30.1.15

AU BOULOT !

Un bourdon en plein travail :

AU BON VIEUX TEMPS

La « Historic Iris Préservation Society », dédiées aux variétés qualifiées de « historiques », c'est à dire, selon la terminologie américaine, enregistrées depuis plus de trente ans, publie deux fois l'an un bulletin tout en couleur rempli de remarquables photos de variétés anciennes. C'est de là, essentiellement, que viennent les illustration de ce feuilleton. Pendant quelques semaines nous passerons en revue des variétés peu ou pas du tout connues, classées par famille de coloris 

 Mordoré : Une couleur qu'on ne rencontre que chez les iris et chez les chrysanthèmes. Elle est apparue peu à peu, essentiellement dans la production américaine.


'Prairie Sunset' (H. Sass, 1939) 


'Daybreak' (Kleinsorge, 1946) 


'Coronet' (Hall, 1938) 


'Bronze Bell' (Schreiner, 1957)

LE PARFUM (version 2015)

Par deux fois en quinze ans de blog j'ai abordé la question du parfum des iris. Le sujet m'a été remis en mémoire à la lecture du blog de Jérôme Patard – Le Jardin du Vieux Cerisier – jeune passionné d'iris dont la persévérance et le bon goût doivent être salués, alors qu'on constate souvent que les blogs des iridophiles ne durent que le temps d'un engouement passager. Dans une récente livraison la question du parfum des iris est de nouveau mise en avant. Un des lecteurs du blog a fait remarquer que le parfum d'un iris était important, à son avis, et qu'il mériterait d'être pris en compte lorsqu'on émet un jugement sur une fleur. Mais un autre lecteur s'est montré d'un avis différent :  « (…) le parfum est secondaire, même s'il apporte un petit plus. Dans un jardin la première chose que l'on voit, c'est la fleur ou les fleurs (...) ». Ce à quoi Jérôme a répondu : « (…) le parfum est très instable, selon les moments, et j'ai bien du mal à le décrire (...) ». Voilà donc en quelques mots trois thèmes de réflexion :

Le parfum est important  ;
Ce qui compte avant tout c'est la fleur ;
Le parfum est difficile à décrire.

L'importance du parfum n'a pas été décelée très tôt dans l'histoire des iris. Pendant de très longues années il n'en a même pas été question. Les descriptions, très succinctes au début, ne faisaient jamais allusion au parfum. Cela tendrait à conforter l'opinion du second interlocuteur, en effet on ne choisit pas un iris en fonction de son parfum . Mais peu à peu les amateurs se sont mis à rechercher l'odeur des fleurs et les obtenteurs, comme les marchands, ont été plus ou moins volontairement amenés à la décrire. Aujourd’hui, toutes les variétés enregistrées, comportent une information concernant leur parfum. Il est donc devenu évident que le parfum est un élément qui compte parmi les informations que recherchent les amateurs, et plus personne n'envisage la description d'une nouvelle variété sans dire un mot de l'odeur qu'elle dégage.

Il n'empêche que ce n'est pas l'élément primordial d'une description. Le second intervenant dans la discussion a raison de préciser que « la première chose que l'on voit, c'est la fleur ». Mais ceci est une évidence et à ce titre une description portera avant tout sur l'allure générale de la plante, la ou les couleurs de la fleur, leurs dispositions sur les tépales, ainsi que sa forme et ses dimensions. Les producteurs, pour séduire le client, insisteront sur la hauteur de la tige, le nombre des boutons, la durée de la floraison, et, le cas échéant, sur le parfum.

C'est à ce endroit qu'intervient la difficulté. En général quand on veut définir le parfum d’une fleur, on le fait par référence à celui de quelque chose de bien connu, facilement identifiable par chacun. Car, à la différence des principales couleurs, le parfum ne dispose pas de mots spécifiques pour le désigner : une fleur peut être blanche ou bleue, pour un parfum il faut obligatoirement avoir recours à un élément de comparaison. Si l'on est un « nez », on saura découvrir les fragrances avec précision. On dira que tel ou tel iris sent le lis blanc, la vanille, le gâteau, la mandarine, le muguet, le chocolat, le chèvrefeuille, la mûre, l’orange ou la fleur d’oranger. Mais la plupart des gens n'ont pas la faculté de faire une analyse aussi pointue. On se contentera donc le plus souvent de parler, d’une façon sommaire, par exemple d'un « fort parfum musqué » ou d'une fleur « légèrement parfumée », avec tout ce que cela comporte d'imprécision et de subjectivité.

Cela dit, alors qu'on n'a guère d'hésitation à propos de l'odeur d'une rose, d'une violette ou d'un citron, on n'entend personne dire d'un ris qu'il sent l'iris ! Les spécialistes feront de l'odeur de notre plante préférée une description minutieuse où il sera question d' « un parfum délicat, fleuri doux légèrement vanillé, hésitant entre celui, frais, du muguet et, envoûtant, de la fleur d’oranger ». Mais ils se garderont bien de dire que cette odeur caractéristique, qu'exhalent le plus grand nombre, est le parfum générique propre aux iris. Cela signifie sans doute que l'iris, même s'il est maintenant universellement répandu, s'il trône depuis des siècles dans nos jardins, n'a toujours pas atteint cette notoriété qui en ferait une fleur de référence. On dira d'un iris qu'il sent la violette ou l’œillet, on ne dit pas encore qu'une rose sent l'iris ! Mais, après tout, si l'on n'attribue le parfum de l'iris à aucune autre fleur, peut-être est-ce par ce que l'odeur de l'iris est tellement particulière qu'il n'y a aucune fleur qui réussisse à l'imiter. Voilà qui serait un nouveau sujet de fierté pour les adorateurs de l'iris que nous sommes !

Illustrations : 

'English Cottage' (Zurbrigg, 1976), un iris au délicieux parfum de chèvrefeuille ; 


'Rondo' (Schreiner, 1973), un plicata fameux qui évoque le chocolat ; 


'Silhouette' (Mary Dunn, 1989), une variété qui a l'odeur de... l'iris !


 'Tuxedo' (Schreiner, 1965), qui sent... mauvais !

23.1.15

ECHOS DU MONDE DES IRIS

Iris de la Baie 

Les photos des derniers enregistrements de Jean Claude Jacob (Iris de le Baie) sont parues sur le forum de la SFIB. J'ai été de nouveau saisi par les immenses progrès accomplis par leur obtenteur. Pour en juger, voici deux photos, à comparer :

'Troméal' (Jacob, 2006) 


'Vincent G' (Jacob, 2015)

En dix ans seulement ! Bravo Jean Claude : continue !

Quand on pense que la plupart des hybrideurs français actuels sont dans la même progression, on peut affirmer que l'iridophilie française a vraiment atteint le plus haut niveau.

AU BON VIEUX TEMPS

La « Historic Iris Préservation Society », dédiées aux variétés qualifiées de « historiques », c'est à dire, selon la terminologie américaine, enregistrées depuis plus de trente ans, publie deux fois l'an un bulletin tout en couleur rempli de remarquables photos de variétés anciennes. C'est de là, essentiellement, que viennent les illustration de ce feuilleton. Pendant quelques semaines nous passerons en revue des variétés peu ou pas du tout connues, classées par famille de coloris 

 En violet : 
Le violet est une couleur naturelle chez les iris. Pas étonnant que beaucoup d'anciennes variétés affichent ce coloris, qui, bien souvent se rapproche de celui qu'on appelle le « rose ». A preuve :


 'Corinthe' (Cayeux, 1938) 


'Susan Bliss' (Bliss, 1922) 


'Rose Marie' (Cayeux, 1929) 


'Pink Satin' (J. Sass, 1930)

JESSE, un portrait de Jesse Wills (1899/1977)

'Chivalry', vous connaissez ? Dans l'histoire des iris bleus, c'est ce qu'on appelle une pierre angulaire. Et son obtenteur, c'est Jesse Wills. Cependant cette variété, la plus connue de son obtenteur, n'est qu'une toute petite partie de ce que fut la vie de cet homme véritablement hors du commun. En effet si le monde des iris est riche de personnages intéressants, avec Jesse Wills on atteint l' exceptionnel.

Ce fils d'une vieille famille de Nashville (Tennessee) était doué pour tout ! Après de brillantes études secondaires, il entra à l'Université Vanderbilt, établissement de grand renom qui fait la gloire de Nashville, pour y poursuivre des études littéraires. Il y acquiert vite une notoriété particulière en raison de ses dons pour la poésie. Il fait partie d'un petit groupe d'étudiants d'élite qui s'était baptisé « les Fugitifs » où l'on rencontre plusieurs noms d'écrivains et de poètes qui sont très connus aux États-Unis, comme Robert Penn-Warren ou Allen Tate. Selon ses condisciples il aurait pu devenir un des meilleurs poètes de son pays, mais il fut contraint de choisir un travail pour subvenir aux besoins de sa famille à cause de la maladie de son père et il décida de ne conserver la poésie qu'à titre de loisir et d'entrer dans une compagnie d'assurance, National Life. Parti du bas de l'échelle, il en gravit tous les barreaux jusqu'à en devenir, en 1965, le Président Directeur Général et en faire l'une des premières compagnies d'assurance du pays. Mais cette activité professionnelle ne suffisait pas à cet homme infatigable et entreprenant. Il créa une station locale de radio et de télévision qui devint le foyer principal de la musique « country », spécialité du Tennessee. Il fut aussi à l'origine du premier parc d'attraction de l’État, Opryland, prit des responsabilités dans la direction de l'Université Vanderbilt dont il fit l'une des plus réputées des USA, ouvrit un hôpital pour enfants, fut l'initiateur du plus grand musée du Tennessee, anima la Société locale de Cardiologie et de la section locale de la Croix-Rouge, fit de la vieille église presbytérienne de Nashville la plus importante de la ville, développa la bibliothèque de l'Université et dirigea son club de football !!

 Mais tout ceci n'était pas suffisant ! Dès son plus jeune âge il s'était pris d'intérêt pour l'histoire des Indiens et il devint un des spécialistes de cette question, publiant plusieurs ouvrages dont une somme essentielle, « Meditations on the American Indian » . L'ornithologie était aussi parmi ses pôles d'intérêt. Dans ce domaine comme dans le reste il acquit une connaissance du sujet qui faisait référence.

Tout ceci dépasse déjà tout ce qu'un homme normal peut accumuler comme succès. Mais il faut y ajouter la belle et heureuse famille qui fut la sienne, …et la coquette fortune qu'il s'est arrondie. Enfin n'oublions pas – et c'est la raison pour laquelle on parle de lui ici - qu'il s'est passionné pour l'hybridation des iris et, bien entendu, a pris une place prépondérante parmi les animateurs de l'AIS, jusqu'à en devenir le Président dans les années 1940. C'en est presque incroyable !

 Pour s'en tenir au domaine des iris qui fut le sien pendant près de 45 ans, il faut parler des multiples avancées qu'il y a développées. Pas seulement de 'Chivalry' (1943), qui fut son premier enregistrement, et qui lui valut la Médaille de Dykes en 1947 (pour un coup d'essai ce fut vraiment un coup de maître!) parce qu'il paraît qu'une lignée de bleu n'était pas ce qu'il cherchait à obtenir.

 Il faut reproduire intégralement ce que son ami Geddes Douglas a écrit à ce sujet dans la chronique obituaire qu'il lui a consacrée : « En matière d'hybridation il s'était fixé un but qu'il n'a jamais abandonné. Il aimait les iris rouges et en a cultivé des milliers. Un autre de ses sujets de prédilection était celui des amoenas. Il s'est d'abord appliqué à la forme de base des pétales blancs et des sépales bleus. A un moment, dans les années 1950, il connut un de ces événements qui comptent dans une vie. Dans l'un de ses croisements amoenas, le gène contrôlant la coloration anthocyanique des sépales se trouva partiellement inhibé et il obtint un semis avec des sépales « presque » jaunes et des pétales « presque » blancs. Bien des obtenteurs auraient donné un nom à ce semis et l'auraient mis sur le marché, mais pas Jesse. C'était un perfectionniste et « presque » n'était pas assez pour lui. Cependant l'amélioration a été longue à venir et il s'est écoulé presque dix ans avant qu'il n'enregistre 'Glacier Gold'. Je pense que pour Jesse cet iris était son semis favoris car il représentait le point culminant de bien des années de travail, de frustration et de patience. Au demeurant c'était une aimable chose, avec son vif contraste entre les brillants sépales dorés et les pétales d'un blanc scintillant. »

Geddes Douglas précise encore que les iris signés Wills avaient des fleurs plutôt petites, d'un coloris pur et d'une forme classique. Car les ondulations, ce n'était pas son truc : il considérait cela comme frivole, et les bords ornés de dentelles bons pour les dessous féminins. Il apprécierait sans doute les gentils petits iris de table (MTB), qui sont tellement à la mode à l'heure actuelle.

 On a dit que 'Chivalry', l'iris qui lui a valu sa plus haute récompense, ne faisait pas partie de ses favoris. Il avait une nette préférence pour les amoenas, de toutes couleurs, comme 'Glacier Gold' (1964) déjà cité, mais aussi pour les plantes de ses débuts, comme 'Nashborough' (1954) ou 'Russet Wings' (1945), ou pour les plicatas comme 'Belle Meade' (1950) ou 'Snow Tracery' (1956), à moins que ce ne soit pour les « rouges » 'Orenda' (1957) ou 'Natchez Trace' (1969).

Quoi qu'il en soit, Jesse Wills fut – et reste – une personnalité qui a marqué le monde des iris où, comme dans les nombreux autres domaines où il excellait, il a laissé une marque qu'on ne peut pas oublier.

 Illustrations : 


'Belle Meade' 


'Glacier Gold' 


'Nashborough' 


'Russet Wings'

16.1.15

AU BON VIEUX TEMPS

La « Historic Iris Préservation Society », dédiées aux variétés qualifiées de « historiques », c'est à dire, selon la terminologie américaine, enregistrées depuis plus de trente ans, publie deux fois l'an un bulletin tout en couleur rempli de remarquables photos de variétés anciennes. C'est de là, essentiellement, que viennent les illustration de ce feuilleton. Pendant quelques semaines nous passerons en revue des variétés peu ou pas du tout connues, classées par famille de coloris

En blanc :
Les premiers iris blancs n'étaient pas toujours franchement blancs. Voici quatre variétés anciennes que l'on qualifie de blanches :


'Gudrun' (Dykes, 1934)

'Winter Carnival' (Schreiner, 1940)

'Taj Mahal' (Sturtevant, 1921)

'Swan Ballet' (Muhlestein, 1955)

QUI S'EN SOUVIENT ?

Au printemps de 1978 s'est déroulée en France une grande fête de l'iris organisée par l'équipe de Maurice Boussard, Jean Cayeux et Marcel Turbat, et qui a eu un retentissement mondial. Parmi les animations il y avait un concours d'iris, très élaboré, et même complexe dans ses subdivisions, qui comportait toute une série de catégories créées de façon à mettre en valeur toutes les sortes d'iris. Les plantes étaient classées par « séries » en fonction de l'année de leur obtention. La série reine était évidemment celles des plantes apparues entre 1968 et 1978 et, parmi celles-ci, la principale sous-série concernait les grands iris. Le jury international était composé de :

Bruno Muller, juge allemand ;
John Taylor, juge anglais ;
Ernesta Pacciani, juge italienne ;
Joseph Tieche, juge suisse ;
Milan Blazek, juge tchèque ;
Francesca Thoolen, juge américaine ;
Jean Ségui, Jacques Verdier et Odette Perrier, juges français.

Cette importante équipe eut à apprécier de nombreuses variétés venues de toutes parts, classées en fonction de leurs couleurs de base. Malheureusement le mois d'avril avait été cette année-là particulièrement maussade et la floraison était très en retard de sorte que de nombreux iris n'étaient pas au mieux de leur présentation en cette fin de mai. C'est hélas le cas bien souvent dans ce genre de compétition qui ne se déroule que dans un temps réduit et qui est forcément très assujettie aux conditions météorologiques. En dehors du jugement proprement dit des iris présentés, les neuf juges eurent à distribuer une flopée de médailles, mais ce sont les prix destinés aux iris qui retinrent le plus l'attention des participants. Les compétiteurs étaient répartis en cinq classes, en fonction de leur couleur : bleu, jaune (et orange), rouge et rose, plicatas, autres. Un grand prix devait récompenser le meilleur iris toutes classes confondues.

Il est intéressant de regarder le palmarès. Un bon nombre des variétés récompensées sont aujourd'hui bien oubliées, ce qui confirme le côté éphémère des fleurs que nous admirons un jour mais que nous perdons de vue presque aussitôt.

Le meilleur bleu a été 'Sapphire Hills' (Schreiner, 1971), une variété qui contredit ce que je viens d'expliquer puisqu'elle s'est maintenue longuement dans les catalogues. En revanche son dauphin, 'Firewater' (Keppel, 1977) n'a fait qu'une courte apparition. Il faut dire que chez les bleus il y a l'embarras du choix et que la concurrence est donc rude !

Parmi les jaunes, c'est 'Outreach' (Nelson, 1971) qui l'a emporté. C'est un très joli jaune frisé, aux sépales centrés de blanc (ce qu'on appelle le modèle 'Joyce Terry'). Son adjoint fut une variété orangée de Melba Hamblen (1977), 'Sun Fire' dont on n'a plus entendu parler par la suite. Un troisième iris à été classé, 'Good Hope' (Moldovan, 1969), en blanc au cœur d'or, très joli et très bien fait. Celui-ci a fait une carrière plus qu'honorable.

C'est 'Lorenzaccio de Medicis' (Anfosso P.C., 1978) qui a triomphé chez les rouges et roses, et c'est la seule variété française à avoir été classée. Ses deux suivants n'ont pas eu le même avenir : 'Paris Lights' (Schreiner, 1972), un rouge pimpant très classique, et 'Schiaparelli' (Moldovan, 1971), un adorable rose à barbes cerise, n'ont fait qu'une courte apparition dans les catalogues.

La classe fourre-tout dénommée « Autres » est celle, en fait, qui a rassemblé les variétés les plus connues encore aujourd'hui : 'Lord Baltimore' (Nearpass, 1969), impeccable amoena bleu, l'a emporté, devant 'Mary Frances' (Gaulter, 1973), mauve parfait et futur Médaille de Dykes en 1979, et 'Wedding Vow' (Ghio, 1972), blanc à barbes mandarine.

La classe des plicatas a vu le succès de celui qui allait aussi être classé « Grand Prix », 'Pleasure Cruise' (Plough, 1974), fils de 'Stepping Out', dont ce fut la seule distinction ! Pas même un HM ! Alors que son successeur immédiat, 'Kilt Lilt' (Gibson, 1970) avait déjà obtenu la médaille de Dykes l'année précédente et allait connaître un succès commercial considérable et prolongé. Le troisième prix est revenu à 'Roundup' (Keppel, 1974) plicata rouge vineux, très apprécié de part le monde.

Ce classement marque les limites des concours ponctuels, dont certains se servent pour expliquer leur refus de participer. En 1978 les aléas de floraison associés au choix relativement limité de compétiteurs ont fait la part belle aux variétés opportunistes ou chanceuses qui étaient en fleur au bon moment. Le même phénomène a été constaté lors du dernier concours Franciris, et il est même arrivé, à Florence, que les prix ne soient pas attribués, faute de combattants. A l'inverse, les récompenses américaines, qui résultent d'une compétition dans le long terme, son également récriées pour la part excessive que prend dans leur attribution le côté commercial et la qualité (et quantité) de la distribution des plantes dans tout le pays. Rien n'est parfait. Mais dans un domaine où l'affectif a tout de même une place majeure, est-ce vraiment grave ? Les compétitions, quel que soit leur type, ont tout un tas d'autres avantages qui justifient tout à fait leur existence.

Illustrations : 


'Firewater' 


'Outreach' 


'Sun Fire' 

'Schiaparelli'

10.1.15

Bonne Année ?

Il y a deux semaines j'ai exprimé ici mes meilleurs voeux pour les lecteurs de Irisenligne.
Après les évènements que nous venons de vivre, il m'a semblé opportun de renouveler ces voeux parce que nous avons besoin d'espoir pour croire que nous ne revivrons plus ce qui vient de se produire dans notre pays.

Continuons, droits dans nos bottes, parce que nous n'avons même pas peur.

ECHOS DU MONDE DES IRIS

De Nouvelle Zélande 

Le dernier bulletin en ligne de l'AIS annonce la victoire du TB 'Atavus' (A. Nicoll, 2006) dans la compétition pour la Médaille Néo-zélandaise de Dykes 2014. C'est un « tricolore » moderne avec pétales crème infus de lilas sur les côtes, et sépales mauve, s'assombrissant vers le bord, avant de s'ourler d'un liseré brun ; les barbes sont rouges.

J'ai bien trouvé une photo très réussie, mais elle se trouve dans le blog de Terry Johnson, lequel m'a refusé le droit de publier ses photos...

AU BON VIEUX TEMPS

La « Historic Iris Préservation Society », dédiées aux variétés qualifiées de « historiques », c'est à dire, selon la terminologie américaine, enregistrées depuis plus de trente ans, publie deux fois l'an un bulletin tout en couleur rempli de remarquables photos de variétés anciennes. C'est de là, essentiellement, que viennent les illustration de ce feuilleton. Pendant quelques semaines nous passerons en revue des variétés peu ou pas du tout connues, classées par famille de coloris. 

En jaune : 
Les « vrais » iris jaunes ne datent que des années 1960. Mais auparavant quelques variétés tentaient d'atteindre cette couleur, comme c'est le cas pour :


- 'Sunol' (Mohr-Mitchell, 1933) 

- 'Golden Gleam' (Miess, 1950) 


- 'Lanterne Magique' (Cayeux, 1957) 


- 'Elsinore' (Hall, 1925)

LA FIN NAVRANTE DE Mr DYKES

Il faisait bien mauvais en cette fin de journée du 27 novembre 1925. Les routes anglaises étaient verglacées mais William Dykatson Dykes et son épouse Katherine avaient néanmoins pris la direction de Londres. Au moment de croiser un camion leur voiture a dérapé et est venue heurter le gros véhicule... Katherine n'a eu que des contusions mais William fut éjecté et très sévèrement blessé. On dut l'amputer, mais il décéda peu après l'opération, le 1er décembre 1925. Ainsi disparut, à 48 ans seulement, le personnage le plus important que le monde des iris eut jamais connu.

Il était né le 4 novembre 1877 et avait fait preuve, dès son plus jeune âge, de dons évidents pour les études en même temps qu'il devenait un bon athlète et un bon footballeur. Après de belles études secondaires à Londres, il intégra le Wadham College à Oxford puis, après son diplôme d'études classiques, vint terminer sa formation à Paris, à la Sorbonne. Il commença en 1919 une carrière d'enseignant en lettres classiques dans un établissement du sud de Londres.

Alors qu'il était encore étudiant, il rendit un jour visite à Sir Michael Foster et fut frappé par la beauté et la diversité des iris cultivés par ce grand savant, lequel, de son côté admira l'intelligence et le sens de l'observation du jeune homme. Dykes voulait créer auprès de sa maison un jardin empli de toutes sortes de fleurs. Foster lui fit donc cadeau de tout ce qu'il avait dans son propre jardin comme rhizomes et bulbes d'iris de toutes espèces. Dykes se révéla un excellent jardinier et il constitua rapidement une importante collection, plus, d'ailleurs, dans un but scientifique que décoratif. Foster, qui avait ce projet en tête depuis longtemps l'encouragea donc à entreprendre une étude exhaustive du genre Iris. Ce à quoi Dykes s'attela avec enthousiasme.

Lancé à fond dans la botanique, il commença à écrire pour les Revues d'horticulture sur tous les sujets liés aux iris. C'est ainsi qu'il acquis une renommée assez forte pour qu'un éditeur londonien lui propose de rédiger un ouvrage sur le sujet. Ce livre, intitulé « Irises », peut être considéré comme le premier jet de ce qui allait être la grande œuvre de William Dykes, « The Genus Iris ». Dans le chapitre qu'il consacre à W. R. Dykes dans son livre « Classic Irises, and the men and women who Created Them » (Les iris classiques et les hommes et femmes qui les ont créés), et dont le présent texte s'est inspiré, Clarence Mahan a écrit : « Dès le début (Dykes) a décidé que son travail s'appuierait seulement sur les sources originales. Il a expliqué cette méthode dans l'introduction de « The Genus Iris ».

Il a rassemblé et examiné les descriptions originales de tous ce qui était considéré comme des espèces d'iris – il y en avait environ sept cents- et s'est servi des spécimens conservés pour s'assurer de ce qu'il s'agissait bien d'espèces d'iris. Il n'a eu recours aux sources secondaires de renseignement que dans le cas ou les sources primaires n'avaient pas pu être trouvées. » Dykes ne prenait rien pour garanti. Il a examiné des centaines de spécimens d'espèces d'iris (…) » Il a parcouru l'Europe pour cela, de Kew à Berlin en passant par Paris. Il a parcouru les pays d'où sont originaires les principales espèces et interrogé tous ceux qui pouvaient lui donner des informations sur ce qu'il ne pouvait pas constater par lui-même.

Ce travail minutieux et exemplaire a donné naissance à un ouvrage qui, aujourd'hui, a conservé tout son intérêt scientifique. A l'époque ce fut une sorte de bombe dans le domaine de la botanique. Chacun s'extasiait sur l'énormité du travail et sur la jeunesse de l'auteur. Dykes n'avait que 36 ans !

 A la suite de ce coup d'éclat, Dykes a abandonné son travail de professeur de lettres et a été désigné comme secrétaire de la Royal Horticultural Society. Dans le même temps il s'est mis à pratiquer plus intensément l'hybridation. Il avait obtenu pour cela qu'une institution du Sud-Ouest de Londres lui alloue un petit coin de son jardin. Il va hybrider et introduire, entre 1921 et 1925, un certain nombre de variétés nouvelles qui ont presque toutes été considérées comme de réelles et remarquables avancées.

Déjà, avant 1920, il avait enregistré quelques variétés, comme 'Gold Crest' (1914), un joli bleu à barbes jaunes, et 'Richard II' (1914), un amoena bleu, diploïde, l'un et l'autre issus de croisements audacieux et nouveaux : le premier réunit deux formes d'Iris pallida, le second, est un croisement de 'Black Prince' (Perry, 1900) par lui-même.

Les variétés obtenues à partir de 1921 sont au moins aussi exceptionnelles, qu'il s'agisse de 'Sapphire' (1922), bleu clair, de 'Aphrodite' (1923), bleu lavande lavé de blanc, considéré par certain comme l'ancêtre du modèle « zonal », de 'Moonlight' (1923), blanc crémeux, teinté de jaune, ou de 'Amber' (1924), véritable iris jaune, issu de 'Shekinah' (Sturtevant, 1918). 'Lustre' (1924), bleu violacé, est une autre obtention remarquable, de même que le petit 'Thisbe', forme particulière de I. aphylla, largement utilisé quarante ans plus tard par l'américain Ben Hager pour lancer sa lignée d'iris de table (MTB).

Considéré en Grande-Bretagne et partout dans le monde comme une sommité dans son domaine, honoré de plusieurs distinctions recherchées, il ne manquait plus à William Dykes que de prendre épouse. Ce fut chose faite en 1924 en la personne d'une artiste, attirée comme lui par les plantes et en particulier les tulipes, prénommée Elsie Katherine, et qui fut connue sous le simple prénom de Katherine quand elle enregistra les dernières variétés préparées par son défunt mari, comme le célèbre iris jaune 'W.R. Dykes' (1926).

On constate souvent que les grands génies n'ont pas une longue existence. Ce fut le cas pour Wolfgang Amadeus Mozart ou Lily Boulanger, dans le domaine de la musique classique. Dans celui des iris, ce fut aussi le destin de Monty Byers, par exemple. Célèbre dès 1913, à 36 ans, William Dykatson Dykes nous a quitté de façon navrante, en pleine force de l'âge, alors que le monde des iris pouvait encore s'attendre de sa part à des créations majeures.

Illustrations : 


'Sapphire' (1922) 


'Aphrodite' (1923) 

'Moonlight' (1923) 


'Amber' (1924)

2.1.15

AU BON VIEUX TEMPS

La « Historic Iris Préservation Society », dédiées aux variétés qualifiées de « historiques », c'est à dire, selon la terminologie américaine, enregistrées depuis plus de trente ans, publie deux fois l'an un bulletin tout en couleur rempli de remarquables photos de variétés anciennes. C'est de là, essentiellement, que viennent les illustration de ce feuilleton. Pendant quelques semaines nous passerons en revue des variétés peu ou pas du tout connues, classées par famille de coloris 

En rose : 

Nous parlons ici du « rose » flamant, un rose bleuté très fréquent parmi les variétés anciennes, comme en témoignent :

- 'Her Majesty' (Perry, 1903) 


- 'Tournament Queen' (Milliken, 1946) 


- 'Baldwin' (Sass H., 1927) 


- 'Alpine Glow' (Kleinsorge, 1945)

LORENZACCIO DE MEDICIS

(FLEUR DU MOIS)

 Chaque fois que je vois une touffe de 'Lorenzaccio' une foule de souvenirs se présentent à mon esprit. Et chaque fois je me dis : « Cet iris est vraiment joli ». Joli et reconnaissable entre tous. C'est une variété facilement identifiable : pour qui connaît un peu les iris, elle ne peut être confondue avec aucune autre, ce qui est une caractéristique plutôt rare car même les juges les plus aguerris vous diront qu'il est quasiment impossible de donner un nom sans risque d'erreur à une plante qui a perdu son étiquetage, ou ses points de repère.

'Lorenzaccio' fait partie des premiers iris que j'ai achetés au moment où je créais ma collection. J'avais vu cette superbe variété dans le catalogue de Iris en Provence, un catalogue petit modèle, avec une riche couverture rouge, avec en page 9 une photo à contre-jour de ce 'Lorenzaccio'. Une photo avantageuse, je le concède, mais qui a impressionné le débutant que j'étais. Je me suis dit : « celui-là, il me le faut ». J'ai aussitôt rempli le bon de commande.

'Lorenzaccio' est toujours là. Il fleurit bien régulièrement chaque printemps (depuis 2005 il n'a manqué au rendez-vous qu'en 2009, une année très médiocre ici, en Touraine), pour mon plus grand plaisir. J'ai fait cadeau bien souvent de rhizomes issus de cette touffe prolifique. Ainsi je peux l'apercevoir à l'entrée du jardin de mon voisin où il a été remarquablement placé au sommet d'une rocaille.

Il ne faut pas trop se fier à la couleur de la photo qui orne le catalogue Iris en Provence, si l'on veut avoir une idée de ce qu'est ce bel iris. Mais on peut être tranquille : il est d'un beau brun-rouge de deux tons, avec des barbes jaunes. La forme des fleurs en est caractéristique, un peu étroite, élancée mais généreusement ondulée. C'est un grand brun, avec plusieurs fleurs épanouies en même temps sur une tige en candélabre de chez le bon faiseur.

On est un peu surpris quand on lit son pedigree car on ne s'attend pas à trouver un brun-rouge parmi les enfants d'un mauve et d'un bitone grenat. Pierre-Christian Anfosso a réalisé un croisement assez banal : (Amethyst Flame X Wine and Roses). Deux variétés déjà anciennes au moment où il les a utilisées, mais deux variétés de grande qualité. 'Amethyst Flame' (Schreiner, 1957) a été honoré d'une Médaille de Dykes obtenue en 1963, et se trouve doté d'une riche descendance d'environ 120 rejetons dispersés partout dans le monde. 'Wine and Roses' (D. Hall, 1963) s'est arrêté dans la courses aux honneurs au niveau de l'AM, obtenu en 1966. Mais sa descendance est à peine moins nombreuse que celle de 'Amethyst Flame'. On y rencontre de nombreuses variétés célèbres comme 'Latin Lover' (Shoop,1969), 'First Interstate' (Schreiner 1990) ou 'Starship Enterprise' (Schreiner, 1999).

 'Lorenzaccio' quant à lui ne dispose que d'un seul descendant enregistré, ce qui est étonnant. Il s'agit de 'Macao' (Laporte, 2009), fort bel iris jaune vif avec des sépales griffés de brun, obtenu avec la complicité de 'Magic Kingdom' (Byers, 1989).

Tel qu'il est, je l'aime, ce 'Lorenzaccio'. Je le conserverai certainement lorsque l'été prochain ma collection va prendre la route d'un château du voisinage où elle va être mise en valeur et à la disposition du public dans le cadre classique du parc entourant un édifice du XVIeme siècle. Belle apothéose pour un ensemble de fleurs bien modeste...

Illustrations : 


'Lorenzaccio de Medicis' 

'Amethyst Flame' 


'Wine and Roses' 


'Macao'

SOUVENIR DE GEORGIA HINKLE

Le titre de cette courte biographie m'a été inspiré par celui du célèbre air de jazz « Georgia of my mind », bien que la personne dont il va être question n'ait à voir ni avec la Géorgie, ni avec le jazz. Il s'agit de Georgia Hinkle (1905/1977), une dame originaire du Kentucky, et qui vécut toute sa vie dans l'Illinois voisin. Les renseignements en ma possession ne disent pas si elle a travaillé ; peut-être faisait-elle partie de ces femmes au foyer encore nombreuses avant la guerre de 39/45. On peut même volontiers l'imaginer quand on regarde les photos où elle apparaît, habillée et coiffée avec élégance et distinction, bien que cela ne soit pas forcément un signe particulier des femmes au foyer !

Établie à Marion, petite ville située à environ 450 km au sud de Chicago, elle fit la connaissance d'une autre dame, passionnée d'iris, qui demeurait dans le comté voisin de Carbondale, Eva Faught. C'est cette personne, fort connue dans le monde des iris, qui fit partager sa passion à sa nouvelle amie. C'était en 1935 et à partir de ce moment Georgia Hinkle se mit à cultiver activement cette plante dont elle venait de s'enticher.

Eva Faught avait fondé sa collection d'iris sur les variétés obtenues en Californie par Sidney B. Mitchell. Elle en montra toutes les qualités à Georgia et lorsque celle-ci se décida à pratiquer l'hybridation c'est à partir de ces variétés déjà anciennes mais néanmoins toujours valeureuses. Eva Faught lui avait inculqué non seulement le goût de l'hybridation, mais aussi le sens de la rigueur et de la suite dans les idées, qualités indispensables si l'on veut parvenir au plus haut niveau.

Georgia Hinkle se lança dans les croisements à partir de 1945 et dès 1948 elle rejoignit l'AIS où, tant sur le plan local que sur le plan fédéral, elle ne tarda pas à prendre des responsabilités.

Pour ses premières variétés, Georgia a utilisé l'une des obtentions les plus remarquables de son amie Eva, le bleu clair 'Pierre Menard' (1948). Celui-ci lui donna son premier enregistrement, un autre bleu clair, 'Regina Maria' (1951), issu de 'Azure Skies' X 'Pierre Menard'. Cet iris fut immédiatement remarqué par les juges et a obtenu un AM dès 1957. Dès lors la carrière d'hybrideur de Georgia Hinkle était lancée et allait se poursuivre jusqu'à sa disparition en 1977. Elle ne fut pas abondante – seulement 46 enregistrements - comme celle de certains autres, mais elle est constituée essentiellement de variétés qui ont marqué leur époque. C'est le cas par exemple de 'Zara' (1951), descendant bleu violacé de 'Snow Flurry', ou de 'Melissa' (1954), bleu profond, semis du précédent, qui se classa second à Florence en 1959. Le concours de Florence réussit d'ailleurs fort bien à notre obtentrice puisque, situation unique, en 1962 trois de ses iris se sont classés : 'Symphony' a été 2eme, tandis que deux autres variétés remportaient les 3eme et 4eme places ! Ajoutons qu'en 1974, c'est 'Tempo' (1967) qui, à son tour, enlevait la deuxième position.

 Parmi ses autres obtentions plusieurs ont traversé l'Atlantique pour se faire connaître chez nous. Dans l'ordre alphabétique il faut citer : 'Brave Viking' (1961), bleu moyen à barbes blanches ; 'Czarina' (1969), blanc pur ; 'Demetria' (1956), bleu pur, enfant de 'Regina Maria' et de 'Zara' ; 'Eve' (1964), bleu moyen ; 'Intriguer' (1959), entièrement bleu, y compris les barbes ; 'Royal Egyptian' (1968), beige (une couleur rare) ; 'Southern Comfort' (1963), crème ; 'Symphony' (1956), bleu tendre.

Georgia Hinkle avait commencé sa carrière en hybridant des iris bleus. C'est cette lignée qu'elle a poursuivie toute sa vie, en compagnie d'une lignée d'iris blancs. Il n'est pas douteux qu'elle devait cette belle persévérance, de même que son sens rigoureux de la sélection, à l'influence de son amie Eva Faught. A ce sujet, une anecdote en dit long sur ses intentions : un jour qu'on lui demandait quelles étaient les raisons des choix qu'elle opérait, elle répondit : « Êtes-vous prêt à payer 25 dollars pour celui-ci ? » C'est une philosophie qu'avec la multiplication exponentielle des variétés mises sur le marché par certains hybrideurs d'aujourd'hui chacun devrait méditer...

 Illustrations : 



 'Eve' ((Symphony x Demetria) X Helen Keller) 


 'Royal Egyptian' (Lasata X Daisy Powell) 


'Southern Comfort' (Magic Morn X sib) 


 'Symphony' ((Cahokia x Azure Skies) X Melissa)