28.1.11

LE MOIS DU BLANC





4. Barbes bleues

Ce qui est délicat à obtenir ce sont des barbes parfaitement bleues dans une fleur parfaitement blanche. Au début le blanc des tépales avait tendance à se colorer d’un peu du bleu des barbes. Maintenant le contraste est proche de la perfection comme en témoigne les images ci-dessus :

· ‘Blue Fin’ (Sutton G., 1997) (Chico Maid X Sky Hooks)

· ‘Electric Surge’ (Weiler, 1992) ((Blackbeard x ((Social Whirl x Bridal Wreath) x (Goodnight Irene x Blue Luster))) X (((((Southern Comfort x White King) x Tinsel Town) x ((Flaming Dragon x New Moon) x (Minnesota Glitters x Kimberlina))) x Bridal Fashion) x (That Scentsation x Swan Dance)))

· ‘Good Morning America’ (Sexton N., 1979) ((By Request x Heaven's Own) X Sea of Galilee sib)

· ‘Song of Norway’ (Luihn, 1979) (Nobleman X Blue Luster)

ECHOS DU MONDE DES IRIS



Mego : génial !

Loïc Tasquier – toujours lui – a mis sur Flickr les photos des enregistrements et semis sélectionnés de Anton Mego. Rien que du très bon. D’ailleurs aucun commentaire ne vaudra celui de Gérard Rafaelli, que voici : « Comment Mego fait-il pour être à ce point bon dans tous les genres et tous les styles ? C'est presque humiliant pour la concurrence…

Dans tous les genres, Mego apporte une touche personnelle qui magnifie l'iris (beauté de la forme, intensité des couleurs, originalité du "dessin") et fait que, même dans des registres connus, on a le sentiment d'une réelle nouveauté ! »

Le monde des iris est riche, mais le travail d’Anton Mego l’enrichit remarquablement.

HISTOIRE DE LA DYKES MEDAL





C’est en 1922 qu’a été créée la British Iris Society. Son but initial était de promouvoir des échanges de vues et d’informations ayant trait au genre IRIS. A l’époque les iris suscitaient un grand enthousiasme de la part des amateurs de fleurs. En France et en Grande-Bretagne, les obtenteurs étaient nombreux et les recherches pour l’amélioration des hybrides généraient une vive émulation. En particulier l’apparition des grands hybrides tétraploïdes, qui avait ouvert considérablement le champ des améliorations avait également largement accru l’intérêt pour une fleur qui avait auparavant perdu beaucoup de son intérêt puisque les possibilités de nouveautés, chez les iris diploïdes avait atteint son maximum.

1922 est aussi l ‘année où se réunit la Conférence Internationale des Iris, qui s’est tenue à Paris, sur l’initiative de Séraphin Mottet. Ce fut un événement qui rencontra une franche adhésion de la part des plus grands iridophiles du monde, c’est à dire des Anglais et des Américains. Parmi les étrangers qui ont répondu « oui » à la proposition française on trouve les noms de Arthur Bliss, William Dykes, Alice Harding, Amos Perry, Grace Sturtevant, John Wister et George Yeld. Du côté français les participants les plus en vue étaient MM. D. Bois, F. Cayeux, F. Denis, L. Millet, S. Mottet, A. Nomblot, A. Nonin, J. Pinelle, M. Turbat et la famille de Vilmorin. Parmi les participants il y avait, bien sûr, William Rikatson Dykes (1877/1925), le spécialiste mondialement considéré des iris. Cette immense renommée lui avait été value par la publication de ce qui est toujours le texte de référence sur le sujet, « The Genus Iris ». Il fut le Secrétaire de la Royal Horticultural Society, et participa à la fondation de la British Iris Society. Il ne lui manquait plus que d’être immortalisé. Ce fut fait après sa mort accidentelle en 1925, quand, dès 1926, la B.I.S. décida de décerner chaque année trois médailles portant son nom : une pour la Grande-Bretagne, une pour la France et une pour les Etats-Unis.

Les nouvelles récompenses furent attribuées pour la première fois en 1927 en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis, en 1928 en France. Un panel d’éminents spécialistes devait, dans chaque pays, désigner le plus bel iris de l’année. Au fil du temps les choses ont évolué et les « Dykes Memorial Medal », puisque tel est leur dénomination exacte, ont connu, chacune, un destin différent.

La médaille française n’a pas survécu à la guerre 39/45. Elle a été attribuée pour la dernière fois en 1938 ; sa courte existence n’a jamais eu une véritable justification car il n’y a jamais eu de réelle compétition : toutes les médailles attribuées l’ont été à des variétés créées par Ferdinand Cayeux !

La médaille anglaise continue une existence un peu chaotique. Elle a seulement été attribuée 52 fois en 83 ans, elle n’hésite pas d’autre part à admettre la grande valeur d’une plante quelle que soit sa catégorie, alors que la DM française et la DM américaine subissent la suprématie des grands iris. Jusqu’à la fin des années 90, son attribution a été à peu près régulière, mais depuis le début du XXIeme siècle il semble qu’il soit de plus en plus difficile de trouver, en Grande-Bretagne, une variété de classe exceptionnelle. Est-ce parce que les juges sont de plus en plus rigoureux ou est-ce parce que la production britannique est en déclin ?

Le développement important de l’iridophilie dans l’hémisphère sud est à l’origine de la création d’un quatrième Médaille de Dykes, en 1985. D’abord destinée aux iris d’Australie, elle a par la suite été étendue aux variétés venues de Nouvelle-Zélande et devait être attribuée alternativement à une variété de chaque pays. Mais le fait pour les Néo-Zélandais d’être obligés d’envoyer leurs iris en Australie pour être jugés s’est vite révélé intenable, et depuis 1992 une récompense spécifiquement néo-zélandaise a été instituée. L’Australasian Dykes Medal ne concerne plus maintenant que les iris d’Australie.

La DM américaine n’a fait que gagner en notoriété au cours des ans. Il faut dire qu’elle a trouvé une situation particulièrement favorable, dans un pays où les iris sont une des plantes les plus appréciées et où les obtenteurs sont nombreux et de grand talent. La place de leader de l’iridophilie américaine a très vite conféré à la USDM une place prépondérante, et on peut dire que maintenant la plante qui l’obtient peut être considérée comme le champion de monde de son espèce. Les Américains ont peu à peu perfectionné et strictement réglementé le système d’attribution des récompenses, plaçant la DM au sommet d’une pyramide implacable, au terme d’une compétition qui dure une dizaine d’année avant de désigner son vainqueur. La renommée énorme de cette récompense fait aujourd’hui que tous les obtenteurs du monde voudraient pouvoir y concourir. Mais les règles d’attribution restent strictes : uniquement pour un iris introduit sur le marché en premier lieu aux USA et donc, de ce fait, ayant acquis en quelque sorte la nationalité américaine. Alors on se débrouille : les obtenteurs non américains trouvent un distributeur qui veut bien mettre leurs obtentions sur le marché, et en route pour la grande course ! On verra ce qui se produira si, un jour, une variété non « made in USA » parvient à l’emporter. Le protectionnisme américain trouvera-t-il une parade pour réserver à ses ressortissants l’exclusivité de la médaille ? Ou au contraire la médaille US deviendra-t-elle la récompense mondiale, au prix d’une extension de la compétition aux juges du monde entier ? Le phénomène de mondialisation prêche dans le sens de cette extension, mais les réticences d’ordre commercial bataillent en sens inverse.

Ce sera l’un des grands sujets de controverse dans les années à venir.

20.1.11

ECHOS DU MONDE DES IRIS



A l’Est, encore du nouveau

Notre ami Loïc Tasquier, au fil de ses pérégrinations sur le Net, a découvert l’existence d’un obtenteur d’iris en Lettonie. Il s’appelle Laimonis Zaķis, et ses obtentions, visibles là http://community.webshots.com/user/laimonz , et aussi sur Facebook, sont apparemment jolies et souvent originales. Quand pourra-t-on voir en vrai ces nouveautés ? Sans doute pas de si tôt parce qu’il a l’intention de surveiller le comportement de ses semis pendant plusieurs années avant de les enregistrer et de les mettre, sans doute, sur le marché. Cependant, pour ceux qui voyagent, en allant en Courlande, près de Riga, il devrait être possible de visiter la pépinière Zaķis dont les photos montrent qu’elle est fort attirante.

LE MOIS DU BLANC





3. Barbes rouges

L’inclusion de barbes rouges dans les iris blancs a fait l’objet d’un long et difficile travail des hybrideurs, depuis les années 1920. Le coloris s’étale de l’orange vif au rouge cerise, comme le montrent les images ci-dessus :

· ‘Heavenly Rapture’ (Schreiner, 1989) (Skier's Delight X Heavenly Angels)

· ‘Jersey Bounce’ (Keppel, 2001) ((((Lyrical x Marmalade) x Florida Orange) x Rare Occasion) X ( White Heat x Divinity))

· ‘Kiss of Passion’ (Black, 2009) (((Blush of Color x Taunt) x Tropical Magic) X semis)

· ‘Nordica’ (Maryott, 1992) (Radiant Energy X Oktoberfest)

DE SPLIT À FLORENCE




Il y a quelques semaines un correspondant m’a posé deux questions :

1) Iris pallida est-il une sous-espèce de Iris germanica ou alors est-il une espèce à lui tout seul ?

2) Peut-on dire que Iris pallida et Iris florentina sont les deux même plantes ?

La réflexion que j’ai été amené à faire pour donner une réponse à ces questions est à l’origine de la présente chronique.

Dans la classification de Rodionenko, celle qui est le plus souvent utilisée à l’heure actuelle, les plantes qui nous intéressent aujourd’hui sont rangées dans la Série des ELATAE, de la Section Iris, elle-même du Sous-genre IRIS qui fait partie, évidemment, du Genre IRIS. La Série des ELATAE comprend 27 espèces parmi lesquelles on trouve I. pallida. Mais les noms de germanica et de florentina n’y figurent pas. C’est pour la bonne raison que ces deux sortes de plantes, qui ont été longtemps considérées comme des espèces à part entière, sont maintenant ramenées au statut d’hybrides, c’est à dire de plantes issues de croisements interspécifiques. Elles ne sont pas les seules dans cette situation puisqu’on en trouve 6 autres. Il semble même que I. florentina ne soit qu’une variété de I. germanica.

Des trois noms cités dans les questions, seul, donc, celui de I. pallida correspond à une véritable espèce. Celle-ci ne peut être confondue avec aucune autre pour qui s’intéresse un peu à la botanique et spécialement aux iris. Les feuilles sont d’un vert plutôt tendre, un peu bleuté, les tiges florales sont longues et flexueuses, souvent se penchant vers le sol, les fleurs elles-même, pas bien grandes, sont d’un bleu lavande assez clair et leur forme est harmonieuse ; elles durent plusieurs jours avant de se faner et de disparaître très vite en raison de leur texture très légère. Les boutons floraux sont assez nombreux et bien disposés le long de la tige. Tout ceci en fait des plantes agréables et élégantes au jardin. Si l’on ajoute qu’elles ont un parfum inoubliable et prononcé, des plus délicieux, on voit qu’elles ne pouvaient avoir qu’un succès qui perdure.

A côté des pallidas classiques si largement répandus dans les jardins du monde occidental, existe une variété qui a un autre attrait. Il s’agit de I. pallida var. dalmatica. Comme son nom le laisse supposer, il s’agit d’une variété dont le foyer original pourrait se situer en Dalmatie. Il ne faut pas être trop affirmatif là-dessus, mais c’est l’occasion de faire une visite touristique dans une région d’Europe particulièrement agréable. Pour ceux qui l’ignoreraient, la Dalmatie est cette partie de l’actuelle Croatie située le long de la mer Adriatique, en face de la côte orientale de l’Italie. C’est une étroite bande de terre, montagneuse, coincée le long de la mer, entre le port de Rijeka, au nord, et celui de Dubrovnik, au sud. La ville principale de cette région est Split, un port actif comme tous ceux qui bordent l’Adriatique, animé par les va-et-vient des bateaux desservant les innombrables îles parsemées le long de la côte. L’empereur romain Dioclétien était originaire de cette cité. Cela montre que l’influence de l’Italie a toujours été importante de l’autre côté de la mer et les échanges d’un bord à l’autre ont permis, entre autres, à I. pallida var. dalmatica de s’implanter dans la péninsule.

Le climat méditerranéen de la côte dalmate est chaud et sec l’été, mais peut être froid l’hiver lorsque souffle Borée, le vent du nord. Il convient à merveille aux iris et c’est sûrement pourquoi s’y est développé cette variété spécifique de fleurs d’un beau bleu tendre qui, en masse, fait un effet charmant. Ces iris ont deux caractéristiques très originales. D’abord leur multiplication ne s’obtient pas de façon sexuelle, mais uniquement de façon végétative, ce qui garantit la pérennité des caractères (et démontre par conséquent que la multiplication végétative n’entraîne aucune dégénérescence de la plante). Ensuite les rhizomes contiennent une quantité importante d’irone, substance extraite pour obtenir le parfum dit « essence de violette ». C’est cette irone, très recherchée en parfumerie, qui a fait le succès de I. pallida var. dalmatica. L’Italie voisine, productrice d’irone à partir de I. florentina a compris l’intérêt de l’iris de Dalmatie et s’est mise à le cultiver à grande échelle, en particulier, ironie de destin, dans la région de Florence en Toscane. Jusqu’à nos jours, cette culture a été en régression, surtout à cause du long, pénible et coûteux traitement des rhizomes pour les préparer à l’extraction de l’irone. Cependant la qualité très inférieure du parfum chimique pouvant être substitué à celui de l’iris de Dalmatie, fait qu’un regain d’intérêt pour le parfum naturel se manifeste ces temps derniers.

Que devient, dans l’affaire, le fameux Iris germanica dont on parle à tort et à travers ? Il peut se contenter d’être à la base de nos iris horticoles, ce qui lui fait déjà un généreux titre de noblesse. Mais il peut aussi s’enorgueillir d’avoir donné naissance à une autre célébrité, l’iris de Florence. Celui-ci n’est qu’un sous-hybride un peu chétif, aux fleurs blanc bleuté, un peu molles, mais lui aussi recherché pour tout autre chose que ses fleurs : l’irone extrait de ses rhizomes. Longtemps l’iris de Florence a été une des richesses de la région du Chianti et même de toute l’Italie du Nord, jusqu’à la région de Vérone, au pied des Alpes. La ville de Florence en a tiré gloire et fortune et s’en est servie pour illustrer ses armes. C’est l’iris florentina, blanc sur rouge (d’argent sur champ de gueules en langage héraldique) qui a figuré sur ces armes jusqu’au jour où les Guelfes, ayant triomphé des Gibelins jusque là maîtres de Florence, ont décrété que, pour marquer le changement, les couleurs des armes de la ville seraient inversées. Depuis le milieu du XIIIeme siècle les armes de Florence représentent donc un iris rouge sur fond blanc, ce qui est pour le moins paradoxal quand on sait que le rouge est la seule couleur que les iris ne peuvent pas synthétiser. Cet incident n’a pas interrompu la culture de I. florentina, mais la découverte de ce que l’iris de Dalmatie était deux fois plus riche en irone a précipité sa disparition, du moins en tant que plante industrielle.

Pour ce qu’on en sait, il n’y a aucun espoir de voir I. florentina se répandre de nouveau, il restera désormais uniquement une plante de collection, très rare dans la nature, mais présente dans les jardins botaniques. En revanche son rival I. pallida var. dalmatica semble reprendre sérieusement du poil de la bête : il est abondamment cultivé en Chine et les Européens, notamment les Français, s’apprêtent à en reprendre la culture, en particulier dans la région de Manosque(1). L’engouement pour le naturel (et le « bio ») lui donne une nouvelle jeunesse.

(1) information fournie par Michel Krautz, parfumeur.

14.1.11




LE MOIS DU BLANC

2. Barbes jaunes

Du jaune primevère au jaune safran, on trouve de tout chez les barbes des grands iris blancs. En voici quatre, tous différents :

· ‘Alabaster Princess’ (Landgraf, 2004) (Sunlit Fringes X Pacific Destiny)

· ‘Enchanteur Merlin’ (Laporte, 2004) (Sky Hooks X Leda's Lover)

· ‘Henryk Ibsen’ (Loktev, 2006) (Honky Tonk Blues X Piero Bargellini)

· ‘White Lightning’ (Gatty, 1974) (Launching Pad X New Moon)

ECHOS DU MONDE DES IRIS




Les barbes de Brock

L’un des meilleurs photographes d’iris (et de fleurs, en général) s’appelle Brock Heilman. Les images ci-dessus donnent un aperçu de son talent, et démontrent la richesse des barbes chez les iris intermédiaires.

LA MUSIQUE DE ‘PUCCINI’






Dans ces chroniques il a déjà été deux fois questions de ce nouveau modèle d’iris que ses créateurs ont baptisé « distallata ». C’est un modèle qui rencontre un succès considérable auprès des hybrideurs (auprès de ceux qui achètent des iris, je ne sais pas), si bien que maintenant chacun veut avoir à son catalogue son ou ses distallatas. Rappelons en quoi consiste ce modèle. Les pétales sont blancs (ou tout au moins très clairs), de même que les sépales, mais ceux-ci s’agrémentent d’une couche centrale de couleur, qui peut être du jaune ou de l’orangé clair, à laquelle s’ajoutent de fines rayures sombres, partant de la barbe et s’étirant plus ou moins vers le bord. Les inventeurs de ce modèle (on parle d’inventeurs comme s’il s’agissait d’un trésor mis au jour par quelque Indiana Jones du monde des iris) sont deux briscards de l’hybridation et amis de longue date, Joë Ghio, de Californie, et Keith Keppel, de l’Oregon. L’initiateur restant Ghio et son ‘Prototype’ enregistré seulement en 2000, mais apparu quelques années auparavant et immédiatement utilisé en hybridation, de sorte que son descendant ‘Puccini’ a été enregistré avant lui, en 1998.

‘Prototype’ descend lui-même, via un semis numéroté 88-180P qui est issu de ‘Fancy Tales’ (Shoop, 1980) et ‘Strawberry Sundae’ (Schmelzer, 1977). ‘Fancy Tales’ se présente avec des pétales blancs et des sépales en dégradé de mauve violacé avec des épaules pêche ; ‘Strawberry Sundae’ est un amoena orange clair. L’un et l’autre viennent de ‘Wine and Roses’ (Hall, 1963) via des semis amoenas rose ou orange.

‘Prototype’ est donc le premier iris nommé à proposer le modèle distallata, mais la production en série a vraiment commencé avec ‘Puccini’ dont le pedigree n’est pas quelque chose de simple et facile puisque pas moins de 34 variétés différentes y interviennent, souvent à plusieurs reprises. Ensuite est apparu ‘Expose’ (2003). Pour celui-là, Ghio a pris l’élément maternel de ‘Puccini’ auquel il a ajouté ‘Romantic Evening’ (Ghio, 1996), une des variétés les plus recherchées du moment pour ce qu’elle apporte en brillant des couleurs, en grâce de la fleur et en vigueur de la plante, et un élément nouveau, ‘Impulsive’ (Ghio 2001). Et cela c’est une idée de génie car cet ‘Impulsive’ descend de ‘Cinnamon Sun’ (Hamner, 1993), une des premières variétés à présenter les fameuses griffures violacées, tenues elle-même de ‘Peach Sundae’ (Hamner, 1975) par qui l’on remonte à ‘Wine and Roses’. La boucle est bouclée !

‘Expose’ enrichit la panoplie, notamment grâce à une fleur plus ondulée et à la teinte abricot des épaules qui a gagné du terrain sur les sépales. En 2005, Ghio a proposé une étape supplémentaire sous le nom de ‘Magic Happens’ où les griffures violettes sont accentuées, les couleurs plus vives et la fleur encore mieux formée et ondulée.

De son côté Keith Keppel a commencé par ‘Quandary’ (2001) qui utilise la base Ghio associée à ‘Cinnamon Sun’. On se situe donc au même niveau que ‘Expose’. La question que se posait Keith Keppel quand il a enregistré ‘Quandary’ était de savoir d’où venaient ces fines rayures disposées sur les sépales. Il supposait, après une fine analyse des pedigrees, qu’elles étaient une résurgence minimaliste du modèle variegata d’origine, quelques 25 générations antérieurement. Il se demandait aussi si le modèle allait se perpétuer. La suite de l’histoire a donné une réponse positive à la question.

Les premiers à avoir adhéré au mouvement ont été les voisins de Keppel, Black et Johnson. ‘Conjuring Cat’ (Black, 2005) est un vrai distallata qu’on peut qualifier de classique, descendant de ‘Fancy Tales’. Puis est venu ‘Carnival of Color’ (Black P. 2009), qui fut suivi de ‘Bargain Hunter’ (Black 2010). Tous ceux-ci sont de véritables distallatas, mais une évolution (comme on dirait dans le jeu des Pokémon) s’est manifestée chez Tom Johnson, tout d’abord, en la personne de ‘Wild Angel’ (2006) puis de ‘Painter’s Touch’. Ils descendent tous les deux de ‘Notorious (Ghio, 1991), qui est aussi derrière ‘Conjuring Cat’, mais la différence se trouve dans la répartition des couleurs : plus de veines sombres mais une zone colorée de bleu qui gagne le bord des sépales. ‘Painter’s Touch’ (Johnson, 2009) est plus coloré que son prédécesseur : pétales blancs finement liserés d’or, sépales blancs également, marqués d’orange aux épaules et largement lavés et veinés d’indigo, barbes oranges. C’est la même disposition qu’on retrouve chez ‘Stir It Up’ (Black, 2010), et c’est sur cette piste que s’est engagé Roger Duncan avec ‘Arctic Burst’ (2008) qui, lui, est un fils de ‘Puccini’. Les deux aspects sont donc parents et même très proches parents. Ce qu’on ne sait pas encore c’est si la musique de ‘Puccini’ restera majoritairement dans la note des distallatas désormais classique ou si elle va muter vers celle de ‘Wild Angel’ et ‘Arctic Burst’. Elle peut aussi se fondre avec une autre musique, voisine, qui est celle de ‘Ring Around Rosie’ et de ses brillants descendants. Mais les trois modèles peuvent survivre côte à côte, ce qui serait une bonne chose pour la bio-diversité façon iris !

7.1.11

LE MOIS DU BLANC






1. Blanc de blanc

Les grands iris blancs sont très nombreux et leur origine remonte au plus loin dans l’histoire des iris. Aujourd’hui ils s’agrémentes de barbes allant du blanc pur au jaune, au rouge, et même au bleu. Ce mois de janvier sera consacré aux iris blancs, à commencer par quatre fleurs entièrement blanches, représentatives de ce qui se fait de mieux dans le genre.

· ‘Emmanuel’ (Boushay, 1978) ((Henry Shaw x Winter Olympics) X Madeira Belle)

· ‘Frosted Fantasy’ (Cadd, 2000) (America's Cup X Deity)

· ‘Gwennaden’ (Madoré, 2001) (Honky Tonk Blue X Scandia Delight)

· ‘Snezhnaya Krepost’ (Loktev, 2003) (Meadow Lands X inconnu)

ECHOS DU MONDE DES IRIS


Sosie

Toujours à la recherche de photos jolies ou rares, je viens de découvrir un sosie du fameux ‘Color Carnival’ (DeForest, 1948) en la personne de ce ‘Carnival Carousel’ (Begley, 2003) (Panama Hattie X Notorious). Jusqu’à présent aucune variété n’était parvenue à reproduire le modèle et le coloris de ‘Color Carnival’ ; cette fois, l’imitation est remarquable !

ECHOS DU MONDE DES IRIS


Oublié !

Je voulais écrire un article à propos de Nate Rudolph, un grand nom des iris des années 60/70. J’ai cherché des photos de ses remarquables obtentions, en particulier parmi les iris roses. Mais je n’ai presque rien trouvé d’intéressant ! Oublié, ce monument ? Comme le reste du monde, celui des iris est bien ingrat !

SENS DESSUS DESSOUS






Chaque année apporte son lot de nouveautés dans les coloris des fleurs d’iris. Maintenant les obtenteurs s’efforcent de proposer des choses nouvelles, soit dans les modèles de fleur, soit dans l’assortiment des couleurs. Aujourd’hui les modèles distallatas, apparus il y a moins de dix ans, sont devenus franchement communs ; les amoenas inversés bleus qui, il y a une décennie, étaient encore exceptionnels se comptent maintenant par dizaines ; les autres « dark tops » commencent à se répandre, et les bicolores inversés ne sont plus une rareté. C’est à eux que sera consacrée la présente chronique, en se référant pour l’essentiel à la production de deux grands de l’hybridation : Keppel et Blyth.

Un type de bicolore que tout le monde connaît, c’est l’association du rose aux pétales et du bleu aux sépales. Parmi les premiers, il y a eu ‘Touche’ (Hamblen, 1969) puis ‘Karen’ (Hamblen, 1983), ‘Adventuress’ (Hamblen, 1985) ou ‘Pink Sapphire’ (Hamblen, 1992). Il faut également citer ‘Celebration Song’ (Schreiner, 1993) ou ‘French Cancan’ (Cayeux, 2001). Dans le genre, récemment, Barry Blyth a proposé ‘Fashionista’ (2009), parfaitement contrasté. Mais qu’en est-il de la disposition inverse ? Il y a encore du travail ! Parce que pour l’instant le contraste reste sérieusement à améliorer, même si l’association bleu/rose est très plaisante. Dans le genre, l’un des meilleurs est ‘Witching’ (Blyth, 1993), même si le rose est plus proche de l’amarante que du rose. On peut aussi citer ‘Legerdemain’ (Keppel, 2007), chez qui le rose est plutôt un beige rosé, ce qui est aussi le cas pour ‘Passing Clouds’ (Hager, 2001). Mais dans ce genre l’un des champions est sûrement Augusto Bianco. Voyez son ‘Sottobosco’ (2008). Enfin, dans le même ordre d’idée, il faut signaler l’association du violet (ou du mauve) et du rose (ou du beige), un mélange que l’on trouve chez ‘Bel Esprit’ (Keppel, 2002) comme dans ‘Romancer’ (Blyth, 2000). Cependant ‘Dandy Candy’ (Ernst, 2001), dans des tons voisins, est plus nettement contrasté.

Une autre combinaison très courante est celle connue sous le nom de « variegata ». Les pétales sont jaunes (ou dans un ton proche du jaune, comme l’orange ou l’ocre), les sépales sont soit brun-rouge, soit bleu-violet. Il y a des milliers d’iris de ce modèle, avec toutes sortes de variantes, comme un liseré pâle au bord des sépales, uns flamme claire sous les barbes ou une base des pétales imprégnée de la couleur des sépales. La combinaison inverse existe aussi, mais elle reste exceptionnelle. A la limite du genre, on peut placer ‘Cosmic Pirate’ (Blyth, 2002) ou ‘Widdershins’ (M. Roberts, 1999) dont les pétales sont, certes, plus sombres que les sépales, mais où le contraste est un peu insuffisant. Pourtant le parfait exemple de cette combinaison ne serait-il pas ‘Kah-Nee-Ta’ (Ernst, 1989) ?

Pourpre/ocre est le modèle choisi par ‘Safari Sunset’ (Blyth, 2001) et on est vraiment en présence d’un bicolore inversé. Cependant, ‘Mysterious Ways’ (Keppel, 2004) est plus convaincant, avec des pétales gris infus de mauve fumé au-dessus de sépales jaune pâle. Mais les meilleurs semblent être ‘Saddle Up’ (Christopherson, 2000) et, surtout, ‘Wonderful to See’ (Kerr, 2000) dont les sépales sont franchement jaunes et les pétales d’un mauve parme encore un peu pâlot, mais déjà nettement contrasté. C’est dans cette voie que les hybrideurs vont devoir travailler.

On peut imaginer quelques autres associations de couleurs, comme pourpre/bleu ou brun/mauve. On peut aussi penser à des dispositions de couleurs moins traditionnelles, comme le modèle « Joyce Terry » transféré dans d’autres teintes. Il y a encore bien des domaines peu ou pas encore exploités. En ce sens on peut faire confiance aux chercheurs infatigables que sont Barry Blyth et Keith Keppel, qui, chaque année, nous offrent de nouvelles découvertes. Mais il y a des hybrideurs originaux, comme Anton Mego, en Europe, ou Mike Sutton et Vincent Christopherson, en Amérique, qui n’hésitent pas à sélectionner des iris qui sortent des sentiers battus, comme c’est le cas pour ‘Zlatovlaska’ (Mego, 2010) en ocre brun aux pétales, bleu cerné de jaune aux sépales. Et il y a surtout tout ce que l’on n’a pas imaginé mais que la nature, un jour, se décide à faire apparaître. La fantaisie chez les iris a encore de beaux jours devant elle.