22.7.09




LA COLLECTION DES MÉDAILLÉS

Vainqueurs de la Dykes Medal :
1950 = ‘Blue Rhythm’ (Agnes Whiting 1945). L’un des iris les plus populaires au monde
1951 = ‘Cherie’ (David Hall 1948). Premier iris rose à atteindre ce rang.


PAQUET D’AMOUR ET CONTROVERSE


Plusieurs fois j’ai dit que je considérais les iris BB comme une catégorie créée uniquement afin de commercialiser des TB qui n’auraient pas atteint la hauteur minimale de 70 cm. Peut-être vais-je devoir réviser mon jugement à cause du travail de Paul Black et de ce qu’il a fait en créant ‘Dolce’ (2002), cet hybride entre grand iris, médians et l’espèce I. aphylla. On arrive à une situation où l’on ne sait plus qui est quoi : IB ? BB ? Autre chose ? Un ajustement des catégories va devenir nécessaire et Paul Black lui-même le préconise.

Avec ‘Bundle of Love’, on arrive à un descendant direct de ‘Dolce’ qui a la taille d’un BB (65 cm), les fleurs d’un IB, et la floribondité d’un TB. Il est présentement classé parmi les BB, mais cela prête à discussion. Cela n’empêche pas cet iris d’être particulièrement intéressant. Au contraire. Voici ce que Paul Black écrit à son propos dans son catalogue 2009 : « Si j’avais à choisir un seul iris à acheter cette année, ce serait ‘Bundle of Love’. Il approche de très près l’idée que je me fais d’un iris de jardin parfait, et à juger par ses descendants il est en train de devenir un parent important et productif. (…) Les pétales rose pêche sont entourés d’une étroite bande or. Les styles sont d’un rose pêche prononcé. Les sépales sont blancs autour des barbes mandarine, mêlés d’ivoire et un peu plus sombres vers les bords. Les épaules sont pêche et un fin liseré or encercle les sépales, larges et arrondis. Noter encore les veines de texture des sépales, jaune-vert. Tout est parfaitement proportionné pour un iris de bordure. A remarquer particulièrement le feuillage, bas mais raffiné, qui se situe nettement en dessous des fleurs. En tant que parent il a donné des semis qui vont de petits BB ou IB jusqu’à de beaucoup plus grands ainsi que quelques TB. Au jardin, ‘Bundle of Love’ permet aux autres couleurs ou modèles de s’exprimer grâce à son ton pastel. Sa vigueur l’amène à développer des touffes puissantes avec des tiges portant de 10 à 14 boutons. (…) » Cela donne effectivement envie d’enrichir sa collection avec une pareille petite merveille.

Il est à croire que la description de ce « paquet d’amour » n’est pas exagérée puisqu’il vient d’être reconnu comme le meilleur espoir de l’année, toutes catégories confondues, par les juges de l’AIS. En tous cas c’est la première fois qu’un iris inclassable s’adjuge une récompense majeure dès son entrée sur le marché. Il est vraisemblable qu’une variété prometteuse comme celle-là va faire un cursus glorieux parmi les candidats aux plus hautes récompenses. Mais si c’est le cas, les discussions pour savoir quelle médaille lui attribuer vont animer le petit monde des iris dans les années à venir !























































AIS AWARDS 2009

En complément des informations données la semaine dernière, voici les photos de principaux iris récompensés.

DM = ‘Golden Panther’ (Tasco 2000). Ne l’a emporté qu’avec très peu de votes (mais plus que ses concurrents !) la lutte a été chaude !
Les suivants sont ‘Happenstance’ (Keppel), ‘Starring’ (Ghio) et ‘Daughter of Stars’ (Spoon).

Wister Medal (meilleurs grand iris) = Quatre variétés distinguées : c’est la première fois que cette médaille est attribuée à plusieurs variétés la même année :
‘Drama Queen’ (Keppel 2003)
‘Italian Ice’ (Cadd 2000)
‘Paul Black’ (Johnson 2003)
‘Slovak Prince’ (Mego 2002)
Les suivants sont : ‘Wintry Sky’ (Keppel) et ‘Crackling Caldera’ (Aitken).

Knowlton Medal (meilleur iris de bordure) =
‘Border Control’ (Johnson 2000)

H & J Sass Medal (meilleur iris intermédiaire) =
‘Devil May Care’ (Black 2000)

Williamson-White Medal (meilleur iris de table –MTB-) =
‘Somewhat Quirky’ (Probst 97)

Cook-Douglas Medal (meilleur iris nain –SDB-) =
‘Puddy Tat’ (Black 2002)

Carpane-Welch Medal (meilleur iris nain –MDB-) =
‘Tiny Tan’ (Aitken 2002)

Walther Cup (meileur espoir) =
‘Bundle of Love’ BB (Black 2007) voir la chronique ci-dessous.

17.7.09




LA COLLECTION DES MÉDAILLÉS

DM 1948 : victoire de ‘Ola Kala’, un iris qui a fait le tour du monde.
DM 1949 : au tour de ‘Helen McGregor’, un bleu pâle à l’origine d’une belle famille.
ECHOS DU MONDE DES IRIS

Un beau succès

Le concours d’iris de Munich a couronné cette année une variété française, ‘Clair de Lune’. Cet iris est une obtention de Michelle Bersillon qui sera enregistrée cette année. Il s’agit d’un « self » blanc issu de (Sapphire Hills X Surf Rider). Ce succès a été acquis devant deux variétés Schreiner : ‘Rhinelander’ (2006) et ‘High Chaparral’ (2006). Triompher de tels concurrents en dit long sur la qualité de ce ‘Clair de Lune’ dont il faut espérer qu’il soit bientôt commercialisé chez nous.

Toutes nos félicitations à l’obtentrice.

L’année Mid-America

Voici ce que Loïc Tasquier annonce sur « Iris-photos » :
« 2009 a été une année formidable pour Mid-America Garden : ils viennent de remporter leur 3eme Cook-Douglas Medal, leur seconde Knowlton Medal, leurs premières Sass Medal, Randolph-Perry et Wister ! Ils ont donc gagné dans les catégories TB, BB, IB, SDB et Spec-X.
Paul Black a été récompensé pour son SDB ‘Puddy Tat’ (02) ( après ‘Chubby Cheeks’ en 1991 et ‘Pumpin'Iron’ en 1996), son IB ‘Devil May Care’ (00) et son Spec-X ‘Dolce’ (03). Ton Johnson pour son TB ‘Paul Black’ (03) et son BB ‘Border Control’ (00).
Quelle année ! Félicitations !
Je rêve d’une DM, un jour, pour ‘Blue Beard Ghost’ (06). Sera-ce le premier SDB à l’obtenir ? »

Loïc a oublié de citer ‘Bundle of Love’ BB (Black 07) Walther Cup ( meilleur espoir toutes categories confondues). Une chronique sera consacrée incessamment à cette variété.

Rien à ajouter, sinon que cela fait quelques années que l’on voit progresser remarquablement le travail de Paul Black et de Tom Johnson, et que, par conséquent, ces récompenses n’ont rien d’inattendu.

Autres récompenses

La journée du 14 juillet a été fertile en bonnes nouvelles avec la publication de la liste des récompenses de l’AIS pour 2009.
Il a été question ci-dessus des performances de P. Black et T. Johnson. Voici les autres résultats importants :

DYKES MEDAL
‘Golden Panther’ (Rick Tasco 2000)

JOHN C. WISTER MEDAL (TB) (4 médaillés !)’Paul Black’ (Thomas Johnson 2003)’Drama Queen’ (Keith Keppel 2003)’Italian Ice’ (Anna & David Cadd 2000)’Slovak Prince’ (Anton Mego 2002)

WILLIAMSON-WHITE MEDAL (MTB)’Somewhat Quirky’ (Riley Probst 97)

CAPARNE-WELCH MEDAL (MDB)’Tiny Titan’ (J. T. Aitken 2002)

Des commentaires étendus interviendront la semaine prochaine, avec un maximum de photos. La seule observation urgente consiste à admirer la performance de ‘Slovak Prince’ qui est la première variété européenne à atteindre ce niveau dans la compétition.















LES ROSES DE GATTY

Il fut un temps où l’on parlait des iris roses de Gatty comme on pouvait parler du pain de Poilane ou des tailleurs de Chanel. Un must. Quelque chose de parfait. Ils sont un peu oubliés aujourd’hui, parce que le monde des iris, à l’instar de notre univers, est en constante expansion. Sauf rares exceptions, il n’y a jamais loin des marches des podiums à la déchéance des tas de compost ! Cependant les vrais amoureux des iris conservent un peu de tendresse pour ces fleurs pour lesquelles ils ont parfois dépensé de fortes sommes et qu’ils ont aussi vivement aimées.

Alors passons un instant par la case « nostalgie » et rendons visite à ces roses qui ont fait l’admiration des amateurs pendant plus de vingt ans.

Originaire de la côte Est, Joë Gatty prit, un jour de 1967, la décision de faire le grand saut et de traverser les Etats-Unis de part an part pour trouver une terre où ses projets d’hybridation auraient les meilleures conditions pour se réaliser. Il y transporta ses graines et ses meilleurs jeunes plants, et la nouvelle vie commença, avec, tout de suite, des iris roses de grande classe venus de l’Est. ‘Princess’ (72) et ‘Liz’ (72). Le ton était donné, Joe Gatty allait sélectionner de préférence des iris dans les couleurs tendres et surtout des roses. Il est probable que cette couleur correspondait à sa sensibilité et à la délicatesse de son caractère.

Les fameux roses de Gatty, couvrent toute la gamme de cette couleur, depuis le rose pur de ‘Princess’ (72) jusqu’au rose pourpré de ‘Presence’ (87), en passant par toutes les nuances : rose chair – ‘Liz’ (72), rose tendre – ‘Bonbon’ (77), rose dragée – ‘Playgirl’ (77), rose pêche – ‘Femme Fatale’ (83), rose layette – ‘Paradise’ (80), rose accompagné de blanc – ‘Delicate Balance’ (89), rose pâle – ‘Soft Caress’ (91), rose corail – ‘Satin Siren (87), rose vif – ‘Coming Up Roses’ (92). Et n’oublions pas les iris intermédiaires et lilliputs parmi lesquels on peut citer ‘Voilà’ (72), en rose orchidée ou ‘Tchin-Tchin’ (88), en rose tendre. Près de 40% des enregistrements de Gatty concernent des iris roses.

L’apparition de chacun de ces iris était un événement attendu. On se demandait quelle teinte allait avoir le prochain. Certains, les plus nombreux, ont immédiatement rencontré un succès commercial, assuré par le soutien du catalogue de Keith Keppel avec qui Gatty a toujours partagé une amitié sans faille, d’autres, inexplicablement, sont restés pratiquement inconnus malgré des qualités identiques. Qui a entendu parler de ‘Pleasure Faire’ (73), ‘Movie Queen’, (82) ‘Heatheridge’ (85) ou ‘Floral Chiffon’ (90) ?

Tout ce beau monde résulte d’un très petit nombre d’ancêtres, le travail de Gatty a été une parfaite illustration de ce que l’on peut obtenir par le procédé de l’inbreeding. Tout est parti d’un croisement banal : (Ruffled Valentine X Rippling Waters). Le premier, ‘Ruffled Valentine’ (Brizendine 61) est un iris blanc issu de roses, dont le célèbre ‘May Hall’ (Hall 52) ; le second, Rippling Waters (Fay 61 – DM 66), mauve lilas, est une des bases de l’iridophilie moderne. ‘Princess’ (72) et son frère de semis ‘Liz’ (72) proviennent de ce croisement. Une autre base est le fameux ‘Pink Sleigh’ (Rudolph 70). A partir de cela, la mécanique lancée a donné naissance à toute la série : ‘Bonbon’ est de (Princess X Pink Sleigh), ‘Playgirl’ est de (Liz X Pink Sleigh) et ‘Satin Gown’ de (Pink Sleigh X Liz). Continuons : le pedigree de ‘Paradise’ est (Playgirl X May Dancer x Princess)), celui de ‘Femme Fatale’ est (Paradise X Pretty Lady), etc.

Les successeurs de Joë Gatty ont continué le mouvement, rajoutant ici et là une pincée de modernité mais conservant scrupuleusement la souche Gatty. Exemples : ‘Perfect Gift’ (Keppel 96), rose dragée, = (Social Event X Femme Fatale) ; ‘Happenstance’ et ‘Vienna Waltz’ (Keppel 2000), frères de semis, = ((Femme Fatale x ((Nefertiti x Playgirl)x Presence)) X Social Event)… C’est une preuve que la cuisine était bonne puisque les grands chefs comme Keppel l’ont largement utilisée.

Les roses de Gatty ont marqué leur époque. Ils ont fait rêver toute une génération d’amateurs d’iris, et si on leur préfère maintenant des variétés plus modernes, ils restent dans la mémoire des anciens, autant qu’ils se trouvent indirectement dans les croisements que les jeunes hybrideurs réalisent de nos jours. Ainsi va la vie des iris, comme va la vie tout court…

11.7.09

ECHOS DU MONDE DES IRIS

La méthode Dotto

Dans la dernière livraison du Bulletin de la Société Italienne des Iris figure la description d’une méthode pour le moins surprenante pour accélérer la germination des graines d’iris. C’est un amateur italien, Tiziano Dotto, qui a eu cette idée originale.

Voici ce qu’il écrit : « A la mi-juillet, quand j’ai récolté les graines d’iris (…) je les dépose dans un verre de vin rouge étendu d’un peu d’eau (1). J’utilise un bon Chianti ou du Merlot. Je les laisse tremper pendant une journée puis je les plante dans un récipient peu profond suffisamment grand néanmoins pour que je puisse y placer toutes les graines d’une même capsule. Je jette le vin. En septembre les premières graines commencent à germer bientôt suivies par toutes les autres. Pendant la saison froide je les garde sur une terrasse ou dans un endroit abrité, contre un mur. Cette méthode présente l’avantage de gagner toute une année et en juin je peut transplanter mes jeunes pousses au jardin « normal » et l’année suivante quelques-unes peuvent même fleurir. »

Voilà une méthode qui devrait avoir du succès en France, où le vin un peu fort ne manque pas ! Elle repose sur le pouvoir de l’alcool éthylique de détruire la protéine qui inhibe la germination, qu’on élimine aussi en laissant quelques semaines dans le réfrigérateur les graines récoltées.

L’année prochaine je tenterai le coup, au moins pour vérifier qu’il ne s’agit pas d’un canular !

(1) Les proportions ne sont pas données…



LA COLLECTION DES MÉDAILLÉS

Ce sera la première victoire d’un Arilbred que celle qui, en 1945, a échu à ‘Elmohr’.
En 1946 la Dykes Medal n’a pas été attribuée (le règlement de l’époque prévoyait qu’il fallait un nombre minimum de point pour l’emporter).
En 1947 elle est revenue à ‘Chivalry’, un bleu légendaire.










Manley OSBORNE

‘Sky Hooks’ est en deuil. Son créateur, Manley Osborne, est décédé en janvier, à 90 ans.

On trouve de tout dans le petit monde des iris, des employés de la Poste, des professeurs de Faculté, des religieux, comme le Père Charles Reckamp, et un certain nombre de militaires. Manley Osborne faisait partie de cette profession : il a fait toute une carrière dans l’US Navy. J’emprunte à Jim Morris, rédactrice de la chronique obituaire le concernant parue dans le dernier bulletin de l’AIS, le détail de sa carrière : « Osborne est né dans le Kentucky en 1918 et a fait ses études à l’académie de Marine d’Annapolis dont il est sorti en 1940 avant de poursuivre sa formation à l’US Naval Postgraduate School. Parallèlement il a obtenu un Master of Science à l’Université de Pennsylvanie. Pendant la deuxième guerre mondiale il a servi sur le Saratoga puis sur le Lexington. Il a pris part à 15 grandes batailles navales et a été décoré pour cela. Pendant la guerre de Corée il était sur le destroyer USS Twining et était du débarquement d’Inchon ainsi que du bombardement de Wonsan. (…) Par la suite il a été affecté à Tokyo au Service des approvisionnements en munitions puis au Service des Essais de missiles avant de rejoindre en Californie la Mission de l’US Navy auprès des industriels fabricants de missiles. » Retraité de la Marine en 1964 avec le grade de Capitaine, il a néanmoins continué de s’occuper de questions aérospatiales jusqu’à son retrait définitif en 1985.

A côté de cela, il a pratiqué l’hybridation d’iris en qualité d’amateur éclairé plutôt que de professionnel et, en fait, n’a enregistré que 18 variétés, dont un AB, les autres étant toutes des TB.

Cette activité parallèle n’a pas été, cependant, celle d’un dilettante ou d’un simple collectionneur pratiquant l’hybridation pour s’amuser. Sa carrière iridistique s’est étendue sur une vingtaine d’année, entre 1970 et 1990, c’est à dire à partir de son installation – définitive – à Sunnyvale, en Californie. Pour un obtenteur aussi confidentiel, il est remarquable de constater que beaucoup de ses variétés ont obtenu un succès commercial international de grande ampleur, sans compter la reconnaissance de ses pairs et l’abondante utilisation de ses iris par les hybrideurs du monde entier. Ceci en dit long sur la qualité du travail du Capitaine Osborne.

Il fait cependant partie de ces obtenteurs talentueux qui, malgré une présence constante de leurs variétés dans de nombreux jardins, ne recueillent pas les lauriers qui pourraient leur revenir si les juges, trop souvent aveuglés par les noms déjà célèbres et effrayés par les nouveautés, n’avaient pas oublié de les récompenser. Un seul de ses iris a eu une carrière des honneurs à peu près digne de sa valeur. Il s’agit du fameux ‘Sky Hooks’ (80) qui a atteint l’Award of Merit en 1986. C’est bien peu. Mais si de ce côté-là Osborne a été injustement négligé, il a pu s’enorgueillir du triomphe que les hybrideurs ont fait à ses iris : sur ses 17 enregistrements, 9 ont eu une descendance officielle, toujours importante et souvent glorieuse. Incontestablement ‘Sky Hooks’ fait partie de petit cercle des variétés ayant près de 200 descendants au premier rang enregistrés. Parmi ceux-ci, trois Médailles de Dykes : ‘Conjuration’ (89 – DM 98), ‘Thornbird’ (89 – DM 97) et ‘Mesmerizer’ (91 – DM 2002). Mais aussi ‘Twice Thrilling’ (84) en a plus de 30, ‘Moon Mistress’ (76) plus de 20, ‘Special Feature’ (88) et ‘Dauber’s Delight’ (85) – parent de ‘Bye Bye Blues’ (Sutton 96) vainqueur de Franciris 2005 - plus de 10. Et il faut aussi citer ‘Battle Star’ (79), ‘Dream a Little’ (85), ‘Gladys Austin’ (85), ‘Classy Chassy’ (90) etc.

Manley Osborne avait choisi d’emboîter le pas à celui qui fut son maître en matière d’hybridation, Lloyd Austin. Il a produit des iris à éperons et, avec Monty Byers, fait partie des précurseurs en ce domaine et des promoteurs d’un modèle qui s’est peu à peu imposé à travers le monde. Mais c’est cette originalité, comme toujours dure à accepter de la part des traditionalistes, qui lui a valu sa relative marginalisation.

Maintenant Manley Osborne est reconnu comme un des grands hybrideurs d’iris. Il restera longtemps dans la mémoire des amateurs partout dans le monde où ses iris sont cultivés.

4.7.09




ECHOS DU MONDE DES IRIS

Bryan Dodsworth

Le monde britannique des iris est en deuil : Bryan Dodsworth est mort vendredi dernier d’une crise cardiaque.

Ce fut l’hybrideur le plus fécond et le plus fêté de la seconde moitié du XXeme siècle, en Grande Bretagne. Il a d’ailleurs obtenu douze fois la DM britannique ! Certes, cette distinction, faute de combattants, n’a pas l’aura de sa consœur américaine, mais les juges anglais ont assez de rigueur pour ne l’accorder que lorsqu’une variété la mérite vraiment, et ils le font avec une complète ouverture d’esprit, récompensant toutes les catégories d’iris.

C’est dans celle des TB que Bryan Dodsworth s’est distingué. Son grand mauve ‘Annabel Jane’ (74) l’a fait remarquer dès 1977, et fut sa première BDM. Ce fut le tour en 80 de ‘Kildonan’ (76) un autre grand bleu. Puis vint ‘Jill Rosalind’ (76) qui eu la BDM en 81 ; en 83 le mauve lilas ‘Dovedale’ (81) fut à son tour couronné ; suivi de ‘Bewick Swan’ (80) en 1985, puis de ‘Roman Emperor’ (81) en 1986, ‘Buckden Pike’ (85) en 1987, ‘Wensleydale’ (85) en 1988, ‘High Peak’ (87) en 1990, ‘Wharfedale’ (89) en 1991, ‘Whooper Swan’ (95) en 1997, et enfin ‘Darleydale’ (98) en 2001.

A Florence, il s’est distingué en 1999 grâce au rose ‘Sherwood Dawn’ (99) qui a obtenu le troisième prix.

Une chronique obituaire plus détaillée sera publiée ici dans quelques semaines.






LA FLEUR DU MOIS






La fleur du mois de juillet 2009 a pour nom ‘Orange Empire’.

ORANGE EMPIRE’

L’amateur néo-zélandais Terry Johnson, sur son blog http://historiciris.blogspot.com/ fait la description suivante de la variété 'Orange Empire' : « C’est l’un des plus intéressants iris orange des années 70. Il a été fréquemment utilise comme géniteur au cours des années 80. Trente six ans se sont écoulés depuis son enregistrement et il est toujours aussi joli à regarder. C’est une variété fertile dans les deux sens. »

Les bons iris orange ne sont pas légion, surtout parmi les variétés antérieures aux années 90. ‘Orange Empire’ fait effectivement partie de ces iris qui sortent du lot, avec le fameux ‘Son of Star’ (Plough 69) qui est un des tout premiers à présenter un coloris franc et bien uniforme, sur une fleur agréable à l’œil.

Bernard Hamner, le créateur de ‘Orange Empire’ faisait partie de ces hybrideurs nés dans les années 10 qui ont eu une particulière importance dans la création des iris que nous connaissons maintenant – voyez ce qui se passe avec ‘Wild Jasmine (83) et ‘Cinnamon Sun’ (93). Pourtant ce personnage discret n’est jamais apparu au premier plan… Question de tempérament.

Parmi les plus beaux descendants de ‘Orange Empire’ on peut citer ‘Hindenburg’ (Maryott 83), ‘Orange Celebritry’ (Niswonger 84) ou ‘Popularity’ (Keppel 89), et, à la génération suivante ‘Avalon Sunset’ (Schreiner 94) ou ‘Oktoberfest’ (Maryott 87).

AIS Checklist 1979 :
ORANGE EMPIRE (B. Hamner, R. 1973). Sdlg. 69-40. TB 37" (94 cm) M-L. Brilliant orange self; saturn red beard; ruffled. (Sexton sdlg. x China Gate) X (China Gate sdlg. x Ole)., Hamner 1974.



LA COLLECTION DES MÉDAILLÉS

La guerre n’a aucun effet sur les compétitions américaines d’iris. Les années 43 et 44 voient la victoire de deux iris fameux : ‘Prairie Sunset’ en 43 et ‘Spun Gold’ en 44.










SOLITUDE DES NOMBRES PREMIERS

J’ai déjà dit que les hybrideurs, lorsqu’ils sélectionnaient un nouvel iris, étaient des créateurs d’éternité. Leur création peut en effet exister jusqu’à la fin des temps pour peu que la chance de survivre sourie à la nouvelle plante. Mais on peut aussi faire une autre comparaison concernant les iris. Ils sont et resteront uniques. La définition des nombres premiers leur est intégralement applicable : ils ne sont divisibles que par un ou par eux-même.

Lorsqu’une nouvelle variété apparaît, elle peut avoir les mêmes parents que de nombreuses autres, qui sont ses sœurs de semis ou celles issues d’un croisement identique, mais elle ne sera semblable à aucune autre et ne seront semblables à elles que les rejetons de sa multiplication végétative. C’est un phénomène dont on ne doit pas minimiser l’importance et dont il est intéressant de mesurer les conséquences.

Prenons une nouvelle variété, ‘Kir’ (Ruaud 2001) pour ne parler que de quelque chose que je connais bien. C’est un croisement réalisé en 97 de mon vieil iris italien ‘Beghina’, gris, et du célèbre ‘Sky Hooks’. La photo de ‘Beghina’ donne une idée de ce qu’est cette plante, par ailleurs bien bâtie et vigoureuse. Son défaut majeur réside dans son aspect « oldtimer » avec ses tépales plats et d’une substance un peu molle. Il était à craindre d’ailleurs que cet aspect dépassé se retrouve dans ses descendants quelle que soit l’influence de son partenaire. C’est en vérité ce qui s’est produit avec les frères de semis de ‘Kir’, comme celui que j’ai baptisé ‘Fumée sans Feu’ (voir photo), qui ne mérite aucunement d’être sauvegardé autrement que pour son coloris gris-bleu assez remarquable. Les autres frères ont été éliminés sans état d’âme. L’apport de ‘Sky Hooks’ dans le croisement devait être sa présentation contemporaine, ses éperons bleutés et son coloris jaune un peu fumé, à l’origine du choix de cette variété pour obtenir un iris gris. Le résultat n’est pas parfait, notamment pour ce qui est de la couleur, car ‘Kir’ est plus couleur tilleul que gris, mais la plante est convenable, le nombre de boutons, la robustesse de l’ensemble aussi. Un iris tout à fait présentable qui a flatté mon ego et justifié son enregistrement. Le même semis m’avait également donné un petit iris très joli, un BB à l’évidence, par la taille de la plante comme celle des fleurs. J’étais content de cette seconde obtention : un iris blanc très frisé, lacinié même, avec des barbes moutarde originales prolongées d’éperons bleus. Mais ce bel enfant n’a pas vécu plus de deux ans : pour une raison inexpliquée il a brusquement dépéri avant de disparaître sans même que j’aie pu en prendre une photo présentable…

Chacun des produits du croisement ‘Beghina’ X Sky Hooks était, évidemment différent. La majorité des semis avait une teinte grisée, sale, brouillée, plus ou moins bleutée, plus ou moins jaunâtre. A part les trois dont je viens de parler il n’y avait rien de bien et même beaucoup d’horreurs. Mais chacun était unique.

D’où cette réflexion : chaque iris hybride est un iris « premier » ; il n’est semblable à aucun autre et, plus important encore, ne donnera naissance qu’à des cultivars différents de lui et différents entre eux.

L’hybridation présente plusieurs niveaux d’intérêt. La volupté pour l’hybrideur de créer quelque chose est peut-être le côté le plus enthousiasmant de la chose, mais il y en a d’autres. L’effet de surprise produit par l’éclosion de chaque fleur nouvelle provoque une poussée d’adrénaline qui amène certains obtenteurs à passer des heures, voire une nuit entière, à attendre le moment magique où les sépales, brusquement, s’écartent et s’étalent délivrant les pétales qui se déploient en quelques heures. La multiplicité des couleurs, enfin, laisse admiratif et ébaubi devant l’imagination de la nature et l’infinité des combinaisons qu’elle propose.

L’hybrideur dispose d’un pouvoir immense : il provoque l’apparition de phénomènes qui, non seulement deviendront irréversibles et éternels, mais qui, aussi, sans son intervention, ne se produiraient jamais et qui jamais ne se reproduiront exactement dans l’avenir. L’hybride est unique et il assumera à jamais la solitude des nombres premiers.