25.9.09


LES PLUS BELLES PHOTOS D’IRIS

Une de mes variétés préférées, ‘Extravagant’ (Hamblen 83), remarquablement saisie par TN Tigger. Ce n’est pas étonnant que cet iris ait failli obtenir la DM en 1991.






LA COLLECTION DES MÉDAILLÉS

1961 :

DM : Un grand classique a été honoré de la DM : ‘Eleanor’s Pride’ (Watkins – US – 52) (Jane Philips X Blue Rhythm)

FO = L’une des variétés les plus répandues à travers le monde : ‘Whole Cloth’ (Cook – US- 57) (Cahokia X (Blue Rhythm x (semis bleu x Progenitor) x (Distance x semis bleu)))

BDM = ‘Patterdale’ (Randall – GB – 55) ((Helen McGregor x Cahokia) X Jane Phillips)
ECHOS DU MONDE DES IRIS

Tall Talk est sur Facebook

« Tall Talk », le magazine de la Tall Bearded Iris Society est visible maintenant sur Facebook. Il suffit de s’inscrire pour y avoir accès. Allez faire d’abord un tour sur www.facebook.com/pages/Tall-Bearded-Iris-Society pour vous rendre compte.

Les Iris de Laymont

Un nouveau jardin d’iris, visible sur http://les-iris-de-laymont.jimdo.com










LES GRANDS CLASSIQUES DE PERRY DYER

Perry Dyer est un obtenteur et un juge américain qui publie tous les deux ans dans le Bulletin de l’AIS sa liste des meilleures variétés du moment. Il y ajoute, à titre de référence, les noms de quelques variétés qu’il qualifie de « classiques » mais qui peuvent paraître quelque fois plutôt exceptionnelles à nos yeux d’Européens.

Ses choix sont classés par couleurs, selon la palette habituelle : jaune, orange, brun, grenat, rose, mauve, violet, bleu et blanc.

Voici ce qu’il a retenu dans son dernier article publié dans le n° 354 du Bulletin :

Jaune
‘Brightside’ (Schreiner 61) – joli jaune primevère, légèrement frisé et ondulé, bien dans le genre de son époque ;
‘Miss Illini’ (Varner 66) – jaune franc, très classique, évidemment ;
‘Ola Kala’ (Sass 42) – une variété que l’n ne décrit plus tant elle est connue ;
‘Silence’ (Tompkins 66) – un jaune d’or bien vif, avec un spot blanc sous les barbes.

Orange :
‘Dawnbreaker’ (Noyd 70) – un parfait inconnu chez nous, orange à barbes assorties.
‘Kimberlina’ (Sexton 70) – peu répandu en Europe, c’est un orange saumoné à reflets roses ;
‘Top Flight’ (Hall 53) – orange rosé, pâle, ondulé, barbes orange crevette.

Brun :
‘Burning Desire’ (Hamner 70) – brun orangé, plus sombre aux sépales, très frisé ;
‘Mapledown’ (Neubert 70) – autre parfait inconnu, décrit comme brun chamois, avec un flash violet vif sous les barbes ;
‘Rusticana’ (Schreiner 61) – célèbre brun mordoré qui a réussi à traverser l’Atlantique.

Grenat :
‘Brimstone’ (Tompkins 71) – avec ‘Vitafire’, c’est une des brun-rouge les plus rouges ;
‘Natchez Trace’ (Wills 64) – est un des plus jolis brun-rouge bitone, assez proche des iris de ce ton rencontrés chez les anciens diploïdes ;
‘The Red Douglas’ (Sass 37) – un iris on ne peut plus classique, avec des pétales clairs et des sépales lie-de-vin, caractéristiques.

Rose :
‘Cherie’ (Hall 48) – le premier rose à avoir obtenu la DM ; rose tendre avec de belles barbes minium ;
‘Fringed Taffeta’ (Rudolph 75) – rose comme un bouton de pommier, barbes assorties ; peu connu mais bien dans la ligne des roses de Nate Rudolph ;
‘Pink Pussycat’ (Tompkins 69) – un rose un peu délavé, marqué d’ivoire aux sépales, fines barbes rose crevette ;
‘Pretty Nancy’ (Hamblen 73) – une variété très appréciée en hybridation, rose vif plus clair sous les barbes qui sont mandarine.

Mauve :
‘Amethyst Flame’ (Schreiner 58) – une fleur superbe, d’un beau mauve vif, qui fait très « jeune » pour son âge ;
‘Lilac Mist’ (Luihn 69) – un iris qui n’a guère attiré l’attention au moment de son apparition, mais qui a un pedigree remarquable (Pacific Pnorama X Rippling Waters) ;
‘Violet Harmony’ (Lowry 48) – a eu une carrière commerciale médiocre, mais a néanmoins remporté la President’s Cup puis la DM !

Violet :
‘Black Onyx’ (Schreiner 58) - sombre beauté qui est une des premières approches de l’iris noir ;
‘Nobleman’ (Babson 70) – un de ces iris parfaitement inconnu chez nous ; décrit comme bleu de cobalt profond, y compris la barbe ;
‘Opening Night’ (Gibson 69) – bitone violet foncé presque noir issu d’une famille de « noirs ».

Bleu :
‘Blue Rhythm’ (Whiting 45) – l’une des variétés les plus répandues à travers le monde, un chef d’oeuvre en bleu moyen ;
‘Eleanor’s Pride’ (Watkins 56) – presque aussi connu que le précédent, mais en bleu très pâle ;
‘Helen McGregor’ (Graves 46) – autre bleu ultra célèbre, bleu tendre à barbes jaunes ;
‘Seaside’ (O. Brown 67) – beau bleu moyen, mais pourquoi retenir celui-ci plutôt qu’un autre dans un domaine où le choix est gigantesque ?

Blanc :
‘Frost and Flame’ (Hall 57) – une merveille de pureté, sans ondulations ni frisettes, mais avec des barbes rouges qui ont fait sa célébrité ;
‘High Sierra’ (Gaulter 67) – un blanc pur parmi tant d’autres ;
‘Powder Snow’ (Schreiner 70) – le choix de ce bon blanc est aussi subjectif que celui du précédent.

Les choix de Perry Dyer peuvent nous paraître très personnels. Ils mettent en avant cependant des variétés excellentes en tant que plantes de jardin. C’est peut-être cela qui les a fait préférer à d’autres variétés a priori plus évidentes.

18.9.09


LES PLUS BELLES PHOTOS D’IRIS

On a beau dire de J. Ghio que ses iris son fragiles et capricieux, il faut lui reconnaître qu’il réalise des fleurs splendides. Et quand elles sont bien mises en valeur comme dans cette photo de ‘Connection’, il faut lui donner un coup de chapeau.

Ceci est la quarantième « Plus belle photo » publiée ici.



LA COLLECTION DES MÉDAILLÉS

1960 :

PAS de DM ! La médaille n’a pas été attribuée cette année-là.

FO = ‘Allaglow’ (Tompkins, 58) : (Ballet Dancer x Lady Albright) X Golden Twilight ;

BDM = ‘Kangchenjunga’ (H. Miller, 55) : Desert Song X Jane Philips






LES DEUX PASSIONS DU PROFESSEUR ESSIG

On peut toujours chercher ! Il n’y a pas d’autres hybrideurs d’iris qui ait obtenu une médaille du gouvernement français ! Le professeur Essig est bien le seul. Cependant ce n’est pas pour son travail avec les iris qu’il a reçu cette distinction, mais plutôt pour ses recherches en entomologie. Car avant de s’intéresser aux iris, ce véritable scientifique était un spécialiste des insectes et en particulier des pucerons. En la matière ses ouvrages ont fait autorité et il est encore connu et reconnu.

Edward Oliver Essig, natif de l’Illinois, a grandi en Californie où il a fait ses études classiques et scientifiques. En 1912 il a obtenu un Master of Science qui lui a ouvert les portes de l’Université de Californie, à Berkeley. Il y a vécu toute une carrière de professeur, avant de prendre sa retraite en 1951. Il s’était fait l’apôtre de l’utilisation comme aliment de certains insectes et il lui arrivait de servir à ses hôtes des sauterelles au chocolat, ce qui n’était pas forcément apprécié !

Quand on est une pointure en matière de pucerons, on ne peut pas ne pas s’intéresser à ce qui concerne le monde végétal, et Edward Essig s’est très tôt passionné pour l’horticulture. Il avait d’ailleurs un jardin splendide, avant même de diriger son regard vers les iris. En Californie, dans les années 20, les iris avaient trouvé leur place. C’est là qu’est née l’AIS, c’est là qu’Edward Essig, alors âgé d’un peu plus de trente ans, a fait la connaissance d’un autre scientifique, Sydney B. Mitchell, déjà considéré comme une sommité en matière d’iris et hybrideur compétent et apprécié. Son mentor lui a appris ce qu’il ne savait pas encore sur la culture et l’hybridation des iris, de sorte que Edward Essig s’est pris de passion pour cette plante. Il s’intéressait déjà au problème de l’adaptation des plantes nécessitant une période de froid pour se développer sous les climats doux ou chauds. Il a fait de ce défi le thème de ses travaux sur les iris. Sans doute peut-on maintenant en cultiver avec succès en Arizona ou Texas en partie grâce à ses recherches, même si le problème n’est pas encore complètement résolu.

Sa carrière d’hybrideur n’a pas été des plus prolifiques, mais bon nombre de ses obtentions ont retenu l’attention des juges de l’époque et ont reçu des récompenses. Deux iris blancs ‘Easter Morn’ (31) et ‘Mount Washington’ (39), et deux bleus ‘Sierra Blue’ (32) et ‘Shining Waters’ (30) ont suffit à sa renommée. En particulier ‘Sierra Blue’ (32) qui a reçu la Dykes Medal en 1935. Cette variété se trouve aussi être le grand parent d’un autre vainqueur de la DM, ‘Blue Rhythm’ (Whiting 45), lequel se trouve à son tour à l’origine de deux autres récipiendaires de la DM : ‘Eleanor’s Pride’ (Watkins 52 – DM 61) et ‘Whole Cloth’ (Cook 57 – DM 62). On peut d’ailleurs continuer la filiation car d’ ‘Eleanor’s Pride’ provient ‘Winter Olympics’ (O. Brown 63 – DM 67). Quant à ‘Whole Cloth’, s’il n’a pas engendré directement de vainqueur de la DM, il est néanmoins au pedigree d’un grand nombre d’iris de grande valeur.

Le Professeur Essig aura laissé une trace dans les deux matières qui ont constitué ses passions : les insectes et les iris. Il s’inscrit donc dans cette tradition qui veut que les créateurs d’iris ont eu souvent un autre métier dans lequel ils ont également excellé.

12.9.09




LA COLLECTION DES MÉDAILLÉS

Nous arrivons à 1959. La DM est allée à ‘Swan Ballet’ déjà présenté la semaine dernière pour son Florin d’Or.

FO = ‘La Negra Flor’ (Crosby 56) ((Storm King x Solid Mahogany) X Sable Night.

BDM = ‘Headlines’ (Brummit 53) (Extravaganza X Louise Blake).



ECHOS DU MONDE DES IRIS

Main basse sur les HM

En 2009, il y a eu 110 Honorable Mentions distribuées. Elles ont récompensé les variétés de 31 obtenteurs dont un seul non américain, cette exception concernant le slovaque Anton Mego, et son ‘Slovak Sapphire’ (2003). La plupart du temps les obtenteurs récompensés l’ont été pour une ou deux variétés. Ils sont 23 dans ce cas, dont quelques noms bien connus comme ceux de O. D. Niswonger, R. Ernst, T. Aitken, R. Tasco. Quelques nouveaux venus au talent avéré comme M. Sutton, D. Spoon ou J. Painter se sont joints à la fête. Un petit nombre de personnages ont été honorés 3 ou 4 fois : Fred Kerr, Larry Lauer et George Sutton. Au-delà, brusquement, on passe à des scores à deux chiffres et à ce niveaux ils sont seulement cinq. L’incontournable maison Schreiner a emporté dix HM, de même que Keith Keppel, le seul obtenteur dont, actuellement, tous les nouveaux cultivars recueillent au moins un HM. Puis viennent Paul Black, avec 11 HM, Joseph Ghio avec 14 et Thomas Johnson avec 20 !

Quand on sait que Black et Johnson travaillent sur la même exploitation et avec des moyens mis en commun, on peut dire que cette doublette a réussi une véritable razzia : 28 % des distinctions distribuées ! Il faut savoir que leur pépinière est de très petite dimension et que leur exploit s’en trouve encore plus valorisé. Les acres de terre ne font pas forcément le succès, Ernst et Schreiner peuvent s’en rendre compte. Le talent en revanche y est pour beaucoup ainsi que, il faut bien le dire, la cote d’amour !















QUAND LA MODE ÉTAIT AUX RAYURES


Ce n’est pas d’aujourd’hui que l’on trouve des iris à rayures. C’est une forme particulière du modèle plicata qui est ancienne comme le modèle lui-même et doit, par conséquent, être une variante existant dans l’espèce d’origine puisque les premières sélections ne concernaient que des fleurs obtenues par croisement naturel. Lémon par exemple ne pratiquait aucune hybridation. Il se contentait de semer les graines récoltées sur des capsules issues de croisement réalisés par les insectes, et de sélectionner les variétés les plus belles. C’est le cas de ‘Fries Morel’, une sélection apparue en 1840. Sur la photo ci-dessus on distingue très bien les grosses rayures pourprées qui décorent les sépales. Cet iris a une base jaune crémeux, où les pigments caroténoïdes sont donc présents dans les cellules. Les pigments anthocyaniques (bleus) qui sont logés dans le liquide intercellulaire apparaissent donc en pourpre puisqu’ils s’additionnent aux pigments de base. Ils sont concentrés essentiellement le long des veines de la fleur, ce qui donne cet aspect rayé caractéristique.

Le phénomène est encore plus flagrant sur ‘Demi-Deuil’ (Denis 1912). Là, les rayures ne se contentent pas d’occuper le terrain des sépales. Elles envahissent toute la fleur. La présence d’une certaine quantité de pigments jaunes – plus faible cependant que dans la précédente variété – donne à l’œil une illusion de violacé aux pigments anthocyaniques. Cet iris porte bien son nom.

Chez ‘Marquita’ (Cayeux 31) on retrouve la disposition qui est celle de ‘Fries Morel’ : du crème aux pétales et des rayures amarante aux sépales. La présence de ces rayures provient du « père » de ‘Marquita’, ‘Helios’ (Cayeux 1928), où elles apparaissent, nettement moins contrastées. Je n’ai pas le pedigree de ‘Helios’, mais je ne serais pas étonné qu’on y trouve ‘Fries Morel’ à un moment ou un autre. Entre-temps cependant on est évidemment passé de la version diploïde à la version tétraploïde, avec transfert pur et simple du modèle.

A quelques années de distance, Ferdinand Cayeux a renouvelé l’opération avec ‘Paillasse’ (1936). Cette variété fait fortement penser à une autre, fameuse mais américaine, ‘Color Carnival’ (DeForest 48), qui figure encore dans quelques catalogues. Il est vrai que ce ‘Paillasse’ est un descendant direct de ‘Marquita’ ; il n’est pas étonnant qu’il en ait hérité des traits.

L’interruption du rôle de la France dans le développement des iris, pour cause de guerre, va faire que les iris à rayures, comme les autres, vont devenir américains. Mais il semble que les recherches dans ce domaine n’ont pas été une préoccupation des hybrideurs. L’apparition de plicatas rayés ne pouvait être que le fait d’un concours de circonstance. C’est sans doute ce qui s’est produit quelques années plus tard avec ‘Butterfly Wings’ (White 1945) et qui apparaît de nouveau sur son descendant ‘Stripped Butterfly’ (Noyd 1956). Quant à ‘Color Carnival’, déjà cité, cette variété descend de ‘Spindrift’ (Loomis 29), un iris qui présentait à peu près les mêmes dispositions : grosses fleurs saumonées, avec des veines violettes sur les sépales, et fait partie des fondateurs des iris roses modernes.

Mais la mode des iris à rayures était passée. Il faudra attendre quelques années pour qu’il en vienne de nouveau sur le devant de la scène. Les plicatas classiques, du genre ‘Stepping Out’ ou ‘Rococo’ avaient atteint une perfection qui faisait sans doute oublier qu’on pouvait obtenir autre chose avec ce modèle, et ils ont été hégémoniques pendant un bon moment. Il en est ainsi des phénomènes de mode. L’histoire reprendra un peu avec ‘Cutie’ (Schreiner 62), ce petit IB qui est effectivement bien mignon, avec ses veines aniline sur un fond bien blanc et qui présente la même disposition que ‘Webspun’ (Craig 68), descendant lui-même de ‘Stripped Butterfly’. Mais ce ne sera qu’une courte parenthèse. La série sera encore interrompue pour ne réapparaître que dix ans plus tard, avec ‘Circus Stripes’ (Plough 75) qui répond tout à fait à la définition, avec ses pièces florales entièrement veinées de violet, et qui rappelle l’ancien ‘Demi-Deuil’ de 1912. Un tour complet a été fait : c’est la ritournelle de la rayure.

4.9.09







ECHOS DU MONDE DES IRIS

Critérium du public, Jouy 2009

Il n’y avait pas de concours FRANCIRIS® cette année. Mais le public, nombreux, qui a visité l’exposition dans le parc de l’école TECOMAH a été invité à faire son choix parmi les iris en fleur. Les résultats ont été les suivants :
1. ‘Torero’ (Cayeux 2003)
2. ‘Noctambule’ (Cayeux 2005)
3. ‘Lydia Schimpf’ (Manfred Beer 2006 – semis 13/00B)






LA COLLECTION DES MÉDAILLÉS

1958 : encore une année marquée par des médaillés de grande classe.

DM = ‘Blue Sapphire’ (Schreiner 53) (Snow Flurry X Chivalry)
FO = ‘Swan Ballet’ (Muhlestein 53) (Spanish Peaks X (Azure Skies x (Stella Polaris x Easter Morn)))

BDM = ‘Tarn Hows’ (Randall 48) (Olympic Torch X Hindu Wand)










LA FLEUR DU MOIS

La « fleur du mois » de septembre sera :

‘EDNA’S WISH’

A priori il n’y avait aucune raison majeure pour que ‘Edna’s Wish’ (Gibson 83) devienne une star de l’hybridation. C’est un robuste iris rose, mais des comme lui, il y en a des dizaines ! Ses antécédents ? Rien d’extraordinaire : c’est le produit de (Starfrost Pink X Orange Plume sib). Soit le mariage d’un rose traditionnel et d’un joli orange ; de quoi aviver un rose un peu pâle en lui conférant une teinte corail ou saumon qui tire l’œil. Le résultat est dans la ligne de ce que l’on pouvait attendre, mais sans plus. Alors ? Pourquoi cet engouement pour ‘Edna’s Wish’ ?

A vrai dire il faut ramener les choses à leur juste mesure. Ce n’est pas tant ‘Edna’s Wish’ qui a intéressé les hybrideurs que le croisement (Edna’s Wish X Wild Jasmine). L’histoire ne dit pas si ce croisement résulte d’une étude approfondie du résultat probable ou s’il est le fruit d’un heureux concours de circonstance. Bref, Richard Ernst, en réalisant ce croisement, a eu la main particulièrement heureuse et, surtout, le flair – ou le métier – de deviner le formidable parti qu’il y avait à en tirer. C’est que ce croisement miraculeux a donné naissance à un nouveau modèle d’iris : un modèle qu’il est possible de décliner longuement, en obtenant des fleurs différentes mais toujours attrayantes, et enthousiasmantes pour l’hybrideur tant la diversité réserve de surprises agréables. Ce nouveau modèle est désigné maintenant sous le nom de sa variété emblématique, ‘Ring Around Rosie’.

‘Edna’s Wish’ ne serait-il donc que l’heureux parent femelle d’un enfant génial ? Non, car, croisé à d’autres variétés, il a aussi donné naissance à des iris intéressants. C’est le cas notamment de son union avec ‘Afternoon Delight’ (Ernst 85) qui a donné naissance à une série de fleurs où domine l’association de rose pêche ou d’abricot et de rouge amarante ou pourpré.

En dehors de Richard Ernst, l’obtenteur qui a le plus utilisé ‘Edna’s Wish’ est Barry Blyth, en Australie, qui a réalisé le croisement (Edna’s Wish X Orangerie) pour obtenir une série d’iris dans les tons orangés, souvent infus de rose ou de pêche, comme ‘Castaway’ (93) ou son frère de semis ‘Legato’ (91), mais aussi le précieux ‘Rembrandt Magic’ (92), dans les tons de brun clair, lui-même à l’origine d’un semis incroyable (Dance Man X Rembrandt Magic) qui a donné pas moins de dix frères de semis enregistrés !

‘Edna’s Wish’, enfin a été utilisé par Virginia Messick qui en a obtenu au moins deux variétés très appréciées, ‘Macarena’ (96) et surtout ‘Voltage’ (93), tous les deux en orange vif.

‘Edna’s Wish’ a eu un destin hors du commun. Cela arrive de temps en temps, dans le monde des iris comme dans celui des humains où l’on s’étonne quelquefois de la renommée d’une personne qui n’était pas destinée à cette situation.










LE PRINCE ET LA PANTHÈRE

La dernière distribution des prix effectuée par l’AIS a couronné deux variétés intéressantes à plus d’un titre, et, par la même occasion, placé en évidence deux obtenteurs particulièrement talentueux.

‘Slovak Prince’

Dans une chronique publiée en 2008, j’évoquais déjà le slovaque Anton Mego un homme de la génération qui suit celle des Cayeux, Bianco, Black ou Lauer. Son apparition au firmament des obtenteurs d’iris ne date que du début des années 2000, il n’a donc pas connu l’époque héroïque antérieure à la chute du mur de Berlin. Il a donc disposé dès le début de son travail d’hybridation des meilleures variétés mondiales, et il a très vite, peut-être même instinctivement, acquis cette autorité qui lui fait tout de suite distinguer les bons parents, réaliser les bons croisements et sélectionner les bons semis. Chacune des réalisations qu’il propose est une réussite. Et cet artiste a tout de suite été repéré par les grands producteurs américains qui ont mis à leur catalogue les nouveautés « made in Bratislava ». Si ‘Slovak Sapphire’ (2004) s’est distingué en obtenant le deuxième prix à Florence en 2003, c’est ‘Slovak Prince’ (2002) qui s’est imposé dès son apparition. Il a tout de suite attiré l’attention des juges américains et il a raflé un Award of Merit en 2007, avant de se voir attribuer en 2009 cette Wister Medal qui fait de lui le premier iris européen à atteindre ce sommet dans la course aux honneurs.

Son pedigree, (Edith Wolford X Queen in Calico), n’est pas compliqué, il rassemble deux variétés des années 80 dont la réputation les classe parmi les iris les plus utilisés en hybridation. Edith Wolford (Hager 86 – DM 93) a fait une carrière commerciale mondiale et a été utilisé comme parent sans doute pour plus de 100 variétés enregistrées. Parmi ses descendants figurent ‘Jurassic Park’ (Lauer 95), ‘Stairway to Heaven’ (Lauer 93 – DM 2000), ‘Tumultueux’ (R. Cayeux 95) ou ‘Swedish Delight’ (E. Hill 98). Queen in Calico (Gibson 80) a une descendance pratiquement aussi nombreuse. Il a surtout été utilisé par Keppel, Muska ou Bianco pour obtenir d’excellents iris plicatas. Du premier, citons ‘Tangled Web’ (99), du second ‘Labyrinth of Dots’ (99), et du troisième ‘Orchidea Selvaggia’ (99). Et n’oublions pas ‘Nebbiolo’ (Ransom 2000).

‘Golden Panther’

Premier iris dans les tons d’orange à remporter la Médaille de Dykes’, ‘Golden Panther’ provient de la pépinière Superstition Iris Gardens de Duncan et Tasco, située au pied de la Sierra Nevada.

Rick Tasco fait partie de la jeune génération d’hybrideurs qui a pris la relève dans les années 90. La plupart de ses variétés a obtenu au moins une HM et ‘Splashacata’ (97) a déjà enlevé la DM en 2005. L’une de ses toutes premières obtentions, ‘Ruffled Goddess’ (92) avait déjà attiré l’attention sur lui.

‘Golden Panther’, même s’il n’a décroché la distinction suprême qu’avec relativement peu de voix, a eu un parcours parsemé de récompenses : President’s Cup en 2004, deuxième place à la Wister Medal en 2006, et deux fois challenger pour la DM, en 2007 et 2008. C’est tout à fait prestigieux !

C’est le résultat d’un croisement (Guadalajara X (Marshlight x Dazzling Gold)) qui réunit trois variétés ayant chacune leur intérêt : Guadalajara (Ghio 89) est un pur produit d’un hybrideur génial mais maintenant contesté à cause de la faiblesse de ces obtentions récentes. C’est un orange apprécié qui a obtenu un AM en 95. ‘Marshlight’ (Donnell 83) est un jaune qui provient d’Australie ; et ‘Dazzling Gold’ (D.Anderson 81) un iris doré fortement veiné de brun, que l’on rencontre dans de très nombreux jardins pour la rutilance de son coloris.

‘Golden Panther’ n’a pas encore beaucoup de descendants enregistrés, mais une variété comme ‘Solar Fire’ (Tasco 2002) fait déjà parler d’elle.

Ces deux iris sont en route pour une brillante carrière commerciale. La récompense de ‘Slovak Prince’, en particulier, devrait faire de son obtenteur un homme comblé et enfin reconnu en Europe où les marchands d’iris ont jusqu’à présent les yeux essentiellement tournés vers les obtenteurs américains ou australiens.