bleu ‘Nancy Glazier’ (Hamblen 85), issue du brun ‘Henna Accent’ (Hamblen 81). Elle en a obtenu, sur la fin de sa carrière de beaux iris dans les tons de rose avec des barbes violet très sombre, comme ‘Private Stock’ (91).




Les bicolores à pétales roses et sépales bleus ou indigo ont également intéressé Melba Hamblen. A partir de ‘Lilac Champagne’ (1965), elle a travaillé son sujet et est parvenue à ‘Touche’ (1969) qui est déjà un aboutissement, avec ses pétales rose pâle et ses sépales lavande, marqués d’une flamme plu sombre. Ce ‘Touche’, considéré comme un géniteur intéressant, a été utilisé de nombreuses fois non seulement par Mme Hamblen, mais par beaucoup d’autres obtenteurs, pour des iris qui ne sont pas forcément des bicolores. Cependant, dans ce coloris, elle a obtenu au moins deux variétés très belles : ‘Heather Blush’ (76) et ‘Mary D’ (88), qui ont eu l’un et l’autre une fort belle descendance.

A côté de ‘Touche’, mais toujours à partir de ‘Lilac Champagne’, vint ‘New Rochelle’ (73), une autre avancée dans les bicolores rose/bleu, lui-même à l’origine de ‘Heavenly Harmony’ (77), lequel a engendré ‘Karen’ (83) (photo), l’un des plus beaux de la série, et ‘Frances Gaulter (82). Enfin, par celui-ci on parvient à ‘Adventuress’ (85), encore plus vif que ‘Karen’.

Ce ne sont là que trois des domaines de prédilection de Madame Hamblen. Elle a touché à bien d’autres, toujours avec cette classe bien féminine qui fait de ses iris des réussites remarquables.
ECHOS DU MONDE DES IRIS

Commentaire et précision

Un lecteur de ce blog a fait remarquer à juste titre à propos de la chronique de la semaine dernière « Le règlement de 92 ». Il a précisé que, pour qu’une variété non américaine puisse concourir, il faut qu’elle ait été au préalable introduite sur le marché américain. Ceci est tout à fait exact, mais ne concerne pas que les variétés non américaines. En effet, toutes les variétés doivent avoir été introduites sur le marché pour pouvoir prétendre obtenir une HM puis, ultérieurement, une plus haute récompense.

10.8.07


LE REGLEMENT DE 92

C’est en novembre 1992 que le système d’attribution des récompenses de l’American iris Society a été révisé. Il est maintenant à la fois simple et efficace. Il concerne toutes les catégories d’iris et comporte cinq niveaux de prix.

Au bas de la filière des honneurs se situe les HIGH COMMENDATIONS (HC).

Ce niveau de distinction s’adresse à des variétés qui ne sont pas encore mise sur le marché. Ce sont en principe des iris d’obtention récente qu’ils soient ou non déjà baptisés. Pour, en quelque sorte, tester l’opinion des juges à leur sujet, les obtenteurs les présentent dans des compétitions locales. Si au moins cinq juges émettent un vote favorable les concernant, ils auront droit à leur HC. Pour laisser leur chance à des plantes qui ont du mal à se faire une place dans le commerce, il est possible de recevoir un HC tant que l’iris n’est pas « introduit ». Cela peut inciter un ou des producteurs à mettre la variété en multiplication en vue de son introduction. En fait l’attribution d’une HC à une variété relativement ancienne est extrêmement rare. Les HC attribuées sont peu nombreuses, seulement 12 pour 2006.

Viennent alors les HONORABLE MENTIONS (HM).

C’est le véritable début de la course aux récompenses. Au bout de deux ans après leur « introduction », c’est à dire leur apparition dans un catalogue ou chez un producteur américain, les iris à barbes sont, quelle que soit leur catégorie, éligibles pour un HM, et ceci pendant les trois années suivantes. On peut même dépasser cette date limite, pourvu que 10% des juges aient émis un vote favorable. Dans ce cas l’HM est attribué aux 10% des variétés qui ont reçu le plus grand nombre de votes favorables. Pour les iris sans barbes, le délai initial pour être éligible est porté à trois ans. Les HM sont assez nombreuses : 160 toutes catégories confondues en 2006. Il n’est pas nécessaire que les iris soient originaires des USA pour entrer en compétition ; il suffit d’être présent sur le marché américain, en quantité suffisante pour être vu par le plus grand nombre possible de juges. Pratiquement, les variétés issues des principales maisons de production disposent d’un avantage considérable : la notoriété de leur obtenteur, ajoutée à une distribution importante fait que sur 87 HM distribuées à des TB, seulement 40 obtenteurs ont vu au moins une de leurs obtentions récompensée.

Les choses deviennent vraiment sérieuses au niveau des AWARDS OF MERIT (AM).

Pour être éligible il faut avoir obtenu une HM. Les AM commencent à être attribués deux ans après l’HM, et pendant trois ans. Ainsi un iris ayant obtenu une HM en 2006, pourra obtenir un AM à partir de 2008 et jusqu’en 2010. Mais les choses se corsent puisque seulement les 10% des iris les mieux appréciés décrocheront l’AM. Du coup, le plateau s’éclaircit beaucoup. En 2006 54 AM ont été délivrés, dont 22 pour les TB (et pour seulement 13 obtenteurs).

On vise ensuite les Médailles Catégorielles. Chaque catégorie d’iris dispose de la sienne, il y en donc 15.

Le système est toujours le même : les variétés sont éligibles 2 ans après l’AM, et pour une durée de 3 ans. Chaque année et dans chaque catégorie l’iris qui remporté le plus de vote reçoit la médaille.

Pour les grands iris, la médaille s’appelle la « John C. Wister Medal ». C’est en quelque sorte l’antichambre de la Dykes Medal, car les autres catégories que les TB ont du mal à obtenir assez de votes pour briguer la consécration suprême.

Enfin arrive la DYKES MEDAL (DM).

Si on fait le compte, il y avait environ 500 HM en compétition au départ. Il restait un peu plus de 150 AM, puis seulement 45 titulaires de médailles catégorielles mais, en fait, guère plus de 5 ou 6 réellement capables d’espérer la consécration, puisque les catégories autres que TB, BB ou IB n’ont pratiquement aucune chance d’obtenir assez de votes. C’est dans cet étroit panel que sera désignée la « variété de l’année », après un cursus qui aura pu durer jusqu’à quinze ans ! Le plus souvent, il s’arrête au bout de dix ou onze ans, mais quand elle obtient la DM, la variété couronnée est déjà une ancienne variété, dans un monde où tout va très vite et où l’attrait de la nouveauté est primordial. Recevoir la DM n’est pas le résultat d’un coup de cœur, mais bien la consécration d’un iris qui a démontré des qualités exceptionnelles tout en ayant intéressé assez d’amateurs pour avoir été présent dans un très grand nombre de jardins pendant une longue période. Même si, a priori, une variété non américaine peut un jour arriver à ce résultat, il ne faut pas trop y croire car les variétés autochtones, soutenues par le marché national, seront en toutes circonstances plus souvent présentes sous les yeux des juges que des variétés étrangères plus ou moins bien commercialisées. Mais on peut toujours rêver ! Et si l’occurrence devait survenir, il y a gros à parier que se serait une variété australienne qui l’emporterait…

En attendant ce jour improbable, qui sont les concurrents pour la médaille de 2008 ?

La dernière Wister Medal(1), les trois dernières Knowlton Medals (pour les BB) et les trois dernières Sass Medals (pour les IB), et c’est à peu près tout compte tenu du handicap des plantes dans les autres catégories. Cela veut dire que la bataille se disputera entre sept concurrents :
‘Starring’ TB (Ghio 99) WM 2007
‘Go for Bold’ BB (P. Black 2000) KM 2007
‘Delirium’ IB (M. Smith 99) SM 2007
‘Anaconda Love’ BB (Kasperek 98) WM 2006
Midsummer Nights Dream’ IB (Baumunk 98) SM 2006
‘Christiana Baker’ BB (Kerr 99) WM 2005
‘Starwoman’ IB (M. Smith 97) SM 2005

Le favori est sans conteste ‘Starring’, les outsiders ‘Delirium’ et ‘Anaconda Love’. Pour redonner un peu de suspense à la compétition, il faudrait que ce ne soit pas un TB qui l’emporte. Mais ce serait une petite révolution. Rendez-vous en juillet prochain.

(1) Les deux autres théoriquement en compétition ont déjà obtenu la Médaille de Dykes : ‘Sea Power’ (Keppel 99) WM 2005, en 2006 et Queen’s Circle (Kerr 97) WM 2006, en 2007.

Photo : ‘Edith Wolford’ (Hager 86) variété ayant reçu la DM en 1993, première année d’application du nouveau règlement.
LÀ OÙ TOUT VA PAR TROIS

Quand on regarde le diagramme floral de l’iris on est frappé non seulement par la parfaite symétrie de la fleur, mais aussi par le règne absolu du chiffre 3. A l’extérieur, trois sépales qui enserrent l’ensemble de la fleur, protégeant les parties sexuelles jusqu’au moment où il est nécessaire de les présenter aux insectes fécondateurs. A l’intérieur, ensuite, trois pétales disposés en sens inverse, c’est à dire que l’ensemble sépales plus pétales constitue un ta bernacle bien clos, au cœur duquel apparaissent trois anthères portant le pollen, puis tout à fait au centre, les trois compartiments de l’ovule. On devrait ajouter les trois stigmates pétaloïdes qui couronnent les trois styles qui constituent les pistils, et les trois barbes qui, chez les iris qui en sont dotés, balisent le chemin que les insectes doivent emprunter.

A l’intérieur des capsules les graines sont empilées en trois colonnes, chacune abritées dans trois loges étanches qui vont se fendre sur les nervures quand les graines seront mûres de façon à les libérer.

Mais il n’y a pas que cela qui marche par trois chez l’iris.

Il faut environ trois ans pour qu’une plante nouvelle issue d’une graine parvienne à la floraison. Cette floraison elle-même durera en moyenne trois semaines, le temps que s’ouvrent les différents boutons. Enfin chaque fleur aura une vie de trois jours : s’ouvrant le plus souvent au petit matin, elle sera disponible pour la visite des insectes dès le lever du soleil. Peu à peu les sacs polliniques des étamines vont mûrir et sécher, puis se fendre et libérer le pollen qui va être transporté sur le dos des abeilles (pour les fleurs les plus petites) ou des gros bombyles (pour celles des grands iris barbus), jusqu’à une autre fleur, où il sera automatiquement déposé sur la lèvre du stigmate lorsque l’insecte porteur passera pour plonger chercher le nectar dans le tréfonds de la fleur. A la fin des trois journée d’exposition, les sépales vont se redresser, enserrer de nouveau le reste des parties florales, puis le tout va progressivement se dessécher tandis que les ovules fécondés grossiront et commenceront leur maturation. Trois mois vont s’écouler entre la fécondation et l’ouverture des capsules. Trois mois au cours desquels la plante va se refaire des réserves et amorcer sont développement futur : de chaque côté du rhizome des bourgeons vont apparaître, grandir, pour donner au printemps suivant deux nouvelles plantes qui, ajoutées à celle qui se sera développé à la pointe du rhizome d’origine, constitueront une nouvelle trilogie. Et ce n’est pas tout ! Les plantes en bonne santé et prêtes à jouer leur rôle vont développer trois bouquets de feuilles dont seul le bouquet central portera la tige florale. Tige qui, elle-même, portera en général trois branches chargées de boutons floraux. Et bien souvent chacun de ces boutons sera porteur de trois fleurs qui apparaîtront l’une après l’autre…

Toujours par trois.

L’amateur d’iris aura-t-il droit à une triple jouissance ? Sûrement ! C’est d’ailleurs pour cela qu’il aime tant ses iris !

3.8.07

ECHOS DU MONDE DES IRIS

Partenariat

La SFIB et la Ville de Verrières le Buisson, en banlieue sud de Paris, ont conclu un accord de partenariat selon lequel Verrières le Buisson contribue substantiellement au financement du concours FRANCIRIS® et la SFIB fait parvenir à Verrières des iris pour constituer une nouvelle collection permanente qui prend place dans le parc de l’ancienne propriété de la famille Vilmorin. Un double de la collection du jardin botanique de Rouen a été plantée l’été dernier. Elle comprend des variétés anciennes d’un grand intérêt historique. Cette année une partie de la collection du Parc Floral de La Source à Orléans devrait y être transférée. Mais les collectionneurs particuliers qui souhaitent ainsi apporter leur soutien à la SFIB sont aussi invités à envoyer à Verrières les excédents de leurs collection lorsqu’ils sont amenés à la diviser. Plusieurs ont déjà donné leur accord et commencé à envoyer leurs plantes.

Si vous avez des grands iris que vous répugnez à mettre au compost, songez à faire un envoi à la Ville de Verrières. Que ceux qui sont intéressés me contactent en joignant un commentaire à ce blog. Je veillerai à ce que les envois ne doublonnent pas et je leur donnerai les coordonnées nécessaires pour qu’ils effectuent leur envoi.

L’UNION FAIT LA FORCE


Panorama du commerce des iris en France en 2007

Depuis quelques années, le commerce des iris a connu en France une expansion assez considérable. Dans les années 90 on ne comptait guère que cinq producteurs spécialisés. En quelques années ce nombre a doublé. Il n’est pas certain que le marché se soit développé à la même vitesse, et il est possible que la part de chacun des anciens se soit amenuisée, du moins pour ce qui est du marché national, car dans le même temps les exportations ont connu une nette embellie.

Les producteurs historiques

Comme on parle d’opérateurs historiques pour désigner les anciens titulaires d’un monopole, comme les télécommunications, l’électricité ou le gaz, on peut considérer que pendant de nombreuses années le marché des iris a été dominé par cinq entreprises « majors ». La plus ancienne et la plus fameuse est la maison Cayeux, qui est plus que centenaire. Elle reste la plus importante et la plus emblématique de la place de la France dans le petit monde des iris. Les entreprises familiales Bourdillon et Anfosso (connue sous le nom commercial de « Iris en Provence »), sont arrivées sur le marché en 1969 pour ce qui est de Michel Bourdillon, et en 1975 pour la famille Anfosso. Le premier a constitué une collection sage mais parfaite de variétés essentiellement américaines de premier plan. L’autre a joué la carte d’une production plus audacieuse, marquée longtemps par les propres obtentions de la famille, remarquées jusqu’aux USA. La famille de docteur Ségui, a exploité la collection personnelle de celui qui fut longtemps la cheville ouvrière de la SFIB, en l’enrichissant de variétés plus récentes, mais en conservant un fond historique unique en France. Vint ensuite, en 1991, le catalogue de Lawrence Ransom, obtenteur atypique et exigeant sur l’originalité et la qualité, qui diffuse presque exclusivement ses propres obtentions.

Les nouveaux venus

A ce quintette d’entreprises plus ou moins anciennes sont venus récemment s’ajouter un quatuor d’affaires familiales calées essentiellement sur l’iris. Tout d’abord est apparu Christian Lanthelme, qui s’est lancé dans la culture des iris dès 1988. Son activité vise particulièrement la clientèle professionnelle (paysagistes, pépinières, jardineries) mais s’adresse aussi aux amateurs, avec des variétés traditionnelles à un prix intéressant. Puis vint la pépinière Bertrand, à Gignac, dans l’Hérault. Une petite affaire qui présente des iris classiques que l’on commande par Internet. L’entreprise de la famille Portal, Senteurs du Quercy, s’est installée en 2004, avec un catalogue où voisinent des variétés récentes originales et de bons iris traditionnels. Enfin l’Iriseraie de Papon, de Daniel Labarbe est apparue encore plus récemment. Sur un site Internet fort bien fait, elle vend les iris d’une collection très moderne.

Les semi-professionnels

A ma connaissance il sont aujourd’hui trois à distribuer régionalement soit les iris de leurs propres hybridations soit ceux de leur importante collection personnelle. A commencer par Bernard Laporte, qui s’est lancé dans le commerce des iris, d’abord pour satisfaire les visiteurs de son jardin, puis pour répondre aux sollicitations des amateurs qui se manifestent de toute le pays. Gérard Madoré a suivi le même cheminement dans son fief de Bretagne. Le succès de ‘Gwennaden’ au concours FRANCIRIS® 2005 n’est pas étranger à cette décision. Quant à Rose-Linda Vasquez-Poupin, elle vend aux amateurs de Provence les produits de son jardin, sans qu’il s’agisse d’un commerce à grande échelle. Il se peut que d’autres personnes pratiquent de la même façon sans que cela soit connu au plan national.

VPC et jardineries

On trouve des iris à acheter dans tous les catalogues de VPC spécialisés dans les plantes de jardin. Ce sont les mêmes que ceux qu’on rencontre, en mini-godets, dans les jardineries. Longtemps ces iris, destinés à un public non averti, étaient des variétés remontant souvent aux années 40/50, donc considérées par les collectionneurs comme dépassées. Mais depuis peu les articles présentés sont des iris récents, sinon modernes, les mêmes que ceux proposés par les professionnels. La concurrence est donc devenue bien réelle.

Si l’on ajoute au commerce des iris les plantes échangées entre amateurs et celles proposées sur les sites d’enchères du Net, on arrive à une sorte de saturation du marché qui peut avoir des conséquences fâcheuses pour les moins solides des entreprises, et de toute manière délicates pour tout le monde.

Dans un marché aussi concurrentiel, les relations entre professionnels sont forcément difficiles. En fait elles sont quasi inexistantes, chacun se débrouillant de son côté. Pourtant tous ont en commun un certain nombre d’intérêts qui ne sont pour l’instant défendus par personne. Dans les autres pays, où la concurrence n’est pas moins vive, les professionnels se retrouvent sous la houlette de l’association nationale des amateurs d’iris, la BIS en Grande Bretagne, la SII en Italie, la MEIS en Europe de l’Est, etc. En France, rien de tel : la SFIB, qui est sensée jouer ce rôle fédérateur, est fortement délaissée par les professionnels dont certains ne sont même pas membres ! Les plus anciens adhèrent, mais se gardent bien de participer activement à la vie de l’association. Quand l’association les sollicitent pour une opération ponctuelle, ils répondent présents, mais leur implication s’arrête là. On est loin de se qui se passe, par exemple, aux USA, où de nombreux professionnels se sont aux commandes au plus haut niveau. Pourquoi n’en est-il pas de même chez nous ? Mieux, pourquoi, alors qu’ils assistaient aux assemblées générales de la SFIB dans les années 80/90, se tiennent-ils aujourd’hui tellement à l’écart ? La SFIB, pourtant, pourraient être ce terrain neutre sur lequel ils pourraient débattre des problèmes de leur profession, en compagnie des plus impliqués de leurs supporters. De même l’association, en intervenant au nom de tous, pourrait apporter des solutions à ces problèmes, comme par exemple, lorsque les services douaniers font du zèle dans l’application de la réglementation concernant les importations de rhizomes. De même encore, leur participation active à l’organisation et à la gestion du concours FRANCIRIS® apporterait le poids de leur compétence à cette compétition remarquable.

Il faut espérer que l’intensité de la concurrence cèdera sur ces points la place à une saine collaboration. Car l’union fait la force.