31.12.13

BONNE ANNÉE

Bonne Année !

Un peu d'avance cette semaine. De manière à ce que Irisenligne soit au rendez-vous de la nouvelle année.

Bonne Année à tous ceux qui lisent ce blog.

Sylvain Ruaud

OU SONT LES DAMES D’ANTAN ?

VII.      Opal BROWN 

 La première variété qu’Opal Brown a enregistrée, ‘Altar Light’ (1954) a d’emblée obtenu le Premio Firenze (l’ancêtre du Fiorino d’Oro que nous connaissons aujourd’hui) en 1956 ! Ce fut le point de départ d’une longue et fructueuse carrière d’hybrideur qui s’est prolongée post mortem puisque Paul Black enregistrait encore en 2002 des variétés obtenues par elle.

‘Winter Olympics’ (1963) a décroché la Dykes Medal en 1967, puis ‘Blue Luster’ (1973) et ‘Queen Of Hearts’ (1974) ont été l’un et l’autre à deux doigts de la recevoir à leur tour. Autant dire que cette dame énergique et avisée fut une championne des brucelles. Les photos ci-dessous illustrent son talent.


 · ‘Big Dipper’ 

· ‘Blue Luster’ 


· ‘Pearls and Gold’ 


· ‘Gypsy Lullaby’

ECHOS DU MONDE DES IRIS

Nouvelles d’Espagne 

 Jan Jacobsen, qui gère une pépinière en Catalogne, au sud de Barcelone, me signale son existence. Bienvenue !

La pépinière Lomer existe déjà depuis plusieurs années. « El Vilosell Iris », connue de quelques-uns, est venue se joindre à la grande famille. Ses premières créations, souvent intéressantes si l’on en juge par les photos publiées, devraient bientôt avoir une existence officielle.

Cette extension du monde des iris est une bonne nouvelle !

Plantas Distintas : Christine Lomer et Nick Brown Partida Marnes, Lliber, Benissa, Alicante, Espagne www.iris-lomer.com 

El Vilosell Iris : Jan Jacobsen Carrer Major 28 25457 El Vilosell, Espagne www.elviloselliris.mono.net 

UN NOM COÛTE QUE COÛTE

De nombreux hybrideurs disent qu’ils ont bien des difficultés quand il s’agit de trouver un nom pour une nouvelle variété. J’ai lu dans un article publié sur le site « PlantXing », de Benita Green Lee, que Thomas Johnson, le réputé co-propriétaire de Mid-America Garden à Salem dans l’Oregon dit à ce sujet : « Je me sens très stressé. Je n’aime pas choisir les noms d’iris. » Lawrence Ransom, en France, m’a tenu un jour à peu près le même langage.

Chacun, évidemment, choisit les noms qu’il donne en fonction de sa sensibilité personnelle. Cela fait qu’on rencontre des noms d’allure sérieuse, qui se contentent d’évoquer une ou des caractéristiques de la plante baptisée : ‘Fire on Ice’ (Weiler, 1990) illustre bien cette démarche, avec sa couleur blanc chaud et ses barbes rouges. Dans le même ordre d’idée ‘Bleu de Gien’ (J. Cayeux, 1978) se rapporte uniquement à la couleur de la fleur. Des obtenteurs choisissent des noms lyriques, lourds d’allusions poétiques : ‘Caresse d’un Soir’ (Capelle 2010) fait partie de cette catégorie, alors que ‘Chou Bleu’ (Cayeux R., 2004) serait à mon avis à ranger dans la catégorie opposée. Les hybrideurs américains sont champions pour donner des noms humoristiques, pas toujours de très bon goût, à leurs variétés. Il y a en ce registre des exemples gratinés comme ‘No Bikini Atoll’ (Ernst, 1996) ou les noms attribués par les Kasperek comme ‘Peekaboo Zebu’ (Kasperek, 2005). A côté de noms d’une grande banalité on trouve des noms profondément originaux, qui se réfèrent à tous les domaines de la connaissance. La musique, la littérature, le cinéma, la religion, les sentiments, la vie familiale, tous y passe. ‘Obi-Wan Kenobi’ (Mahan, 2003) fait référence à la science-fiction tandis que ‘Carry Me Home,’ phrase extraite d’un psaume, reflètent les convictions chrétiennes de Bob van Liere, son obtenteur. Chacun a son opinion sur ce que le nom doit apporter à la plante. Benita Green Lee explique que « (…) pour certains il faut que le nom reflète l’essence même de l’iris », non seulement quant à son apparence mais aussi, parfois, quant aux circonstances de son apparition ou aux mésaventures qui ont marqué son existence. ‘Calamité’ (Anfosso P., 1982) fait allusion à une inondation catastrophique survenue dans la pépinière d’iris en Provence à laquelle la variété a miraculeusement survécu. Pour la plupart, il faut que le nom sonne bien à l’oreille ou qu’il soit particulièrement évocateur, car personne ne perd de vue qu’il doit être, aussi, attrayant pour le client. Benita Lee ajoute que, « Qu’ils vendent du rouge à lèvre ou de la peinture les marchands savent bien que le nom d’un produit peut avoir un effet d’appel dans le subconscient des clients, et les producteurs d’iris le savent aussi, » et ils mettent en œuvre ces principes. Eugène Verdier, dès 1905, avait retenu cette leçon et son ‘Nuée d’Orage’ vise à la fois les couleurs de la fleur et le pouvoir évocateur du nom.

Le casse-tête s’accroît quand l‘obtenteur s’aperçoit que le nom qu’il a eu tant de mal à choisir a déjà été pris ou retenu par un de ses confrères ! Dans l’article cité plus haut, Benita Green Lee cite la mésaventure survenue à Jack Durrance à propos d’un de ses plus jolis iris, un mauve pâle à barbes mandarine. Durrance voulait appeler cet iris ‘Deep Throat’, mais ce nom était déjà attribué. Il s’est rabattu, par jeu, sur le nom de ‘Linda Lovelace’, qui était celui de la vedette du film porno « Deep Throat ». Mais pour enregistrer l’iris comme ‘Linda Lovelace,’ il aurait du obtenir l’autorisation écrite de la star du porno et proposer ce nom à l’AIS. En fin de compte il a décidé de choisir quelque chose qui soit à la fois amusant et beaucoup moins sulfureux. Il appela l’iris ‘I Love Lace’ (1985).

Autant que la personnalité de l’iris, le nom que son obtenteur lui donne est révélateur de sa propre personnalité, mais le jeu devient de plus en plus difficile car il y a aujourd’hui environ 70.000 variétés enregistrées et près de 1.100 nouveaux noms s’ajoutent chaque année à ce nombre. A ce rythme trouver un nom adéquat va vite devenir une opération des plus compliquées.

Illustrations : 

· ‘Fire on Ice’ 


· ‘Caresse d’un Soir’ 


· ‘Calamité’ 


· ‘Nuée d’Orage’

27.12.13

OU SONT LES DAMES D’ANTAN ?

VI. Melba HAMBLEN 

Il y a des obtenteurs qui n’obtiennent pas la renommée qu’ils méritent. Melba Hamblen est de ceux-là. Alors qu’elle a fait faire de gros progrès à l’hybridation des iris, que les plantes qu’elle a obtenues et sélectionnées ont une élégance et une grâce toute féminine, elle n’a pas eu la chance de voir l’une de ses variétés couronnées par une Médaille de Dykes qui aurait pourtant été méritée. Elle a touché à beaucoup de domaines, toujours avec cette classe bien féminine qui fait de ses iris des réussites remarquables. En témoignage voici quatre de ses iris :


 · ‘Betty Simon’ 


· ‘Enchanting’ 


· ‘Inga Ivey’ 


· ‘Whispering’

L’EUROPE DES IRIS EN 2013

En septembre 2001 j’avais fait le point sur la situation des iris en Europe. Il n’est pas superflu de suivre aujourd’hui la même route. Une route qui bien changé !

 On a coutume de comparer l’Europe et les Etats Unis, du moins au plan économique et démographique. Mais qu’en est-il au fait ? La réponse est simple : rien de comparable !

L’Europe, (de l’Atlantique à la frontière de la Russie), sur le plan de l’iridophilie comme sur beaucoup d’autre, est handicapée par le cloisonnement des Etats et les barrières linguistiques. Chaque pays, dans le domaine qui nous intéresse, a ses goûts et ses habitudes, auxquels s’ajoutent dans une certaine mesure, des problèmes climatiques. De sorte qu’à chaque pays correspond une situation particulière.

 L’Europe du Nord est absente de l’iridophilie. Norvège, Suède, Finlande, Danemark, ont un climat peu favorable à la culture des iris et de ce fait les amateurs y sont rares, voire inexistants. Les Pays-Bas, pourtant réputés pour leurs cultures florales, sont plus particulièrement branchés bulbeuses et culture intensive, les iris, hormis les iris de hollande, bien entendu, y étaient peu rencontrés jusqu’à ce que Loïc Tasquier, un Français d’origine, installé près de Nimègue y développe une intense activité d’hybrideur orientée en priorité vers les iris nains et médians. La Belgique a connu une certaine activité iridistique, mais celle-ci s’est à peu près éteinte actuellement, en dehors des iris du Japon qui sont le lot de Willy Hublau. Dans un monde qui évolue très vite, les Etats baltes, longtemps en dehors de l’iridophilie, y ont fait leur entrée il y a peu et, en dépit de l’ingratitude du climat, la culture des grands iris s’y développe bien, avec, notamment les hybridations du Laimonis Zakis, en Lithuanie.

Même si cela peut paraître surprenant à beaucoup, l’Allemagne est un pays important en matière d’iridophilie. Chaque année de nombreuses variétés nouvelles y apparaissent et plusieurs obtenteurs ont une véritable notoriété : Harald Moos, Dietmar Görbitz, Eberhard Fischer, Manfred Beer, Wolfgang Landgraf, Bernhard Lesche ou Pia Altenhofer enregistrent chaque année des variétés nouvelles de grands iris. Thomas Tamberg de son côté, est un spécialiste des iris de Sibérie et des hybrides interspécifiques (sib-color, cal-sib, sib-tosa…). Il n’y a que peu de temps, que les obtenteurs allemands cherchent à faire connaître leur production au-delà de leurs frontières, mais de toute façon la commercialisation des variétés allemande est encore assez mal assurée. Particularité allemande : pas d’association spécifique pour les amateurs d’iris, mais un groupe au sein de la GDS (Société des amateurs de plantes vivaces).

La Grande Bretagne est depuis toujours un grand pays en matière d’iris. Elle reste l’un de ceux qui attribuent chaque année une médaille de Dykes (elle fournit d’ailleurs les autres médailles portant cet illustre nom). Les amateurs y sont nombreux, mais les hybrideurs s’y font plus rares. Barry Dodsworth, Robert Nichol et Nora Scopes ont été jusqu’à leur mort les plus connus d’entre eux ; la relève est longue à venir, mais il y a Gary Middleton dont l’activité prend de l’ampleur. La B.I.S. est une des plus importantes sociétés iridophiles du monde. Nombreux aussi sont les producteurs, car il y a véritablement une clientèle pour les iris. A noter que les jardiniers anglais ont un grand attachement pour les variétés anciennes et que les catalogues en proposent un grand nombre.

On ne parle pas d’iris en Espagne ou au Portugal, pas davantage en Grèce ou dans les Balkans. Problème de climat ? Sans doute pas seulement, il faut compter surtout sur un problème de culture (aux deux sens du terme).

En Europe du Sud, il n’y a que l’Italie qui compte un grand nombre d’amateurs d’iris. Ce pays se distingue même par le fameux concours de Florence qui a récompensé chaque printemps une variété remarquable jusqu’à ce que les difficultés actuelles d’importation n’en imposent la suspension. Au plan de l’hybridation, l’Italie connaît quelques obtenteurs intéressants, Augusto Bianco, qui élève peu à peu son entreprise au rang des plus importantes d’Europe, et de valeureux amateurs comme Luigi Mostosi, Roberto Marucchi, Lorena Montanari ou Tiziano Dotto. La Società Italiana del’Iris, qui attribue les médailles de Florence, regroupe les amateurs du pays. Tout à côté, la petite Slovénie abrite un bon obtenteur, Isidor Golob.

En Autriche il n’y a pas actuellement d’hybrideur professionnel ou amateur enregistrant des variétés, mais la maison Gerhild Mattuschka continue de proposer un grand choix d’iris.

Toute différente est la situation en Slovaquie voisine. Ladislaw Muska y a acquis une réputation mondiale avant que l’âge et la maladie ne l’éloignent. Il a trouvé un successeur éminent en la personne de Anton Mego, en passe de devenir un des meilleurs hybrideurs au monde.

Un foisonnement encore plus étonnant existe en République Tchèque. Mais il s’agit d’un pays qui a une longue tradition iridophilique, avec notamment Milan Blazek et Zdenek Smid (qui remporta le Florin d’Or en 1985 avec ‘Libon’). Aujourd’hui de nombreux amateurs enthousiastes obtiennent des variétés intéressantes. Il faut maintenant compter avec Zdenek Seidl, Pavel Nejedlo ou Jiri Dudek. A côté, la Pologne suit le même chemin. Même si les conditions climatiques rigoureuses gênent le travail des hybrideurs. Néanmoins des amateurs de plus en plus nombreux comme Jerzy Wosniak, Lech Komarnicki, Zbigniew Kilimnik, Henryk Polaszek et surtout Robert Piatek obtiennent des iris de qualité. La MEIS, association des amateurs d’iris de l’Europe Centrale, rassemble tous ces irisariens, mais se heurte aussi à de sérieuses difficultés.

Reste la France. Il est inutile de la présenter. Mais il faut savoir que si elle est le pays d’obtenteurs aussi célèbres que les Cayeux ou les Anfosso, elle est faible en nombre de véritables amateurs d’iris même si ceux-ci se multiplient avantageusement depuis une dizaine d’années. Les effectifs de la SFIB sont insuffisants pour faire de notre pays une grande nation iridophile.

Entre ces nations, presque aucun contact. On s’échange parfois les bulletins entre associations, mais ceci n’est pas vrai pour tous les pays, et il n’existe aucune structure fédérant les associations. Il y a pourtant maintenant matière à ce qu’on organise un concours d’iris européens, ce qui serait l’occasion de faire se rencontrer et sympathiser une partie, la plus vaste possible, de tous ces obtenteurs isolés et de donner à l’Europe des iris une véritable identité.

L’Europe des iris reste donc à faire, mais je crains qu’elle ne soit plus jamais en mesure de concurrencer l’hégémonie des Etats Unis.

Illustrations : 


· ‘Robin Baur’ (Tasquier, 2013) 


· ‘Astrologs’ (Zakis, NR) 


· ‘Tajemnica’ (Komarnicki, 2005) 


· ‘Oro Antico’ (Mostosi, 2006)

22.12.13

JOYEUSES FÊTES !

Un peu de retard, cette semaine, pour publier "Irisenligne", mais c'est pour vous dire, en temps et heure, "JOYEUSES FÊTES" !

OU SONT LES DAMES D’ANTAN ?

V.      Evelyn KEGERISE 

 Autre dame de la côte Est, Evelyn KEGERISE s’est fait un nom en toute discrétion. Sa spécialité ? Les iris roses. Elle a créé des variétés qui se sont largement répandues partout où l’on cultivait les grands iris de jardin. On rencontre toujours des iris signés Evelyn Kegerise dans nos jardins français, vingt à trente ans après leur introduction.

· ‘Earth Song’ (1993) 

. ‘Feminine Charm’ (1974)


. ‘O’ So Pretty’ (1993) 


· ‘Tatiana’ (1990) 

A L'AUSTRALIENNE


Les variétés proposées en 2014 par Keith Keppel sont apparues sur son site. Pas de plicata cette année ! Mais quelques jolis bicolores, à l'australienne, fortement influencés par l'amitié et les échanges de pollen qui lient Keppel et Barry Blyth.

ÉCHANGES ET CONCURRENCE

Il faut remonter aux années 1980 pour comprendre les évolutions qui ont abouti à certaines initiatives de la SFIB qui ne sont pas vues du même œil par tout le monde. A ce moment, alerté par certains de ses membres, le staff de la SFIB s’est interrogé sur les services que l’association pouvait rendre à ses adhérents, qui justifient le paiement d’une cotisation. Les voyages organisés, très en vogue au cours des décennies précédentes, devenaient de moins en moins attractifs, parce que chers et par conséquent réservés à un petit nombre de retraités aisés. Même chose pour les visites de jardins. Alors ?

L’idée a été de faciliter les échanges de rhizomes entre membres, par le biais du bulletin, qui paraissait alors trimestriellement et rencontrait un certain succès car, à l’époque, Internet n’existait pas encore. Ce projet a été accueilli avec circonspection par les dirigeants de l’association. En effet ces derniers étaient très liés aux producteurs (les Bourdillon, Cayeux ou Ransom payaient leur cotisation et assistaient aux Assemblées Générales), ils avaient donc le souci de ne rien faire qui puisse être préjudiciable à ces importants adhérents. Néanmoins quelques échanges ont eu lieu, mais ils n’ont jamais pris une réelle ampleur, faute d’être gérés par l’association.

L’arrivée d’Internet a tout changé. Les collectionneurs ont commencé à correspondre et à discuter. L’idée d’échanger des rhizomes est très vite venue car c’est une façon gratuite et rapide d’accroître sa collection. Mais elle a pour corollaire la nécessité d’avoir quelque chose à échanger et, entre deux collectionneurs on a vite fait de ne plus rien pouvoir proposer si l’on n’a pas enrichi autrement sa collection (par des achats, notamment). D’où l’autre idée : constituer un groupe aussi nombreux que possible, dont les membres se communiquent les listes des variétés échangeables et s’organisent pour réaliser des échanges multiples. Le nombre des variétés proposées à l’échange s’accroît donc considérablement mais l’affaire devient complexe à gérer. En demandant à la SFIB de coordonner les échanges ses adhérents ont mis l’association au pied du mur : elle ne se mêle pas de cette affaire, et ses adhérents ne voient pas pourquoi ils continueraient de cotiser puisque l’on ne leur apporte rien de concret ; elle centralise et coordonne les échanges, et se met à dos les professionnels vers qui les collectionneurs se tourneront moins pour de nouveaux achats. Pour survivre la SFIB a donc été pratiquement obligée d’administrer les échanges… Les producteurs professionnels ont réagi de deux façons différentes : certains ont adhéré au système car ils y ont vu la possibilité de renouveler leur offre en se procurant gratuitement des variétés qu’ils vont ensuite mettre en vente ; d’autres ont raidi leur attitude et tenté de freiner cette concurrence en demandant que les variétés encore présentes dans leurs catalogues soient retirées des échanges. Peine perdue, car rien ne peut empêcher les gens de s’aboucher en direct pour compléter les listes expurgées…

 Les collectionneurs qui désiraient acquérir vite des variétés américaines ou australiennes, se sont rendu compte qu’ils avaient intérêt à se fournir à la source, sans attendre les importations par les producteurs nationaux et les choix nécessairement restreints de ceux-ci. Ils ont utilisé les facilités offertes par le e-commerce, mais ils se sont aussi aperçu qu’en agissant individuellement, ils multipliaient les frais et les risques. En se regroupant ils s’entraidaient et limitaient leurs dépenses. Ils ont donc demandé à la SFIB, sur le modèle des échanges, de collectiviser leurs commandes à l’étranger. La SFIB est donc de nouveau intervenue. Elle leur a offert un service de commande, difficile à gérer mais très efficace. Si efficace même que, profitant de la multiplication des obtentions en Europe et de la commodité des achats dans l’Union Européenne, les commandes se sont aussi tournées vers les producteurs des pays voisins, d’autant plus que ceux-ci proposaient des variétés attrayantes vendues à des prix modestes. Les producteurs français ont accusé le coup. La clientèle des collectionneurs leur échappait par une autre voie. Comment pouvaient-ils réagir ? Cela s’est passé de la même manière que pour les échanges. Il en est qui ont pensé tirer, adroitement, avantage de ce qui semblait les desservir et, adhérent au système, ont commandé des variétés nouvelles et originales aptes à rajeunir leurs catalogues. Il en est aussi qui se sont sentis trahis : ceux, en particulier, qui ne vendent que leurs propres obtentions et sont directement menacés dans leur activité si les collectionneurs se détournent de leurs variétés. Le danger est-il réel ?

 Ceux qui pratiquent les échanges ou les achats groupés ne sont en réalité qu’une ou deux douzaines, et il est certain qu’ils ne peuvent pas trouver dans le commerce traditionnel le choix et la réactivité qu’ils recherchent. Le marché s’est mondialisé avec l’avènement de l’informatique et les producteurs traditionnels doivent faire une croix sur la frange des acharnés de la nouveauté. En revanche, il leur faut agir avec beaucoup de pugnacité vers les acheteurs moins exigeants mais bien plus nombreux et générateurs d’un autre chiffre d’affaire. Et s’ils sont également obtenteurs, ils peuvent espérer vendre leurs produits personnels aux fanatiques de la nouveauté, notamment s’ils ont la réputation de ne proposer que des iris de qualité. Les producteurs historiques, lorsque jusqu’à présent ils n’étaient pas, ou plus, obtenteurs ont bien compris qu’il leur fallait offrir des variétés maison pour conserver la clientèle des collectionneurs. Ils se sont donc mis à l’hybridation et commencent à enregistrer leurs premiers cultivars.

Le monde des iris est confronté aux mêmes difficultés que le monde tout court. Il s’est heurté aux changements suscités par la révolution Internet et s’y est plus ou moins bien adapté. Espérons que les acteurs français de ce monde y trouveront chacun leur place.

13.12.13

OU SONT LES DAMES D’ANTAN ?

Au cours de ce que l’on peut appeler la période classique de l’iridophilie, de nombreuses obtentrices ont connu la célébrité pour le progrès que représentaient leurs obtentions. Continuons de leur rendre hommage et de montrer la qualité de leur travail. 

 IV. Loletta POWELL 

Voici une femme originaire de Caroline, qui, sans faire beaucoup de bruit, a suivi son petit bonhomme de chemin dans un monde où les hommes étaient majoritaires. Ses iris, classiques mais robustes, ont fait le bonheur de ceux qui les ont acheté et se sont répandu en Amérique mais aussi en Europe, ce qui n’est pas une petite réussite pour une obtentrice seulement semi-professionnelle.

Quatre de ses obtentions :

· ‘Attention Carolina’ (1980) 


· ‘Carolina Gold’ (1970) 


· ‘Conversation Piece’ (1973) 


· ‘Strawberry Sensation’ (1978)

LES NOUVEAUX CONCURRENTS

Le marché des iris en France, mais aussi en Europe, a subi de profondes modifications au cours des dernières années. Il y a encore dix ans, une poignée de producteurs se partageait la clientèle. Chacun avait sa spécificité, mais pour qui voulait se procurer des iris de qualité il fallait s’adresser à eux. Maintenant les marchands d’iris sont plus d’une dizaine. Comment cette inflation a-t-elle pu avoir lieu en si peu de temps ? C’est ce à quoi j’ai réfléchi et je vais donner ici mon opinion personnelle sur le sujet.

Au moment où les quatre « grands » se partageaient le marché, les collectionneurs d’iris se montraient d’une discrétion remarquable. C’est à peine si quelques-uns s’étaient fait connaître au travers de la SFIB et des services que cette association mettait à leur disposition. Mais la SFIB a essayé de structurer ce microcosme et a, à maintes reprises, insisté pour que ses membres se lancent dans l’hybridation, en démontrant combien cette opération était facile et amusante. Elle a également expliqué pourquoi il était important de faire enregistrer ses cultivars et comment il fallait le faire. Elle a été écoutée : plusieurs de ses membres, parmi les moins âgés, se sont risqués à hybrider, et peu à peu on a vu le nombre des enregistrements s’accroître.

Les plantes en question n’étaient pas, au début, d’une qualité remarquable, mais bientôt leurs obtenteurs se sont rendu compte de leurs lacunes et de leurs erreurs, et ils ont progressé très vite. Les producteurs ayant pignon sur rue ont considéré avec une certaine indifférence le travail de ces gens qui prétendaient faire aussi bien que leurs fournisseurs attitrés. Ils n’ont pas acheté les variétés françaises nouvelles.

 Mais c’est plutôt frustrant, quand on a obtenu un bel iris, de savoir qu’il ne quittera jamais son jardin d’origine. Comment faire pour en faire profiter les autres amateurs ? Au même instant un nombre croissant de personnes s’est mis à pratiquer l’informatique, et les échanges par e-mail ont rapidement explosé, avec l’apparition de blogs et de sites peu coûteux. Cette prolifération a ouvert de nouveaux horizons aux collectionneurs-obtenteurs : il leur devenait possible de faire connaître leur travail à tous ceux que cela pouvait intéresser ; les échanges entre correspondants se sont alors multipliés.

 Que faisaient les entreprises historiques pendant ce temps ? Elles ont continué leur chemin, proposant à leur clientèle soit leurs propres obtentions, quand elles étaient aussi obtenteurs, soit des variétés américaines ou australiennes, excellentes pour la plupart et sans mauvaises surprises ni pour le producteur ni pour l’acheteur. Certes elles ont commencé à apercevoir un certain effritement de leurs ventes, mais elles pouvaient mettre cela sur le compte de la crise ou celui d’un tassement passager. Il est probable qu’elles n’aient pas senti venir le danger.

Les producteurs amateurs ont été encouragés par le succès de leurs ventes par Internet. Ils se sont enhardis et ont ouvert leurs jardins aux amateurs de fleurs de leur secteur. Ceux-ci, informés dans la presse locale, sur les réseaux sociaux en plein essor et par le bouche-à-oreille, ont afflué à ces journées portes ouvertes où ils pouvaient voir en fleur les plantes qu’ils allaient acheter à un prix très avantageux. Cet engouement a donné un nouveau courage aux obtenteurs-amateurs. Ils ont créé des sites Internet, publié des catalogues. Ils ont ajouté des variétés étrangères à leur offre et, bref, sont devenus de nouveaux commerçants.

C’est à ce moment que les entrepreneurs historiques ont commencé à s’inquiéter. La SFIB organisait des commandes groupées auprès de fournisseurs étrangers, facilitant la mise en vente en France de variétés originales qu’eux-mêmes hésitaient à acquérir pour les mettre à leurs catalogues. D’ailleurs ils se sont aperçu qu’ils allaient forcément avoir une longueur de retard sur leurs nouveaux concurrents car ces derniers, vendant chaque variété en tout petit nombre, peuvent très vite les proposer aux clients, alors que les « grands » sont obligés d’attendre d’avoir un stock conséquent pour faire de même. En ce domaine, perdre deux ou trois ans est rédhibitoire. Ils ont donc tenté de réagir. Les plus solides ont développé leurs ventes à l’étranger, comptant sur leur notoriété et leur réputation d'excellence pour s’assurer une nouvelle clientèle. D’autres ont essayé de rattraper le temps perdu en proposant de très belles variétés « made in France », en participant aux commandes groupées de la SFIB ou en se lançant à leur tour dans l’hybridation qu’ils avaient négligée ou oubliée depuis longtemps. Ils ont enfin entrepris de se diversifier en se mettant à vendre de plus en plus d’autres produits que les iris.

La situation à laquelle ils sont confrontés les met dans l’embarras. Ils peuvent sûrement regretter de n’avoir pas accordé plus de foi aux produits des hybrideurs français auxquels ils ont, en quelque sorte, laissé la bride sur le cou pour devenir leurs concurrents. Ils ont aussi manqué d’à-propos en ne croyant pas à l’évolution vers le meilleur des productions européennes. Mais, même en ouvrant leurs catalogues à ces deux sources de renouvellement, auraient-ils pu maîtriser l’apparition de leurs mini-concurrents ? Cela n’est pas sûr, parce que la révolution informatique a considérablement facilité cette concurrence et, dans un marché de niche comme celui des iris, créé les meilleures conditions pour cet éparpillement.

Cela dit, personne n'a intérêt à voir souffrir les vieilles maisons. Elles touchent un grand nombre d’acheteurs qui ne sont pas forcément des collectionneurs auxquels elles assurent un service de premier choix, et en ce sens elles servent grandement la cause des iris. Souhaitons-leur de trouver une parade astucieuse à la concurrence à laquelle elles sont confrontées, et sachons qu’en ce domaine comme dans tant d’autres toutes les « start-up » n’auront qu’un vie de courte durée et que, de toute manière, elles auront à pérenniser leur entreprise.

Illustrations : 

Quatre variétés françaises obtenues par des non-professionnels :

· ‘Boutefeu’ (Jacob, 2012) 


· ‘Cap vers le Large’ (Chapelle, 2011) 


· ‘Damgan’ (Madoré, 2007) 


· ‘Nevado del Ruiz’ (Laporte, 2006)

5.12.13

OU SONT LES DAMES D’ANTAN ?

Au cours de ce que l’on peut appeler la période classique de l’iridophilie, de nombreuses obtentrices ont connu la célébrité pour le progrès que représentaient leurs obtentions. Aujourd’hui : 

III. Luella NOYD 

Ce fut une femme d’affaire que Luella Noyd ! Elle dirigea avec autorité sa pépinière et, en plus de créer des iris qui ont fait le tour du monde, elle a saisi l’opportunité de commercialiser le fameux ‘Debby Rairdon’ dont elle racheta tous les droits à Mme Kuntz, ce qui contribua largement à sa réussite professionnelle. Voici quatre exemples de son savoir-faire.


· ‘Blushing Beauty’ (1964) 


 · ‘Fluted Lime’ (1966) 


· ‘Pride of Ireland’ (1971) 


· ‘Wenatchee Skies’ (1963)

ECHOS DU MONDE DES IRIS

Renversement de situation 

Par hasard j’ai remarqué les deux photos suivantes :


















Ces deux iris ne sont-ils pas pratiquement l’inverse l’un de l’autre ?

‘Ballerina Queen’ (Blyth, 2007) a pour pedigree (Fashionista sib X Mango Daiquiri sib) ; ‘Role Reversal’ (Ghio, 2009) vient de (((Suspicion x Fogbound) x Crystal Gazer) X inconnu). Deux origines bien différentes, mais est-ce surprenant ?…

***

 Une Américaine à Hambourg

Jennifer Dreyer, fille de l’obtenteur et pépiniériste américain Bob Van Liere a ouvert récemment une pépinière à Hambourg, en Allemagne. Elle est interviewée dans la dernière livraison de « Irises », la revue de l’AIS. La lecture de cette interview ne peut qu’étonner un iridophile européen. En effet la jeune femme y avoue son peu de connaissance des iris et de leur monde et montre un curieux mépris pour les iridophiles allemands chez qui elle ne voit que des personnes âgées. Elle reconnaît n’avoir aucun contact avec la GDS (dont un rameau est dédié aux iris) et, surtout, ne propose dans sa collection aucune variété originaire d’Allemagne, alors qu’elle présente des iris français et italiens. Je trouve que cela n’est pas très aimable pour ses néo-compatriotes et qu’elle se prive, par ignorance sans doute, d’une source importante d’approvisionnement en plantes de qualité. Il y a beaucoup de variétés allemandes qui valent bien certaines variétés américaines qu’elle commercialise.

LES PETITS SUISSES (fleurs du mois)

Le jeu de mot est facile, puisque je veux parler un moment des variétés obtenues par Gaby Martignier, responsable du jardin d’iris de Vullierens en Suisse, dans les années 1970/80. Je m’en suis fait envie, à titre de curiosité, et j'en ai commandé quelques-unes. Après les tribulations et déménagements qui ont accompagné mon arrivée à la retraite et mon installation définitive là où je demeure maintenant, il ne me reste qu’une seule de ces variétés…

Le paquet initial comprenait : 

- ‘Miss Dorine’ (1977), rouge bordeaux avec un gros spot blanc sous les barbes ;
- ‘Neptune’ (1979), une variété de couleur bronze ;
- ‘Etoile’ (1979), jaune moyen ;
- ‘Miss Linda’ (1980), un grand jaune d’or.

Aucune de ces variétés n’a été officiellement enregistrée (seuls ‘Grace-Patricia’ (1985) et ‘Mogambo’ (1985), postérieurs, l’ont été). Est-ce une négligence ou une erreur ? Peut-être pas, car à part ‘Miss Dorine’, ces iris n’atteignent pas le seuil de modernité justifiant une inscription dans les registres officiels du dernier quart du XXeme siècle. Ce qui est dommage, c’est de ne pas connaître le pedigree de ces cultivars. J’ai le souvenir de plantes robustes, vigoureuses, mais dont les fleurs présentaient déjà à l’époque l’aspect « old fashion » des variétés beaucoup plus anciennes. On peut juger de cette appréciation à l’examen des photos ci-jointes. Accessoirement, j’ai fait plusieurs fois ce constat : les variétés obtenues par les responsables de jardins d’iris ne sont pas à la hauteur des variétés présentées par ailleurs dans ces jardins : on peut être un excellent administrateur, un botaniste reconnu, sans pour autant être aussi brillant en tant qu’hybrideur.

Quoi qu’il en soit je ne regrette pas mon achat suisse de 1985. Il a contribué à ma connaissance du monde des iris et à mon jugement des iris eux-même. Je n’en conserve plus que ‘Etoile’, qui refleurit chaque printemps avec une fidélité admirable, et me rappelle que les iris n’ont pas toujours eu des pétales gaufrés, des sépales rigides et horizontaux et tout plein de gracieuses ondulations. Au demeurant les fleurs simples, « tailored » comme on dit, ne manquent pas de charme sur une variété ancienne. Sans doute faut-il classer ces iris made in Switzerland parmi ces variétés d’avant-guerre, même si leur date de naissance est largement postérieure.

Illustrations : 


- ‘Miss Dorine’ 


- ‘Neptune’ 


- ‘Etoile’ 


- ‘Jevilar’ (M. Blazek, 1974 NR)

DESCRIPTIONS

Deux discussions récentes m’amènent réfléchir sur la fiabilité des descriptions données par les obtenteurs lorsqu’ils font enregistrer une variété.

 Le premier cas concerne une variété récente, ‘Losiny Ostrov’ (Olga Riabykh, 2010). La description donnée est : « S. light red-brown; style arms same, darker midrib; F. red brown, light red-brown rim, white haft marked brown; beards white base, hairs tipped subdued white; ruffled. ». Que l’on peut traduire par : « Pétales brun-rouge clair ; bras des styles identiques, côtes plus sombres ; sépales brun-rouge, bords brun-rouge clair, épaules blanches marquées de brun ; barbe à base blanche, pointes presque blanches ; ondulé. » Le différend tient à la couleur des barbes car la photo fournie par l’obtentrice elle-même laisse à penser que ces barbes sont plutôt de couleur orangée. Qui a tort, qui a raison ? Le meilleur juge serait l’œil de celui qui pourrait examiner la fleur, mais à défaut il faut se contenter d’un point d’interrogation.

En particulier pour les barbes, l’apparence immédiate est dominée par la couleur des pointes des poils, alors que l’obtenteur méticuleux va indiquer en premier celle de leur base. La photo ne saisit pas cette subtilité et peut sembler trompeuse. J’en ai fait maintes fois le constat.

Mais tous les descripteurs ne sont pas d’une précision perfectionniste. Bien des fois ils se contentent de donner les traits généraux. Tel est le cas de la description de ‘Casque d’Or’ (Cayeux, 1957) qui fait l’objet d’une autre discussion sur le forum de « Iris & Bulbeuses ». On ne peut pas être plus concis que celle donnée par la famille Cayeux : « Light-brown self. », autrement dit « unicolore brun clair ». Il semble qu’elle ne corresponde pas à l’apparence de la fleur de la plante que les collectionneurs appellent ‘Casque d’Or ‘, laquelle est plus jaune doré que brun. Une telle concision ne facilite pas l’identification d’une plante qui aurait perdu son nom ! Ce minimalisme est chose courante dans les descriptions des anciennes variétés : il faut attendre les enregistrements postérieurs aux années 1950 pour trouver des descriptions précises, voire pointilleuses.

Il va de soit que trois ou quatre mots ne suffisent pas à donner une image suffisante d’une fleur, c’est pourquoi les détails modernes sont beaucoup plus satisfaisants. Quand ils ne tombent pas dans charabia abscons comme on en rencontre parfois, avec des références à la couleur d’une fleur improbable ou des indications millimétriques sur la largeur des liserés ! (1)

 Sur le même forum de « Iris & Bulbeuses » une question a été posée concernant un code étrange placé dans la description d’une variété ancienne.

Il s’agit d’une application de la « Iris Color Classification » conçue en 1939 par l’AIS pour tenter de réduire la description des couleurs à quelques codes simples. Elle apparaît dans le tableau ci-dessous dans sa version de 1949 (simplifiée par rapport à la précédente).

 OFFICIAL COLOR CLASSIFICATION, 1949 REVISION
COLOR PATTERN
predominant and governing color     self     plicata      bitone     bicolor     neglecta     blend

white                                                W1      W2         W3         W4          W5          W6
violet                                                 V1       V2          V3          V4           V5           V6
blue                                                   B1        B2          B3          B4           B5           B6
green                                                 G1       G2          G3          G4           G5          G6
yellow                                                Y1       Y2          Y3          Y4           Y5          Y6
orange                                               O1       O2          O3          O4          O5          O6
red                                                     R1       R2          R3           R4           R5          R6
black (niger)                                       N1      N2          N3          N4           N5         N6

The background color of the standards determine the color classification, except in the case of plicatas or fancies, when the ground color is taken to be the predominant and governing color. Two color symbols used together designate a mixed color effect. Letters placed after the color symbol mean: P, pale, L, light, F, full, D, dark, DD, very dark.             



Elle consiste donc en 5 couleurs prédominantes part de 8 "couleurs prédominantes" qui sont :
Blanc, désigné W
Violet            " V
Bleu              " B
Vert              " G
Jaune            " Y
Orange         " O
Rouge           " R
Noir             " N
et 6 modèles :
 Self désigné   1
Plicata          " 2
Bitone          " 3
Bicolor         " 4
Neglecta       " 5
Blend           " 6

On associe la lettre d'une couleur prédominante et le chiffre d'un modèle. La couleur de base des pétales est déclarée comme étant la couleur prédominante. Deux symboles de couleur utilisés ensemble désignent un mélange de couleur; par ex. VB pour bleu violacé.

La lettre placée derrière le chiffre désignant le modèle signifie :
P= pâle
L= léger (light)
D= profond (deep)
F= total -ou très profond- (full).

Cette codification a été abandonnée dans les années 1960 car son côté schématique s’est révélé inadapté. Tout ceci résume bien la difficulté qu’il y a à vouloir modéliser quelque chose qui relève, avant tout, de la sensibilité du descripteur. La situation actuelle, où chacun procède comme il l’entend, est évidemment plus libérale mais elle se révèle, en fin de compte préférable aux descriptions schématisées. Simplement, comme en toute chose il faut savoir garder la mesure…

(1) Ainsi en est-il de la description donnée par K. Keppel – qui, en l’occurrence, pèche par l'utilisation d'un vocabulaire excessivement spécialisé - pour sa variété ‘Ringtone’ (2010) : 
« S. and style arms golden glow (M&P9-L-6) to goldenrod (10-L-5), faint peach blush more pronounced at base ; F.same, «3/8’’ to ½’’marginal band of kazak (7-L-9) to algerian red (7-L-5) ; beards solid indian orange (1/2- D-12). » 

Qui en effet, en dehors, peut-être, des possesseurs de la charte M&P saura distinguer le rouge kazakh du rouge algérien ?

 Illustrations : 


· ‘Losiny Ostrov’ 


· ‘Casque d’Or’ 


· ‘Ringtone’